LA DANSE DES SALONS, PAR CELLARIUS, DESSINS DE GAVANI, - GRAVES PAR LAVIEILLE. Deuxieme Edition. PARIS, CHEZ L'AUTEUR, RUE NEUVE-VIVIENNE, 49, ET CHEZ LES PRISCIPAUX LIBRAIRES. 1849 LA DANSE DES SALONS. Imprimerie Schneider , rue d'Erfurth, 1. LA DANSE DES SALONS, PAR CELLARIUS, DESSINS DE GAVARNI, - GRAVES PAR LAVIEILLE. Deuxieme Edition . PARIS, CHEZ L'AUTEUR, RUE NEUVE-VIVIENNE 49, ET CHEZ LES PRINCIPAUX LIBRAIRES. 1849 En faisant preceder la seconde edition de cet ouvrage de la lettre si flatteuse de M. de Lamartine, l'auteur de la Danse des Salons cede moins a un sentiment d'amour-propre qu au besoin d'exprimer la reconnaissance dont il est penetre. Il obeit surtout au desir d'honorer sa profession par le temoignage d'une approbation si haute, et qui pourtant ne trouve pus au-dessous d'elle d'encourager le plus modeste et le plus humble des beaux-arts. Monsieur , J'ai ete bien sensible a l'envoi du livre que vous avez charge M. Sureau de me remettre. Il y a une parente entre tousles arts, surtout quand ils s'elevent par l'ideal au sentiment du beau, leur type commun; la danse est la poesie des mouvements et la melodie du corps. Chez les anciens, elle etait un hymne en action, et, a ce titre, on l'introduisit jusque dans le culte: on ne lui laisse aujourd'hui que le theatre et le salon, et vos savantes et gracieuses etudes la rendent plus digne d'y figurer. Je n'en juge que sur votre nom et sur vos oeuvres, et mon suffrage est sans prix pour vous; mais vos vrais juges sont la jeunesse et la beaute pour qui votre nom est celui du plaisir meme. Recevez, Monsieur, l'assurance de ma consideration la plus distinguee, LAMARTINE . 9 Juin 1847. AVANT-PROPOS . Le volume que j'offre au public sous ce titre, la Danse des salons , contient le resume fidele et complet de roes cours de danse. Mes eleves m'avaient depuis longtemps engage a reunir en un volume les preceptes de danse et de valse que j'ai ete assez heureux pour leur transmettre. - Ce volume profiterait a tous, m'ont-ils dit: aux debutants, qui s'instruiraient en lisant, et meme aux experts, qui aimeraient a se souvenir. Ce voeu, souvent renouvele, devenait pour moi un devoir indispensable. Il m'a paru, d'ailleurs, qu'un ouvrage qui serait comme le manuel du danseur et du valseur moderne, ne serait pas sans quelque utilite pour l'enseignement et la pratique generale de la danse dans le monde. Les danses nouvelles, telles que polka, mazurka, valse a deux temps , etc., qui ont pris faveur depuis quelques annees, ont d'abord rencontre, comme du reste la plupart des nouveautes en tous genres, des oppositions nombreuses. Plusieurs personnes, encore a present, qui les jugent plutot sur leur exageration que sur leur execution veritable, n'en parlent qu'avec prevention. Il est temps, je pense, d'indiquer an juste ce que sont ces danses, de fixer leurs regles, de preciser leur caractere, de prouver enfin que les salons francais ont bien pu les admettre sans deroger en rien a leurs traditions d'elegance et de bon gout. J'ai traite dans ce volume de toutes les danses qui s'executent aujourd'hui dans le monde, depuis la contredanse francaise jusqu'aux valses les plus nouvelles, et dont l'adoption n'est pour ainsi dire encore qu'en projet. Quelques quadrilles et valses arranges on crees par moi ont du aussi trouver place dans ce recueil. L'approbation flatteuse de plusieurs personnes du monde m'en faisait une loi. Le cotillon , ce final oblige de tous les bals, a ete de ma part l'objet d'un soin particulier. Je suis parvenu a reunir plus de quatre-vingts figures toutes differentes les unes des autres. Get ensemble offrira, je pense, un champ assez vaste aux valseurs et aux valseuses; les cavaliers conducteurs ne seront plus desormais exposes a demeurer court au milieu de leur tache. Ai-je besoin de dire que cet ouvrage, dedie aux valseurs plus encore qu'aux lecteurs, et fait pour etre depose plutot sur les pianos que sur les bibliotheques, ne saurait avoir la moindre pretention litteraire? Dois-je reclamer l'indulgence pour des pages ecrites a des intervalles de repos bien rares, et le plus souvent au bruit des polkas et des valses? J'avouerai seulement que je n'ai pas compose ce volume sans un vif sentiment de plaisir. Attache d'enfance a l'exercice d'un art que j'ai toujours passionnement aime, j'ai trouve dans son enseignement des jouissances non moins reelles. Les heures que je passe dans mes lecons et mes cours sont, avant tout pour moi, je puis le dire, un agreable passe-temps. Les essais de mes eleves, mes observations continuelles sur leuts efforts et leurs progres, leurs exercices auxquels je ne manque jamais de prendre part, convaincu que c'est surtout en matiere de danse et de valse qu'un professeur doit precher d'exemple, les succes dans le monde de valseurs d'elite qui veulent bien me rappeler quelquefois qu'ils se sont formes sous mes yeux; voila plus qu'il n'en faut assurement pour me dedommager des assiduites et des fatigues de l'enseignement. Enfin, en ecrivant la Danse des salons , je me retrouvais dans mes cours, j'etais encore au milieu de mes eleves, je les regardais valser, je valsais moi-meme c'est dire assez a quel genre d'ambition j'ai pu aspirer. Que ce livre contribue a repandre encore le gout de la danse; qu'il augmente, s'il se peut, le nombre des bons valseurs et des valseuses habiles, mon but est atteint, et j'aurai pu sans doute prendre la plume une fois par hasard, sans paraitre sortir de la sphere ou la faveur du public a bien voulu m'assigner un rang si precieux, Cellarius . LA DANSE DES SALONS. I Renaissance de la danse du monde. Si l'on vent bien comparer la physionomie d'un bal d'aujourd'hui avec les reunions dansantes d'il y a cinq ou six annes seulement, on sera frappe sans doute du changement heureux qui s'est introduit dans les habitudes, et, si j'ose le dire, les moeurs des danseurs. Ne semble-t-il pas que l'on soit encore a la veille de ces jours vraiment funestes pour les bals, ou les maitresses de maison ne parvenaient a organiser les quadrilles qu'avec des efforts inouis, reduites a la triste necessite de solliciter individuellement chaque danseur, ou quelques cavaliers seulement se decidaient de temps a autre a arracher certaines danseuses a leur isolement, marchant, ou meme se trainant de mauvaise grace au milieu des quadrilles et sans presque se donner la peine de marquer les figures. A present, au contraire, quelle animation a tout a coup succede a cette langueur dans la plupart des reunions dansantes! Le choix d'une valseuse, le plus ou moins de merite de chaque valseur, le mouvement de l'orchestre, ll'organisation d'une mazurka, la conduite d'un cotillon, tous ces details, indifferents autrefois et si importants aujourd'hui, ont suffi pour ressusciter les bals. On peut dire qu'on a, depuis quelques hivers, assiste a une veritable renaissance de la danse du monde; et ce n'est pas a moi qu'il convient d'en faire ressortir les avantages. Chacun regrettait sans doute de voir perir cet art, qui se rattache si directement aux lois de l'elegance et meme de l'urbanite francaise. Quelle mere de famille n'est pas heureuse d'apprendre que son fils vient au hal maintenant pour y danser et valser, et non plus pour compter parmi les tenants de lecarte ou de la bouillotte! Cette resurrection de la danse moderne, que l'on a pu croire, sinon tout a fait morte pendant un temps, du moins presque entierement delaissee, on la doit, il faut bien le reconnaitre, a l'introduction dans les bals d'un element nouveau represente par les danses et les valses a la mode, qui sont venues si a propos rompre l'uniformite des danses anciennes. Pour citer la plus populaire des danses nouvelles, quelle revolution n'a pas produite la polka, si contestee a son origine, maintenant si generalement adoptee? Dans quelle reunion dan sante ne trouve-t-elle pas sa place? Quel est le jeune homme, autrefois le plus rebelle a la danse, que la polka n'est pas venue arracher a son apathie pour lui faire acquerir, bon gre, mal gre, un talent devenu tout a coup indispensable? Loin donc de chercher a s'opposer, comme on l'a fait quelquefois, a l'invasion de ces danses a la mode, le mieux est de les prendre pour ce qu'elles sont, de les etudier dans leurs principes veritables, de les perfectionner, s'il se peut; de considerer surtout s'il est vrai qu'elles soient aussi opposees qu'on a bien voulu le dire a nos usages, a nos moeurs et meme a notre caractere national. Mais avant d'entrer dans l'expose des regles et de la pratique, nous avons a voir sous quel point ces danses se rapprochent ou different de nos anciennes danses francaises. Nous pourrons ainsi nous former une idee plus nette de leur caractere particulier, et arriver, par un ordre naturel, aux details de leur execution. II Les danses du monde et du theatre. Les livres publies sur la danse, en France ou a l'etranger, sont fort nombreux, et formeraient a eux seuls une bibliotheque tout entiere. Il est a remarquer pourtant que la plupart de ces traites s'occupent presque exclusivement de la danse de theatre, des ballets, de tout ce qui concerne la choregraphie. C'est a peine si l'on trouve dans quelques-uns d'entre eux des passages, d'ailleurs fort succincts, sur les danses des salons, dont il eut ete curieux cependant d'avoir dans chaque siecle l'historique exact. Je crois avoir decouvert la raison de la rarete des ecrits consacres specialement a l'etude et a l'enseignement des danses du monde. Pendant longtemps, et meme encore aujourd'hui, on a confondu, ou du moins on n'a pas assez nettement distingue les danses du monde de celles du theatre. On a considere les contredanses particulieres, les quadrilles, les pas ou les differentes especes de danses adoptees par les particuliers a chaque epoque, comme un derive, et, pour ainsi dire, un diminutif des ballets et des pas executes par les danseurs de profession. Les danses du monde elles-memes se sont souvent pretees, il faut bien le reconnaitre, a cette confusion. On n'en citerait guere qui aient jamais ete exclusivement adaptees au cadre d'un salon et ne se soient senties plus ou moins du caractere de la scene. Aujourd'hui, je ne crains pas de le declarer, et ce sera meme la un des principes fondamentaux de ce livre, la danse des salons, telle qu'elle se trouve constituee d'apres les caracteres nouveaux qu'elle a revetus depuis quelques annees, peut etre consideree comme presque entierement independante de la danse du theatre. Elle a ses allures et ses pas qui lui sont propres, et qui n'ont presque rien de commun avec ce qu'on applaudit sur la scene. Cette opinion s'appuie en moi sur l'experience des faits, puts aussi, je pense, sur la loi du simple raisonnement. On concoit sans peine que la plus elegante valseuse, ou le valseur le plus gracieux, ne sauraient etre transportes d'un salon sur la scene sans perdre une partie de leur prestige. De meme aussi, les personnes du theatre et les danseurs de profession qui voudraient s'essayer dans les danses privees, sans un exercice prealable et tout special, risqueraient fort de les exagerer, de les fausser meme en s'ecartant de leur veritable caractere. Je ne pretends pas ici rabaisser la danse de theatre ni diminuer en rien l'art divin des Taglioni, des Essler et des Grisi; mais le vieil adage qui dit que, qui peut le plus peut le moins , pourrait bien, en fait de danse, ne pas etre d'une rigueur absolue. En effet, pourquoi les graces du monde et des salons ne differeraient-elles pas de celles de la scene, necessairement plus etudiees, plus graves en quelque sorte? Et, s'il est vrai qu'un danseur de theatre, habitue a aborder les grandes difficultes de son art, ne soit pas apte a deployer cette aisance souple et cette desinvolture particuliere que demande l'execution d'une mazurka ou d'une valse a deux temps, loin de l'en critiquer, il faut l'en louer peut-etre. Mon intention n'est donc pas d'etablir ici un parallele entre la danse du salon et celle de la scene. Je veux seulement rappeler qu'elles different l'une de l'autre, ce qui peut, ce me semble, aider a expliquer ce delaissement des anciennes danses et l'adoption des nouvelles. Les changements de moeurs et de costumes, les vicissitudes de la mode, surtout les exigences du laisser-aller moderne, ont grandement contribue sans doute a faire abandonner la danse etudiee, en usage il y a quelques annees encore; mais ne faut-il pas anssi compter parmi les causes de sa decadence l'espece de rapprochement, presque toujours desavantageux, qui existait entre elle et la danse du theatre, dont elle n'etait le plus souvent qu'une infidele copie? Les jeunes gens d'aujourd'hui, que l'on accuse si souvent de marcher an lieu de danser , out-ils donc eu si grand tort de renoncer aux entrechats, aux ronds de jambe, et a tous les pas compliques en usage autrefois, qui avaient le grave inconvenient de rappeler sous une forme necessairement imparfaite, et souvent meme ridicule, ce qui s'execute tous les jours sur les planches d'un theatre, avec toute la perfection de l'art? On pent donc se demander si c'est seulement, comme on l'a dit souvent, un caprice de la vogue qui a fait substituer aux danses d'etude les danses nouvelles, lesquelles out surtout, on le sait, pour caractere principal, l'abandon, le naturel, la liberte des mouvements, toutes qualites que l'on peut considerer comme inherentes aux personnes du monde. Pour mieux indiquer la difference sensible qui me semble exister entre la danse des salons et celle de la scene, j'oserai me citer moi-meme; et certes je n'ai pas besoin d'avertir mes lecteurs qu'il ne saurait subsister dans le professeur de danse aucune des pretentions du virtuose ou de l'artiste. Je connaissais la danse de theatre pourl'avoir longtemps pratiquee comme artiste en France et a l'etranger; mais, lorsque, decide a me vouer entierement a l'enseignement, j'ai voulu executer moi-meme les danses nouvelles que j'avais a transmettre a mes eleves, j'ai du entreprendre une etude particuliere que mes antecedents de danseur devaient sans doute considerablement simplifier, mais qui n'en a pas moins ete serieuse et toute speciale. J'ai eu a effacer dans mes pas et mes attitudes ce qu'il y avait de trop theatral, substituer dans beaucoup de cas la simplicite a la grace apprise, prendre pour modeles, non plus les grands artistes de la scene, mais les danseurs ou les valseurs de salons francais ou etrangers qui voulaient bien me permettre d'etudier en eux ces danses de distinction qu'ils executaient le plus souvent d'instinct et d'apres leur propre gout. Le changement introduit dans le caractere de la danse a du necessairement s'etendre jusqu'a l'enseignement. La routine y jouait autrefois un grand role; il suffisait de faire executer aux eleves certains pas traditionnels, certains exercices convenus, dont les academies de danse faisaient tous les frais, et qui exigeaient generalement assez peu d'imagination de la part du professeur. Aujourd'hui, le maitre, ayant a former des danseurs specialement pour les salons, doit y mettre, si je puis dire, beaucoup plus du sien. Il doit compter principalement sur son tact et son discernement pour regler les exercices de ses eleves d'apres leur constitution, modifier au besoin l'execution de telle ou telle danse, suivant les dispositions de chacun, substituer enfin les principes du naturel et du bon gout aux traditions d'une methode banale. Ces idees, que je ne fais ici qu'exposer sommairement, trouveront leur developpement naturel dans la suite de l'ouvrage. III Des exercices preliminaires.-Du salut. Ce serait une erreur de penser que les danses nouvelles, malgre leur apparence de facilite et d'improvisation, puissent se passer en rien de ces exercices preliminaires qui ont pour but d'assouplir le corps, de preparer a l'execution des pas et des attitudes, et ont de tous les temps forme le fond de toute espece de danse. Autant, et plus que d'autres peut-etre, les danses qui ont pour caractere principal le naturel et l'expression demandent a etre precedees de ces pas et de ces mouvements d'etudes qui seront toujours a la danse ce que sont a celui du chant les vocalises, les sons files et autres exercices preparatoires. Malheureusement on a neglige l'etude de la danse depuis un certain nombre d'annees. En depit de son anciennete, cet art, si eminemment francais pourtant, a ete considerepresque comme un accessoire indifferent, une superfluiteque l'on pourrait impunement exelure d'une education distinguee. 2 On a cru que la connaissance des figures du quadrille, qui peut etre acquise aisement en deux ou trois lecons, suffisait meme pourles jeunes gens en droit d'aspirer au titre d'hommes de distinction et de bonne compagnie. Les heures que l'on consacrait autrefois a l'etude des pas ont ete employees a d'autres exercices du corps d'une nature fort differente, a la gymnastique, par exemple, decouverte toute moderne dont je suis loin de contester le merite, mais qui ne saurait, je pense, remplacer en rien, pour les femmes surtout, les avantages de la souplesse et de la grace que la danse peut seule leur donner. Il est resulte de la que, tousles jours encore, il nous arrive dans nos cours et nos lecons des corps disgracieux, des jambes et des bras d'une roideur desesperante, pour apprendre ces danses dont la veritable execution exige tant d'aisance et d'abandon. Nons nous voyons reduit le plus souvent, et, sauf les cas fort rares de grandes dispositions naturelles, eenseigner plutot le mecanisme des pas que les pas eux-memes. En effet, depend-il du maitre d'improviser en quelques lecons des jambes moelleuses, des bras detaches du corps, des tetes qui sachent au besoin jouer avec liberte sur les epaules, et tant d'autres conditions des danses naturelles qui en font tout le merite? Toutefois, quand je dis qu'il est utile, indispensable meme, d'apprendre d'abord la danse par principes avant d'arriver a l'etude des nouveautes, je ne veux pas epouvanter les parents, ni surtout les eleves, qui seraient tentes de nous juger encore a present sur la methode des anciens maitres a danser. Grace au ciel, l'enseignement de la danse a eu aussi sa part du progres moderne, et a su s'affranchir de pratiques surannees trop longtemps maintenues. Que l'on se rassure: nous n'avons plus dans nos salles de cours de ces instruments de torture connus sous le nom de boites , et dans lesquels on n'hesitait pas a emprisonner les pauvres enfants, sous pretexte de leur donner du dehors , comme on disait autrefois. On a renonce aussi, je pense, a faire executer aux eleves, pendant des heures entieres, un meme battement ou tout autre exercice d'une accablante monotonie, qui suffit pour expliquer en partie le discredit ou est tombee la danse par principes. C'est au maitre qu'il convient de proportionner les exercices preparatoires aux dispositions de l'eleve, et surtout au gout du temps. Je n'ai pas a entrer ici dans les details, mais il existe un grand nombre de pas, ou de danses d'etudes, propres a assouplir les membres des eleves, et que l'on peut varier de maniere a eviter l'ennui, ce mal incurable pour tous les arts. Je citerai, par exemple, une danse que l'on n'execute plus en France depuis longtemps, mais qui trouve encore quelques partisans dans d'autres pays, le menuet de la cour . Cette danse est beaucoup trop eloignee de nos moeurs pour qu'on puisse songer a la voir jamais reparaetre. Mais comme etude, elle offre de tres-grands avantages: elle imprime au corps des positions tour a tour nobles et gracieuses; et, puisque je me suis deja servi de la comparaison du chant, je rappellerai qu'il en est de ces danses d'un autre temps, comme des morceaux d'anciens operas, disparus du repertoire, que l'on fait executer aux jeunes chanteurs pour assouplir leur voix et former leur style. Pour terminer ce qui a rapport aux exercices preliminaires, et fixer, s'il se peut, les devoirs du maitre de danse actuel, je dois rappeler aussi que nous n'avons plus, comme autrefois, la pretention de regler jusqu'aux moindres mouvements de nos eleves dans toul ce qui a rapport aux actions ordinaires de la vie. Il fut un temps ou le maitre a danser se me1ait d'enseigner a s'asseoir, a marcher, a traverser un salon, a descendre de voiture, a se ganter, a s'eventer, etc. Tout cela a contribue sans doute a ridiculiser la danse du monde, et a la faire considerer comme un art pueril et pretentieux qui s'exercait le plus souvent aux depens du naturel et du bon sens. Nous avons renonce entierement a ces traditions gothiques. Nous ne faisons plus indispensablement commencer la lecon de danse par la reverence ou le salut de rigueur, et, dans tous les cas, si nous avions a donner une idee du salut aux plus jeunes de nos eleves, nous ne le lui enseignerions pas "en lui faisant prendre la premiere position en avant, la troisieme, puis la seconde, puis degager la jambe placee a la premiere position en arriere, en la changeant en quatrieme position en avant, etc.," ainsi qu'il est dit dans des traites de danse encore assez recents. Nous consultons la nature en toutes choses; le maitre peut la seconder sans doute, et la developper a l'aide des ressources que son art lui fournit, mais c'est elle surtout qui doit etre sa regle et son guide. Un eleve qui saura exeeuter avec une certaine perfection ces danses modernes que je ne crains pas d'appeler les danses naturelles, saura de lui-meme marcher, saluer, se presenter avec grace. Le maitre n'a rien ou presque rien a voir a tous ces details. Je n'etendrai pas plus loin ces observations relatives aux preliminaires des danses de salon. J'en ai dit assez pour faire comprendre que l'etude ne saurait etre exclue de leur enseignement. Les veritables amateurs de danse comprendront assez d'eux-memes la necessite de se soumettre a certains exercices prealables avant d'entamer l'execution des pas et des figures. Nous pouvons entrer maintenant dans la demonstration de chacune de ces danses; mais je ne saurais demander trop d'indulgence pour les indications que j'essayerai de donner. La danse, on le concoit, ne s'explique guere par des paroles; elle est faite bien plutot pour etre saisic par les yeux du corps que par ceux de l'intelligence. Aussi m'attacherai-je principalement a decrire le style et le caractere de chaque danse, a en peindre, s'il se peut, la physionomie speciale, m'en rapportant aux soins des maitres pour les details des pas, qu'a moins d'une grande habitude de la langue choregraphique, on ne peut guere comprendre que par le moyen de l'execution. IV Le quadrille francais. Il est juste que le quadrille francais ait le pas sur les autres danses, non-seulement a cause de son droit d'anciennete, mais aussi parce qu'il tient encore a present une place notable dans la plupart des bals, ou il est admis, comme on sait, pour un tiers avec les valses et les polkas. Les details des cinq figures dont se compose ce quadrille sont beaucoup trop connus pour que j'aie besoin de m'y appesantir beaucoup. On a d'ailleurs considerablement simplifie ce quadrille, ce qui en facilite la description que l'on trouve dans la plupart des traites de danses modernes. Les dames executent seules encore certains pas, et prennent des attitudes qui temoignent du moins de quelque velleite dansante. Quant aux cavaliers, ils se bornent, pour la plupart, a marcher le plus souvent avec nonchalance et sans presque se preoccuper de la mesure. Cette marche, toute negligee qu'elle est, pourrait avoir encore sa grace et son earactere, si les danseurs voulaient du moins l'executer avec soin. Mais on sait que, dans la plupart des bals, les danseurs se sont fait une lot de ne pas former le moindre pas, rivalisant entre eux d'indifference et de froideur, dansant absolument comme s'ils traversaient une promenade on un trottoir. Plusieurs causes ont contribue a faire perdre, en grande partie, au quadrille francais le caractere de donse: d'abord, comme je l'ai dit, la nature des pas, pretentieux pour la plupart, exigeant par leur conformite avec les pas de theatre un trop grand deploiement d'agilite exterieure pour convenir aux personnes du monde; puis aussi la monotonie de ces cinq figures, trop souvent executees pour ne pas engendrer a la longue la satiete et l'ennui; enfin, et surtout, l'exiguite des salons actuels, qui ne peut manquer d'exercer sur toute espece de danses une influence facheuse. Du jour ou l'usage a voulu que l'on entassat dans un salon le double ou le triple de personnes qu'il pouvait raisonnablement en contenir, il a fallu de toute necessite renoncer aux pas, aux enchainements, aux attitudes, a tout ce qui faisait le merite de la veritable danse. Je me bornerai a parcourir sommairement les cinq figures dont se compose le quadrille, seulement pour indiquer les divers changements ou abreviations que la mode leur a fait subir. La premiere figure, qui a recu le nom assez peu gracieux de pantalon , se compose, comme par le passe, d'une chaine entiere, du balance a la dame, de la chaine des dames, d'une promenade et demi-chaine. Le seul changement a noter est la suppression du tour de main qui venait autrefois apres le balance. La seconde figure, dite l'ete , se compose toujours de l'avantdeux, dont les details sont assez connus de tout le monde, pour n'avoir pas besoin d'etre rappeles. On supprime egalement le tour de main apres le balance final. A la poule , on ne traverse plus par la droite: on arrive doncement en dormant la main gauche a la dame de vis-a-vis, la main droite a sa dame, et on attend le moment de balancer quatre. On a remplace l'ancien dos a dos par un avant-deux, apres lequel vient l'avant-quatre, le balance a quatre, les traverses, les demi-chaines anglaises, comme par le passe. Dans la quatrieme figure, dire la pastourelle , il faut noter la suppression du cavalier seul . On se souvient que, dans l'ancienne danse, cette figure fournissait aux cavaliers l'occasion de faire montre de leur talent. On concoit peut-etre que l'on ait supprime ce solo de cavalier, qui n'etait pas toujours exempt d'une certaine pretention. La pastourelle s'execute a present a beaucoup moins de frais. Le cavalier conduit sa dame au cavalier de vis-a-vis, lequel la recoit de la main gauche et donne la droite a sa dame, en ayant soin que les deux dames soient placees un peu de cote. Il les conduit en avant et en arriere, puis en avant, devant le cavalier demeure seul; la il leur fait decrire un demi-tour sur elles-memes et les laisse au premier cavalier, qui execute avec elles la meme figure que l'autre cavalier vient de faire. Quand les dames tournent la deuxieme fois sur elles-memes, elles doivent se trouver placees de maniere a former un rond a quatre, suivi d'une demi-chaine, qui termine la figure. Je n'ai pas a parler dela figure, dite la trenis , que l'on executait autrefois a la place de la pastourelle. Cette figure, d'ailleurs, fort connue de tout le monde, a cesse d'etre en usage dans les bals de Paris, et ne parait pas destinee a reprendre faveur. La cinquieme figure, appelee la finale , ne merite aucune observation particuliere; elle n'est autre chose que la repetition de l'avant-deux, precede et suivi d'un chasse croise a quatre, les trois premieres fois; la figure se termine par un chasse croise general. On voit qu'il n'est aucune de ces cinq figures que l'on n'ait abregee dans certains details, et je ne doute meme pas que l'on ne trouve encore moyen de les abreger encore. Mais je conseille aux professeurs de commencer toujours par enseigner a leurs eleves la contredanse francaise, telle qu'on l'executait dans l'origine, avec les pas, les figures et les enchainements, quitte a indiquer ensuite les abreviations. La contredanse, avec un espace suffisant, sera toujours un excellent exercice pour les jeunes danseurs qui auront a apprendre a se mouvoir avec elegance et souplesse. Quant an quadrille francais, tel qu'on l'execute a present dans la plupart des salons, on ne peut guere se dissimuler que son regne, en tant que danse, semble a peu pres fini, et qu'il est bien difficile qu'il devienne d'ici a longtemps autre chose que ce qu'il est aujourd'hui, un motif de causerie bien plutot que de danse, une sorte de halte necessaire peut-etre au milieu des valses et des polkas. On peut regretter sans doute la chute de la contredanse francaise, en memoire de son ancienne vogue. Si l'on considere pourtant ce qu'elle est devenue, et par quelle suite de modifications successives on a fini par la depouiller de la plus grande partie de son agrement et de ses graces, peut-etre ne doit-on pas trop regretter, apres tout, qu'elle ait cede la place a d'antres danses, qui ont du moins, a defaut d'autre merite, celui d'entretenir l'animation des bals et le zele des danseurs. V La Polka. Nous avons a traiter maintenant de l'une des plus anciennes et de la plus populaire des danses modernes, la polka, cette danse qui peut etre aujourd'hui consideree comme francaise, malgre son origine etrangere, car c'est a la France qu'clle doit sa grande vogue et son caractere d'universalite. Je n'ai pus a rappeler ici tout ce qui s'est fait, al'occasion de la polka, en fait de livres, feuilletons, poeme, pieces de theatre, musique, non plus que les attaques nombreuses dent elle a ete l'objet a l'epoque de son apparition, et dont elle a si glorieusement triomphe. On concevra que je n'aie a m'occuper absolument que du fond meme, et, si le mot n'est pas trop ambitieux, de la partie technique de la danse. La position du cavalier et de la dame est a peu pres la meme dans la polka que dans la valse ordinaire: le cavalier doit se trouver presque en face de sa dame. Il doit la soutenir avec la main droite etendue juste a l'endroit de la taille. Le bras destine a soutenir la dame est la seule partie du corps ou il faille mettre une certaine vigueur; l'abandon, le moelleux, une aisance extreme, doivent se faire sentir dans tous les mouvements. La main gauche, qui soutient celle de la dame, doit etre a demi etendue en dehors du corps, le bras ni trop roide, ni trop courbe, ce qui serait affecte dans un cas, et gauche dans un autre. Le cavalier devra tenir sa dame, ni trop rapprochee, ni trop eloignee de lui. Un trop grand rapprochement serait a la fois contraire aux lois des bienseances et de la grace; trop d'eloignement rendrait fort difficiles, sinon impossibles, les tours et les evolutions qui font partie del'execution de la danse. C'est au cavalier a determiner d'apres son propre gout la loi de cet espace entre sa dame et lui. La dame devra tenir sa main droite placee dans la gauche de son danseur, et l'autre main appuyee sur son epaule. Elle hissera sa tete dans la position naturelle, evitant de la lever, de la baisser, de la tourner, soit a droite, soit a gauche; l'attitude la plus simple etant celle qui convient le mieux a la polka, comme, du reste, a toutes les danses on valses que nous aurons a decrire. Elle devra aussi se laisser guider entierement par son cavalier, qui seul lui imprime la direction, la conduit a telle ou telle place du salon, decide le depart ou le repos. Une dame est reputee d'autant meilleure danseuse ou valseuse, qu'elle obeit avec plus de Confiance et d'abandon a tout ce que son cavalier veut lui faire executer. J'aurai a revenir, a l'occasion de la valse a deux temps, sur ces details d'attitudes, pour lesquels le secours d'un maitre est indispensable. Un mauvais pli, une fois pris, devient tresdifficile a effacer; et il suffit souvent d'une fausse attitude pour gater a tout jamais la valse d'une personne qui demeurera toujours roide, empruntee, disgracieuse, faule d'avoir recu une bonne direction des ses debuts. VI Le pas de la polka. La polka se danse sur une mesure a deux-quatre, mouvement d'une marche militaire, un peu lent (1) . Je vais essayer de donner une idee du pas, en priant de nouveau mes lecteurs de vouloir bien excuser ce que cette demonstration, ainsi que toutes les antres du meme genre, aura necessairement d'aride. Ici, plus que jamais, je dois mettre de cote toute pretention al'elegance du style, et ne viser absolument qu'a la clarte et a l'exactitude. Le pas de la polka se divise en trois temps. Pour le premier, le talon gauche doit etre leve a cote de la jambe droite sans la depasser derriere, et de maniere a effleurer le mollet. Dans cette position, on saute sur le pied droit, afin de donner l'elan au pied gauche, qui forme une glissade en avant, a la quatrieme position. Le deuxieme et le troisieme temps se composent de deux petits pas sautes de chaque pied avec legerete, et en ayant soin que les deux pieds se trouvent a peu pres sur la meme ligne. Au deuxieme petit pas, on releve la jambe droite, le talon pres du bas du mollet gauche, et on laisse passer le quatrieme temps de la mesure, ce qui fait que trois temps seulement se trouvent marques. On recommence de l'autre pied, et ainsi de suite. Le cavalier doit toujours partir du pied gauche, et la dame du droit, comme a la valse ordinaire. La polka offre dans son execution plusieurs evolutions particulieres, qui contribuent beaucoup a la varier, et qu'un danseur habile ne peut manquer de posseder a fond. Il devra faire tourner sa dame dans tous les sens, tantot a droite, tantot a gauche, la faire reculer on avancer sur lui en droite ligue, a l'aide de ce mouvement connu, en terme de valse, sous le nom de redowa ; il devra meme, dans certains cas, et quand la cohue des bals laisse a peine a chaque couple assez d'espace pour se mouvoir, faire pivoter sa dame sur place en rapetissant le pas, de maniere a le former entierement sous lui. Je n'ai pas besoin de rappeler que ces variations sont entierement a la disposition du cavalier, qui les introduira dans sa danse, suivant sa fantaisie, ou d'apres les exigences du local. Dans les premiers temps de la polka, on executait ce que l'on appelait les figures . Le cavalier partait en tenant sa dame de la main droite, comme dans l'ancienne allemande, puis se tournait vers elle, et lui tournait le dos alternativement. On melait aussi au pas ordinaire, le pas dit bohemien , on double polka, que l'on executait la jambe gauche a la deuxieme position, le talon a terre, et la pointe en l'air, absolument comme dans le pas de polichinelle. L'exiguite des salons, et peut-etre aussi le bon gout francais, qui ne pretend en aucun cas abjurer ses droits, out fait supprimer ces divers accessoires de la polka, sur lesquels je n'ai pas a insister, puisqu'ils sont, des le principe, tombes en desuetude. Les seules figures de polka que l'on execute se placent dans le cotillon final, et nous verrons, a cetarticle, quelles sont celles qui lui sont propres. Cette danse, dans le courant des bals, conserve entierement les allures exterieures de la valse, avec laquelle elle a, comme on le voit, plus d'un point de ressemblance, ou meme de fraternite, quant a la direction et aux attitudes. La polka, presentee d'abord aux salons francais sous les auspices de la vogue, a vu son succes se consolider de jour en jour. On peur affirmer sans hesitation qu'elle est bien et dument adoptee, puisqu'elle a pu descendre jusqu'aux reunions d'un ordre inferieur, se voir meme parfois travestie, defiguree par d'infideles interpretes, sans pour cela perdre rien de sa bonne renommee de distinction et d'elegance. A l'heure ou j'ecris, quelques valseurs renommes affectent de dedaigner un peu la polka, de la considerer comme une danse deja presque surannee, dont ils abandonneraient volontiers l'execution aux danseurs novices. Ce n'est la, je pense, qu'une prevention toute passagere, et qui n'est que le retour presque infaillible d'une grande reussite. Sans avoir l'entrainement de la valse a deux temps, ni la fougue et la variete de la mazurka, la polka possede d'autres avantages qui lui sont propres. Par son mouvement doux et gracieux, la nature de son pas, qui se prete si bien a toutes les volontes du valseur, le caractere de ses airs, pour la pluparl inspires par un 3 si heureux sentiment musical, elle est assuree de conserver son rang dans les bals, ou elle menage aux valseurs un temps de repos indispensable au milieu des fievres de la valse. La pretendue facilite de la polka eut pu peut-etre, a force de la vulgariser, produire, sinon sa chute complete, du moins la faire eloigner d'un certain monde; mais on est bientot revenu de cette opinion, que l'on pouvait, au bout de cinq ou six lecons, prendre rang parmi les executants habiles. Il y a dans cette danse, comme dans toutes les autres, des nuances de delicatesse particulieres, indispensables a saisir, et meme des difficultes reelles qu'un exercice continu peut seul faire surmonter. Quiconque pretendra executer la polka dans un bal, sans s'y etre suffisamment prepare, se montrera presque infailliblement sinon ridicule, du moins gauche, emprunte, et fera, dans tous les cas, disparate avec les danseurs consommes. La polka de mauvais ton est la seule qui s'improvise; la polka de bonne compagnie exigera toujours l'enseignement et l'etude. VII La valse a trois temps (1) Je parlerai de la valse a trois temps, sans chercher a dissimuler que la valse a deux ne soit beaucoup plus generalement adoptee aujourd'hui, ni meme qu'elle ait sur son ainee des avantages particuliers qui suffisent pour justifier cette preference. Je crois pourtant qu'il serait a regretter de voit l'ancienne valse perir entierement. Executee avec grace et sans affectation, la valse a trois temps doit plaire, et formera toujours avec sa rivale une diversion agreable. Elle tient d'ailleurs place, maintenant encore, dans un grand nombre de reunions: il est donc indispensable d'en connaitre au moins les principes, dut-on n'en trouver l'application qu'a de rares intervalles. Il y a quelques annees, je ne manquais jamais de faire preceder l'enseignement de la valse a deux temps de celui de la valse a trois. Mais, par la suite, la vogue s'etant definitivement prononcee en faveur de cette derniere, l'etude de l'ancienne valse n'a plus ete consideree que comme une affaire de luxe, une curiosite plutot qu'une necessite. Les personnes qui l'executent encore a present le font le plus souvent de reminiscence, et il est bien rare qu'un eleve se presente dans un cours de danse avec l'intention de s'y faire enseigner la valse a trois temps. Je suis neanmoins persuade qu'on y trouvera toujours un exercice favorable, non-seulement pour la valse elle-meme, mais aussi pour d'autres danses qui exigent surtout la flexibilite des mouvements, que la valse a trois temps contribue surtout a developper. L'usage veut que l'on dise: valse a deux et trois temps ; il eut ete, je crois, plus juste de dire: valse a deux et trois pas . Ce dernier terme, plus conforme a ce qu'est la valse elle-meme, eut, je pense, evite beaucoup de confusion et de malentendus. Il est certain qu'eu valsant, ce sont des pas que Ton execute, et nom des temps que l'on pretend marquer. La valse a deux temps surtout, que l'on a si souvent accusee, a tort, d'etre contraire aux lois de la mesure, eut gagne a se voir appeler valse a deux pas. Tout le monde admettra sans difficulte que, sur une mesure d'une certaine etendue, on puisse faire autant de pas que l'on voudra, soit en plus, soit en moins, pourvu que l'on se retrouve d'accord avec la mesure. Mais, tout en regrettant que l'on n'ait pas adopte, des l'origine, le mot de pas au lieu de celui de temps , j'ai cru devoir conserver la locution acceptee, ne pourant prendre sur mot de reformer le langage et devant me borner a souhaiter que l'on remplacat une expression impropre par une autre plus juste. Bien que j'espere prouver, a l'article de la valse a deux temps, qu'elle n'est nullement en contradiction avec la mesure, comme on l'a dit quelquefois bien a tort, je reconnaitrai pourtant que la valse a trois temps se trouve mieux en harmonie avec le mouvement du rhythme; et c'est la sans doute un avantage incontestable pour l'oreille et les yeux des spectateurs. Une certaine froideur, un peu de monotonie dans l'ensemble, le mouvement incessant de rotation que les valseurs sont obliges de decrire, tels sont les principaux desavantages de la valse a trois temps, qui out pu contribuer a la faire en partie delaisser. Le plus souvent aussi il y a defaut d'entente, et, pour ainsi dire, scission exterieure entre le valseur et la valseuse: celleci s'eloigne autant que possible de son cavalier, detourne la tete, se jette en arriere, et semble pres de se detacher de lui, ce qui n'est pas sans produire, au milieu des allures de la valse nouvelle, un effet a la fois disgracieux et suranne. Toutefois, pour etre juste, on doit observer que la plupart des personnes valsent a trois temps, d'apres leurs propres idees, et sans avoir jamais recu les conseils d'un maitre. De la ces attitudes fausses, exagerees, ces mille contorsions, ces cnjambees avec flicflacs dates de l'empire, on bien ce tournoiement plat sur les talons, qui assimile certains valseurs a de veritables automates. Je vais essayer d'indiquer, une fois pour toutes, l'attitude et le pas de la valse a trois temps, afin que l'on puisse du moins la juger sur sa physionomie veritable, soit qu'on veuille l'abolir entierement, ou bien continuer a l'admettre, comme on le fait encore a present, pour un quart ou un cinquieme dans le cours d'une reunion dansante. Le cavalier doit se placer bien en face de sa dame, et se tenir droit sans roideur, ni trop courbe, ni trop cambre. Le bras gauche doit etre arrondi avec celui de la dame, de maniere a former un arc de cercle souple et moelleux. Le cavalier part du pied gauche, et la dame du pied droit. Le pas du cavalier se fait en passant le pied gauche devant sa dame. Voila pour le premier temps. Il reporte le pied droit, un peu croise, derriere le gauche, le talon leve et la pointe a terre. Voila pour le deuxieme. Ensuite il pivote sur ses deux pieds, en montant sur les pointes pour se retrouver le pied droit devant, a la troisieme position, allonge le pied droit de cote, glisse le pied gauche de cote en pivotant sur le pied droit, puis rapproche le pied droit devant a la troisieme position. Voila pour les troisieme, quatrieme, cinquieme et sixieme temps. La dame part au meme instant que le cavalier, par le quatrieme temps, execute le cinquieme et le sixieme, et continue par le premier, deuxieme et troisieme, et ainsi de suite. La preparation se fait par le cavalier: il pose le pied droit un peu en avant sur le premier temps de la mesure, laisse passer le deuxieme, et saute sur le pied droit en levant la jambe gauche pour se trouver au troisieme temps et emboiter le premier pas de la valse. Cette preparation donne a la dame le signal du depart. Avec les six premiers pas, on doit accomplir un tour entier, et employer deux mesures. Autrefois on comptait par trois pas egaux: on a justement reforme cet usage vicieux, attendu que les trois premiers pas ne se font pas comme les trois derniers. Le mieux est de compter par six pas enchaines les uns aux antres, afin de bien faire sentir a l'eleve les temps qu'il doit marquer. Pour faire comprendre comment, a l'aide de ces six pas, un tour peut etre accompli, j'ai l'habitude, dans mes lecons et mes cours, de faire placer l'eleve devant un mur. Je lui fais decrire un demi-tour avec les trois premiers pas, qui le font se trouver le dos tourne au mur, puis executer l'autre demi-tour avec les trois derniers. Les trois premiers pas doivent se tourner egalement dans le premier demi-tour; il n'en est pas de meme des trois derniers. Au quatrieme pas, le cavalier doit, sans tourher, placer son pied entre ceux de sa dame, accomplir son demi-tour en passant devant la dame avec le cinquieme pas, et rapprocher le pied droit au sixieme temps. Je n'ai pas besoin de rappeler que pour la valse a trois temps, ainsi que pour la polka ou toute autre danse dont j'indiquerai le detail, on doit s'etudier a montrer une grande flexibilite, des mouvements aussi aises et aussi naturels que si l'on marchait, sans conserver le cou precisement immobile, eviter neanmoins tous les mouvements de tete eleves ou penches qui ne sont qu'une affeterie, et jamais une grace reelle. Le pied de la valseuse, comme celui du valseur, doit conserver sa position ordinaire: tout effacement en dehors, toute cambrure du cou-de-pied ne peuvent que nuire a la valse. On ne doit ni chercher a se placer sur ses pointes, ni rester non plus cloue sur ses talons; la moitie du pied seule doit porter sur le parquet, de maniere a conserver le plus desolidile possible, sans toutefois nuire a la legerete. Il n'y a que dans certains cas, et lorsqu'il s'agit d'executer des difficultes particulieres a la valse a deux temps, qu'il est permis, et pour les dames seulement, de quitter la position ordinaire et de s'elever un peu sur ses pointes, comme nous le verrons dans la suite. Mais ce ne sont la que des exceptions, et l'on peut dire que, pour tous les mouvements de la valse, le corps n'a pas a quitter la position naturelle qui assure a la fois et l'elegance de l'exterieur et la libre execution des pas. VIII La valse a deux temps. La valse a deux temps peut etre, a juste titre, appelee la valse du jour, et ne parait pas destinee de longtemps a perdre la faveur unanime dont elle est en possession tant en France qu'a l'etranger. L'opinion, longtemps accreditee, que cette valse se trouvait en contradiction avec la mesure, ne pouvait, comme je l'ai dit deja, soutenir l'epreuve du raisonnement, ni meme de l'oreille. On pretendu que la valse a deux temps pechait du cote de la grace, que l'ancienne trait bien plus propre a faire valoir les valseurs, et surtout les valseuses, tandis que la nouvelle ne representaitn a l'oeil qu'une course brave et saccadee, sans aucun de ces balancements de corps et de ces ondulations de tete, ornement indispensable de la vraie valse. Je crois qu'il est fort difficile de s'entendre an juste sur ce mot de grace , qui souvent varie suivant les temps, et a, comme tant de choses de ce monde, sos vicissitudes et ses conventions. Chaque peuple, chaque siecle croit que la danse du monde la plus gracieuse est sans contredit la sienne. On peut donner de tres-bonnes raisons en faveur de la valse a trois temps; je ne doute pas qu'il y a an siecle on n'en eut donne aussi d'excellentes en faveur de la sarabande , de la courante ou du menuet . De tout temps, les danses a la mode ont eu pour ennemies naturelles celles qu'elles etaient venues detroner. Je crois qu'avant de considerer si une danse ou une valse est faite ou non pour plaire aux spectateurs, on doit examiner si elle sait plaire aux valseurs: c'est la, on le reconnaitra, le point essentiel. Or, j'en appelle aux valseurs eux-memes: eprouvent-ils le meme plaisir a accomplir un meme cercle uniforme autour d'un salon, sur un mouvement egal, que lorsqu'ils s'elancent, avec cette vivacite entrainante que la valse a deux temps cornporte seule, ralentssant ou pressant leur course a leur gre, promenant leur dame en tous sens, tantot la forcant a retrograder, tantot reculant eux-memes, voltigeant d'une piece dans l'autre, allant a droite, a gauche, variant leur allure presque a chaque pas, et arrivant a cette sorte de vertige que j'oserai qualifier d'enivrement, sans crainte d'etre dementi par les veritables amateurs de valse? Je n'ai pas a me faire ici le defenseur, et encore moins le proneur de la valse a deux temps; seulement je puis dire que je n'ai jamais entendu critiquer cette valse que par les personnes qui ne l'avaient jamais executee. Ses plus grands detracteurs, du moment ou ils ont pu en apprecier eux-memes les avantages, se sont aussitot ranges parmi ses plus zeles partisans. La musique de la valse a deux temps est rhythmee sur la meme mesure que celle a trois (1) , si ce n'est que l'orchestre doit presser un peu le mouvement, et l'accentuer avec un soin particulier. Le pas est fort simple, et n'est autre que celui du galop, execute d'une jambe et de l'autre en tournant; seulement, au lieu de sauter ce pas, il faut s'attacher a le bien glisser, en evitant les soubresauts et les saccades. J'ai indique deja, a l'article de la valse a trois temps, quelle doit etre la position du pied. Le valseur doit tenir les genoux legerement plies: des genoux trop tendus engendrent necessaurenebt la riudeur, et contraignent a sauter; mais ce ilechissement des jambes doit etre tres-peu marque, et presque imperceptible a la vue. Le valseur doit plutot s'attacher a le sentir lui-meme qu'a le marquer pour les yeux. Des jarrets trop courbes, non-sculement produisent pour le spectateur un effet disgracieux, mais nuisent a la valse tout autant que des jarrets trop roides. Il faut sur chaque mesure faire un pas, c'est-a-dire, glisser le pied et chasser dt l'autre. La valse a deux temps, differente en cela de la valse a trois qui decrit un cercle, se valse carrement et ns se tourne que sur le glisse. Il est essentiel de noter celte difference de mouvement, afin d'apprecier le caractere des deux valses. La position du cavalier n'est pas la meme pour la valse a deux temps que pour celle a trois. Il ne doit pas se tenir en face de sa dame, mais un peu a sa droite; s'incliner legerement sur son epaule droite, ce qui lui permet de bien s elancer en entraenant sa dame. J'ai deja regrette que l'usage ait donne a cette valse le nom de valse a deux temps, et non a deux pas. Le terme de deux pas eit evite beaucoup de confusion, en indiquant que l'on execute deux pas sur trois temps de la musique: le premier pas sur le premier temps; on laisse passer le deuxieme temps, et on execute le second pas sur le troisieme temps. De cette maniere, on est toujours sur de se trouver d'accord avec la mesure. Le cavalier, dans la valse a deux temps, part du pied gauche et la dame du droit. Ce que j'ai dit pour l'attitude du cavalier s'applique en partie a celle de la dame. Elle doit egalement eviter la roideur des jambes aussi bien que celle du bras qui se trouve joint a celui du cavalier; s'abstenir de s'appuyer avec force sur l'epaule ou la main de son valseur; ce que l'on appelle, en terme de valse, se cramponner . Le defaut de la plupart des valseuses francaises, qui n'ont pas encore une tres-grande habitude de la valse a deux temps, est de trop se renverser en arriere, de detourner la tete, de cambrer leur taille; ce qui contribue, d'une part, a les alourdir, et se trouve de plus en contradiction avec le sens oblique de la valse. Les valseuses allemandes n'hesitent pas a se pencher legerement en avant sur leur cavalier, ce qui facilite beaucoup l'execution des divers mouvements qu'on veut leur faire executer. Si svelte, si mince que soit une valseuse, elle ne saurait etre legere au bras du cavalier, pour peu qu'elle se detache de lui par un mouvement du corps. Les principes de la valse a deux temps n'ont rien, on le voit, de bien complique. Le pas est tres-simple et pent facilement s'apprendre en une seale lecon; l'attitude n'est autre que celle meme indiquee par la, nature. Cette valse, malgre sa simplicite apparente, ne laisse pas d'offrir des difficultes reelles, pour peu qu'on veuille arriver a un certain degre de perfection. Ces difficultes, qu'une grande pratique peut seule faire surmonter, tiennent a des details assez importants pour que j'aie cru devoir leur consacrer un chapitre particulier. Je n'ai pas la pretention, comme je l'ai dit, d'indiquer ici le mecanisme, mais seulement le caractere, et, si je puis dire, le style meme de cette valse, qui, moins qu'aucune autre, ne saurait s'accommoder d'une execution mediocre. IX Conseil aux valseurs a deux temps. Depuis plusieurs annees que je me suis exterieurement consacre a l'enseignement de la danse, il ne s'est guere passe de jours ou je n'aie eu sous les yeux de nombreux couples de valseurs. Il est bien rare que chaque nouvel eleve ne me suggere pas par ses defauts, ses habitudes, la cause de ses progres ou de ses retards, quelque remarque profitable a la theorie ou a la pratique de l'art de valser; cet art si simple en apparence, et qui pourtant se complique de tant de nuances et de details, pour peu qu'on veuille l'approfondir. Sous le titre de Conseils aux valseurs , j'ai reuni dans ce chapitre celles de roes observations que je considere comme les plus essentielles, et meme comme formant le complement necessaire de l'education du valseur a deux temps. La conduite de la dame n'est pas la partie la moins facile ni la moins delicate de la tache du valseur. Mille ecueils se presentent a lui des qu'il se trouve lance dans le tourbillon d'un bal. Pour peu qu'un cavalier heurte les autres couples, ne sache pas se garer meme des plus inexperimentes, meme des couples a trois temps, qui sont pour les valscuts a deux un si grand empechement; qu'il ne soit pas assez sur de son pas pour conserver la mesure quand l'orchestre presse ou ralentit, ou quand la valseuse perd la mesure ellememe, il ne saurait etre considere comme un valseur habile. Cette pratique, on meme cette manoeuvre de la valse, ne peut etre acquise que par une grande habitude, et les cours, on doit le reconnaitre, ont sur ce point-la un avantage que rien ne peut remplacer. Ils permettent au valseur novice de s'apprivoiser avec la foule, lui offrant comme un apercu preliminaire de la cohue des bals. L'eleve a pu d'avance apprendre a s'orienter, et n'a pas a faire au milieu d'un salon un apprentissage toujours dangereux, surtout a l'epoque des premiers debuts. Pour bien valser, il ne suffer pas de conduire sa dame toujours dans le meme sens, ce qui ramenerait bientot l'uniformite de l'ancienne valse: il faut savoir tantot la faire reculer en faisant le pas de valse, non plus obliquement, mais en droite ligne, tantot la faire avancer sur soi en faisant le meme pas a reculons. Certains valseurs font meme le pas de redowa de cote, qui n'est pas sans grace, lorsqu'il s'execute bien d'accord avec la dame, et que l'on peut reprendre de l'autre pied sans perdre la mesure. A-t-on de l'espace devant soi, on doit aussitot etendre son pas et prendre cette course impetueuse que les Allemands executent si bien, et qui est on des plus heureux caracteres de la valse a deux temps. L'espace vient-il a se resserrer, il faut s'arreter court, restreindre aussitot son pas, de maniere a ne plus former qu'un cercle sur place. Savoir nuancer sa valse est un des grands talents du valseur. J'ai vu des valseurs consommes s'elancer avec la rapidite de la foudre, a la fois si prompts et si legers, qu'on eut dit qu'ils allaient s'en voler de terre avec leur valseuse, puis briser tout a coup leur course, pour ainsi dire, et prendre une allure si lente et si douce, que l'on distinguait a peine les mouvements de leur corps. C'est ici qu'il convient de dire quelques mots de la valse dite a l'envers , qui fait partie de la valse a deux temps, et represente meme un des traits les plus originaux de sa physionomie deja si variee. Le cavalier, au lieu de s'elancer du cote gauche, ainsi qu'il est dit plus haut, peut, s'il le vent, s'elancer du cote droit, et continuer dans ce sens en entrainant sa dame avec lui; cela s'appelle valser a l'envers. Ce n'est, comme on le voit, que le pas ordinaire fait dans une autre direction; cette evolution s'execute ainsi dans la polka. Mais il faut reconnaitre que l'envers offre plus de difficulte dans la valse a deux temps, dont le pas est plus presse et regle par un rhythme plus rapide. A Dieu ne plaise que je veuille proscrire la valse a l'envers, qui est non-seulement agreable comme diversite, mais devient meme necessaire dans certains cas, ou il faut eviter un couple qui se presente a l'improviste. Je crois pourtant qu'on ne doit l'employer qu'avec une certaine reserve, et se garder surtout de s'y engager avant le temps. Un valseur qui ne scrait pas encore bien sur de son pas a 4 l'endroit aurait tort de vouloir entreprendre prematurement la valse a l'envers, sous peine de se gater et de contracter des habitudes vicieuses. Il ne faut pas perdre de vue que valser a l'envers n'est pas l'allure naturelle, et demande toujours un peu d'effort. Pour peu qu'on veuille decrire en entier le tour d'un salon, il vient un moment ou il est indispensable de valser, non-seulement a l'envers, mais a rebours, ce qui est d'une tout autre difficulte. L'espece de pivotement que l'on est force de decrire pour franchir le moment du rebours contraint le valseur qui n'a pas encore toute l'aisance et l'habilete voulues a sautiller, lui fait perdre le pas, quelquefois meme l'equilibre, et necessite dans tousles cas l'emploi, sur sa valseuse, d'une force que la regle de la vraie valse ne saurait admettre en aucun cas. Je ne conseillerais meme pas aux valseurs consommes de faire une habitude trop prolongee de la valse a l'envers, qui ne sera jamais que l'accessoire et non le fond de la vraie valse. J'ai vu, dans mes cours, des valseurs deja d'une certaine force perdre une partie de leurs avantages en s'opiniatrant a trop valser a l'envers, devenir guindes, contraints, denaturer leurs pas, n'avoir plus la facilite de courir librement, avec l'entrainement naturel de la valse, tout cela pour avoir voulu se consacrer exclusivement a un certain exercice qui n'est plus qu'un tour de force particulier, des lors qu'on en fait abus. On devra s'abstenir entierement de valser a l'envers dans les reunions nombreuses ou l'on n'aura devant soi qu'un espace restreint. Un valseur a l'envers se dirige generalement avec moins de facilite qu'un valseur a l'endroit. Heurter ou etre heurte dans un bal est toujours, sinon une faute grave, au moins un de ces accidents malheureux que l'on ne saurait eviter avec trop de soin. Or, s'il est vrai que l'on ne parvienne qu'avec une peine extreme a manoeuvrer dans le cercle retreci des valseurs, a quoi bon se creer des difficultes imaginaires, et affronter un danger dont on a si pen de chances de sortir a son honneur? X Suite du conseil aux valseurs a deux temps. J'ai parle du pas de la valse a deux temps, des differentes allures qu'elle comporte, de la conduite de la dame, de tout ce que l'on pent considerer comme la partie elementaire de la valse; j'ai maintenant a recommander aux valseurs de veiller avec le plus grand soin sur leur tenue, chose non moins essentielle que tout le reste, et qu'un maitre ne saurait negliger sans porter un grave prejudice a ses eleves. En vain, dirai-je aux valseurs, serez-vous parvenus a executer le pas avec habilete; en vain saurez-vous decrire en valsant les evolutions les plus difficiles; s'il est vrai que votre cou ne soit pas detache de vos epaules, que votre bras soit coutourne, votre dos voute, vos jambes seches et roides, vous ne sauriez aspirer au titre de bons valseurs. On a cru pendant un certain temps, et surtout a l'epoque de la premiere vogue de la valse a deux temps, qu'elle demandait une sorte d'affectation particuliere dans le maintien. Quelques personnes se sont figure que l'on ne pouvait etre cite comme valseur a la mode qu'en se manierant d'une facon quelconque, soit en etendant le bras de sa valseuse dans toute son etendue, au risque d'eborgner les couples voisins, soit en arrondissant le coude en forme d'anse, soit en renversant la tete en arriere avec une sorte de frenesie, en cherchant enfin a se singulariser par quelque pose particuliere. Le bon gout a bientot fait justice de toutes ces affectations qui ont cause un tort reel a la valse a deux temps, que l'on a crue longtemps forcenee, excentrique, tandis qu'il n'en est pas an monde de plus aisee ni de plus naturelle. Je ne cesse, quant a moi, de recommander a mes eleves la simplicite, le naturel dans leur valse; je n'admets meme pas que l'on puisse tenir le poignet de la dame eleve a une certaine hauteur, les doigts pendants en dehors de ceux du cavalier, suivant une mode que certaines personnes ont cherche a faire adopter. Le mieux est de tenir la dame tout uniment par la main, de la conduire sans plus d'effort que si on avait a la diriger dans une promenade. La valse des salons ne doit jamais etre consideree comme un exercice force, et encore moins comme une affaire de parade. On ne saurait donc trop se rapprocher de cette aisance de bon ton que les personnes du monde savent montrer dans toutes leurs actions. Quiconque denature en valsant son air habituel, prend une allure, une attitude, ou meme une physionomie de commande, peut se dire d'avance qu'il valse pretentieusement, c'est-a-dire, mal. Cependant, parmi les conseils que je crois devoir adresser aux valseurs, je ne puis m'empecher de m'adresser en meme temps aux valseuses qui voudront bien prendre leur part de tout ce que j'ai dit relativement a l'aisance des mouvements et a la simplicite de la pose. Il est sans doute a peu pres superflu d'insister aupres des dames sur la necessite de conserver en valsant une attitude gracieuse et naturelle. J'ai deja, au sujet de la polka, recommande aux valseuses de bien se laisser diriger par leur cavalier, de se fier entierement a lui, sans chercher en aucun cas a suivre une impulsion qui leur fut propre; c'est surtout a propos de la valse a deux temps que cette recommandation doit etre faite. Une valseuse qui chercherait, an milieu d'un bal, a eviter d'elle-meme les autres couples risquerait de contrarier les intentions de son cavalier, qui peut seul assurer sa securite au milieu des autres personnes qui se croisent et se heurtent en tous sens. De meme aussi, lorsqu'une valseuse eprouvera le desir de se reposer, elle devra en avertir son cavalier, et non s'arreter d'elle-meme au milieu du cercle. C'est a celui-ci seulement qu'il appartient de choisir la place convenable ou il pourra la mettre a l'abri des chocs. Le valseur aura soin aussi de ne quitter sa dame que lorsqu'il la sentira entierement arretee. Le mouvement de rotation, meme apres l'arret, est quelquefois si vif, qu'on risquerait de voir sa valseuse perdre l'equilibre en se detachant d'elle au milieu d'un tour entame. Qu'il me soit permis, a propos de la valse des dames, de hasarder une observation particuliere, que l'on voudra bien pardonner a la franchise du professeur, et qui n'est d'ailleurs que le resultat des aveux d'un grand nombre de mes eleves. Les bons valseurs sont rares encore anjourd'hui dans le monde, mais il faut aussi reconnaitre, et dut-on affronter sur ce point le crime de lese-galanterie, que le nombre des bonnes valseuses est egalement fort restreint. On a lieu de s'en etonner, si l'on songe a toutes les qualites naturelles de grace et de legerete qui facilitent pour les dames l'execution de la plupart des danses. On croit assez generalement que l'etude de la valse est pour les valseuses a peu pres superflue; que leur ro1e consistant surtout a se laisser diriger, elles n'ont absolument qu'a suivre l'impulsion qu'on leur donne, sans presque avoir besoin d'acquit prealable. Sans doute, le role du valseur est plus grave, et se compose en apparence de plus de soins et de details, puisqu'il doit a la fois diriger sa valseuse et lui-meme; mais dire que celui de la dame soit tout negatif, ne pas reconnaitre qu'il y a aussi pour elle beaucoup d'art et tout un talent particulier a acquerir, c'est une erreur contre laquelle je ne puis trop protester. Un mauvais valseur est assurement un veritable fleau pour les dames, et contre lequel on concoit qu'elles cherchent a se premunir; mais il faut dire aussi qu'une mauvaise valseuse (et l'on est bien force d'avouer qu'il s'en trouve egalement) n'est pus un moindre inconvenient. Non-seulement une valseuse inhabile se fait tort a ellememe, mais elle gene, paralyse meme en partie son valseur, qui ne saurait malgre tout son talent suppleer en elle au defaut absolu de pratique. Un cavalier qui se trouve avoir a diriger une valseuse decidement par trop inexperimentee est reduit a la triste extremite d'employer la force, ce qui detruit infailliblement toute harmonie et toute grace; il ne valse plus, il souleve, supporte, entraine. Les dames qui se figurent qu'il suffit de quelques essais faits en petit comite et sous les auspices, toujours trop indulgents, de parents ou d'amis pour paraitre avec succes dans le monde, se trompent le plus souvent; et quand je dis que les conseils du maitre leur sont toujours utiles, sinon rigoureusement indispensables, on nem'accusera pus sans doute de songer a une etroite question de metier, quand je n'ai devant les yeux que l'agrement et le progres de l'art de la valse. Un maitre peut seul, en vertu de son autorite privee, indiquer a une dame la veritable execution du pas et l'attitude qu'elle doit conserver. Est-ce au milieu d'un bal, quand un valseur est sur le point de partir, qu'il pent prendre sur lui de faire remarquer a sa valseuse que son pas est imparfait, sa main mal placee, qu'elle se rend pesante a son cavalier et se jette trop en arriere, et tant d'autres details qui, faute d'avoir ete indiques des le principe, engendrent des defauts que l'on peut considerer comme irremediables? En effet, un valseur peut se corriger a la rigueur, il peut entendre la verite de la bouche de ses amis; mais une valseuse est bien plus souvent adulee qu'avertie. Un maitre s'imposera seul le devoir triste, mais necessaire, de la critiquer, ou tout au moins de lui indiquer ces principes indispensables qui sont le fruit de l'observation, et que toute l'intelligence du monde ne saurait suppleer. Du reste, et sans chercher en rien un palliatit a la rigueur de mes conseils, je dois dire que les quelques lecons qui me semblent necessaires pour les valseuses n'ont rien de bien effrayant. L'education d'une valseuse se fait beaucoup plus vite que celle d'un valseur. J'ai vu la plupart des dames qui ont bien voulu se confier a mes soins etre en etat, au bout de quelques lecons, de figurer dans un bal, surtout pour peu qu'elles eussent affaire a un valseur habile. On concoit, en effet, qu'il y a beaucoup moins a faire pour la tenue des dames, naturellement elegante et gracieuse; ce sont seulement les premieres indications qu'il est important de leur transmettre, leur intelligence particuliere de toute espece de danse devance bien vite les lecons du maitre. Je ne terminerai pas ces observations generales, que je pourrais etendre a l'infini, tant il y a de nuances et de details dans l'enseignement et l'exercice de la valse a deux temps, sans rappeler aux professeurs que, tout en regularisant les pas et les attitudes de leurs eleves, ils doivent s'attacher en meme temps a conserver la physionomie de chacun, a faire que, tout en se montrant elegants, distingues dans leurs mouvements, les valseurs sachent cependant rester eux-memes. C'est une remarque que j'ai faite, et que d'autres out faite sans doute ainsi que moi, qu'il y a presque autant de genres de valses que d'especes de valseurs. Celui-ci brille surtout par l'impetuosite, la fougue; son attitude, sans etre precisement desordonnee, n'a peut-etre pas toute la regularite voulue, mais il compense ce defaut par les qualites inappreciables de la verve et de l'entrain. Tel autre valse posement et sans la moindre agitation; s'il n'entraine pas sa dame, il lui imprime en revanche cette allure particulieremeut calme et douce, comparable a un bercement, et qui, pour etre un merite oppose a celui de la fougue, ne constitue pas moins une des qualites du bon valseur. Il arrive parfois que, sans precisement sauter, certains valseurs semblent a chaque pas quitter un pea la terre a l'aide d'une espece de soulevement continu, qui n'est pas sans grace, et facilite surtout l'execution de la valse courue. Le maitre devra bien se garder de vouloir reformer ces particularites de chaque genre de valses, qui sont le plus souvent, pour chacun, des questions de constitution et de nature. Il est tres-heureux que l'on puisse etre egalement bon valseur avec des qualites tout opposees; les questions d'amourpropre et de rivalite entre les valseurs se trouvent d'ellesmemes reduites a neant. Que tel valseur soit prefere a tel autre dans le monde, cela n'a rien qui doive surprendre ni choquer. Ce n'est souvent pas que l'un soit reellement superieur ou inferieur a l'autre, c'est tout simplement que la valse de celui-ci se trouve mieux en rapport avec celle de telle ou telle dame. Les varietes qui existent entre les valseurs se reproduisent de meme entre les valseuses. Ces dissemblances ou ces affinites constituent un des grands attraits de la valse a deux temps. Le valseur habile a la perspective de trouver une nouvelle espece de valse presque a chaque invitation nouvelle. L'uniformite n'existe que pour les debutants ou les malhabiles. XI La valse a cinq temps (1) . Je completerai ce que j'avais a dire sur les differentes especes de valses en donnant l'indication d'une valse nouvelle qui a ete composee, pendant mon sejour a Londres, par mon illustre ami Perrot, et qu'il a bien voulu me dedier. Je puis donc dire que je me suis trouve a la source meme pour en connaitre l'execution et les vrais principes. Cette valse, dite a cinq temps , n'est encore connue a Paris que par oui-dire, au moment ou j'ecris cet ouvrage. Je dois donc me borner a la simple indication technique, et attendre qu'elle ait recu la sanction du public francais pour emettre mes propres observations. Le pas de la valse a cinq temps n'a rien en lui-meme de fort complique; la difficulte principale consiste dans la mesure, qui est peu usitee, et dont on trouve cependant un exemple dans l'allegro du fameux air de Boieldieu: Viens, gentille dame . L'eleve doit avant tout bien familiariser son oreille avec cette mesure; quand il l'aura suivie pendant un certain temps, il parviendra a l'observer aussi bien que celle des autres valses. La valse a cinq temps, destinee primitivement au theatre, s'executait en sautant, et se composait de plusieurs figures et de pas courus, que l'on a supprimes pour la transporter dans le monde. La position est la meme que pour la valse a deux temps: le cavalier part du pied gauche, et la dame du droit. Voici le detail des cinq temps dont la valse entiere se compose: Premier temps: Le valseur doit avoir le pied droit devant, faire un jete du pied gauche, en passant devant la dame comme dans la valse a trois temps. Deuxieme temps: Poser le pied droit a la troisieme position derriere. Troisieme temps: Emboiter le pied gauche derriere le droit. Quatrieme temps: Poser le pied droit a la quatrieme position devant. Cinqaieme temps: Petite glissade derriere et de cote. Il faut toujours recommencer du pied gauche. On doit faire, sur les trois premiers temps, un demi-tour, comme dans la valse a trois temps, ne presque pas tourner sur le quatrieme, et faire le deuxieme demi-tour sur la petite glissade. Je vais maintenant indiquer le pas de la dame, en decomposant les cinq temps comme pour le cavalier: Premier temps: La dame doit avoir le pied gauche devant, faire jete dessus du pied droit en relevant le pied gauche derriere. Deuxieme temps: Coupe dessus du pied gauche en relevant le pied droit devant a la quatrieme position. Troisieme temps: jete dessus du pied droit en relevant le gauche derriere. Quatrieme temps: jete du pied gauche en relevant le droit derriere. Cinquieme temps: Petite glissade derriere du pied droit. La dame n'oubliera pas que c'est toujours du pied droit qu'elle doit commencer. Cette valse est susceptible d'autant de variations que les autres, et comporte aussi bien l'envers que l'endroit. Le compositeur de la musique, pour habituer l'oreille de l'eleve a la mesure, a imagine un timbre que l'on frappe avec un petit marteau au cinquieme temps. Cette mesure, pour plus de facilite, peut se diviser en deux, une mesure a trois temps, et l'autre a deux. Ce n'est pas d'apres ce simple detail, fait pour l'enseignement plutot que pour le monde, que je pretends donner uric idee de ce qu'est la valse a cinq temps, ni presager le plus ou moins de succes qu'elle est destinee a obtenir. S'il m'est permis pourtant de donner ici mon impression personnelle, je dirai que cette valse, a part meme le prestige qu'elle a du emprunter a mes yeux de l'execution merveilleuse de son anteur, m'a semble reunir toutes les conditions d'entrainement et de grace qui doivent la faire marcher de pair avec les autres danses ou valses nouvelles. Je crois meme que l'on trouvera dans son execution une originalite particuliere qu'elle doit au caractere du rhythme piquant et heurte, qui peut-etre contribuera surtout a assurer sa vogue. Mais je ne dois pas oublier qu'il s'agil ici d'une valse pour ainsi dire inedite, et qui n'a paru encore, a l'heure ou j'ecris, dans aucune reunion francaise. J'ai toujours eu pour principe qu'un professeur de danse devait surtout se garder de prendre l'initiative en fait de danse ou de valse nouvelle; il doit attendre l'impulsion du monde, sans jamais chercher a la donner lui-meme. Il suffirait peut-etre qu'un maitre pretendit imposer aux salons une nouveaute pour l'en voir ecarter a tout jamais, quels que fussent d'ailleurs son attrait et son merite. C'est donc sous forme de simple proposition que je me suis hasarde a parler de la valse a cinq temps. J'ai essaye d'en decrire le fond, d'expliquer le pas pour les personnes qui seraient curieuses d'en faire l'essai. Mon devoir est maintenant d'attendre sur ces indications premieres, et de voir quelles seront les destinees de cette valse dans les reunions de l'hiver prochain. XII La Mazurka De toutes les danses nouvelles qui se sont introduites de puis quelques annees dans les salons parisiens, il n'en est pas peut-etre qui ait un caractere plus prononce de verve et d'originalite que la mazurka, dont je n'ai pas a rappeler I'origine polonaise. Je repeterai ici ec que j'ai dit pour la polka: la mazurka se trouve maintenant naturalistisee francaise, grace a l'accueil precieux que lui a fait, presque des son apparition, un public d'elite. La valse, ou toute autre danse, se compose en partie d'un certain mecanisme avec lequel les danseurs, meme les plus rebelles, finissent par se familiariser a la longue, et qu'un maitre peut a la rigneur transmettre dansun temps donne Il n'en est pas de meme de la mazurka, danse toute d'independance el vraiment d'inspiration, qui n'a pour regle que le 5 gout, et la fantaisie particuliere de chacun; l'executant etant, pour ainsi dire, son maitre a lui-meme. Je ne crains pas d'assurer qu'une partie de la mazurka s'enseigne seulement; le reste s'invente, s'improvise dans l'entrainement de l'execution; et e'est precisement ce cote d'inspiration constante qui rend la mazurka si attrayante, si variee, et lui merite peut-etre le premier rang pacini les danses du monde. Ici, de meme que dans mes lecons, je me bornerai a indiquer quatre pas principaux qui permettront aux eleves de suivre la mesure dont le rhythme, si marque qu'il soit, ne laisse pas d'offrir certaines difficultes aux commencants (1) . Les eleves qui posseederont bien ces quatre pas, seront fort loin encore de bien danser la mazurka, mais ils en connaitront du moins les elements, et seront en etat de se diriger euxmemes. Le premier pas s'appelle pas glisse ou pas de mazurka . Il s'execute en santaat legerement sur le pied droit en laissant glisser le pied gauche a la quatrieme devant, ce qui emploie deux temps de la mesure. On relive ensuite la jambe gauche a la quatrieme derriere; ce releve se fait sur le troisieme temps de la mesure. On recommence de l'autre jambe, et ainsi de suite. Ce pas s'est appele pas de mazurka , parce qu'il est le plus usuel et se reproduit sans cesse, soit qu'on l'emploie seul, soit qu'on s'en serve pour le combiner avec d'autres pas. Les eleves devront donc bien s'assurer de son execution avant d'entreprendre des pas plus compliques. Le deuxieme pas s'appelle pas de basque . Il s'agit du pas de basque polonais, qu'il faut bien se garder de confondre avec le pas de basque francais, qui se fait en deux temps. Le pas polonais s'exeeute en trois, afin de marquer la mesure. Pour le premier temps, on saute en changeant de jambe comme dans le pas francais, mais en conservant la jambe changee en l'air a la quatrieme devant. Pour le deuxieme temps, on pose cette jambe a terre en la glissant un peu, et pour le troisieme, on fait nn coupe dessons de l'autre pied, en frappant vivement du talon et en renvoyant cette meme jambe en l'air pour recommencer un autre pas. Il faut s'attacher a bien avancer au deuxieme temps, en posant le pied a terre, et eviter d'executer ce pas par soubresauts. Le pas de basque de mazurka doit se faire en allongeant sans croiser. Le troisieme pas a ete appele pas boiteux , parce que les eleves qui ne l'executent encore qu'imparfaitement ont en effet l'air de boiter. Le premier temps estle meme que pour le pas de mazurka, mais, au lieu de relever la jambe droite derriere an troisieme temps, ou frappe un coup de talon du pied droit pres du gauche, et au meme instant on relieve vivement le pied gauche. Le talon se trouve place pres du bas du mollet droit comme dans la polka: ce pas s'attaque toujours de la meme jambe. Le quatrieme pas, appele pas polonais ou coup de talon , s'execute en frappant du talon gauche le talon droit pour le premier temps; pour le deuxieme, on place le pied gauche a la seconde position de cote; pour la troisieme, on rapproche le pied droit en glissant et sans sauter pres du pied gauche, et on donne un nouveau coup de talon pour recommencer. Ce pas, dans le cours des promenades, s'execute du pied gauche seulement; dans les ronds, il se fait des deux pieds. La position du pied est la meme pour la mazurka que pour la valse a deux temps; on ne doit chercher ni a le cambrer ni a le tourner en dehors, mais le laisser dans sa position naturelle. Les coups de talon que l'on mele aux divers pas de mazurka, et qui sont meme un des accompagnements obliges de la danse, doivent etre donnes bien en mesure avec une certaine energie, mais sans exageration. Un coup de talon par trop sonore sera toujours considere, dans un salon, comme etant de mauvais gout. A l'aide des quatre pas elementaires que je viens d'indiquer, l'eleve est a meme d'executer ce que l'on appelle, en mazurka, une promenade . La promenade s'execute en tenant sa dame de la main droite, et en lui faisant accomplir une course toate de fantaisie, en long, en large, en biais ou en carre, suivant l'espace que I'on a a sa disposition. La promenade est, on peut le dire, le fond de la mazurka; elle est obligatoire avant chaque figure. Les Polonais, si bons maitres en fait de mazurka et auxquels je dois tant pour ma part, puisqu'ils ont ete mes premiers modeles, se complaisent surtout dans les promenades, les etendent, les diversifient a l'intini. C'est la, en effet, mieux encore que dans les figures, que le vrai caractere de la danse peut se deployer. Chaque promenade doit etre terminee par un tour du cavalier avec sa dame. Ce tour, quelquefois designe sous le nom sauvage et peu harmonieux d' holubiec que n'admettent ni les Russes ni les Polonais, est maintenant appele tout simplement tour sur place . Son execution exige de la part de l'eleve une attention particuliere, et demande a etre attaquee une grace et une rigueur qu'une longue habitude peut seule donner. On peut juger un danscur de mazurka sur le plus ou moins d'entrainement et de caractere qu'il sait donner a ce seul pas. Pour faire le tour sur place, le cavalier doit se trouver en face de sa dame, l'attirer a lui, la jeter avec une certaine decision dans son bras gauche. Il leve en meme temps lla jambe droite en arriere et la laisse tomber a la quatrieme devant. Dans cette position, le cavalier pivote sur les deux pieds en montant sur les pointes, et en changeant de position pour se trouver le pied gauche a la quatrieme devant. A l'extremite du pivotement et sur le troisieme temps de la mesure, il leve la jambe droite a la quatrieme derriere pour recommencer le pas. Quand le cavalier a execute le pas en avant quatre fois consecutivement, il change de position en faisant passer sa dame dans son bras droit en continuant de tonrner du meme cote. Il fait assemble derriere du pied gauche pour les deux premiers temps de la mesure, et sissonne tendu pour le troisieme temps; il execute egalement ce pas quatre fois sans interruption, puis il reprend la main de sa dame s'il veut continuer la promenade, on bien, si la promenade est achevee, il se contente de degager son bras de la taille de sa dame comme pour les repos de la valse. On remarquera que lorsque le danscur fait le pas tombe en avant, la dame fait I'assemble sissonne en arriere; et quand le cavalier attaque a son tour l'assemble sissonne , la dame fait le pas tombe. Le tour sur place, l'un des pas les plus gracieux, mais aussi l'un des plus difficiles de la mazurka, est le seul qui ne varie pas quant au mouvement des pieds: il peut cependant s'executer de plusieurs manieres. Le cavalier peut, sans se retourner et eu continuant a marquer le pus sur place, faire tourner sa dame autour de lui. Il la fait d'abord passer de la main droite dans la gauche en tournant le bras gauche autour de lui-meme. Quand la dame est revenue a sa place primitive, le cavalier passe son bras droit sous son bras gauche en la prenant par la taille, il execute le tour sur place en arriere par l'assemble sissonne , tandis que la dame le fait en avant sur le pas tombe. Parfois aussi, le danseur jette sa dame dans son bras droit sans ancun enlacement, et lui fait executer le tour sur place ainsi qu'il est dit ci-dessus. Cette methode, moins usitee que les deux autres, a quelque chose de plus brusque, mais ne manque pas de decision ni de grace. On fera bien de l'employer de temps a autre, ne fut-ce que pour diversifier, car on ne saurait trop redire aux eleves que la variete est un des plus grands charmes et meme une des lois fondamentales de la mazurka. A l'exception du tour sur place, qui offre les memes difficultes pour les danseuses que pour les danseurs, les dames n'ont pas a executer, dans la mazurka, des pas a beaucoup pres aussi compliques que les cavaliers. Dans le cours des promenades, elle n'ont qu'a faire le pas de basque polonais, en excluant le coup de talon qui appartient specialement aux cavaliers, et a l'entremeler de petits pas courus et glisses qu'elles devront s'exercer a executer avec une grande prestesse. Pour les ronds generaux, elles auront recours au quatrieme pas indique ci-dessus, dit pas polonais , si ce n'est qu'au lieu de marquer le coup de talon, elles degageront la jambe de cote. Les dames, bien qu'en apparence moins actives ou moins occupees que les cavaliers dans la mazurka, ne laissent pas d'avoir aussi une tache tres-decisive et surtout tres-influente sur le succes de la danse, comme nous le verrons plus bas. Je repeterai ici ce que j'ai dit a propos de la valse, qu'il ne saurait y avoir de bons danseurs avec une danseuse inexperimentee, et je ne erains pas d'etre contredit par les personnes qui ont acquis la connaissance speciale de cette danse, en avancant qu'une bonne danseuse de mazurka est aussi rare qu'un danscur habile. Je ne pousserai pas plus loin ces observations preliminaires, sur une danse qui peut moins qu'aucune autre etre expliquee par des paroles, et resiste meme en partie a toute analyse. Je prefere consacrer un chapitre a part, comme je l'ai fait pour la valse a denx temps, a tout ce qui concerne le style meme de la danse que j'ai, je puis lt dire sans vanite, etudiee avec un certain soin, et que je ne cesse meme d'etudier encore tous les jours. Je n'ose avancer que la mazurka soit un art, de peur d'attacher trop d'importance a nue chose toute de delassement. Pourtant, s'il est vrai que le principal caractere d'un art quelconque soit la diversite et l'imagination, la mazurka merite ce titre assurement, car il n'y a pas de jours ou un vrai danseur ne trouve a innover et inventer, ce que ne saurait comporter un exereice qui ne serait que de pure routine. XIII Observations sur la Mazurka Je suppose que l'eleve s'est mis en etat d'exeeuter avec facilite les quatre pas elementaires dont j'ai donne le detail, y compris le tour sur place, il est fort loin encore d'avoir acheve son education, et ne possede meme que l'apercu et, pour ainsi dire, le canevas de la danse. Il s'agit maintenant d'enchainer ces divers pas entre eux, de passer librement de l'un a l'autre sans perdre la mesure, d'introduire dans ses mouvements et ses attitudes ces fantaisies, ces milleagrements, tels que temps de repos au milieu de la mesure, double coup de talon, allees et venues en tous sens avec la dame, et tant d'autres nuances qui composent la veritable physionomie de la mazurka. Il faut arriver a ce degre de pratique et d'aisance, qui perment de s'elancer avec sa dame sans se preoccuper aucunement du pas que l'on va former, comptant surtout sur l'inspiration, l'a-propos, et sans qu'on puisse distingner dans aucun detail la moindre trace de preparation. Chacun comprendra sans doute que les danseurs qui se contenteraient de faire uniformement le pas de mazurka ordinaire, ou le pas de basque d'apres l'indication du maitre, accomplissant regulierement leur promenade sans se preoccuper de la diversite des pas, ni du caractere des poses, n'executeraient que fort imparfaitement, ou meme n'executeraient pas du tout la mazurka. Ce n'est pas ainsi que les Polonais la concoivent, eux qui ontle grand avantage de danser cette danse d'enfance et presque sans etude, ce qui leur donne necessairement de grands avantages sous le rapport du style et de l'originalite. Le vrai danseur de mazurka, non-seulement varie ses pas, mais le plus souvent en invente, en cree de nouveaux qui n'appartiennent qu'a lui, et que d'autres auraient tort de vouloir copier servilement. C'est encore un des avantages de cette danse de laisser a chacun son individualite, et d'empecher que les executants semblent tous tailles sur le meme patron. J'ai parle, a l'article de la valse a deux temps, de la necessite de la tenue pour les valseurs; cette loi est peut-etre plus rigoureuse encore pour la mazurka, qui est surtout une danse d'attitudes. Il serait difficile assurement, sinon pueril, d'indiquer litteralementaux eleves les diverses poses qu'ils doivent prendre en dansant. C'est a eux a consulter leurs inspirations, a voir ce qu'ils ont a faire de leur corps et de leur tete, pour eviter la froideur et l'uniformite. "On ne danse pas seulement avec les jambes, disait Marcel, mais aussi avec le corps et les bras." Ceci semble avoir ete emis principalement en vue de la mazurka. J'ai remarque que la plupart des Polonais faisaient au premier pas une inclinaison de tete, et se relevaient au second pas avec une sorte de decision pleine de grace. Quand on imprime a la dame une direction nouvelle, il y a aussi des mouvements particuliers que la pratique suggere d'elle-meme aux eleves intelligents. La mazurka se compose a la fois d'entrainement, de majeste, d'abandon, d'agacerie; elle a en meme temps quelque chose de fier et meme d'un peu belliqueux. Il faut savoir meler a propos ces divers caracteres qui doivent se retrouver avec toutes leurs nuances dans les attitudes du danseur, qui ne saurait en aucun cas demeurer languissant ou inanime. Quiconque voudrait n'executer la mazurka sans plus de mouvement ni de variete qu'il n'en met dans la contredanse francaise, aurait tort, en verite, de l'entreprendre. Il faut oser , ne pas trop se preoccuper du qu'en dira-t-on de la galerie, danser pour soi surtout, et non pour les autres, en se persuadant d'avance que la franchise de la danse, son invincible entrain, le plaisir reel qu'elle communique aux executants, sauve bien vite ce qu'elle peut avoir d'un peu etrange, au premier abord, pour des spectateurs francais. J'aime a voir mes eleves risquer quelque chose, se livrer des leurs premiers essais, chercher a prendre des attitudes, au risque meme d'un peu d'exageration, que, dans le cadre de la lecon, il est toujours si facile de corriger. C'est au gout du professeur a reprimer le trop de fougue, a signaler les poses qui tomberaient dans le pretentieux ou le theatral. Toutefois je dois dire que jusqu'a present les danseurs francais ont plutot peche par le trop pen que par le trop et ont plutot laisse a regretter le manque de decision et de feu que l'exces contraire. Les Polonais, que l'on ne peut s'empecher de citer sans cesse des qu'il s'agit de mazurka, excellent dans l'art de diriger leurs dames. Ils savent leur faire decrire ces ondulations si gracieuses, ces voltes (qu'on me passe l'expression) si piquantes et si bien dans l'esprit de la danse. Une promenade a surtout pour objet d'occuper la dame, d'avoir l'air tour a tour de la fuir, de la rejoindre, l'eloigner, la rapprocher de soi, avec des mouvements doux, provoquants, et parfois aussi meles d'une certaine autorite que doit exprimer particulierement le tour sur place final. On concoit, d'apres cela, que le role de la dame est loin d'etre sans importance, comme je l'ai dit plus haut, et que de son plus ou moins d'aisance on de dexterite depend, en grande partie, le succes de son danseur. Elle doit le suivre, quelle que soit la rapidite de son allure, s'arreter lorsqu'il s'arrete, reprendre avec lui, rester attentive a tous ses mouvements, ne jamais se trouver surprise ni deroutee, quoi qu'il arrive. Le tour sur place, surtout, exige de la part de la dame beaucoup de decision et de presence d'esprit. Elle doit obeir avec un entier abandon au mouvement du cavalier qui la jette dans son bras. La moindre hesitation venant de la dame ferait manquer entierement l'effet de ce pas, qui perd tout son caractere s'il n'y a pas entente parfaite entre la danseuse et le cavalier. Je crois superflu de repeter ici ce que j'ai dit deja au sujet de la valse a deux temps, que les dames auraient tort d'entreprendre la mazurka dans le monde sans avoir recu les lecons d'un maitre; qu'elles ne sauraient trouver ni de succes, ni meme d'agrement reel dans cette danse, si elles n'en connaissent pas a l'avance au moins les premiers elements. Des que l'eleve aura acquis une connaissance suffisante du pas et de la direction de la dame, on pourra lui faire executer les figures dent je donnerai le detail complet a l'article du cotillon. Mais je ne saurais trop repeter combien l'exercice des promenades me parait necessaire, indispensable meme, nonseulement a l'egard des debutants, mais meme des eleves plus avances. Un maitre qui voudrait faire executer des le principe les figures a ses eleves, ne saurait pretendre a former de veritables danseurs de mazurka. La promenade donne seule au professeur la faculte d'etudier en particulier les pas et les attitudes de chacun. Quiconque se sera soumis pendant plusieurs lecons a exercice, uniforme il est vrai, et peu attrayant surtout pour les debutants, n'aura pas a se repentir plus tard de s'etre impose cette epreuve. Il est sur de ne jamais tomber dans la routine, et de posseder cette aisance et cette diversite des pas qui double le plaisir de la danse. Quand on execute bien une promenade, on peut dire qu'on sait danser la mazurka; l'etude des figures n'est plus qu'un jeu; il suffit pour cela d'un peu d'attention et de memoire. Je ne terminerai pas mes observations sur la mazurka sans rappeler qu'elle a ete et qu'elle est encore l'objet de plusieurs reproches dent je n'ai a m'occuper que parce que j'y trouve une nouvelle occasion de mieux determiner encore les principes et la nature meme de la danse. On a accuse la mazurka d'etre trop peu repandue, de ne faire dans les salons que de rares apparitions, et d'etre seulement l'apanage de quelques elus. De ce qu'elle ne s'est pas popularisee des son apparition, comme telle autre danse que l'on accuse deja maintenant de banalile, on a cru qu'elle devait etre delaissee tot ou tard. Je crois que l'on aurait tort de juger une danse sur son plus on moins de popularite: pourvu qu'elle dure, conserve son attrait, se maintienne surtout a son rang dans le monde, c'est assez sans doute, et il n'est pas absolument necessaire qu'elle devienne aussitot la proie de la foule. Je n'ai pas a rappeler que la mazurka a ete admise des son debut en France dans les bals de l'ordre le plus eleve, peut-etre meme est-elle destinee, pendant un certain temps encore, a se produire surtout dans les reunions de ce genre: il y a de cela plusieurs raisons que l'on comprendra sans peine. D'abord, la difficulte meme de la danse, que je n'ai pas cherche a dissimuler; la necessite d'une etude prealable et suivie, qui demande necessairement du loisir; puis son caractere, qui se compose non pas seulement de hardiesse, d'abandon et d'entrain, mais aussi de distinction et d'elegance. Je doute qu'une personne commune de tournure et de maintien puisse jamais reussir parfaitement dans la mazurka, qui exige, au milieu de ses libertes apparentes, tant de reserve et de bon gout. Or, de ce qu'une danse n'est pas a la portee du premier venu, de ce qu'elle represente tout un art particulier, et conserve meme, si l'on veut, jusqu'a nouvel ordre, un certain vernis aristocratique, est-ce donc une raison pour qu'on la rejette, et n'est-ce pas plutot pour elle un gage d'avenir? On a aussi reproche a la mazurka de n'etre pas francaise; on a dit que son titre d'etrangere l'empecherait de jamais obtenir ses grandes lettres de naturalisation, que l'on a cependant accordees a diverses epoques a d'autres danses assurement beaucoup moins dignes qu'elle. Je n'ai pas a examiner si telle danse appartient bien reellement a tel peuple plutot qu'a tel autre, si les danses envisagees a un certain point de vue, et surtout les danses naturelles, ne sont pas toutes soeurs et concitoyennes d'un meme pays qui est celui de l'elegance, du gout et de la grace. Sans rechercher non plus si ce que nous appelons nos danses francaises, danses d'etiquette pour la plupart, tradition des anciennes cours, ont ete et sont surtout a present l'expression lidele de nos moeurs et de nos usages, je rappellerai seulement qu'on retrouve dans la mazurka la vivacite, l'abandon, la diversite, la distinction, et un peu de cet esprit militaire que nous melons volontiers, en France, a nos plaisirs. Tout cela est-il donc si oppose a notre caractere, et devonsnous contester les droits d'une danse qui n'est peut-etre etrangere que de nom, et ne s'est, dans tous les cas, presentee a notre adoption qu'apres avoir su d'avance si bien adopter nos couleurs! Enfin, ici comme pour la valse a deux temps, aux personnes qui voudraient nier absolument les impressions particulieres d'entraiinement et de plaisir que la mazurka communique a ceux qui l'executent, je me permettrai de faire cette simple reponse:-Dansez-la. Je me sens rassure, des a present, sur le sort de cette epreuve, et je ne crains pas d'en appeler du jugement du simple spectateur a celui du danseur qui ne peut manquer d'etre a la fois plus competent et plus favorable. XIV Le quadrille mazurka. Les Polonais qui veulent executer une mazurka commencent par former un rond general qu'ils etendent autant que possible, afin de laisser de l'espace aux danseurs. Le cavalier conducteur, dont nous aurons a indiquer les fonctions speciales a l'article du cotillon, part le premier, et fait une figure que les antres couples repetent ou remplacent par une autre, suivant leur volonte. Il est bien rare que les couples se soient d'avance concertes entre eux sur les figures qu'ils sont dans l'intention d'executer. Il suffit d'un mot, d'un signe souvent, pour que tous s'entendent sur ce qu'ils ont a faire, et que chacun parte a son tour, sans avoir besoin de preparation ni d'avertissement. La mazurka n'est pas encore assez repandue en France pour qu'on puisse l'executer suivant la mode polonaise, c'est-a-dire, 6 sans aucune repetition. On arrivera, je n'en doute pas, a l'executer d'improvisation de meme qu'en Russie ou en Pologne; pour cela, il suffit de connaitre toutes, ou du moins les principales figures du cotillon, que j'ai en soin de reunir a cette intention a la fin de cet ouvrage. En attendant que cette experience de la danse soit suffisamment acquise, il arrive souvent que les mazurkas que l'on veut improviser dans les salons francais pechent par le defaut d'ordre et d'entente. C'est a qui, parmi les cavaliers, ne prendra pas la responsabilite de conduire; il y a de l'hesitation, sinon confusion absolue entre les couples qui ne sont pas bien au fait des intentions les uns des autres. Enfin, il n'est pas sans exemples qu'une mazurka, pompeusement annoncee, se termine par une sorte de deroute generale; un seul cavalier malhabile suffisant souvent pour troubler tout un ensemble. Pour obvier a ces inconvenients, plusieurs personnes m'ont engage a regler certaines figures que l'on put etudier en particulier, et qui offrissent aux danseurs comme un theme prepare a l'avance, qu'ils n'auraient plus qu'a executer litteralement dans un bal, sans autre preoccupation que celle des pas. J'ai cede a ce desir en composant le quadrille mazurka, ou j'ai reuni plusieurs figures toutes variees entre elles, et que j'ai choisies parmi celles qui m'ont semble le mieux representer le caractere de la danse. Afin de sauver autant que possible ce que la mazurka avait d'insolite aux yeux de certaines personnes, et de la porportionner aux cadres des bals, j'ai meme eu le soin da regler ce nouveau quadrille, en partie d'apres les lois du quadrille francais. On peut danser le quadrille mazurka, en vis-a-vis, a quatre, six, huit et jusqu'a trente-deux couples, ce qui est un avantage pour les danseurs novices que les promenades seuls a seuls embarrassent toujours un peu. La musique est la meme que celle de la mazurka, dont l'indication a ete donnee ci-dessus. Je ne saurais assurement attacher le moindre sentiment de vanite a la composition de ce quadrille, qui est plutot une affaire d'arrangement que d'invention, et ou je n'ai fait que reunir des fragments de figures extraites, pour la plupart, du cotillon. Je ne pretends pas non plus que le quadrille mazurka puisse passer pour la mazurka elle-meme, qui a, pour les veritables amateurs, des avantages que rien ne remplace, mais qu'il est si souvent difficile de realiser, a Paris, avec toutes les conditions d'emplacement, d'accord, et surtout de patience de la part des spectateurs. J'offre au public ce nouveau quadrille, en quelque sorte, comme un echantillon, un avant-gout de la mazurka, une sorte de compromis entre la danse francaise et la danse polonaise. Je crois qu'il peut etre place avec avantage dans le tours des bals, ne fut-ce que comme diversite ou comme delassement au milieu des valses et des anciennes contredanses. Je ferai d'ailleurs remarquer que l'execution complete de ces cinq figures ne dure guere plus de huit on dix minutes: c'est la sans doute un merite reel, meme aux yeux des ennemis les plus declares de la mazurka; et ce seul titre suffirait pour justifier, a defaut de merite plus reel, le succes que ce quadrille a obtenu l'hiver dernier dans mes cours et dans les reunions ou on a bien voulu l'adopter. DESCRIPTION DES FIGURES du quadrille mazurka. Comme dans toutes les mazurkas, on commence par attendre huit mesures pour se former en rond; on fait un tour a gauche (8 mesures), et un tour a droite (8 mesures); tous les couples font le tour sur place en avant (4 mesures) et cri arriere (4 mesures). Figure A . Les deux vis-a-vis font une chaine anglaise entiere (8 mesures). Les deux cavaliers, en avancant vers leurs dames, se donnent le bras gauche croise a la saignee, font un demi-tour tres-vite, changent de dames, et font le tour sur place cri avant (8 mesures). Ils recommencent cette figure pour se retrouver a leurs places (16 mesures). La meme figure pour la contre-partie (32 mesures). Figure B . Huit mesures a attendre. Les deux cavaliers de vis-a-vis, en tenant leurs dames par la main, vont en avant (4 mesures). Et en arriere (4 mesures). Ils traversent par leur droite pour changer de place (4 mesures). Et font le tour sur place en avant (4 mesures). Ils recommencent cette figure pour se retrouver a leurs places (16 mesures). La meme figure pour la contre-partie (32 mesures). Figure C . Huit mesures a attendre. Les deux dames de vis-a-vis traversent par leur droite (4 mesures), et retraversent en se donnant la main gauche. A la fin de ce deuxieme traverse, les cavaliers donnent la main droite a la main droite de leurs dames en se tournant du meme cote qu'elles, et les prennent de la main gauche a la taille (4 mesures). Dans cette position, et sans que les dames se quittent la main gauche, ils font un demi-tour pour changer de place (4 mesures). Les cavaliers, sans quitter la taille de leurs dames, font sur place le tour en avant (4 mesures). Ils forment un moulinet a quatre en se donnant la main droite, et font un tour entier (4 mesures). Les deux cavaliers qui ont change de cote reprennent la main de leurs dames, et vont en arriere avec elles (4 measures). On recommence cette figure pour regagner sa place: a la deuxieme fois, on ne fait pas le moulinet (16 mesures). La meme figure pour la contre-partie (40 mesures). Figure D . Huit mesures a attendre. Le premier cavalier part en promenade en avant avec sa dame (4 mesures). Il continue la promenade pour retourner a sa place (4 mesures). Petit tour en avant (4 mesures). Et en arriere (4 mesures). Le cavalier repart en avant, fait passer sa dame a gauche, et, sans lui quitter la main, va prendre de l'autre main au couple de vis-a-vis la dame qui saisit devant le dos du cavalier la main de la premiere dame (4 measures). Dans cette position, le cavalier et les deux dames avancent ensemble (4 mesures). Et vont en arriere sans se retourner; le cavalier se baisse, passe sous les bras des deux dames, lesquels bras etant reunis en arriere se trouvent alors croises avec ceux du cavalier (4 mesures). Le cavalier et les deux dames executent ainsi un tour a droite; a la fin de ce tour, le cavalier laisse la dame qu'il a prise a son partenaire qui lui fait faire le tour sur place en arriere (4 mesures), pendant que lui-meme part en promenade avec sa dame pour regagner sa place (4 mesures).-Petit tour en avant (4 mesures). Et en arriere (4 mesures). La meme figure pour les trois autres couples (120 mesures). Figure E . Huit mesures a attendre. Les deux vis-a-vis font une demi-chaine anglaise; a la fin de cette demi-chaine, les cavaliers, sans quitter la main gauche de leurs dames, doivent executer un demi-tour sur eux-memes et passer le bras droit sous le bras gauche de leurs dames pour les prendre a la taille (4 mesures). Dans cette position, ils font le tour sur place en arriere (4 mesures). Meme demi-chaine et petit tour pour revenir a ses places (8 mesures). Les vis-a-vis forment un rond a quatre, et font un demi-tour a gauche (4 mesures). Tour an avant (4 mesures). - Autre demi-tour en rond et a gauche (4 mesures). Tour sur place en avant (4 mesures). Chaine double a quatre, et retourner a ses places (8 mesures). Tour sur place en avant (4 mesures).-Et en arriere (4 mesures). La meme figure pour la contre-partie (48 mesures). On termine, sans s'arreter, par un grand rend a gauche (8 mesures), a droite (8 mesures). Et une grande chaine plate, en commenccant par la main droite; quand on est revenu a sa dame, on fait le tour sur place a volonte (16 mesures). Nota .- Quand les couples sent nombreux, et que par consequent la chaine plate finale est plus longue a faire, il faut que la musique joue jusqu'a ce que le tour sur place soit execute. XV La valse mazurka, dite la Cellarius. Je terminerai ce que j'ai a dire de la mazurka en donnant l'indication d'une valse que j'ai composee a l'epoque ou le gout de cette danse a commence a se repandre en France. Il m'a semble que le pas de mazurka pouvait se preter aussi aux evolutions de la valse, et qu'en y melant d'autres pas, toujours dans le caractere de la danse, il serait possible de composer une valse d'un genre tout nouveau, qui s'executerait dans les occasions ou l'on ne se trouverait pas en nombre suffisant pour former une mazurka complete. Cette valse pourrait aussi s'intercaler avec avantage dans les cotillons, quand les approches du finale rendent presque obligatoire, pour les danseurs, un mouvement plus anime. Mes eleves ont bien voulu designer cette valse de mon nom, et l'ont appelee la Cellarius . J'ai du me soumettre a cet honneur en toute humilite; le decliner eut ete, je pense, de ma part, une affectation bien plutot qu'un acte de modestie. Mais on concoit, en meme temps, que je n'aie a m'occuper en rien du plus ou moins de merite de la Cellarius , ni a rappeler l'approbation si flatteuse qu'elle a recue en France et en Angleterre. Par une double raison de convenance, je me trouve ici plus que jamais dans l'obligation rigoureuse de me renfermer dans la simple indication du caractere et du pas de cette valse. La valse mazurka se compose de trois parties distinctes, que l'on execute a volonte: j'ai donne a la premiere partie le nom de valse simple , a la seconde celui de coup de talon , et a la troisieme celui de valse double . Le danseur se place devant sa dame comme pour la valse ordinaire. Le depart se fait du pied gauche par un temps leve de cote, et en glissant a la deuxieme position; on pivote, en sautant sur le pied gauche et en enlevant la jambe droite pour recommencer de cette jambe. Voila pour la premiere partie. La seconde partie se fait a l'aide du coup de talon, que j'ai indique precedemment a l'article de la mazurka. On allonge de cote, sans tourner, pour recommencer de l'autre jambe. Ce pas se fait quatre fois d'une jambe et quatre-fois de l'autre. Pour la troisieme partie, on execute les deux pas de depart, que j'ai indiques dans la premiere. Apres le deuxieme pas, quand la jambe gauche se trouve en l'air, et qu'on est sur l'extremite du pied, on donne, a l'expiration de la mesure, un coup de talon, sec et bien marque, en chassant la jambe droite de cote pour recommencer de cette meme jambe. La premiere partie de cette valse s'execute a droite, a gauche, en avant, en arriere, de meme que la polka. Le valseur doit necessairement posseder toutes les qualites qu'exige la mazurka: souplesse du corps, flexibilite des mouvements, des jambes moelleuses, pliantes, et cependant toujours douees d'une certaine vigueur. La valse mazurka peat s'executer sur tous les airs de mazurka; seulement l'orchestre devra prendre un mouvement plus anime, et faire bien sentir l'attaque de chaque mesure (1) . XVI La redowa. Je repeterai, a propos de la redowa , ce que j'ai dit pour la valse a cinq temps. Je ne dois pas oublier qu'a l'heure ou j'ecris on parle de la redowa plus encore qu'on ne l'execute; je ne crois meme pas qu'elle ait ete introduite dans aucun salon francais l'hiver dernier. J'ai deja emis precedemment cette opinion, que tout ce que les professeurs de danse pourraient dire ou ecrire en faveur de telle ou telle danse ou valse nouvelle ne saurait avoir d'effet direct sur le gout du public. Le mieux est d'attendre qu'une nouveaute ait reellement ses grandes entrees dans les salons, avant de risquer son propre jugement. Se borner a proposer, a prevoir peut-etre ce que serait une danse encore inconnue, si elle recevait l'adoption des personnes du monde, est, je crois, pour le maitre, le parti le plus sage. Cette reserve que j'ai du m'imposer pour la valse a cinq temps, on m'approuvera sans doute de ne pas m'en departir au sujet de la redowa, dont je ne ferai qu'indiquer ici les principes. Cette danse, d'origine bohemienne, s'execute par couples, ainsi que toutes les valses, et se compose de trois parties distinctes les unes des autres: 1 La poursuite; 2 La valse dire redowa; 3 La valse a deux temps executee sur une mesure particuliere, et qui prend, par le changement du rhythme, un nouveau caractere. Le plus grave ecueil que doit rencontrer la redowa est, il faut bien le reconnaitre, le peu d'etendue de la plupart des salons parisiens. Le milieu du salon doit etre de toute necessite reserve pour les danseurs qui executent cette promenade particuliere qu'on appelle la poursuite; ceux qui executent la valse, tournent en rond antour de la piece. On concoit deja que ces deux manoeuvres differentes exigent un certain espace, et de plus un ordre particulier dans les danses, que l'on n'est malheureusement habitue a rencontrer en France que dans bien peu de reunions. La mesure de la redowa est a trois temps, et doit etre jouee sur un rhythme beaucoup plus lent que celui de la valse ordinaire (1) . La position du cavalier est la meme que pour la valse a trois temps; le cavalier part du pied gauche, et la dame du droit. Dans la poursuite, la position n'est pas la meme: le cavalier et la dame se prennent par les mains en face l'un de l'autre; ils avancent ou reculent a volonte, et balancent en avant et en arriere. Le pas de la poursuite pour avancer se fait en glissant le pied en avant sans sauter, coupe du pied de derriere et jete dessus: on recommence de l'autre pied, et ainsi de suite. Le pas pour reculer se fait en glissant le pied derriere sans sauter, jete du pied de devant et coupe du pied de derriere. Il faut avoir soin de bien avancer sur le pas glisse, et de sauter legerement les deux autres sur place. On balance egalement sur le pas de poursuite, que l'on execute alternativement du pied gauche en avant, et du droit en arriere. La dame doit suivre tous les mouvements du cavalier, reculer quand il avance, avancer quand il recule. Il faut avoir soin d'epauler un peu a chaque pus glisse, l'epaule devant toujours suivre le mouvement de la jambe qui avance ou qui recule; mais il ne faut pas que cet epaulement soit trop marque, sous peine de faire preuve de mauvais gout. Lorsque le cavalier veut attaquer la valse, il doit prendre avec vivacite la taille de sa dame, comme dans la valse ordinaire. Le pas de la redowa, en tournant, peut se decomposer ainsi pour le cavalier: Jete du pied gauche en passant devant la dame comme dans la valse a trois temps, glisse du pied droit derriere a la quatrieme position de cote, on ramene le pied gauche a la troisieme 7 position derriere, puis on execute le pas de basque du pied droit en rapportant le pied droit devant, et on recommence du pied gauche. Le pas de basque doit etre fait en trois temps bien egaux, comme dans la mazurka. La dame execute les memes pas que le cavalier, en commencant par le pas de basque du pied droit. Pour valser a deux sur la mesure de la redowa, on doit faire chaque pas sur chaque temps de la mesure, et se retrouver toutes les deux mesures, le cavalier du pied gauche, et la dame du pied droit, c'est-a-dire que l'on fait un pas entier et un demi-pas sur chaque mesure. Cette danse, qui n'offre pas de tres-grandes difficultes quant aux elements, surtout pour les personnes qui connaissent deja la mazurka et la valse a deux temps, ne laisse pas d'avoir un style propre et qu'il est important de bien saisir. La redowa, plus qu'aucune autre danse, peut-etre, exige une tres-grande flexibilite de corps, et un sentiment particulier de la mesure, dont on doit retrouver l'accent dans les mouvements du danseur. Je n'ai sans doute pas besoin d'avertir que les principes de la redowa, que je viens d'essayer d'indiquer, ne m'appartiennent en rien: je les dois a la protection bienveillante de plusieurs personnes de la haute societe de Prague et de Berlin, qui ont daigne me donner un echantillon de cette danse en l'executant elles-memes devant moi, afin de bien m'en preciser le caractere. J'ai du suivre pour la redowa la regle que je me suis imposee pour toutes les autres danses etrangeres, qui a ete de me conformer autant que possible au type primitif fourni par les peuples chez qui ces danses ont pris naissance, sans prejudice des modifications que les usages et le gout francais pourraient introduire. Si j'ai eu le bonheur de former, parmi mes eleves, des danseurs de mazurka assez habiles pour etre souvent confondus avec des Polonais on des Russes, je le dois, je puis le dire, a cette methode qui m'a toujours fait me reporter, en enseignant, au caractere national de chaque danse. Cette apparente imitation, loin de conduire a la routine, seconde, au contraire, l'originalite des eleves intelligents, et les met seule a meme d'egaler, sinon de surpasser leurs modeles. J'avoue que je souhaiterais vivement de voir les autres professeurs de danse adopter ce systeme, qui a du moins l'avantage d'offrir au public, pour chaque danse, un type invariable, et detruit le germe de ces divisions et de ces zizanies si facheuses pour l'enseignement et l'exercice des danses du monde. Un maitre doit, ce me semble, eviter de donner, sous le titre de telle ou telle danse etrangere, un pas de fantaisie, qui n'en sera que la contrefacon, et aura pris naissance a l'Opera francais, ou meme dans la tete du maitre lui-meme. Ce n'est pas que je veuille dire que les pas de convention soient, de toute necessite, inferieurs a ceux qu'on execute d'origine en Autriche, en Allemagne, en Pologne, ou dans tout autre pays; mais ils ont le grave inconvenient d'engendrer autant d'especes de danses qu'il y a de professeurs. On se souvient que, 1ors de l'apparition de la polka, chacun faillit avoir la sienne, et souvent celle de tel salon se trouvait etre toute differente de celle de tel autre. C'est a peine si l'on est bien fixe encore a present sur la mazurka. Ces danses rencontrent deja assez d'obstacles dans les particularites de l'execution, sans que chacun pretende les executer a sa mode. Puissent donc ces mesintelligences ne pas se reproduire a propos de la redowa. Puisse chaque professeur se decider a en prendre le modele, non pas dans son imagination, mais dans la nationalite meme de la danse, qui est, ce me semble, le guide a la fois le plus naturel et le plus sur. En formant ce voeu, ce n'est pas mon interet particulier que j'ai en vue, je parle dans l'interet general, et d'apres ma propre experience, qui m'a demontre combien le defaut d'unite dans l'enseignement etait nuisible pour tous. attacher une attention particuliere a la description du cotillon, que je regarde comme le rond de la danse du monde, et sur lequel il est bon d'avoir, une fois pour toutes, des donnees certaines. Pour former un cotillon, on doit s'asseoir autour du salon en demi-cercle ou en cercle complet, suivant le nombre des valseurs, en ayant soin de se placer contre les murs, afin de laisser, au milieu de la piece, le plus vaste espace possible. On se dispose couples par couples, le cavalier ayant toujours sa dame a sa droite, et sans laisser d'intervalle entre les sieges. Le cavalier qui se leve le premier pour partir prend le titre de cavalier conducteur ; la place qu'il occupe avec sa dame represente ce qu'on appelle la tete du cotillon . Le cotillon peut se composer de valse seule, de polka ou de mazurka; il arrive souvent que l'on mele ces trois danses ensemble, et que l'on passe de l'une a l'autre, pour plus de diversite. Lorsque l'on commence par la valse, le couple conducteur part le premier, et fait le tour du salon, suivi des autres couples, qui reviennent successivement a leur place. Le premier couple se leve de nouveau, et execute une figure de son choix, que les autres couples doivent executer a tour de role jusqu'a l'extremite du cercle. Je ne crains pas de dire que les destinees d'un cotillon resident en grande partie dans les mains du cavalier conducteur. De lui surtout depend le plus ou moins d'animation et d'entrain qui regne dans l'ensemble. C'est lui qui donne a l'orchestre le signal du depart, l'avertit lorsqu'il faut changer d'air dans les cotillons meles de valse et de polka. L'orchestre doit jouer pendant toute la duree d'un cotillon sans jamais s'arreter, et ne cesser que lorsqu'il en a recu l'ordre du cavalier conducteur. Pour qu'un cotillon ait de l'ordre et du mouvement, il est indispensable que tous les couples reconnaissent entierement l'autorite du cavalier conducteur. Si chacun veut se meler de conduire a sa guise, si le choix des figures n'est pas determine par une seule personne, tout devient bientot languissant, desordonne; il n'y a plus ni enchainement ni suite. Il est a desirer que cette discipline du cotillon, si bien observee en Allemagne, s'etablisse entierement en France, ou l'on ne tardera pas a reconnaitre combien la regularite des figures contribue au plaisir de toute la reunion. Le devoir du cavalier conducteur est de ne jamais perdre de vue les autres couples, d'avertir, en frappant des mains, les danseurs retardataires, ou ceux qui, en prolongeant leur valse, occuperaient trop longtemps le terrain. Ce n'est pas aux personnes qui me lisent que je crois devoir rappeler combien cette tache du cavalier conducteur, rigoureuse en apparence, demande, dans les details, de tact et de reserve, et combien il serait deplace de vouloir diriger un cotillon avec la moindre pretention magistrale. On concoit, du reste, qu'avec des danseurs qui ont l'habitude du cotillon, la tache du cavalier conducteur se simplifie beaucoup, et se borne plutot a une indication qu'a une direction. Pour alleger encore, s'il se peut, les fonctions du cavalier conducteur, et eviter les frais de memoire pour les personnes qui ne trouvent pas toujours juste a point nomme, au milieu d'un bal, une figure nouvelle, surtout lorsqu'elle n'est pas designee par un terme fixe, j'ai voulu rassembler toutes les figures qui penvent entrer dans la composition d'un cotillon. J'ai choisi pour chacune d'elles le nom le plus bref et le plus simple, de facon que le cavalier conducteur n'ait qu'a nommer une figure a haute voix pour que les autres couples sachent aussitot ce qu'ils ont a faire. Cette indication des figures sera surtout d'un grand secours pour les mazurkas improvisees, et peut seule assurer leur entiere reussite. J'ai eu soin de designer entre parentheses, en tete des figures, celles qui peuvent s'appliquer indistinctement a la valse, a la polka et a la mazurka, et celles qui conviendraient specialement a une seule ou a deux de ces danses. Sans avoir cherche precisement a observer un ordre fixe dans cette nomenclature, j'ai cependant indique, en premier lieu, les figures les plus simples et les plus usuelles, et qui doivent necessairement preceder, dans le developpement du cotillon, les figures plus compliquees, de nature a reveiller l'animation des danseurs. XVIII Les figures du cotillon. 1 La Course . (Valse, polka, mazurka.) Le premier cavalier quitte sa dame, soit apres avoir valse, soit apres une promenade, suivant qu'il s'agit de valse ou de mazurka, et va choisir deux autres dames dans le cercle; sa dame, de son cote, choisit deux cavaliers. Ils se placent vis-a-vis l'un de l'autre a une certaine distance, puis s'elancent et executent la valse on la promenade, chaque cavalier avec la dame qui se trouve devant lui. Cette figure se fait a un, deux ou trois couples, suivant les dimensions du salon. 2 Les ronds a trois . (Valse, polka, mazurka.) Le premier couple part, comme dans la Course , pour une valse ou une promenade. Le cavalier prend deux dames, et la dame deux cavaliers. Ils forment deux ronds composes par consequent de trois personnes, et qui se trouvent places vis-a-vis l'un de l'autre. Les deux ronds tournent tres-vite. A un signal donne le cavalier passe sons les bras des deux dames avec lesquelles il vient de tourner, et s'elance vers la sienne qui vient de tourner de son cote avec deux cavaliers. Les deux cavaliers que la dame abandonne vont rejoindre les deux dames en face desquelles ils se trouvent, et les reconduisent a leur place en valsant ou en polkant. Lorsque cette figure s'execute en mazurka, le cavalier qui tient les deux dames fait passer la dame qu'il tient de sa main gauche sons son bras droit et celui de l'autre dame, qui forment comme une barriere que l'on souleverait. Il fait une promenade avec la dame qu'il a conservee. La dame de l'autre rond fait passer egalement sous les bras le cavalier qu'elle tient de la main droite, et fait une promenade avec son autre cavalier. Le cavalier et la dame qui ont ete exclus du rond se rejoignent et executent une promenade ensemble. 3 Les Chaises . (Valse, polka, mazurka.) Le cavalier conducteur part et fait asseoir sa dame sur une chaise placee au milieu du salon. Il prend ensuite deux cavaliers et les presente a sa dame qui doit choisir l'un des deux. Il fait asseoir le cavalier refuse, et va prendre deux dames qu'il lui presente pour qu'il ait a en choisir une. Le premier cavalier conserve la dame refusee, et la reconduit en dansant ou valsant a sa place. Cette figure peut se faire a un, deux, trois et quatre couples. 4 Les Fleurs . (Valse, polka, mazurka.) Le conducteur choisit deux dames, et les invite a lui indiquer a voix basse chacune une fleur. Il va presenter les deux dames a un autre cavalier, et lui nomme les deux fleurs pour qu'il ait a en choisir une. Le second cavalier valse avec la dame representee par la fleur qu'il a nommee, et le cavalier conducteur valse avec l'autre dame. La dame du premier cavalier execute la meme figure avec les deux cavaliers choisis par elle. Les Fleurs peuvent se faire a un, deux et trois couples. 5 La course assise . (Valse, polka, mazurka.) On place au milieu du salon deux chaises dos a dos. Le premier couple part en valse ou en mazurka. Le cavalier et sa dame vont prendre l'un une dame et, l'autre un cavalier qu'ils font asseoir sur les chaises adossees. Le cavalier va chercher ensuite deux dames qu'il prend de chaque main, et se place en face de la dame qu'il a fait asseoir; sa dame en fait autant avec deux cavaliers. A un signal donne, chacun prend son vis-a-vis; e'est-a-dire que le cavalier conducteur prend la premiere dame qu'il a fait asseoir, sa dame a lui prend le cavalier correspondant; les deux autres dames choisies en second lieu, prennent egalement pour la valse ou la promenade les cavaliers places devant elles. Chacun, apres avoir fait le tour du salon, retourne a sa place. Cette figure peut s'executer a deux couples, en placant quatre chaises au lieu de deux. 6 Les colonnes . (Valse, polka, mazurka.) Le cavalier conducteur part en promenade ou en valse, et laisse sa dame au milieu du salon. Il prend un cavalier qn'il place dos a dos avec sa dame; il amene une autre dame qu'il place vis-a-vis du cavalier qu'il vient de choisir, et ainsi de suite, jusqu'a ce qu'il ait forme une colonne de quatre ou cinq couples qu'il a le soin de terminer par une dame. Au signal qu'il donne en frappant dans les mains, chacun se retourne et valse on danse avec son vis-a-vis jusqu'a sa place. On peut former une colonne double, en partant deux couples a la fois. 7 Le coussin . (Valse, polka, mazurka.) Le premier cavalier part en tenant de la main gauche un coussin. Il fait le tour du salon avec sa dame, a laquelle il laisse le coussin que celle-ci doit presenter a plusieurs cavaliers en les invitant a placer un genou dessus. La dame doit le retirer avec vivacite devant les cavaliers qu'elle veut tromper, et le laisser tomber devant celui qu'elle est dans l'intention de choisir. 8 Les cartes . (Valse, polka, mazurka.) Le premier cavalier presente a quatre dames les quatre dames d'un jeu de cartes, tandis que sa dame presente les quatre fois a quatre cavaliers. Les cavaliers se levent et vont chercher les dames de leurs couleurs. Le roi de coeur valse avec la dame de coeur, le roi de pique avec la dame de pique, etc. 9 La pyramide . (Valse, polka, mazurka.) Trois couples partent ensemble en dansant on valsant. Chaque cavalier va chercher un autre cavalier, et chaque dame une autre dame. Les six dames forment trois rangs inegaux. Une seule dame forme le premier rang, et represente la tete de la pyramide; deux forment le deuxieme rang, et trois le troisieme. Les cavaliers se prennent par les mains, et forment une chaine libre. Le cavalier conducteur entraine les autres cavaliers, et passe en courant derriere les trois dernieres dames. Il entre dans le dernier rang, puis dans le deuxieme, en faisant serpenter autour des dames la chaine des cavaliers qu'il conduit. Quand il se trouve devant la dame placee en tete de la pyramide, il frappe des mains, et emmene en valse ou en promenade la dame qui se trouve en face de lui. Les autres cavaliers dansent ou valsent egalement avec leur vis-a-vis. Celle figure peut se faire a cinq couples, en placant un quatrieme rang de dames. 10 La trompeuse . (Valse, polka, mazurka.) Deux ou trois couples partent en valse ou en promenade. Chaque cavalier va choisir un cavalier, et chaque dame une dame. Le cavalier conducteur choisit seul deux cavaliers. Les cavaliers forment une ligne, et se placent dos a dos avec les dames qui forment une ligne parallele. Le cavalier conducteur se tient hors des rangs, et se place devant la ligne des dames. Il frappe dans ses mains, et choisit une dame. A ce signal, tous les cavaliers se retournent, et prennent pour danser ou valser les dames qui se trouvent derriere enx. Le cavalier qui se trouve sans dame par suite du choix du cavalier conducteur retourne a sa place, a moins qu'il ne trouve dans le cercle une dame compatissante qui consente a faire avec lui un tour de valse on une promenade. 11 Le serpent . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple en valse ou promenade. Le cavalier laisse sa dame dans un des angles du salon, le visage tourne vers la muraille, et va chercher ensuite trois on quatre dames qu'il place derriere la sienne en laissant entre chacune d'elles une certaine distance, Il va choisir autant de cavaliers, lui compris, qu'il se troupe de dames. Il forme une chaine libre avec les cavaliers qu'il a choisis, et, apres avoir promene cette chaine avec rapidite, il passe derriere la derniere dame, puis entre chaque dame, jusqu'a ce qu'il ait repris la sienne. Il frappe alors dans les mains, et chaque cavalier danse ou valse avec son vis-a-vis. Cette figure, qui a une grande analogie avec la Pyramide , doit etre adoptee de preference dans les appartements de mediocre etendue. On peut former deux on trois colonnes, en partant plusieurs couples a la fois. 12 Le rond brise . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple en valse ou promenade. Le cavalier laisse sa dame au milieu du salon, et va choisir deux cavaliers qui forment avec lui un rond a trois autour de la dame. Les cavaliers tournent tres-vite a gauche. A un signal donne, la dame choisit un cavalier pour danser ou valser; les deux autres cavaliers retournent a leur place. Quand cette figure se fait dans l'intimite et a ete designee pour la valse ou la polka, les deux cavaliers delaisses font ensemble un tour de valse autour du cercle. 13 Le mouchoir . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Apres la valse ou la promenade, la dame fait un noeud a l'un des quatre coins d'un mouchoir qu'elle presente a quatre cavaliers. Celui qui rencontre le noeud valse ou danse avec elle jusqu'a sa place. 14 Le changement de dames . (Valse, polka, mazurka.) Deux couples partent en valse ou en promenade. Apres avoir decrit plusieurs circuits, ils doivent se rapprocher: les cavaliers changent de dames sans perdre le pas ni la mesure; apres avoir valse ou danse avec la dame l'un de l'autre, chacun reprend la sienne, et regagne sa place. 8 15 Le chapeau . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier laisse sa dame au milieu du salon, et lui remet un chapeau. Tous les cavaliers viennent former un rond autour de la dame en lui tournant le dos, et marchent tres-vite du cote gauche. La dame place le chapeau sur la tete de l'un des cavaliers avec lequel elle fait un tour de valse ou une promenade. Les autres cavaliers retournent a leur place. 16 L'echarpe . (Valse, polka, mazurka.) Cette figure est le pendant de celle du Chapeau . Un cavalier se tient, une echarpe a la main, au milieu d'un rond que les dames forment autour de lui, et doit deposer l'echarpe sur les epaules de l'une d'elles qu'il choisit pour danser ou valser. Chaque cavalier doit aller rejoindre sa dame pour la reconduire a sa place. 17 Les dames assises . (Valse, polka, mazurka.) On place deux chaises dos a dos au milieu du salon. Les deux premiers couples partent en valse ou promenade. Les deux cavaliers font asseoir leurs dames sur les chaises, et vont ensuite choisir deux dames avec lesquelles ils font le tour du cercle: ils viennent ensuite reprendre leurs dames pour les reconduire a leurs places en dansant ou valsant. Pendant que les deux dames qu'ils viennent de quitter s'asseoient a leur tour, les deux cavaliers suivants executent la meme figure, et ainsi de suite. Quand tous les cavaliers ont fait la figure, il reste sur les chaises deux dames que leurs cavaliers viennent delivrer. On peut faire cette figure a trois ou quatre couples en placant trois ou quatre chaises au milieu du cercle. 18 Le verre de vin de champagne . (Valse, polka, mazurka.) On place trois chaises sur une meme ligne, les deux chaises des extremites tournees dans un autre sens que celle du milieu. Depart du premier couple: le cavalier fait asseoir sa dame sur la chaise du milieu, lui remet un verre de vin de Champagne, et va chercher deux cavaliers qu'il fait asseoir sur les deux autres chaises. La dame remet le verre de vin de Champagne a l'un des deux cavaliers pour qu'il ait a l'avaler, et regagne sa place avec l'autre en valse ou en promenade. 19 Les couples refuses . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le premier cavalier se place un genou en terre au milieu du salon. Sa dame choisit dans le cercle plusieurs couples qu'elle lui presente et qu'il refuse successivement. Les couples se forment en colonne derriere le cavalier agenouille qui finit par choisir une dame qu'il conduit en valse ou en promenade, puis ramene a son cavalier, lequel est reste devant la colonne, et recoit sa dame qu'il reconduit a sa place. Le premier cavalier danse et valse successivement avec chaque dame, et, quand tous les couples out disparu, il retrouve enfin la sienne, qui a du se refugier derriere la colonne, et qu'il reconduit a son tour. 20 Les bouquets . (Valse, polka, mazurka.) On depose sur un meuble plusieurs bouquets. Depart du premier couple. Le cavalier et sa dame prennent chacun un bouquet qu'ils vont offrir, le cavalier a une dame, et la dame a un cavalier, pour faire un tour de valse ou une promenade. Cette figure est repetee par tousles couples. 21 Les dames presentees . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier se met a genoux au milieu du salon: sa dame choisit dans le cercle plusieurs dames qu'elle lui presente et qu'il invite a se placer derriere lui a la file, jusqu'a ce qu'il en ait pris une pour danser ou valser. Les autres cavaliers viennent delivrer leurs dames, et les reconduisent a leur place. Cette figure, qui a une grande analogie avec celle des Couples refuses (1) , convient mieux aux salons de mediocre etendue. 22 Le coussin mobile . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavier fait asseoir sa dame, et place a ses pieds un petit coussin devant lequel il amene alternativement plusieurs cavaliers qu'il choisit dans le cercle, invitant chacun d'eux a mettre un genou sur le coussin que la dame retire vivement en cas de refus. Les cavaliers refuses se placent en ligne derriere la chaise de la dame qui indique son choix en laissant le coussin immobile devant le cavalier avec lequel elle veut raiser ou danser. Les dames des cavaliers refuses viennent les delivrer, et font un tour de valse on une promenade jusqu'a leur place. 23 Les dames trompees . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier prend sa dame par la main, se promene antour du cercle, et s'approche de plusieurs dames en feignant de les inviter a danser on valser. Au moment ou la dame se leve pour accepter, il se retourne vivemerit, et va s'adresser a une autre pour recommencer le meme jeu, jusqu'a ce qu'il ait fait un choix definitivement serieux. La dame du cavalier conducteur danse on valse avec le cavalier de la dame qui a ete choisie. 24 Le chapeau magique . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier remet a sa dame un chapeau qu'elle va presenter a plusieurs dames en les engageant a y deposer un objet quelconque. Elle offre ensuite le chapeau a plusieurs cavaliers qui prennent un des objets, et vont chercher la dame a laquelle il appartient pour lui faire faire un tour de valse ou une promenade. Cette figure peut etre executee par plusieurs couples a la fois. 25 La phalange . (Valse, polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples. Chaque cavalier va choisir deux dames, et chaque dame deux cavaliers. Le premier cavalier donne la main droite e la dame de droite et la main gauche a celle de gauche; les deux dames se donnent la main derriere lui, de maniere a former l'ancienne figure connue sous le nom des Graces . La dame du cavalier conducteur se place de meme avec les deux cavaliers qu'elle a choisis; les autres groupes se rangent a la suite dans la meme disposition, et se tiennent rapproches de maniere a former une phalange qui part en executant le pas de polka, valse sans tourner, ou de mazurka. Au signal donne, les cavaliers qui se trouvent entre deux dames se retournent avec elles, et chacun danse ou valse avec son vis-a-vis jusqu'a sa place. Cette figure peut se faire a trois on quatre couples. 26 Le drap mysterieux . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Tousles cavaliers du cotilion vont se ranger derriere un drap que deux personnes tiennent deploye, de maniere a former une sorte de paravent, et placent au-dessus du drap l'extremite de leurs doigts que la dame placiee de l'autre cote du drap doit prendre, ayant a indiquer ainsi son danseur. 27 Le cavalier trompe . (Valse, polka, mazurka.) Les cinq ou six premiers couples partent ensemble, et vont se placer en rangs deux par deux. Le premier cavalier tient sa dame de la main droite, et ne doit pas regarder le couple qui se trouve derriere lui. Sa dame le quitte, et va choisir un cavalier parmi les autres couples. Ce cavalier et cette dame se separent, et avancent de chaque cote de la colonne en marchant sur la pointe du pied, afin de tromper le premier cavalier qui se trouve en tete, et s'efforcent de se rejoindre pour danser et valser ensemble. Si ie cavalier qui est aux aguets est assez heureux pour ressaisir sa dame, il la reconduit en dansant ou valsant, et le cavalier suivant le remplace. Dans le cas contraire, il doit demeurer a son poste jusqu'a ce qu'il ait pu prendre une dame. Le dernier cavalier restant valse ou dame avec la derniere dame. 28 La croix doublee . (Valse, polka, mazurka.) Quatre couples partent ensemble, et vont se placer en moulinet; les cavaliers se donnent tous la main gauche et tiennent louts dames de la droite. Chaque dame appelle un cavalier, qui vient lui donner la main gauche; les nouveaux cavaliers appellent a leur tourde nouvelles dames, qui se placent egalement en rayon. Tous les couples decrivent un tour en executant ensemble le pas de valse, polka ou mazurka, puis se separent, et regagnent leur place couple par couple. 29 Le grand rond . (Valse, polka, mazurka.) Quatre couples partent a la fois. Chaque cavalier va choisir un cavalier, et chaque dame une dame. On forme un rond general, les cavaliers se tenant par la main du meme cote, et les dames de l'autre. On commence par tourner a gauche, puis le cavalier conducteur, qui doit avoir sa dame de la main droite, s'avance sans la quitter, et coupe le rond par le milieu, c'est-a-dire, entre la derniere dame et le dernier cavalier, Il tourne a gauche avec tousles cavaliers, tandis que sa dame tourne a droite avec toutes les dames. Le cavalier conducteur et sa dame, apres avoir decrit un demi-cercle renverse, se retrouvent et dansent ou valsent ensemble; le second cavalier prend la seconde dame, et ainsi de suite, jusqu'a ce que la chaine soit epuisee. Cette figure peut se faire a cinq, six, sept, huit couples et plus encore, si le local le permet. 30 Les cercles jumeaux . (Valse, polka, mazurka.) Quatre couples partent ensemble. Chaque cavalier choisit un cavalier, et chaque dame une dame. Les cavaliers forment un rond, et les dames un autre a l'oppose. Le cavalier conducteur se place dans le rond des dames, et la dame dans celui des cavaliers. Les deux ronds tournent a gauche avec rapidite: a un signal donne, le cavalier conducteur choisit une dame pour danser ou raiser avec elle; sa dame en fait autant avec un cavalier: pendant ce temps, les cavaliers se developpent sur une ligne, et les dames sur une autre. Les deux lignes avancent l'une vers l'autre, et chacun danse ou valse avec son vis-a-vis. Cette figure, de meme que la precedente, peut etre executee par autant de couples que l'on veut. 31 Le rond trompeur . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier conducteur va choisir trois dames qu'il place avec la sienne a une certaine distance les unes des autres et comme pour le jeu des quatre coins. Il choisit ensuite quatre cavaliers, et forme avec eux un rond qui se trouve insere dans le carre que forment les quatre dames. Les cinq cavaliers doivent tourner avec une tres-grande vitesse, et a un signal donne se retourner et prendre la dame qui se trouve derriere eux pour danser on valser. Il y a necessairement un cavalier victime qui est condamne a retourner seul a sa place. 32 Le portier du couvent . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier conducteur choisit dans le cercle plusieurs dames qu'il conduit, ainsi que la sienne, dans une piece attenante au salon, et dont la porte reste entre-baillee. Chaque dame designe a voix basse un cavalier que le cavalier conducteur nomme a haute voix pour venir faire un tour de valse on une promenade avec la dame qui l'appelle. Le cavalier conducteur ale soin de se reserver pour lui une des dames. On peut aussi faire executer cette figure par la dame conductrice, qui doit alors emprisonner les cavaliers qu'elle choisit, et appeler les dames que ceux-ci designent. 33 Les mains mysterieuses . (Valse, polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier emprisonne dans une piece voisine plusieurs dames ainsi que la sienne, comme il est dit pour la figure precedente. Chaque dame glisse une main a travers la porte entre-baillee. Le cavalier conducteur amene autant de cavaliers qu'il a choisi de dames. Les cavaliers prennent chacun une des mains placees a, travers la porte, et valsent on dansent avec la dame qu'ils out choisie ainsi. Le cavalier conducteur a aussi le droit de saisir une des mains mysterieuses. 34 La chasse aux mouchoirs . (Valse, polka, mazurka.) Les trois ou quatre premiers couples partent ensemble. Les cavaliers laissent au milieu du salon leurs dames qui doivent toutes avoir un mouchoir a la main. Los cavaliers du cotillon viennent former un rend autour des dames ca leur tournant le dos, et tournent rapidement a gauche. Los dames lancent leurs mouchoirs on l'air, et valsent on dansent avec ceux des cavaliers qui ont eu le bonheur de los saisir. 35 La mer agitee . (Valse, polka, mazurka.) On place deux rangs de chaises adossees los unes aux autres, comme pour le jeu dent le nom a servi a designer cello figure. Depart du premier couple. Le cavalier conducteur, s'il a place donze chaises au milieu du salon, choisit six dames, y compris la sienne, et les fait asseoir de deux en deux chaises. Il va chercher ensuite six cavaliers avec lesquels il forme une chaine qu'il prend le soin de conduire. Apres avoir decrit une course rapide dans les diverses parties du salon et qu'il pout prolonger ou varier a son gre, il finit par envelopper los rangs de chaises ou se trouvent les dames. Quand il s'asseoit, tous les cavaliers doivent s'asseoir an meme instant, et chacun valser ou danser avec la dame qui est a sa droite. Dans cette figure comme dans cello du Rond trompeur (1) , il se trouve egalement un cavalier victime qui doit se resigner a retourner soul a sa place. 36 Les quarte coins . (Valse, polka, mazurka.) On place quatre chaises au milieu du salon a des intervalles marques pour figurer les quatre coins. Le premier cavalier, apres avoir fait faire a sa dame un tour de valse ou une promenade, la fait asseoir sur une des chaises, et prend les trois dames suivantes pour occuper les trois autres chaises. Il se place debout au milieu comme pour le jeu des quatre coins: les dames ca restant assises executent les changements du jeu qui se font, non plus en courant, mais en se tenant par les mains pour changer de chaises. Quand le cavalier peut s'emparer d'une des chaises laissee vacante par une des dames qui cherchait a changer de place avec sa voisine, il valse on danse avec celle qu'il est parvenu a detroner. Un autre cavalier vient aussitot se placer an milieu du rond, et une autre dame vient occuper la chaise vacante. Quand le dernier cavalier a pris la place de l'une des quatre dernieres dames, les cavaliers des trois restantes doivent venir les prendre pour les reconduire a leur place en valse ou promenade. 37 Le berceau . (Valse, polka, mazurka.) Quatre couples partent ensemble, et vont former an rond general au milieu du salon. Quand le rond est forme, les dames et les cavaliers se retournent, et se trouvent dos a dos sans se quitter les mains. Quatre autres couples partent, et vont former an rond antour du premier, mais sans se retourner. Dans cette position, et quand on est vis-a-vis les uns des autres, les cavaliers se donnent les mains en dessus, et les dames en dessous. Les cavaliers levent les bras assez haut pour former une issue circulaire que les dames parcourent rapidement et a gauche sans se quitter les mains. Au signal donne, les bras des cavaliers s'abaissent a la lois pour arreter les dames qui valsent ou dansent avec les cavaliers devant lesquels elles se trouvent. Cette figure pent etre executee par cinq, six, sept, huit couples et plus. 38 La poursuite . (Valse, polka, mazurka.) Depart des trois on quatre premiers couples. Chaque cavalier du cotillon a le droit d'aller derriere chaque couple, et de s'emparer de la dame pour danser ou valser avec elle. Il doit frapper dans les mains pour annoncer qu'il est dans l'intention de se substituer au cavalier. Cette figure se continue jusqu'a ce que chaque cavalier ait retrouve sa dame pour la conduire a sa place. Pour que cette figure soit executee avec toute l'animation voulue, il faut qn'a mesure qu'un cavalier s'empare d'nne dame, un autre le remplace aussitot. La Poursuite est une des figures finales du cotillon. 39 Le rond final . (Valse, polka, mazurka.) Toutes les personnes du cotillon forment un rond g[eneral. Le cavalier conducteur se separe avec sa dame du rond, qui doit aussitot se renouer, et execute au milieu une valse ou une promenade. Il s'arrete a un signal donne, et sa dame sort du cercle. Lui, choisit une dame avec laquelle il danse ou valse dans le cercle. Il sort du cercle a son tour, et la dame qu'il a choisie prend un autre cavalier, et ainsi de suite. Quand il ne reste plus que deux ou trois couples, on execute une valse ou une promenade generale. Le Rond final s'execute, ainsi que la poursuite, surtout a la fin des cotillons. 40 Les ronds infinis . (Valse, polka, mazurka.) Toutes les personnes du cotillon forment un rond general et commencent par tourner a gauche. Le cavalier conducteur, a un signal donne, quitte la main de la dame qui doit se trouver a sa gauche, et, en continuant de tourner a gauche, entre dans le rond en formant un colimacon, landis que la derniere dame 9 dont il a quitte la main tourne a droite pour envelopper les autres ronds qui vont toujours en diminuant. Quand on est bien rapproche les uns des autres, le cavalier conducteur passe sous les bras d'un des valseurs et des valseuses pour sortir des ronds; tout le monde le suit sans quitter les mains. Le cavalier conducteur fait des promenades a volonte, et se developpe pour reformer le rond general. Tous les autres couples executent une promenade ou une valse generale. Cette figure se place, de meme que les deux precedents, surtout a la tin des cotillons. 41 Le moulinet . (Valse, polka.) Trois couples partent ensemble. Apres une promenade ou un tour de valse, chaque cavalier choisit une dame, et chaque daine un cavalier. Tous les cavaliers viennent se placer en moulinet en se donnant tous la main gauche, et en donnant la main droite a leurs dames, qui doivent elles-memes les tenir de la gauche. Le premier, le troisieme et le cinquieme cavalier valsent ou polkent dans les entre-deux, pendant que les autres couples marchent avec lenteur. Au signal donne, les couples valsant ou polkant s'arretent pour laisser danser ou valser les suivants. On finit par une valse ou polka generale. 42 Le moulinet changeant . (Valse, polka.) Depart des trois premiers couples, choix des dames et des cavaliers, position de moulinet comme dans la figure precedente. A un signal donne, les dames avancent d'un cavalier, et valsent on polkent avec lui, sans quitter leur ordre dans le raoulinet. A un nouveau signal, on s'arrete, toujours en moulinet, pour recommencer a danser ou polker avec la dame suivante, jusqu'a ce que chaque cavalier ait retrouve sa dame. Valse ou polka generale pour terminer. 43 Les quatre chaises . (Valse, polka.) On place au milieu du salon quatre chaises que l'on dispose comme pour les quatre coins. Quatre couples partent en valsant ou polkant, et se placent, chaque couple derriere une des quatre chaises. A un signal donne, chacun valse on polke autour de la chaise devant laquelle il se trouve, puis passe a la suivante; et ainsi de suite, en allant toujours a droite. Cette figure doit etre faite avec ensemble pour eviter de s'entre-choquer. Pour finir, chacun regagne sa place en valsant ou polkant. 44 La contredanse . (Valse, polka.) Quatre couples vont se placer au milieu du salon, comme pour la contredanse. Le premier couple part en valsant ou polkant autour du couple qui est a sa droite, et fait de la meme maniere le tour des autres couples. Les trois autres couples repetent la meme figure. Quand tous les quatre ont acheve, on retourne a sa place en valsant ou polkant, comme pour les Chaises . 45 Le mouchoir . (Valse, polka.) Deux couples partent a la fois, les cavaliers tenant de la main gauche chacun le bout d'un mouchoir qu'ils doivent tenir assez eleve pour pouvoir passer dessous a chaque cercle que decrit le mouchoir. Ils valsent ou polkent jusqu'a ce que le mouchoir soit roule comme une corde. 46 Les echarpes volantes . (Valse, polka.) On croise deux echarpes que l'on noue par le milieu de maniere a former une croix. Quatre couples viennent se placer comme pour le jeu de bague; chaque cavalier prend de la main gauche une des extremites de chaque echarpe, en ayant soin de bien l'elever au-dessus de sa tete. Chaque couple valse en tournant et en conservant toujours la meme distance: a un signal donne, tous regagnent leur place. 47 L'eventail , (Valse, polka.) On place trois chaises au milieu du salon sur une meme ligne. Les deux chaises des extremites doivent etre tournees dans le sens contraire de celle du milieu, comme dans la figure du Verre de vin de Champagne (1) . Le premier couple part en valsant: le cavalier fait asseoir sa dame sur la chaise du milieu, et lui remet un eventail. Il va chercher deux autres cavaliers qu'il fait asseoir sur les deux autres chaises. La dame offre l'eventail a l'un des deux cavaliers assis a son cote, et valse avec l'autre. Le cavalier muni de l'eventail doit suivre le couple valsant eu l'eventant et cil sautant a cloche-pied autour du cercle. 48 Le colin-maillard . (Valse, polka.) On place trois chaises sur une meme ligne au milieu du salon. Depart du premier couple: le cavalier va prendre un autre cavalier qu'il fait asseoir sur la chaise du milieu, apres lui avoir bande les yeux. La dame va chercher un autre cavalier qu'elle amene, en marchant sur la pointe du pied, sur nne des chaises qui se trouve a cote du colin-maillard, tandis qu'elle se place sur l'autre. Le premier cavalier invite alors celui qui a les yeux bandes a se decider pour la droite ou la gauche. Si ce dernier indique la dame, il valse avec elle jusqu'a sa place: si, au contraire, il indique le cavalier, il doit valser avec lui, tandis que le cavalier conducteur valse avec la dame. 49 Les cavaliers ensemble . (Valse, polka.) Les deux premiers cavaliers vont choisir chacun un cavalier pour valser avec eux, et les deux dames chacune une dame pour valser avec elles. A un signal donne, les quatre cavaliers s'arretent et forment un rond, et les dames un autre rond. Deux dames, en avancant vers le rond des cavaliers, passent sous les bras des deux autres dames, et entrent dans le rond des cavaliers en formant un rond a l'envers: chaque cavalier valse avec la dame devant laquelle il se trouve. Cette figure peut se faire a trois et quatre couples. 50 Les zigzags . (Valse, polka.) Huit ou dix couples partent ensemble, et vont se placer les uns derriere les autres, couple par couple, en conservant un certain intervalle. Chaque cavalier doit avoir sa dame a sa droite. Le premier couple part en valsaut et en entrant en zigzag dans tous les couples jusqu'au dernier. Le second couple part ensuite jusqu'au dernier et jusqu'a ce que le cavalier conducteur ait repris avec sa dame la tete de la phalange. On termine par une valse generale. 51 Les ondulations . (Valse, polka.) Depart des quatre premiers couples, qui forment un rond. Le couple conducteur doit se trouver au milieu de ce rond et valser a sa volonte, puis chercher a tromper les autres couples qui doivent suivre tous ses mouvements sans se quitter les mains. A un signal donne, le couple suivant se place au milieu pour faire le meme jeu; le premier couple reprend sa place dans le rond, et les autres executent successivement la figure. On termine par une valse generale. 52 Les deux lignes . (Valse, polka.) Le premier cavalier prend sa dame par la main, et fait en marchant le tour du salon; tous les autres couples doivent le suivre. Le cavalier conducteur forme avec les autres cavaliers nue seule ligne, de maniere que chacun soit en face de sa dame. Chaque cavalier prend de sa main droite la main droite de sa dame, et la fait traverser en prenant sa place. Le premier couple part en valsant et en remontant, et passe derriere la ligne des dames; sans cesser de valser, il passe au milieu des deux lignes, et remonte encore une fois en passant derrere les dames. Arrive a la derniere, il s'arrete. Le cavalier reste du cote des dames, et la dame du cote des cavaliers. Chaque couple execute successivement la meme figure, et on termine par une valse generale. Les Deux lignes se font surtout a la fin des cotillons. 53 L'allee tournante . (Valse, polka.) Le cavalier conducteur part en marchant et en tenant la main de sa dame, et invite les autres couples a le suivre. On forme un rond general. Chaque couple a le soin de menager entre soi une certaine distance. Les cavaliers se placent devant leurs dames, de maniere a former avec elles un double rond, les cavaliers en dehors et les dames en dedans. Le cavalier conducteur part avec sa dame, et parcourt en valsant l'allee tournante que forment les deux ronds, jusqu'a ce qu'il ait retrouve sa place. Il quitte alors sa dame, et reprend son poste dans le rond des dames, et sa dame dans celui des cavaliers. Chaque couple fait la figure a son tour, et on termine par une valse generale. L' Allee tournante est une des figures finales du cotillon. 54 Le chapeau fuyant . (Valse, polka.) Depart des deux premiers couples. Le cavalier conducteur tient derriere lui de la main gauche un chapeau dont il a soin de presenter l'ouverture, comme si le chapeau etait depose stir une table sur la forme. Le deuxieme cavalier tient de la main gauche une paire de gants roulee qu'il doit chercher a lancer dans le chapeau sans cesser de valser. Quand il a reussi, il prend le chapeau, et remet les gants a l'autre cavalier, qui recommence le meme jeu. On concoit qu'entre bons valseurs cette figure fasse naitre une foule de detours et d'incidents. 55 Le huit . (Valse.) On place au milieu du salon deux chaises a une certaine distance l'une de l'autre. Depart du premier couple, qui passe derriere une chaise sans cesser de raiser, puis repasse derriere l'autre chaise, de maniere a decrire un huit. Chaque couple repete successivement la meme figure. Le Huit est une des figures les plus difficiles a executer. Un cavalier qui s'eu acquitte avec perfection peut etre repute valscur consomme. 56 Les bras englaces . (Polka, mazurka.) Trois ou quatre couples partent ensemble. Apres un tour de mazurka ou de polka, chaque cavalier prend une dame, et chaque dame un cavalier. On forme un rond general. On avance et on recule tous ensemble sur quatre mesures; on avance encore une fois, et quand on se trouve rapproches les uns des autres, les cavaliers se donnent les mains en dessus, et les dames en dessous. Quand les bras sont amnsi enlaces, on tourne a gauche; le cavalier conducteur quitte la main du cavalier qui se trouve a sa gauche: on se developpe sur une seule ligne sans se quitter les mains. Quand une ligne droite est bleu formee, les cavaliers levent les bras tous ensemble et sans se quitter les mains; les dames partent en dansant, et les cavaliers s'elancent derriere elles a leur poursuite. A un signal donne, toutes les dames se retournent et dansent avec leurs cavaliers, qui doivent se trouver derriere elles. 57 Le moulinet des dames . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples. Chaque cavalier choisit unc dame, et chaque dame un cavalier. On forme un rond general, et on tourne a gauche pendant huit mesures, les dames se placent en moulinet en se donnant la main droite: chaque cavalier reste a sa place. Les dames font un tour de moulinet, et viennent donner la main a leur cavalier pour faire un tour sur place. Elles reviennent au moulinet, et a chaque tour elles avancent d'un cavalier jusqu'a ce qu'elles aient retrouve celui avec lequel elles ent commence. Polka ou mazurka pour finir. 58 Les petits ronds . (Polka, mazurka.) Depart des trois ou quatre premiers couples. Chaque cavalier choisit un cavalier, et chaque dame unc dame. Les cavaliers se placent deux par deux, et les dames aussi deux par deux devant les cavaliers. Les deux premiers cavaliers et les deux premieres dames font en rend un tour entier a gauche: quand le tour est acheve, les deux cavaliers, sans s'arreter, levent les bras pour faire passer les deux dames en dessous, et executent un autre tour avec les deux dames suivantes. Les deux premieres dames tournent de meme avec les deux nouveaux cavaliers qui se presentent; chacun suit jusqu'a ce que Ies deux premiers cavaliers soient arrives aux dernieres dames. Quarid les deux premiers cavaliers ont fail passer loutes les dames, ils se placent en lique, et les deux cavaliers suivants se rangent de chaque cote, de maniere a former, lous les cavalirs ensemble, une scule et meme ligne opposee a celle que les dames ont du former de leur cote. Les deux lignes avancent l'une vers l'autre par quatre mesures, et reculent aussi par quatre mesures, puis se rejoignent, et chaque cavalier prend la dame qui se trouve devant lui. Polka ou mazurka generale pour finir. 59 Le double moulinet . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples. Chaque cavalier choisit une dame, et chaque dame un cavalier. On forme un rond general, et, apres un tour a gauche, chaque cavalier fait un tour sur place en faisant tourner sa dame autour de lui, jusqu'a ce qu'elle vienne former un monlinet de la main droite avec les trois autres dames. Les quatre dames etant au milieu du moulinet et se dirigeant vers la gauche, les cavaliers se dirigent vers la droite, et tournent jusqu'a ce que chacun ait retrouve sa dame pour lui donner la main gauche et prendre sa place au moulinet, landis que les dames accomplissent dans le sens oppose le rond que les cavaliers viennent de faire. Quand les cavaliers se sont trouves deux lois aux ailes et deux fois au milieu, ils prennent de la main droite la main gauche de leur dame, et la conduisent en promenade de polka ou de mazurka. 60 L'X des cavaliers . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples. Chaque cavalier, sans quitter sa dame, en choisit une autre qu'il doit avoir de la main gauche. Les deux cavaliers se placent vis-a-vis l'un de l'autre a une certaine distance. Ils avancent avec leurs dames pendant deux meshres, et reculent egalement pendant deux mesures. Ils avancent encore une lois en quirtant les mains des dames, qui restent a leurs places. Les deux cavaliers se donnent le bras droit croise a la saignee, et font ensemble un tour entier, puis donnent le bras gauche a leurs dames de la meme maniere, et font un tour avec elles. Ils refont ensemble un tour en se donnant le bras droit; ils recommencent du bras gauche avec la dame suivante par la droite, et ainsi de suite. Quand ils ont tourne avec les quatre dames, ils reprennent chacun deux dames, la leur et cellc qu'ils ont choisie, et font une promenade a volonte. Quand ils se trouvent a la place de la dame qu'ils ont choisie, ils la font passer sous leur bras droit, et continuent la promenade avec leur dame. 64 L'X du cavalier et de dame . (Polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier va choisir deux dames qu'il prend de chaque main, sa dame choisit de son cote deux cavaliers. Le cavalier conducteur et sa dame se placent en face l'un de l'autre, a une certaine distance, avec les dames et les cavaliers qu'ils ont choisis. Ils avancent et reculent pendant qnatre mesures; ensuite, le cavalier conducteur et sa dame avancent l'un vers l'autre en laissant les deux autres dames et les denx autres cavaliers anx places oh ils se trouvent. En avancant cette seconde fois seuls a seuls, le cavalier et sa dame se donnent le hras droit croise a la saignee. Ils font un tour entier, apres lequel le cavalier donne le bras gauche croise de meme a la dame qu'il tenait de la main droite; sa dame en fait autant avce le cavalier de sa droite. Le premier cavalier et sa dame reviennent au milieu faire ensemble un tour du bras gauche, puis vont faire un tour du bras gauche avec l'autre dame et l'autre cavalier. En finissant, ils doivent se retrouver dans la position qu'ils avaient en commencant. Tous les six avancent et reculent pendant quatre mesures. On avance une derniere fois, et chaque cavalier prend de la main droite la dame qui se trouve en face de lui pour la reconduire en promenade jusqu'a sa place. 62 La grande chaine anglaise . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples, qui vont se placer en face les uns des autres, et font une chaine anglaise tres-allongee. Les deux cavaliers, en avancant avec leurs dames, se donnent le bras gauche croise a la saignee, et font un demi-tour tres-rapide pour changer de dames, et faire avec la dame l'un de l'autre un tour sur place. On recommence la figure pour retrouver sa dame, que l'on reconduit en promenade. 63 Les graces . (Polka, mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier fait passer sa dame a gauche, en la changeant dc main. Il prend une autre dame de la main droite, et continue In promenade entre les deux dames. Quand il se trouve a la place de la dame qu'il a choisie, il fait pivoter les deux dames sur elles-memes, et les prend par la taille pour leur faire faire un tour sur place a gauche. Il remet la dame qu'il a choisie a son cavalier en la fidsant passer sous son bras et sous celui de sa dame, et continue la promenade jusqu'a sa place. Le cavalier, pour faire le tour sur place, doit avoir sa dame de la main gauche et l'autre dame de la main droite. Quand cette figure se fait en polka, au lieu du tour sur place, on fait le tour du salon a trois, on abandonne la dame ehoisie quarid on passe devant sa place, et on continue en promenade avec la sienne. 64 Les ronds contraries . (Polka, mazurka.) Depart des trois premiers couples. Les cavaliers placent leurs dames sur une ligne, et se prennent par les mains pour former une chaine. Le cavalier conducteur passe a gauche avec les deux autres devant les trois dames. Les cavaliers arrives a la derniere forment un roud autour d'elle, et tournent a gauche apres avoir fait un tour entier; le cavalier conducteur quitte la main du cavalier de gauche, et passe a la dame du milieu pour former autonr d'elle un rond a l'envers avec les autres cavaliers. Apres un tour dans ce sens, le cavalier conducteur quine encore nne lois la main de celui de gauche, et fait un tour dans le sens naturel autour de la troisieme dame, il entraine ensuite les deux cavaliers qui n'ont pas cesse de se tenir en chaine, et passe derant les dames comme au commencement de la figure; il continue la promenade en passant derriere les dames. Quand chaque cavalier se trouve devant la sienne, il lui offre la main, et l'emmene en promenade, suivi des deux autres couples. 65 Les genuflexions . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples. Les deux cavaliers mettent un genou en terre a une certaine distance l'un de l'autre. Dans cette position, ils font tourner leurs dames deux lois autour d'eux sans leur quiuer la main. Apres ces deux tours, les dcux dames traversent la main droite, et vont donner la main gauche a la droite de l'autre cavalier pour faire egalement deux tours. Elles traversent uric deuxieme fois de la main droite pour retrouver leurs cavaliers, qui se relevent et les reconduisent en promenade. 66 Les chaines a quatre . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples, qui vont se placer en face l'un de l'autre, deux couples d'un cote sur une seule ligne, et deux couples de l'autre. Dans cette position, chaque couple fait une demi-chaine anglaise avec son vis-a-vis, puis les cavaliers font avec leur dame un tour sur place, apres lequel chaque couple doit se tournet en vis-a-vis vers le couple qu'il avait primitivement a sa droite. On recommence une demi-chaine avec le tour sur place, et ainsi de suite. Quand tout le monde se retrouve a sa place primitive, chaque couple se disperse, et fait une promenade a volonte. 67 Les chaises croisees . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples, qui se placent comme dans la figure precedente. Chaque couple fait avec son vis-a-vis une chaine anglaise entiere, apres laquelle il se tourne en vis-a-vis vers celui qui se trouve a son cote d'apres la position 10 du depart. On fait dans le sens lateral une nouvelle chaine entiere, apres laquelle le couple conducteur fait une demi-chaine oblique avec le couple qui representait dans l'ordre primitif le vis-a-vis de celui qui se trouvait a sa droite. Des qu'il a traverse, les deux autres couples font egalement une demi-chaine oblique, les deux premiers executent nne seconde fois cette demi-chaine, puis les seconds; promenade generale pour retourner a ses places (1) . 68 La double pastourelle . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples, qui se placent comme pour la contredanse. Les deux cavaliers de vis-a-vis, en gardant leurs dames, prennent de la main gauche les deux autres dames, qui laissent leurs cavaliers a leur place. Dans cette position, les deux cavaliers, ayant une dame de chaque main, avancent et reculent pendant quatre mesures: ils font croiser leurs dames derant eux en faisant passer celle de gauche sous leurs bras droits. Les dames vont retrouver les deux cavaliers restes a leur place pour recommencer la figure, qui se fait quatre fois dc suite, et se termine par une promenade a volonte. 69 La chaine double . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples, qui vont se placer en vis-a-vis a une certaine distance, et avancent l'un vers l'autre sur le pas de mazurka ou de polka. Quand ils se sont rejoints, les cavaliers changent de dames et de place en s'eloignant; ils recommencent la figure pour se retrouver a leurs places. Ils avancent une troisieme fois pour faire une chalne double en traversant quatre fois. On termine par une promenade de polka on de mazurka. 70 Les chaines continues . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples. Chaque cavalier choisit nue dame, et chaque dame un cavalier. Tous les cavaliers se placent en ligne devant leurs dames placees en ligne egalement. Le premier cavalier de gauche donne in main droite a la main droite de sa dame, et fait avec elle un tour entier. Il donne ensuite la main gauche a la main gauche de la dame suivante, tandis que sa dame fait de meme avec le cavalier suivant. Le cavalier conducteur et sa dame se redonnent la main droite au milieu de la double ligne, et se quittent pour aller trouver la dame et le cavalier suivant, et ainsi de suite jusqu'au dernier couple. Ils font alors un tour entier, de maniere que la dame se trouve du cote des cavaliers, et le cavalier du cote des dames. Des que le cavalier conducteur et sa dame sont parvenus au quatrieme couple, le deuxieme cavalier doit aussitot partir, de facon qu'il se fasse un mouvement de chaine continu entre les cavaliers et les dames. Des le depart du premier couple, le deuxieme doit prendre sa place, et ainsi de suite. Quand tout le monde a fait la figure, chaque cavalier offre la main a sa dame pour partir en promenade. La chaine continue peut etre faite par autant de couples que l'on veut. 71 Les cavaliers changeants . (Polka, mazurka.) Depart des trois ou quatre premiers couples qui se rangent en phalange a la suite du couple conducteur. Le premier cavalier se retourne en donnant le bras gauche croise a la saignee au bras gauche du cavalier qui se trouve derriere lui, avec lequel il change de place et de dame. Il continue sans interruption jusqu'a la derniere dame. Quand il est arrive a la derniere, le deuxieme cavalier, qui se trouve alors a la tete de la phalange, execute la meme figure, et ainsi de suite jusqu'a ce que chacun ait retrouve sa place. On termine par une promenade generale. 72 Les dames dos a dos . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples, qui forment un rond general: les dames se placent dos a dos, et se tiennnent rapprochees les unes des autres: les cavaliers restent dans la position ordinaire. A un signal donne, et pendant quatre mesures, on agrandit le rond, les cavaliers en reculant, les dames en avancant; on le retrecit pendant quatre autres mesures. Le rond se developpe une derniere fois, puis on fait une chaine plate eu commencant par la main droite, jusqu'a ce qu'on ait retrouve sa dame. On termine par une, promenade. 73 Les ronds a quatre . (Polka, mazurka.) Depart des deux premiers couples. Chaque cavalier choisit une dame, et chaque dame un cavalier. Les cavaliers forment ensemble un rond a quatre a l'une des extremites du salon, et les dames un rond entre elles a l'autre extremite. Tout le monde fait un tour a gauche, apres lequel le cavalier, conducteur et celui qu'il a choisi passent sous les bras des deux autres cavaliers pour retrouver les deux dames qui passent de meme, et forment un rond avec elles. Ils font un tour entier a gauche, apres lequel les deux cavaliers levent les bras pour livrer passage aux deux dames, et font un autre tour avec les deux dames, tandis que les deux premieres executent le meme rond avec les deux autres cavaliers, ce qui forme deux ronds de quatre. Les cavaliers levent les bras pour laisser passer les dames; les deux premiers cavaliers, en avancant, se retournent, et forment une ligne a laquelle viennent bientot se joindre les deux autres. Les dames ont du former une ligue pareille de leur cote. Des que les quatre cavaliers et les quatre dames se retrouvent ensemble, ils forment le meme rond qu'au commencement, c'est-a-dire, cavaliers et cavaliers, dames et dames. Apres un tour, on se developpe sur deux lignes opposees qui avancent l'une vers l'autre, chaque cavalier retrouve sa dame, et on termine par une promenade. 74 La genuflexion a quatre . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples, qui se placent eusuite comme pour la contredanse francaise. A un signal donne, les quatre cavaliers mettent ensemble un genou a terre, et font tourner leurs dames autour d'eux, comme il est dit dans la Genuflexion (1) . Les dames ne font qu'un seul tour, apres lequel elles traversent de la main droite, et vont donner la main gauche a la main droite de l'autre cavalier pour faire egalement un tour. Elles traversent une derniere fois de la main droite, et vont retrouver leurs cavaliers, qui terminent par une promenade. Pour bien executer cette figure, l'une des plus gracieuses de la mazurka, des que les deux premieres dames ont acheve leur traversee, les deux autres de in contre-partie doivent partir aussitot et traverser, tandis que les deux premieres tournent autour des cavaliers. A l'aide de ces intervalles, les dames ne courent pas le risque de se rencontrer au milieu de leur course. 75 Le moulinet change . (Polka, mazurka.) Depart des quatre ou six premiers couples. Apres la promenade, tous les cavaliers, sans quitter la main de leurs dames, viennent se former en moulinet de la main gauche, et font un tour entier. A un signal donne, ils prennent la place de leurs dames en tournant en arriere et placant leurs dames en avant. Dans cette position, ils font un tour entier dans le sens contraire. A un autre signal, ils changent encore une fois, en tournant cette fois en avant et placant leurs dames en arriere. Apres un dernier tour, les couples se dispersent, et terminent par une promenade. 76 Le triangle changeant . (Polka, mazurka.) Depart des trois premiers couples. Les cavaliers, sans quitter leurs dames, se placent en moulinet en se donnant la main gauche, et tournent dans cette position. A un signal donne, le premier cavalier se retourne vivement en donnant le bras gauche croise a la saignee au cavalier place derriere lui, avec lequel il change de place et de dame. Il en fait autant avec le cavalier suivant. Quand il en est au troisieme cavalier, le second execute la meme figure, puis le troisieme. On termine par une promenade generale. 77 Les chaines en ligne . (Polka, mazurka.) Depart des quatre premiers couples. Chaque cavalier choisit un cavalier, et chaque dame une dame. Les cavaliers se placent ensemble deux par deux en face des dames, qui se placent de meme. A un signal donne, les deux premiers cavaliers commencent par la main droite une chaine plate avec les deux premieres dames, et ainsi de suite. Les deux derniers cavaliers se trouvent avoir pour dames les deux premieres, qui leur arrivent a travers la chaine. On termine par une promenade. 78 Le labyrinthe . (Valse, polka, mazurka.) Toutes les personnes du cotillon forment un rond general en tournant a gauche. A un signal donne, le cavalier conducteur quitte la main de sa dame, qui se trouve a sa gauche, en continuant de tourner a gauche, entre dans le rond en formant un colimacon, pendant que sa dame tourne a droite pour entourer les autres ronds qui vont toujours en diminuant. On doit menager un espace circulaire pour pouvoir se developper en valsant. Dans cette position, le couple conducteur part en valsant, et suit les allees du labyrinthe que forme la chaine generale roulee sur elle-meme, jusqu'a ce qu'il soit arrive au dernier couple, auquel la premiere dame donne la main pour reformer le rond. A mesure qu'un nouveau couple arrive, il se place a la suite du dernier venu. Quand tout le monde est arrive, on termine par une valse, polka ou mazurka generale. Quand cette figure se fait en polka, on fait le parcours avec la valse a deux pas, dont la position exige moins d'espace; quand la figure se fait en mazurka, on a recours a la valse mazurka. Le Labyrinthe est une des figures finales du cotillon. 79 La polka en chaines diverses . (Polka.) Depart des quatre premiers couples, qui se placent comme pour la contredanse francaise. Deux couples places en vis-a-vis suivent une ligne oblique vers la droite, et les deux autres vers la gauche. Dans cette position, chacun fait une chaine entiere avec son vis-a-vis, apres laquelle les dames font une demichaine des dames pour changer de cavaliers. Tout le monde fait un tour entier sur le pas de polka en conservant son ordre. Quand chaque cavalier se retrouve a sa place avec une autre dame, on recommence cette figure avec le couple de la droite. A la quatrieme fois, on se retrouve avec sa dame, et l'on fait une polka generale. 80 La corbeille . (Mazurka.) Depart du premier couple. Le cavalier choisit deux dames, au milieu desquelles il se place; sa dame choisit deux cavaliers, et se place aussi entre eux. On avance pendant quatre mesures, on recule pendant quatre autres, on avance une derniere fois. Le cavalier qui tient les deux dames leve les bras, et fait passer en dessous les deux cavaliers, qui passent sans quitter les mains de la dame du premier cavalier, et se donnent les mains derriere ce dernier. Les deux dames choisies par le premier cavalier se donnent les mains derriere la dame du cavalier conducteur, ce qui forme la corbeille. Dans cette position, on decrit un tour a gauche, et a un signal donne, sans que personne quitte les mains, le cavalier du milieu passe sous les bras des deux autres cavaliers, et la dame sous les bras des deux autres dames. Les six personnes se trouvent alors avoir les bras enlaces. A un autre signal, on delace les bras, et on forme un rond ordinaire; on decrit un tour, et le cavalier qui se trouve a la gauche de la premiere dame commence une chaine plate par la main droite, qui se continue jusqu'a ce que le premier cavalier ait retrouve sa dame. On termine par une promenade a volonte. 81 La Triple Passe . (Mazurka.) Depart des deux premiers couples, lesquels, apres leur promenade, forment un rond a quatre en decrivant un tour a gaucheA un signal donne, le cavalier conducteur et sa dame passent, en se quittant les mains, sous les bras des deux autres personnes, et se reprennent les mains des que ce tour est acheve. L'autre cavalier et sa dame passent a leur tour en arriere sous les bras du premier couple, celui-ci repasse une autre fois sous les bras des deux autres personnes, et, sans se quitter les mains, se developpe pour se retrouver en rond. On decrit un tour a gauche, et les deux couples retournent a leur place en promenade. 82 La Dame a gauche . (Mazurka.) Toutes les personnes du cotillon forment un rond general; on tourne a gauche pendant quatre mesures; chaque cavalier fait le tour sur place en avant pendant quatre autres mesures, en ayant soin, a la fin du tour, de laisser sa dame a gauche. On recommence le rond sur quatre mesures, ci chaque cavalier prend la dame qui se trouve a sa droite qu'il transporte a gauche a l'aide d'un nouveau tour sur place. On continue jusqu'a ce qu'on ait retrouve sa dame. La Dame a gauche est une des figures finales du cotillon-mazurka. 83 La reuion des couples . (Mazurka.) Le premier, couple fait une promenade, apres laquelle il rient prendre le second couple pour former un rond a quatre. Ou decrit un demi-tour a gauche, apres lequel le cavalier conducteur quitte la main de la dame du deuxieme couple, et retourne sur lui-meme a gauche eu entrainant les autres personnes pour aller retrouver le troisieme couple, avec lequel on fait un rond de six personnes. Apres le demi-tour a gauche, le cavalier conducteur quitte de nouveau la dame de gauche pour aller prendre successivement les autres couples. Quand il est arrive au dernier, on forme un rond general, on fait un tour a gauche pendant huit mesures, un tour a droite pendant huit autres mesures, puis le tour sur place pour terminer. La Reunion des couples s'execute principalement a la fin du cotillon-mazurka. Conclusion du cotillon Pour completer ce qui a rapport a l'execution des figures du cotillon, je dois rappeler que, dans certaines reunions, chaque couple passe, apres la derniere figure, devant la maitresse de la maison, et s'incline devant elle successivement, ce qui est considere comme la conclusion definitive du cotillon et meme du bal. Ce salut final, que des personnes du monde ont bien voulu m'indiquer comme etant en usage dans quelques maisons, ne saurait avoir rien d'obligatoire, et ne comporte surtout aucune espece d'apparat. L'opinion de ces memes personnes a ete que ce salut devait toujours etre considere comme un hommage spontane et presque fortuit, que l'a-propos devait principalement determiner. Bien que le nombre des figures dont j'ai donne la description puisse sembler considerable, j'aurais pu le grossir encore, car les ronds, les enchainements, et les evolutions de danse et de valse peuvent se diversifier a l'nifini. Mais j'ai tenu a indiquer seulement les figures fondamentales, laissant de cote celles qui n'offriraient que des modifications sans importance. Avec la connaissance exacte de ces figures, je ne pense pas qu'aucun valseur puisse jamais se trouver en defaut dans un cotillon. Tout ce qu'on pourrait inventer en dehors des combinaisons indiquees rentrerait plus ou moins dans une des figures meres, et ne saurait presenter aucune difficulte serieuse dans l'execution. J'ai cru devoir aussi me borner a l'indication pure et simple des figures, sans entrer dans aucune reflexion sur leur caractere ou leur plus ou moins de complication. J'ai du m'en rapporter sur ce point au discernement du cavalier conducteur. C'est a lui qu'il appartient de determiner quelles sont, parmi les figures, celles qui conviennent a telle reunion plutot qu'a telle autre, suivant la force des valseurs, le nombre des couples, les exigences du local. Il doit necessairement faire passer les figures simples avant les figures composees, mettre alternativement en mouvement un ou plusieurs couples, terminer par les figures qui occupent le plus de monde, et faire naitre les incidents les plus piquants. Ce choix, qui constitue en grande partie l'art du cavalier conducteur, ne peut guere etre soumis a des regles precises, puisqu'il tient a des circonstances particulieres qui varient presque a chaque bal. On a du remarquer aussi que parmi les figures, il en est plusieurs qui ont pour denoument une penitence, une mystification quelconque, et font appel au plus ou moins d'amourpropre que l'on apporte a l'execution des jeux de societe. Je n'ai pas a rappeler que telle ou telle figure convenait surtout aux cercles intimes, et ne devait etre admise qu'avec reserve dans les reunions composees d'etrangers. Je n'avais a m'occuper, dans cet ouvrage, absolument que des regles de la danse; quant a celles des bienseances et du savoir-vivre, mes lecteurs eussent ete surpris a bon droit d'en retrouver ici meme la plus simple indication. 11 XIX Dernieres observations sur les salles de bal, l'orchestre, etc. Je terminerai ce volume par quelques observations sur certains details relatifs aux reunions dansantes, et qui, se rapportant directement a l'exercice de la danse et de la valse, se trouvent etre sur ce point-la seulement de ma competence. On voudra bien ne voir dans ces dernieres remarques que la supplique adressee par le professeur de danse aux personues qui donnent des bals, et veulent assurement que les danseurs et les valseurs y paraissent avec tous leurs avantages. Je recommanderai avant toutes choses le choix de l'orchestre, que l'on ne saurait negliger sans detruire en grande partie l'effet des danses nouvelles. L'orchestre a beaucoup moins d'importance pour la contredanse francaise, qui s'accommode assez volontiers d'une mesure telle quelle, pourvu qu'elle ne contrarie pas absolument l'execution des pas. Mais il n'en est pas de meme de la mazurka, de la valse a deux temps, ni meme de la polka, dont le succes depend souvent des mouvements que l'orchestre imprime aux executants. Une valse jouee avec trop de lenteur ou de precipitation, une mazurka mal accentuee, perd tout son prestige, quels que soient le zele ou le talent des danseurs. Un de nos chefs d'orchestre les plus celebres (Tolbecque), a dit qu'un musicien devrait, pour faire danser, avoir toujours un metronome au bout de son archet. Cette regle est, on peut le dire, sacramentelle et invariable. Un orchestre de danse est fait, non pour briller pour son propre compte, mais pour faire briller les valseurs. Pour peu que le musicien se laisse emporter par le mouvement de ses propres valses, il detruit toute l'harmonie d'un bal, et devra toujours se voir preferer de beaucoup celui qui aura le merite de conserver un mouvement fixe et regulier. Un autre soin qui peut paraitre minutieux aux personnes qui ne se sont pas adonnees particulierement a l'execution de la valse, et qu'on ne saurait cependant negliger, est celui des parquets des salles de bal. La valse a deux temps demande un parquet un peu glissant qui seconde les mouvements des pas, et permette aux valseurs d'executer leur course sans le moindre obstacle. La mazurka, au contraire, ne saurait etre executee sur une surface trop glissante; si les danseurs se trouvaient plates sur un parquet recemment cire, ils courraient risque de perdre l'equilibre, et ne pourraient, dans tous les cas, deployer la precision et la vivacite que reclame le caractere de in danse. Le mieux est d'offrir aux danseurs un parquet qui, sans etre cire, soit du moins parfaitement uni, ce qui concilie a la fois les exigences de la valse et de la mazurka, et presente une sorte de terrain neutre ou chaque danse peut etre executee librement. Il m'est arrive souvent de voir certains de mes eleves passer deja pour d'habiles valseurs dans l'interieur de ma salle de cours, executer avec facilite la plupart des evolutions de la valse ou des autres danses, et, lorsqu'ils voulaient faire dans le monde l'essai de leurs talents, se sentir entierement deconcertes, perdre une partie de leur assurance, se retrouver enfin aussi ecoliers qu'a l'epoque de leurs premiers debuts. Cette deception tenait, non pas seulement aux difficultes que font naitre toutes les reunions du monde, a la foule, a la melee des couples, a la conduite de valseuses inconnues, mais aussi souvent a ces obstacles particuliers que j'ai cru devoir signaler ici, d'apres mon experience de professeur. Un parquet trop ou trop peu glissant, un orchestre trop lent ou trop rapide, suffisent pour paralyser en partie un valseur deja experimente, et genent meme les valseurs de premiere force: j'etais donc par cela seul autorise a faire de ces deux points l'objet d'une recommandation particuliere. Enfin, toujours dans ce meme but de progres general de la danse du monde que j'ai ici devant les yeux, je me permettrai d'exprimer un autre voeu en toute franchise, et meme en toute naivete: ce serait de voir elargir les salles de bal. Ces danses nouvelles dont j'ai cherche a indiquer le caractere, que deviennent-elles lorsqu'elles se trouvent resserrees dans l'etroit espace que l'on offre si souvent aux danseurs et aux valseurs? La contredanse francaise a peri surtout faute d'emplacement; les autres danses sont destinees au meme sort, tant qu'on ne s'arrangera pas pour leur accorder du moins la part de terrain necessaire. En formant ce voeu pour l'elargissement des salles de bal, je n'espere pas assurement que les salons de Paris prendront tout a coup des dimensions nouvelles; mais n'est-il pas un moyen simple de donner aux salles de bal plus d'etendue, en se decidant a n'y admettre que le nombre de danseurs qu'elles peuvent raisonnablement contenir. On m'a assure que dans plusieurs grandes villes etrangeres, a Vienne et a Milan entre autres, l'usage voulait que dans chaque bal on nommat un cavalier ordonnateur charge d'organiser et de regler tout ce qui a rapport a l'execution des danses: d'eviter, par exemple, que tous les couples s'obstinassent a s'entasser dans un meme salon, quand souvent les autres pieces d'un appartement restent desertes; de faire que l'espace reserve pour les valses ne fut pas envahi; d'empecher qu'un couple etranger ne vint se meler a une mazurka preparee d'avance et limitee necessairement a un certain nombre de danseurs, et beaucoup d'autres details qui ne peuvent etre confies qu'a une personne specialement chargee de la discipline des danses. Ne serait-il pas a desirer qu'un pareil usage put s'introduire en France? ce serait le seul moyen peut-etre de couper court enfin a cette mode si facheuse des cohues dansantes. Un bal ne serait plus, pour ainsi dire, livre a lui-meme; il se trouverait regularise par une personne qui aurait une responsabilite particuliere, et saurait etablir dans les danses un ordre indispensable au plaisir de chacun. Ces diverses observations m'ont ete transmises par plusieurs de mes eleves, qui ont compris les premiers la necessite de ces reformes a introduire dans la plupart des bals. Je ne fais ici que parler en leur nom, et presenter de leur part une sorte de reclamation collective. Puissent donc quelques personnes du monde prendre sous leur protection les observations que j'ai cru devoir hasarder. Leur application profiterait a tous, non-seulement aux danseurs et aux valseurs eux-memes, mais aussi au professeur de danse, qui ne craindra plus de voir son ouvrage detruit en partie, du jour ou ses eleves ne se trouveront plus places dans le monde sur un terrain plus desavantageux que sur l'humble parquet de sa salle de cours. CONCLUSION . J'ai termine ce que j'avais a dire sur la danse des salons, et je puis du moins me rendre a moi-meme cette justice, d'avoir rassemble ici toutes les observations que j'ai fidelement recueillies jour par jour depuis le temps que j'ai commence a enseigner la danse. Quelque conscience que j'aie apportee a la redaction de cet ouvrage, je ne doute pas que, tel qu'il est, il ne contienne des omissions ou meme des erreurs que j'aurais voulu pouvoir rectifier. Je serai tres-reconnaissant des avis qu'on voudra bien me transmettre a ce sujet, et je ne manquerai pas d'en faire mon profit, soit dans une edition nouvelle, soit meme dans le cours ordinaire de mes lecons. Quant a la forme du livre, on se souvient de ce que j'ai dit dans l'avant-propos; et a present qu'on a bien voulu le lire jusqu'au bout, on a pu se convaincre du degre de pretention que je pouvais y attacher. Si j'ai ete compris du public, comme je le suis chaque jour de mes eleves, je dois me tenir plus que satisfait. Enfin, si le livre de la Danse des salons avait jamais besoin de justification, je devrais me borner a repeter a la derniere page ce que j'ai deja inscrit a la premiere: - En l'ecrivant, je croyais donner encore une lecon de danse. TABLE DES MATIERES . Pages. Avant-propos 1 I Renaissance de la danse du monde 6 Il Les danses du monde et du theatre 11 III Des exercices preliminaires. - Du salut 17 IV Le quadrille francais 25 V La polka 28 VI Le pas de la polka 31 VIl La valse a trois temps 35 VIII La valse a deux temps 41 IX Conseils aux valseurs a deux temps 47 X Suite des conseils aux valseurs a deux temps 53 XI La valse a cinq temps 61 XII La mazurka 65 XIII Observations sur la mazurka 73 XIV Le quadrille mazurka 81 XV La valse mazurka, dite la Cellarius 91 XVI La redowa 95 XVII Le cotillon 101 XVIII Les figures du cotillon. 103 104 105 Ib . 106 107 Ib . 108 Ib . 109 110 Ib . 113 Ib . 114 Ib . 115 Ib . 116 Ib . 117 Ib . 118 Ib . 119 120 Ib . 121 Ib . 122 123 Ib . 124 Ib . 125 173 36. Les quatre coins. (Valse, polka, mazurka.) 126 37. Le berceau. (Valse, polka, mazurka.) Ib . 38. La poursuite. (Valse, polka, mazurka.) 127 39. Le rond final. (Valse, polka, mazurka.) 128 40. Les ronds influis. (Valse, polka, mazurka.) Ib . 41. Le moulinet. (Valse, polka.) 129 42. Le moulinet changeant. (Valse, polka.) 130 43. Les quatre chaises. (Valse, polka.) Ib . 44. La contredanse. (Valse, polka.) 131 45. Le mouchoir. (Valse, polka.) Ib . 46. Les echarpes volantes. (Valse, polka.) 132 47. L'eventail. (Valse, polka.) Ib . 48. Le colin-maillard. (Valse, polka.) 133 49. Les cavaliers ensemble. (Valse, polka.) Ib . 50. Les zigzags. (Valse, polka.) 134 51. Les ondalations. (Valse, polka.) Ib . 52. Les deux lignes. (Valse, polka.) 135 53. L'allee tournante. (Valse, polka.) 136 54. Le chapeau fuyant. (Valse, polka.) Ib . 55. Le huit. (Valse.) 137 56. Les bras enlaces. (Polka, mazurka.) Ib . 57. Le moulinet des dames. (Polka, mazurka.) 138 58. Les petits ronds. (Polka, mazurka.) 139 59. Le double moulinet. (Polka, mazurka.) 140 60. L'X des cavaliers. (Polka, mazurka.) Ib . 61. L'X du cavalier et de la dame. (Polka, mazurka.). 141 62. La grande chaine anglaise. (Polka, mazurka.) 142 63. Les graces. (Polka, mazurka.) 143 64. Les ronds contrairies. (Polka, mazurka.) Ib . 65. Les genuflexions. (Polka, mazurka.) 144 66. Les chaines a quatre. (Polka, mazurka.) 145 67. Les chaises croisees. (Polka, mazurka.) Ib . 68. La double pastourelle. (Polka, mazurka) 146 69. La chaine double. (Polka, mazurka.) 147 70. Les chaines continues. (Polka, mazurka.) Ib . 71. Les cavaliers changeants. (Polka, mazurka.) 148 72. Les dames dos a dos (Polka, mazurka.) 449 73. Les ronds a quatre. (Polka, mazurka.) Ib . 74. La genuflexion a quatre. (Polka, mazurka.) 150 75. Le moulinet change. (Polka, mazurka.) 151 76. Le triangle changeant. (Polka, mazurka.) 152 77. Les chaines en ligne. (Polka, mazurka.) 153 78. Le labyrinthe. (Valse, polka, mazurka.) Ib . 79. La polka en chaines diverses. (Polka.) 154 80. La corbeille. (Mazurka.) 155 81. La triple passe. (Mazurka.) 156 82. La dame a gauche. (Mazurka.) Ib . 83. La reunion des couples. (Mazurka.) 157 Conclusion du cotillon 159 XIX Dernieres observations sur les salles de bal, l'orchestre, etc. 163 Conclusion 169 Fin Paris .-Imprimerie SCHNEIDER et LANGRAND, rue d'Erfarth, 1.