M Published on demand by UNIVERSITY MICROFILMS INTERNATIONAL I i.^| AnnArbor.Michigan.US.A. ■ London.England I 'M nONAL I nd I î»i5WSN.rt»«<>*'i>*^*'**^* Date Due Kcm MAK3Uiyy; ^ JUN '^ 2009 S CISÙ - 4 , y jimtiiiÉit" ■■ • - '^''^••''•^■■'^■^'•^"'''^"^''''■"'itiiiiriiiiii iiii ^ ^1? P p » fe. I - p M- (6 p. □ It n n D ^ • 5. O H O t 5. * 1 3 i I 5- s. > I ^ ? no» ; ^ != ? ! H- <♦ 10 »• O I» H- M- o H- ►« O ►- « B I 1 I ■ÉJÉÉÉiirtiÉiÉiiiÉiÉlitiiiÉiî - i ' «WiiiiiliiM'Wiri-iiiiiniiiliiiilifnÉli-iiril'iiMtnri^ iiaÉÊÊÊÈIÊÊÊ Collection of Mr. P.J.S. RICHARDSON, O.B.E. 12 Henrietta Street, Covent Garden, W.C.2. Title: DICTIONNAIRE DE D.VNSE. 1787. ^t^ -J'-':^ >:;•- ••- ■ J n \ ^\ ) ^'^■- ., / r, À/ ! ç; ' - /. DICTIONNAIRE DE DANSE. vo •^•**^ DICTIONNAIRE DE DANSE,' Co NTE lî AST Vkljlolre , Us règles & Us principes de cet An , avec des Réflexions critiques, & des Anecdotes curieufes concer" nant la Danfe ancienne & moderne ; Le tout tire à.21 meilleurs Auteurs qui ont ccrit fur ce: Art. OUVRAGEDÉDIÉA Ma Jemolfalle G**. Cythcrea Ciioros ducit Venus. Hor. L. I. Ois 4. ^^- ----- i i if i rn^'W i fftTr i rr ii 1 n i ' i n iri"' ! ! -^nv- i -nr —^ ni n A PARIS, Chez CAILLEAU, Imprimeur -Libraire, rue Gal'anis,N>3 64. Etclicz LES Marchands de Nouveautés. — ■'■^- — -*» 7^. 1585" C7 ' 11 gl DICTIONNAIRE DE DANSE,' Cou T E U AST PklJIoire , les règles & les piincipes de cet An ^ avec des Réflexions critiques t & des Anecdotes curleufes concer- nant la Danfe ancienne & moderne ; Le tout tiré des meilleurs Auteurs qui ont écrit fur ce: Art. OUVRAGE DÉDIÉAMaJemoifelIôG •* Cytherea Clu>ros ducit Venus. Hor. L. I. Ois 4. A PARTS, Cîiez CAILLEAU, Imprimeur -Libraire, rue GalIanJs, N^ 64. Etcîicz LES Marchands de Nouveautés. 1787- r^-: 'V A MADEMOISELLE ^ .^L, ^ 4/. ^ 4^ 'TV^ W 'TV» ^ 'Tv* 'TT Ct MADEMOISELLE, C'est un DicHonnaîn de Danfe que je prends la liberté de vous prcfenter ; il renferme VHiJloire de cet Art , & les Règles que les plus habiles Maîtres en ce genre nous en ont donne'. Ce que je cherche le plus à y établir , ce font ces préceptes que , dès votre plus tendre enfance , vous ave"^ mis en pratique avec tant de charmes & de précifion. Elève des Grâces , les Tableaux de vos Danfes , comme on l'a dit des Tableaux de FAlbane , infpirent la joie , & font naître les VJ plaîjirs; tnaîs lorfqu* alliant Us Ris haillns avec les Vertus aimables ,, vous ejfuye^ les pUuTS de Vind'igence abandonnée , & que , dans leurs fomhres réduits, tant d'infortunés vous nomment leur mère , alors vous êtes fi touchante ! , , . . Jîfublime ! que la Naiion , d'une voix unanime , vous place au rang des Femmes célèbres qui , par leur bienfaisance ^ ont honoré Vhumanité, Je fuis , avec un profond refpe£l , •\- . , • Màpemoiselle, ^v:'S -.-.-. \-^.-:'^ yptre.très-humble&très- - ' pbéiirantferviteur , VIJ p jjgjj j i|| " " ^ ' " |'| »ii i ii.'-it*g-*' ri,'! l'f i!.'ii...'riu'.,rrB,.' r. si P RÉF A CE.:, J-/ A Danfe , que les Philofophes ont détinîe l^Art des geftes , eft fans- contredit le plus ancien des Beaux- Arts. Dès qu'il y a eu des hommes > il y a eu des Danfes. Cet exercice fut de tous les terns & de tous les lieux j les Chinois , les Égyptiens , les Pcrfcs , les Indiens, &c^ tous les peuples de la terre en ont fait Tobjct de leur culte & de leurs plainrs. "Mais les hommes n'ont pas regardé la Danfe comme un exercicefèulemenc inventé pour le plaifir ; ils ont cherché à en tirer de l'utilité, & on peut dire a 4 VllJ V qu'elle mérite tous leurs foins , quand ils ne devroient en faire ufage que dans les premiers tems de leur jeunefTe. C'eft la Danfe qui donne de la grâce aux avantages que nous avons reçus de la nature, en réglant tous lesmouve- mens du corps , & en raffermilTanc dans fes juftes pofitions. Si en naifTanc nous apportons quelques défauts , c'eft elle qui les cache, ou du moins les adoucit , & quelquefois les efface totalement ; la Danfe enfin caraélérife feule une belle éducation. Ce n'efl: donc pas la manie de faire un Di6lionnaire qui m'a fait entreprendre celui-ci j mais comme jufqu'à préfent il ne s'eft trouvé per- fonne qui ait donné le vocabulaire & '"^' 7X les principes de cet Art, j*ai ofs Ten- treprendre , d'après l'habileté, l'ex- périence & les leçons des grands Maî- tres qui en ont traité. On confidère dans la Danfe trois part:es;celle qui tient à la méchanique, & qu'on appelle Chorégraphie ^ enfuite la Poétigue, ou ce recueil de réflexions, de vues, de moyens, de principes & de préceptes qu'on indique pour la perfedion d'un Art, ôc enfin la partie Hijîorîqiie, , dans laquelle un Arrifte jouit de fa propre expérience & de celle de tous les tems. La plupart des Danfeurs & des Compofiteurs de Ballets, dédaignent la Chorégraphie. Je conviens qu'elle X n'eft pour eux d'auc-un fecôurs réel,* mais dans un Ouvrage entièrement confacréàla Danfe, doit-on négliger- de parler des élémens d'un Art, inu-, tiles à l'homme de gcnie, mais fi né- cefTaires à ceux qui veulent s'inftruire & qui en cherchent les moyens ? D'a- près ces réflexions, j'ai placé, dans cet Ouvrage , 4^article Cliorc^rapk'u j ce Traire étant le plus court & le plus clair àz tous ceux qui ont paru , ne fera point inutile aux jeunes gens qui, fé fervant de cette méthode, pourront comprendre &exécut€rplus facilement ce que le Maître leur aura enfeigné. On fera peut-être étonné que j'aie puifé dans les Ouvrages de Bcauchamp, • Fccourt , & autres grands Maîtres du :"*'"^>v Hècle de Louis XIV ; les mouvemens de Danfe que je donne ici en leçons ; j'avoue que, du tems de Lully , la Danfe , comme la Mufique , étoic froide, monotone, fans caradcre, en comparaifon dccclle de nos joursj que nos pofitions font plus variées , nos attitudes plus fermes , nos pas plus multipliés, nos mouvemens plus rapi- des •, que nous avons du brillant, à^^ difficultés, des cabrioles, & que, par toutes ces découvertes dans FArt , la la Danfe fimpîe eft peut-être à fon plus haut degré de perfedion ; mais dans la partie élémentaire d'un Art, je n'ai pas cru devoir m'écarter de la tablature la plus fimple & la plus commune , perfuadé d'ailleurs que la Danfe, foie celle qu^on appelle la Danfe noble , Coït XIJ celle qu'on appelle haladln.ige , eft toujours compofée de pas mefurés, de geftes, d attitudes en cadences, qui s'exécutent au fon des inftrumens ou de la voix. Le traité fur la Danfe. par Cahufac, & les Lettres de M. Noverre , m'ont fourni les préceptes que je donne dans ce Diélionnaire. Ces deux excellens Ouvrages forment une Poétique par- faite de la Danfe, dans laquelle ces ha- biles Maîtres démontrent que , pour exceller dans cet Art , la théorie feule ne fuffit pas ; qu'il faut encore la con- noiiTance des règles & des moyens qui fervent à le développer. L'homme commun fépare la théorie du talent, & rampe avec la multitudes l'homme ~'"^-, ^s!^ XllJ de génie les réunit, & s'élève Jufqu'au fubîime* La partie hiftorîqueefl: celle qui joint à rindruftion le plus d'agrément. On a la clef des Arts dès qu'on en connoîc lesfources primitives. C^eft par les faits hiftoriques de la Danfe , que nous II voyons naître , croître & s'embellir , qu'on apperçoic les différentes révolu- tions qui ont dû l'arrêter dans fa courfs, ou qui , dans des circonftances plus heureufes , ont facilité fon progrès; c'eft par l'Hidoire que nous apprenons que l'amour de la Danfe fut une paf- fionfi violente chez les Grecs, que les plus g dit Charmides , & j'en fus fi étonné , 35 que je craignis pour vous un accès de iy foliej mais quand j'eus entendu ce que » vous venez de dire fur la Danfe, je 3> n'eus rien de plus prefTé, étant de 33 retour chez raoi,que d'eiïay er de vous 33 imiter 33. Après les Grecs & les Romains , ilell certain que les François ont plus culti- vé, plus aimé la Danfe qu'aucun autre peuple. On peut même dire à leur gloi- re, qu'ils ont le véritable goût de la belle Danfe. Les Étrangers , bien loin d'en difconvenir, viennent fe former à nos fpeflacles, admirer nos Ballets, & attirer chez eux nos célèbres Dan- feurs, parles plus grandes récompen- fes. E(l-il une Ccuren Europe qui n'ait un Maître à danfer de notre Nation ? Pour jctter les fondemens de cet Ou- vrage , je n'ai fait que lire , extraire , tra- duire, mettant à contribution les Au- teurs Grecs , Latins , François , Ita- liens , &c. Ces recherches auront du moins l'avantage d'épargner beaucoup de travail à ceux qui font en état d'y XV) \ mettre Tordre nécefTaire ôc la per- fedion. Si les Artiftes viennent à lire cet [ Ouvrjjge/ je les prie de le faire avec im- S pariialitéj&deconfidérerqueneprofef- • fant pas , je n'ai pu avoir d'autre intérêt 1 que celui de l'Art & du public. i DICTIONNAIRE '"'^^'''iv./'' r- DICTIONNAIRE DE DANSE. zjmrrvfriims:.s>i.jjanmmrrmujji.jjt)iLSAaMMK A. Académie de danse, eitc fut établie par Louis XIV en 1661 , en vertu de Lettres-Pa- tentes vérifiées &. enregiftrées au Parlement de JParls en 1662. Elle eft compofée de treize Académiciens, qui tous, en particulier , ont des talents d'une fupé- riorité reconnue ; ils font, ou ils ont été d'excel- îents Danfeurs. Ces Académiciens tiennent leurs afleniLIées chez îe plus ancien des Maîtres des Ballets de l'A- cadémie Royale de Muiîque. Tous les Académi- ciens , ainfî que leurs enfants , ont droit de mon^^ trer l'art de la Danfe fans Lettres de maitrife ; ils ; , jouiflént du droit àccommimmus, & autres droits A ^ ^,. f^ -C-R. _........ ._...^ ^ ^ont jonîflentïfts Qfficicrç commcnçanx dcîa Mai- ' | (on du Roi; ' | 1 . • : ? ACROBATES. Efpke de Danfenrs de j | corde chez les Grecs , qui vololent de haut en bas f> fur une corde appuyée fur l'efroiTiac , les bras & [• les jambes tendus. /^^DaNSEUR DE CORDE. | ACROCHIRISME. Efpèce de Danfc J JQyeu(e,&: de lutte avec les mains feulement: f ceux qui s'exerçoient ainfi s'appeîloicnt Acrcch'i- | r'ijles , &. ne faifoient que fe toucher du bout des r- doigts. _ I ACTION. L'A£lion , en matière de Danfe , \ eft l'art de faire palTer par l'exprefllon vraie de nos \^ mouvemens , de nos geftes & de la phyfionomic, nos fentiments & nos padfions dans lame de* Speftateurs. h'Aclton n'eft autre chofe que la Tamomimc ; tout doit peindre , tout doit parler , chez le Danfeur ; chaque gefte , chaque attitude , chaque port de bras doit avoir une expreffion dif- ' 'férente; la vraie Pa/î/om/'/ne en tout genre fuit la nature dans toutes fes nuances ; s'en écarte-t-elîe un inftant, elle fatigue , elle révolte. . \ Ainfi ce n'eft pas aflez qu'un Danfeur fâche \ bien exécuter les mouvemens ordinaires des bras , 'tous les pas difficiles, brillants, & toutes Us \ A C T 3 pofitions élégantes de îa Danfe ; il faut encore ds , la variété & de l'expreffion dans les bras. Ils pei- gnent le fentiment , il faut encore qu'ils peignent ia jaloufie , la fureur , le dépit, l'inconftance, la douleur, îa vengeance , l'ironie , toutes les paf- I fions qui font dans l'hompie , & que, d'accord • avec les yeux , la phyfionomie & les pas, ils me \ faflent entendre le cri de la nature. On veut encore que les pas foient placés avec autant d'efprit que I d'art , & qu'ils répondent à l'aftion , & à l'ame du Danfeur, On exige que dans une expreiïloa vive on ne formé point de pas lents ; que dans une fccne grave , on n'en faffe point de légers. On voudroit enfin que l'on cefTàt d'en faire dans îes inftans dedéfcfpoir & d'accablement. C'eftau vifage feul à peindre ; c'eft aux yeux à parler; les bras mêmes doivent être immobiles ; & le Dan- feur , dans ces fortes de Scènes , ne fera jamais S. excellent que lorfqu'il ne danfera pas. . ACTION ÉPISODIQUE. Elle forme par elle-même une A6lion complette , mais le /ujet principal auquel elle eft liée , & dont elle clevicnt une partie "par l'art du Poè'te , pourroit abfolument fubiifter fans elle , Se on nomme Epi' fodiq(j€s toutes les Aillions de cette efpèce. .■ Il n'y a point d'Opéra de Quinaut qui ne puiflâ fournir à la Danfe un grajid nombre de ces A 2 3^ 4 'A C f Aftlons , toutes nobles , théâtrales, fufceptibîes It îa plus aimable exprefTion , & toutes capables de | Tccbaufierrexiicution générale , dont l'expérience | a démontré la foiblelle primitive. 1; La Motbe n'a connu que la Danfe (impie ; il l'a |; variée dans Tes Opéra , en lui donnant quelques [; caraftcres nationnaux ; mais elle y eft amenée | fans aucune Aftion néceflairc. Ce ne font par- tout que des Divertiflements dans lefquels on ne clanfe que pour danfer ; Tes habits font différents , | l'intention eft toujours la même. l Cependant îa célèbre Mademoifclle Salle , qui . \ raifonnoit tout ce qu'elle avoit à faire , avoit eu î ï'adrellc; de placer une Adlion Épifodique fort in- | génieufe , dans la paflacaille de l'Europe galante. \ ... . . . ^ Cette Danfeufe paroiflbit au milieu de Çqs riva- ^ îes , avec les grâces & les défirs d'une jeune Oda-» . lifque qui a des defleins fur le cœur de ion Maître* Sa Danfe étoitforméede toutes les jolies attitudes ^ qui, peuvent. peindre une pareille paffion. Elle l'animoit par dégrés. On lifoil dans fes exprcffions nue fuite de fentiments : on la.voyoit flottante tour-à-tour entre la crainte & l'efpérance ; mais .au moment où le Sultan donne le mouchoir à la Sultane favorite, fon vifagè , fes regards, tout fon maintien, prenoient rapidement une forme «ouvvUc j elle s'anachoit du Théâtre avec cette .21^ A C T x- cfpècc de déferpoîr des âmes vives & tendres , qui ne s'exprime que par un excès d'accablement. lleft Indirpcnfable que la Danfe foit toujours intimement liée à l'aftion principale , qu'elle n'y. fafli qu'un feul tout avec elle , qu'elle s'y enchaîne avec l'cxpoiiiion, le nœud &; le dénouement. Si , jufqu'au dernier DivertiOement, qui feul peut n'être qu'une fête générale , il y a une en- trée de Danfe qu'on puirte en ôter fans nuire à l'économie totale , elle pèche dès-lors contre les premières loix du derK."in. Si quelqu'un des Divertinements n'eft pas for- mé de tableaux d'Aclion , relatifs à l'aflion prin-? cipaîe , & vraiment nécefTaires à fa marche , il H'tffr plus qu'un agrément; dcpLicé contraire au?t principes fondamentaux de l'art du Théâtre. Si quelque Danfeur entre ou fort fans néceffité, fî les chœurs de Danfe occupent la Scène , ou la quittent fans que l'Açlion qu'on repréfente l'exige, tous leurs mouvements, quelques bien ordonné? qu'ils foient d'ailleurs , ne font que des contrefens que la raifon réprouve, & qui décèlent le mau- vais goût Ainfi, dans un Opéra , quelque brillante en foi que puide être une Danfe inutile , elle doit toujours être regardée comme ces froids récits de Tragédies , ou l'A^leur femble difparoître poiy: nelaiHcr voir que l'Auteur. As ^jr. t A C T I ACTION THÉÂTRALE. Toutes les | Aftîons dont le Théâtre Lyrique eft en pofleflion, f| . comme les Aftlons Tragiques , Comiques , PaftO' | raies , Magie , Féerie , &c. peuvent être convcna- f blés à la Danfè. Piiade & Batyle ont rendu au- | trefois fur le Théâtre de Rome , la Tragédie & la |- Comédie: tous les genres trouvés depuis ne font I eue des bra^-ches de ces deux tiges principales. ^; Toute repréfentation théâtrale doit avoir trois f: parties edenticllcs. |- Par un dialogue vif, ou par quelque événement f adroitement amené , on fait connoître au Spedla- i teur le fujet qu'on va retracer à fes yeux , le ca- '/ ra6lère , la qualité, les moturs des Perfonnnges ^ qu'on va faire agir ; c'eft ce qu'on a n>ommé I'jÊx- |. -pojk'ion, : Des circonftances , des obftacles qui naiflent du fond du fujet , l'embrouillent , & fufpendcnt ; îa marche fans l'arrêter ; il fe forme une forte ï d'embarras dans le jeu des Perfonnages , qui intrigue la curiofité du Spectateur, à qui la ma- j riière dont on pourra le débrouiller eft inconnue ; ; c'eft ce qu'on appelle le Nœud. | De cet embarras on voit fuccefTivement fortir I des clartés qu'on n'attendoit point ; elles dévelop- pent i'Aftion , & la conduifent par des degrés in- fenfibles à une conclufion ingcnieufej c'eft ce qu'on nomme le Dénouement, - A C T r Si quelqu'une (3e ces trois parties cft défeflueif fc, l'Action eft imparfaite; fi elles font toutes les trois dans les proportions convenables , l'Aftion Théâ- trale eft coniplette , & le charme de la repréfen- tation infaillible. La Danfe Théâtrale, dès-lors qu'elle eft une repréfemaîion , doit donc écre formée de ces trois parties, qui feules la conftituent; ainfielle fera plus ou moins parfaite , félon que fon expofitioii fera plus ou moins précife , fon nœud plus ou moins ingénieux, fon dénouement plus ou moins amené. Cette divifion n'eft pas la feule qu'il faut con- noître& pratiquer. Un Ouvrage Dramatique eft compofé de cinq Aftes , de trois , ou d'un feul , & Un Acte eft compofé de Scènes en dialogue ou en monologue. Or chaque Afte , chaque Scène , doit avoir fon expofition , fon nœud & fon dénoue- ment , tout comme i'A£tion entière dent ils font îes parties. II en eft ainfi de toute repréfentation en Danfe. Les trois parties dont on parle , font le commen- cement , le milieu & la fin , qui conftituent tout ce qui eft Aftion. Sans leur réunion il n'en eft point de parfaite; le vice ou le défaut de l'une fa répand fur les autres ; la chaîne eft rompue , Se Je tableau , quelque beauté qu'il ait d'ailleurs , eft •fans aucun mérite théâtral. A4 'v^-: 8'^ A L L . Outre les loix du Théâtre qui deviennent Com- munes à la Danfe , lorfqu'eile y eft portée , elle eft aiïujettie encore à des règles particulières qui dérivent des principes primitifs de l'Art. La Danfe doit peindre par les geftes. II n'eft donc rien de ce qui feroi^ rejette par un Peintre de bon goût , qu'elle puiHe admettre ; & , par la |: raifon des contraires , tout ce qui fcroit choifi par ( le nicme Peintre doit être faifi, diftrlbué, placé dans un Ballet en A£lion. Voici fur ce point une règle auffi sûre que ï iîmple : Il faut que la Nature foit en tout le guide f de l'Art , & que l'Art cherche en tout à imiter la • Natui e. i s \ ALLEMANDE. Danfe fort commune en Suiffc & en Allemagne , & très-ancienne en France , puifque nous la tenons des Allemands , de qui nous defcendons. L'air de cette Danfe a beaucoup de gaieté , & fe bat à deux temps. Tboi- net Arbeau en parle ainlî dans fon Orcbcfogra- phie , & nous en donne la tablature telle qu'elle étoit de fon tems , c'eft-à-dire , il y a deux cents ans. « Vous la pourrez danfer en compagnie, car » ayant une Demoifelle en main, plufieurs au- » très fe pourront planter derrière vous , chacun » tenant la Tienne , &. danferez tous eufcmble , en 'SI Tï R C 9 w marcTiant en avant, & quand on vfut en rétro- . » gradantj par mefure binaire, trois pas & une. » grève, ou pied en l'air, & quand vous aurez » marché jufqu'au bout de la faile, pourrez dan- » fer en tournant , fans lâcher votre Demoifclle, » les autres Danfeurs qui vous fuivront en feront » de même , quand ils fet-ont audit bout de la » falle ; & quand les Joueurs d'inftrumens cefle- » ront cette première partie , chacun s'arràera 5c » devifera avec fe Demoifelle , 2c puis rccom- >» mencerez comme auparavant , pour la fecor.de >» partie; & quand viendra à la troifième partie, » vous la danferez par la même mefure binaire , » plus Icgcre & concitée , & par les mêmes pas, » en y ajoL'tant des petits faults , comme à U » courante ». / A R C H I M I M E. Ce mot qui vient du Grec eft la même chofe que Archi-Bouffon , maître Bouffon; les Archimimesétoicntchezîes Romains des gens qui contrefaifoient les manières , les gei^ tes , la parole des pcrfonnes mortes & vivantes ; ils ne furent d'abord employés que fur le Théntrej on les admit enfuite dans les fcftins , & enfin dans les funérailles, où ils marchoient après le cercueil, contrefaifant celui que l'oil conduifoit au bûcher. Suétone rapporte qu'aux ob>èques de Vefpaficn , y ^rchimlme Y Si\ on y qui le contrefaifoit, ayant ^t?^**J ^;7 it» A R N clemaïKÎé à ceux qui avoient foin Je îa cérémonie, combien elle coûteroit , & ceux-ci lui ayant ré- pondu , cent mille fexterccs ; donnez-moi , dit-il , cent lexterccs , & jetiez-moi dans le Tibre; il vouloit marquer l'avarice du Prince mort. Cafau- bon croit que ce fut un Archimijne que celui qui , fous Tibère, voyant pafler un mort, le chargea d'aller dire à Augufte qu'on ne donrtoit point en- core les legs qu'il avoit faits au peuple, Tibère l'ayant fait venir , lui fit payer les legs d'Augufte, & l'envoya au fupplice , en lui ordonnant d'aller dire à Augufte qu'on payoit fcs legs. L'Archimime qui étoit choifi pour précéder le cercueil , prenoit les habits du défunt , & fe cou- vroit!c vifagc d'unmafque qui retraçoit tous fes traits. Sur les fymphonics lugubres qu'on exécu- toit pendant la marche, il peignoit , par fa Danfe, ies avions les plus marquées du perfonnage qu'il repréfentoit. C'étoit une Oraifon funèbre muette , qui retra- çoit aux yeux du public toute la vie du citoyen qui n'étoit plus : il ne faifoit grâce ni en faveur des grandes places du mort, ni par la crainte du pouvoir de fes fucceiïeurs. ARNAOUTE. Danfe militaire fort/ en ufage chez les Grecs modernes. On fait qu'ancien» i\emcntils en avoient pluficurs de cette efpcce. .•V-^WN,, A s T rr &• qu'ils aïïoient même a la guerre en enfant, comme les Lufitaniens dont parle Diocîore de Sicile. L'Arnaoutc eft mende par un Romme & une Danfeufe. Celui qui mène tient un fouet & un bâton à la main ; il s'agite , il anime les autres , il court rapidement de î'un à l'autre bout , frappant du pied & faifant claquer Ton fouet , tanûis que les autres , les mains entrelafllîes le.fuivcnt d'un pas égal &. plus modère'. AS CO LIES. MotGrecquîfignifîeun outre ou peau de bouc ; c'eft le nom d'une fête que I:;s Habitans de l'Attique ccicbroicnt en l'honneurdo Bacchus. Ils lui facriiloient un bouc , de la peau duquel ils faifoicnt unbalon, qu'ils envoient cC qu'ils froloient de matière onitucufe; îes jeunes gens en Jouoient , en fc tenant delVus d'un pied, & l'autre en i'air, & , par leur cluue, divertiflbicnt les Spe£tateurs; c'eft de là que cette fétspritfon nom. ASTRONOMIQUE (Dnnfe). Les Egy- ptiens en furent îes inventeurs. Par des mouve- mens variés , des pas allbrtis, & des figures bien deHinées , ils rcpréfentoient fur des airs de carac- tères , l'ordre , le cours des aftres , & Tbarmonic bulufirades dorées , de quatre piçds de hauteur, » La partie du milieu faifoit le centre du Bal. On >> y avoît placé une eftrade de deux marches , cou- » verte dds plus beaux tapis des Gobelins , fur la- » quelle on rangea dans le fond des fauteuils de » velours cramoifi , garnis de grandes crépines M d'or ; c'eft 1^ que furent placés le Roi , le Roi » S: la Reine d'Angleterre, Madame la Duchede »» «le Bourgogne , les Princes &. les Princefles d^ » San premier rang , de fauteuils bien riches pour les » Ambafl'adeurs , les Princes & les Princefles » étrangères , les Ducs, lesDucheHes, & Îe3 » Grands Officiers de la Couronne. D'autres rangs »» de chaifcs derrière ces fauteuils , e'toient rem- » plis par des perfonnes de confldération de la » Cour oC de la Ville. » A droite &. à gaucLe du centre du Bal étoient. >» des amphithéâtres occupés par la foule d^ »> fpeftateurs ; mais , pour éviter la confulîon , on. w n'entroit que par un moulinet , l'un après. » l'autre. » Il y avoit encore un petitamphithéatre fépar£ » où étoient placés les vingt-quaire Violons du » Roi, avec fîx Hautbois 5c fix Flûtes douces. » Toute la Galerie étoit ilîuininée par de grands » luftres de criftal , & quantité de girandoles gar- w nies de grofles bougies. Le Roi avoit iait prier » par billet tout ce qu'il y a de perfonnes les plus » diftinguées de l'un & de l'autre fexe, de la Cour »> & de la Ville , avec ordre de ne paroîtreau Bal » qu'en habits des plus propres & des plus riches; >i de forte que les moindres habits d'hommes :» coûtoient jufqu'à trois à quatre cents piftoks. » Les uns étoient de velours brodé d'or & d'ar- ..» gent, & doublés d'un brocard qui coûtolt juC- » qu'à cinquante écus l'aulne. D'autres étoient »> vêtus de draps d'or ou d'argent. Les Dames i6 BAL » n'(f tolent pas moins parées ; l'écîat de leurs pîcr* » rcries faifoit aux lumières un effet admirable. [ »> Comme j'citois appuyé, continue l'Auteur,' h M fur une baluftrade vis-à-vis l'eftrade où étoit le i ») Roi, je comptois que cette magnifique aflemblée ' ï » pouvoir être compofée de fept à huit cents per- ' I. » Ibnnes , dont les différent'js parures tbrmoient (. » un fpeftacle digne d'admiration. \ » Monfieur & Madame de Bourjroîïne ouvrirent f DO f » le Bal par une Courante , cnfuite Madame de j' » Bourgogne prit le Roi d'Angleterre ; lui , la | » Reine d'Angleterre; elle , le Roi, qui prit | » Madame de Bourgogne; elle, pritMonfeigneur; I » il prit Madame, qui prit M. le Duc de Berri. i V Ainfi fucceffîvement tous les Princes & les |. » Princeflcs du Sanjr dansèrent chacun fclon fon ^ » rancx. f- >> M. le Duc de Chartres , aujourd'hui Régent, |^ « y danfa un Menuet & une Sarabande de fi bonne f » grâce avec Madame la Princeffe de Conti , ^■ » qu'ils s'attirèrent l'admiration de toute la Cour. ■ « Comme les Princes & Princcfics dU Sang " \ »> étoient en grand nombre , cette première ce- \ » rémonie fut alVez longue pour que ie Bal fît une » paufe , pendant laquelle des Suides , précédés | i* des premiers Officiers de la Bouche , apportè- « rentfix tables ambulatoires , fuperbement fcr- » vies en ambigu , avec des bujîets chargés de « touics BAL ij i> toutes fortes de rafraidîHTcnicnts , qui furent » placés dans le milieu du Bal , où chacun eût la » liberté d'aller manger iSc boire à difcrétion pen- » dant une demi-heure. » Outre ces tables ambulantes , il y avoit une »> grande chambre à côté de la galerie , qui étoit » garnie fur des gradins d'une infinité de baflUns »> remplis de tout ce qui peut s'imaginer, pour » compofer une fuperbe collation , drefTée d'une » propreté enchantée. Monfieur , & plufieurs ' » Dames 6c Seigneurs de la Cour , vinrent voir » ces appareils , & s'y rafraîchir pendant la paufe » du Bal. Je les fuivisauffi. lis prirent feulement » quelques grenades , citrons , oranges , & quel- » qucs confitures sèches : mais fi-tôt qu'ils furent i> fortis , tout fut abandonné à la difcrétion da » public , & tout cet appareil fut pillé en moins » d'un quart d'heure , pour ne pas dire dans un » moment. » Il y avoit dans une autre chambre deux grands » buffets garnis , l'un de tontes fortes de vins , 6c » l'autre de toutes fortes de rafraîchifiements & » de liqueurs. Les buffets étoient féparés par des » baluftrades,& en dedansune infinité d'Officiers » du Gobelet avoient le foin de donnera qui en »vouIoit, tout ce qu'on leur demandoit pourra- » fraîchilTements , pendant tout le tems du Bal , u » qui dura toute la nuit. Le Roi en fortit à onze - B i8 BAL » heures avec îe Roi d'Angleterre , Ta Rcîne & !c3 »> Princes du Sang , pour aller fouper. Pendant » tout le tems qu'il y fut , on ne danfa que des >»Danfes graves &féneufes, où la bonne grâce >> & là nobleile de la Danfe parurent dans tom >> iéur luftrc ». BAL MASQUÉ, \jcs Grecs n'ont point en ce genre; il femble entièrement appartenir fiux Romains. On s'amufoit dans la célébration des Fêtes Saturnales fous mille déguifenients différents. On garda les Bals férieux pour les occafions de grande repréfentation & on donna des Bals mafqués dans les circonftances où l'on voViloit rire. La Danfe (impie eft le fond du Bal ftiafqué fiuffi bien que des Bals de parade. On l'y emploie fans Aftion, mais on lui a donné Jprefque toujours un Caractère. Les aventures que le Mafque fervoit ou faifoil naître , les caractères divers de Danfes qu'il donnoit occafion d'imaginer , l'amufement des préparatifs , le cbarme de l'exécution , le» équivoques badhres auxquelles Yincogniio don- Tioit lien , firent le fuccès de cet amufement. H e été extrêmement à la mode pendant près de ^eux cents ans. On a donné fur-tout des B"^ B A t' 19 mafqués înagnifîques dorant le règne Je Louis XIV ; mais les Bals publics firent tomber tou4 îcs autres pendant la Régence. BAL PUBLIC. Par une Ordonnance du 31 Décembre 1715, les Bals publics furent permis trois fois la femaine dans la falle do l'Opéra. Un Moine inventa une machine avec laquelle on élevolt le Parterre & l'Orchefttro au niveau du Théâtre. La Salle fut ornée da luftres, d'un Cabinet de glaces dans le fond, de deux Orchefrres aux deux bouts, & d'un buflet de rafraîchiflements dans le milieu ; la rouveauté de ce fpe£lacle ,Ia commodité de jouic de tous les plaifirs du Bal fans foins, fans pré-* paratifs , fans dépenfe , donnèrent à ces établifls- jnents le plus grand fuccès. Que de redburccs ne trouveroit-on pas encore .aujourd'hui dans un établifleraent de cette efpècc, & pour le progrès de îa Danfe, & pour i'arau-»- fement du Public ? Avec un peu de foin , une imagination médiocre, & quelque goût, onren- droit ce fpeftacîe le fonds le plus sûr de l'Opéra , une école délicieufe de Danfe , & un objet d'amiration pour les étrangers. On peut mettre au nombre des Bals publics , ceux que la ville de Paris donne dans des occa- fions éclatantes, pour lignaler fon zèle & fou B % P-p BAL ftmour pour nos Rois, ou pour célébrer lej pvénemens glorieux à la Nation. Lorfque les Suirtss furent fur le point de venir en France pendant le règne de Henri IV, ^ur renouveller leur alliance , le Prcvot des >Iarchands & les Echevins , qui font dans .J'ufage de les recevoir à l'Hôtel - de - Ville , & .de les y régaler , trouvèrent fous leur main i'ancienne rubrique , 6c en conféquence ils .délibérèrent un feltin & un Bal. Mais ils étoieni fans fonds & ils demandèrent à Henri IV , pour .fournir à cette dépenfe ,1a permiffion de mettre un. impôt fur les robinets des fontaines : cher- .cJic:^ quelque autre moyen, leur répondit ce _^bon Prince , qui ne foit point à charge à mon jpeuplc , pour bien régizler mes Alliés; aller , /l'ît;//zewrj,continua-t-il, il n'appartient qu à Dieu Àe changer l'eau en vin. [ . Comme LE grand BAL DU ROI eft celui .qui occupe le premier rang ^ & qu'on doit s'y conformer pour les Bals particuliers , tant pour l'ordre qui s'y garde , qUe pour le rcfpeft & la ^politeQ'e qui s'y obfervcnt , il ne fera pas inutile d'en donner ici une dcfcription. ^ Perfonne n'eft admis dans le cercle, que les Trlnces & PrinceHès du Sang , les Ducs & Pairs, i^ ies Ducbcnes , enfuite les autres Seigneurs & ^>A. BAL . il Dames cie la Cour , chacun félon le rang qu'ils doivent occuper. . '' ' ' Les Dames font alTifcs fur le devant., & \ti MedTieurs font aiïis derrière les Dames. ' Chacun étant placé dans cet ordre, 'lorfq'uei Sa Majefté défire que le Bal comnierice, ïllè fq lève , & tome la Cour en fait de même. ' '' *" Le Roi fe place à l'endroit de rappartcmént où l'on doit commencer la Danfe , ( qui eft du' côte de rOrcheftre ). Sa Majefté figure d'abord avec la Reine , ou à fon défaut , avec la première PrinceHe du Sang. Ils fe placent les 'premiers', & chacun à la file S: félon fon rang , vient fe pli- ' cer derrière Leure Majeftés. .'•:"•:. :.c „ --^ - Tous les Seigneurs font d'un côté, à la giiùcKe , & les Dames à la droite , & , dans ce même' ordre ^ on fe fait la révérence l'un devant l'autre ;eiTft^it s le Roi & la Reine mènent le Branle, qureftli' Danfe par ou commençoient les Bals de la Cour de Louis XIV ; tous les Seigneurs & les Dames fuivent Leurs Majeftés, chacun de fon côté, & a ia fin du couplet le Roi & la Reine fe mettent à la queue ; celui & celle qui étoient derrière Leurs Majeftés, mènent le Branle à leur tour, & vont fe placer derrière le Roi & la Reine , & ainft de^ autres, de deux en deux, jufqu'à ce que Leurs Majeftés foient revenues au premier rang. ' Le Roi & la Reine danfent enfuite la Ga\'Ottc ', .^"'■'^'j. * iz BAL aans le même ordre du Branle , & les Branles jînis, on fc fait, eu fe quittant, des révérences pareilles à celles que l'on a fait avant de com- jjiencer la Danfc. Sa Majefté danfe le premier Menuet ; après cela jî va fe placer , & pour lors toutîe monde s'aflied. Tant que le Roi danfe , tout le monde cft debout, Lorfquc Sa Majefté eft placée, îe Prince qui ^it danfer loi fait une profonde révérence , vient à l'endroit où eft la Reine , ou la première Prin- çefle du Sang ; ils font la révérence d'ufage , 6c danfent le Menuet; après le Menuet ils font les niêines révérences qu'ils ont faites en commençant. Ce Seigneur fait une profonde révérence à cette Pfinceflè, fans la reconduire. Chez le Roi on no reconduit point. Ce même Seigneur fait enfuitc deux ou trois pas en avant , pour adrefler une révérence à la rriiKcfle ou à la Dame qui doit danfer à Ton tour. Il l'attend , & ils font tous les deux une très-pro" fonde révérence à Sa Majefté , puis ils defcendent un peu plus bas , & font enfemble les révérence» que l'on fait ordinairement. Après le Menuet , ce même Seigneur fait une révérence en arrière, en quittant fa Dame , & va fe mettre h fa place. La Dame obferve le même cérémonial, pour convier un autre Prince , ce qui fe pratique fuc- celTivemcnt jufqu'à la fin du Bal. BAL 23 Si Sa Majefté Jemamîe une autre Danfc, c'ç(t un des Gentils hommes de la Chambre qui le dit. On obrer\x toujours les mêmes révérencqs ti le même ccrcmoniaL RÈGLES DU Bal, H eft à propos de ïnontrer à la jeunefle îa manière de fc bien con- duire dans les endroits où l'ufage du monde l'ap- pelle , fur-tout dans une aflemblée de Baîs , qui donnent une certaine liberté par la facilité que l'on a de s'y introduire , & ou il fe gliiïe nombre de perfonnes dont {a plupart prennent des licences qui en dérangent le bon ordre. Dans les Bals réglés , il y a un Roi &c une Reine. Ce font eux qui commencent à danfer, & îorfque leur premier Menuet eft fini , la Reine convie un autre Cavalier de venir danfer avec elle, & après qu'ils ont danfé , il va reconduire la Reine , & lui demande poliment qui elle fouHaiie qu'il prenne » &. après lui a^-oir fait une révérence , il va en faire une autre à la perfonne avec qui il doit danfer , & la convier d? venir danfer. Si la perfonne que vous conviez parloit à quel- qu'un , & ne venoit pas auiTi-iôt , il faut fe tranf- porter à l'endroit de la falle où l'on commence de danfer, l'attendre , & être attentif, lorfqu'elle vient, de la laif]er pafTcr devant vous; ce font des attentions que l'honriéteté veut que l'on B4 24 "BAL obfcrvc. Lorfque vous avez fini votre Menuet ou autre Danfe , vous faites de pareilles révérences ^ en finifTant; le Cavalier en fait une autre en ar- ; rlère , & fe retire pour faire place à ceux qui j danfent. i Si l'on vient vous reprendre, lorfque c'eft h ; vous de prier , il faut aller convier la perfonne ' qui vous a prié en premier lieu , autrement ce feroit un manque de favoir vivre. Cette rcglc eft auffi pour les Dames. Lorfque l'on vient vous prier pour danfer , il faut vous tranfporter à l'endroit où l'on commence, & faire les révérences qui font d'ufage. Si vous ne favezpas danfer, il faut faire vos excufes furie peu d'ufage que vous faites delà Danfe , ou fur îe peu de tems qu'il y a que vous apprenez ; vos révérences finies , vous reconduifez votre Dame à fa place , & vous allez faire une révérence à une autre , pour la convoyer de venir faire la révé- rence avec vous, afin de ne point changer l'ordre' du Bal ; mais fi l'on vous preflbit de danfer , quel- que inftance que l'on vous fît , ayant refufé une fols , il ne laut pas danfer pendant tout le Bal , parce que ce feroit ofîenfer la perfonne qui vous a prié d'abord ; ce qui fe doit obfcrver de la part des deux fexes. Ceux qui ont la conduite du Bal doivent être attentifs que chacun danfe à fon tour, afin d'éviter '■«(««K.. . £•, BAL 2«5 la confufion & le mécontentement. Lorfqu'ii arrive des Mafques , il faut les faire danfer les premiers , pour qu'ils puident prendre de fuite ceux de leur compagnie; & on doit leur faire honneur préférablement , car fouvent ce déguife- ment cache des perfonnes du premier rang. Quant aux aflemblêes qui fe font dans les fa- milles, & qui ne font compofées que de parents & d'amis, on doit y obferver le même cérémonial que dans les Bals réglés , qui eft de favoir inviter îme perfonne pour danfer , en lui faifant une ré- vérence à propos , & être attentif à rendre îe réciproque , lorfque l'on vous a pris pour danfer. BALANCÉ: fe dit en termes de Danfe, d'un pas où l'on fe jette fur la pointe du pied , tantôt d'un côté , tantôt d'un autre ; ce pas fe fait en place comme le pirouetté, c'eft -à-dire, (ans avancer ni reculer , mais reftant en la ;Tiême place. Il fe fait ordinairement en préfencc , quoiqu'il fe puifle faire auffi en tournant, mais comme ce n'eft que le corps qui fc tourne , 6c que cela ne change aucun mouvement, il fuffîc de décrire la manière de le faire en prélence; il eft compofé de deux Demi-coupés, dont l'un fe fait en avant & l'autre en arrière. En commen- çant vous pliez à la première pofition & vous îe portez à la quatrième, en vous élevant fur la 2($ BAL i pointe, puis vous pofez le talon à terre, &Tt jambe qui cft en l'air s'étant approchée de celle | qui eft devant, & fur laquelle vous vous êtes l élevé, étant en l'air, vous pliez fur celle qui a r fait ce premier pas , & l'autre étant pliée , fe porte ( en arrière à la quatrième pofition , & vous s; vous élevez defl us j ce qui finit ce pas; mais K en faifant ce pas au premier Demi-coupé , l'é- s paule s'efface , & la tête fait un petit mouve- \j, vement. Le. Balancé eft un pas fort gracieux ^ I & fe place dans toutes fortes d'airs, quoique r les deux pas dont il eft compofé foient relevés l également l'un & l'autre. Il eft fort ufué dans c^ Jcs Menuets figures & Menuets ordinaires , de | même qu'aux Paflepieds. Il fe fait à la place | d'un pas de Menuet, & occupe la mcme va- r leur; c'eft pourquoi il doit être plus lent , puif- que ces deux pas fe font dans l'étendue de quatre ■ pas que contient le pas de Menuet. BALATIONS. De Ruhls , dans (bn Hif- '} toire de Lyon, Liv. I. , page 108 & 109, dit que 1- les anciens Gaulois alloient quérir le Chêne , & le portoient dans leurs Villes , fuivis des Prêtres t & du Peuple , démenants joie avec leurs Balations, | qui étoient des chanfons & des Ballades qu'ils '; alloient chantants , avec mouvements de corps \ répondants à la cadencfi de la voix, & que ces ' '^'*^H»-. •■■'•*'>v; J AL 17 cbanfons & ces Danfçs $'appeIIoi«nt Balaùons^ à Balatu ovium , duquel elles approcHoicnt fort, h que de là nous avons retenu le mot BalUr. BALLADE. On cntcntî par Ballade , en Angleterre , des Chanfons , ou efpèces d'Odes à plufieurs couplets ou ftropîies , que l'on chant© ordinairement, & qui fervent d'air de Danfe^ comme les Vaudevilles; il y a de ces Ballade» très-anciennes , qui font fameufes , & qui méri- tent de l'être par la fimplicité , la naïveté & 1q pittorefquc des penfées. Telle eft la Ballade des deux En/ans dans le bois. Probablement ce mot vient de Ballec, BALLET. A£lion tliéatrale qui fc répré- fente par la Danfe , guidée par la Mufiquc. Ce mot vient du vieux François Ballar , Danfer, fc réjouir. On divife les Ballets , en Ballets biftoriques , fabuleux , & poétiques. Les premiers furent la repréfcntation des fujets connus dans l'Hiftoire , comme les ba- tailles d'Alexandre , la conjuration de Cinna , &c. Les fujets de la Fable , tels que le jugement de Paris , les noces de Pelée , ia naiflance de Vénus, furent la matière des fécondes. Les Poétiques , qui dévoient nécenairement 28 BAL paroître plus ingénieux , tenoient pour la plu» part du fond des deux autres. On exprima par r les vers des chofes purement naturelles, comme '' la nuit , les faifons , les âges ; il y en eut qui l renfermoient un fens moral , fous une allégorie délicate. Quelques autres ne furent que les l cxpreffions naïves de certains évènemens com- ï muns , ou de cliofes ordinaires qu'on crut l fuf;;epiib!es de plaifanterie ou de gaieté. La divifion ordinaire de toutes ces compo- rtions étoit en cinq A£les; chaque A6le étoit compofé de trois, fix-, neuf , & quelquefois de ! douze entrées. Voye\ ce mot. [, Le Ballet qÇi un amufcmerit très -ancien. [ Son origine fe . perd dans l'antiquité la plus i reculée. On danfa dans les commencemens pour exprimer la joye , & ces mouvemens réglés du corps firent imaginer bientôt après \xr\ divcrtifiement plus compliqué. Les Egyptiens firent les premiers de leurs Danfes des Hiéro- gi:phes dation fur une Mufique de caraflère. Us compofoient des Danfes fublimes qui expri- nioient le mouvement réglé des aftres & l'har- monie de l'univers. Les Grecs, dans leurs Tragédies, introduifîrent , des Danfes & fuivirent les notions des Egyptiens. < Deux de leurs célèbres DanTeurs furent les -..'"i BAL 29 inventeurs véritaLIes des Ballets , & les unirent ' à la Tragédie & à la Comédie. Batlle d'Alexandrie inventa ceux- qui repré- fentoient les actions gaies , &. Pilade introduifit ceux qui repréfcntoient les allions graves , touchantes &. patliétiques. Leurs Danfes étolent un tableau fidèle de , tous les mouvements du corps , & une inven- tion ingénieufe qui fervoit à les régler. Les anciens avoient une grande quantité de Ballets dont les fujets font rapportés dans Athénée, mais on ne trouve point qu'ils s'en foient fervis autrement que comme de fimples inter- mèdes. Le Ballet pafla des Grecs chez les Romains, & il y fervit aux mêmes ufages. Les Italiens & tous les peuples de l'Europe en embellirent fuccefilvement leurs théâtres , & on l'employa enfin pour célébrer dans les Cours les plus galantes 2c les plus magnifiques , les mariages des Rois , les naidances des Princes , & tous les événements heureux. Il forma feul alors un très - grand fpectacle , &. d'une dépenfe im- menfe que , dans les deux derniers fiècles , oh a porté au plus haut point de perfeftion^ 6t de grandeur. Ce fpe£lacle àvoit des règles particulières 30 BAL & des parties enentielles comme îc Poème Epique & Dramatique. La première règle tCt l'unité <îe dcfïin: en faveur de la difficuîté infinie qu'il y avoit à s'aiTujettir à une contrainte pareille dans un ouvrage de ce genre , il fut toujours difpcnfii de l'unité de temps & de l'unité de lieu. L'invention , ou la forme du Ballet , eft la pre- mière de fes parties eflcntiellcs ; les figures font la féconde ; les mouvements , la troificme; lamufique , qui comprend les chants , les ritour- nelles & les fymphonies eft la quatrième; la décoration & les machines font la cinquième : la Poéfie eft la dernière ; elle n'étoit chargée que de donner par quelques récits les premières notions de l'aflion qu'on repréfentoit. Ballet eft encore le nom qu'on donne en France à une bizarre forte d'Opéra , où la Danfe n'eft guères mieux placée que dans les autres ^ & n'y fait pas un meilleur efïet. Dans la plupart de ces Ballets , les Aftes forment autant de fujets diffé- .ients,liés feulement entr'eux par quelques rap- j)orts généraux , étrangers à l'action , & que le Speftatcur n'appercevroit jamais, fi i'A6leur a'avoit foin de l'en avçrtir dans le Prologue. Les anciens qu'un goût exercé guidoit tou- jours dans leurs fpe^acles , avoient eu une attention fmgulière à employer des fymphonies, BAL 31 & Jes inftrnnicnts différents ^ k mcfure qu'ils introduifoient dans leurs Danfes , des caraftères nouveaux j ils s'appliquèrent à bien peindre les mœurs , les âges , les paffions qu'ils mettoient en jeu. Sans cette précaution , cette partie auroit été toujours défeftueufe ; à îeur exem* pie , dans les Ballets exécutés dans les Cours de l'Europe , on enrichit l'Orcheftre de tous les divers inftruments , îeur variété , îeur har- monie , leur fon particulier paroiHbit ainfi chan- ger la Scène , & donner à chacun des Danfeurs la phyfionomie du Perfonnage qu'il devoit rc^- préfenter. La Mufique d'un Ballet doit avoir encore pîue de cadence que la Mufique vocale , parce qu'elle tft chargée de fignifier plus de chofes , que c'eft à elle feule d'inlpirer au Danfeur la chaleur Se l'exprefTion que le Chanteur peut tirer dis paro- les, & qu'il faut de plus qu'elle fupplée dans le langage de l'ame &. des paffions , tout ce que la. Danfe ne peut dire aux yeux des Spedateurs. En général , toute Danfe qui ne peint rien qu'elie-méme , 5c tout Ballet qui n'eft qu'un Bal , doivent être bannis du Théâtre Lyrique. En efret ra£lion de la Scène eft toujours la repréfentation d'une autre aflion , & ce qu'on y voit n'eft que l'image de ce qu'on y fuppofe. De forte que ce ne «bit jamais être un tel ou un tel Danfeur qui fc 32 BAT prcfcntcà vous , mais le Pcrfonnagc (îont il cft revêtu. Ainfi , quoique la Dnnfe de focicté puifle 1 ne rien repréfenter qu'elle-même , la Danfc théa- ; , traie doit nécedairement être l'imitation de quel- i ^ qu'autre choie ; de même que l'Afteur chantant i repréfcnte un homme qui parle , & la décoration l d'autres lieux que ceux qu'elle occupe. |; BALLISTEA. Mot Grec d'origine, que les | Latins ont adopté pour exprimer une efpèce de ; Danfe que nous rendons en François par Ballet. ï Vopifcus s'en fert dans la Vie d'Aurélien ; de-là s'eft formé le mot Ballare , pour fignifier dan fer. % BATTEMENTS. Les Battements font des f mouvements en l'air que l'on fait d'une jambe, pendant que le corps eft pofé fur l'autre , & qui rendent la Danfe irès-brillamc , fur-tout lorfqu'ils font faits avec liberté. 11 faut favoir d'abord que c'eft la hanche & le genou qui forme & difpofc ce mouvement , la hanche conduit la cuiflc pour s'écarter ou s'ap- procher, & le genou , par fa flexion , forme le Battement en fe croifïnt , foit devant , foit derrière l'autre jambe , qui porte. ■ Je fuppole que vous êtes fur le pied gauche , la - jambe droite en l'air, & bien étendue , il faut la [ .croifer devant la gauche , en approchant la cuiiTc , & bat: 33- 8t en pliant îe genou , & î'e'tendre en Fouvrant à côté^ ciu même tcms fbn genou fe plie en la^ croifant derrière , puis l'étendre à côté , & conti- nuer tant d'une jambe que de l'autre; ce qui les délie & les met dans l'habitude de faire ces Bat- tements avec facilité , en obfervant à chacun de ces Battements d'étendre le genou après l'avoir plié. Les Battements font néceflaires dans la Danfe , en ce qu'on les mêle avec d'autres Pas , ce qui les difîérencie , & rend la Danfe fort enjouée. On les prend quelquefois en fautant, comme dans l'Allemande, au troifième couplet. Ce Pas commence par une efpccc de Contre-tems, en fautant fur une jambe , &c de fuite la jambe qui eft en l'air fait deux Battements , l'un devant & l'autre derrière , & fe porte à la quatrième polition der- rière ; il faut pofer le corps defl'us pour en faire autant de l'autre jambe. En faifant ce Pas, il faut effacer le corps du même côté que vous faites les Battements, c'eft-à-dire , que fic'eft de la jambe droite que vous faites les Battements, ce doit être l'épaule droite que vous retirez en arrière. On fait encore d'autres Battements , qui fe font différemment des autres; ce n'eft que des hanches que tous ces Battements fe forment , comme dans ies Entrechats , Cabrioles , &c. . .- C 34 B O U BATTEMENTS SIMPLES. On faît un Coupé en avant du pied gauche , & la jambe droite qui eft derrière vient^fairc un Battement en frap- pant la jambe gauche , & fc reporte du même tcms en arrière , à la quatrième pofiiion. Ce Boi- tement Ce fait les jambes étendues, parce qu'aux Dcmj-coupés que l'on fait en avant , on doit ctre élevé fur la pointe , & les j:ïmbcs tendues; c'eft dans ce même tems que vous faites ce 5a/re/72em; alors la jambe droite fe portant en arrière , le ta- lôn gauche fe pofc à terre , & donne la liberté au pied droit de fe porter à la quatrième poiition, tomme on le voit à l'article des Coupés. BOCANE. Sorte de Danfegrave& figurée Elle fut appellée Bocane , parce qu'elle avoit é[é inventée par 5ocan , &elle futlong-tems danfée, parce que Bocan étoit Maître de Danfe de la Reine Anne d'Autriche. Ce fut en \ 6^6 qu'on commença à danfer la Bocane, BOUFFONS. Delà Danfe JesSaîicns& flela Danfe Pyrrique , on enacompofé une qu'on appelle Danfe des Boufi'ons , ou Mattachins << Ces >» Danfeurs,dit Thoinet Arbeau, font vêtus de >» petits corcelets avec fi mbrit*s es épaules, & fouis » la ceinture une pente de tafi^etas fous icelies, »> le morion de papier doré, les bras nuds , les :\ BOtr 3v jjr fonncttôs aux jambes , l'cpée an poing droit , >y Iclx)uclicraupoirg gauche, lefquels danfenC » fouis un air à ce propre , & par mefure binaire , » arec battements de leurs épées ou boucliers. ' » . Pour Comprendre cette Danfe , faut préfuppo- ;> fer qu'on y fait plufieurs fortes de gcftcs. L'un » des geftcs fe nomme la Feinu, quand le Dan- » feur faute fur fes pieds joints , tenant fon épe'e » fans en toucher aucunement. L'autre gefte cft » appelL- EJlocade , quand le Danfeur recule fon »> bras 5c avance la pointe de fon épée pour frapper » d'icellc fon compagnon. L'autre gefte eft ap* » pelle Taille haute , quand le Danfeur frappo v> fon compagnon en defcendant & fauchant de la » main droite , de laquelle il tient fon épée , à la >» main feneftre. L'autre eft appelle Revers haut ^ >» quand au contraire le Danfeur frappe fon com» » pagnon en fauchant & defcendant de fa main fe- >» neftreà fa main droite. L'autre gefte eft appelle » Taille bajjc , truand le Danfeur frappe fon com, wpagnon en montant de la main droite à la feneftre. » L'auiTC^sCtc çCt nommé Revers bas , quand le M Danfeur frappe fon compagnon en montant >♦ de la main feneftre à la droite ». BOURREE. Danfe de même nom , que l'on croit venir d'Auvergne. Elle eft compofée d'urt Balancement £i d'un Coupé. La Bourrée eft à deux C a 3^ B R A tems gais , & commence par une noire avant îe frappé. Elle doit avoir , comme la plupart des au- - très Danfes » deux parties & quatre mefures , ou ]. im multiple de quatre à chacune.Dans ce caraftère J d^ir, on lie afTcz fréquemment la féconde moitié du premier tems & la première du fécond , par une \ blanche fyncopéc. ( BOUTADE. Ancienne forte de petit Ballet qu'on exécutoit ou qu'on paroiflbit exécuter ; in-promptu. Lés Muficiens donnent auflï ce nom ; aux idées qu'ils exécutent fur leurs inftrumens, | & qu'ils appellent aufll caprices. | F BRANDONS (Danfedes). II eft encore d'ufage dans plufieurs pays que le premier Di- manche de Carême , qu'on appelloit autrefois Dimanche des Brandons , quelques Payfans mal •• inftruiisvontlanuiide ce jour-là avec des torches de paille ou de bois de fapin allumés, parcourir les arbres de leurs jardins &. de leurs vergers , 6c les apoftrophant les uns après les autres , ils les menacent, s'ils ne portent pas du fruit cette an- née , de les couper par le pied , & de les brûler. C'eft un ref.e de fuperftition que les Anciens pra- tiquoient au mois de Février , qui en fut nommé tcbruar'iui , à fcbruando , parce que , comme dit un Auteur , les Payens , pendant douze jours ^'*ft.. -^N^. B R A 37 (Je ce mois , qui étoit le dernier de leur année fo- îaire, couroient les nuits eii uanlani avec des flam- beaux allumés pour fe purifier , ^ pour procurer le repos aux Mânes de leurs parents & de leurs amis. Cet ufage s'cftconlerxé avant le commen- cement du Prmtcms, peut-être pour purger les arbres des chenilles dont la fcmence commence à ecîore dès les premières chaleurs. En plufieurs endroits il n'y a que les enfants qui portent des Brandons , mais le loir leulement , dans ks rues , &. fans aucune marque de fuperftition. Brandon veut dire flambeau de paille qui fert à éclairer la nuit. Ce mot eft ancien dans la Lan- gue , & vient de l'Allemand Brandi, qui fîgnifls Tifon incendié j félon Ménage. •.••,:. :' : -. BRANLE. Eft une Danfe . par . où com- mencent tous Ijs Bals , où plufieurs perfonnes danfent en rond en fe tenant par la main & fe donnant un Branle continuel & concerté avec des pas convenables , félon la différence des airs qu'on joue alors. . . Les Bianles: confiftent en trois pas & un pied-joint qui fe font en quatre riiefures , ou coups d'archet , qu'on difoit autrefois , batte- jncnt de tambourin. Quand ils font répétés deux fois , ce font des Branles doubles; au co.nmencc- ment on danfc des Branles Jiwples^ & puis le ^ 3 35 B R A Branle gai , par deux nicfurcs ternaires , & il cfl ainfi apcllé parce qu'on a toujours un pieri ea J'air. Tholnet Arheau , dans Ton Orchéfographle , donne îes noms , les mefurcs , & la tablature d'ua grand nombre de Branles qu'on danfoit autrefois, comme les Branles du Haut-BarroisAw Mo/iflier- tn-Der , de Haynaut , à' Avignon, &c. Les BraU' les du Poitou, qui fe danfcnt parmefure ternaire, en allant toujours à gauche ; les Branles d'Ecojft & de Bretagne ; on apeile ceux - ci le Triory, ( P^oy. ce mot, ) Il parle aufli du Branle des La- vandières, où les Danfeurs font du brui^ parlj tapement de leurs mains ; du Branle dujlihot , où on bat du pied , qu'on a appelle aufiî le Brank des chevaux ; du Branle des pois & des Hcrmius; è.Vi Branle de la torche t àsàxs lequel le Danfeur tient un chandelier , une torche , ou un fîambeatt allumé. Il y a aulTi 6cs Branles morgues ou gefii' culés , qu'on a appelle de la Moutarde ^ que lei Dames appellent ^ro/z/e de la Haye j qui orl dégénéré enfin en ceux qu'on appelle Branles à mener , qui font ceux par qui fe terminent main- tenant tous les Branles j en ceux-ci chacun mèivî le Branle à fon tour , & puis fe met à Ja queue. Les Danfes aux chanfons font d^ espèces de branles. Le Branle de forûe cft ce qu'on danle « la ftn du Bal, 1 * BRA 39 BRAS (les). On dit en terme de Danfc , <5 avoir des Bras ; c'eft les poftcr , les difpofer , îes \ remuer avec grâce , les élever , les abaider à pro- l pos. II faut les faire porter plus haut, fi le fujet a l I la taille courte ; & , s'il a la taille longue , ils doi-^ ; ' vent être à la hauteur de la hanche ; mais , s'il eft , , proportionné , il les tiendra à la hauteur du creux : de l'eftomac. Beauchamp eft le premier qui en : ait donné des règles. Conduire les bras , c'eft les- . i bien manier , les bien mouvoir , les bien pofer , , :^ & avec grâce; fi un Danfeur n'a point les Bras;. ': doux & gracieux , fa Danfe ne paroîtra pas animée.^ L'élévation des Bras y le mouvement désira*, l'oppofition du 5rtu aux pieds , la manière de faire; V les Bras dans les diftcrentes Danfes , & avec leS; différents ^as.f^oye:^ iart.Chorégraph'ie.Ysiixtà^^ Bras , en terme de Danfe , c'eft donner du mou-, vement à fes Bras , leur faire prendre différentes fituations. L«es Demoifeiles ne doivent faire dt Bras dans le' Menuet que lorfqu'eiles préientcnt' les mains. ' -.'...;.- Les Bras , ainfi que les jambes , ont trois mou- vements relatifs l'un à l'autre, favoir : celui du, poignet, celui du coude, & celui de l'épaule, mais il faut qu'ils s'accordent avec ceux des jam- bes , en ce que fi vous faites des Demi-coupés en des tems & ouvertures des jambes , &. amres Pas qui fe prennent plus du cou-de-pied que da C 4 ^o B R A genou , ce font les poignets qui aglflent , au liea que Cl ce font des Pas fort plies , comme Pas de Bourrée, Tems de Courante, Pas de Siflbnne, Contre- tems & autres Pas qui demandent Ju contrafte ou de roppofition , pour lors c'eft le coude qui agit , ou du moins qui eft le ylus ap- parent ; parce que l'on ne doit pas plier le coud: fans que fon mouvement foit accompagné de ce- lui du poignet : ainlî du cou-de-pied & du genou , qui ne peut finir fon mouvement, fans que l'on foit élevé furla pointe du pied , & parconféqucni c'eft le cou-de-pled qui l'achève. . Quant au mouvement de l'épaule , il n'eft. apparent que dans les Pas tombés, où il femble, par la pente que le corps fait-, que les fojcces vçus. manquent ; auffi l'épaule , par fon mouvement, fait comme fi les bras tomboient. •. • • -Ces mouvement^ d'épaule fe manifeftent en- core dans les oppofitions , en ce que les bras étant étendus , l'épaule s'efrace en arrière; iî vous palîezà côté de quelqu'un , vous efface? l'épaule. Pour avoir une facile intelligence de tous ces mouvements , voyei^ l'art, Cnorc'graphie , la manière de prendre les. mouvements des poignets ieparément de ceux des coudes, afin que l'oneu connoifle la .différence ,■&. quej'on puiffc parve- nir à cette, précifion de grâce que Ja.DvUifo demande. . . . i "^.. C A N 41. C. CABRIOLES. Battement des jamLes que l'on fait en fautant à la fin des cadences, lorfque ïe corps eft en l'air. CADENCE ( îa ). C'eft ]'oÎ3fcr\-atlon des mêmes mefures qui fe fait en damant , lorfque les Pas & le mouvement du corps fuivent les notes 6c les mefures des inftruments; ainll on dit entrer en Cadence j fortir de Cadence , n'ctre point en Cadence, pour dire, fuivre ou ne fuivre pas les mouvements du violon., du hautbois , du chant , ôic. mais il faut obferver que la Cu" dence ne fe marque pas toujours comme fe bat la. mefure. Ainfi le Maître de Mulique marque lo. mouvement du Menuet, eu frappant au commen-^ cernent de chaque mefure, au. Heu que le Maître à danfcr ne bat que de deux en deux n:efurcs, parce qu'il en faut amant pour former les quatre t'as du Menuet. CANARIE. Sorte d'ancienne Danfe que l'on croit venir des liles Canaries , & qui, félon d'autres , vient d'un Ballet ou Mafcaraue dont les Danfcurs êtoient.habillés en Rciis de Mauritanie ou Sauvages. Dans cette Da;ifc on s'approche 6c ^.*? Jcil . . ..^ 42 C A N on fe recule les uns des autres , en faifant pla- lïeurs padages gaillards , étranges , & bizarres , qui repréfentent des Sauvages. L'air de cette Danfe eft d'un mouvement encore plus vif que celui de la Gigue ordinaire , c'eft pourquoi on le marque quelquefois par-p^. Cette Danfc n'eft plus en ufage aujourd'hui. « La façon de danfer les Canaries eft telle, dit » Thoiret Arbciiu ; un jeune hon^me prend une »> Demoifelle,& dar.çant enfcmble fous les ca- » dences de l'air q\ii y eft propre , la mène fifter » au bout de la falle; ce fait il fe recule où il a »> commencé, regardant toujours la Dcmoifellè, j» puis il va la retrouver en faifant certains paiïa- » ges; quoi fait, il recule comme defl'us. Lors la »> Demoifelle en vient faire autant devant lui , & *> après fe recule en la place où elle étoit , & » continuent tous deux ces allées & reculements , »> tant que la dlveriité des paflages leur en admi- » niftrent les moyens ; & noterez que iefdlts >*> paflages font gaillards ,& néanmoins étranges, » bizarres & rcOentant fort le Sauvage. CANDIOTE (la). Danfe très-ufitée au- jourd'hui dans la Grèce , & qui eft la même dont r parle Homère dans la defcription du fameux bou- clier d'Achille. « Après plufieurs autres » Sujets , Vulcain , dit-il , y repréfente avec une C A N 43 M variété admirable, une Danfc rembTaïîîeàccîIo » que l'ingénieux Dédale inventa dans îa ville »> deGnofle, pour îa charmante" Ariahne. De »> jeunes fiKcs & de jeunes hommes ie tenant par »> îa main,danfcntcnremble;les]eunes filIesTont >» habillées d'étoffes légères , & ont fur leur tetc >» des couronnes d'or; les jeunes hommes font » vêtus de belles robes , d'une couleur très-briî- » îantc. Tantôt une troupe danfe'en rond avec >♦ tant de juftcflc&de rapidité, que le mouvo- ») ment d'une roue n'cft pas plus égal & plus V» rapide; tantôt le cercle danfant s'entr'ouvre, » Si toute cette jeuuefle fc tenant par la main, *> décrit, par fes mouvements, une infinité de *> tours &L Je détours ». Telle clt à' peu-près la Candiote qu'on danfc aujourd'hui. L'air en eu tendre, t^ débute lente- ment, enfuite il devient plus vit & plus animé. Celle qui mène ia Danfc, deHlne quantité ds figures & de contours , dont (a variété forme un fpc£taclc aufù agréable cju'intéruTant. V^oyc^ Gkue. Les Grecs modernes ont encore tout ce qu'ils ont pu conferver de îa Danfe des anciens Grecs , même gaieté , mêmes Danfes dans les bains , ou îes femmes Grecques font partie de fe ran'embîer; .•c'eft là que l'on retrouve encore plus d'un modèle de çç riiint ubkau d'Horace, où l'on voit les •i2^ 44 C A N Grâces toutes nues former des Danfes avec Iss Nymphes. La Balgneufe prend des mains de l'Efclavejfa cliemlfede gaze, & un vêtement léger. Elle re- haufle fa taille en mettant fes pieds nuds dans fes fandaies, fur lelquelles on voit briller la nacre incruftée,& la broderie en relief; elle marche majefiueufeaient , parfumée d'elVenccs. Ses enfants à demi-nuds, en jouant , courent après elle, 2c la fuivent , comme ces Génies allés que les Pein- tres anciens nous reprcfentent. Le foleil s'approche de rhorifon , î'ombre s'é- tend , la jeune Grecque impatiente de fortir, fe montre , defcend au jardin , ou ;i 'a prairie ; fou voile , jette négligemment autour de fon cou , flotte au gré du vent ; fimple dans fa parure , elle n'a plus qu'un petit bonnet fur fa tète, & quel- ques fleurs que deux trèfles de cheveux qu'elle a relevées ferrent & retiennent par un double con- tour; le refte de fa longue chevelure tombe en ondoyant fur fes épauler ; elle porte une main fur fon fein , que fa robe découvre , & que la gaze îaifle voir ; l'autre main retient le voile qu'elle femble difputer au vent. Un habit d'une légère étofle , collé fur fa taille , en fait voir toute l'élé- gance & la finefle. La ceinture antérieure îk bro- dée , brille fur cet habillement. Elle court fe join- dre à des compagnes , qui l'appellent 2t qui l'in- vitent à danfer. • C A N 45 - ArafpcftdcîaDanfcîa jeune fille court comme Athalante ; elle va , comme Diane , fe mettre à la t6te des Nymphes. Le Branle recommence alors , & elle le mène; elle donne à une de fes compagnes le bout de fon voile , & tient l'autre bout ; le vent enfle molle- ment ce voile léger , & toutes les Danfeufes , avec la rougeur de rmnocence , & la vive joie qut brille dans leurs yeux , & qui colore leurs joues , pallent Se repan'ent en cadence fous cet arc flottant, qui repréfe'nte celui d'Iris, que les amours tien- nent en l'air. Les mères jrop âgées pour danfer , & les vieil- lards affis fous les arbres , afllftent à ces jeux , & lemblent s'applaudir de tous les avantages de cette brillante Jcunefie. Plus loin , de jeunes gens luttent enfemble , ou s'exercent au palet & à la courfe ; mais dès qu'ils apperçoivent les Danfes, ils courent s'y mêler pour les animer davantage , pour les rendre plus agréables. Une jeune fille fe détacbe, lorfque ]gs autres fe repofent; elle danfe feule avec des crotales, des cymbales , ou un tambour de bafque à la main ; elle s'élance, précipite fcs pas, tourne rapide- ment, & fait admirer les mouvements les plus variés & les plus fiiiiples. Une autre jeune Grecque arrive au village , où >rf 4< C A N" pendant h beîîe faifon on cft rafleœbK ; elîc entre [ ; toute cflbufflée dans la chambre d'une chère [ compagne. I . Qnoi ! Lucia , vous dormez , & l'on danfie dars f la prairie.; nous avons des inftrumcnts : Stimait 1 joue de ia lyre ; Zoc mène le branle , & toutes les i incrcs aflifcs fous le grand peuplier font cnchan- [ téc"» de la voir. Venez donc , 6c cjuc la fière Zoé • «c dilc pas : j'ai eu l'honneur f\c la Danfc; j'ai mené feule ic Branle , feule j'ai été applaudie, j'ai ç brillé à la tête de mes compagnes ; elle le diroit , [; j'en jure par vos yeux, fans ajouter, parce que y Lucia n'y éiohpas. Vire , donc , que je vous aide | à menre cette robe rofe qui vous lied fi bien, & f ce bouquet de Idas fur votre tète. Doublons le pas, î'emend? la lyre ; ah ! courons , courons , Lucia, ; & qu'en vous voyrnt Zoé , à qui la Danfe adonné | le rouge &. l éclat des plus billes couleurs , pâli lie *. & sèche de dépit. ' CANTIQUE. Hymne que l'on chante en ; l'honneur de la Divinité. Ces Hymnes doivent être comptés entre les phis anciens monuments hiftoriques. Ils étoient chantés par des Chœurs \ de Mufique , & ïouvent accompagnés de Daufes. i La plus grande pièce qui nous refte en ce gînre \ cft le Cantique des Cantiques , ouvrage attribué à • Saloraon,^ que quelques Auteurs prétendent ■S C H A 47 n'être que rÉpitîialame de fon mariage avec la fille du Roi d'Egypte. Les grands fpectacles , les fêtes publiques , ac- compagnées de chants & de Danfes , étoient en ufage chez les Hébreux. Le Père Meneftrier, Jé- fuite, donne pour exemple , dans fon Livre des Repréfentations en Mujî.jue, la manière dont fut exécuté ce fameux Cantique du paflhge de la mer rouge par les Ifraélitcs. // fut mêlé y dit-il, de chants & de Danfes , accompagnes de plufteuis inflruments. Les femmes y formaient des Choturt avec les hommes. On peut juger par là que les ipeclacles des Anciens reflbmbioient allez à ceux qui fe repréfentent de nos jours. CATADROMUS. Corde fur laquelle on danfoit On attachoit un bout au point h plus élevé du théâtre , & l'autre bout étoit fiché à terre : l'adreile confiftoit à defcendre fur cette corde en courant , ce qui ne fe faifoit pas fans danger. C'cft ce qu'exécuta un Eléphant , fclon le témoignage de Xiphilin : quo tempore Elephas introduclus in theatrum,infummumejusfunicem condifcendit , atque indèvehens hominem in fune défendit. CHACONNE. Sorte d'air fait pour îa Danfe , dont la mefure eft bien marquée , & le 4S C H A ' mouvement modéré. Le Contre-tems cic la Cha- ' connc fc fait de la manière fuivante : le pied gauche I devant , & le corps pofé dcHus , la jambe droite l s-'approche derrière, vous pliez , 6c vous vous i relevez en fnutant fur le pied gauche, & la jambe ', droite qui eften l'air , fe porte à côté , à la dcii- ' xiènie pofition , & le pied gauche fe porte, fylt * derrière , foit devant , à ia cinquième pofi'.ion ; ce ; qui en fait Ictendue. On fe fcrc ordinairement de ces Pas pvOur alUr de côté ; ainfi ce pas eft com- i pofé d'un mouvement fauté & de deux Pas mar- ; çhés fur la pointe , mais au dernier il faut pcfcr (• le' talon, afin que le corps foit ferme pour faire i tel autre Pas que l'on veut; en faifant ce Pas de | cette manière , c'eft pour aller du côté droit; de t forte qu'en prenant le contraire , qui eft de com- :- mencer par fauter fur le droit , c'eft pour revenir { du côté gauche. \ Chacone vient du mot Italien Ciacona , formé ! de Ccconc , qui fignifie gros aveugle , à caufe que . îe mouvement en fut inventé par un aveugle. ] CHAINE (la). Contredanf^. ! ! CHAINE ( la ). Danfe ancienne qui fe far- ! foit en tenant une corde , ou en fe tenant par la ! niam,cequiraifoit unefortcdechaîne.Térenceen parle : Tu cnimivter eas rcJlimdtiLTnans faltahiu CHAMPlTKES G H A 49 , eîTAMPÉTRES (Danfcs). Pan,quiîes xnvenra , voulut qu'elles fuflent exécutées dans U belle laifon , au milieu des bois. Leis Grecs & le» Komains avoient grand foin de les rendre très- folemnelles dans la célébration des fêtes du Dieu qu'ils en croyoient l'inventeur. Elles étoient d'ui» cara£tère vif & gai. Les jeues filles &. les jeunes ■/^ garçons les exécutoient avec une couronne de 1 chêne fur la tête , & des guirlandes de fleurs qui leur defcendoient de l'épaule gauche, & étoient rattachées fur le côté droit. , ■ : - MANIÈRE D'ÔTER SON CHAPEAU ET DE LE REMETTRE, , ^/,,.,^ On ne fait point de Tevérencc fana' ôter fon chapeau avant-de la commencer , &. voici la ma- nière -de l'ôter & de le remettre,' afin de prévenir î les défauts dans lefquels on tombe en l'un 6c* ' i^ en l'autre , faute d'attention. . . it^'i • Le corps étant pofé fuivant les règles défa prefcrites , fi vous voulez faluer quelqu'un y il faut* kver le bras droit à la hauteur de l'épaule, ayant la main ouvene, puis plier le coude pour prendre votre chapeau , ce qui fait un demi-cercle; le* coude étant plié & la main ouverte, il faut que vous l'approchiez de la tête , qui ne doit faire aucun mouvement , puis porter le pouce contre le front , les quatre doigts pofés fur le retrouflr' 5© C H A ju chapeau , & , en fcrrantîc poùèc & les ^bî^, ΀ poube , ^ar fon mouvement, lève le chapcan, & .les cjuatïe doigts le maintiennent dans la main; mais le î)ras fc hauilant tin peu plus , lève tout- à-fait lechaipeau de dcHus Li térc, en s'étendant & It kiflant tomber à côté de foL Toutes ces différentes attitudes nefont que pour fffarquer tous les différents tems & tourcs les me. fiirestjuc Ton doit obfervcrdans. cette aition. On ne doit ;pas^. entendre que l'on doit s'arrêter à chaque tems , ce qui Icroit ridicule , mais on en- tend qu'il n'y ait aucun inten'ale , & que ces tems foiént ff imperceptibles , qu'ils n'en faffent qu'rni, parce que ce n'cit qu'une" fcnle aflion en trois tems, (avoir y lever le brasà côté de foi en pliant le coude /approcher la main de la tête & prendre ie chapeau , le lever ded^flub &, laiflèr tomber k bras à côté de 'foi. /. ■ Pour le remettre on doit pbferver le mémeo^ drc , c'eft-à-dire, levez votre bras de la fiiuation oùvousravezipourloï'sàcôté Je vous, à lahau« leur de l'épaule , 'en pliant k cOude , mettez le ohapeau deffus la tète ,en appuyant en même tera votre main contrç le tûtrouffi. , pour l'enfoncer, fans vous reprendre à ^deux; fois, & fans ap- puyer la main fur le milieu de la forme , Ce qui n'eft pas féant, mais la tête ne doit faire aucune ^raonftraûoapow-Ie recbVoir^ c'eft-lc bras &'!« '"^ C H A ^i hiaîn qui îe Joîvent pofer. On ne ctoit pas non plus trop l'enfoncer , par la difficulté que vous auriez de loter, Je chapeau ne devant que cou- ronner la tête , & iui fervir d'agréments: on doit auffi prendre garde de ne ïe point prendre par la forme ^ & d'avancer le bras & la main trop en devant , ce qui cache le rifage ; ni même de baif* fer la tête , & de laifler tomber votre chapeau de- vant le vifage , en le conduifant négligemment devant vous , ce qui ne fait qu'un très-mauvais effet. Pour porter îe chapeau avec grâce , on doit îe pofei d'abord fur le front , un peu au-deflus des fourcils, & en appuyant la main modérément contre le retrouHi , elle ne le fait enfoncer par derrière qu'autant qu'il le faut , devant être plus bas devant , de deux ou trois lignes , que derrière ; le bouton doit être du côté gauche, ce qui dégage le vifage ; car de le porter tout-à-fa;t en arrière , cela donne un air niais & ifnbécile^ ie trop -enfoncer par devant _, donne un air four- nois, ou colère, ou rêveur; au lieu que la ma- nière de le porter tel qu'on vient de le dire , vous fait paroître bien fenfé , modefte & tempéré. C H A R I S I A. Fête en l'honneur des Grâces', dans laquelle on leur offroit des gâteaux & de^ friandifes. Elle fe célébroit pendant une nuit, quô D 2 <2 C H A l'on paflbit à fauter & à danfer ; cnfuite on don* hoit des friandifes à ceux qui givoient pafle cette "nuit. Ces friandifes , qu'on nommok Bellana , furent aufli appelles Charljîa , du nom de la fétc, ■ CHASSÉ. Nom d'un Pas. II y a plufieurs Chaflës différents hs uns des autres ; ce Pas eft ordinairement prévenu par un Coupé, ou autre [ Pas qui conduit à la deuxième pofition , en ce ! que ce Pas fe prend de cette pofition ,& fe fait en ; allant de côté , (oit à droite , foit à gauche ; par exemple , fi vous allez du côté gauche , il faut plier fur les deux jambes , & vous relever en fau- tant à demi , c'eft à-dire , raze terre , & en prenant ce mouvement fur les deux pieds, la jambe droite t fe rapproche de la gauche pour retomber à fa place , par conféqui^nt la chalTe en l'obligeant de fe porter plus loin à la deuxième pofition , ce qui fe doit faire très-vite, parce que vous retombez ■fur le droit premier , & la jambe gauche fe porte -vite à la deuxième pofition , ce qui fait paroîtrc que l'on retombe fur les deux pieds; & co.mmc , î l'on en fait ordinairement deux de fuite, au pre- mier, faut vous retombez, pliez , & du même tems fautez une féconde fois , en portant le corps fur le droit. , ou fur le gauche , lelon que le Pas qui luit le demaode. Mais lorfque vous en avez fait plufieurs de fuite , comme à l'Allemande, vous CHI 53 fahes vos fauts de fuite , fans vous rcTercr fur un feul pied , & fans vous relever , comme il fe pra- tique quand il n'y en a que deux. Ce Pas eft cou- lant, parce qu'en fautant vous gagnez le terrein pour faire la figure que la Danfe demande; il eft gai , car îorfqu'il y en a plufieurs de fuite , ri fem-.* ble que l'on foit toujours en l'air , néanmoins fans fauter qu'à demi.. Il fe fait de mêhie en arrière , ea changeant feulement les portions. Ily en a un différent des autres, en ce qu'il a deux Pas dans fa conftru£lion. Le premier eft un Jette, & le fécond eft un Marché. CHINOIS (Danfesdes). Le grand Em- pereur Kang Hi ( 1 ) , Prince non moins habile dans les Sciences que dans l'art du Gouvernement , vit avec regret la perte qu'on avo't faite de Tan- cienne Mufique & des anciennes Danfes, & le peu d'ardeur que les Lettres de fon lems témoi- noient pour tâcher de la répnrer. Il en fit des re- proches aux principaux Dodleurs de l'Empire qui approehoient le plus de fa perfonne ; il les exhorta , les preda à ne rien oublier pour faire revivre ces ( I ) C'eft l'Empereur Cheng-Tfeoti , connu en Europe fous le nom de Kang-Hy , qui fignifie ferme, traïK^uile , & qui n'eft que le nom de fon rèâne. <4 C H I Arts nicrvellleux , par Icfquels les premiers Maî- très de l'Empire avoient opéré de fi belles chofej. [ Le célèbre Ly-Koang-Ti ( i ) , Savant du premier | mérite , Miniftre habile , grand Capitaine , ami l ^ favori de l'Empereur , fut celui de tous les Sa- [ vans qui s'appliqua à contenter fon Maître. Dans f îa recherche que l'Empereur fit faire de tous les 1 anciens monuments , Ly-Koang-Ty déterra un ■ Livre (2) qui , fous un titre peu Ipécieux, lui pa- rut renfermer les principaux ufagcs de la première antiquité; c'eft ce même Livre qu'il a expliqué, êcfurlequel il a fait des Commentaires forteftimés par les Chinois. Il ajouta à ce premier Ouvrage ç, uneanaîyfe de tous les morceaux qu'il put trou- f ver fur la Mufique Sl la Danfe , dans tous les Li- vres qui étoient dans la Bibliothèque de l'Empe- leur. Comme c'eft le meilleur ouvrage qui ait paru dans ce genre , le Père Amiot s'eft déterminé ,.■ à le traduire, avec le fecours d'un habile Lettré , & de quelques Muficiens Chinois ; il s'eft appliqué (0 Doftcur & Membre du premier Tribunal des Let- tres de l'Empire, Miniftre d'État , &c. Tfmg-Ché, fils de l'Auteur du Commentaire. (2) Fait par Teou-Coung, Grand-Maître de la Mufi- que de 0\en-leheou , Roi de Ovet , de la Famille Impé- riale des Tcheou ; il régnoit 445 ans avant Jel'us-Chriil. Cet Auteur a vécu jufqu'à Tâgc de 184 ans. C H I 55 & donner les anciens textes auflî littéralement qu'il a été poffible. Dès le ♦.cms de Fau-Hy (i) , jufqu'à ccloi des Tcheou , incluiivcment , le lieu où fefaifoient les études étoit dans l'enceinte même du Paîaiç. C'eft dans ce Collège , ou Académie Impériale , qu'on enfeignoit l'ancienne doftrine. Les deux grands Mandarins de MuHque en étoient les Cheis. Les Fils de l Empire , c'eft-à dire , les fils des Grands, les enfans des Mandarins du premier Ordre , des Magiftrats des difîérens Tribunaux , &c. dévoient apprendre les règles & les ufages de la Muiique ôc de la Danfe. Les efiéts que la Mufique & la Danfe dévoient produire fur eux , c'étOit d'être bons au-dedans d'eux - mêmes , & aimables au-dehors ; d'aimer les Sciences &ceux qui les cultivent; deleurinfpirer ia droiture, la modefrie , la confiance , le refpeft pour fes parents , la tendrelVe pour ceux de qu; (i) Hcft regardé comme le Fondateur de l'Empire, ou du moins c'eft par lui que commencent les faits que per» fonne ne révoque en douie. Queî'iuçs Hi/loriens font commencer fcn règne à l'année qui repond à celle de 3468 avant Jcfus-Chrift. Le Père Gauber prouve que Fouhy 9. règne avant Cheng-l^oung-Hoang-Ty , mais il prétend qu'on ne peut rien affirmer de certain fur le tems auquel Fouhy donnoii des loix » non plus que fur la durc« de foa ri^n D4 I t'i ^6 C H I on tient le jour , & un amour univerfeI.pour touj îcs hommes. La Mufiquc des Danfes , & ies Danfes elles- mêmcs.ont été' en ufage depuis te tems de Houang- T/j jufqua celui de 7't/:i-o:/ , inclullvement, c'cft-à-dire , pendant 2450 ans, fuivant le calcul de prefque tous les Hiftorlens. Voici le nombre de ces anciennes Danfes : 10 Yvn-Men , la porte des nues. ■ a» Ta-Xnen, la grande tournante. 2** Ta-Hyen , la tout enfembic. 40 Ta-ruo(r), la cadencée. 5** La grande Hya. (î) , ou la vertueufe. 6" Ta-Hou , la bient'aifame. n° Ta-Ou , la grande guerrière , parce que dans fes évolutions elle exprimoit les avions des Guerriers en général , ou quelque viftoire ai particulier. On s'en fervoit auffi dans les cérémonies qu'on faifoit en l'honneur des ancêtres , & fur-tout du (1) Ta-Tno. Cette Danfe étoit une des plus gracieufc» deramiquité. Les mots 7a-Tûo, dans un fens plus étendu , fignifient ia douctrur, l'harmonie, ou la cadence. {%) Cette Danfe étolt appellee vertueufe , parce qu'elle exprimoit la vertu de la Dynaftic Hya ; cette Danfe étoit tente, grave & majeflueufe. C H I SI Fondateur de laDynafiie, pour fe rappelîer le foui-enir de leurs belles aftions. Ces Danfes étoient en ufage pour !es facriîîccs qu'on ofîroit au Ciel , aux Efprits qui y font leur féjour , & aux Aftres qui rembcllinent au-dehors. Elles étoient auffi pour les facrificcs qu'on ofîroit à rRfprit de la terre , & à tous les autres Efprits inférieurs. Elles fervoient aufli pour les cérémo- nies qu'on faifoit en l'honneur des Ancêtres , & pour Icsfacrificcs par lefquels on vouloit honorer les Mânes des Empereurs des autres Races ; mais pour conferver une uniformité dans les Danfes , on employoit quelquefois , pour quelquefacrifîce que ce fut , Ja Danfe Tu-Tao préférabîement à la Danfe propre du facrifice dontils'agiHbit. II y avoit encore une Danfe nommée Chao, d'un inftrument que le Danfeur tenoit à la mam.' Cet inftrument avoit la figure d'un 2 de cijifîre , ou d'une S renverfée. Dans la Mufique pour les facrifices , l'on danfoit la Ou Hien-Tché , qui vent dWc, Danfe qui imite le mouvement des eaux , lorfqu'elles font agitées par un douxzéphir. Les deux grands Maîtres de Mufique étoient auffi chargés d'apprendre à la jeune Noblefle qui é.oit confiée à leurs foins , non feulement les grandes Danfes dont nous venons de parler, mais ,8 c ni encore celles qui portoicnt le nom de petites Dan fes. Les petites Danfes étolcnt celles qu'on appre- noltdans la première jeunefle. Voici ce qu'on lit dans le Livre qui traite des anciens ufages : « A » i'àgc de 1 3 ans il faut apprendre la Danfe Ou" *f Tc/2ao(i); à lage de 15 ans, la Danfe Ou- » Siang (a). Mais quand on a atteint 1 âge de 20 » ans , il faut apprendre la Danfe Tahlia , fie » les autres». On voit parce paflage qu'on ne comniençoità apprendre les grandes Danfes qu'à- l'âge de 20 ans ; que de 1 3 à 1 5 on apprenoit les petites Danfes , & que de i y à 20 on ne faifoit que s'exercer dans celles qu'on favoit déjà. Ces petites Danfes étolent au nombre de fix. La première étoit celle de Fou-Ou , Danfe du l Drapeau ; celui qui la danfoit tenoit en main un f petit e'tendard chamarré de jaune , blanc , bleu , noir , &c. ; c'eft ce qui a fait donner à cette Danfe • le nom de Fou-Ou , qui fignifie toile de dift'é- r rentes couleurs. , t La féconde e'toit celle des Plumes bîan- i, cbes , appellées Yu - Ou , qui étoient au (i) Le Danfeur tient à la main un inftrument de pierre, ( large par le haut , & mince par ie Bout , nomme Tchao. \ (1) OuSiang; comme qui diroit Danfe figurée. Siang | fignifie figure , reffcniblance. ' ff^_^. C H I 59 bout <^'unc baguette que tenoit en main le Danfcur. La trolfièmeétoit celle de Hoang ^ ou dnVhcS' nix. Le Danfeur avoitcn main un petit bâton fur- monté de plus de cinq couleurs, qu'on fuppofoit dans celles du Phœnix. La quatrième éioit celle de la queue de Bœuf, Mao-Ou ^ parce que le Danfeur tcnoit en main une façon de queue de bœuf, avec laquelle il fai- foit fes évolutions. La cinquième étoit appcllée Kan-OuyOVL U Danfe du dard , à caufe de l'infirumcnt que le Danfeur tenoiten main. Cet inftruments'appclloit Kan ; c'étoit une efpèce de dard fait, en forme de Fiamore. Enfm la fixièrae, appellée Gen-Ou, étoitap- pellée la Danfe de l'homme , parce que les Dan- feurs avoient les mains libres , iSc ne portoicnt rien avec quoi ils puflent faire leurs évolutions. Les anciens Chinois avoient fix fortes de Mu« fique. Celle de la Schang étoit confacréeà chanter les vertus ; la Mufique Hien Tché avoit pour ob- jet de its chants tout ce qui mérite des éloges ; la Mufique Chao étoit faite pour l'union & la con- corde; la Mufique Hya ( i ) étoit deftinée à chan- • (i) La Mufique Hya^oM Ta-Hya^ a cte comporec par Ta , un des plus grandi Princes qui aient gouverna fi ' i'Empire Chinois. Ce Va cioit fils de Kouen . & travailla avec plus de fuccès que Ton père, à reparer les dcfordres au Déluge , qui arriva du tcms de Jao. 60 C H I 1 ter les fujets grands & fublimcs. La Mufîque Yu l .ctûit la Mtfique nccedbire , & la Mufiquc Tcheou ï ctoit ce qu'ils ap^ elioient la Mufique parfaite. ï Ces deux dernières fortes de Mufiquc doivent leur origine aux Fondateurs de ces deux Dynafties. 1 Avec ces différentes Mufiques étoicnt comprifes I les iix fortes de Danfes dont nous venons de par- ? 1er ; les unes & les autres n'avaient qu'un même [ objet, qui étoitia recommandation de la vertu. [ Le foin des infiruments qui concernoient les | Danfes éioit confié aux Mandarinsquipréfidoient à ces mêmes Danfes. Par ces inftrumentsil faut entendre le Yu ( les plumes); le Yao ( petite fiùte à trois trous ) ; le Kan ( efptci de bouclier) , & le 7}z ( efpèce de hache '>. Le Maître du Yao cnfeignoità faire ufage du Yu.W avoit foin d'ima- giner de tems en tenis quelques nouvelles conibi- naifonsdans les manières de fe fervir de ces plu* mes. La Danfe Yu étoit une Danfe douce , ravif- fnnte; il n'en étoit pas de même de la Danfe Ou- Kan, qui étoit une Danfe guerrière; c'eft pour- quoi ceux qui y préfidoie^t étoient charges de tous les inftruments guerriers des autres l3anfes. Cef: ious Tcheou- Coung (^[u on commença à dif- h' if ■ C H I 6t' tînguer les Mandarins des Danfes , d'avec ceux de la Mufique. Avant que de compofcr la Mufique , dit î'Au- tcur Chinois , il faut l'avoir déjà dans le cœur; les fons de la voix ne font que l'image de la Mufique; l'obfervation des régies, l'arrangement des parties , la combinaifon des tons , font ce qu'on appelle la mélodie. Le Sage a déjà la Mufique dans fon cœur ; il (e pîait à en produire l'image , & les tons qu'il forme produifent, par leur arrange- ment & leur variété , une mélodie charmante. C'eft pour cette raifon que , lorfqu'on veut faire exécuter la Mufique , on commencé par donner le Cgnal ; les Muficiens préparent alors leurs infiruments , & les Danfeurs font trois pas pour fe dilpofcr à faire leurs évolutions ; là Danfe finie ^ les Danfeurs le retirent, & tous les infiruments fe font entendre à la fois. Quoique . cette Mufique & cette Danfe foient dans un inoar vement précipité , elles ne lalflcnt pas que d'être douces & agréables. Le fens en eft des plus profond , 2c à la portée de tout le monde: Le Sage cft ravi de l'entendre ; ii ne voudroit pas tranfgrelTer une feule des règles fuivant îefquelles elle eft compofée , puifqu'elîes n'ont été diclées que par la .vertu, & qu'après l'avoir entendu il ne fe trouve que plus porté k l'obfer^'ation de la jufiice. 1 6t c H r Lorfque nous cmcnJcms chanter un Ya , nous fommes ravis d'aife ; îorfquc nqus voyons les * Danfcs Kan & Tjî, que îes Danfeurs fe cour- tenî ou fe redrdTent , s'avancent ou fc reculent , nous nous Tentons porter à la gravité; quand nous afTiftons à la Daafe TeJiou-Tchao , accom' patméc de h Mufique enentiellc , nous ne faurionj nous empêcher d'avoir une contenance majef- taeufe ; nous fommes pas fans d'excellentes raifonj qu'on leur a donné cette préférence. Pour achever de faire connoître le caraftèrc & toute rexcellence de la Mufique & de la Danfe des anciens Chinois, nous ajoutons ici le fameux dialogue entre Confucius & Pin-Mou- Kia , fur la Danfe de Ou-Ovang , premier Em- pereur de la Dynaftic de T<:heoH,(\m étoit la troifième , qui commença 1 1 11 ans avant Jéfus- Chrift, & finit i<\^ ans avant Jéfus-Chrift,pour j ne point altérer la fubftance de ce petit Ouvrage , !•' monument inrmonel de la gloire des anciens Chi- | nois. Nous donnerons le teste fuivi de l'explica- | lion , d'après-k fraduihon qu'en a fait le Père | Amiot, •■•'-. -*• - 1 C H I Texte I. ^3 Tln-Mcu-K'ij. étoît aflis à côté deConfncius; le dlfcours tomba fur îa Mufique. D'où vient , dit îj Confuclus , que dans la Mufique de Ou-Ovang, on battoit fi long-tems fur le tambour avant que de commencer les Danfcs ?.... .On craignoit, •re'pondit Pin.Mou-Kia , que les Spectateurs ne fuiïent occupés dans le fond du cœur de quelques feniiments contraires à ce qu'on fe propoToit; on les difpofoit infenfiblement , pnr le bruit du tam- bour, à prendre les impreffions qu'oa. vouloil kur donner. . . ..;.,'.. .: E X P L I C A T I O N., . 1 Le fens lîe^îa dcnrande que 'iit- Confuciu5 à foccafion de la Mufique du grand Ou-Ovang , cft -à-peu-près celui-ci: Pourquoi , avant que de Danfer, employoit-on un tems très-cônfidérabîe à préparer les Speftaieurs à voir cette Danfe? La réponfe de Pln-Mou-Kia doit s'entendre ainfi: Lorfquc Ou-Ovang compofa ces Danfôs & îa Mufique qui les accompagne, non feulement il avait déjà conclu dans fon cœur la perte de Te» hou-Ovang , mais il avoit déjà exécuté fon deflein. H falloit que fes'fujets entraflent dans fes vues. ^4 C H 1 Les Danfcs & la Mufîquc qu'il leur cfonnoit Je- voient les difporér à le féconder; mais afin que l'eflct fut tel qu'il fe propofoit , il faifoit battre long -tems fur le tambour, tant pour rendre les Spectateurs attentifs, que pour les difpofer àavoir dss fentiments guerriers & exempts de compaflion; -T E X T E I I. - Pourquoi , demanda encore Confucius , dans ia Mufmie du même Ou-Ovang ^ fyncopoit-on chaque note-, &- les lioit-on teifcment les unes aux autres , qu'il n'y avoit aucun repos marqué ? La raifon de cela , dit Pin-Mou-Kia , cft que cette Mufîque exprimoil les fcntiinens dont Ou-Ovang étoit pénétré, u ' r \ "• : .' ' :■' .. •V E X p X I c A -i» l 'O'N; .Parles notes fyncopéesil faut entendre ici cel- les qu c'a prononce d'une manière prefque trem- blante; c'étoit précifément celles qu'il failoit pour exprimer les fentiments de Ou-Ovang , qui^ croyant n'avoir contribué à la perte de Tehou' Ovang , que pour gbéir au Ciel, ne laiflbit pas cependant que de témoigner quelques regrets. Ces notes fyncopées étoient-nccenairesaulTi pour exprimtr les perplexités daOu^Ovong^ lorfqu'il kat / , C H I C^ feat qu'il étolt deftiné pour délivrer le monde du méchant Prince qui le gouvcrnoit. Ce chant n« s'exécutolt point par les Danfeurs ; il y avoit -pour cela des Chantres particuliers qui étoient dans le fond de la falle , tandis que les Danfeurs n'en occupoient que la première entrée. Les paro- les de ce chant exprimoient les raifons qu'on avoit eu de perdre TcAeo/^-Ova/z^jôt les moyens qu'on avoit employés pour eu venir à bout. Les Danfes mettoient fous les yeux ce que les paroles avoient fait couler dans le cœur. Texte. I I L Mais encore , répliqua Confucius , que pcn* fcz-vous de ces geftes paffionnés qu'on faifoit , (oh en tournant de diftérentes façons les mains au-de(Tus de la tête , devant & derrière for , foit en frappant la terre du pied , d'une manière indé- cente dans toute autre circonftancc? . . .Ces geftes €toient alors néceflaires , répondit Pin-Mou-Kia , pour infpirer le courage. Explication. Au commencement de la Danfe on faifoit des geftes paffionnés avec les mains & les pieds. Cela fe faifoit particulièrement pour ôter aux Spefta- E .^1 66 C H I teurs la compafTion qu'ils pouvoient avoir pour îç irifto fort de Tcheou-Ovang, T E X T E I V. Pourquoi , ajouta Confucius , dans le tcms que les Danieurs fléchllToient le genouil droit , tenant le genouil gauche élevé , Ou - Ovan^ éioit - il tranquillement affisT 0:/-Ovan^ n'étoit pas flflis, répondit Pin-Mou-Kia. Explication. La réponfe de Pin-Mou-Kia eft courte , mais ^le renferme bien des chofes ; car c'eft comme s'il avoit dit : la Danfe qu'on faifoit en préfence 'i de Ou-Ovang étoit une Danfe guerrière; ellerc- préfentoit la fanieufc bataille ou Tckeou-Ovan fut ilcfait, & périt miférablement. Un tel fpeftaclc devoit faire , fu/ l'efprit de OuOvang , une im- preffion aflez forte pour l'empêcher d'être tran* quillement affis. D'ailleurs il étoit trop humble, & avoit aflez de politique pour ne pas montrer une L forte de douleur lorfqu'on lui rappelloit le trifte fort d'un Prince dont il n'avoit occafionné la perte que malgré lui , pour ainfi dire , car telle étoit la volonté du Ciel. c H I G^ T E X T E V. La Mufique de Ou-Ovang étoit-elîc dans le Xon Chang {^\^ ? Non ^ répondit Pin-Mou- Kia. Sur quel ton étolt-elle donc, répartit Confucius? Les Maîtres de Mufique qui vinrent après O;/- Ovar.g , répondit Pin - Mou-Kia , expliquèrent mal-à-propos comment la Mufique de Ou-Ovang de\'oit être dans le ton Change c'eft faire injure à ce grand homme , que de le faire Auteur d'une Wufique qui ne partit jamais que d'un cœur pervers. Je fuis bien aife de ce que vous me dites- îà , répliqua Confucius ; vos paroles s'accordent avec ce que j'ai entendu autrefois de la propre bouche du grand T'c/^a;2^-//oi//70', • _. Explication.- II cft dit dans le Kouo-Yu , que la Mufique de Ou-Ovang étoit dans le ton Koung (2). On fait d'ailleurs que , dans les facrifices qu'on faifoit fous la Dynafiie Tchcou , on n'employa jamais de Mu- fique qui fut dans le ton Chang. Quoique dans la fuite on ait introduite ton C/ia/i^ dans la Mufique - — - ~ (i) Seconde note de leur gamme. (2) Comme nous dirions un air en c-fol-uu E a 68 C H I Ta Ou, ce n'eft pas à dire que Ou-Ovang toit l'auteur de cette addition. Ce Prince étoit trop iage pour avoir mis dans fa Mufique un pareil ton j ion cœur ne fut jamais porté à la cruauté. Texte VI. Après ces mots , Pin-Mou -Kia fe leva debout devant Confucius ; il lui dit : Maître , vous m'avez fait bien des queftions fur tout ce qui regarde la Danfe de Ou-Ovavg ; vous ^vez paru faiisfait de mes réponfes. Je crains néanmoins de ne m'étrc pas aHez bien expliqué. Afleyez-vous, lui dit Confucius. Je voudrois bien , reprit Pin-Mou-Kia , que vous euïïiez la bonté de m'expliquer à votre tour , pourquoi , avant que de commencer la Danfe , les Danfeurs des deux côtés fe tenoient pendant un efpace de tems confidérable immobi- les , & cependant dans une contenance guerrière. Ce ne fut qu'après la mort de Tcheou-Ovang , répondit Confucius , que Ou-Ovang compofa la Danfe & la Mufique dont il s'agit. 11 voulut qu'elles ï Tcpréfentartent l'aftion qui délivra le monde du [S méchant Prince qui le gouvernoit. Les Danfeurs i qui des deux côtés fc tenoient immobiles comme des montagnes , tenant à la main les uns le Kan, & les autres le TJî , repréfentoient l'intrépidité de l Ou-Ovang , & le courage avec lequel il exécuu f" c H r eç, les ordres Ju CieL Les geftes que Tes Danfeurs falfoient avec les mains & îes pieds d'une manière qui fembloit ne refpirer que la guerre , repréfen- toient Tay-Koung , Général des Troupes de Ou-Ovang. Les Danfeurs qui , à la fin de la Dan- fe, s'afleyoient les uns vis-à-vis des autres, re- préfentoient Tcheou-Koung-Tan,^ Chao-Koung- Ché, Miniftres de Ou-Ovang , Icfqueîs déiîgnoient eux-mêmes l'Empire. Explication. Avant la Danfe , on avoit foin de tout prépa- rer. On avertifîbit les Danfeurs de fe tenir prêts. Ceux-ci étoient rangés l'un à côté de l'autre, moitié de chaque côté. Ils étoient d'abord debout & immobiles , comme gens qui attendent Quoi- que Pin-Mou-Kia fut en général ce que cette Danfe exprimoit , il étoit bien aife d'en apprendre îe détail de la bouche même de Confucius. Les paroles de ce grard homme apprennent que fi Ou-Ovang détrôna & fit périr Tcheou-Ovang , ce ne fut que pour exécuter les ordres du ciel. A l'égard des geftes que les Danfeurs faifoient avec rapidité , & d'une manière qui fembloit ne refpi« Tcr que les armes , ils repréfentoient l'aftivité , le courage & l'ardeur du Général Tay-Kûung , par le moyen duquel Ou Ovang gacna la célèbre \ b3 3 70 C H I Bataille qui îc mit en pofrefllon c(e l'Empire. Le repos que prenoient les Danfeurs un peu avant que la Danfe finît, défignoit le repos qui avoit été rendu à l'Empire par la mort de Tcheou- Ovang. Dans la Mufique qu'on jouoit pendant les Danfes , il y avoit le Ton Change mais ce ton ïi'eft pas défendu lorfqu'il eft pour accompagner les Danfes, ou pour faire danfe-r. D'ailleurs on ne profcrit le Ton Ckang que îorfqu'il eft le principal de la pièce, ou, pour mieux dire, que lorfque la pièce eft dans le ton Chang. Confucins n'a pas dit tout cela dans fa réponfe , parce qu'il croit convaincu que Pin-Mou-Kia ne i'ignoroit pas. Texte VII. Dans la Danfe de Ou-Ovangy continna Con- fucius , les Danfeurs vcnoient tous les bras levés, regardant le Nord. Leurs geftes exprimoient la manière dont périt le dernier des Ckang ( Tcheou- Ovang ). Ils fe tranfportoient enfuite du côté du Midi. Là ils fembloient recevoir les hommages des Provinces Méridionales : ils fe féparoient en ^eux parties, dont l'une repréfentoit Tcheou- Koung , & l'autre Chao-Koung-Cké. Enfin les Danfeurs, debout & immobiles, repréfcntoient i'univers rendant hommage à Ou-Oyang, '\ C H r 7t^ Explication. Confucius explique en peu de mots les fix par- tics de cette Danfe à Pin-Mou Kia. II dit, lo qu© les Danfeurs venoient tous les bras élevés , regar- dant le Nord , comme s'jIs avoient vu Ou-Ovang venir à eux. On frappoit alors fur le tambour. Les Danfeurs tenoient en main les uns le Kan , & les autres le Tfi. 2 . Que leurs premiers geftes, leurs pas , leurs attitudes , repréfentoient le com- bat dans lequel Tcheou-Ovang -peut. 50 Que la troifième partie de la Danfe dcllgnoit Ou Ovang allant du côté du Midi. 4 Que la quatrième re- prcfentoit ce Prince recevant les hommages des Provinces Méridionales , qui le reconnoiflent enfin pour leur véritable Empereur & leur légi- time Souverain. 50 Que la féparation qui fe faifoit entre les Danfeurs, rcprcfentoitlesdeuxMiniftres dont on a déjà parlé, n'étant plus occupés que du foin de traiter les affaires de l'Empire. 6» Que la fixième partie , enfin , repréfentoit le repos dont l'univers jouiflbit fous le règne d'un Prince Rufli recommandable que l'étoit Ou-Ovang. Les Danfeurs étoient alors gravement affis, & paflbient ainfi un efpace de tems confidérable : ils repré- fentoient par là Ou-Ovang tenant fon Lit-de-- Jufticc, E4 •■ ■ 72 C H I T E X T E V I I I. Les Pas que les Danfcurs divifés en deux rangs fflifoicnt à droite & à gauche , en avant & en ar- rière , les geftes dont ils accompagnoient ces évo- lutions , tout cela fut établi par Ou-Ovang pour infpirer à fes nouveaux fujets une crainte falu- taire. La promptitude avec laquelle les Danfeurs fe retiroient dans le même ordre qu'ils étoient venus , étoit l'image de la promptitude avec la- quelle Ou-Ovang , après la défaite de Tcheou- Ovang , reçut les hommages de tout l'Empire. La manière grave dont les Danfeurs fe tenoient debout les uns vis-à-vis des autres , repréfentoit le refpeft des Rois étrangers , qui venoient à leur tour reconnoître la Souveraineté de Ou-Ovang, Explication. Les Danfeurs des deux côtés tenoient des ef- pèces d'armes de la main droite , & une efpèce de bouclier de la main gauche. Il y avoit une pe- tite cloche attachée à chaque bouclier. Ou-Ovang qui venoit de conquérir l'Empire, vouloit , par cet appareil guerrier & extraordinaire , infpirer de la terreur à fes nouveaux fujets , & empêcher par là qu'on ne tramât aucune révolte conue lui. il y i: 5 C H r 73 La divîfion (les Danfeurs en deux rangs repré- fentoit les deux armées en préfence. La retraite des Danfeurs figurolt ia promptitude avec laquelle Ou Ovang fut vi£lorieux & triomphant. L'mao- tion des Danfeurs pendant un certain tems, rc- préfantoit les Rois & les peuples rendant hom- mage à Ou-Ovang, & recevant de fa main libérale îa paix & la tranquillité'. Voilà à -peu -près le fens du dialogue entre Confucius &. le Muficien Pin-Mou-Kia : ce qui- fuit eft un précis fait par Confucius lui-même. T E X T E I X. Vous avez fans doute entendu parler de îa fa- meufe revue que Ou-Ovang fit de fes troupes' dans la prairie qu'arrofe le fleuve Jeaune , & qui porte le nom de Mou-Yé. C'eft à la tétc de ces mêmes troupes qu'il alla comhsiiirQTcheouOvang, & qu'il remporta fur lui une vi£toire complstre. Après la mort du dernier des Chang, il fe retira' dans le pays des Tang ( c'eft à Po-Tcheou-Ou- Honan ) ; il y fut à peine arrivé, que , fans def- cendrede fon char, il fit ladiftribution fuivante: Il affigna à un des defcendants de Hoang-Ty , le paysdeiC/e, dont il lui donna la fouveraineté. Un des defcendantsd'Ktzo reçut pour appanagele pays de Tchcou ( dans le liou-Kouang ). Un de 74 C H I ceux qui reconnoiflbient Chun pour îeur ancêtre, fut fait Roi de Tchen ( dans le Honan ). Après. avoir ainii pourvu à 1 ctablifl'cment de ces trois familles, il defcendit de fon char; il donna la Principauté de Ki à un des defcendants du grand Yu , & celle de Soung à un des peiits-fils d' Yu. II fe tranfporta enfuitc au tombeau de riliuftre Fi- Kan ( Miniftre de Tcheou-Ovang , à qui ce Prince cruel fit arracher le cœur pour complaire à Ta- Ki y fa perfide époufe ). H fit tomber les fers des niains de Ki-Tfée ( autre Miniftre de Tchcou- Ovang , qui ctoit alors Prifonnier ) , & lui donna une des grandes Magifiratures de l'Empire , en lui recommandant de remplir fa charge avec la même intégrité & la mcme exaftitude que l'a- volt exercée celui qui, du tems de Tang-Ovang, en étoit revêtu , & dont Ki-Tfée étoit defcendant, Après cela Ou-Ovangic tourna du côté du peu- ple , &. lui adreflantla parole , il lui dit : vous êtes aujourd'hui mes fujets , je ne prétends pas que vous vous conduiriez comme vous avez fait du , tems de Tcheou-Ovang, dont vous fuivicz les j mauvais exemples. C'eft moi que vous devez pren- ^ dre déformais pour modèle , puifque c'eft de moi \ que vous devez recevoir des loix. Vous , Manda- rins fubalternes , reniplidez à la rigueur toutes les obligations de vos emplois ; dès à-préfent je vous |> aflîgne pour revenu , le double de ce que vous rC' *' ceviez ci-devant. > i C H I 75 Après avoir réglé les affaires , & donné les or- cires à Fo-Tcheou , Ou - Ovang paHa le fleuve Jcaune ( Ho-Angho) , & fe tranfporta du côté de l'Occident. Là il renvoya tous Icf chevaux,cominô îui étant, dcforinais inutiles , & les fit conduire fur la Montagne HoaChan , au Nord du fleuve. II voulut , par cette aftion , perfuader au peupi© «ju'il ctoit fans crainte , fans défiance , qu'il ne pcnfoit plus à aucune guerre; mais qu'il étolt déformais déterminé à jouir & à fa.re jouir fes fujets de tous les avantages d'une douce paix. Les chars armés en guerre, les cuirafies , les lances & les boucliers, enveloppés dans des peaux de tygres , furent enfermés dans des Magafins. Les principaux Officiers de fes troupes , qui s'é- toientleplusdiftingués par leur valeur & leur fidé- lité , furent faits Souverains , chacun de quelque petit pays; cependant ils n'eurent pas le nom de Roi , ils eurent feulement le titre de Kien - Kao ( comme qui diroit braves de l'Empereur, ou plus h la lettre , vjillant fourreau ). L'exaftitude &. la gravité avec lefquelles Ou- Ovap.o faifoit les cérémonies en l'honneur de fes r> ancêtres , infpira aux peuples l'amour & le rcf- peft envers les parents. Ce fage Prince appella tous les Pvois fes tributaires, £c les inftruifit de ieurs obligations envers les fujcîs qui leur étoient I ■ ■ • -'^^ ^ yè C H I 'i confiés. En îcur préfcnce il voulut lui-même faire v| în cérémonie du labourage de la terre. Ce ft ainfi | que Ou-Ovang fe fit refpefter de tout l'Empire. i ' II donnoît l'exemple des cinq chofes qu'il recom- mandoit principalement. Il aiïigna un lieu parti- culier où l'on devoit nourrir les trois fortes de ' vieillards ( qui font les vieillards vertueux , les t vieillards favants , & les vieillardiqui , fans avoir ; îe degré de vertu & de fcience qu'avoient les ; premiers, avoient toujours mené une vie irrépro. f chable ). Ce vertueux Prince affiftoit lui-même • \ une fois l'année à leurs repas;il trouflbit fes man- t ches pour fe difpofer à les fervir; il dépeçoii les F viandes ,.il portoità chacun quelques adaifonne- i ments , comme s'il avcit voulu par là éguifer leur \ appétit; il leur fervoit à boire; enfin , revêtu de îa dignité Impériale , il ne dédaignoit pas de dan* fer devant eux , tenant en main le Kan. Tout cela fe faifoit en préfence des Rois fes tributaires,pour leur donner l'exemple de ce qu'ils dévoient faire r eux mêmes à l'égard de leurs fujets. La do£trinc de Oa-Ovangie répandit dans les quatre parties , du monde ; fes cérémonies » (a Mufique & fes | Danfes furent adoptées. Vojlà , dit Confuclus à * Fin-Mou K'ia , ce qu'exprlmoit la Danfc de O^i- ' Ovang. >', Tel eft à-peu-près le fens de cette Danfc , qu'oa • ) C H I -jj ne fauroit s'empêcher d'admirer ; Danfe inftruc- tive , qui retrace à ceux qui favent l'Hiftoire , un des plus fameux événements des faftes de notre Empire. Celui qui la compofa ne penfa pas moins à inftruipc la poftérité ^ qu'à faire connoître à fes contemporains quelle écoitia vertu , la fagelTe & îa valeur du plus grand Empereur de la Dynafrie des Tcheoii. Lorfqu'on étoit fpeOateur de cette Danfe , qu'on en voyoit les différentes évolutions, il fembloit qu'on avoit fous fes yeux le Conqué- rant de Tcheou , & qu'on étoit témoin de ce qu'il fit pour s'aflurer , après fa victoire , la pailible polTeffion de l'Empire. LaMufîque, les Danfes, les cérémonies des Anciens, ne faifoient pas une im- preffion légère ; elles reftoient empreintes dans l'ef^ prit& dans le cœur.Ainii finit le récit de Confucius. Les anciens ufages fe perdirent peu-à-peu. L'Empereur Kao-Ty voulut en faire revivre quel- ques-uns ; il compofa le Poème Fa-Foung-Ckc , qu'il fit mettre en Mufique , pour être chanté pendant les Danfes. Tay-Tfoung voulut auftr marcher fur les traces des anciens. A l'exemple de Ou'Ovang , il fit compofer une Mufique pour être exécutée pendant le tems qu'on rangeoit l'armée en bataille. Le même Tay-Tfoung fit compofer aufiî une Danfe guerrière, laquelle d'accord avec la Mufique^ devoit infpirer aux Soi» 78 C H T dats la vertu qui fait les Ilcros. Les Livresque traitoient des Danl'es ont été confervés pendant long-tems, mais ils ont été perdus fans elpcrance de pouvoir jamais les recouvrer. 11 nous refteroit à parler des Danfes modernes des Chinois , d'après les Mémoires qui nous font connus , mais nous nous contenterons d'ajouter ici quelePère Amyot, occupé à finir la vîe de Confucius, Ouvrage précieux de Morale & de Politique , fe propol'e de travailler à un Traité furies Danfes actuelles des Chinois; voici un extrait de la Lettre que ce favant Miffionnairc écrivit dans le temsà M. l'Abbé Rouffier en lui envoyant fcs obfervations fur la Mulique des Chinois « Je devois ajouter ici ce qui » concernelaDanfe,parcequeles Danfes ont tou- >» jours fait partie de la Mufique chez les Chinois; >» mais ce travail difficile & long , demande un l » peu plus de tems à moi que je n'en ai pour le I » préfent ; je n'y renonce pas , & je m'y livrerai j » aufll-tôt qu'il me fera pol'fibie de le faire. Du | w rcfte , le mot (Je Danfe, Ou y ne porte pas, | ♦> dans l'efprit des Chinois , l'idée de gambades [■' » & défauts, mais l'idée de quelques pofitions f w du corps fit attitudes méthodiques , ou plutôt I »> l'idée d'un art inventé pour exprimer fes pen- »» fées fans le fecours de la parole , par le moyen / C H I 79 w de quelques évolutions & de quelques gefies » faits avec méthode. A Vek'in , It co' de la première Lune de la quarante-quatrième année du règne deKxLXi-Xj^ng^ cejï-à-dirct te y Mars l'J'jg. Pourrions-nous refufer notre admiration à ce peup le fpirituel, qui , depuis fi long-tems , cultive les Arts. Chez lui la Religion & Is Gouvernement concourent à faire fleurir la Politique, qui n'eft que l'adrefle de tourner les bonnes & les raauvat- fes qualités des Particuliers vers Je bien public. La proteftion qu'il accorde aux Arts , eftpourîui une aft'aire d'Etat , comme elle en fera toujours une pour un Miniftre fage 2c citoyen éclairé, .r Si la Danfe & îa Mufique ne font pas parmi nous les mêmes progrès qu'on eft en droit de les attendre de la protection particulière de nos Rors, nous ne devons nous en prendre qu'à l'indiftcrcnce du Public ; ne connoiflant pas les règles de l'Art , il ne peut fentir le mérite de fes produftions , les cfîimer, les aimer, les apprécier; & n'cft-iJ pas étonnant que , dans la Capitale de la France, il n'y ait pas une feule école publique de Mufique , une feule école publique de Danfe : nouscourons à nos Théâtres applaudir avec tranfports à nos Danfeurs ; nous fomnics fous de Mufi- que j & , pour fatisfaire notre paflioa , nous 8o C H I appelions les talens étrangers , plutôt que de fonder des Chaires pul?liques de Mufique & de Danfe. Cependant nous avons des hommes exceU îents ; M. l'Abbé KouîTier , fi connu par fon Mé- moire fur la Mufiqiie des Chinois , par fon Traité des accords, &c. eft en Mufique le plus grand Théoricien ; il eft né pour inftruire ; pourquoi régligeons-nous de mettre fes talens à profit? Depuis quelques années des perfonneseftimabîes confacrent des fonds à la Littérature & à la Mo- rale; ofons efpérer que des Amateurs riches & bons citoyens, établiront enfin une école publi- que de Danfe, une école publique de Muiique, où notre jeunefle viendra s'inftmire , & fc rendra un jour célèbre par fes talens. . CHIRONOMIE. C'eft l'Art de faire de bonne grâce les geftes & les autres mouvemens du corps. Fabius fait remonter cet Art ai»c tems héroïques , le fait approuver par Socrate , dit que Platon le mit au rang des vertus civiles , & que Crifîppe ne l'oublia point au nombre des pré- ceptes pour l'éducation des enfants. Xénophon , dans fon feftin, diftingue mani- fcftementde la Danfe , la Chironomie. La Chironomie eft fort ancienne , pulfqu'il en eft parlé dans Hypocrate ; il femble qu'elle confiftoit originairement à faire feul, & fans adverfaire , *i GHI- 8ï aiverraîre , les mêmes geftes & les mêmes mou- vements des bras & des mains que l'on faifoit dans les véritables combats & dans les Danfes militai- res , telle que la Pyrrique. Or , quoique cet exer- cice ne pût s'accomplir fans faire plulieurs fauts' & plufieurs autres démarches qui exigèrent né- ceflairement les divers mouvements des bras; ces fortes de Pas n'étant aflujettis à aucune cadence , m réglés par aucune mefure , ne méritoient pas proprement le nom de Danfe , mais il paroît que dûns la fuite la Chironomie s'introduifit , non Seulement dans les Danfes Militaires , mais en- core dans celles de Théâtre-, & dans prefque tou- tes les autres , puifqu'elle faifoit la meilleure partie de l'art & de l'habileté des Pantomime?. Juvénal , dans fa cinquième Satyre, fait men- tion de cette Danfe , au fujet d'un Maître d'Hôtel , ou plutôt d'un Ecuyer-Tranchant , qui danfoit en fervant fur table , & qui excrçoit une efpècede Chironomie en coupant les viandes avec tant de légèreté & d'adreiïe , qu'il fembloit faire voler le couteau dont il fe fervoit Struclorein întereà , ne quâ îndignatio défit , Sahantemfpecles j & Chironomontayolanù Cutello , don C H O 8^ <ïonrervant îe Chant & la Danfe , il joua lui- même un rôle intéreflant. Apres les perfccutions qui troublèrent la pai:^ des premiers Chrétiens , le calme qui fuccéda leur ' iaiffa la liberté d'éîevcr des Temples. On difpofa CCS édifices relativement à cette partie extérieure du culte. Ainfi , dans toutes les premières Eglifes , on pratiqua un terrein élevé , auquel on donna le nom de Chœur. Il étoit , comme dans les Temples de l'ancienne loi , féparé de l'Autel , & fermé eit cfpèce de Théâtre. Tels font ceux qu'on voit en- core aujourd'hui à Rome, dans les Eglifes de Saint Clément & de Saixit-Pancrace. C'eft là qu'à l'exemple des Prêtres & des Lé- vites , le Sacerdoce de la loi nouvelle formoit des Danfei facré.es à l'honneur du Dieu des Chrétiens. Le célèbre Pilade fut le premier chez les Ro- mains qui joignit des Chœurs de Danfes à fes repréfentations; il eut foin que leurs pas, leurs figures, fullent toujours d'accord avec l'aftion principale. Il les habilla avec magnificence , & ne lailTa rien à dcfirer pour faire naître , entretenir, & porter à fon dernier point le charme de l'illufion. CHORÉGRAPHIE, ou l'Art d'écrire la Danfe à l'aide de différens lignes, comme on écrit îa mufiqueà l'aide de figures, ou de caraftères F a ^K S4 C H O àiCignds par la dénomination Je notes. C'cft un de ceux que les anciens ont ignoré , ou qui n'a pas été tranfmis jufqu'à nous. Thoînct y^/-/'faw,ChanoincdeLangres,s'ert dif- 'tingiié le premier p.-ir un traité qu'il donna en 1588, intitulé Orchéfographîe. II écrivoit au def- fous de chaque note de l'air, les mouvemensêc les pas de Danfe qui lui paroiflbient conve- nables. Bcauchamps donna enfuite une forme nouvelle à la Choré graphie ^'Si. perfeftionna l'ébau- che ingénieufe de Tho'inct Arl>eau ; il trouva le moyen d'écrire les pas par des fignes auxquels il attacha une fignification & une valeur difié- reates , & il fut déclaré l'inventeur de cet art, par Arrêt du Parlement. Feuillet s'y attacha fortement , & nous a laiHé quelques ouvrages fur cette matière. L'ordre que l'on doit fuivre dans cet article eft déterminé par l'expofîtion même de l'art. Il faut commencer par l'énumération des mouve- mens , & pafler à la connaifTance des caradères qui défignent ces mouvemens. Dans la Danfe on fe fert de pas, de plies, d'élevés, de fauts,de cabrioles, de tombés, de gliOés, de tournoiemens de corps, décadences, de figures &c. , La pofitlon eft ce qui marque les différentes ' C H O 8< Situations des pieds pofés à terre. Voyet^hmot Positions. Le pas cft le mouvement d'un pied d'un lieu à un autre. Voyc-\ ce mot. Le \)\'i6 eft l'Inflexion d^es genoux, L'ëievé eft l'extenfion des genoux plies ; ces deux mouvements doivent toujours être précédés l'un de l'iiutre. Le fauté eft l'aflion de s'éfancer en rair,enforte «jue les deux pieds quittent la terre : on commence par un plié , on étend enfuite avec vîtefle les deux jambes, ce qui fait élever le corps qui entraîne après lui les jambes. La cabriole eft le battement des jambes qvs l'on fait en fautant, lorfque le corps eft en l'air. Le tombé eft b chute du corps , forcée par fon propre poids. Le ç)\lïé eft l'aflionde mouvoir le pied à terre fans la quitter. Le tourné eft i'aftion d& mouvoir le corps d'un côté ou d'un autre. La cadence eft la connoiflance de différentes mefures, & des endroits de mouvements les plus • marqués dans les airs. P^oye\ ce moi. La figure eft le cbcm.n que l'on fuit en danfant. La falle ou le théâtre, eft le lieu ou l'on danfs; il eft ordinairement quarré ou parallellogramme. f 3 U C H O Le cîiemtn eft la ligne qu'on fuît r cette Ifgne peut être droite, courbe, & doit prendre toutes les inflexions iniaginables & corrçfpondantes aux dilîerens deffins d'un Compofiteur des Ballets. Des pojltions. Il y a dix fortes de pofitlons en urage;on les divifc en bonnes &en fauiïes. Dans îes bonnes pofitions.qui font au nombre de cinq, les deux pieds font placés régulièrement, c'eft- à-dlre , que les pointes des pieds font tournées en dehors. Les mauvaifes pofitlons fe divifent en rcgu- îières , & en irrégulières ; elles dlfterent des bonnes , en ce que les pointes des pieds font , ou toutes deux en dedans, ou une en dehors, 6c l'autre en dedans. Dans la première des bonnes pofitlons , les âeux pieds font joints enfemble , les deux talons l'un contre l'autre. 1^, Dans la deuxième: les deux pieds font ouverts \ fur une mê.me ligne; enforte que la difiance entre \ îes deux talons eft de la longueur d'un pied. Dans la troifième: le talon d'un pied cfi contre Li cheville de 1 autre. Dans la quatrième : les deux pieds font l'un devant l'autre, éloignés de la difiance du pied entre les deux talons , qui font fur une même ligne. Dans la cinquième : les deux pieds font croifés, ■•"^^ ï C H Q 57. Fun Jcvant l'avitrc; enfone <^u.c le talon d'un' pied eft direftecnent vis-à-vis la pointe de I antre. Dans la première des fauflcs portions, qui font de même an nombre de cinq, les deux pointes des pieds fe toucîient & îes talons font ouverts fur une même ligne. Dans 1.1 féconde: îes pieds font ouverts de la difrance de la longueur du pied entre les deux pointes, qui font toutes dcUx tournées en dedans, & les deux talons font ouverts fur la même ligne. Dans la troifième : la pointe d'un pied eft tour-' re'e en dehors &. l'aiitre en dedans; enforte que les deux pieds font parallèles l'un à l'autre. Dans la quatrième: les deux pointes des pieds /ont tournées en dedans, mais îa points d'urr pied eft proche de In cheville de l'autre. Dans la cinquième : les deux pomtcs des pieds font tournées en dedans mais le talon d'un pied eft vis-à-vis la pointe de l'autre. On n'en dira pas davantage fur fes^ faufTeà^ portions , parce qu'elhs font inutiles pour les jeunes perfonnss qui apprennent à danfer ; on îaifie ce foin aux maîtres qui conduifent leurs écoliers; au furplus^ ces fauflcs pofitionr. ne fc trouvent guèrcs que dans les pas en tournant & dans les pas de Ballet. Foye-^ le mot POSTTIÔN'S. Z^^/'o^.' Quoique le nombre des pas dont oa F 4 - • 88. .. C HO fc fert Jans la Danfe, foit prefque infînî, on îcs réduit néanmoins à cinq, qui peuvent dé- montrer toutes les diflérentcs figures que !a jambe peut faire en marchant; ces cinq pas font: le pas droit yle pas ouvert Je pas rond, le pas tortillé ^ & le pas battu. On connoît par la lettre A placée orJlnaire- inent à la tête du pas, quelle eft fa durée; fieile eft blanche , elle équivaudra à une blanche de l'air fur lequel on Danfc; fi elle eft noire, elle équivaudra à une noire du même air; h c'eft une croche, la tète n'eft tracée qu'à moitié, en forme de C Dans le pas droit , le pied marche fur une ligne droite; il y en a de deux fortes, l'un en avant, l'autre en arrière. Dans le pas ouvert, la jambe s'ouvre; il y en a de trois fortes , l'un en dehors , l'autre en dedans en arc de cercle, & le troifième à coté, qu'on peutappeller^oî droit , parce que fa figure eft droite. Dans le pas rond , le pied en marchant fait une figure ronde; il y en a de deux fortes ^ l'un en dehors , l'autre en dedans. Dans le pas tortillé , le pied en marchant fc tourne en dedans, 6c en dehors, alternativement; il y en a de trois fortes , l'un en avant, l'autre en arrière, le troifième à côté. ^^^*ï^w C H O ^ S9 Dans le pas battu , la jambe , ou le pied , vient battre contre l'autre ; il y en a de trois fortes , l'un en. avant, l'autre en arrière, & le troificmc de côté. On pratique en faifant les pas plnfieurs agré- mens , comme, plié, élevé, iauté, cabriolé, tombé, glilVé , avoir le pied en l'air , pofer la pointe du pied , pofer le talon , tourner un quart de tour , tourner un demi-tour, tourner trois- quarts de tour, tourner le tour entier , &c. Le plié fe marque furie pas par un petit tiret panclié du côté de la tête du pas. L'élevé fe marque fur le pas par un petit tiret panclié perpendiculairement. Le fauté , par deux tirets perpendiculaires. Le cabriolé par trois tirets. Le tombé , par un autre tiret placé au bout da premier , parallèle à la dire£lion du pas , & tourné vers la pointe du pied. Le glifîé , par une petite ligne parallèle à Ja direction du pas , & coupée par le tiret en deux parties, dont l'une va vers la tète , & l'autre vers là pied. Dans le pied en l'air , le pas e(t trancbé. Dans le pofer la pointe du pied fans que le corps y foit por:é , il y a un point directement au bout de la ligne qui repréfente le pied. Dans le pofer le talon fans que le corps y foit, ço C H O porté, il y a un point direftcmcnt derrière, es qui rcprcfentc le talon. - Le tourner un quart de tour , fe marque par un quart de cercle. Le tourner un demi-tour , fe marque par un demi-cercle. Le tourner trois-quarts de tour , par les trois- quartsde la circonférence d'un cercle. Le tourïier un tour entier , par un cercle entier. Lorfqu'il y a plufieurs fignes fur un pas , on exécute les mouvements qu'ils reprcfententles uns apiès les autres , dans Iç mcme ordre où ils font placés , à commencer par ceux qui font les plus près de la tête du pas , qu'il faut confidérer divi- fés en trois parties ou tems. On fait dans le pre- mier tcms , les moiivemcns qui font marqués fur la première partie du pas; dans le fécond, ceux qui (ont placés fur le milieu ; & dans le troi- fième , ceux qui font placés à la fîn. Ainfi , quand il y a un ligne plié au commencement du pas , il lignifie qu'il faut plier avant de marcher ; de même des autres. Les fauts fe peuvent exécuter en deux maniè- res ; ou l'on faute des deux pieds à la fois , ou l'on faute en marchant d'un pied feulement. Les fauts qui fe font des deux pieds à'ia fois feront marqués fur les pofîtions ; au lieu que les fauts qui fe font en marchant fe marquent fur les pas. (C H O 91 Le pas fauté fç fait de deux manières ; ou l'on faure & retomtc furîa jambe qui marche , ou l'on faute & retombe fur l'autre jambe. S'il y a un figne faute fur un pis,' & point do figneen l'airaprès, c'cft une marque que le faut fe fait fur la jambe mcme qui marche ; s'il y a un jfigne en l'air^ c'cft une marque que îc faut fc fait fur l'autre jambe que celle qui marche. LaDanfe/de même que la Mufiquc, eft fans agrémens , fi la mefure n'eft rigoureufement ob- fer\'ée. Les Mefurcs font marquies dans la Danfc par de petites Jignes qui coupent le chemin; les inter- valles du chemin compris entre ces lignes, font occupés par les pas , dont la durée fc connoîtpar îes têtes blanches, noires ou croches , &c. qui montrent que les pas doivent durer autant de tems que les notes de la Mufique placées au-deflus de la figure de la Danfe; ainfi un pas dont la tête cft blanche , doitdurcr autant qu'une blanche de l'air fur lequel on danfe , & un pns dont la tête efi noire, doit durer autant qu'une noire du même air. Les pofitions marquent de même, par leurs têtes, le tems qu'elles doivent tenir. Il y a trois fortes de mefures dans la Danfc , la mefure à deux tems , la mefure à trois tems, & la mefure à quatre tems. La mefure à deux tems comprend les qirs de > 92 C H?) Gavottr , Gaillarde , Bourrée , Rigodon , Grgnc , Canario, &c. La mefure à trois tems comprend les airs de Courante, Sarabande, PaHacaille , CFiaconc, Menuet, Paflepied, &c. La mefure à quatre tems comprend les airs lents , comme,par exemple , l'entrée d'Apollon de l'Opéra du Triomphe de l'Amour, & les airs de Loure. Quand il faut laifler pafler quelques mefuresde l'air fans danfer , foit au commcncenfent, ou aa milieu d'une E>anfe , on les marquera par une petite ligne qui coupera le chemin oHiquement; il y aura autant de ces petites lignes que de me- fures. Une demi-niefure fera marquée par une demi-ligne oblique. Lorfqu'on aura un plus grand nombre de mefures d^ repos , comme , par exem- ple, dix , on les délignera par des bâtons, qui en vaudront chacun quatre ; les tems , demi-tems & quarts de tems , fe marquent par un foupir, un demi-foupir , & un quart de foupir , comme dans la Mufique. Aux arrs qui ne commencent pas en frappant, 'c'eft-à dire , où il y a des notes dans la première mefure fur lefquelles on ne danfe point ordinai- rement , comme aux airs de Gavotte , Chaconne, GigUe , Loure , Bourrée , &c. on marquera la valeur de ces notes au commencement. \^v C H O 93 - Lesfigurcs.dcs Danfes fe divifentnaturcîle- nient en deux cfpèces , que les Maîtres apptlîent régulières & irrégulières. Les figures régulières font celles où les chemins des deux Danfeurs font fymmétric enfemble, Scies irréguîières font celles où ces mcmes chemins ne font pas de fyirimétrie. II faut expliquer par un exemple ce que l'on tnicnd ^^rdis chemins Jymmétnques. Soient donc les deux lettres/?/) ; elles font femblables , mais elles ne font point fymmétrie; retournons une de ces lettres en cette forte , ç/? , onp q , elles fe- ront fymmétrie ; ainfî la fymmétrie eft une relTe'm- blance de figure ,-êc -une dilTemblance de pofition. Si on fouhaite un autre exemple , la contre-épreuve d'une eftampe , ou la planche qut a-fervî" à l'im- primer, font fymmétrie enfemb!e,ainfi que la for- me des caractères qui a fervi à imprimer cette feuille faifoit fymmétrie avec la feuille que le Lec- teur a préfentement fous les yeux. Il y a encore dans la Danfe des mouvemens des bras & des mains m.énagcs avec art. On place le caractère qui repréfente la main •droite, à droite du chemin, & le fécond carac- tère à gauche ; on obfervcra , quand on aura don- né une main , ou les deux , de ne point quitter qu'on ne trouve les mêmes lignes tranchés. 94 C H O Les iyfflsont des ports & dès mouvemens dif- fcrens, comme:- i . . - - Le bras tendu. - ■-..■::., Le poignet plié, :.*:3 s n ';::..- :.: Le bras plié. .....; • Le bras devant foi , en hauteur. > . Les deux bras ouverts. , .' ! . Le bras gauche ouvert, & le droit tout-à-fait pîié' Le bras gauche ouvert., Se le droit fermé du coude. Les deux bras ouverts. ; Le bras gauche ouvert^ Se le droit fermé du coude. Le bras droit ouvert , & le gauche tout- à-fait ferme. _ . . , Les mpuvemens des bras font ceux Du poignet de bas en haut, : Du coude de bas en haut. De l'épaule de bas en haut. Du poignet du haut en bas. Du coude du haut en bas. DeVc-paulc du haut en bas. Double mouvement du poignet de bas en haut, & de haut en bas. Double mouvement du coude. Double mouvement de 1 cpaulç. ^*-^-% C H Ô 9^ ' tes bras peuvent agir touis dfeulx en tbêthc ttms y ou l'un après l'autre : on connoit quand les deux bras aglfl'ent en même ten)s par une liaifon' allant de l'un à l'autre , .& fi les deux feras n'ont pas de liaifon , c'eft une marque qu'ils doiv-ent agir l'un après l'autre. F^oye:i^ le mot &RAS. Ce que nous avons dit jufqu'à préfent fuffit pour entendre comment on déchiffre les Danfeà écrites , en avenidant cependant d'une chofe ef-* fentielle à favoir ; c'eft que îorfque l'on trouve plufîeurs pofîtions de fuite , les mouvemens qu6 les portions repréfentent fe font en la même place ; il n'y a que les pas qui tranfportent Ift corps do Danfcur d'un lieu en un autre , & que Iz durée de la fonnne de ces mouvemens, qui doit être renfermée dans celle du pas précédent. Si la tète d'une poiicion eft noire , ou & elld cft blanche , & qu'il forte de fa tête un pas , alors on compte le tems qu'elle marque. Nous aurions pu expliquer ici le fyftêmc de M. Favier fur la Chorégraphie , mais nous nous contenterons de rapporter fon jugement fur les méthodes de Chorégraphie fur lefquelles il pré- tend que la Tienne doit prévaloir. « Les uns, dit-il, prétendent écrire la Danfe w en fe fervant des lettres de i'alphabeth , ayant » réduit, à ce qu'ils difent,, tous les pas qui fe 9 du fieur Feuillet , que nous avons fuivie ci- » devant , en y laifant quelques améliorations ) , » qui paroîç avpir plus de folidiié. Elle fe fait par » des lignes qui montrent la figure , ou le che- » min que fuit celui qui danfe ; fur lerqueîlcs » lignes on ajoute tout ce que les deux pieds » peuvent figurer , &c. ; mais quelques fucccs » qu'elle puilVe avoir , je ne lailVerai pas de pro- » pofer ce que j'ai trouvé fur le même fujct , & » peut-être que mon travail fcia auffi lavorable- » ment reçu que le lien , fans pourtant rien di- » minuer de la gloire que ce fameux génie s'eft » acquife par les belles chofes qu'il nous a » données ». Cet Auteur repréfente la falle où l'on danfe , par des divifions faites fur les cinq lignes d'une portée de Mufique ; chaque féparation de ces cinq portées repréfente la falîe , quelque largeur .qu'elle ait ; c'efi dans ces falles que l'on place les caractères ,/ C H O 57 cârafteres qui repréfentent tout ce que Ton peut faire dans la Danfe, foit du corps, des genoux, ou des pieds. L'idée de marquer les tems des pas par la forme ou îa couleur de leur tête , étoit venue à cet Au- teur , mais elle avoit e'té communiquée par Du- pré ; fie enfuite introduite dans la Chorégraphie du fieur Feuillet , où elle manque. La différence principale de ces deux manières , eft que dans celle-ci on marque la valeur des pas fur les ca- raftères des préfences , les différentes formes du caraftère de préfence, & leur valeur au-deffus marquée par des notes de Mufique. Ces marques feroient à la vérité d'une grande «tilité ; cependant l'Auteur ne confeille pas de s'en fervir j qu'on ne foit très-habile dans la Cho- régraphie & la Mufique. - 11 décrit tous les différens caraftèrcs avec îef- quels on peut décrire les mouvemens, aftions , pofitions que l'on peut faire dans la Danfe. « II w ne refte plus , dit-il, qu'à les aflembler, mais » c'eft ce qui fe fait en tant de manières , que d » je puis y réuffir , comme je l'efpère , j'aurai lieu ♦> d'être fatisfait de mes réflexions ». Nous allons voir comment l'Auteur y réuflît. Ces deux lignes ~ indiquent que le pied droit commence & achève fon mouvement, & que le pied gauche commence & finit le fien ,8 C H O après t ce qui cft marqué par la ligne c(c dcnus y qui eft pour le pied droit, laquelle précède l'au- tre , félon notre manière d'écrire de gauche à droite ; la ligne de deilbus eft pour le pied gau. che j elle n'eft tracée qu'après l'autre , ce qui fait connoître que le pied qu'elle répréfente ne doit marcher qu'après que l'autre a fini fon mouve- ment. . , Ces deux autres lignes font con- noître que le pied gauche commence & finit fon mouvement , & que le pied droit commence & achève le fien après. Ces deux autres lignes ~~ZIL_ indiquent que ie pied droit commence fon mouvement , & que dans le milieu de celui-ci le pied gauche com- nienceîe fien , qu'ils continuent enfemble;quc le pied droit finit le premier , & que le pied gauche achève après. Ces deux lignes " font connoître que le pied droit & le pied gauche commencent en- fcmble , & que le pied droit finit fon mouvement après celui du pied gauche. Ces deux autres lignes " '_ font connoître que le pied droit commence le premier fon mou-. vement , Scque ïe pied gauche connnencc après ; qn ils continuent eufemblc & fi nilTent en même tems. .. Ces deux autres lignes — -" font connoître C'H O 99 ffucîc pied droit & le pied gaucîie. commencent & finiflent leurs mouvements enfemble. y Ainû de toutes les combinaifons poflibles,'- deux: à deux des lignes , dont il feroit trop long de faire l'cnumération. On écrit auffi dans ce fyftémc l'air au-deflus de la Danfe , & le tout fur du papier de Mufique ordinaire , enforLe qu'au premier coup-d'œil , • une Danfe écrite en cette manière paroît un Duo ou un Trio , &c. /i deux ou plufieurs Dan- fèurs danfent enfemble. Quoique l'invention de cet Auteur fo't ingé- nieufe , l'on doit s'en tenir à celle de Feuillet , où la figure des chemins eft repréfentée, fur- tout depuis qu'on y a fait le cbangement com- muniqué par Dupré , au moyen duquel on con- noit la valeur des pas par la valeur de leur tête ;" & l'inconvénient de ne point marquer les cbe- inins , eft bien plus importantque celui qui réfultc de ne point écrire la Mufique fur les lignes 6c dans les intervalles, comme quelques Auteurs i'avoient propofé. CHOREION. Nom d'un air de Danfe des anciens , fuivantMeurfius. CHORODIDASCALUS. Maître du Chœur chez les Anciens, qui conduifoitia Danfe & le Chant , & battoit la mefure. •' * G 2 ,oo COM Les Latins l'appelloient Prœcmtor. C'cft ainfî •u'Horace.eft le Précenuur dans le Poème fécu- I^ire qui devolt être chanté par de jeunes garçons & de jeunes filles. Virgînum prima ^ puenque clans patribus ont , L£sbiumfervate pcdem t Tjieique poîlicis iclunu * C I N CE D U S. Ainfi appelle ab agitando cor-^ pore , fut d'abord chez les anciens un Danfeur, un Pantomime qui, en danfant ,contrctaifoit tou- tes fortes de chofes par les mouvemens du corps. Cette Danfe, qui d'abord ne s'exécutoit que fur le Théâtre, devint ^l'ufage dans les repas des Grands, C O M U S. Il eft regarde' comme l'inventeur de toutes les Danfes dont les Grecs & les Romainj embellirent leurs feftins. Un tableau dePhiloftraie h repréfente dans un fallon éclairé avec autant de goût que de magnificence; un chapeau de rofes orne fa tête ; fes traits font animés de vives couleurs , la joie eft dans fes yeux , le fourire eft fur fes lèvres. Ennivré de plaifirs , chancelant fur fes pieds , il çaroît fe loutenir à peine de la main droite fur un epieu;il porte à fa gauche un flambeau allumé qu'il la'ijjc pancher nonchalamment , afin qu'il brûle plus vîti. C O N TOI Le parquet clu faîîon eft joncîié Je fleurs. Quel- ques perfonnages du tableau font peints dans dçs attitudes de Danfe; quelques autres font encore ranges autour d'une table proprement fervie , mais le plus p;rand nombre eft placé avec ordre fous une tribune dans laquelle on découvre une foule de Joueurs d'Inftrumens qu'on croit enten- dre. C'eft un Bal en forme auquel Cornus préfide;; rien n'eft plus philofophique que cèite image CONTREDANSE. Sorte de Danfe de même nom qui s'exécute à quatre , & à huit per- fonnes, & qu'on danfe ordinairement dans les Bals après les Menuets, comme«étant plus gaie & occupant plus de monde f les airs de Contre-' danfe font le plus fouvent à deux temps ; ils doi- vent être bien cadencés , brilîans & gais, & avoir cependant beaucoup de (implicite; car comme on les reprend très-fouvent , ils deviendroient infupportables , s'ils étoient chargés. Les Contre^ danfes font prefque toutes des Gavottes qui fe danfent d'un air familier & badin , mais dont les figures s'exécutent avec tant de rapidité , qu'elles échaufient ordinairement. La Chaîne , la Chafle ; ia Jaloufie , les Cotillons , &c. font des Contre» danfes. CONTRE-TEMPS. On appelle dans la O3 102 C O N Danfe , des Contre-temps , lorfquc le pied qu'on doit pofer étant en l'air, on faute fur l'autre pied avant que de le pofer. Les Contre-temps du Menuet renferment trois manières différentes de fauter. L'une eft fautes avant le pas , la féconde eft fautée après le pas , & la troifième en faifant le pas. Dans la première , lorfque vous avez fini îe pas de Menuet , & comme vous le finid'ez du pied gauche, il faut porter le corps entière- ment deflus , & approcher le droit auprès à la première pofition, puis plier fur le gauche & vous relever en fautant; c'eft ce qu'on appelle communément ftuter à cloche-pied , & c'eft fauter avant le pas. Dans la deuxième , ayant le corps fur le pied gauche, vous repliez une féconde fois deflus , & puis étant plié vous gliflez le pied droit devant vous à la quatrième pofition , & vous vous relevez deflus en fautant , & c'eft fauter après le pas. Dans la troifième , comme vous avez îe corps pofé fur le pied droit, vous pliez deflus appro- chant le gauche tout auprès, puis en vous éle- vant vous le paflez devant doucement & vous vous laiflez tomber deflus en fautant, ainfî c'eft fauter en faifant le pas. Mais quand vous comprenez bien ces trois temps difîerens, vous les faites tout de fuite pour C O N tôj former votre Contn-temps dans tonte fon étendue. Les Dames doivent adoucir les Contre-temps. Les Contre-temps ne conviennent qu'à de jeunes per- sonnes , & à des perfonnes de moyenne taille; Les Corz/rf-rem/'j font de ces pas fautes qui animent la Danfe par les différentes manières de les faire; Il y a le Contre-temps de Gavotte,ou le Contre- temps en avant ; pour le faire du pied droit il faut avoir le corps pafé fur le gauche ; étant pofé à la quatrième pofitron ,1e droit derrière ,le talon levé , puis plier fur le gauche & fe relever en fau- tant defl'us ; mais du même temps la jambe droite qui étoit prête à partir pafle devant en fe portant à la quatrième pofition , & fur la pointe du pied , les deux jambes fort étendues ; cnfuite faites un autre pas du pied gauche en avant à la quatrième polîtionjCe qui fait le Contre-temps complet. Il fe fait de la même manière en arrière. Il occupe le même temps que le temps de Bourrée ordinaire. Le Contre-temps de côté fe fait différemment du Contre-temps en avant , furtout celui qui eft croifé. La différence eft qu'il faut plier fur un pied pour le Contn-temps en avant , & pour celui-ci on doit plier fur les deux ; fi vous voulez faire un Contre temps en vanant du coté gauche , il fe fait du pied droit ayant les deux pieds à la deuxième pofiàon , le corps droit dans fon à-plomb, & vou> pliez , puis vous vous relevez en fautant. Mais ^ 104 C O N comme le mouvement que l'on preiwî pour fautcf cft plus forcé que celui pour s'élever en demi- coupé , cela fait qu'en vous élevant , la jambe droite rejette le corps fur îe pied gauche , & elle refte en l'air fort étendue à coté , & de fuite vous faites un pas de cette même jambe , en la croi' fant jufqu'à la cinquième pofition, en pofant le corps deflus;puis vous faites de fuite un autre pas du pied gauche , en le portant à côté à la deuxième pofition , ce qui finit ce pas. Pluficurs îe font faire comme le Contre-temps en avant ; on fait aufTi de ces mêmes Contre - temps en tournant. Le Contre-temps de Chaconne, ou Contre-temps ouvert, fe fait le pied gauche devant ; & le corps pofé defTus. La jambe droite s'approche derrière & vous pliez, & vous vous relevez dcfius en fautant furie pied gauche , & la jambe droite qui cft en l'air fe porte à côté à la deuxième pofition , & le pied gauche fe porte foit derrière ou devant à la cinquième pofition , ce qui en fait l'étendue. Contre-temps à deux mouvemens ou Contre^ temps balonnc. Cette manière de Contre-temps eft des plus gracleufes & des plus gaies ; ce pas fe fait en avant , en arrière & à côté , les uns comm- îes autres. Pour le faire en avant & du pied droit ayant le gauche devant à la quatrième pofition, le corps pofé deflus, il faut plier & vous relever C O T lo^ en fautant fur ïe même pied , & la jamLe droite qui eft derrière fe pafle devant dans le même temps que vous pliez, & fe tient en l'air fort étendue pendant ce premier mouvement ; mais vous reprenez de fuite un fécond mouvement en pliant fur le pied gauche ; ce qui vous rejette fur le pied droit en formant un jette , ainfi ce pas eft compofé de deux mouvemens différens , favoir, plier & fauter fur un pied, & fe rejetter fur l'autre. Ce pas a pris apparemment l'épithètc de balonné , de Balon , fameux Danfeur. CORDAX,ouCORDACE. Nom dWe Danfe des Anciens, théâtrale & particulière aux pièces comiques ; ce nom lui venoit d'un Sa- tyre à qui l'on en attribuoit l'invention. Cette Danfe , vive, gaie & fort lafcive, répondoit à nos Gaillardes , Voltes , Courantes, & Gavottes, & on . ne s'avifoit guères de la danfer que lorfqu'on étoit ivre. Meurfius en parle dans fon Orchestre, & Pétrone en dit un mot en paHant , fans dire ce que c'eft. Il fait feulement plaindre Trimalcion de ce que perfonne n'a pris fa femme Fortunata pour danfer; perfonne , dit-il , ne fait pourtant mieux qu'elle cette Danfe que nous appelions Ja Cordace. C O T I L L O N S ( les ). Nom d'une Contre- danfe. Les Cotillons fe danfent à quatre ou à huit f-f^ jo6 G O U perfonncs & chacun fair fon perfonnage à fon tour. « ■ C O U D E. Le coude , comme Je poignet , a fon mouvement de haut en bas , & de bas en haut, avec cette différence que , lorfque vous pliez les Coudes , les poignets les accompagnent, ce qui empêche que les bras ne foient roides , ôt leur donne beaucoup de grâce , cependant il ne faut pas tant plier le poignet , parce qu'il paroî- troit outre ; & il en eft de même des jambes ; quand vous pliez le genou , c'eft le cou du pied qui achève le mouvement , en relevant le pas; & ainfi du coude avec le poignet. COUPE. C'eft le nom d'un pas. Ce nom, Participe-Adjeitit" de lui-mcme , eft devenu Sub- ftantif en retranchant le mot de pas. Le Coupé or- dinaire eftcompofé de deux pas , favoir , un demi- Coupc & un pas glifle. Le Glifle doit être plié à propos , élevé en cadence & foutenu gracieu- fement. On le fait de différentes manières ; le changement ne confiftc que dans le fécond pas, k premier eft toujours un demi-Coupé. Il fe fait une efpèce de Coupé que l'on nomme Gliffade. Voye-\ ce mot. C U F É ( Demi- ), Comme on ne peut fair* 'S cou 107 aucun pas plié fans un mouvement Ju genou , & qu'ordinairement les pas compofés de plufieurs pas, fe commencent par un Demi-coupé, foit du droite ou du gauche , il n'importe , puifqu'il fe fait d'un pied comme de l'autre. Je fuppofe donc que ce foit du pied droit , il faut avoir le pied gauche devant , à la quatrième pofition , îe corps pofé defl'us , en avant ; îe droit eft prêt à partir , puifqu'il n'a que la pointe qui pofe à terre. Ainfi , pour commencer ce Demi- coupé , vous portez le pied droit contre le gauche , à la première pofition , & vous pliez également les deux genoux , ayant toujours le corps pofé fur le pied gauche , le droit en l'air , fans qu'il pofe à terre , les deux genoux plies éga- lement , & tournés en dehors , la ceinture non plice , & la tête fort en arrière. COUPÉS DE MOUVEMENT. Ce pas eft un des plus gracieux , & le plus gai qui foit dans tous les dift'érens pas que l'on a inventé, tant par la variété de fes mouvemens, que par la fa- cilité d'acquérir beaucoup de grâce , lorfqu'on les fait bien faire ; en voici la manière : Lorfque vous prenez votre demi-Coupé, foit en avant, vous le pHez très-doucement , & vous vous élevez de même fur le pied qui a pafTé de- vant , leo jambes bien étendues : le corps fe portant îoS COU furie pied de devant, attire celui de derrière , qui s'étend également; mais dans le même moment vie talon du pied de devant fe pofe , fon genou fc plie , la jambe qui eft en l'air s'ouvre un peu à côté , & le genou , qui eft plié , en s'étendant re- jette cette jambe en devant , en vous laiflant tom- ber deflus , vous fautez à demi , ce qui s'appelle demi-Jetté, & termine ce pas. Ce pas eft diverfifié par ces mouvemens , puif- qu'il eft compofé de deux pas qui renferment deux mouvemens différens. Le premier eft de plier fur un pied , & de pafler l'autre en vous élevant deflus , ce qui engage à le faire avec grâce : le fécond eft de plier fur ce pied , & de vous relever avec plus de vivacité pour retomber fur l'autre en fautant à demi , ce qui donne à ce pas de la gaieté. C'eft la même chofe pour ceux qui fe font eit allant de côté , excepté que l'on porte le pied à la cinquième pofitlon pour le demi-Coupé , & à la deuxième pour le demi-Jetté. II y en a d'autres qui fe prennent de la première pofition ; vous portez ïe pied à côté , à la deuxième pofition , en vous élevant deflus , & du même tems vous pofez le talon à terre pour plier , & le demi-Jetté pour îors fc croife à la cinquième pofition , ce qui termine ce pas. cou 109 COURANTE. Sorte de Danfc ainfi nom- mée à caufe des allées & des venues dont elle eft remplie plus qu'aucune ^utre ; l'air en eft ordinairement d'une mefure à trois temps graves, & fe note en triples de blanche avec deux reprifes. La Courante fe fait d'un temps , d'un pas, d'un balancement, & d'un coupé. EHe reçoit aufft plufieurs autres pas ; autrefois on en fautoit les pas, & en ce point elle étoit différente des bafles Danfes & des Pavannes ; il y a des Courantes fimple & des Courantes figurées qui fe danfent toutes à deux pcrfonnes. Cette Danfe eft très-grave, & infpire un air de noblefle. Louis XIV la préféroit à toutes les autres Danfes , & la danfoit mieux que perfonne de fa Cour. Elle a toujours été regardée comme très-néceiTaire à favoir pour bien danfer, & fcs mouvemens font fi efTentiels qu'ils donnent une grande facilité pour bien exécuter les autre» Danfes. Il faut d'abord favoir que ce pas eft nommé tems , parce qu'il eft renfermé dans un feul mou- vement , & qu'il tient la même valeur que l'on emploie à faire un autre pas compofé de plufieurs mouvemens , voilà la différence qu'il y a du pas au tems. Ce tems n'cft pas feulement dans la Courante ; en le place dans toutes fortes de Danfes, où il iio CUL fait un bon effet & procure beaucoup de grâce au corps , par/csraouveniens doux & tcmpcrcs. Je (uppcfe que vous deviez le faire du pied droit, ayant le pied gauche devant, le corps pofé deffus , & le pied droit derrière , à la qua- trième pofition , le talon levé , prêt à partir ; de là vous pliez en ouvrant le pied droit à côté, &lorf- que vous êtes élevé et les genoux étendus , vous gliflez le pied droit devant jufqu'à la quatiième pofition , &. le corps fe porte dellus entièrement , mais à mefure que le pied droit fe glifle devant , le genou gauche fe détend , & fon talon le lève, ce qui renvoie avec facilité le corps fur le pied droit , & du même tems vous vous élevez fur la pointe ; enfuite vous baiffez le talon , appuyant tout le pied à terre ; ce qui termine le tems de. Courante. il fe fait des pas qu'on appelle feulement Tems, qui ne doivent pas être confondus dans la même manière de ceux-ci , quoique leurs premiers mou- vemens fe prennent de même , mais ils ne fe ter- minent pas comme les autres. Ce tems eft plié & levé , & vous portez le pied à côté fans le glifler , ce qui fait la différence de l'un à l'autre. CULBUTE. Saut périlleux où les pieds font le tour du corps tandis que la tête eft en bas. Les Baladins font pîufieurs Culbuus tout de fuite. ) ) DAN III Cet exercice étoit pratiqué à Rome dans les jeux du Dieu Confus , & confiftoit à marcher fur des outres que l'on avolt gralflees d'huile, ce qu'on ne pouvoit faire fans tomber fouvenL CURETES, ou CORYBANTES, (Danfe des ). Scion l'ancienne Mythologie , îes Curetés & ïes Corybantes,qui ctoient les Minlftres de la reli- gion fous les premiers Titans, inventèrent cette Danfe. Ils l'exécutoieait au fon des tambours , des fifres, des chalumeaux, & au bruit tumultueux des fonettes , des cllquettes^des lances , des épées , & des boucliers. La fureur divine dont ils paroifr foient faifis leur fit donner le nom àcCorybantes. On préiend que c'eft par le fccours de cette Dunfé qu'ils fauvèrent de la barbarie du vieux Saturne , le jeune Jupiter, dont l'éducation leur avolt été confiée. CYCLOPEA. Sor:e de Danfe qui fefaifolc à la manière des Cyclopes , & dont parle Horace. D. DANSE. II y a naturellement dans la voix des fons de plalfîr & de douleur, de colère, de tendreffe , d'afîliaion , & de joye. Il y a de même dans les mouvements du vifage & du corps des ïii DAN geftes de tous ces caraftères. Les uris ont éti les fources primitives du chant , & les autres de la Dank. Le corps fut paifible ou s'agita , les yeux s'en- fïammèrent ou s'ctcignirent, le vifage fe colora, ou pâlit, les bras s'ouvrirent, ou fe fermèrent, s'élevèrent vers le Ciel , ou retombèrent vers la terre; les pieds formèrent des pas lents ou rapides; tout le corps enfin répondit par des pofuions , des attitudes , des fauts , des ébranle- mens , aux fons dont l'aine peignoit les mouve- mens , &. c'eft cette exprefllon qu'on a nommé Danfe. - . : Les différentes affections de l'ame font donc l'origine des geftes , & la Danfc qui en eft com- pofée eft par conlequent l'art de les faire avec grâce & mefure , relativement aux ait'e£tions qu'ils doivent exprimer. Aiiffi a-t-clle été définie par les Philofophes qui l'ont le' mieux connue , \'art des Gcjles; quoi- qu'ils folent tous naturels à l'homme; on a cepen- dant trouvé des moyens pour donner aux mouvc- mens du corps Ics a^iémcns dont ils étoient fufocptlbles. La nature a fourni les pofuions, l'ex- périence a donné les règles. Il eft très-vraifemblable que les hommes chan- tèrent d'abord les bienfaits de Dieu , St. ils dan- fièrent, quoique fans doute allez mal, pour expri- mer "^-s , / h DAN. 113 ber leur refpéfi &. îeur gratitucîe, àulTi là Vanfe Sacrée ef-elle la plus ancienne , & la fource dans laquelle on a puifé dans les fuite? toutes les autres. La Danfe Sacte'e èft donc celle que le peuple Juif pratiquoit dans les fêtes folemnelles établies par la Loi , Ou dans des occafions de réjouiflance publique , pour rendre grâces à Dieu, l'honorer & publier fes louanges. On a encore donné ce liom à toutes les Danfes que fes Egyptiens , les Grecs & les Romains inllituèrent en l'honneur de leurs Dieux, à celles qu'on prniiquoit dans la primitive Églife, & st toutes les autres en Un mot, qui, dans les difte- rentes religions du monde,ont fait partie du culte reçu. F^o/q Danse Sacrée. Les hommes qui d'abord s'étoiént fervi de la Danfe dans leur culte , pour exprimer leur joie & leur reconnoinahce , l'employèrent bientôt dans leurs plaifir?. ■ /brs les Philofophes , peut-être par (impie curiolité , & les Li'giflateurs, fans doute par. des hiotifs plus utiles , examinèrent Cet exercice avec la fagacitc que donne l'efprit & les vues qu'infpire la prévoyâhce. II devint ainfi la ma- "tière des obfervations des uns , & l'objet de plufieurs loix établies par les autres. \ ' Dans la fuite , lorfque îe génie s'échaufîant pai H „4 D A N degrés , parvint enfin jufqu'à la combinaifon Je» fpe£lacles réguliers; îa Danje fut une des princi- pales parties qui entrèrent dans cette grande compofition. Eiie fut donc dans les premiers une exprefTioir lîmpîe de joie dans les fêtes publiques ou parti- culières, & fucceiïîvenient les différentes images qu'elle peignit dans les occafions , quoique plus compofées, leurs furent cependant toujours rela- tives. Elle étoit telle lorfque IcsPhilofopIies l'ana- liscrent, pour ainli dire, & que les Légllïateurs en profilant de leurs obfervations, l'employèrent dans Tcducation conuue un moyen facile de don- ner du refibrt aux forces du corps, d'entretenir fon agilité & de développer fes grâces. Ces deux objets firent naître l'idée de lui en faire remplir un trolfième. On -la porta au Théâtre, & dès-tors -plus combinée , ayant toujours une aftlon Il peindre fufceptible de tous les embellifleniens, ilîe fut vraiment un art qui marcha vers la per- fection, d'un pas égal avec la Comédie & laTra- gédle. ydycT^ ACTION THÉÂTRALE. A mefurc que la Danfc devint un art , & qu'on îa cultiva comme un exercice, le charme qui en lélulta pour les Exccutaus & pour les SpeiSlatours redoubla la paffion qu'on avoitdéja pour ce genrs cTamùfement. ' . ' '" . ...Le nombre des Danfes fe miïtipîia. Vo/^-^ fi AN H5 Meurfîas. Lé goiît àffigna leurs Jivcrè câiaflèresj la mufique , Ci exprefave chez les Grecs, fuivitles idcss prlmiiives dsns Its airs qu'elle compofa , 8ç chacune des fêtes qu'on cclcbroit devint un fpec«* taclc anime dorir tous les citoyens étoicnt Aciears & Spe£îateurs tour-à-tour. Cet art porté au Théâtre chez les Grecs,y reçut piuP.curs accrollTemens glorieux fans perdre aucun de fcs premiers avantages; on l'y aflujettit à des loix trcs-fcvercs. II fallut qu'une expofition claire & précifc oft'rit l'idée de l'aciion qu'elle devoit peindre, qu'un ncend ingénieux en fufpendit la jnarcnc fans l'arrêter, qu'elle arriva ainfi gra- dueilcincnt à un "développement agréable .par un dénouement bien omcnc quoiqu'imprévu. Les Grecs eurent toujours l'imagination fé- conde fv i'exccution facile. Ce Protée dontîa Fable raconte tant de merveilles, n'étoit qu'un de leurs Danfcurs qui par la rapidité de fes pas h. la force de fou expreffion , fembloit à chaque inftant changer de forme. Ils eurent encore , entre plu- ficurs femmes extraordinaires qui firent honneur à l'art , cette célèbre Empufe , dont l'agilité étoit fi grande,qu'elle paroifîbit & difparoiflbit comme un phantumc. C'eft l'amour des talens qui les fait naître. ' . ' , Au moment que les Romains montrèrent cfii goût pour les arts , ou les vit accourir en foule à H. 1 jiC DAN Rome ; ils s'y reproduifirent , s'y formèrent , s'y établirent ; mais l'art de la Danfc fut pcut-êtro celui qui y fut porté à un plus haut degré. Pilade & Batyle,les deux hommes en ce genre lés plus furprenans , vinrent y développer leurs talens fous l'empire d'Augufte. Le premier ima- gina les Ballets tendres, graves & pathétiques. Toutes les compofîtions du fécond furent vives, gaies & légères. Ils fe réunirent d'abord , bâtirent un Théâtre à leurs dépens & repréfentèrent concurremment des Tragédies & des Comédies fans autre fecours que celui de la fymphoniè & de laDanfe. L'Orchcftre commence; un AOeur ouvre la Sct;ne. Au moment qu'il paroît, la fymphoniè fe tait & la repréfentation continue. Sans autre nioyen que les pas , les pofitions du corps, les mouvemens des bras , on voit rcpréfenter fuccef- Cvement les amours de Mars & de Venus /le Soleil qui les découvre au mari jaloux de la Dèede, îès pièges que celui-ci tend à fa femme volage, &c à fon redoutable amant , le prompt ef^et de ces filets perfides qui, en comblant la vengeance de Vulcain, ne font que Confirmer fa honte, la^ confufion de Vénus , îa rage de Mars , la joie . niaîigne des Dieux qui accourent en foule à ce fpeftacle; toute l'artemblée enchantée applaudit, & le cynique Démétrius lui-même, dans un tranf- DAN 117 port cfc pîaifir qui lui échappe , s'écrie : non^ce nejl point une repréfentatîon , c'ejl la chofe même. AufTi cet Art fut-il porté à Rome à un point qui paroîtroit incroyable , fi on ne favolt les effets dont les Artifiej font capables , lorfque les récompenfes les encouragent , que les diftinc- tions les animent , & que refprit de la gloire les enflamme. Un Danfeur nommé Memphir , qui étoit un PhiloTophe Pythagoricien , exprimoit par fa Danfe , au rapport d'Athénée,, Liv. i , chap. 17, toute l'excellence de la phllofophie de Pythagore avec plus d'élégance , de force & d'énergie que n'auroit pu le faire le ProfelleurdePhilofophic Iç plus éloquent. Du temps de Doniitien , Tymèîe fut à Rome ce quo la fameufe Empufe avoit été dans la Grèce ; il n'y avoit point d'adlion théâtrale qu'elle ne rendit avec la force , la vivacité & l'énergie dont elle étolt fufceptiblej elle fut furtout fupé- rieure dans les tableaux de galanterie ; jamais on H ne la peignit avec tant de feu , avec des couleurs en même tems fi douces , & fi vives. Elle plon- geolt quelquefois les Spectateurs dans une efpècc de ravinement qui alîolt jufqu'à l'extafe. Les fem- înes , hors d'elles-mêmes , perdoient la tête & çrioient de plaifir. - Pilade,dans toutes fes Tragédies ,arrachoitdes H3 H it8 D a N. Jarmes aux fpeflateurs les moins fenfibles; les pleurs, les fangîots interrompirent plufieurs fols, la repréfentationdeGIaucus , dont le Pantomime Plancusjouoit le rôle principal, & Batylc en ^tw- nant les amours de Léda , avolt toujours caufé à pîufieurs Dames Romaines, très-refpeflables d'ail- îeurs , des diftraftions qui paUbientles bornes ds \». fenfibilité. Ch'ironomon Ltdan ^ molli /allante Baiillf ^ Tucciœ vcficce non imperat yipula , Cannhficut in awplexu. Juve'iul , Sat. 6. La Danfe porte'e cîiez les Grecs & cbez les Komains à fon plus haut point de perfeflion, ei'.t le fort de tous les arts. Ils difparurent à l'appror cbe des barbares. Mais après une longue fuite de fïècles, la voix d'un Médias les rappella,fic î'Itaîie attira de nouveau les regards des Nayons. alors le talent & le génie fe réunirent , & l'on vit" renaître avec la Peinture & la Poéfie , le charme de la Mufique &. les gracc;s de la Danfe. Vers la fin du quiiuiènie (iccle , Bergonçe dç Botta,Gentil-Honime de Lombardie,donna à Tur- tonne une fête éclatante à Gû/J^j, Duc de Mil?n, & à JfabdU d'Airagon , fa nouvelle époiife. H en parut une defcription qui courut toute l'Europe, h «jui donna dans la fuite, l'idée des ç;irciir^îsj DAN 119 <îcs Opéras & ^cs Ballets à machines. Ce dernier fpeftaclc parut fufceptible cîe la plus heureufc variété , &. comme il ponvoit reprcfcntcr les chofes iiaturelles , mervelUcufes , ou de pure fiftion ; on ïe divifa en Ballets hlftoriques , fabuleux & poéti- ques. La diftribution ordinaire de ces Ballets étoit en cinq Aftcs; chaque Afte étoit compofé de plu- fîeurs entrées. Dans ces entrées on voyoit des Danfeurs qui par leurs pas, leurs geftes , leurs attitudes, repréfentoicnt la partie de l'aftion générale dont ils étôleru chargés. On joignit à la Dan.^e des fymphonies , & des machines; & cç fpeflacle , enrichi des plus brillantes décorations j réunit toutes que le goût & la magnificence peu- vent enfanter. La mort tragique de Henri II ayant fait perdr»- en France le goût des tournois, les Ballets , les Mafcaradcs, & les Bals furent l'unique reflburce de la gaité Françoife. Cet art fut connu des Fran- çois avant tous les autres. Henri IV avoit été clev4 dans un pays où l'on Danfe çn naidant; auffi la Danfe fut-elle un des amufemens favoris de ce Prince. <4 H ne fat qucftion, dit Sully dans fes Mé- >» moires , pendant tout le tems du féjour de es i> Prince en Béam , eue de réjouinii.nces 6c de ga- » Icnte.ies. Le goût ce Madame , fcsuT du Roi , w pour ces dlvçrtiflemens, lui étoit d'une reHourçc • H 4 12P DAN » inépuifablc ; j'appris auprès de cette PrincelTe, »> continue Sully , le métier de Courtifan , dan? » lequel j'étois fort neuf. Elle eut la bonté dç »> me mettre de toutes fes parties , & je me fou- » viens qu'elle voulut bien m'apprendre eile- » m.êmc le pas d'un Ballet qui fut exécuté avec » beaucoup de magnificence «. La danfe étoit au berceau en France , lois dq rétabliflemcnt de l'Opcr^i. Quinaut fonda un nouveau Théâtre parmi nous , & voulut parler à l'oreille par les fons modules de la voix , £i. aux yeux par les pas , les geftes , & les niou\ çmeiiS inefurés de la Danfe. H fs ménageoit par-là un nouveau genre d'aclicn théâtrale , qui pouvoit donner un feu plus vif à l'cnfcmble de fa com- pofition. Il étoit donc néceflaire pour rciuplir cet objet, que la Danfe conferva le caraiièrç d'imitation & de repréfentation que doit avoir tout ce qu'on introduit fur la Scène ; les dcffirs de Quinaut demandoient dss Danfcurs confom- lîiés. Le plan étoit en grand , il fallut le relVcrrer, îcrapctilVer, pour le proportionnera la force des fu]ets. Cependant la nouveauté du fpr:6^acle le fit recevoir tel qu'il étoit, avec un applaudillement unanime , & le plaifir qu'on y trouva , fit regarder îes Ballets comme des chef r d'œuvrcs , les Dan- feurs comme des modèles. On ne crut donc pouvoir mieux fair; que dç ****s. ) DAN 121 fuivre fçrviîement ce qui avoit fait l'objet de lad* niiration publique, &, pendant plus ce foixantc ans , on n'a danfé conftaniment que les mêmes chofes , & de la même manière. Mais quelle e'toit cette Danfe & jufqu'à quel point avoit-elle été portée? Développer les belles proportionsdu corps, mettre de la prccifion dans l'exû:utlon des airs , déployer fcs bras avec grace^ former les pas avec légèreté; telle cft l'idcc que les fpcdlateurs & les Danfeurs médiocres avoient alors de la Danfe noble. Aucun des Auteurs qui depuis Quipaut ont travaillé pour le Théâtre Ly-» rique , ne paroît avoir connu la Danfe en action j Fufelier elt le feul qui ait tenté de rintroduir<% Cependant l'hiftoire de l'art prouve que les Paafeurs de génie n'ont eu que ce fecours pour arriver à la gloire , & que les poflibilitcs font les mêmes dans tous les temps, La Danfç fimple eft poud'ée àc nos jours aufllî loin qu'on puifle la porter. Nul Danfeur ne for- mera les pas avec plus de variété , avec plus de brillant que M. Lani, Qui fait mieux fe defllner &. donner plus de graçe à fes attitudes que M. Dauberval? Nulle Actrice n'arrivera jamais à une précilion plus naturelle , à une gaité plus franche que celle de Mademoifelle Guimard. Que fcroit Mademoifelle Salle elle-même auprès de Macle- pioifclle Théodore ? L'exécution du gr^md Dupri %^^ IÎ2 DAN pourroit-elîe être comparée à celle Je nos divins Veftris ? Il ne faut que. l'arrangement de ces rnêmes chofes pour rendre à nos yeux uneaftion Théâtrale. II s'élève parmi nous des talens modernes pleins d'ambition , & afléz inftruits des poffibili. tés de ï'nrt , pour fe les rendre propres. Leurs places font marquées déjà dansl'Hiftoire, àcôté des Artiftcs fameux de l'antiquité. Ce que les Protées & les Empufesont exécuté chez les Grecs, C- que les Romains ont vu faire à Pilade , à Ba- tyle 6; àTymclc , peut être encore exécuté par r.os Danfcurs exercés. Notre Théâtre connoît îcs bons principes, £c nos Acteurs , guidés par le goût Se les lumières de .M. Novcrrc , iront auAi loin dans la Danfe que les célèbres Danfeurs du fiècle d'Augufte. Un autre obftacle qui s'oppofc aux progrès d» l'art Si. qui empêche que la Danfe ne foit uns expreffion de l'aftion principale, c'eft , dit M. de Cahufac , que « chacun des Danfeurs fc croit un » être à part& privilégié ; il veut avoir le droit de »> paroître feul deux fois dans quelque Opéra que »> l'on mette au Théâtre; il penferoit n'avoir pas » danfé s'il n'avoit fcs deux entrées pariiculicrcs; » il les njufreà fa mode, & fans aucune relation » direfte ou indire£te au plan général qu'il ignore, >» et qu'il ne s'embarraHe guères de connoitrç».' > DAN 123 Une des grandes obje£lions des Danfeuis modernes contre la Danfe en aftion , c'eft , difent- Hs, que les grands Maîtres ne l'ont pointpratiquce, & que fans doute elle leur a paru un obftacloi au développement des grâces , à la prccifion des mouvemens, à la perleftion des tlgures. Mais csj . que les Romains ont vu faire à PiladclkaBatylef peut encore être exécuté parmi nous. En 173-. Mademoifelle Salle rçpréfenta a Londres avec le le plus grand fuccès , deu>; actions Dramatiques compljtie'î, V Ariane & le Piqmalion. Un Dan- feur & une Danfcufc exécutèrent à Sceaux la Scène du quatrième A61e des //ortza'5 dans laquelle le jeune Danfeur qui repréfentoit Horace, tue. Camille, & Icnr Danfe la peignit avec toute l'énergie dont elle étoit fufecpiibîc. Tous les jours nous voyons le Bas-Comique rendu avec naïveté par la Danfe Pantomime. On us doit donc fj défier , ni de Tes forces, ni de l'art , lorfqu'on ^ l'unibition de vouloir y exceller. LA DANSE. ODE. 8 U R îa trempette FiéroVquc Je n'.iccorcîc point inci airs ; La fagc'fic du portique J^'appcfantit point mes \\ri. 1»^ 124 DAN Viens, Tcrpficore (i) riante j ] Ce font tes jeux que je chante , Ils te doivent leurs appas : Viens , danfc au fon de ma lyrç , Et rend les airs que j'en tire Auffi légers que tes pas. Venez, Dieux, venez , Dc'efTes, La Dnnff (2) aux picd^ des Autels Mena jadis vos Prétrcrcs OiTrir les vœux des Mortels. Soleil (3) , par ce feul langage, L'Indien rendoit hommage A ta féconde clarté: Des Saliens fous les armes Les Danfes, Dieu des allarmei, Plaifoicni même à ta licriô. Du Temple viens fur la Scène, . Danfe, viens-y difputer Aux efforts de Melpomènc, L'honneur de nous enchanter: • Non , que tes charmes s'unifient Aux Vers, aux Chants qui rempliffent Le Speftacle (4) que je vois : (i) Décflc de la Danfc. (a) Danfes Sacrées. (5) Danfe des Bracmançj. (4) L'Opéra. W: J DAN Vous n*aurez de rcflemblancc Que la loi de la cadence Qui vous aflervit tous trois. Mercure du fombre Empire A-t-il traverfe' les flots ? Son caducée en retire Une foule de Héros (i). Une Puiflance foudaine Leur rend l'amour ou la haine Dont ils furent agités : iMouvemens qui dans moi-même, Par un prefîige que j'aime, Seront bientôt tranfportés« ^^ Tout ce que la langue exprime , Saifit lentement i'cfprit; Par la Danfe (2) tout s'anime; En un inftani tout eft dit : Ses geftcs , fes pas agiles. Ses Caraflères mobiles. Décrivent nos fentimcns; Et ces vivantes peintures Changent d'autant de figures , Que le cœur de mouvemens. "5 (!) Sujets & Perfonnages de» Ballew. (2} Danfes de Caraaèrcs. >.ré-' t 12^ 13 A K" La Crainte, p^SIe & tremblante j Traîne des pas languiffans; La Colère ctincelante , Rouie des pas bondi;'ans ; Agite par In:erval!es , Tombe à cliûtcs inégales Le DcTcrpoii' plein d'horreurs^ La libre & vive Allcgrcni* Coule avec plus de molleni: Que Zephyre fur les fleurs. Grèce, fe'cotide en miracles j Chez toi cet Art féduOcur Fit admirer des fpe«^aclcs Formes par uu fcul Ailcur (i) j Ses atcitudes parlantes , Ses pas , fcs mains éloquentes , Tracent une hilloire à nos yeuxj Fécond , il fc nuihiplic ; Ccft Telcphe qui fupplic { ■ C'cft OrcAc furieux» «■«• •.: .^: Toi, qui prêtes à l'Hirtoirtf Ton niafque & tes omcmefts , Fable, dis-moi , dois-jc croird Proiée & fes chnngcmenS? ' Je commence à mieux connoître Ce mortel qui fembioit être ..Cç qu'il. vouloitlmiier; -. (.') Pantomime. \ D A N Admirable Pantomime , Que la furprife unanime Au rang des Dieux ht monte?»'. Quel couple (i) aimable s'avance? Ce font deux amans heureux; J'interprète leur filcnce , Et j'entends parler leurs feux ; lis fe fuivent , ils s'évitent , Ili fc joignent , ils fe quittent } Feinte pleine de douceur 1 L'un devant l'autre s'arfête. S'applaudit de fa conquête , Ou rend gloire à fon vainqueur* D'UK E troupe plus nombreufe'(2), Jvlufe , règle les accords ; D'une joie impc'tueufe Rend dociles les tranfports ; Forme une Danfe (j) nouvelle, ï)t de mille autres , en clic , Confonds la varictc ; Amufanic fans Lafrcffc, Serieufc fans triflcfie « Et vive avec majefle. . _ 127 '^*0 (i) Pas de deux. (2) Chœun de Danfci» (2} Chaflono» 128 DAN M o M u « » avec la jeunefie , Batinc (i) fur tes leçons ; Leur caprice, ou leur adreficj • Les varie en cent façons : Leurs pas, leur courfe inégale f Reprcfcntent le Dédale De la tille de Mines (2) : Jeux que fur l'airain docile. Des armes du jeune Achille^ Traça le Dieu dû Lemnos, Mais prefibns les Dieux propice» D'amener. ces jours (9) fi chers Où ton culte & tes délices Occupent tout l'univers : Alors les Grâces renaiffent. Les Ris , les Jeux reparoiffent ^ Enfans d'un loifir heureux : Zéphyre , que l'Hy ver glace , Fuit ; l'Amour vient . à fa place > Nous ranimer par fcs feux* C'est l'Amour qui nous rcdohno' Cet Art (4) trompeur & charmant (1) Conuedanfc. .. . . . (3)l)anfe Athénienne, inventée Jorf(^u','^ri?nc fortitdii Labyrinthe. (î) Le Carnaval. ' ' '---'*• (4) Les Mafcarades* '"''^ ' Qui DAN 125 ■Çuî fut fc5uîre Poraone En faveur de fon amant ; Dcguif»nt le fexe & l'âge , Aux yeux d'un jaloux (auvage f Il dérobe nos fccrets ; ', ^ Et , s'il nous cache k nos Beikt , C'eft pour nous rendre, auprès d'elles ^j Plus hardis & plus difcreti. «■<•• -1 *r 1 M l D E amant de la gîcîre , El cache pour l'acquérir. J'attendrai que la viftoire Vienne enhn me découvrir! Dcja Minerve s'avance, Son air riant & fa Danfe Calment mes efprits iîotiansj Prit-elle un autre langage , Pour applaudir au courage . . Du Vainqueur des fiers Tyran» ? DANSEUR. La première coniidératioû Îl faire lorfqu'on fe deftinc à Ja Danfe , dans un êgc du moins où l'on eft capable de réfîe'chir, cfr celle de fa conftruftion ; ou les vices naturels qui font en foi font tels que rien ne peut y remé- dier, en ce cas il faut perdre fur le champ & to- talement de vue , l'idée qu'on s'étoit forme'e de î'avantage de concourir aux plaifirs des autres. Ou ces vices peuvent être réformés par une appli- cation , par une étude confiante , & parles confcils I tï30 r> A N & les avis d'un Maître favant & éclairé , 8c dès- lors il importe efrentrellement de ne Tiégliger au- cun des eftbrts qui peuvent remédier à des im- perfcftions dont on peut triompher. Mais il eft peu de Danfeurs capables de ce retour firr eux-mêmes ; les uns , aveuglés par l'amour propre , s'imaginent être fans défaut; les autres ferment pour ainfi dire les yeux fur ceux que l'examen le plus léger leur feroit découvrir; or , dès qu'ils ignorent ce que tout homme qui a quelques lumières eft en droit de leur reprocher, leurs travaux ne font étayés fur aucuns principes raifonnés & fuivis. Ils danfent moins en hommes qu'en machines; l'arrangement difproportionné des parties , s'oppofe fans cefTe en eux au jeu des reflbrts,& à l'harmonie qui devroit former un w- femble. Plus de liaifon dans les pas , plus de moel- leux dans les mbuvemens, plus d'élégance dans •!es attitudes & dans les oppofîtions , plus de pro- •portion dans les déploiemens , & par confcquent çlus de fermeté ni d'à-plomb. Voilà où fe réduit 'l'exécution des Danfeurs qui croyentque la Danle .lie confifte que dans une aftion quelconque des "bras & des jambes , & qui dédaignent de fe re- '^garJer eux-mêmes dans le moment de leur étude <& lie leurs exercices. En partant d'un principe auiïî faux , ils font ■lionnes , après plufieurs années d'un travail D A N -131 pénible ) d'être déteftables. Mais il n'eft pas pof- iible de réuffir dans un Art , fans en e'tudisr les principes , fans en connoître i'efpric, & fans en fentir les effets. Le défaut de lumières qui règne parmi Ta plu- part des Danfeurs , prend fa fource de la mau- vaife éducation qu'ils reçoivent ordinairement. Ils fe livrent au Théâtre moins pour s'y diftin- guer , que pour fecouer le joug de la dépendance ; ils nevoyent , dans ce moment d'enthoulîafme , que les rofes du talent qu'ils veulent embrafler;ils apprennent la Danfe avec futeur; leur goût fe rallentit à mefure que les difficultés fe font fentir , & qu'elles fe multiplient. Ils ne faififfent que la partie groffière de l'Art. Ils fautent p'us ou moins haut ; ils s'attachent à former machinalement une multitude de pas , & , femblables à ces cnfans qui difent beaucoup de mots fans efprit & fans fuite, ils font beaucoup de pas fans génie, fans goût & fans grâces. Ce mélange innombrable de pas enchaînés plus ou moins mal , ces mouvemens compliqués ôtent , pour ainfi dire , la parole à la Danfe. Plus de iimplicité , plus de douceur & de moelleux • dans les mouvemens , procureroit au Danfeur la facilité de peindre & d'exprimer. La Danfe , pour être bien exécutée , doit être une copie fidèle de la Nature ; il faut donc que I 2 131 DAN tout Danfcuf côramence de bonne-heure à s'en peindre les variétés. Les tableaux des grands Peintres font les plus propres à remplir cet objet. Il ne Tuffitpas d'être pourvu de ces connoiOances; il faut encore que les différentes panics du corps •expriment 5c développent ce que l'imagination s'eft formé de plus naturel. Les yeux , les bras , les mains & les pieds doivent concourir à foutenir l'inufionqui doit frapper le Spectateur. Si les Danfeurs , amfî que les Comédiens , ne font vivement affeftés de leurs rôles , s'ils n'en faififlent le caractère avec vérité , ils ne peuvent fe flatter de réufllr & de plaire. Ils doivent égale- îiient enchaîner le Public par la force de nilulion, ft lui faire éprouver tous les mouvemcns dont ils font animés. Cette vérité , cet enthoufiafme qui caraftérifentle grand Aéteur , &qui efi l'ame des beaux Ans , eft , fi j'ofe m'exp rimer ainfi , l'image ^u coup éleftrique ; c'eft un feu qui fe commu- nique avec rapidité , qui embràfe dans un inftant l'imagination des Spe£lateurs , qui ébranle leur ame, & qui force leur cœur à la fenfibilité. Pour que l'Art de la Danfe parvienne à ce dé- gré ^cfubli mité, il eft indifpenfablement nécef- - faire que les Danfeurs partagent leur tems & leurs études entre l'efprit & le corps , & que tous les deux foient enlemble l'objet de leurs rédexions. Mâs on donne malheureufemeiit tout -au dernier, J> A N 133^ & l'on rcfufc tout à l autre. La tetc concKiit-rare- ment les jambes , fie Gonimc l'efprit fie ie génie na. réfident pas dans les pieds , on s'égare fouvent y l'homme s'éclipfc , il n'en rcfte qu'une machine mal combinée , livrée à la ftérile admiration dcsi fots , & au jufte mépris des connoifTeurs. Si Varae. du Danfeur , au contraire , détermine le jeu 2ç l'aftion de fes reflbrts , dès-lors les pieds , le^ jambes, le corps, la phifionomie & les yeux fe- ront mus dans des fens juftes, & les eftets réful- tans de cette harmonie & de cette intelligence y întérefieront également le cœur &. l'efprit. La Danfe de l'Opéra de Pairis eft afluellement compofée de huit Danfeurs & de fix Danfcufet ^ qui danfent des entrées feuls , & qu'où appelle J^remiers Danfcun. Les corps d'entrées font compofés de douze Danfeurs bi de quatorze Dan'» fcufcs y qu'on nomme Figuram j &. la Danfe en^ ticre, de quarante Sujets. La Danfe , comme la Déclamation & la Muiî- que , a fes mouvemens de tendrefie, de pathéti- que & de fureur. Ces différentes expreffions exi- gent des attitudes plus ou moins recherchées , ou plus ou moins fortes ; les écarts , les chûtes fur la pointe du pied, la tenhon du jarret, expofent donc les Danfeurs aux defcentes , aux luxations du pied , & fuuvent à la rupture du tendoa d'Achille. I3 M -/ •134 DAN Les pirouettçs, une jambe tendue, peuvent occaiionncr îa luxation de la cuide , & fi le Dan- feur fléchit la jambe qui fupporte feule le poidg du corps , il peut tomber & Te fra£lurer la jambe ou la cuiflc; dans les entrechats tournés, où le corps eft en l'air , fi le Danfeur ne rattrappe fou à-plomb, il peut tomber fur l'un des côtés, & fc rompre un bras , ou la crcte des os des îles, ou bien tomber à plat-ventre , fe rompre la rotule, ou s'ccrafer la poitrine. Enfin , s'il arrive qu'un Danfeur qui eft en fueur s'expofe à un air froid , ou qu'il boive desr glaces , & même des liqueurs fraîches , il peut fe donner une pleuréfie , une fluxion de poitrine , une fièvre putride ou maligne , &c. On ne fauroit donc trop lui recommander une fage conduite : c'efi elle qui , dans les accidens en grand nombre qui peuvent lui arriver, en di- minuera le danger, & facilitera leur guérifon. La plupart mènent une vie aflez déréglée; auffi il eft rare qu'ils jouiflcnt d'une bonne fanté ; & , dans leur vicillede, la goûte , les rhumatifmcs , la pa- ralyfic, font ordinairement leur partage. Faits pour donner du plaifir , ils en abufent eux-mê- mes ,& la vigueur de leur jeunefle ne leur laiOe point envifager la foibleflè de l'âge avancé. DANSEUR DE CORDE. Homme qui DAN 155 marcTic , ^anfe & voltige fur une cordé. Cet Art eft fort ancien , & il étoit connu chez les Grecs dès rinftitution de leurs jeux Scéniques» Les Littérateurs qui recherchent férieufcmenc l'origine des chofcs,. prétendent que l'Art de danfer fur la corde a été inventé peu de teras après les jeux appelles AfcoUes en Grec , Cemuaiia en Latin, où les Grecs danfoient fur Azs outres dç cuir , & qui furent- inftitués en l'honneur da Bacchus. vers l'an 1345 avant Jéfus - Chrift. Quoi qu'il en foit de cette opinion , il eft toujours vrai qu'on ne peut douter de l'ancienneté de I4 Danfe fur la corde , dont les Grecs firent uji Art très périlleux, & qu'ils portèrent au plus hauç point de variété & de. raffinement. j Il parut à Kome fous le Confulat de.SuIpicius Peticus & de Licinius Staîon , qui les premiers y introduifirent les Jeux Scéniques. Quoique les Danfeurs de corde ne fuflcnt point compris parmi les Afleurs publics, & ne fillent pas corps , ce* pendant ils furent très-confidcrés à Rome , prin- cipalement fous les Empereurs , qui prenoier.t un grand plaifir à leurs tours d'adreiïe. On rapporte un trait de la clémence de Marc-Aurèle à leur égard ; ce fut d'ordonner que l'on mît des mate- lat? fous la corde des Danfeurs , parce qu'un petit garçon qui danfoit fur la corde étoit tombé. Il, y avoit quatre efpèces de Danfeurs de corde;, les I4 13^ DAN premiers étoicnt ceux qui voltîgeoîent autour in la corde , comme une roue autour de l'on eflieu ^ & qui fe fufpendoient par les pieds & par le cou; les féconds , ceux qui voloient de haut en bas fur îa corde appuyée fur l'eftomach , les jambes & les bras tendus ; la troifième efpèce font ceux qui couroient fur une corde tendue horizontalement j la quatrième étoit ceux qui , non feulement mar- choient fur la corde tendue , mais qui y faifoient des tours & des fauts, f^oyci[ les mots SCHJE'ïiO^ BATES , Acrobates ^ Neurobates , Ori- BATES. Mercurieï nous a donné , dans fa Gymnafti- que , cinq figures de Danfeurs de corde , gravées d'après des pierres antiques. Les Romains nom- moient leurs Danfeurs de corde, Funambuli , & Térence en fait mention dans le Prologue de fou Hécyre. On peut confulter à ce fujet la Diflèrta» tjon d'un Savant d'Allemagne , M. Grodcekc ; elle cft imprimée à Dantzick en 1702 , zn-8 . Je me contenterai d'ajouter que les Cyzicéniens firent frapper , en l'honneur de l'Empereur Caracalla, une médaille inférée & expliquée par M. Spon dans fes Recherches d'antiquité , & cette feula médaille prouve aflez que les Danfeurs de coriie faifoient dans ce tems-là un des principaux amufemens du Peuple & des Grands. L'Abbé de Choifi, dans fon Journal du voyage DEC 137 ^e Siam, nousparîc d'une Danie fur la corde bien extraordinaire qu'il a vu à Siam. « Les Dan-. M feurs de corde , dit-il , ont fait des raerveilfes ; ' » ils mettent de longs bâtons l'un au bout de M l'autre , baut comme trois maifons , & fe tien- >» nent debout au-delTus, fans contre -poids, » quelquefois les pieds en baut ; ils fe coucbcnt »> fur des pointes d'cpe'e , & de gros bomme» M leur marcbent fur le dos », DÉCOUVERTE (Danfc de la). Cette Danfe cCt commune aux Sakis & aux Othagras , Peuples de l'Amérique Septentrionale ; elle a plus d'aftion , & on y exprime beaucoup mieux que dans la Danfe du Calumet , la cbofe dont elle eft le fujet & la figure. C'eft une exprelTion naturelle de tout ce qui fe fait dans une expédition do guerre; & , comme les Sauvages ne cbcrcbcnt ordinairement qu'à furprendre leurs ennemis , c'eft fans doute pour cette raifon qu'ils ont donné" à cet exercice le nom de Découverte. Quoi qu'il en foit, un bomme y danfe tou- jours feul , & d'abord il s'avance lentement au milieu de la place , où il demeure quelque tems immobile, après quoi il repréfente tout de fuite le départ des Guerriers , la marcbe , les campe- mens ; il va à ladécouverte , il fait les approcbcs , il s'arrête comme pour reprendre baleine , puis 138 DÉ S tout-à-c6up H entre en fureur, & on diroît qu'il veut tuer tout le monde; revenu de cet accès , il va prendre quelqu'un de l'aflemblée , comme s'il le faifoit prifonnier de guerre ; il fait femblant de caflerla tête à un autre; il couche im troifièmeen joue ; enfin il fe met à courir de toute fa force; il s'arrête enfuite & reprend fes fens; c'eft la retraite, d'abord précipitée, puis tranquille. Alors il ex- prime , par divers cris , les différentes fiiuations oùs'eft trouvé fon efprit pendant fa dernière cam- pagne , & finit par le récit de toutes les belles actions qu'il a faites à la guerre. DÉSULTEUR. Sauteur qui paOe d'un cheval fur un autre. Chez les Scythes , les Indiens & les Numides, les' Cavaliers qui fervoientàia guerre étoient très-habiles DéfiJteurs , c'efi-à- ' dire, qu'ils menoient avec eux au combat au moins deux chevaux , &, quand celui qu'ils montoient étoit las , ils fautoient avec beau- coup d'agilité & beaucoup d'adrcHc fur le cheval de main qu'ils avoient. Les Grecs U les Romains prirent cet ufage de ces Nations barbares , mais ils ne s'en fervirent que dans les Jeux & les Cour- fes de chevaux , & jamais à la guerre ni dans les combats. Ils en faifoient auffi paroître dans les pompes funèbres. Ainfi c'étoit une Milice chez les Peuples d'Afie & d'Afrique dont on vient de D r V 139 parler ; mais cîicz les Romains, ce n'étoicntque des Sauteurs & des Baladins. Quelquefois ils avoient , non pas deux , mais quatre ou fix che- vaux de front , & fautoient du premier fur le quatrième ou fur le fixième, & c'étoitlàcequ'il y avoii de plus difficile. P^oyer^ Homère, Hé/V' dote, Tite-Live , &c. DIANE, (Danfe en l'honneur de). Arifto- mène le Miflenien , paHant par Carie, trouva toutes les filles du pays raflemblées dans cette Ville , où elles célébroient par des chants & èts Danfes , une Fête en l'honneur de Diane. Cette Danfe des Cariatides dtoit gravée fur le fameux anneau Je Cléarque , félon Paufanias. DIVERTISSEMENT.Ceftlenom qu'on donne à certains recueils de Danfes & de Chan- fons qu'il eft de règle à Paris d'inférer dans cha- que A6le d'un Opéra , foit Ballet , foit Tragédie. Ces fuites de Danfe fe fuccèdent fans fujet ni liai- fon entre elles , ni avec l'aftion principale. Cette ordonnance peu théâtrale , fuffitpour un Bal , ou chaque Afteura rempli fon objet îorfqu'il s'eft omufé lui-même , & où l'intérêt que le Speftateur prend aux perfonnes , les difperrfe d'en donner à îa chofe. Mais ce défaut de fujet fie de lialfon ne doit jamais être fouffert fur la Scène, pas même 14a E L E dans la rcpréfçntatlon d'un Bal, où le toytcîoi^ être lié par quelque action fecrette qui foutiennc Tattention & donne de l'intérêt au Speftatcur, E. EFFET. Imprertlon agréable & toucîiante que produit une belle D.infe fur les yeux & le cœur des fpeftateurs; une longue pratique peut apprendre à connoî.re les chorcs d'effet , mais U n'y a que le génie qui les trouve. Envain efpérerat-on donnera nos Ballets une forme nouvelle qui lalTe de l'effet .tant que l'on fera efclave des vieilles méthodes. N'exerçons point iimplement des pas , étudions les partions. Ea habituant notre ame à les fentir, la difficulté de îes exprimer s'évanouira; alors la phyfionomie re- cevra toutes fes impreffions de l'agitation du cœur, clic fe cara£lérifera de mille manières différentes, elle donnera de l'énergie aux mouvemens exté- rieurs , & peindra avec des traits de feu le défor- dre des fens , &. le tumulte qui régnera au dedans de nous-méme. ELEUSINES. Fêtes que l'on céîébroit en 1 honneur deCérès ôtdeProferpine fa fille , dans la ville d'Éleufis. C'étoit la plus folemnelle des fêtes connues ches les Grecs j elle duroit neuf / E M B 141 jours , êiont Tes quatre premiers fe paiToient en facrifices , & en quelques cérémonies particu- lières. Sur le foir du quatrième jour, on faifoit la proceflion de la corbeille , que l'on portoit fur un char traîné par des Bœufs, & fuivi d'un grand nombre de femmes Athéniennes , qui portoienc toutes des corbeilles couvertes d'un voile de pampre , où é^oient renfermées diverfes chofes néceflaires à la cérémonie. La ftatue de la Déefle ëtoit portée, couronnée de mynhe , tenant un flambeau à la main: elle étoit fuivie d'une pro- ceffron folemnelle & nombreufe , où il y avoic d'ordinairejufqu'à trente mille perfonnes". Le long du chemin on chantoit des hymnes, & l'on danfoit au fon des trompettes , des clairons , & autres inftrumens, avec les marques les plus vives de la joie , de i'allégrelle. C'étoit dans cette fëtc que fe célébroient les fameux myfières de Cérès. 11 y avoit chez les Eleufinicns , un puits nommé le Calllchoré , autour duquel les femmes avoient inftitué des Danfes , & des chœurs de Muiîque en l'honneur de la Déefle. • EMBOETURE. C'eft îa troifièmc des cinq pofitions du corps néceflaires à la Danfe. Cette porition cft pour le pas emboîté & autres pas. On la nomme embohure , parce que cette poiition n'cft parfaite que lorfque les jambes font J4* E N T bien étendues l'une près de l'autre , ce qui fait que les deux jambes & les pieds étant bien fenés l'on ne peut voir de jour entre deux, ainfi elles fe joignent & doivent fe joindre comme une boîte. UEmboîture eft une polition des plus nécellaires pour bien danfer : elle apprend à fe tenir ferme , à tendre les genoux , & alVujettit à cette régularité qui fait toute la beauté de cet Art. E N D E M A T I E. C'étoit l'air d'une forte de Danfe qui étoit particulière aux Argiens. ENTRECHAT. Se dit d'un faut dans lequel on paf]e les jambes l'une par deflus i'autrc trois fois, pendant que le corps eft en l'air. Ce mot vient de l'Italien Capriola intreciata , qui iîgnifie une cabriole croifée. II y a unEntrechat en tournant, un Entrechat en avant, & un Entrechat de côté. Beaucoup de Danfeurs , dit M. Noverre , s'imaginent faire l'Entrechat en defcendant , & ^par conféquent bien des Danfeurs fe trompent; je ne dis pas , continue cet Auteur, qu'il foit mora- lement impoffible de faire faire un mouvement , aux jambes , par un efi'ort violent de la hanche , niais un mouvement de cette efpèce ne peut être regardé comme un temps de l'Entrechat ou de la Danfe. Je m'en fuis convaincu par moi-même, ; h ce n'eft que d'après des expériences réitérées,. E N T 143 jque je fiafarde ^e combattre une idée à laquelle on ne feroit point attaché, ii la plus grande partie & fur-tout que les deux jambes fcient bien étendues, lorfque vous êtes élevé fur ^a pointe du pied , & de fuite vous îaiflez pofcr ic xa!cn à terre , ce qui termine le pas , & vous donne ,. F. XP , .. T4$" ^OTine îa facilité d'en faire autant de l'autre pied , en obfervant les mêmes règles. EXPRESSION. Qualité par laquelle le Danfeur fent vivement & rend avec énergie toutes les idées qu'il doit rendre, fictous les fentimens qu'il doit exprimer. Il y a une exprefîîorfcfe com- pofition , & une d'exécution, & c'eft de leur concours que réfulte l'effet le plus puiHant & le'i, plus agréable de la Danfe: pour donner de l'cx- preffion , il faut dans les tableaux de la Danfe, des traits marqués de grandes parties, des caractères vigoureux, des madcs hardies, des oppositions & d^s contraftes aulTi frappans qu'artiftemenc ménages. . . ' . " Le genre le plus propre à Vexprcfjîon delà Danfe , eft fans contredit le' genre Tragique ; il fournit de grands tableaux , des fituations nobles , & des coups de'Thviatre heureux ; d'ailleurs les paiïions étant plus fortes & plus décidées dans les héros que dans lés hommes ordinaires, l'imi- tation en devient plus facile , & i'aftion du .Pan- tomime plus chaude, plus vraie &. plus intelli- gible.^ ; _ ^ • Mais par un malheureux effet de l'habitude ou de l'ignorance, il eft peu de Ballets raifonués j oa danfe pour danfer, on s'imagine qu'on a rempli l'idée que les gens de goût fe forment d'un Ballet, K ,4^ EX P lôrfqu'on le cliarge d'exécutants qui n'exécutent, rien, qui fe mêlcnt,qui fc heurtent, qui n'offrent que des tableaux froids & confus, defTinés fans' goût / grouppés fans grâce , privés de toute har- liionie , fit de cette exprefllon , fille du fentiment, qui feule peut embellir l'art en lui donnant la vie. Un maître de Ballet doit s'attacber à donner à tous les Afteurs danfantsune action, une expref- yîb/2'& ,un cara£tère différent. Ils doivent tous arriver au même but par des routes oppofées , & concourir unanimement & de concerta peindre, par la vérité de leurs geftes , & de leur imitation ,. I'a£îion que le compofiteur a pris foin ds leur tracsr.'Si fùniformité règne dans un Ballet, ft l'on ne découvre pas cette diverfitc d*tA^/<:_^077, de force, d'attitude, & de ÇarhOere , que i'on^ rencontre dans la nature , fi ces nuances légères, itiais imperceptibles, qui psigaent les mêmes p'affions aivec des traiu pi us- ou. moins marqués,. || & des couleurs plus ou moins vjves , ne font point ménagées avec art , Se dlftribuées avec, \ goûtît" déllcateffe , alors le tableau eft à peine. t une" copie médiocre d'un 'excellent original , & ^ comme il ne préfeme aucune vérité , il n'a nî jj la force ni le" droit 'd*émôuvoir , ni d'affefter. t I La "foule .d'hommes qm fréquentent aujour- | d'hiù nos fpe£\acîes , ne faurojent croire que ce. V } E X P 147 qu'ils ont vu. Contens d'une Danfe .ou tendre ou noble , ou légère , qui les féduitSt qui eft en podeffion de leur fuffîre , ils prononceront fans oppe' que tout ce qu'on raconte de celle des Grecs ^ des Romains, n'eft qu'une exagération cxtravn^janie , & ils continueront à pcnfer que nous avonb tout ce qu'on peut avoir, parce que leurs perceptions ne fauroient aller plus ioia que l'objet j quel qu'il foit , qui les frappe. Qu'ils appreneut donc qu'au Théâtre d'Atliè* nés , In Danfc des Euménides eût un caractère fi cxpreffif , qu'elle porta l'effroi dans l'ame de tous les Speftateurs. L'Aréopage frémit d'horreur & d'épouvante. Des hommes vieillis dans le métier des armes , tremblèrent ; la multitude s'cnfuitj des femmes enceintes accouchèrent; on croyoit voir, * on voyoit en effet ces barbares Divinités chargées de la vengeance du Ciel , pourfuivre & punir les crimes de la terre _ .,, Ce trait hiftorique nous eft rapporté par les mêmes Auteurs , qui nous apprenent que Sophocle fut un génie; que rien ne rcfiftoit à l'éloquence de Démofthène; que Thémiftocle étoit un Héros ; que Socrate fut lé plus fage de tous les hommes; & c'étoit au temps de ces Grecs fameux, fur ces âmes privilégiées , à la vue de ces témoins irré- prochables , que la Danfe produifoit de fi grands -effets. K a ,48 F E S A Rome > Jans les beaux jours Je î'Art , tout les fcntimens qu'expnmoient les Danfeurs avoieht un caractère fi vrai » une fi grande force , tant iënergle , qu'on vit plus d'une fois la multitude, entrainéc par l'illufion , fuivrc machinalement les différents mouvemens du tableau dont elle étoit irapéc , pouOcr des cris,répandje des pleurs, par- tager les tendres douleurs d'liccubc,ou les fureurs d'Ajax ; les Spe^bttUrs , furieux comme rA jours. Le parti étant formé , le Chef de guerre, prépare un Fef:la où tout le village doit être- invité, & avant qu'on touche à rien, il dit, ou un- Orateur pour lui & en fon nom ; « Mes frères > » je fais que vous n'êtes pas encore un hommp , » mais vous n'ignorez pas que j'ai vu quelque- »> fois l'ennemi d'ailez près. Nous avons été tués; »> les os de tels & de tels font encore découverts ; »♦ ils crient contre nous, il faut les fatisfaire ; »> c'étoient des hom;ucs ; comment avons-nous »> pu fi-tôt les oublier , 2c demeurer Ci long-tems. » tranquilles fur nos i.attcs ? Enfin lEfprit qui »> s'intérefl'e à ma gloire , m'a infpiré de les ven- y ger. Jeunefle , prenez courage , rafraîchifles K. 3 r^' 1^0 F E s >f voscîieveuXj peignez-vous le vifâge , remplif- » fez vos carquois , faifons retentir nos forêts de «chants militaires, défennuyons , nos frères » morts , & apprenons leurs qu'ils ont été » venge's ». • Après ce difcours , & les applaudiflcmens dont il »e manque pas d'être fuivi , le Chef s'avance au milieu de l'aflcmblée , le caHe-téte à la main ^ & chante; tous fes Soldats lui répondent en chan- tant , & jurent de le bien féconder , ou de mourir à la peine. Tout cela eft accompagna de gelics très-exprefiifs pour faire entendre qu'ils ne recu- leront pas devant l'ennemi. Mais il eft à remar- quer qu'il n'échappe à aucun des Soldats aucune cxpreffion qui dénote la moindre dépendance; tout fe réduit à bien promettre d'agir avec beau- coup d'union & de concert. D'ailleurs l'engage- ment qu'ils prennent exige de grands retours de Ja part des Chefs. Par exemple, à chaque fois que dans les Danfes publiques un Sauvage frappant . de fa hache un poteau drefié exprès , rappelle à î'aflemblée fes plus belles a£lions , le Chef fous îa conduite duquel il les a faites , eft obligé de lui faire un préfent ; du moins parmi quelques Nations. Les Chants font fuivis de Danfes ; quelquefois cen'eft qu'une démarche fière , mais en cadence j d'autres fois ce font des mouvemens aflcz vifs , . F E s . i'5t figurés, rcpréfentatifs des opérations Je la cam-" pagne , & toujours cadencés ; enfin le fefiin ter- mine la cérémonie. Le Chef de guerre n'en cft que le fpeftateur , la pipe à la main ; c'eft mémc- aflez l'ordinaire dans tous les feftins d'appareil , que ceîui qui en fait tous les honneurs ne touche à rien. On ne doit pas oublier une coutume afTez fin- gulière, dont les Iroquois fur-tout ne fe difpen- fent jamais. Elle paroit avoir été imaginée pour connoitre ceux qui ont l'efpritbien fait, & favent fe commander à eux-mêmes ; car ces peuples , que nous traitons de barbares , ne conçoivent pas qu'on puifTe avoir un véritable courage, fî l'oii n'eft pas maître de fes pafllions. Les plus anciens de ;a troupe militaire font aux jeunes gens , principalement à ceux qui u'ont pas encore vu l'ennemi , toutes les avanies dont ils peuvent s'avifer. Ils leurs jettent des cendres chaudes fur fa tête ; ils leurs font les reproches les plus fanglans ; ils les accabltnt d'injures , & pouflcnt ce jeu jufqu'aux plus grandes extrémités. Il faut endurer tout cela avec une infenfibilité parfaite; donner dans ces occafions le moindre Tî'^ne d'impatience , c'en feroit adez pour être jugé indigne de porter jamais les armes ; mais quand cela le pratique entre gens de même âge , comme il arrive allez fouvent , il faut que l'agref. K4 j<,% TES feur Toit bien aiïuré de n'avoir rien fur fon corn*, pte , fans quoi , le jeu fini , il feroi: obligé de réparer Tinfulte par un préfent ; mais tant qu'il dure, il faut tout fouffirir fans fe fâcher , quoique îc badiringc allie fouvent à fe jetter des tifons de feu à la tète, &à fe donner de grands coups dç Jbâton. Us ont d'autres Danfcs plus (impies, où l'on n'a en vue que de donnçj-aux Guerriers les oçcsfions de raconter leurs belles aftionj. C'eft toujours cq que les Sauvages font le plus volontiers , & ils nç s'en îaflent jamais. Celui qui donne la fête y in-, vite tout Iç Village au fon du tambour , & c'eft dans fa cabannc qu'on s'aflemble , fi elle peut contenir tous les conviés ; les Guerriers y dan» fent fucccflivcmept , puis frappent fur un poteau; on fait filence ; ils difent tout ce qu'ils veulent , & s'arrêtent de tems en tems pour recevoir les félicitations des auditeurs , qui ne les épargnent point. Mais fi on s'apperçoit que quelqu'un fç vante à faux ; il eft permis à quiconque de pren- dre de la tçrrç ou des cendres , du lui en frotter la tête , ou de lui faire telle autre avsnie qu'il voudra- Ordinairement on lui noircit le vifage, çnlul dil'ant ; «Ce que j'en fais ^ c'eft pour cacher » ta honte, car la première fois que tu verras » l'ennemi , tu pâliras ». C'eft ainfi que tous les ipcuplcs fontpçrfuadés que c'eft le propre des poU F E S 153 trons que ^c fe vanter. Celui qui a alnfî puni ce.; fanfaron , prend fa place , & s'il tombe dans la même faute , l'autre ne manque pas de lui rendre la pareille. Les plus grands Chefs n'ont fur cela aucun privilège , & il ne faut point fc fâcher; Cette Danfe fe fait toujours pendant !a nuÎL Dans les quartiers Occidentaux, il y en aune autre qu'on appelle la Danjc du Bœuf. Les Dan- feurs forment plufieurs cercles , & la fymphonie ,• toujours compofée du tambour & du chjchikoué, eu au milieu de la place. On y obferve de ne point réparer ceux d'une même famille ; on ne fe tient point , & chacun porte à la main fes armes & fon bouclier. Tous les cercles ne tournent pas du mèniç côté , & quoiqu'on faute beaucoup , £c qu'on s'élève extrêmement haut , on ne fort jamais de mefure ni de cadence. De lems en tems un chef de famille préfente fon bouclier; tous frappent defliis, & à chaque fois il rappelle le fouvenir de quelqu'un de fcs bçaux faits; il va enfuite couper un morceau de tabac à un poteau , où l'on a eu foin d'en amcher une certaine quantité , & il le donne à un de fcs amis. Si quelqu'un peut prouver qu'il a fait de plus belles a£tions que lui , ou qu'il a eu part à celles dont il vient de fe vanter, il cft en droit d'aller prendre le morceau detabac dont celui-ci vient de faire un préient, Se de le donner à u:\ ï<4 FEU, l aotrc. Cette Danrc eft fuivie d'un feftin. Mais oa ne voir pas bien d'où lui eft venu le nom qu'elle | porte , fi ce n'eft à caufc des boucliers fur Icfquels ; on frappe , & qui font couverts de peaux de bœufs. FETE. DivertiHement de Cbant & de Danfe qu'on introduit dans un AOe d'Opéra, & qui iiUerrompt où fiifpend toujours l'adlion. La diftcrence qu'on afTIgne à l'Opéra entre les mots de FJie &. de Dh'crtijjement , eft que le premier s'applique plus particulièrement aux Tragédies , & le fécond aux Ballets. FEU ( Danfe du ). Le Père de Cbarïevoix, dans le Journal de fon voyage de l'Amérique Sep- tentrionale, nous en donne la dcfcription fui- rantc. — UnMiiïifaqui,diî-il, noub régala d'une ïèit fingulière , qui a quelque chofe ci'aiVez plai- fant. H étoittout à-fait nuit quand elle comiuer.ça, &en entrant dans la cabane du Sauvage, nous trouvâmes un feu allumé , auprès duquel un bomme battoit, en chantant, fur ure efpcce de tambour; un autre fccouoit lans celle fon chichi- koué, h. chaiitoit auffi. Cela dura deux heures, & nous ennuya beaucoup , car ils difoient tou- jours la même choie , ou plutôt ils formoient des fons à-demi articulés qui ne varioient point. Mous FEU i^^ priâmes le Maître du lo^is de ne point pouffer plus loin ce prélude , & il eût bien de la peine à nous donner cette marque de compinifance. Nous vîmes alors paroître cinq ou fix femmes qui , fe rangeant côte à côte fur une même ligne , fe tenant fort ferrées , & ayant les bras pendans,' dansèrent & chantèrent , c'eft à-dire , que fans rompre la ligne , elles faifoient quelques pas en cadence , tantôt en avant, tantôt c-n arrière; quand elles eurent fait ce manège environ un quart d'heure , on éteignit le feu , qui feul don- noit du jour à la cabanne , & on n'apperçut plus rien qu'un Sauvage qui avoit dans la bouche un tifon allumé , & qui danfoit. La fymphonie du tambour 6c du chichikoué ne difcontinuoit point; les femmes reprenoicnt de tems en tems leurs Danfes & leur Chant; le Sauvage danfoit tou- jours , mais comme on ne le diftinguoit qu'à la.. lueur du charbon allumé qu'il avoit dans la bou- che , il paroiflbit un fpe£tre , & faifuit horreur à voir. Ce mélange de Danfes , de Chants, d'inftru- mens , & ce feu qui ne s'éteignoit point, avoient quelque chofe de bizarre & de fauvage, qui nous amufa une demi heure , après quoi nous fortînnes de la cabanne , mais le jeu dura jufqu'au Jour , & voilà tout ee que j'ai vu de la Danfc du feu. Je n'ai pu favoir ce qui fe pafià le refte de la nuit. La Mufique que j'entendis encore quelque tems , is6 F L E ëtoit beaucoup plus fupportable de loin que cl«- près. Le contrafte des voix d'hommes & de fem- mes, faifoit à une certaine diftance un aflczbel cfîèt , & on peut dire que fi les femmes Sauvages avoient de la méthode, il y auroit bien du plaillr à les entendre chanter. FIGURE, en terme de Ballets , fe dit ics pas difr'crens que font les Dan feiirs en ordre & cadence, qui marquent diverfes figures furie» parquet, FLEURET. Comme i- fu-Jt avoir h -aucoup de cou-de-pied pour faire les pas de Bounée , &• fur-tout les Dcmoifelles , on en a adouci i'u'â'ge en faifantdesF/e^rt-rs , qui approcHint duméme pas , puifqu'iîs ne conticniicni non pius que tr »is pas ; mais le Fleuret n*a qu'un mouvement; c'cft un pas ailé , & que l'on apprend facilement; il eft compofé d'un Demi-coupe, & de deux pas Marchés fur la poinio de«; pieds. Lorfque vous voulez faire un Fleuret , ciantpoféàla quatrième poGtion , fi c'eft le côté gauche que vous avez devant , il faut que le corps foit en- tièrement dcflus , en approchant le pied droit a k première pofiiion , fans qu'il touche à terre , puis plier les deux genoux également , ce qui appelle plier fur foi ; mais il ne faut pafler lô F OR 1^7 f icci droit devant vous , à la quatrième pofition , ^uc lorfque vous avez plié ; & du même tems qu'il .eft paffé , vous vous élevez fur la pointe , puis marchez deux autres pas tout de fuite fur la pointe , favolr , l'un du gauche , l'autre du droit, & à ce dernier il faut poferle talon en le finif- fant , afin que le corps foit plus ferme pour re- prendre tel autre pas que la Danfe demande; il fe fait en arrière de même , &. de tous côtés. Il y a un Fleuret qu'on appelle pas de Bourrée ou- vert. Voye^ Bourrée. FORÊT, (Danfe de). En 13T5, Guy, Comte de Forêt , après s'être crdifé avec Philippe le Bel , dans la grande aOemblée que le Roi tint à Paris à la Pentecôte , retourna chez lui en Forêt avec un grand nombre de Gentilshommes de fon pays qui i'avoient (ulvis. Il leur donna une grande fête accompagnée de Bals, Danfes, & autres ré- jouilTances; mais pendant qu'on danfoit, leplan-» cher de la falle. tomba, écrafa la plupart de ceux qui étoient de. cette afTeniblée, blelîa les autres, qui en moururent quelques tems après. De -là vint le proverbe Danjc de Forêt , pour marquer une joie exceflive fulvie d'imc malheureufe fin. F R L A N E. Air d'r.ne Danfe de même nom fort conunune à Venile fur-tout parmi les gondo- 1,8 F U N Jiers. La mefurc eft à -,, elle fe bat gaiement , & It Danfc eft aufTi très-gale ; on l'appelle Forlanc parce qu'elle a pris naillance dans le Frioul , dont les habitans s'appellent Forlans. FRAGMENS. On appelle ainfi a l'Opéra de Paris le choix de trois ou quatre Aftes de Bal- lets qu'on tire de divers Opéras, & qu'on raflem- ble , quoiqu'ils n'aient aucun rapport entre eux, pour être repréfentéruccefli veinent le même jour, & remplir avec leurs entre-A£tes la durée d'un fpeûacle ordinaire. FUNAMBULES. C'eft un nom que l'on donne à des Baladins qui danfent fur la corde -pour divertir le peuple. Dans les Jeux Floraux , aux tems de^ Galba , on a vu des Eléphans Fu- nambules , comme témoigne Suétone. Néron en fit paroître de même dans les Jeux qu'il inftitua en l'honneur de fa mcre Agrippine. Il parut un homme Funambule , loifque l'on joua l'Hécyre , ï-tJ N ïVt foufitîr. Aufti-tôt que le mort cfî îiaBIÏÏé , on YaC* (îed fur une natte , de la même manière quç s'il ëtoit vivant. Les parens font aflîs autour de lui \ chacun lui fait fa harangue à fon tour, où on iui raconte tous fes exploits & ceux de ks ancè* très. L'Orateur qui parle le dernier s'explique eh ces termes : « Un tel , 'te voilà affis avec nous , ^> tu as la même figure que nous; il ne te man- » que ni bras , ni tète, ni jambe, cependant ta » cefTes d'être , & tu commences à t'évaporer » comme la fumée do- ma pipe. Qui eft-ce qui » nous parloit il y a deux jours ? ce n'eft pas toi, »> car tu nous parlerois encore ; il faut donc que »> ce foit ton ame qui eft à préfent dans le granc[ »> pays des amcs , avec celles de notre Nation. »> Ton corps, que nous voyons ici , fera dans » fix mois ce qu'il e'toit il y a deux cents ans. Tu w ne fens rien , tu ne connois rien , & tu ne vois ♦» rien , parce que tu n'es rien. Cependant par ♦» l'amitié que nous ponions à ton corps lorfque *> l'Efprit t'animoit , nous te donnons des mar- » ques de la vénération due à nos frères & à nos *> amis ». Les harangues finies , on enferme le corps pendant vingt-quatre heures dans la cabane des Morts , & on fait des fefîins & des Danfes qui ne font rien moins que lugubres. Les vingt-quatre heures expirées , fes efclaves le portent furie dos jCi GAI jufqu'au îrcu où on le met fur Jes piquets decGx jpieds de hauteur , enfeveïis dans un double cer- cueil d'écorce , dans lequel on a eu la précaution idc mettre fes armes , des pipes , du tabac & du bled d'Inde. Pendant que ces efclaves portent lô cadavre » tous les parens danfent en l'accompa- gnant , & d'autres efclaves fe chargent du bagage dont les parens font préfent au mort , &, le pla- cent fur fon cercuciL G. GAILLARDE. Efpècc de Danfc ancicnn» qu'on danfoit tantôt terre-à- terre , & tantôt en cabriolant ; tantôt allant le long de la faile , & tantôt à travers. L'air de cette Danfe eft à trois temsgais. On la nommoit autrefois /îo/Tiant/çw^^ parce qu'elle nous eft venue de Rome ou du jnoins d'Italie. Le pas de Gaillarde eft conipofé d'un Aflcmblé , d'un pas Marché , & d'un pas Tombé. Cette Danfe n'eft plus en ufage depuis long-temps. Thoinet-Arbeau , dans fon Orchéfographie , dit que c'étoit une Danfe compofée de cinq pas & de cinq affiettes de pieds que faifoient les Dan- feurs l'un devant l'autre , avec plufieurs padagcs dont il donne la tablature , qui eft de fix minimeJ blanches , & de deux n^efwres ternaires. / G E s 1% GAMBADE. Saut ou pofture qui fe faie clans l'ardeur de la jcunene par gaité & emporte- ment Ce mot vicnr de ya/Tzi'e , que les Picards, les Languedociens & les Provençaux prononcent gambc. Maisménageprétend qu'il vient de campa, que les Auteurs de la balTe latinité ont dit pour trus. On dit proverbialement payer en monnoim dejinge , c'eft-à-dire , en Gambades, G A V O T T R Sorte de Danfe gaie , compo- fée de trois pas 6c d'un pas Aflemblé ; l'air eft à deux tems , & fe coupe en deux reprifes , dont chacune commence avec le fécond tems , & finie fur le premier. Le mouvement de la Gavotte eft ordinairement gracieux, fouvent gai ,& quelque- fois au(Ti tendre & lent. Elle marque fes parafes &fes repos de deux en deux temps. Les anciennes Gavottes étoient un recueil & amas de pïufîeurs Branles doubles choifîs par les Joueurs, dont ils faifoient une fuite ; elles fe danfoient par une mcfure binaire , avec pïufîeurs petits fauts. En ces Danfes on s'embrafToit & on donnoit le bou- quet. La tablature en eft marquée dans l'Orché- fographie de Thoinet-Arbeau. GESTES. Ce font tous les mouvements du corps qui expriment les fentiments & les pafiîons qui nous anioient^cet art eft reflerré dans des b jr- L 2 l i 1^4 G t G nés trop étroites pour produire de grancfs effctj. La feule aftion du bras droit , que l'on porte ea avant pour dccrirô un quart de cercle , pendant ' que le bras gauche , qui étoit dans cette pofition, rétrograde par la même route pour s'étendre de nouveau , & former l'opporuion avec la jambe, ïi'eft pas fuflifante pour exprimer les paffions; tant qu'on ne variera pas davantage les mouve- ment des bras , ils n'auront jarpais la force d'émou- Voir & d'afteflcr. Les anciens étoient nos maîtres à cet égard; ils connoiflbient mieux que nous l'art du gefte, & c'eft dans cette partie fur-tout de ' la Danfe,qu'iïs l'emportoient fur les modernes. Le port des bras devant erre aufli varié que les différentes palTTions que la Danfepeut exprimer, i îes règles réelles deviennent prefque inutiles. Le gefte pulfe fon principe dans la paffion qu'il doit ; rendre; c'eft un trait qui part de Tame, il doit faire tn prompt effet , & toucher au but lorfqu'îl eft lancé par le fentiment. Inftruii des principes fondamentaux de notre \ Art , fuivons les mouvemens de notre ame, elle \ ne peut nous trahir lorfqu'elle fent vivement; 2t / fi dans ces inftants elle cntrc-yne le bras à tel oU i, tel gefte , il eft toujours auffi jufte que correftc- ment deflîné , & fon effet eft fur. GiGUE.SortedeDanfedemêîn€noni, dont ) Ta mefure cft à fix-huit , & d'un mouvement afTez gai. Les Opéxas François contiennent beaucoup de Gigues , &Ies Gigues dtCorcWi ont été long- tems célèbres. Cette Danfe n'efi plus en ufage p ni en France , ni en Italie. Les Dan feu rs de corde fe fervent aufïï de ce mot pour fignifier une efpèce de Danfc Angloifc compofée de toutes fortes de pas , qu'on danfe fur la corde. .Ménage croit que îe. mot Gigue vient du mot Italien Giga , forte d'inftrument dont le Dante fait mention. G I N G R A. Danfe ancienne & funèbre qua l'on faifoit au fon des fîuties de même nom, GLISSADE. Efpece de coupé qui ne f» pratique que pour aller de côté , & fur une même ligne , foit à droite foità gauche. Si vous vouIez^ faire des Gliflades en allant du coté droit , il faut plier fur le pied gauche pour faire un demi-coup* du pied droit , en le portant à côté , à la deuxième pofiiion ; 2c, en vous élevant deflus , vous tirez le pied gauche du même temps derrière , jufqu'à la. troifièmc pofition , en laifiani pofcr le corps dciïus^ pour en reprendre un autre de fuite du droit , parce qu'ordinairement on en fait trois de fuite ^ q^uoiqu'Ll n'en entre que deux dans une mefure ^3 lêG G O U GLI5SÉ. Lepas Glifle confifte k pa/Tcr le pied doucement devant foi , en touchant le par- quet très-légèrement. Ce pas cft très-lent. Foya Chorégraphie. G U T. De tous les dons de îa nature , dit J. J. RoufTeau , le Goût cft celui qui fe fent le mieux & qui s'explique le moins; il ne feroit pas ce qu'il eft, fi l'on pouvoit le définir. Car il juge des objets fur Icfquels le jugement n'a plus de prife , & fert , fi j'ôfc parler ainfi, de lunettes à la raifon. Il n'appartient pas à tout le monde d'avoir du Goût. La nature feule le donne, Tcducation le raffine & le perfcftionne. Toutes les règles, que , l'on établiroit pour en donner, feroient inutiles, II cfi né avec nous ou il ne l'eft pas; s'il l'cft il fe manlfeftera de lui-même; s'il ne l'eft pas, le Danfeur fera toujours médiocre. Le Goût eft un fentlment naturel qui tient à î'ame , & qui eft indépendant de toutes les Scien- ces qu'on peut acquérir. H eft bien vrai qu'il peut fe perfedionner par les connoiHances, mais elles le gâtent auffi quelquefois ; & fouvent l'erprit, par le favoir , s'aflujettit à de certaines règles qui le menant par des cKemins détournés , le con- quirent rarement au but. De tout ceci il femble qu'on peut aifément conclure que le bon Coût îi'eft autre cTiofe que îa droite raifon , ique l'orr diftingue fous le nom de jugement. En effet,* qu'eft-ce qu'avoir. du Goût ? Ccft donner le vé- ritable prix auxchofes, être touché des bonnes ", être bîed'é des mauvaifes , n'être point ébloui par de faux brillans, & , malgré tout ce qui peut tromper & féduire^ juger fainement. Le Goût & le jugement font donc la même cbofe , une même difpofition , une même biibitude de l'ame, à la» quelle on donne différens noms, félonies diffé- rentes manières qu'elle prend puur agir. Oa l'appelle Goût , quand elle agit par fentiment , & à la première impreffion des objets ; on l'appelle jugement, quand elle agit par raifonnemcnt, & après avoir examiné les règles de l'Art & les lu- mières de îa vérité. De forte que l'on peut dir& que le Goût eft le jugement de la Nature , & que is jugement eft le Goût de la raifon,. GRACE,(de la). Rienn'eft Ci difficile à ménager que ce que l'on appelle avoir des Grâces; c'eft au goût àl'employer , Se c'eft un défaut que de courir après elle , & d'en répandre également par tout. Peu de prétention à en montrer, une négligence bien entendue à la dérober quelquefois, ne la- rend que plus piquante & lui offre un nouvel attrait. Le goût en eft le diftributeur , c'eft îui (qui doiyie aux grâces de la valeur , & qui les L 4 i68 GRA rend aimables; marchent elles fans lui , elles pcN cleni leur nom^ leurs charmes , & leur effet , co p'eft plus que de la minauderie , dont la fadeur devient infuportable. La beauté naît de la proportion & de la fymé-» trie des parties , & la Grâce s'engendre de l'uni- formité des mouvemens intéiieurs caufés parles affeftions & les fentimens de l'aine; c'eft dans cette harmonie qu'elle confifte. Il yavoittrois Gracfj, que les Poètes feignoient être de la fuite de Vénus. On les nommait j4 g laïat Thalle iî. Euphrofine ; elles étoient filles de Ju- piter & de Diane , fe tenoient toujours par la main , & ne fe féparoient point. Si on les peignoit toutes nues , c'étoit pour montrer que les Grâces ji'enipruntoicnt rien de l'Art , & qu'elles n'ont d'autres charmes que ceux de la Nature. L'une tenoit une rofe , l'autre un de , & la iroificme du jnyrthc. Les Poètes ont dit que les Grâces étoient petites, & d'une taille fvelte. On a voulu mon- trer par là que les agrémens confiftent dans de petites chofes , quelquefois dans un gefie, dans vn air négligé , dans un fourire , &c. . * II y a des Grâces attachées à chaque partie du corps & à fcs attitudes ; pour connoitre jufqu'à quel point les bras & les jambes font fufceptiblea de Grâces , il faut voir danfer une perfonne aima- ilç ; il eft sûr qu'on trouvera qu'elles appajtiea- / G R A 1^9 «ent autant à ces parties du corps qu'à la tête, au cou ; &c. Ce qu'il y a de plus flatteur dans les mouvemens des bras, des jambes, &c., fe raa- nifefte dans la Danfe. Ovide dit que Vénus avoit. des Grâces , même en boitant pour contrefaire fon mari. Marte palàmftmuîat Vulcanum ; imîmta decebax s Muhaque cum forma gratia mlxtafuit. De Arte amandî. Les geftes , les manières & îss actions d'un© femme aimable , ont des Grâces infinies. — Quel- que chofe qu'elle faOe , dit Tibulle , de quelque côté qu'elle porte fes pas, les Grâces compofent fes mouvemens fans qu'elle s'en doute, & la fuivent par-tout. J!lam <)uîd<]uid agît ^ quhquh sejl'tgia vertu, Compomt furt'un , fuhfequuurque décor. On peut difringuer deux fortes de Grâces qui font en quelque forte oppofées , l'une majcftueafe , & l'autre familière. Celle-ci appartient aux jolies perfonnes , 6c la première aux Belles , ou aux iemmes diftinguées par leur fagefle Se parleur vertu. La Grâce familière a quelque chofe de plus fédui Tant; elle infpirelepîaifir & la volupté. La majeftueufe infpire Ierefpe£l, fit commande 170 G B A avec empire. On voit des perfonncs qui ont cet «Jeux fortes de Grâces , à des âges dift'érens. II s'en trouve même qui les pofscdent en même-tems. Quelque difficulté qu'il y ait à faire connoîtrc la Gniccy on peut dire cependant qu'il n'y a point de G) ace fans mouvement , c'eft-à-dire fans quel- que légère agitation du corps , ou de quelqu'une de fes parties ; c'eft ce qui fait qu'Horace définit la Grâce un mouvement honnête &. décent. Vir- gile, pour exprimer la majcfté de Junon & les grâces d'Apollon , fe contente de peindre leur démarche ou leurs mouvemens. Les Grecs ik les Romains ont tellement re- connu le pouvoir de la Grâce , que toute leur Mythologie attefte leur fcnfibiliié fur ce point. «* Elle cft , dit Homère, la ceinture de Vénus » » où le trouvent renfermés les charmes & les » appas qui gagnent , qui féduifent les cœurs. » Ses attraits ont une force invincible à laquelle » rien ne peut réfifter; fes regards décident d'un » Empire, & fes fouris , d'une Couronne; c'eft » par elle que la chaleur de l'amour vivifie l'uni- » vers, qu'il calme les mers , réchaufle les Zc- » phirs , &. rend a la terre les fleurs du Printems » & les fruits de l'Automne ; c'eft par la Grâce « que ce petit Dieu foumet les coeurs ; elle rend » lédulfans les yeux d'une Belle , elle leur donne » une éloquence vidorieufc , & fon fourire eii- G R U 171 f»' cTianteur triomphe de l'inclifférence la plus »> opiniâtre. GROMENARE. Efpèce de rc'vérence en ofage au Japon. Au moment qu'un père de fa-' mille entre , tous s'inclinent trois fois profondé- ment , jufqu'à toucher la terre de leur front, en quoi les Japonoisfont fort adroits , & cette révé- rence , qu'ils appellent Gromenarc , n'eft que du fils au père , & du vafTal au Seigneur. G R U E , ( Danfe de la). Cette Danfe, que îe$ Grecs mordernes ont confervé.vient de !a Candio- te ; pour vérifier la comparaifon , il fuffitde voir comment cette Danfe de Dédale en a produit anciennement une autre,qui n'étoit qu'une imita- tion plus comporée du même deffm. Dans la Danfe de la Grue , les filles & les gar- çons faifant les mêmes pas & les mêmes figures , dan Cent féparément, & cnfuite les deux troupes fe réuniQent & fe mêlent pour former un Branle général. C'eft alors une Fiiie qui mène la Danfe en tenant un Homme par la main ; die prend cnfuite un mouchoir , ou un ruban , dont ils tien- nent chacun un bout ; les autres , 6c la file .ordinairement eft longue, pnOentôc rcpanentl'un iaprès l'autre & comme en fuyant fous ce ruban. Ou va d'abord lentement & en rond , puis la con- 171 G R U du£lricc,après avoir fait plufieurs tonrs & détours, loule le cercle autour d'elle; l'art cle la Danfeufiç confifte à fe démêler de la file , & à reparoître tout-à-coup à la tête du Branle j qui eft fort nom- breux , montrant à la main , d'un air triomphant , fon ruban défiré , comme quand elle a commencé, , Le fujet qu'on a voulu repréfenter par cette Danfe , eft le labyrinthe de Crète. Tbefée , de retour de l'expédition qu'il fit dans cette lfle,après avoir délivré les Athéniens du joug que les Cretois leur avoient impofé , vainqueur du Minotaure & poflefleur d'Ariane, s'arrêta à Délos. Là, après avoir fait un facrifice à Vénus, & lui avoir dédié une fiatue que lui avoit donné fa mai- trefTe , il danfa , avec les Jeunes Filles Athéniennes, une Danfe qui,du temps de Plutarque, étoit encore en ufage chez les Déliens , & dans laquelle on imi- toit les tours & les détours du labyrinthe. Cettc- Danfe , au rapport de Dicéarque , étoit appelles dans le pays , la Grue; Théfée la danfa autour de l'autel appelle CtVaro7z,parce qu'il étoit conftruit de corne d'animaux. ^,* Callimaque , dans fon hymne fur Délos , fait mention delà même Danfe , & dit que Théfée, en l'inftituant , mena lui même le Branle. On la nomma la Danfe de la Gruz , parce que lesDanfeurs , en formant leurs évolutions , fe fui- :> GUE 17^ Voient à la file comme les grues, lorfqu'elles volent tn troupeau. II faut obrer\'er , dans cette Danfe , que l'air qui va d'abord lentement, lorfqu'Ariane parcourt,,, comme en tâtonnant , les premières routes du laby- rinthe , devient enfuite fort vif , & qu'à la fin foa mouvement égale Icprejlo le plus animé; c'eft-à- dire,que quand Ariane fort du labyrinthe en mon- trant fon cordon d'un air triomphant, elle double & précipite fes pas , à quoi répond la vivacité de rair,pour exprimer la fuite d'Ariane & de Théi^ée j ce qui fait tableau, ^ojq CANDIOTE. GUERRE, ( Danfe de ). Commune aux Sauvages de l'Amérique Septentrionale. Elle fe fait en rond ; tant qu'elle dure , les Sauvages font affis fur le derrière. Celui qui danfe fe promène endanfant, à droite & à' gauche; il chante en même tems fes exploits , & ceux de fes ayeux. A la fin de chaque exploit , il donne un coup de maffue fur un poteau planté au centre du cercle , près de certains joueurs qui battent la mefure fur une efpèce de tymbaîes. Chacun fe lève à fon tour pour chanter lachanfon.C'eft ordinairement iorfqu'ils vont à la guerre , ou lorfqu'ils en re- viennent. lis ont plufieurs autres fortes de Danfes. La iprincipale eft celle du Kalumet, (vo/q ce mot); ics uns la vicacité , les autres la lenteur de leur - prcrtjiir mouvement. C'eft de cette manière ingé- 5';^ Jrticufc & heble, qu'ils rcpréfentoient l'union qui X doit régner entre la force & la tempérance. ,' - DansccttcDanfe , les garçons faifoient doubles ^' ou triples tous les pas que les filles faifoient fimpîes dans le mdme temps. C'étoit là toute la magie des mouvements différents l'un de l'autre , • îfux le même air, •-. Depuis la chute du Tbéatrc Grec , les Danfes RQ furent plus par la fuite que des Danfes en rond, que les Grecs modernes ont fidèlement confervés. 11$ danfent encore tantôt en chantant, tantôt aa ' f on de la lyre , mais ce n'eft plus autour de l'Autel ',, de Bacchus, nides autres Divinités de leurs Pè- ••■ îçs;, c'eft autour d'un vieux chêne , à l'ombre - > -lîuqueï, aux'fètcs les plus foîcmneîîôff , - îâ tété couronnée de fleurs , ils renouvellent ces ancien- jies îàtts. On voit encore à-prcTcnt cîiez ctix une exacte Image de ces Chœilrs de Nymphes Grecques qui, retenant par la main, danfent dans la prairie^ ou dans les bois , telles que les Poètes ont repré- fenté Diane fur le mont de Délos^ ou fur les bords de l'Eurotas, au milieu des Nymphes de fa fuite. H Y M E N , ( Danfe dcV ). Dans les mariages des Athéniens , une troupe légère, vêtue d'étofic» fines, & de. couleurs riantes , la tétc c6uronriéa de myrthe , & le feln paré de fleurs, paroifToit an milieu du feftin , fur des fymphonies tendres. Peu- à-peu les mouvements devenoient plus rapides: des pas prefles , des figures animées peignôient aux yeux des convives la joie aimable d'une noce. Cette Danfe , qu'on avoit nommée lâ Danfê do [HymcriytÇi une de celles qui,au raport d'Homère^ ctoient gravées avec tant d'arc fut le^ BoUcIici d'Achille. ^' •• ■' ••. • '■■ •" ;•■ ■ Elle étoit comme le dénouement d'une a£Hon plus compliquée , qu'on retraçoit tous les ans dan| les Fêtes hymenées , qu'un trait héroique d'amouf avoit fait inftituer. ' " '". ' Un jeune hgmmd d'Athènes , d'une cxtrîmt Ma i8o HYM beauté , maïs d'une origine fort obfcure , devm6 éperducment amoureux d'une jeune fille dont la naiHance étoit infiniment au-deflus de la fienne. ^ Cette inégalité le força à cacher fa paflion , fans lui infpirer la réfolution de la vaincre. II fe tut , mais il fuivit par-tout l'objet de fa tendrefle , fans chercher d'autre plaifir que celui de le voir;& fans efpérer même la douceur d'en être apperçu. Un jour que les jeunes filles d'Athènes les plus illuftres dévoient célébrer , fur les bords de la mer , la fête de Cérès, de laquelle les loix avoient exclus tous les hommes; le jeune Hymen , c'eft ainfi qu'il fc nommoit, inftruit que fa MaitreHo dcvoit en être , fe traveftit à la hâte , & court fe joindre à la troupe dévote qui fortoit de la ville, II. étoit dans cet âge aimable , où un garçon fort beaUjà l'aide d'un habit emprunté , peut aifé- ment pafler pour une belle fille. Quoiqu'inconnu , fon air modefte , fes traits animés , & peut-être i'air tendre que lui donnoit l'amour, le firent recevoir fans examen , h, fans obfiacle. •_ La fêtecommence;un faint zèledifte les chants, & anime la Danfe. Toute la troupe eft déjà remplie d'une joie pur^.... .Tout-à-coup des Cor- faires paroiflent, fondei^t fujr cette j'eunelTe effrayée, l'enchaînent, l'entraînentfur leur vaifleau , forcent de voiles , & arrivent rapidement fur un bord qui leur étoit inconnu , 6ç où il§ fe croyoient en fûret noye's de vin &accaHës de îaïïitude. ' Alors le jeune Hymen propofe à fes compagnes d'égorger leurs ravideurs ; elles frémiflcnt, il les ran'ure ; il parle , il preiïe , il perfuade , il faifît une e'pée; fes jeunes compagnes s'arment à fon exemple. II donne le fignaï; chaque tras eftjevé & frappe en même temps. Tous ksCoffaires font immoles & les Athéniennes font libres. - ^* Mais comment , & par où fortir de ce lieu inconnu ? Hymen ^ fans fe découvrir, offre de partir pour Athènes , fe flatte d'en démêler b route, Se promet de hâter fon retour. : • •" • : • * On répond à fes offres par mille cris de reCon- naiffance & de joie. Lui , cependant , court au vaiffeau , l'examine, en retire les provifîons & détache les cordages & fes voiles. On laide dans ce travail ,& il en trace un nouveau. H rapproche à force les branches de quelques -arbres qu'il voit dans îes terres; il y attacha les voiles du vaiffeau , & forme ainfi , pour fes compa- gnes , un azyle éloigné du rivage, & à l'abri des flots de la mer. H part enfnite , après avoir pourvu aux befoins & à la fureté de ce qu'il aime. '• "L'amour, à qui il devoit le courage qu'il venoxt Refaire éclater^ lui donna les nouvelles forces M 3 à ,8, H Y IVÎ qui lui 4?torent ncccflaircs pour faire fon voyage-^ & les lumières dont il avoit bcfoin pour ne pas «'égarer. II niarclie fans s'arrêter , & il arrivé. « [ La ville d'Athènes étolt plongée dans la confier- nation k plus profonde, JLcs Temples , les rues , les places publiques, les maifons des panicnliers , UC retentiflbicnt que de gémifl'emens. Chaque ciioyenplcuroit une fille, une fœur, une amante. • On entend alors une jeune fille qui s'écrie. Athéniens ^ accoure^ tous; venc\ , écouttj^-moi. Je ikens vous rmdre ces jillcs'chIrUs que vouspleureT^^ elles vivent f vous les reverrej^yj'enatiejle tes Dieux qui vous les ont confervêes ; j'tn jure par l'amour^ qui.rn'a.,ifzfpiré ajfe^de. courage. pour les fauver* À CCS mots le pcupJe^^ccourt.Les gémiflemen* font fufpeûdus.Uu. mouvement confus d'efpé- rance , de joie, fuccè5e à{a,trifiefle. On .entoure ca turr^olte He jeune /iymc/T. Il demancîe^du filence; Toutes les bouches ^ ferment , &• tous les yeux fc fixent fur lui. lï raconte alors fon aventure , avec cette vivacité,, cette noblelTe , cette confiance que . xjopne la paHion dont il eft animé, & le fentiment d'une bçUe aôion. II voit tour-à tour dans les regarcjs de cette foule de peuplç qui l'écoute , la furprj.fe., Tadmiration , & la joie. Il profite de ce moment, il fe dpcçuvrc/e nomme^:demande pour rcçom- .penfe la ; jeune Athénienne qu'il aime. . -,-;/,; 'y -^^"Wh- > H Y P- -183 Un applaudiflement univerfel lui répond du confentemcnt de fes concitoyens.il part; on le fuit : on ramène fcs compagnes, un mariage folenv nel ïe rend le plus heureux de tous les maris , & l'aimable Athénienne qui l'époufe eft, dansla fuite , la plus fortunée de toutes les Athéniennes." Cet événement extraordinaire , & des nœuds Ct bien aflbrtis , reftèrent profondément gravés dans le fouvenir des Athéniens. Ils firent du jeune Hymen un Dieu qu'ils invoquèrent dans leurs mariages , comme nous l'apprend Servius. Hymeneus quidam apud Athenas interbellafcevif'^ jîmà vlrgines liberavit , quam ob cavfam nubcntcs ejus invocant nomçn quajî liberatons vlrginitcuîs. Les Magiftrats, pour exciter la vertu pardcs exem- ples, inftituèrent Us Fêtes hymenéej dans lefquelles on retraçoit tous les ans i'niftolre -qu'on vient dç rapporter. Les Danfcs particuiieres.de l'Hymen, qu'on exécutoit dans les mariages, étoient à-peu- près les mêmes que celles qui terminoient cette fête foIemneI[e. HYPORCHEME. Sorte de poélîc chez les .Grecs, faite pour êtrechantécSc jouée fur laflutte & fur la cythare,& pour être danfée au /on de^ ,voix & des infirumens. Dans cette Danfe on imi* .toit & on repréfentoit les chofes qui étoient exprimées par les paroles que l'on chantoit. M 4 j84 I N N . Athénée parle cic la Danfe Hyporcîiématîqtie , Danfe férieufe & lente ,-qTie les Grecs , & fur-tout les Lacédéraonrens , ëxécutoient en chantant des vers , les hommes & les femmes fc tenant tous par la main. Les Grecs modernes ont aufli des airs faits pour ces fortes de Branles. I. INNOCENCE, ( Danfe del'). Les fêtes de Diane, avant la réformation de Licurgue, avoient été la fource des plus grands malheurs. Hélène , la plus belle , & la plus dangercufc de toutes les femmes de la terre, fut enlevée d'abord par Théfée, & enfuite par Paris , qui l'avoient vue l'un & l'autre étaler fes charmes dans les Danfej cle deux de ces fêtes, • Les foins de Licurgue changèrent cette înftiti»' tion ; elle devint la folemnité des Lacédémoniens la plus augufte & la plus pure. Toutes les jeunes filles fe raflembloient autour des autels de Diane pour y exécuter la Danfe de l'Innocence. Leurs cas , leurs regards , leurs mouvemens étoient lî modefies, fi remplis d'agrémens & de décence, qu'elles ne faifoient jamais naîtie l'amour fans infplrer un nouveau goût pour la vertu. Toutes IcsDanfes des Lacédémoniens, dit Plutarquc, avoient je ne fais quel aiguillon qui enflammoit t O N îS^ îc courage, & quîexcitoittîansrame Jes îjjcfta- teurs un propos délibéré , & une ardente volontc de faire quelque belle aftion. - ■ ;. INTERMÈDE. C'eft ce qu'on donne en fpe£lacle entre les Aftes d'une Pièce de Théâtre , pour égayer & repofer refprit du Speflateur , tan- dis que les Afleurs reprennent baleine , ou cban- gent d'habits. Les Intermèdes font des Ballets, Facéties, Chœurs de Mufique, &c. Dans l'an- cienne Tragédie, le Chœur chantoit dans les In- termèdes , pour marquer les inter^'alIes entre les A6les. Ariftote & Horace donnent pour règle , de chanter , pendant les Intermèdes , des chanfons qui foient tirées du fujet principal. Mais dès qu'on eut cté les Chœurs , l'on introduifit des Mimes , des Danfeurs , &c IONIENNE. Danfe molle & efféminée, ufitée chez les Ioniens , les peuples les plus vo- luptueux de i'Afie. On peut compter parmi les Danfes Bachiques, la Danfe Ionienne ^ qu'oa danfoit , félon Athénée , quand on étoit échauffé par le vin. Cependant elle étoit plus légère & pins "réglée que les autres ; c'eft une efpèce de Pas ce deux , que l'on voit danfer encore aujourd'hui à Smiine, & dansl'Aiîe mineure, où le goût des i8(î J A: M Danfcs lafcivcs fubfific toujours. Horace notts- parle de cette Danfe dans l'Ode 3 , Liv. 9. Motus doceri gnudet lonîcos • •> Matura yirgo ^ &c, J. . JAMBES , ( Ouverture de ). C'eft une ac-r tion que la Jambe fait pour montrer l'agilité qu'il ùut avoir en coufervant le corps dans fon équili- bre , pendant qu'on fe tient fur l'autre , & pou; faire vçir que l'on fait la mouvoir avec grâce & liberté , fans que le corps fe dérange , ce qui cl, une des perfe£lions de la Danfe. Ainfi , fi vous voulez faire l'ouverture de Jarnb» du pied gauche , il faut avoir le corps pofé fur K droit , à la quatrième pofition , pour que la Jambe qui eft derrière fe lève de fa Pofition , & niarcli< lentement , en paflant près de la droite , & fe croifant devant en forme de demi-cercle , qu' finit à côté , & cette Jambe rcfte en l'air , pour faire tel pas que la Danfe demande. . On doit obferver ici que , lorfquc l'on fait un pas d'un pied , on doit s'exercer h faire d'une Jambe ce que l'on fait de l'autre , ce qui fait & rend le Panfcur parfait,, ii lui donne la facilité .d'apprendre plus vîie; de plusc'cft que, parcçc JE T 187 exercice égaî , îc corps fe porte avec liberté , lâi s paroître gêné , ^ans tous les divers mouveinciis que la Danfe demande. JEAN,. (Danfe de Saint-), Elle doit fon origine à une maladie épidéniique ; toutes les anciennes Chroniques rapportent , qu'en l'anncs 1374, la ville de Mets fut affligée d'une maladie épidémrque d'une efpèce bien ringulière;on î'ap- pelloit communément la Danfe de Saint-Jean. Ceux qui étoient attaqués de cette frénéfie, fc mcttoient tout-à-coup à danfer violemment , & vouloicnt faire danfer les autres malgré eux. Oa vit alors ^ dit la Chronique de Mets écrite en Vers, qu'on attribue à Jean le Maire, toutes fortes de gens danfer. - : ;. -j; .• Le Prêtre , en faifant fon fcrvîce, *■'" ■ Le Jage , féant en jufiice, ' - •'-' 'p "-•'"' T Le Laboureur en fon laLeur , : '. ; st ,',:iO'J ' . v^ ? ,, Danfoient, fauioient, mais en douîcur, jio~'J -: ' " Fut-ce en dormant , fut-ce en vcHi^jit^, . '. Futrce je pauvre , ou le vaillant , , .^ « ;, - . -. t". Ou plus , ou moins , à l'avanture^ .a^;. *'■'•• Grand fut le mal des cre'a.tures. ' '"" .. Dansla Vii's il y eut, danfnns ,_ .w^. •-v'.-- - •t Tant grands que petits", quinzé-céusi-"--'' " • *' JETTES, (des) ou DEyj.GABJ^JOLES. .Ce pas nafaitq^uc^ la partie d^'un;j:q^re pas,. Ainfi )S8 JET un Jette feuï ne peut remplacer une mefure ; il en faut faire deux de fuite pour faire l'équivalent d'un autre pas. II fe lie aifément dans la conftruftion des autres ; pas , comme on le voit à la fin du Contre-tcras du Menuet , dans les Coupés de Mouvement. Comme ce n'eft que dans le plus ou moins de force que vous pofi'édezdans le cou-de-pied , qui vous fait élever , ce pas dépend donc du cou-de- pied, pour le faire légèrement. Pour le faire en avant , je fuppofe xque vous ayez le pied gauche devant , & îe corps pofé deflus , la jambe droite prête à partir dans le mo- jment que vous pliez fur la jambe gauche, la droite s'approche d'elle lorfquc vous vous relevez; ce qui fe fait par la force du pied gauche qui , en s'étendant avec force , vous rejette fur la droite , parce qu'elle achève de pafler devant ; lorfquc vous vous relevez , vous tombez fur la pointe du pied droit , & vous pofez le talon , ce qui ter- mine ce pas. On peut en faire plufieurs de fuite, d'un pied comme de l'autre , en obfervant la même règle ; ce qui donne beaucoup de facilité & de légèreté. Les Jettes fe font en arrière & de côté égale- ment ;c*eft- à-dire , qu'il faut plier fur une jambe, & retomber fur l'autre. Ou les fait encore d'une autre manière , en JEU- 1S9 prenant plus i.c force pour les fauter, ce qui fc fait en fc relevant plus vue , en étendant forte- ment les jambes , en les battant l'une contre l'au- tre , & en retombant fur le pied contraire à celui quia plié; pour lors il change de nom , & on l'appelle Demi-Cabriole. Les Demoifelles ne doivent pas tant les fauter; il fuffit qu'elles prennent le tems en pliant , & qu'en fe relevant elles fe laifient tomber fur l'autre pied que celui qui a plié; parconféquent , lorfque vous danfcz avec une Demoifelîe , & qu'il fe trouve des Jettes ou autres pas fautes , il les faut prendre modérément, afin de conferver cet accord d'un fexe avec l'autre. Ce qui eft une des parties-ef-t fentielles à laquelle on doit fe conformer. JEUX. On le dit des Spef^acles , des repr«- fcntations publiques, qui fc faifoient cliez les an- ciens , comme les Jeux Olympiques , Fythi* ques ^ 6c. chez les Grecs , & les Jeux du Cirque chez les Romains. Les Auteurs anciens reconnoif- fcnt trois fortes de leurs Jeux , qu'ils nommoient ' Courfex y Combats , 5pec?ac/ej. Les premiers s'ap- pelloient Ludi equeflres , qui étoicnt des Courles qui fe faifoient dans le Cirque dédié au Soleil fie à Neptune ; les féconds s'appelloient AgonaUs , feu Gymnici , qui étoient les combats , les luttes ^ntdes hommes que des bctes, qui fe faifoisiiî f 90 r o N" dans l'AmpIiitliéatre déJié à Mars & h Diane. Les troifièmess'appelloient Scenici Poëùci & Mujîci: cetotent les Tragédies, Comédies & Ballets qui fc rjpréfentoieiu fur les Théâtres dédiés à Vénus, à Eacchiis , à Apollon & à Minerve. . J ONG. LEUR. Charlatan qui amufelcpcu* pic par des fubtilités , des fauts & des tours de main. Ils ont fuccédé en France aux Hiftrions. La plupartétoient Provençaux , favoientia ^flu^Iquc , jouoientdesinftrumens , & faifoient ce que les Troubadours faifoient de mieux. Ce nom eft tombe en tel mépris , qu'il n'eft plus approprié qu'aux Bateleurs ; de forte que n'ayant plus rien à dire que des fottifes, on appella yo/^^/me une menterie , & on àk jongler , pour dire mentir- Ce mot vient du Latin joculator. JONGLEUR. Efpèce de Médecin chez les Peuples du Canada , qui eft affez fou pour s'ima- giner de pouvoir guérir toutes fortes de maux en invoquant les bons & les mauvais efprits. On fe raille de ces Jongleurs ; on les laifle cependant ap-» procher des malades , foit pour les divertir pat leurs contes , ou pour les voir rêver , fauter , crier , heurler , Se faire des grimaces. Tout ce tint-amarre fe termine par demander un fcftin de Kerf oude groflestruittcs, pour la compagnie^ > TON T^t qui a îe pîaifir ic la bonne chère & ctu divcrtif- iemcnt. Les Jongleurs vont voir leurs malades , les examinent fort férieufemcnt , en difant : lî îe mé- chant Efpriteftici , nous le ferons bien vite délo- ger ; après quoi ils fe retirent feuls fous une petite tente faite exprès , où ils chantent & danfent , heurlanis comme des loups-garoux. Après qu'ils ont fini leur farce , ils viennent fucer les malades en quelque partie de leur corps , & leur ordonnent des Danfes pour leur guérifon ; elles font ordinai- rement fort lafcives, H y en a de pur divenilTe- ment , & qui n'ont rapport à rien ; elles fe fontei\ rond , au fon du tambour & du chichikoué , & les femmes font toujours féparées des hommes. Ceux-ci y danfent les armes à la main , 6c quoi- qu'on ne fe tienne point , on ne rompt jamais le cercle , & on ne fort point de mcfure. Cela ne doit pas être difficile à croire , parce que la Mufique des Sauvages n'a que deux ou trois tonsj aufli on s'ennuie beaucoup à ces fêtes , parce qu'ellei du- rent long-tems , & qu'on entend toujours la même chofe. Ces Sauvages ne veulent jamaisfe fervir de nos Chirurgiens , ni de nos Médecins, foutenant que le mélange des drogues eftun poifon qui éteint la chaleur naturelle , & détruit la portâne 6t l'cfto- 1^2 TON mach ; tout Sauvages qu'ils font, ils favent & ils difent que le bon air , les bonnes eaux , les Dan- fes & le contentement d efprit, n'empêchent pas à la vérité que l'homme ne trouve la fin de fa vie , irais qu'au moins Ils contribuent à faire paflçr cette même vie fans reffentir beaucoup d'incom- . modités. Ils fe mocquent de l'impatience des Eu- ropéens, qui veulent être auflî-tôt guéris que malades, prétendant que la crainte que nous avons de mourir , lorfque nous fommes attaqués de la • moindre fièvre, en redouble tellement les accès, que cette fièvre nous tue le plus fouvent ; au lieu que fi nous traitions le mal de bagatelle , aufTi . bien que la mort , fans violenter la nature paria . force de nos remèdes, cette bonne mère neman- queroit pas de nous foulager , & peu-à-peu de •.' nous rétablir. r Lorfque ces Jongleurs apportent à leurs mala- i des une efpèce de purgation qu'ils appellent Maskikik , les malades les gardent par complai- . fance , plutôt que de les boire; ils fe contentent i de fe tenir chaudement , de dormir s'ils le peu- vent , & de boire de l'eau du lac ou de la fontaine , . auflî bien pendant l'accès de leurs fièvres, que i dans les autres maux-; & , dès qu'ils peuvent dan- •. fer, ils font guéris, ' * ' KALENDA, K A t 193 -. 'f ' ■ . • . ■• K. ;;.KALENDA, ouCaleNDA. C'eft lenom' d'une Danfe qui cft en ufage parmi les Efpagnols ^e l'Amérique. Les poftures & les mouvcmehs . ^^ Jfâleurs répandus çà & là par petites ttoilpcs',^otis aflls à terre , les f«mmes féparéesdes'îiorBmesySt parées de leurs plus belles robes , ce c^ui de loin -fartun aflcz beaucoup-d'œil. • • . . Devant rOrchcftre oh dreiTc un poteau, duqucî, ^ la fin de chaque Danfe , un Guerrier vient don* -ner pn coup de fa bache-d'arme. A ce fignal il fs fait un grand (ilence , & cet hotnrnV raconte à Laute voix quelqTîes-,uné5 de fes prôuefles; ifen reçoit enfuite les applaudifleniens,' puis il vient /e remettre à fa place ',"& le je» recommence. H ■dure deuît heures prourcbacuije dés deux Nario^rts, Êtoun'y prend' pas uft-^and plaifîr, non iènîe- ment à caufe de la mononinié & du peu dagrémens de la Mufique , mais parce quetoutfe réduit; daiis les Danfes, à des contorfions qui n'expriment rien ■de divertifianti' ^ •( .■■:'-' ) • - .:.-•■>!. • Lorfque '/dans ces ' féte^, on en'fèît'ïës îiôh- •«eurs à quelqu'un , on'viént. le - prendre pôvTr' lé mettre -for une natte neuvc^^ 'on lui'fëît Qcspré- -fens , on lui pade des pitrmàgés fur îa' tête j & nâ Jhomme nud , pci^nt par téut le corps', paré de pH^ •«nés & de porcelaine^ j liiî préfente le Kalumcr, ' L. - :-l ?n.". • 'LÀ BABETTE.';€*eft une DanfedèVilb ^ulrieft plus' eit'Ufagej' les pas cbanës'y font ^ N a j^é L O U ufîtés , comme dans la Mariée ', dans l'AÎIe- mande , &c. L A P ï T H E S , ( Danfe des ). Elle s'exécutoit au fon de la flûte , à la fin des feftins pour célébrer quelque grande viftoire. On croit qu'elle fut in- ventée par Pirrithoiis. Elle étoit difficile & péni- ble , parce qu'elle étoit une imitation des combats des Centaures & des Lapithes. Les différens m.ouvemens de ces monftres, moitié hommes, moitié chevaux , qu'il étoit nécefl'airc de rendre, exigeoient beaucoup de force; c'eft par cette rai- fon qu'elle fut abandonnée aux Payfans. Lucien uous apprend qu'eux feuls l'exécutoient de fon teras. . LASCIVES, (Danfes). Ceft aux Baccha- nales ({Vit hs.Danfes La/civfi durent leur origine. Les fêtes inftituées par les Bacchantes pour ho- norer Bacchus , étoient célébrées dans l'ivrefle & pendant la nuit ; de là toutes les libertés s'y in- troduifirent : les Grecs en firent leurs délices , & les Romains les adoptèrent avec une efpèce de fu- reur , lorfqu'lls eurent pris leurs mœurs , leurs Arts & leurs vices. ; LO U R E. Sorte de Danfe dont l'air eft aOez ,k«t , & fe mar(jue ordinairement par la mefure à LUT 197 fec-quatre. Quand cliaque tems porte trois notes , on pointe îa première , & l'on fait brève celle du milieu. Loure eft le nom d'un ancien inftrument, femblable à une mufette, fur lequel on jouoitl'air de la Danfe dont ils'agit, LUTTEUR. Celui qui s'exerce à îa îutte. Ce genre de combat confiftoit au moins autant dans l'adreHe que dans la force , & n'étoit point auflfi cruel que le pugilat. La victoire étoit adju- gée a celui qui avoit terrafle fon antagonifte , 6t qui en étoit demeuré maître. L'important étoit de s'attacher d'abord aux pieds. A Sparte, les filles même ne rougiflbient pas de combattre en public avec de jeunes gens, & le peuple fe repaidoit tranquillement d'un fpeftacle auffi révoltant, comm.e le dit le Poète Properce i Çuodnon înfaines exercet corpore ludos * Inter luclnntes nuda puella viros. On dit que ce fut Tbéfée qui, le premier, ré- duifît en Art l'exercice de la lutte , & établit des Maîtres & des écoles appeîlées Falejlres , pour l'enfeigner aux jeunes gens. Les Grecs diftin- guoient trois fortes de luttes. La première confif- toit à combattre de pied ferme deux à deux , & à terrader fon adverfaire : la deuxième , à fe rouler fur le fable , & à fe battre renverfd par terre, fansr' jî i• on avoit repréfenté it l'HÔLel de Nèfle , en pré-, fcnce des Rois Charles VI & Henri V ,& de toute, la Cour , une autre Pièce à Pcrfonnages , qui avoit pour lujct la vie de Saint Georges... f^oye^ l'Hifloire de Paris par Dom Féllbicn , Tome 2 , page 807. On peut voir auiïi le Livre intitulé hx. grande Dunfe Macahrée des hommes & det fem" mes , imprimée en i486. Cette édition , qui eft la première , eft fort lare. La Danfe Macabrée a été imprimée à Troyes chez Jean Garnier, Libraire, en 1728 , fous le titre fuivant : La grande Danfe Macahn des hommes & des femmes , hiftoriée & renouvellée du vieux Gau- ' iois, en langage le plus poli de notre tems ; avec îc Débat du corps h. de lame , la Complainte dô- A * ^W', MAI' 203 lame (îamnde , l'Exhortation de bien vivre & de bien mourir^ la Vie du mauvais Antc-Chrift, Us' quinze Signes du Jugement. L'Auteur de cette Danre,rcnouve!îée & gravée fur planche en bois, en a enrichi la Bibliothèque bleue , & a tiré fon origine des Machabées , qui,' comme tout le monde fait, la dansèrent, & en ont fait époque pour les Morts. Voici comme il s'en explique : O ! Créature raifonnaMe , Qui defire le Firmament , Voici ton portrait ve'ritable , C'efl la Danfe des Machabées, Ou chacun à danfcr apprend ; Car ia Parque, cette obftince , Is"epargne ni Peut > ni Grand; Dans ce miroir chacun peut lire, Qu'il lui convient ci de danfcr ; Eft fagc celui qui s'y mire, Quand la Mort le viendra prcfl'er; Le plus grand (i) s'en va commencer. Car il n'cft nnl que la Mort , frère , Ke porte dans le cimetière. Oh I qu'il eil fâcheux d'y penfer! MAI, ( Danfe du mois; de ). A Rome , & dans toute l'Italie , le premier jour du mois de Mai , la jeunefle fortoit par troupe au lever de l'Aurore* ' — ' ■ ■ ■ ■ ■■ »■■■■■■ ^ iii w m^^i^^^^mm^^^mi^^^m^m^m (i) L« Pape. 204 MAI au fon des infirumens champêtres; elle alloit en cbnfant cueillir des rameaux verds , qu'elle rap- portoit dans la Ville de la même manière. Toutes ies pones des maifons en étoient bien ornées. Les pères , les mères , les parents , les amis , atten- doient toutes ces troupes difi'érentes dans les rues, où on avoit foin de tenir des tables proprement fcrvics, pour leur retour. Pendant ce Jour les tra- vaux étoient fufpendus. Après le feftin , les con- certs de Mufique & les Danfes recommençoient ; on ne fongeoit qu'au plaifir. Le Peuple , les Ma- giftrats , la NoblefTe , confondus & réunis par la joie générale , fembloient ne compofer qu'une feule famille. Ils étoient tous parés de rameaux verds nailTans ; fe montrer fans cette marque diftinftive de la fête , auroit paru une forte d'infa- mie; les Sénateurs mettoient une forte d'honneur à en avoir les premiers. • Cette fctc , commencée dès l'aurore, & conti- nuée pendant tout le jour , fut, par la fucceflion des tems , pouflée bien avant dans la nuit. Les Danfes , qui n'étoient d'abord qu'une expreffion naïvedela joie que caufoit le retour du printems, dégénérèrent dans les fuites en des Danfes galan- tes, & de ce premier pas vers la corruption, elles fe précipitèrent avec rapidité dans une licence effrénée. Rome , toute l'Italie , étoient plongée alors dans une débauche fi honteufe , que Tibère |P^^. M A I 205 lui-même en rougit,& cette fête fut foîemnellemcnt abolie ; mais cHe avoit fait des imprcflions trop profondes; on eut beau îa défendre ; après les premiers momens de la promulgation de la loi , on la renouvclla, & elle fe répandit dans prefque toute l'Europe. C'eft là l'origine de ces grands ar- bres, ornés. de fleurs, qu'on plante des l'aurore du premier jour de Mai dans tant de Villes, au- devant des maifons des gens en place. Il y a plu- iîeurs endroits où c'eft un droit de charge. MAITRE DES BALLETS. Un Auteur, ' chargé de la compodtion des Ballets , auroit be-^ foin du génie le plusvafte. Corriger les Auteurs j lier la Danfe à l'adlion , imaginer des Scènes ana- logues aux Drames, les coudre adroitement aux fujets ; créer ce qui eft échappé au génie des Poètes , remplir enfin les vuides& les lacunes qui dégradent leurs produifcions , voilà l'ouvrage d\x Compofiteur , voilà ce qui doit fixer fon attention ", & ce qui peut le diftinguer de ces Maîtres qui croyent être au-deflus de leur état , lorfqu'ils ont arrangé des pas 6c formé des figures , dont le def- -fin fe borne à des ronds , des quarrés, des lignes •droites, des moulinets & des chaînes. '':"' '• " Chez les Romains . les Maîtres des Ballets avoient befoin d'un aflembîage de talens qui eft bien rare de nos jours. Tous les tréfors de la me- 20^ MAI moire , de refprit & de l'art, fuffiroient à peine à la multitude des compofitions nouvelles qu'exi- geoit d'eux le goût éclairé des Romains. On croiroit que j'exagère , fi je ne me fervois , fur ce point, de l'autorité d'un ancien Auteur qui ne fauroit être fufpefle. Je vais donner ici uns partie de ce qu'il a écrit fur ce genre de compon- tion,. d'après la ti-adu£lion qu'en a faite M. de Cahufac. « Un Compofiteur de Ballets , dit Lucicn*,doit ») réunir plufieursconnoinancesglorieufes à l'art; »> mais qui le rendent très-difficile. La Poéfie » doit orner fes compolitions , la Mufique les » animer, la Géométrie les régler, la Philofo- » phie en être le guide. La Rhétorique lui ♦> enfeigne à connoître , à réprimer , à émouvoir » lespalTionsjIa Peinture, à dcftmer les attitudes, » la Sculpture , à former fes figures. H faut qu'il ii égale Apelle, & qu'il ne foit point inférieur i} à Phidias. 11 a befoin de fe faire de bonne » heure une excellente mémoire. Tous les tems H doivent toujours être préfens à fon efprit; »> mais il doit fur-tout étudier les différentes opé- » rations de l'ame , pour pouvoir les peindre par »> lés mouvements du corps. Il ne fauroit avoir » une conception trop facile. Un -efprit vif, Lucien naquît fous l'Empereur Trajah, & ve'cutapris ^larc-Aurilc, Mai 207 » roreille fine, le Jugement droit, rimaginati on -♦> féconde , un goût fur , qui lui lallc prelTentir » par tout ce qui lui eft convenable, font des >» qualités rares dont il ne peut fe pafler, & avec » lefquelies l'Hiftoire ancienne , ou platôt la ♦> Fable , lui fournira une matière fuffifante pour » les plus magnilîques compoilcions. )> Il faut donc qu'il s'inftrulfe de tout ce qui i> s'cft fait de confiJerable depuis le divelop- '♦> pement du cahos, Sa la nailVance du monde » jufqua nos jours. ...■•■■ • » Notre Hiftoire embrafTe en effet toute cette V étendue de liècles; mais il doit connoître » principalement les Fables les plus célèbres, ♦> comme celle de Saturne,la bataille des Titans, » la naill?nce de Vénus , celle de Jupiter, la V> fuppofuion de fa mère, la révolte d&s Géants, » le vol de Prométhée & foii fupplice ,-Ia forma- i> tion dj i'hommé. -' » Qu'il pafTe de là au monvementvde l'Iile de ♦> Délos, aux<;buchcs m.racu!eafesde Latone, » à la défaite du " ferpjnt Pithon , au vol des i> aigles , pjr le moyen defquels on a décou* ■>j vert le milieu de la terre ; au déluge de Deuca- •» lion, à l'Arche où furent confervés les reftes "» malheureux du genre humain. » Qu'il fuive enfuite les nouveaux Piabitans •■*> qui ont repeuplé le monde. II trouvera les Vil 2o8 MA I »» voyages d'Iacîius avec fa mère Cérès> Ta four» »> beric de Junon, l'embrâfemcnt de Sémélé, »> les deux nailTances de Bacchus. »» Tout ce qu'on raconte de Minerve , de Vul- »> caln , d'Erifton , le procès de Neptune fur la )} poflefllonderAttlque , & le premier jugement » de l'Aréopage , l'hofpitalité de Celée, les heu- j> reufes irrvemions deTriptolème , l'enlèvement »> de Proferpine , font autant de fujets qu'il peut *> expofer fur le Théâtre, & qui doivent entrer » d'une manière éloignée ou prochaine dans fe$ » compofitions. » Qu'il fe rapelle la manière dont Icare planta » la vigne , les malheurs d'Erigone , l'cnlève- » ment d'Orithie , celui de Médée & fes fureurs, » fa retraite en Perfe ; l'Hiftoire des filles d'Erec-- » léc , & tout ce qu'elles ont fait & fouft'ert en ♦> Thrace. . _ » Après ces beaux fujets , il en trouvera encore » de nouveaux dans les annales moins anciennes » d'Athènes. Tels font les amours d'Athamas & w de Laodice, de Démophore &. de Philis, de -» Théfée & d'Hélène , l'entreprifs de Caftor & ■w Pollux contre la ville d'Athènes , la mort tra- » gique d'Hyppoliie , le retour des Héraclides. » Cette foule de noms illuftres n'eft rien encore 4» en comparai fon du merveilleux que peuvent 1/i fournir les hiftoires deMégarc.de Nifus, de Sylia , MAI CLo^ w Sylla ; l'ingratitude de Minos £Our famalhcu- » reufc amante. Les calamités des Thébains & » des Labdacides ; les combats de Cadmus; ce » Dragon miraculeux dont les dents femées dans » le champ de Mars produifirent une armée de » Combattans; la Métamorphofe de ce Héros; » les murs de Tîièbes qui s'élevèrent au fon de » la lyre d'Amphion ; les malheurs de ce Chantre » célèbre , l'orgueil de fa femme , fa punition , » fon deuil , fon filence. » Mais quels tableaux frappants pour le ») Théâtre j ne trouvera-t-il pas dans les aren- » turcs d'Acléon , de Penthée, & d'CEdipe jdans » les travaux d'Hercule , dans ks infortunes, » dans fa mort; Glaucus, Créon , Bellérophon, » la Chimère, Sthénobée; le combat du Soleil » & de Neptune ; 1 es fureurs d' Athamas ; le Bélier- >» des enfans de Nephélé ; l'accueil que reçurent »> Ino &. Mélicerte dans les gouffres des mers , y* appartiennent à l'Hiftoire de Corynthe ; celle » de Mycènes , peut fournir une moiflbn nou- » vclle plus abondante. » C'eft là qu'on voit les Noces de Pélops ; le ♦) jugement d'Inacchus,le défefpoir d'Io,lamort »> d'Argus , la cruauté d'Atrée , les pleurs de » Thyefte , l'enlèvement d'Europe ,Ia conquête M de la Toifon d'Or , la' fin barbare d'Agamcm- » non, le fupplice de Clytemneftre; enremon- 110 MAI ») tant plus Fiaut , on eft frappé de l'entreprife des » lept Princes contre TJièbes; de la manière » dont y font reçus les Gendres fugitifs d'Adrafte, » de la mort cruelle d'Antigone S: de Menécée. » Ce n'cft pas aflez de ces connoifiances. Un »> Compofiteur de Ballets perdroit beaucoup de » fujets trop l^nrcux, s'il ignoroit ce qui s'elt » palle à îslcrbée, les difgraces d'HypHpile, le » Serpent qui dévora le jeune Archcmore, la >) prilbn & les amours de Danac , la naiflancs » de Pcrfée , fon combat contre la Corgonne, » fon mariage avec Andromède , l'orgueil de >» CaiTîope^ les regrets de Céphée, & l'apothéole » de,ces quatre perfonnages ^ qui peut former >5 un dénouement auffi magnifique que théâtral. » 11 doit s'inftruire à fond du cara6lèrc des deux >> frères Danaiis &. Egyptus , pour pouvoir re- » prcfenter d'une manière frappante le mariage »> frauduleux de leurs enfans , 6t de l'effroyable » Tragédie qui en fut la fuite. ' » En revenant fur fes pas , il fé trouvera dnns *w l'enceinte de Lacédémone ,' & c'eft-là que le >> fond le plus riche l'attend. • • n Les amours d'Hyacinthe, dontZéphyre eft' ») îe riv.il , le coup tragique qui lui ravit le jour, »> la douleur d'Apollon , cette fleur teinte de » pourpre qui naît de fon fang, le retour à la vie " « de Tyndare , la colère de Jupiter contre Efcu- MA I 2it »> lape , îè voyage de Paris a la Cour de Ménéîas » après fon jugement fur la beauté des trois » Déedcs , fa paflîon pour Hélène , l'enlèvement >> de cette Reine , l'embràfement de la plus flo- » riflante Ville de l'Afie , dont il eft la caufe : » voilà ce que lui préfente cette feule partie de la >» Grèce. >■> Carl'hiftoire de Troye paroît liée à celle de » Sparte j 8c tous les Héros qui s'y font trouvés >> peuvent fournir chacun Un fujet particulier , » ainfi que les évènemens qui fuivirent cette >» guerre fanglante ; comme la folbleffe de Didon , » &. les erreurs du pieux Qiiée. • ' » La Fable d'Orefte eft auffi naturellement liéô »» à cette grande Hlftoire ; fes dangers chez les » Scythes , la rencontre inopinée qu'il y fait ♦> d'iphigénie, le fang qu'il avoit répandu , l'ex- » piation qu'il alloit en faire , fes infortunes, fes >» • fureurs , tout cela appartient au Théâtre, ainfî >■> que la retraite d'Achille dans Tlfie de Scyros^ >» tout le refte de fa vie, les ru fes d'Ulyde, fa » folie fuppofée , fon triomphe fur Ajax, fes » voyages, fes amours , Circé, Calypfo, Tclé- »♦ gone, Éole , les Vents, &c. tout ce qui arriva » à ce Prince jufqu'à fon retour auprès de la ver- » tueufe Pénélope , font des faits dont la Scène » peut être enrichie. » Qu'un Compofitcur jette enfuite les yeux O 2 îiz MAI' ») furTÉlidc, fur TArcadie ^ fur Ta Crète ^ fur » rÉtoIic, H y verra Enomaiis , Myrthlle , les prc- » miers Athlètes des Jeux Olympiquesja fuite de » Daphiié , la vie fauvage de Califto, l'humeur » farouche des Centaures, la nalflancc de Pan, » l'union éternelle d'Alphée & d'Aréthufc. » Europe , Pafiphac , les deux Taureaux , le » Labyrinthe > Ariane , Phèdre , Androgée , Dé- » dale , Icare., Glaucus , In prophétie de Poiyde , rt Taie, ce gardien deTIilede Minos. » Althee , Méléagre , Athalante, Dale, le « combat & la défaite d'Achéloiis , l'origine des » Syrènes & des liîes Efquinades , la fureur M d'Alcméon , la rufe fatale de Nedus , la funefte » jaloufie deDcjanire, l'embràfement d'Hercule » fur le Mont Acta, »> Qu'il fe promène enfuite dans la Thrace & » la ThefTalic , qu'il contemple les miracles de >) la voix d'Orphée , fa mort , fa tête , qui rend » encore des fons , & qui femble revivre fur ia st îyre. >» Nénms , Rhodope , les tounnens qu^on fît »> fouffrir à Lycurgue, Pélias , Jafony Alccfte, is la flotte des Argonautes , le maflacre de Lem- . »> nos, jEté, Protéfilas & Lapdamis, le fonge » de Médée , fa barbarie , fes infortunes. »j Qu'il repafle de là en Afie , il fera frappé en N.N MAI .213 ♦> voyant le Tyran de Saraos,& les foîlcs erreurs ») de fa fille. >> II verra en Italie , les bords féconds de l'É- » ridan , l'ambition des fils de Clymène , fe$ fy foEurs cbangées en ces arbres précieux d'où t> l'ambre découle. » L'Afrique lui ouvrira la fameufe demeure f> des Hcfpé rides ; qu'il y fuive les traces d'Al- » cide , qu'il cueille avec lui les pommes d'or. En » forçant de ce jardin , il découvrira îe vieux >> Atlas ^ fur qui les Dieux fe repofent du poidç t> immenfe du monde. « L'Efpagne ■ conferve encore les reftes du w Géant à cent bras , & îe fouvenir de l'eniève- » ment des bœufs d'Érithye. En Phcnicie, on ne » parle que du myrthe & de la mort d'Adonis. » Pour exceller en ce genre , il faut joindre à i> ces notions les différentes Métamorpbofes en » fleurs^ en arbres^ &c. leschangemens de fexe » qui font arrivés , comme à Cénée & à Thiré- » fie; l'Hifioire moderne ^ ce qu'Antipater & Se- » leucus entreprirent pour plaire à Stratonice, >j les myftères dts Égyptiens , les vies d'Epaphus M & d'Ofn-is j les fupplices des Enfers^ enfin » tout ce qu'ont imaginé Homère^ Héfiode&Ies \> autres Poè'tes ». Lucien n'-exigeoit point trop des Compofitcurs de Ballets de fon teras , puifque ce^enre , comme 2T4 ^ Aï on l'a vu , embraflbit à Rome toutes îes grandes parties de la Tragédie & de la Comédie. Auffî les Romains jouidoient-ils d'un avantage qui devoit rendre néceflairement leurs Théâtres, en général , fort fupérieurs aux nôtres. Leurs Compofiteurs étoient à la fois , Poètes ^ Muficiens & Afteurs. De nos jours , le Poète n'eft guères Muficlen, le Muficien n'eft jamais Poète, & les ^fteurs , trop fouvent , ne font ni l'un ni l'autre. MAITRE A DAN5ER. C'eft un Dan- fcur gngé , qui cnfeigne la Chorégraphie , & donne des leçons de Danfe. Si les bons Maîtres étoient pîos communs, îes bons Élèves ne fçroient pas fi rares ; mais les Maîtres qui font en état d'enfeigner , ne donnent point de leçons ,& ceux qui en devroient pren- dre , ont toujours la fureur d'en donner aux au- tres. Que dire de leur négligence , & de l'unifor- mité avec laquelle ils enfeignent ? La vérité n'eit qu'une , s'écriera-t-on : cela eft vrai j mais n'eft-lî qu'une manière de la démontrer & de la faire paf- fcr aux Ecoliers que l'on entreprend ? Pour y par- venir il faut une fagacité réelle , car, fans réfîcxion & fans étude , il n'eft pas poffrble d'appliquer les principes félon les génies divers de conformation , & les dégrés d'aptitude. On ne peut choifir d'un coup-d'œil ce qui convient à l'un , ce qui ne fau^ MAI . . 21^ roit convenir à l'autre , & l'on ne varie poinr en- fin fss leçons à pioportion des diveriîtés que h nature , ou que l'habitude , fouvent p!us rebelle que la nature-mcme nous olîre & nous prJf^^ntc. C'eft doncefTenticllementau iMaitre que le foin de placer chaque Elève dans le genre qui lui c(t propre eft rcfervé. H ne s'agit pas à cet eflet de poficder (eV.Iement les conncifTanccs les plus cxacles de l'art , il faut encore fe défendre foi- gneufement de ce vain orgueil qui perfuadc à chacun que fa manière d'exe'cuter eft l'unique &: la feule qui puilTc plaire. Car un Maître qui fc pro- pofe toujours comme un modèle de perfc6lion , & qui ne s'attache à faire de fes Ecoliers qu'une copie dont il eft le bon ou le mauvais original , jie rcuHira à en former de padables que lorfqu'il en rencontrera qui feront doués des mêmes difpO^- fitions que lui , & qui auront la même taille , 1? mcnie conformation , &. la même intelligence. Un Maître, après avoir enfeigné k fon KJève les'pas j la manière de les enchaîner les uns les autres, les oppofîtions des bras, les effaceraens du corps , & les pofitions de la tête , dcvroit en- core lui montrera leur donner de. la valeur & de l'exprcflion , par le feçoursde la phyfionomie. H ne faudroit , pour y parvenir , que lui rcr^îcr des jEr:rm'J dans Icfquclles il y auroitpiuiieurs paf- 'fjons à rendre; il ne fcroit pas fufafantdc lui 1x6 MAI faire pcinJre ces mêmes paiïlons dans toutes leurs forces , il faudroit encore qu'il lui cnfcignât la fucceffion de leurs mouvemens, leurs gradations , îeurs dégradations , & les différens effets qu'elles produifent fur les traits. De telles leçons feroient parler la Danfe , & raifonner le Danfeur. Il ap- prendroit à peindre , en apprenant à danfer, & ajouteroit à notre Art un mérite qui le rendroit Beaucoup plus eftimable. Les Maîtres de Danfe & Joueurs d'inftrumens forment une Communauté à Paris. Leurs Statuts font de 1658 , donnés , approuvés , confirmés par Lettres-Patentes de Louis XIV , enregiftrées au Châtelet le 13 Janvier 1659, ^ **" Parlement lo 22 Août fuivant. Il eft bien fait mention , dans le vu des Lettres, de plufieurs autres Statuts & Ordonnances don- nés de tems immémorial par les Rois de France ; mais comme on n'en rapporte aucune dare , on ne peut rien dire de plus ancien fur fon établifie- ment dans la Capitale , & dans les autres Villes du Royaume. Celui qui eft à la tête de la Communauté , & qui la gouverne avec les Maîtres de la Confrairie , a le titre & qualité de Roi de tous les Violons , Maîtres à danfer & Joueurs d'inftrumens. Ce Chef n'entre point en charge par éleftion , MAI 217 mais par des Lettres de provifion du Roi, comme étant im des Officiers de fa Maifon. Les Maîtres de la Confrairic font éins tous les ans à la pluralité des voix , & tiennent lieu dans leur Corps , pour leur autorité & leurs fondions, de ce que font les Jurés dans les autres Commu- nautés. Les Apprentifs s'obligent pour quatre ans. On peut cependant leur faire grâce d'une année. Le? Afpirans doivent faire expérience devant le Roi des Violons ,(\\xi peut y appeller vingt-quatre Maîtres à fon choix , mais feulement dix pour les fils de Maîtres , & les maris des filles de Maîtres y c'eft auiïi de ce Roi que les uns h. les autres doi- vent prendre leurs Lertres. Les Violons de la Chambre de Sa Majefté , font reçus fur leurs brevets de retenue. Ils payent néanmoins les droits. II faut être Maître pour tenir falle ou école ,- foit pour la Danfe , foit pour les inftrumens , & pour donner des férénades ou concerts d'inftru- niens , aux noces ou aflcmblécs publiques , mais il eft défendu aux Maîtres de jouer dans les Caba- rets , fous les peines portées par les Sentences du Chàtelet , du 1 Mars 1 644 , &. Arrêt du Parle- ment du 1 1 Juillet 1648. Enfin il eft permis au Roi des Violons de nom- mer des Lieutenans dans chaque Ville da Royau- 2i8 M A R me , pour faire obferver ces Statuts , recevoir 8c aggrécr les Maîtres , donner toutes Lettres & Pro- vifions, fur la préfentation dudrt Roi ; auxquels Lieutenans il appartient la moitié des droits dus au Roi pour les réceptions d'Apprentifs & de Maîtres. MARCHER. La manière de tien marcFier cft fi utile , que c'eft d'elle que dépend le premier principe de la Danfe , qui eft le bon air. Voici une méthode très-facile , où l'on ne trouvera que les fimples mouvemcns de la nature. Je fuppofe que vous ayez le pied gaucîie devant, c'eft-à-dire à la quatrième pofition , il faut ap- puyer le corps dcflus &en méine temps le genou droit fe plie & le talon fc lève par le mouvement que le corps fait en fe pofant defllis la jambe gauche , & par conféquent fait lever la droite, ce cui fe fait par fon genou , qui , étant plié , cher- che à s'étendre ; il faut obfen-er de ne la pas por- ter plus loin que la grandeur ou diftance du pied entre les deux mêmes, ce qui eft la proportion du pas ; mais il faut pofer le talon avant la pointe , ce qui fait avancer le corps fur le pied que vous pofez , au lieu que fi vous poficz la pointe avant \c talon , elle rejetteroit le corps en arrière , & fatiguerolt infinlmentjles jambes doivent être fort étendues dans leurs tems, les hanches tournées en MA R it9 dcîiors , parce que les autres parties inférieures fe tournent d'elles-mêmes , ce qui e(t incontefta- ble , d'autant que cette jointure commande & dirpofe des genoux & des pieds. J'ai dit que l'on devoit étendre les jamLcs en les paflant devant foi , pour éviter de ne les point trop écarter, ni Içs trop ferrer. On doit donner à fa manière de marcter un teras qui ne folt ni trop vîte , ni trop lent j ce dernier tient de l'indoIence^ÔL l'autre fentl'étourdi. 11 faut avoir la tête droite &. la ceinture ferme , par ce moyen le corps fe maintiendra dans une Situation avantagcufe , & ncdandinera point. Les bras doivent être étendus à côté du corps , en ob- fcrvant que , lorfque vous faites un pas du pied droit , c'cfr le bras gauche qui fait un petit mou- vement en devant , ce qui arrive naturellement. . M A R I A G E , ( Danfe du ). Elle eft d'ufage chez ions les Peuples de l'Amérique Septentrio- nale. Lorfqu'un Sauvage qui s'eft acquis la réputa- dc brave Guerrier, s'ctant fîgualé plufieurs fois contre les ennemis de fa Nation , veut fe marier par un contrat, ou, pour mieux dire par un bail ,de trente années, dans i'efpérancs de fe voir , pendant fa vicilIeHe , une famille qui le faffe {\\o- . ■ fifter , il cherche une fille qui lui convienne j î;;s 220 M A R deux parties étant d'accord , elles font part de leur deflein à leurs parents ; ceux-ci n'oferoient les contredire , & , pour être témoins de la céré- monie , ils s'aflemblent dans la cabanne du plus ancien parent , où le fcftin fe trouve prêt. L'af- fcmblép eft ordinairement nombrcufe. On y chante & l'on s'y divertit à la manière du pays. Enfuite la future époufe le préfente à l'une des portes de îa cabane accompagnée de fes quatre plus vieilles parentes : aufli-iôt le plus âgé la vient recevoir , & la conduit à fon prétendu , dans un lieu où les deux époufés fe tiennent debout fur une belle natte , tenant une baguette chacun par un bout , pendant que les vieillards leur font de courtes ha- rangues. Dans celte pofture , ces mariés fe ha- ranguent eux-mêmes tour-à-tour , & danfent en- femble en chantant, & tenant toujours la ba- guette , qu'ils rompent enfuite en autant de mor- ceaux qu'il fe trouve de témoins , auxquels ils les diftribuent,. Après cela on reconduit la mariée-hors delà cabanne; les jeunes filles l'attendent pouj la ramener en cérémonie à celle de fon père, où le marié eft obligé d'aller la trouver quand il lui plaît , jufqu'à ce qu'elle ait un enfant ; alors elle fait poner fes bardes chez fon époux , pour y de- meurer jufqu'à ce que fon mariage foit rompu , car chez eux il eft permis à l'homme & à la femmç de fe féparcr ; cette cérémonie fe termine par un M A R 221 /eftin , dans lequel la table eft couverte ^e tout ce qu'ils ont de plus exquis. Au refte, les Sauvages font très-fobres , ne mangeant que du rôti & du bouilli , foit viande , foit poiHbn ; ils ne peuvent foufirir îe goût du fel , ni des autres épiceries. Ils font furpris que nous puifllons vivre trente ans , à caufe de nos vins , de nos épiceries , & de l'ufage immodéré des fem- mes. Ils dînent ordinairement quarante ou cin- quante de compagnie ; & quelquefois ils font plus de trois cents. Le prélude de leur repas eft tou- jours une Danfe de deux heures. Chacun y chante izs exploits & ceux de fcs ancêtres. Celui qui danfe eft feul , les autres , affis en rond autour de lui , marquent la cadence par ce ton de voix , "hé t ^é , hé , hé. Chacun fe lève à fon tour pour en faire autant. II n'y a que les Sauvages Chrétiens chez qui I l'argent eft en ufage ; les autres ne veulent ni le manier, ni même le voir; ils l'appellent Iey^/pc/z« (des François ; ils difent, dans leurs chanfons , qu'on fe pille , qu'on fe diffame , qu'on fe vend , & qu'on fe trahit parmi nous pour de l'argent. Ils trouvent étrange que les uns aycnt plus de biea que les a,utres , & que ceux qui en ont beaucoup foient plus eftimés que ceux qui en ont moins. Ils prétendent que leur contcr.rementd'efpritfur- pafle de beaucoup nos richefles , que toutes nos 222 M A R fcieiices ne valent pas celle de favoîr païïer la vie dans une tranquillité parfaite ; ils nont point cette aveugle fureur que nous appelions amour J ils fe contentent d'une amitié tendre, & qui n'cft point fujette à tous les excès que cette paffion caufeàceuxqui en font poncdés,veilîans toujours. à fe conferver en tout la liberté du cœur ^ ils re- gardent le Chant , îa Danfe , la chafle , la gaité d'efprit, comme le tréfor le plus précieux qu'il y ait au monde. Telles font les mœurs de ces Peu- ples, de ces Sauvages, qui ne font pas tout-à-fait fi fauvages (jue nous. M A R { É F. , ( la ). Sorte (îe vieille Danfe fîgu- rée , que clanfent un homme &. une femme , & qui s'appelle la M'.znée , parcs qu'on la danfe ordinai- rement aux noces despems Bourgeois. La Mariée. eft gaie.& agréable, £: c'eft un plaifîr que de la voir danfer à des gens qui la danfent bien. MASCARADE. Troupe de perfonnes maf- quées qui vont danfer & fe divertir* , fur-tout en la faifon du carnaval. Ce mot vient de l'Italieil ynafcarata^àcTivé de l'Arabe mafcara , quifigni* fie r. 'ITérie , boufonnerle , félon Ménage. Trois efpèces de divcriiflemens affez différens les uns des autres , ont été connus fous le nom de vuifcaradis. > MAS 223 Le premier & le plus ancien étoit formé de .' quatre , huit , douze , & iufqu'à feize petfonnes , qui , après être convenues d'un ou de plufieurs déguifemens , s'arrangeoient deux à deux , ou quatre à quatre , & entroient ainiî mafquées dans îe Baî. Telle fut la mafcarade en fauvage du Rot Chales V I ; & celle des Sorciers du Roi Henry IV. Les Mafques n'étoient afTujettis à aucune loi , & il leur étoit permis de faire jouer îes airs qu'ils vou- loientdanfer pour répondre aucara£tère du dégui- lenient qu'ils avoient choifis. La féconde efpèce étoit une compofîtion régu« licre. On prenoit un fujet, ou de la Fable, où do J'Hiftoire. On formoit deux ou trois quadrilles , 'qui s'arrangeoient fur les cara6lères ou fujets 'choifis , & qui danfoient , fous ce déguifement , les airs qui étoient relatifs à leur perfonnage. On joignoijt à cette Danfe quelques récits qui en don- 'noient les explications nCcedaires. Jodelle , Paf- ferat , Baif,Ronfard,Benferade,fignalèrent leurs talens en France dans ce genre , qui n'eft qu'un abrégé des grands Ballets, & qui paroît avoir pris naifiance à notre Cour. Il y en a une troifiènie qu'on imagina en 167J, qui tenoit auiïi du grand Ballet, & qui, en ' allongeant la mafcarade déjà connue, ne fit autre 'cbofo que d'en changer l'objet principal , en fub- ftituant mal adroitement léchant à la Danfe ; 224 MAS cette cfpèce de compofuion théâtrale retint tous les vices des autres , & n'étoic fufceptible d'au- cun de leurs agrémens. Les mafcarades que les Rois Charles IX, Henri III , Henri IV & Louis XIII , ont danfées , font fans nombre ; on en fit une chez le Cardinal Mazarin, le a Janvier 1655 , dont étoit Louis XIV. C'eft la première que le Roi ait danfce. Le . carnaval de Benferade , qu'on exécuta le 1 8 Jan- vier 1668 , fut la dernière mafcarade où ce Mo- narque , père des Arts, prit le mafque. II n'avoit pas encore trente ans. MASQUE. On en attribue l'invention à Choërie, à Thefpis ou à Efchyle. Les mafques, anciennement , n'etoicnt pas faits comme ceux dont on fe fert aujourd'hui ; c'étoicnt des têtes entières , plus grofTes & plus grandes que le na- * turel,& dont les Afteurs couvroient la leur, com- me d'un cafque , & fous laquelle ils pouvoient parler fans être gênés. Les Mafques repréfentoient ks traits du vifage , la barbe , les cheveux , les oreilles , & les ornemens même employés pour les femmes dans leur coèfiiire , félon les divers perfonnages dont ils avoient à jouer les rôles, caries Anciens n'avoient point d'Aârices, & les rôles de femmes n'étoient jamais joués que par des hommes. La matière des Mafques de théâtre fut M À s a2$ fut d'abord d'écorcc d'arbre , enfuitc de cuir dou- blé de toile ou d'éioffes , & enfin de bois ; la forme * & la figure en ctoient exécutées par les Sculpteurs , d'après l'idée que leur en fourniflbient les Poètes. H ne manquoit jamais d'y avoir des traits outrés, un air ridicule , & une bouche béante. II y avoit ■ de trois fortes de Mafques de Théâtre , de Comi- que, de Tragique, & deSatyrique; il y avoit encore un quatrième genre de Mafque , qui n'é- toit point difforme comme les autres, & qui / repréfentoit les perfonnes au naturel , auquel on donnolt le nom de Majque mua. C'étoient ces Mitjques Orcheftriques qui étoient faits pour les Danleurs. Le premier A£leur qui fe fervit de Mafque à Rome , fut Rofcius Gallus, pour cacher la diffor- mité de fa vue. L'ufage de ces Mafques fut auflt introduit dans les feftins publics , dans les funé- railles, où les Pantomimes en portoientpourre- préfentcr les aftions des Mons; dans les combats, pour furprendrcôc tromper l'ennemi. Un des plus agréables plaifirs fut, chez les Grecs, de fe maf- quer après fouper , & de courir les rues avec une troupe de jeunes garçons & de jeunes filles qui chantûient , danfoient , & jouoient des inftrumens. On alîoit avec ce cortège vifiter les Dames , 6c rendre hommage à Comus , Dieu des feftins. Dans la defcription des principales pierres P 226 MAS gravées Ju Cabinet de Monfeigneur le Duc d'0^ léans , on peut voir , planche deuxième , la iîgure d'un Mafque Tragique Orcheltriqueitous ceux qui , avec uncaraftère tout-à la-fois triftc& noble , ont les lèvres rapprochées & la bouche dans un état naturel, font également Orcheftriques. Les Anciens attachèrent à chaque rôle un Maf- que particulier, diftindif, invariable; le même ufage a pafle , & fubiifte encore aujourd'hui. On feroit tenté de croire que le Mafque & l'habit d'Arlequin font un refte dis anciennes repréfenta- tions théâtrales , & voici les autorités fur lefquelles on pourroit fonder cette conjefture. LesComc- diens & les Mimes formoicnt , chez les Romains, deux clafles d'A£îeurs très-diftingués ; ces derniers, au lieu d'être montés fur des brodequins , comme l'étoient les anciens Comiques , n'avoient pas même de chauflures. L'un d'entre eux avoit un habit fait de pièces & de morceaux ,& ces pièces & ces morceaux étoient de différentes couleurs. Nous lifons dans Cicéron, de Oratorc, L. 2., que le vifage de 5anmon , les mœurs qu'il lut falloit imiter , fa mine , fa voix , &. toute fa per- fonne étoient ce qu'il y avoit au monde de plus ridicule. Remarquons que le Sannion ïippartenoit à la clafle des Mimes ,& qu'en Italie , aujourd'hui encore , le Brighclle & XArlequlri font appelles. Zanni , Sanni , mot évidemment deriyé de celui M E M Î27 lie Bannlo. Ainfi il y avoit des Arlequins fur Id Théâtre des Maîtres du monde , & au milieu des débris de la Tragédie & de la Comédie ancienne, deux rôles groiïlers & bouffons fefont maintenus depuis le tems de la République Romaine jufqu 'à nos jours ; mais cela n'eft point étonnant. La bar* Wie, qui peut éteindre toutes les lumières de i'efprit , étouffer toutes les femenccs du bon goût , & effacer jufqu a la trace des Arts, ne peut rien contre les ufages qui diveniflent & font rire le peuple , quelques exceffives que puiffent être fou ignorance & fa groffièreté. Poilux porte l'attention jufqu'à décrire les Maf- qucs qui avoient les yeux louches ^ les fourcils élevés ou abbalffés , le front large, le nez camus, ie menton allongé, les lèvres de travers , l'air gai outriftc , la barbe épaifle , la tête chauve, &c. mais il ne dit rien de ceux dont fe fervoient les Danfeurs. Lucien eft , de tous les Anciens, celui qui a jette le plus de jour fur les Mafqiics Orchef- triques , dans fon dialogue defaltatîonc» MEMPIIITIQUE, ( Danfe). Ceft Mi* nerve , félon la Mythologie des Grecs , qui ima- gina la Meniphltlque , ou la Danfe armée ; on la danfoit avec l'épée , le javelot & le bouclier. On y retraçoit , par les mouvemens , les pofitions St les figures , toutes les évolutions militaires. UfaJ- P a aiS M E M •îoit la pîos grande adreOe , & beaucoup de force ^ pour rendre d'une manière agréable & précifc , le» expreffions vives & légères dont elle étoit co'ni- pofée. Les Anciens i qui vouîoient faire fervir h l'uti- îité publique les délaflemens ainfi que les travaux^ s'apperçurent que la Danfe embeliifibit le corps, qu'elle lui donnoiï tout-à-la-fois de la force & de l;i grâce , qu'aile le rendoit prompt , léger , propre aux exercices de la guerre \ ils virent qu'en mcmc' tems elle perfc6tionnoit l'ame en mettant de la proportion , de la mcfure & de l'accord dans fes mouvemens; eu conféquence ils érablirent non-' feulement des Gymnafes deftinés à ce! exercice ^ mais encore des Jeux où l'on fe difputoit à qui Irilleroit le plus dans cet Art , & , pour donner plus d'attraits & plus d'éclat à la récompenfc , ils voulurent que le vainqueur la reçut des mains du l^ublic. • Licurgue ordonna par une loi que les feuncj Spartiates fuflent exercés dès l'àgc de fept ans aux Danfes, qu'il compola fur le ton Phrygien; elles sexécutoierit avec l'épce, le bouclier & le javelot. Us avoient deux lortesde Danfes militaires; la •Danfe Gymnopédique , ou Danfe des enfans , & ia Danfe hnoplienne , ou la Danfe armée. Les Spartiates avoient imaginé la première pour ré- veiller 'c courage de leurs enfans , & les conduire / M É M tî9 infenfiblcmcnt à l'exercice dû la Danic -armée. Cette Danfe s'exécutoit dans la place publique, Elle étoit comporée de deux Chœurs , l'un d'hom- mes faits , & l'antre d'enfens ; ils étorent nuds les uns& Içs autres. Le chœur des enfans régîoit fes jnouvemens fur ceux des hommes , & ils danfoient tous enfemble , en chaniant les Po^fiçs de Thaïes, d'Alcman , &c. . , La Danfe Enopliennc , ou Pyrriquc, étoit danr fée par des jeunes ger.s armés de picd-en-cap , qui exécutoient au fonde la flutte tous les mouve-» jnens nécefTaires, foit pour l'attaque , foit pour la défenfe; elle étoit compofée de quatre parties. La première étoit le Podifinej lequel confiftoit dans un mouvement des pieds très-fréquent 6ç très-rapide , tel qu'il étoit néceflaire pour attein- dre l'ennemi , s'il fuyoit , ou pour échapper à fa pourfuits, s'il étoit vainqueur. La féconde partie étoit le Xiphiftne. C'étoit une efpèce de combat ^ |îmulé, où les Danfeurs imitoient tous les raou- veraens du Soldat, qui tantôt porte des coups, lance des traits , & tantôt cherche adroitement à îes éviter, La troifième partie confiftoit en des ■ fauts fort élevés , que les Danfeurs répcto eut fréquemment ,pour fc mettre en état de franchir au befoin les foflés & les murs. La Tctracome formoit la quatrième & dernière partie. C'étoit Vinc figure quarrée , qu'on exécutoitpar des mou^-. Va 130 M E N vemcns tranquilles & majeftueux. Quelques Au* teurs prétendent qu'elle étoit particulière aux Athéniens. De tous les Grecs, les Spartiates furent ceux qui cultivèrent îe plus îa Danfc Pyrriquc. Athé- née nous rapporte qu'ils avoient une loi par la- quelle ils étoient obligés d'y exercer les enfans dès l'âge de cinq ans. C'eft ainfi que cette jeunefle apprenoit , en Te jouant , l'art terrible de la guerre» Quelle intrépidité ne devoit-on pas attendre de cette foule de Guerriers qui , dès leur enfance , étoient familiarilés avec les armes. Quelques Auteurs croyent que Caftor & Pol- îux furent les inventeurs de la Danfe armée ; c'eft une erreur , fon inftitution eft beaucoup plus an- cienne. lien eft de même de la Pyrrique, qu'on attribue à Pyrrus. Toutes ces Danfes , fous des îioms différens , ne font que des copies de la Memphînque^ ■ i MÉNÉTRIER. Vieux mot qui fignifîoit autrefois Joueur d'inftrumens , ou Maître à dan- fer. Saint Julien eft le patron des Ménétriers. Ce n'eft plus qu'aux noces de Village où on appelle îes Ménétriers. C'étoit originairement celui qui alloit chanter ou donner des fërénades à fa mai- trcft'e, avec des inftrumens de Mufique, Depuis, ce nom a pade k toutes fortes de Joueurs d'inftru* ^ M E N 231 mens ; enfuîte îl a été dit long-tems des Violons ; enfin il eft refté aux Vielleurs & aux Violons de campagnCi Borel dérive ce mot de Mlniftère,. ou Stmanus & Hijlrio , ou de minor Hijîrio, comme qui di- roit : petit Bouffon qui divertit avec la main. MENUET. Danfè de même nom-, qui nous cfi venue du Poitou. Le caractère de cette Danfc eft une élégante & noble fimplicité , &.ron peut dire , d'après Jean-Jacques Roufleau , que. le moins gai de tous les genres de Danfe ulitésdans nos Bals, eft le Menuet ; c'eft autre cliofe fur.Iô Théâtre. La mefure du Menuet eft a trois tems légers-, qu'on marque par le 3 fimple, ou parle l , ou par le |. Le nombre des mefures de l'air, dans cha- cune de fes reprlfes , doit être quatre , ou un mul- tiple de quatre, paice qu'il, en faut autant pour 1 achever le pas du Menue:; & le foin du Muiicieii doit être de faire fcntir cette dlvifion par des chûtes. bien marquées, pour aider roreillc. du Danfeur , & le maintenir.en cadence, Pecourt , ce fameux Afteur de l'Opéra , a donné au Menuet toute la grâce qu'il a aujour- d'hui-, en changeant laforme S, qui étoit fa prin- cipale figure , en celle d'un Z , où les pas comptés. P 4 232 M E N pour le figurer , contiennent les Danfeurs dans la même régularité. Le vrai pas de Menuet eft compofé de quatre pas , (qui cependant par leurs liaifons, félon les termes dei'Art, ne font qu'un feul pas). Ce pas de Menuet a trois mouvemens & un pas marché fur la pointe du pied , favolr : le premier eft un demi- coupé du pied droit , & un du gauche ; un pas marché du pied droit , fur la pointe, S: les jambes étendues ; àja fin de ce pas , vous laidez doucement pofer le taïon droit à terre , pour h'\Ç- fer plier îe genou , qui , par ce mouvement, fait îever la jambe gauche , qui pafle en avant en fai- fant un demi-coupé échappé , ce qui eft le trol- fième mouvement de ce pas de Menuet, & fou quatrième pas. On a adouci l'ufagc de ce pas , en ne fplfant^ faire que deux mouvemens; cette manière eft plus facile. Ce pas , de même que l'autre , eft comporé de quatre pas;ils commencent par deux demi-coupés, îe premier du pied droit , & îe fécond du pied gauche , enfuite deux pas marchés fur la pointe des pieds, favolr, l'un du droit , & l'autre du gauche , ce qui s'exécute dans îe cours de deux mefuresàtroistems , dont l'une s'appelle cadence, & la féconde contre-cadence. Pour îe bien com- preudre,onIe peut divifer en trois parties égales^Ia ■'■ '■■ ■ K 'M i M E N 233 première cft pour îc demi^oupé, la fecomiecft pour le deuxième , & lés deux autres pas marchés pour la troifième; ce que l'on ne doit pas être plus îong-tcras à faire , que celui que Ton met à faire un demi-coupé. On doit aufTi obfer^'cr qu'en faifant ce dernier pas , ilfautlailTer pofer le talon , afin que le pied pofant entièrement à terre , on foit plus ferme à plier. Pour en donner une intel- ligence plus facile , je vais décrire la manière do faire ce pas de fuite , afin de n'en pas retarder l'exécution. Ayant donc le pied gancBe devant , vous por- tez le corps deiïus , en approchant le pied droit auprès du gauche, à la preir.ière pofiûon, que vous pliez fans pofer le droit à terre, & lorfquc vous êtes allez plié , vous palVcz le pied droit de* vantvous , à la quatrièm.e pofiiion , £c vous vous élevez du mémetems fur la pointe du pied, erj étendant les deux jambes près l'une de l'autre, & de fuite vous pofez le talon droit à terre , pour avoir le corps plus ferme . & plier du méme-tems fur le droit , fans pofer le gauche , & de-là lepaf- fer devant, de même que vous avez fait du pied droit , jufqu'à la quatrième pofition , & du même tems fe lever deHus, & marcher les deux autres pas fur îa pointe des pieds , l'un du droit & l'autre du gauche : mais au dernier , il faut pofer le talon, 234 M E N afin de prendre votre pas de Menuet avec plus Je fermeté. On ne doit point entreprendre de faire d'autre pas de Menuet, foit en arrière , loit de côte , que l'on ne foit bien sûr de celui en avant. Celui en arrière fe fait approchant de même que celui en avant , à l'exception qu'au premier demi-coupé du pied droit , vous laiflez la jambe gauche étendue devant vous , & en pliant fur le droit. Pour le fécond, le talon gauche s'approche du pied droit , où il s'arrête lorfquc vous pliez , jufqu'à la dernière extrémité , ou vous le pallez derrière, pour vous relever, ce qui vous donne plus de facilité à le bien faire , au lieu que fi vous ïe paflez en pliant , vous ne vous relevez jamais fî bien , &les genoux paroiflent toujours plies. Ces remarques font enentielles pour bien danfer Is Menuet. Quant aux pas de Menuet de côté , allant \ droite, & que l'on peut appeller pas de Menuet ouvert, parce que fon premier pas eft porté à la féconde pofition, c'cft la même nfanière que celle en arrière, il n'y a que le chemin de différent. Celui en arrière fe fait en reculant fur une même ligne droite , & de côté il fe fait fur une ligne horifontale , allant à droite. H fe fait un autre pas en revenant, du côtd ; M E N 23^ gauche , qui eft différent en ce qu'il eft croifé , quoiqu'il fe fafle fur une même ligne , mais ca revenant de îa droite à la gauche. Voici la manière de le faire. Le corps étant fur le pied gauche ^ vous pliez deflus, enfuitc vous croifez le droit devant , Jufqu'à îa cinquième pofîtion , & vous vous élevez def- fus, la jambe fuit & s'étend. à côté de la droite, les deux talons près l'un de l'autre ; de là vouspo- fez le talon droit , & vous pliez fur le droit , les pointes tournées en dehors; enfuite vous glifTez le pied gauche Jufqu'à la deuxième pofition, & vous vous élevez fur la pointe , les jambes biea étendues , fans pofcr le talon ; vous faites après deux pas fur la pointe , l'un du droit , en le croi-' fant derrière à la cinquième pcfîtion ^ 6c l'autre du gauche , en le portant à la deuxième pofition , & en laidant pofer doucement le talon , ce qui fait un troifième mouvement , qui donne plusda vivacité au Menuet. Manière de bien danfer le Menuet. Lorfqu*on eft exercé à faire ces différons pas ^ on en forme une figure réglée. Après que vous avez fait les révérences que l'on fait ordinairement avant que de danfer, la féconda àant finie , il faut faire un pas de Menuet ea 23<5 M E N Tétrogacîant> à la place où vous avez commencé la première révérence, en formant un quart de cercle, ce qui vous rapproche, & vous préfentez la mam en-delTous à la Dame, pour que la Dame s'appuye deflus, Vous faites un pas de Menuet en arrière* pour iaiiler pafler la Dame devant vous , mais à la fin de votre pas de Menuet de côté, vous quittez îa main , & vous faites un pas de Menuet en avant, & la Dame en fait un en defccndant ; en- fuite vous faites l'un & l'autre un pas de Menuet (du côté droit , en arrière , qui vous remet en pré- fence , par le quart de tour que vous faites à votrç premier pas; en faifant ce pas, vous eflacez l'un & l'autre i'épaulc droite , ayant la rète un peu tournée du côté gauche, en vous regardant, cç que l'on doit obferver dans tout le courant di^ Menuet, mais fans afl'c£lation. Il fautenfuite faire deux pas du côté gauche, ayant le corps droit , & en pallant à vos deux pas en avant , effacer l'épaule droite l'un & l'autre, donnant toujours la droite à la Dame , vous re- gardant tous deux en paflant, & continuant tou- jours de faire vos pas en avant. Lorfque vous avez fait cinq ou fix tours de fuite, il faut, d'un coin de la falle à l'autre , en vous regardant, vous préfenter la main droite, & aller en avant. Lorfque vous allez en avant , levez ( à la fin dç M E N . 237 votre clcmîcr pas , en revenant du côté gauche ) !e bras droit à la hauteur de la poitrine , la main en dellbus. La tète étant tournée du côté droit., en fe regardant , vous faites un petit mouveraent du poignet & du coude de bas en haut , ce qui eft accompagné d'une légère inclination en préfen- tant la main , & toujours vous regardant en faifant un tour entier. Ayant quitté îa main droite , il faut aller en avant , 6c faire un demi-tour pour préiènter U main gauche, en obfervant le même cérémonial. Quand vous quittez la main gauche , il faut faire un pas de Menuet du côté droit , en arrière , ce qui vous remet dans votre figure principale, que vous continuez trois ou quatre tours , enfuite vous vous préfentez les deux mains , en levant vo9 bras à la hauteur de la poitrine , & le corps même fe plie. Lorfque vous tenez les deux mains , vous faites un tour ou deux ; & vous faites un pas de Me- nueten arrière , en amenant à vous la Dame , donc vous quittez la main gauche feuIement,pour ôter le chapeau ; le pas du Menuet fini , le Cavalier porte le pied droit à côté , à la deuxième pofition , puis vous faites enfemble les mêmes révérences qui font d'ufage en le commençant. ■ Quoique la durée du Menuet foit arbitraire , quelque bien que l'on Danie, c'eft toujours la 238 M E N même figure , ainfî le plus court qu'on le puifle faire c'eft le mieux: Lorfqu'on eft parvenu au point de le bien ^anfer , on peut de tems à autre y faire quelques agrémens, qui lui donnent plus d'enjouement & plus de grâce. La manière de conduire fes Bras dans le Me- nuet eft auffi néceflaire que celle des pas , parce que ce font eux qui accompagnent le corps , &en font tout l'ornement. Ainfi les bras doivent être placés à côté du corps , les mains ni ouvertes , ni ferme'es , car fi îe pouce fe joignoit à un des doigts , cela mar- iqueroit un mouvement arrêté qui feroitroidirles jointures fupérieures , & empécheroit que les tras ne fe remuaflent avec la même douceur que l'on doit obferver dans cette occafîon. Les bras ainfi pofés , vous les laifTez tomber prefque deflus l'extrémité des poches de l'habit , en prenant votre premier demi - coupé du pied droit , & les mains en dedans. Plufieurs perfonnes font des balancés en dan- fant le Menuet. Alors les bras fe font différemment des autres pas ; on doit les lever à la hauteur des hanches , & en faifant votre premier balancé, qui eft du pied droit , le bras gauche s'oppofe en l'avançant un peu en devant, de même que l'é- paule , & le bras & l'épaule droite s'effacent en M E N 239 firrlère ; cotrihie aufTi du même tems la tête fait une petite inclination ; au fécond balancé elle fc redrefle, & les bras fc remettent dans leur fîtuation. Pour les Demoifelîes il fuffit qu'au premier balancé elles eftacent l'épaule droite , ce qui fait avancer la gauche , & forme une efpèce d'oppofî- tion au pied , & qu'elles faflsnt une légère incli- nation de tête , fur-tout fans affeftation. Dans toutîe courantdu Menuet , il fautqu'une Demoifelle ait la tête droite & bien placée, les épaules en arrière , les bras étendus à côté du corps , de façon que les coudes touchent prefque fur les hanches, mais tout naturellement. Elle doit tenir fa robe ou fon tablier avec le podbe & le doigt fuivant , les bras étendus à côté du corps , les mains en dehors, fans étaler fa robe , ni la tenir trop ferrée. Leur manière de figurer eft la même que celle de l'homme, tant pour effacer i'épaule dans les pas de côté , que dans ceux en paflant en avant, A la place du pas de Menuet , on fa'it quelque- fois un Contretems , mais on ne les pratique guè« rcs, depuis que les PaiTepieds & les Menuets figurés font à la mode. Pour bien faire le Contretems du Menuet , il faut favoir comment ils fe forment. Voycr^lcmot Contretems. ■/ 24Ô MES" MESURE. Mefure fe dit de la eadence & de^ tems qu'on doit cbrerver dans la Danfe , & en Mufique , pour les rendre avec agrément & régu- • larlté. La A7f/î/;tf contient ordinairement une féconde d'heure, qui eft environ le teins du battement dt» poux & du cœur; de forte que la fyftole , ou la conftruOion du cœur répond à l'élévation de la main , & fa diaftole , ou dilatation , à l'abaiflement. Elle dure environ autant de tems qu'un pendule de deux pieds & demi de Iong,en emploie à faire un tour £c un retour. La Mefure fe règle fuivantla différente qualité ou valeur des notes de Mufique , félon lefquelles on marque le tems qu'il faut donner à chaque note. Par exemple, la yè;/jz-3rève dure un lever & un baifler , &. c'eft la Mefure entière. La minime , qu'on nomme blanche, dure un lever ou un baif- fer; Ce la noire dure la moitié d'un lever ou d'un bailler j parce qu'on en /ait toujours quatre à la Mefure. La Mefure binaire ou double , eft celle où le ^\ lever & le baiffer de la main font égaux. ' 1 La Mefure ternaire ou triple ^ eft celle oii le ' i frapper eft double , ou deux fois plus long que lô |. îever , pendant laquelle on chante deux notes | 'blanches en frappant , & une en levant ; & , pour L ce fujet, on met le nombre de trois au commen- | cernent l. M I M ^41 cernent des règles , lorfqu'on chartte la Mefurt ternaire , & un C tranché , lorfqu'ellc cft hiîtairi' ou égale. ha pleine Mefure eft celle pendant laquelle oit chante quatre notes , comme aux Allemandes , aux Gigues , &c. on dit qu'un homme joue dé Mefure , qu'il danfe de Mefure , quand il obferve ces Mefures & ces tems. Voye^ ChorÉGRA» J'HIEv - MIME S. Afin que Tes Intermèdes des Pièces de Théâtre fufTent agréables, les Grecs cherchè- /ent à les rendre intéreHans ; après qu'un A£lé ctoit joué , des Danfeurs le répétoient par de» fauts & par des geftes , & eela enfuivantune cer- taine Mufîque qui rcndoit l'imitation de ce qui avoit été ref réfenté.Ces Danfeurs furent appelle» Mimes. On remarque que ces Danfeurs furent toujours très-ignorans dans l'art d'imaginer une intrigue, de la conduire , de foutenir les caraftères , & d'à-* mener un dénouement Par des geftes indécens , ils faifoient un mélange monftrueux de fottifes burlefques & de préceptes moraux. Ils avoient la tête rafée , les pieds nuds , fe couvroient de peaux d'animaux , 2c fe barbouilloient le vifage avec dô la fuie. Dans les repréfentations , pour mieux faifir le* ^4». M'(E U: ridicules^ ils s'en chargèrent compïettement , & enfin ne s'attirèrent que le mépris. On les amenoit aux feftins quelquefois , pour les faire fuftiger. Ce perfonnage fut encore cmployc dans les funérail- les , &. c'efi ce qu'on appella Archimlme. ( /^qyq ce TJiot.) \\ dévânçoit le cercueil, & repréfcntolt far des geftes » les actions Sa les mœurs du défunt» MOELLEUX, en terme deDanfe,rignifio flexion proportionnée des genoux ; mais ce mou- vement n'eft pas fuHîfant; il faut encore que les cou-de-pieds faflent reHbrt , & que les reins fer- , vent , pour ainli dire, de contre-poids à la ma- chine , pour que ces reflbrts baiflent &. haufTent avec douceur j c'eft cette harmonie rare dans tous les mouvemens , qui a décoré le célèbre Dupré du titre glorieux de Dieu de la Danfe. M (EUR S. La Danfe étoit anciennement ^ chez les Grecs , une imitation figurée des allions & des mœurs. Voilà pourquoi Lucien veut qu'un Danfeur , qui doit être en même tems un bon Pantomime , fâche bien la Fable & l'Hiftoire. Dans toutes Us fêtes , on chantoit les louange» de la Divinité qui en étoit l'objet , & les Danfcs qui fuivoient le chant , peignoient les principaux traits de fa vie. On danfoit le triomphe de Bac- chus , les noces de Vulcain , cciies.de Pales, &c. } M Ô R 143 Les jeunes filles brilloient fur-tout aux fétirS id' Adonis. Elles danfoient les amours de Diane & ^'Endymion, le jugement de Paris, l'enlèvement il'Europc , portée par l'Amour fur les flots, &c. "Ces Danfes étoient autant de tableaux mobiles , où les geftes & les pes , les mouvemens des bras & des jambes , toutes les inflexions du corps', txprimoient des fituations & des faits rntérclTanî. M M ER I E. Mafcarade , boufTonnerie , dé- ■guifement de gens mafquës pour aller danfcr -, jouer , fe réjouir. Ce mot vient, de Momus , le Bouffon des Dieux du Paganifrae. MORTS, ( Danfe des ). Elle eft là même ijuc la Danfe Macabrée. P^oycT^ ce mot. En 1744 , il parut à Bàle une édition d'uA Ouvrage , petit 2/2-40, qui a pour titre Danfe des Morti , comme die ejl dépeinte dans la louable '& célèbre ville de BaJIe , que le célèbre Matthieu Mérian a gravée fur les originaux, avec des mo- ralités en Vers Allemands , -mais traduites eh François dans l'édition que je viens de citer. Voici un extrait de la Préface de Matthieu Mé- dian , par laquelle on verra que l'origine de cette Danfe, ainfîquedcla Danfe de Saint-Jean, vient d'une maladie épidémique. « Pour ce qui regarde » Iç contenu > vous y trouverez le fameux tableait »4^ M Q R » de la Danfe des Morts , qui eft dans la ville Jtf » Balle , auprès du Couvent des Domifticains , » dans cette belle vallée qui eft pleine de til- » Iculs , furie chemin pavé à côté droit, à l'en- » trée, & fermé d'une galerie & d'un toît. Ce » tableau eft un vieux monument d'une rare an- » tiquité , qui y fut fondé dans le grand Concile >k (comme l'on croit d'une manière très-proba- « bic ) par les Pérès & les Prélats qui y affiftoient » du tems de l'Empereur Sigifmond , en mémoire » de la mortalité ou de la pefte qui y régnoit en » 1439 > pendant le Concile commencé en 14^1, >♦ & fini en 1448 , qui emporta beaucoup de >> monde , entre Icfquclles il y avoit plufieurs » perfonncs de qualité , & même des Cardinaux >> &des Prélats j dont plufieurs font enterrés » dans cette même Églife des Dominicains » de Baiîe , & plufieurs encore dans la Cbar- » treufe qui eft dans la petite Ville.... Or , comme » nous venons de dire , les Pères du Concile y » ont fait peindre en huile cet œuvre louable par V un des meilleurs Maîtres , dont on ne fait pas » le nom ; ce qu'il y a ici de remarquable , c'eft >» que les hommes , prefque de toutes les condi- w tions , y font peints d'après nature , & dans I» » même habillement qui étoit alors. La figure du M Pape reprélente Félix V , qui y fut élu au lieu » d'Eugcnc ; la figure de l'Empereur eft le por^ MOU 24^ »» irait tien véritable de Sigifmoncl ; celle du Roi u cfi le portrait d'Albert II , alors Roi des Ro- »> mains; car tous deuxafGftoient à ce Concile. >» Quant aux rimes , elles font ajoute'es au même j> tems , & compofées félon la Poélie & la pro- y» priété de la Langue Allemande alors "ufîte'e , » comme on peut le voir au-deflus de chaque v> figure ». MOULINET. Danfe fmguîière , que les Dcrvis exécutent pour célébrer la fête de Mené- laiis , leur fondateur. La tradition de ces Religieux cft , qu'il tourna en danfant pendant quatorze jours , fans fc donner aucun relâche , au fon de la flûte de Hanfé, fon compagnon. Cette Danfe s'exécute au fon des flûtes, en tournant avec la plus grande rapidité. Les Mof- quécs font les Théâtres de ce fpe^lacle extraordi- naire. Les Dervis y pirouettent avec une force, une adrefle , une agilité qui paroifient incroyables. II y en a plufîeurs qui poufiènt cet exercice vio- lent jufqu a ce qu'ils tombent enfin d'étourdiO^?* ment & de laflitude. M OU V E M E N S. II eft eflentiel , pour bie» danfcr, de bien prendre fes mouvement ;pourIe8 faire juftcs , il faut bien les connoîire , & pouc les bien conuoîtrc, il faut en favoirlc mobile». 11 i4(î M O U II y a trois Mouvcmcns dcpus la ceînturo Jnf» qu'aux pieds , celui delà hanche , celui du genou , & celui du çou-de-pied; c'eCt de ces principaux; Mouvcmens que l'on forme tous les dift'érens pas. de Danfe. Mais ils ne font dans Icyrs perfections, qu'au- tant que les jointures ont fait leurs plies , & qu'ils^ font revenus dans la fiiuation où ils étoient avant, c'eftà-dire , la jambe tendue. Le cou-dc-pied a deux manières de fe mouvoir ; favoir , t:nfion fit exteniîon , ce que nous appelions lever la pointe & la bniflcr: cç Mouvement cft celui qui fatigue le plus, parce qu'il fouiicnt tout le poids du corps dans fon équilibre, auflî eft-il des plus néctflaires pour bien danfer. Ce n'eft que parle plus ou le moins de force qu'il pofsèdc , que la jambe s'étend avec plus ou moir.s <^e facilité , foit en danfant , foit en fautant , parce que , lorfque vous pliez pour fauter , le cou-de- pred , par fa force , vous relèvç avec vivacité , & îorfque vous retombez, vous tombez fur les poin- tes ; ce qui vous fait paroître en quelque forte plus léger. Le Mouvement du genou n'eft dans fi perfec- tion qu'autant que la jambe cft tendue &. la pointe bade , ce qui fe voit dans les demi-coupés , le ge- nou feplie, & la pointe fe lève un peu, mais, lorfque vous pailez le pied , & que vous vous élei- : ^ MUS 247. Tcz ,c*crt le cou'dc-picd qui pcrfculionhe te pas ;.. alnfi le Mouvement du genou cft mfsparable du cou-de-plcd. Le Mouvement de îa hanche eCt très-différent^ il n'eft pas fi apparent , en ce qu'il eft plus caché ; cependant c'eft la hanche qui conduit & difpofe des autres Mouvemens , puifque les genoux , ni les pieds , ne fe peuvent tourner, fi les han» ches ne font tournées d'abord , ce qui eft in» conteftable. II fe fait des pas où il n'y a que la hanche qui agit , comme dans les Batte^. mens lerrc - à - terre , les Entrechas & les cohrioles, &c. &c. MUSETTE. Sorte de Danfedun cara6lcrc- qui eft convenable à l'inftrumentdece nom; l'air- en eft à deux ou à trois tems , portant une bafTc pour l'ordinaire en tenue , ou pointd'orgue , qu'on, appelle hajfe de Mufette. Dans l'ancien tems on voyoit les Berbères or- nées de guirlandes de lîcurs ,fur le foir ..ramener - leurs troupeaux , tandis que Corydon faifoit ré- fonner fa Mufette, Les Bergers , pour plaire à leurs • Belles , &: pour les engager , uniflbicnt leurs Dan- fes à leurs Tons de voix les plus doux & les plus flatteurs. On regrette de n'être pas habitant d'uns cpnurée où, l'on ne connoiilbit d'autre ambiiioa. Q.4. 14» N U P que celle it plaire , & d'autre occupation que celle d'aimçr & d'être heureux. N, NEUROBATES. On appelîoh de ce nom une efpccc de Danfcurs de corde qui marchoient^ non feulement fur une corde tendue, mais qui, faifoiçnt quaniiti^ de tours & de fauts , comme, auroitfait unDanfeur fur terre , au fon d'une flûte. Nam & Neurobaten , dit Vofpifçus, qui velut in vends coihumatus ferretur exhibuit. N U P T I A L E S , ( Danfes ). Elles fe faifoient ordinairement au fon de la flûte ; on louoit pour ç»îîa des Danfeurs & des Joueurs d'inftrumens qui réjouiflbient enfemble toute la compagnie , & par- mi Içfquels il arrivoit quelquefois aux Conviés de fc mêler , lorfque les vapeurs du vin commen- çoicnt à leur échauffer l'imagination. On trouve , dans le feftin de Xe'nophon , une de ces Danfes , que je vais rapporter dans toute fon étendue , afin que l'on puifle fe former une idée plus jufto de ce qui concernoit ces fortes de divertidemens. i< Apres qu'on eût deflcrvi, dltXénophon , qu'on w eût fait les libations , & chanté l'Hymne , on V vit entrer un Syracufain accompagné d'une V Jpueufe de flûte fort bien faite , d'une Danfcuf< > NUP" i49 >» Ju nomBre de celles qui font des fauts pérll- » leux , & d'un beau petit garçon qui danfoit & w jouoit de la lyre parfaitement La Danfeufo » s'étant préfentée au bout de la falle , l'autre »i fille commença à jouer de la flutte, & quelqu'un » s'étant approché de la Danfeufe ^ lui donna des » cerceaux jufqu'au nombre de douze ; elle leS » prit, & en même tcms elle danfa , les jettanten » l'air avec tant de juftcfle , que , lorfqu'ils retom- » boient dans fa main , leur chute marquoit la • » cadence Enfuiteon apporta un grand cercle » garni d'épées , la pointe en dedans , au travers » defquelles cette Danfeufe fit plufieurs culbutes, » & ce ne fut pas fans effrayer les Spectateurs , « quicraignoient qu'elle ne fe bleOat. Mais elle »> s'en tira avec toute la hardiefle poffible , & ne » fe fit aucun mal Après cela le petit garçon fe »> mit à danfer, & , par fes geftes & fes mouve- »> mens , paru: encore plus aimable à toute la » compagnie Cela infpira l'envie de danfer à » une efpcce de Boufîbn , ou de Parafite , qui » étoit du repas , & qui s'étant lève de fa place , ' » fit quelques tours à travers la fallo , imitant la » Danfe du petit garçon , 6c celte de la jeune j> fille. D'abord il s'y prit d'une telle manière , .» qu'en tous fes mouvemens il paroiObit extrê- » m.ement ridicule. Et comme la jeune fille s'étoit j> lenvçrfç'e iouçhant; fes. talgns de fa tête , pouï j» gai à la Joueufe de flûte , & il fe mit à remuer M les bras , les jambes , & la tête en même tems , >» jufqu'à ce que n'en pouvant plus , il fe coucha s» fur un lit Enfuite on apporta un fauteuil au » milieu de la falle , & le Syracufain ayant paru , » Mcffieurs, dit-il , voici Ariane qui va entrer » dans fa chambre nuptiale ,&Bacchus qui a fait » un peu la débauche avec les Dieux , la viendra » trouver incedamment , après quoi ils fe divcr-» »» liront tous deux le plus agréablement du monde. » Alors Ariane, paréedetousles ornemensqu'ont >> d'ordinaire les nouvelles mariées , entra dansla » falle, & fe mit dans le fauteuil. Un moment « après parut Bacchus , & en même temsonjoua. « fur la flûte un des airs confacrés aux fé:es de ce » Dieu ; ce fut alors qu'on admira l'habileté du »> Syracufain dans fon art ; car Ariane ayant ouï » cet air, ne manqua pas de faire connoître , par »> fes geftes , combien elle étoit charmée de l'en- » tendre ; mais elle fe garda bien d'aller au-devant >> de Ion époux , & ne fe leva pas même de fon. » fauteuil , quoiqu'elle fit aflez paroître qu'elle ne » fe retenoit qu'avec peine. Bacchus l'ayant ap- » perçue , s'avança vers elle , en danfant d'un air »> paffionné , bac. » . On trouve dans Hérodote un trait qui prouve que, dans la Grèce , les jeunes gens fe livroiejjt. N UP 2^1 au plaifir Je îa Danfc, jufqu'au point Je s'oublier eux-mêmes. Cîyrtènes , Prince de Sicyone, avoit déclaré, qu'il maricroltfa fille au plus vaillant des Grecs, & , pour cet efiet , il fit inviter tous ceux qui pouvoient y prétendre : il vouloit les garder chez ïui quelque tems , les examiner , & choifir en- fuite parmi eux un gendre à fon goût. Deux Athé-^ nlens lui plaifoient plus que les autres , & prin- cipalement Hypodldes, fils de Tyfandre, qu'il cftimoit pour fon courage. Le jour où il devoit nommer fon gendre étant venu , il donna un grand feftin aux amans de fa fille. Après le repas onfe mit à chanter, on butencore , on s'échauffa. Hypoclides ordonna aux Inftrumens de lui jouer- une Danfe féricufe , dont l'exécution parut le rendre fort content de lui - même; Clyftènes voyolt tout & ne difoit rien ; Hypoclides s'ctant un peu repofé , fit apporter une féconde table, où il danfa d'abord à la Spartiate , & puis des. Panfes Athéniennes. Enfin s'étant remis fur la table , la tête en bas , il danfa en j;e s'appuyant que de fes mams. Clyftènes , qui avoit déjà pris de l'averfion pour le Danfeur , ne put fe contenir alors , & lui dit : Fils de Tyfandre, tu as danfê ton mariage ; & il choifit Megacles , fils d'Aîc- méon. A quoi le jeune homme répondit ; Hypa^ K^i OPE elides ne s'en foucîe pas ; cxprcflion qui , dans îr fuite , pafla en proverbe chez les Grecs. Cette Danfe devint , dans la fuite , îa peinture îa plus difToIuc de toutes les aôions fecrettcs du mariage. La licence de cet exercice fut pouflec ft Join , que le Sénat fut obligé de chaHer de Rome, par un Arrêt folemnel , tous les Danfêurs , &. tous les Maîtres de Danfe. o. OLIVETTES. Efpècc de Danfe de cam- pagne , qu'on frrit en courant les uns après les au- tres , & en ferpentant autour de trois arbres , ou de trois autres points fixes qu'on marque exprès; ciùjfima fahatio in orbem. Le vrai moyen de fe laHcr , c'eft dedanfer les Olivettes. ./^//o«j. An- nette j danfons les Olivettes. OPÉRA. Spe£lacle public & repréfentatioa magnifique de quelques Ouvrages Dramatiques , mis en Mufique , accompagnés de Symphonies , de Danfes , de Ballets , avec des décorations fu- perbes , & des machines furprenantes. Ce futBalihazarini , furnommé le Beau- Joyeux , Valet-de-chambre de Catherine de Médicis , qui \t premier donna en France quelques idées des O P E' 2<;5 tcpfcfcntations en Mufîquc; il fc faifoit aider , pour la compofîtion des Chants, par Btaulieu & Salomon y Maîtres de Mufique du Roi. La Cke- , Tiaye , Aumônier du Prince, lui faifoit des Vers, & Patin , Peintre , fe méloit des décorations. Sous Charles IX, BSzf, Poëte & Muficien y établit une Académie de Mufique dans fa maifonf tous les Muficiens étrangers y étoieiit admis pour concerter, & le Roi, qui chantoit très-bien , honoroit raflemblée de fa préfence , & s'y rendoit exadlement une fois la femalne. Les Spe£lacles 5t. la Mufique, fort négligés en- fuite , reparurent avec éclat du tems de Marie de Mcdicis , féconde femme de Henri IV. Oclavio Rinucclni , regardé par plufisurs perfonnes com* me l'inventeur des Opéras en Italie , accompagna cette Reine en France, où il introduifit ce nou- veau goût. En 1 669 , TAbbc Perrin , qui av oit été Intro- ducteur des Ambafiadeurs auprès de Monfieur , Gafton , Duc d'Orléans, obtint un privilège pour établir l'Opéra. Il s'aflbcia avec Champeron , homme fort riche , & avec le Marquis de Sour- ' dcac , qui avoit tant de génie pour les décorations. Les Poéfies de l'Abbé étoient déteftables, mais Cambert , Organifie de Salnt-Honoré , les met- toit en Mufique , & leur donnolt au moins l'appa- jcncc du fucccs. Ces trois Fondateurs du Théâtre / i^4 O ï» Ë' Lyrique ^rcnt reprcfenter quelques Pièces dan» un Jeu de Paume de la rue Mazarine. Quelque tems après , Jean-Baptiftc Luliy obtint des Let- tres-Patentes en forme d'Edit , ponant permiflîon de tenir Académie Royale de Mufique , & il fit çonftruire un nouveau Théâtre près du Luxem- bourg , dans la rue de Vaugirard. Ce célèbre Mu- fîcien donna au Public, le 15 Novembre 1672 ^ les Fêtes dz l'Amour 6* de Bacchus , Paftorale compofée de différens Ballets^ Après la mort de Molière , le Roi donna à LuKy îa Salie du Palais Royal , où , depuis le mois de Juillet 1673 ^tous les Opéras ont été repréfentési LulIy avoit un talent ïupérieur pour la Mufique; r il s'aflbcia avec Quinaut , qui avoit lui-même un génie éminent pour la Poéfie. Celui-ci, en s'écar- tant du goût , de la forme , & de la fonne ordinaire •des Opéras Italiens, en créa un d'un nouveau genre ," conforme à reTpritêt au goiltde la Nation. 11 imagina des Actions Tragiques liées à des Dan* fcs , au mouvement des machines , & aux chan- gemens de décorations. Parmi la foule des Poètes & des Muficiens quij depuis Quinaut 6c LuIIy , ont travaillé pour ce Théâtre , nous n'avons eu que la Motte & Dan- chct dont les Poèmes méritent quelques confidé- rations , & Campra & Deftouches, dont la Mufi- que ait quelques beautés. 'i O P Ë ^y , Ces dtux Poètes , dans îeurs Tragédies , oné" fuivi fervilement l'ordonnance de Quinautjni l'un , ni l'autre , n'en avoit le coloris. Le premier. a créé deux genres nouveaux qui ont enrichi ce fpcdacle, le Ballet £c la Pafiorale* Roi a travaillé en concurrence avec la Motte & Danchet; il a donné ving-un Opéras ou Ballets.,. Les Elêmcns & Calllrhoé font les deux feuls Ou-».; vrages qui paroillcnt devoir refter au Théâtre J' c'eft Deftouches qui en a fait la Mufique. En 1733 , Rameau donna Hypollu £c Arlciey bientôt après on repréfenta les Indes Galantef, h. ce fut l'époque de la révolution de la Mufiquc en France. Mais la Danfe fut toujours la partie la plus brillante de l'Opéra. Elle a contribué au plaifir des Rois £c des Princefles , qui en ont fait leur diver- tifl'ement favori. Qu'on fe fouvienne des Fêtes de l'Amour h. de Bacchus , en 1672 , du Triomphe de l'Amour , en 1681 , on verra le Roi, Madame la Dauphine , les Dames & les Seigneurs de la Cour figurer avec des Danfeurs & des Danfeufcs choifis. Le fuccès de ce dernier Ballet fut fi grand à Saint-Germain , qu'on le donna à Paris, & f pour la première fois, on introduifit desDanfeu- fes fur le Théâtre de l'Opéra ; auparavant , ces rôles étoient remplis par des hommes habillés en femmes Uu tel changement ne put manquer d'ètro K^C O P R tien reçu ^ & puifque c'eft une Déert*e qui préfîd* à la Danfe , c'eft à des Nymphes a qui il convient de nous en faire fentir toutes les merveilles. Pour montrer combien cet Art eft recomman- dable , plufieurs Arrêts du Confeil de l'annéci 1669, ont décidé que l'on ne déroge point en fnifant profciïion de la Danfe , ainfi qu'en s'atta- chant au Tlicatre. 11 "eft inutile de s'étendre da- vantage fur ce fujet ; les gens de goût favent par- faitement qu'il n'y a que l'accueil qu'on fait aux talcns, & les diftinftions qu'on leur accorde , qui puifle les entretenir dans leur fplendcun Ert France , Nul Art n'eft méprifé , tout fuccès a fa gloire. Les grands Poètes , les Muficicns célèbres, les bons Peintres, les Sculpteurs habiles , les Hifto- riens renommés , les Phyficiens profonds , les Critiques judicieux, les Danfeurs excellens, Ont droit également au Templo de Mémoire. Mais qui s'offre ici l la fuite de Terpficorc ?Ce font fcs plus chers nourrilTons. Beauchamp , qui fe diûingua par la noblefle & les grâces de fa Danfe, dans plufieurs Ballets de Lpuis XIV, & qui eut l'honneur de fij^urer avec ce Monarque. C'eft lui qui , le premier , compofa des Ballets peur l'Opéra. Ses premiers eflais furent des coups OPE 2^7 Zq Maître, n partagea toujours les fufÎTages quo LuIIy s'attiroit de plus en plus; favant & recher- ché dans fa composition , il eut befoin de gens habiles pour exécuter ce qu'il inventoit ; heureu- fement il avoit , dans Paris &. à la Cour , des Dan- feurs exceUens , Saint- André , Favier l'aîné, Favre , BouncvilU t Dumiraillc , Germain, &c. Quelques fuflent les talcns de tous ces Dan- feurs , la palme étoit réfervee à Pécourt & à l'Étang, qui depuis ont été les modèles de tous ceux qui ont voulu briller dans la même carrière, \J Etang danfoit avec noblefle & avec précifion , & Fécourt remplidoit toutes fortes de cara£lères avec grâce , juftene & légèreté; les plus grands -Seigneurs fe faifoient un plaifir de vivre avec eux , & de les admettre à leurs parties. En 1729 , l'Académie Royale de Muiique perdit Fécourt , dans le tems des repréfentations de Tancrède; il a voit iuccédé a Beauckawp dans la direction des Ballets , qu'il compofoit avec une variété admirable , & un génie étonnant. Blondy , neveu & digne élève de Beauchamp , commençoit dès-lors ù fc diftingucr , & difpntoic de gloire avec Ballon , dont la réputation eft fî . juftement établie. Ce dernier avoit un goûtinfini, & une légèreté prodigieufe. 11 fit pendant plu- sieurs années le plaifir h. l'admiration des Specta- teurs; fes talents furent récompenfés par l'hon-», I R ^^t P É lieur qu'il reçut en donnant le premier là main \ Louis XV. Ballon ayant quitté l'Opéra , les Amateurs Je îa Danfe fentirent cette perte , & les jeunes Dan- feurs qui. avoient des talens s'animèrent d'une juftô émulation pour rempfir cette place. • Mais fixons nos regards fur Dupré , à qui l'on ne peut rien oppofer, & qui fut le plus grand Danfeiirde Ton tems. Voyez- le s'avancer d'un pas léger ; quelles attitudes ! quels bras ! Sa Danfe cft, une peinture mobile, une image fidelledcs iêntimens , un aflemblage de tous les charmes. Maisce qui fera toujours un effet fi fenfible fur J'ame > c'eft cette grandeur , cette majefté , ces coups fréquens, j'ôfe diie ces découvertes neuves & brillantes , dernier eftbrt de l'Art , & qui pa- roiflent la nature elle-même , tant les fecrets les plus cachés du taltnt font familiers à ce premier Jiomme du fiècle. . OnfercHouvient toujours de Marcel -jlc^uhllc cii rarement inj^rat. Le commencement de fa ré- putation elt une époque aflez remarquable dans lOpéra. • Campra avoit mis au jour les Fêtes Vénhiennes'j il y avoit dans ce Ballet une fcène très-fingulière, où un Maître à danfer vient vanter , en chantant , tous les avaMtao;es de fon Art, & comme Marcel . cxécutoit les divers csra^-èreg de Danfe qui fc OPE 2^*9 trouvent dans les Ballets , &. qu'il avoît un peu (fe voix & beaucoup de goût pour îe chant, il en- treprit de faire ce rôle , & le remplit fi bien , qu'iC engagea dès ce jour-îà îe public à remarquer avec plus d'attention les talens qu'il avoit pour la Dan* fe. Les Pas -de -Deux, dans un genre particulier^ qu'il a danfé avec MadcmoifcHc Menèfe , n'ont jamais manqué d'attirer les applaudiflemens dtt public. Laval , Compofitcur des Ballets de l'Opéra , Javilllers , un des meilleurs Maîtres de Paris , ont une célébrité qui eft confirmée par le Aifirage de la Nation. M. Lani j Compofiteur de Ballets , eft un grand Danfeur lui-même ; iladudeffîn , de l'invention, des figures , & c'eft le premier homme de fou tems pour la Pantomime. Ve^rls , Gardel & dAuberval, que le Génie «Te la Danfc a infplréjcélèbres Coryphées de votre Art , vos noms , écrits en lettres d'or , vivront éternellement dans les faftes de l'Opéra. Si nous remontons jiifqu'à la nalflance de l'A- cadémie Royale de Mufique , nous y verrons Ma- demoifelle la Fontaine ^ recommandabîe par fai Beauté & par la noblefle de fa Danfc; elle eft la première femme qui ait figuré fur ce Théâtre. Son exemple fut fuivi , & peu de tems après parut Mademoifelle Subligny, quinemanquapasd'étre K 2 Mi fort applaudie , & qui fe drftingua par la fagcfl? <îe Tes mœurs. Cette Aftrice fut remplacée par Madcmoifelîc Guyot , non moins fameufe que les ia Fontaine & les Subligny ; enfuite brilla Mademoifelle Trévot. Ses rares talcns lui méritèrent les plus grands éloges ; dans une feule de les Danfes étoient ren- fermées toutes les règles de fon Art , & elle les mit en pratique avec tant de grâce & tant de juf- tefTe , qu'elle fut regardée comme un prodige dans ce genre. Mnls je vois paroître la rivale des Grâces, rinimitable Sj//e; tantôt la tendrefle & la volupté fe trouvent dans Tes pas interrompus & négligés; tantôt la finefle de fes balancemcns , la jufteflc de fon équilibre , fes bras.... Vous appercevez les Amours & les Plalfirs qui voltigent autour d'elle ; ils refpeOent fes charmes, & viennent fe former fous fes yeux. De fon Art enchanteur tout reconnut les loîx : Dans Londres , dans Paris , tout vola fur fes traces t Elle fut fans égale , & parut à la fois L'élève des Vertus , la rivale des Grâces. Une autre Aftrlce auffi merveilleufe dans fon genre , c'eft Mademoifelle Camargo. Quels pas brillans î quels fauts légers I Aufli agile que les f^:"'- OPE i^i ZépTiyrs , à pcîne les yeux peuvent ils îa rulvrc. M. de Voltaire, d'un coup de pinceau^ a difringué ajnfî ces deux Aftrices admirables. Ah ! Camargo , que vous êtes brillante ? Mais que Salle , grands Dieux , cfl raviflante ! ' '. Que vos pas font légers , & qua les fiens font dotu S .1 Elle efl inimitable , & vous êtes nouvelle. Les Nymphes fautent comme vous , Et les Grâces danfent comme elle. Confidérons cette aimable Aftrice qui prenj pour modèle Mademoifele Salle; fon attitude in- térefle, fa iuftcfle & (es grâces répondent dufuc»- cès de l'imitation ; avec quelle délicateHe elle dé- veloppe Tes bras ! Puvigné veut avoir la féconde^ place dans Je. Temple de Terphcorc; le choix qu'elle a fait l'y conduira. Mademoifelle Lani remplace MademoifeÏÏc Camargo ; c'eft la même force , la même légèreté ;, la gaité animoit l'une, la gaité domine dans la. Danfe de l'autre. Il eft bien rare qu'après avoir réuflî dans îe tendre & le gracieux , on emporte les fufirages dans le terrible, genre totalement oppofé; c'eft pourtant ce qu'a fait Mademoifelle Lyonnais dans la Tragédie de Zoroaftre , où elle a rendu avec force le caraflère de la Haîne. On lui adrefla à ce fujet le Quatrain fuivant : ,.■•*■ 'iSi OPE » - • «^ <5uan^ tu parois fur notre ScSne p ""^'. Mon cœur ému prouve trop bien Qu'à roir ainlî régner fa Hafne, Jamais l'Amour n'y perdra rien. Arrétons-nous un moment furccs<îcux fatmctf» fcs Aftrices qui reçoivent tant d'applaudinenicnj fur îc Théâtre ; elles en font l'ornement, & trou« Tons-nous fort heureux que la retraite de Madc- moifelle Allard n'interrompe point entièrement nos plaifirs ; nous pourrions la regretter davan- tage , fi nous ne pofledions pas encore l'agile 6c gracieufc Mademoifelle Peflin. JMadcmoi Telle Hcînel pofscdc ces vrais taîcns qui mènent aux grands fuccès ; quelle élégance dans fes pas î quelle noblefle dans fes attitudes \ Une exprefTion de Diç.Ç^c b fait reconnoître aifé- ilientpour la Reine de fon Art. . Ah ! c'eft Mademoifelle Tîitodore.... Rivale it% ^iontagncs, des Bayles , des Catons , elle fait allier le génie, l'étude & les talens Fille de Ter- pficore j dès qu'eHc paroît fur la Scène , tous les yeux s'attachent fur elle , tous les cœurs volent fur fes twces. Qui peut fe vanter de mieux expri- mer les fureurs d'une amante outragée , & les dé- lices d'un cœur fatisfait ! Quelle force , quelle précifion , quelle rapidité dans fes pas î C'eft le vrai Prothée de la Fabîe; fa réputation vole par ; !,: OPE z6^ toute VEvtroçt , où le plaifir -de & Danfc {)]oiig« dans une douce yvrcfie , & finit par des applaudif' fcmens qui tiennent du tranfport. Mais une Adlrice unique en fou genre & tou* jours nouvelle , fon nom feul infpire une joie îfe- crettc, c'eft Madeniolfelle Guimardy admirable dans ce qu'on appelle le jeu. muet , & capable de rendre toutes les paHlons & les attitudes les plia varices , efr-il un Ballet que cette JFj^e n'erabeU lide? Un inftindl merveilleux, en b conduifant à la perfeftion de Ton Art , en a fait l'idole dtt Public. Mais fa bienfaifance, fon humanité, la rendent bien plus recommandable -que fes taîens. Ce que la Cour a de plus poli , ce que la Ville a de plus cftimable , ce que la République de> Lettres a de plus diftingué, les Périelès ,_Ics Pla- ton , les Socrates , fe rafTemblent chez elle , vont y rendre hommage à fon goût , à fon efprit , à fes vertus ; Aélrice célèbre, qui exerce un empira fur tous les cœurs. Brillante jeuncHc , vous qui êtes l'ornement dii Théâtre , l'amour du Public ôcTefpoir de TArt^ ouvrez les yeux fur vos modèles, apprenez ce que Je grand talent peut produire, voyez, fuivezU route que le goût vous indique. Souvenez-vous fur-tcut de la fnpériorité de la Danfe en aftion fur la Danfe finiple; l'une eft un grand tableau d'hiftoire^ & l'autre eft un fimplft R4 "..,!V ^^4 O P P portrait. De grands fujets ontépuifé les renbnrccé de la première , & la féconde eft un vafie champ qu'il faut cultiver , & l'unique moyen pour un Danfeur qui veut fe faire une réputation. Que îa perfeâion & la gloire de l'Opéra foient Tunique objet de votre ambition. N'oubliez pas que ce fpe£lacle de la Nation eft une des belles pro- ductions de l'efprit humain , & que , dans les perfpeftives qu'il laide entrevoir , on découvre l'état honorable dans lequel il eft pofllble de Ifi porter avec du zèle , du foin & du génie. OPOPLOCIA. Sorte de Danfe militaire , dont parle Athénée. Un Danfeur jouoit de la îyre , & les autres formoient autour de lui une de ces Danfes mâles & animées qui entroient dans les exercices de ceux qui fe deftinoient à la guerre. 0??0SIT101^ des bras avec les pieds. De tous les mouvemens que l'on fait en danfant , c'eft î'oppofition ou contraftedu bras au pied qui nous eft la plus naturelle , & à laquelle on fait le moins d'attention ; regardez marcher différentes per- fonnes , vous verrez que , lorfqu'ils portent le pied droit en avant , c'eft le bras gauche qui s'op- pofe naturellement , ce qui eft une règle certaine. C'eft fur cette même règle que les hab:les Danfeurs conduifent leurs bras. Pour acquérir O P P 1^^ riiaBîtucIe de les mouvoir avec tons les agrémens qu'ils doivent avoir , & la facilité de les faire a-ec îes pas , on n'en peut pas choifîr de plus aifés que les tcms de Courante , ou pas graves , qui font très-lents dans la manière de îes faire. Le tems de Courante eft de plier & de fe reTc- ver avant que de paHer le pied devant. Le corps pofé fur le pied droit , à la quatrième pofition, le talon du pied gauche levé, n'y ayant que la pointe du pied qui touche à terre , & par conféquent prêt à marcher , le bras gauche op- pofé au pied droit, £c le bras droit étendu à côié, îa main en dehors. Pour commencer ce tems , il faut approcher le pied gauche du droit , & , en l'approchant y laider tourner le coude de deJumt en bas; ce qui fe doit entendre d'un pied comme de i'auire ; 6c pbferver qu'après avoir fini votre dernier tems , vous pofez le pied qui eft derrière à terre , & I» corps dellus : afin de faire dcsvsdemi-Coupés en arrière , qui fe prennent de îa manière fuivante: ; Suppofez que votre dernier tems foit du pied droit , c'eft le bras gauche qui fe trouve oppofé devant ; ainfi vous pliez fur votre pied gauche , & à mefure que vous prenez votre plié , le bras qui étoit oppofé fait fon demi-cercle de haut en bas, & celui qui étoit étendu retourne àc bas en haut , ce qui fait votre oppofition. \\ V^ 2C6 O P P Remartiucz attilî que îorfque votis allez en ari «ère , c'eft le même bras 6c le même pied cm agident , ce qui forme l'oppofition : par exemple, fi c'eft le pied droit qui fait le demi-Coupé » c'eft aufli le bras droit qui vient devant ,àG bas en haut. Après cette intelligence fur les différens mou*' ▼emens des bras , fie fur la manière de les con- duire fuivant les règles , il refte à parler de la manière de les conformer à chaque pas dans le» oppofitions ou contraftes que l'on doit y obferver. Par exemple , Iorfque vous voulez faire un Coupé , fi vous le prenez du pied droit en avant , vous devez avoir le pied gauche devant, & le bras droit oppofé ; c'eft pourquoi , en pliant votre demi-Cou pc , vous étendez ce bras en lui faifant prendre fon contour de bas en haut , & fans plier Je gauche; mais Iorfque vous gliflez le pied gau- che devant , qui fait la féconde partie de votre Coupé , ce bras droit fe plie en devant, ce qui fait la jufte oppofition du bras au pied. Il y a d'autres Coupés où l'on ne fait que por- ter la pointe du pied à côté , fans pofer le corp» deflus; pour lors, ayant étendu un bras à votre demi- Coupé , vous laiflez les deux bras ouverts, parce que Iorfque vous êtes placé à la féconde , poûiion , il n'y a pas d'oppofition , à moins que vous n'ayez un pas en tournant à faire après , ce fVllii:. I I O P P 2^7 qui efi fort rare , en ce que c'clt Je là première ou de la quatrième pofition que l'on doit tourner,^ D'autres Coupés fe terminent par une onver-' turede jambes, ou vous devez obferver la niêmC' chofe au demi Coupé, qui eft d'ctsndre le mêmC' bras du pied que vou5 faites le demi-Coupé jfans néanmoins qne ni l'un ni l'autre bras fade aucun mouvement pendant l'ouverture de jambe. Dans d'autres Coupes en Vivant, pourfcdif-. pofer à tourner , ayant étendu le bras en prenant votre demi-Coupé , vous le padez avec le même pied, fi vous devez tourner, parce que c'eftce bras qui doit vous fervir de guide ou de balancier pour tourner. Kègle générale ; il vous avez à tourner du côté droit , il faut que le bras droit fc. plie , parce qu'après il s'étend , & donne , par fon mouvement , la facilité au corps de fc tourner. C'eft de même quand vous tournez du côte gauche. Le Coupé en arrière eft différent, en ce qu'il faut faire deux oppofitions , une en pliant le, demi-Coupé, fuppofez que vous le fafficz du pied droit , c'eft le bras droit aufll qui s'oppofe ,- & fe remet dan? le même tems ; l'autre oppoGtion- eft lorfque le pied gauche padant devant le bra» gauche, revient aufllî devant, ce qui fait l'op»*' pofition. Quant à ceux qui fc font de côté , fi vous les ' A 25§ O P P commencez cfu pied droit , vous pouvez faire une? oppofition du bras gauche , en faifant votre demi- Coupé , & l'citcndrc dons le mène frms au fé- cond pas. .Comme il cft ouvert, il ne faut pas de contrafte. Enfin, il ya des Coupésquifinident en arrière, . & fe font en avant. Ceiie manière eft fingulière en ce que , fi vous faites un demi-Coupé en avant du pied droit , en vous relevant , la jambe gauche s'approche de la droite , faifant un battement derrière , & elle fe remet à la même place en avant , à la quatrième pofuion , ce qui fait le Coupé entier. Dans ce pas , en prenant votre demi-Coupé en avant du pied droit , c'eft le bras gauche qui s'oppofe à la jambe droite , & pour le mieux diftinguer, l'épaule droite s'e/1'ace, fon Lras fort étendu en arrière , ce qui dégage le corps , & lui donne de l'agrément ; pour ceux qui fc font en avant fit qui font battus , au fécond pas, on ne doit faire aucun mouvement de bras dans le tems que Ton fait des battemens , parce que ce pas n'eft que pour faire voir la liberté de jambe , fans tourmenter le haut du corps , ce qui le dé- rangeroit delà grâce qu'il doit conferver. C'eft fur-tout dans la manière de faire les bras, avec les Coupés de mouvement, où l'on doit faire fentir toute la g'-ace qu'il faut donner à ce pas. O P P 2(^9 . liOrfque vous prenez votre premier pas, qui e/t un demi-Coupé fouienu , dans ce même tems vous laiflcz tourner vos deux bras un peu en dcf- fous , U vous faites un dcmi-mouvcmcnt des poignets & des coudes , en commençant, de bas en haut , ce qui doit être accompa[;né audfî d'une petite inclination imperceptible du corps & de la tête ; & lorfque vous prenez votre fécond mou- vement , qui eft un Jetié échappé , en commen- çant votre plié , vos bras s'étendent , & dans îe même moment ils prennent un petit mouvement de l'épaule en fe baifîani & en fe relevant; ïc corps fe redrefle de même que la tête, qui doit fe retirer en arrière ; ce qui donne un port majef- tueux , & fait une liaifon parfaite de tous les mouvemens , tant des jambes fie des bras, que de la tête fit du corps. Dans les Coupés de mouvement, qui fe font de côté , quoique les mouvemens des bras fe prennent à peu près de même, il y a cependant quelques obfervations à faire. Lorfque vous pre- nez votre demi-Coupé ( foit du pied droit ), comme il fe croife devant le gauche, cela vous oblige , pour vous aflujettir à l'oppofition , defra- cer un peu l'épaule droite , &. de lailTer un peu venir la gauche en devant , fans vous difpenfer de faire les mouvemens de bras de bas en haut; il faut les laiiVer un peu baiiiés en prenant voire. .X"' ayo O P P Iccand moTivwiieTit , îcs relever en fe finiflànt , 8t faire une demi-inclination du corps, & un petit bainement de tête, en obfervant que fi c'cft du côté droit que vous allez, la tête doit aoflrs'y tourner à demi. • Ce font ces agrémens mis en ufage qui don- nent à la Danfe de la vivacité & le bon goût. ' Comme rien n'cft plus avantageux h ceux qui ■ont de l'inclination &do la difpofition à d.infcr, que de s'attacher h bien conduire leurs bras en oppofition aux pieds, je vais expliquer encorda manière de le faire , relativement à diffcrens pas. Le pas de tJavotte eft un des principaux , tant par fon ancienneté , que par les différentes ma- nières dont il fe pratique. II fe fait tantôt en avant, tantôt en arrière, tantôt de plufieurs côtés , & en tournant ; dans quelque mefure que Ton le mette , il s'y place avec facilité , & anime la Danfe par fes variations & fon mouvement fauté. Commençons par ceux qui fe font en avanf. Je vous fuppofe le pied gauche devant , à la quatrième pofition , vous devez avoir le bras droit oppofé; pour lors , en pliant fur le pied gauche pour fauter deflus , le bras droit , du même tems , s'étend en prenant fon coutour de haut en bas ; & le poignet du bras gauche fe plie auffî de haut en bas. Mais ces trois mouvemcns fe doivent P P 271 ÇTcn^re conjointement, c'eft- à-dire, que Torfque vous pHez fur le pied gauche , les bras , dans l'inftant , prennent leurs mouvemens. C'eft la même manière pour les faire en ar- rière , tant pour les jambes que pour les bras. Ceux de côté fe font différemment. Ayant les dans le, tems que vous prenez votre premier mouvement pour pafler le pied droit derrière , le bras ganche fe contourne de haut en bas^ & le bras droit revient de bas en haut. Quant à celui qui fe fait de côté , il ne fau^ point d'oppolîtion , fon premier mouvement fe ][)fcnant de la troifième ou cinquième poiîtion , & au fécond vous vous jettez à la deuxième, quî fie demande point d'oppofition. Il fuffit de faire un petit mouvement des deux poignets. Il eft néccfTaire auiïi d'expliquer la manière de faire les bras dans toute forte de GbalTés. Dans une Danfe appcllc'e la Mariée , les pai cbafles fe trouvent au commencement du troi- fième couplet , ou ils font précédés d'un Coupé ; dans ce Coupé, vous pliez les deux bras , & vous les étendez au premier mouvement du CbaHé ; au fécond mouvement on (e relève fur le pied con- traire à la jambe qui a chalTé le même bras du côté de la jambe qui fe lève , & cnfuite fe plie', parce qu'ordinairement à la fuite de ce pas , c'eft «n pas en tournant , & comme c'eft le bras qui donne au corps la facilité de fe tourner , c'eft pour cela que l'on fait cette oppofition; car fi ci' xoitcomïne dans l'Allemande, où il s'en faitplu- ficursdôfuitc, il ne faudroit pas d'oppofitioir , S 274 O PP cette dernière Danfe étant parfaitement carafté- ' rifée. II y a une autre manière de ChafTés qui ne font que des Jettes chades, dont on en fait trois de fuite; ils ne renferment, dans leurs trois mouve- jnens, que le tems d'un feul pas. II fuffit à ce pas d'une feule oppofition , qui fe commence dès le premier mouvement , &. qui fe contient dans les deux autres pas. , On en fait encore de côte'. A ce pas il fuffit d'avoir les bras étendus ; fi vous le prenez en re- venant du côté gauche , la jambe droite doit fe lever pour chalTer la gauche ; c'eft pourquoi le bras & l'épaule droite doivent être levés plus que le bras &. l'épaule gauche ,quoiqu'étenduslesuns & les autres; les bras ne fervant, dans ce pas que de balancier , ne laiflènt pas de faire une pe- tite aftion des poignets au premier mouvement, cour éviter cette roideur où iisparoîtroient, s'ils n'en faifoient aucune. La manière de faire les bras avec les Sallies on Pas échappés , des deux pieds à la fois , eft par- ticulière. Ce Pas tient beaucoup du Pas tombé , en ce qu'il faut être levé fur la pointe du pied pour le commencer; ainfi , ayant les pieds l'un devant l'autre , à la quatrième pofition , par conféqucnt ^un bras oppofé , il faut faire votre premier luou- ■O R C Î7Y cernent ; albr» Je bras qui eft oppofé doit s'étendre de haut en bas,iL i'autre,dans le mêmetems^vicnt dis ^615 en haut. Il ne change pas au fécond fauc En faifant le troiiième , qui eft un Aflemblé ,' Vous îaifl*er tomber vos deux bras à côté de vous, enfuite vous faites un petit mouvement de la tété en la baifiant , & vous la relevez de même que les •feras , lorfque vous faites 'un autre pas , comme de Bourrée , ou tel que la Danfe le demande. Cette •petite a£lion , quand elle eft faite à propos', donne beaucoup d'agrément, mais fur-tout point 'd'affc£lat!on. Je ne parle point de la manière de faire îes -iras avec les tours de jambes, les ouvertures de 'jambes , &c. parce que ce font de ces aftions oix "ics bras , comme Je corps , doivent rcfter traii- ■ quilles. - Il y a d'autres pas de Danfes dont je né fais •point mention ,-il fuffit d'avoir parlé des princî- - paux , & indiqué les moyens de les exécuter avec Jesbras; l'habitude tJpprendra à les faire, avec -tout le goût & toute la délicaterte que cet exercice demande. • ORCHÉSOGRAPHIE. Art & defcn- " ption de la Danfe , dont les pas font notés avec des notes de Mufique. II y a un traité curieux fait ' par Thoinet-Arbeau , imprimé à Langres- en, S 2 ^y^ O R C 1588, qu'H a intitulé Orchéfographié, C'efi î« premier qui a noté &. figuré les pas de la Danfij de fon tems , de la mêine manière qu'on note I« chant fit les airs, Le fameux Beauchamps Ta fat auiïi depuis. On a donné auffi à cet Art le nom de Chorégraphie ( Voya^ ce mot^ ). 'orchestre. Lieu le plus bas du TheV tre , fait en demi-cercle ; mot qui vient du Grec faltare , parce que c'étoit , chez les Grecs , l'enr iiroit où fe donnolent les Ballets. C'étoit la partie fa pTus baffe du Théâtre ; fon terrein alloit de jin'eâu, fit avoit un plancher de bois , pour don- ner duredbrtaux Danfeurs. Cette partie fe divifoit en trois autres ; la première & la plus reculée de la .Scène, étoit l'Orcheflre , proprement dit,, où fe plaçoientles Mimes, les Danfeurs, & tous las . autres Afteurs fubaUcrnes qui jouoient dans les _Entr'Aâes,& à la fin de la repréfentation; In fecon- .de , qui étoit faite en forme d'Autel , & fituce entre la Scène & rOrcheftra, fervoit pour les.Choéurî, .& c'étoit où ils venolent exécuter leurs Danfo'. Enfin , la troifième étoit le lieu où fe.plaçoit ia fymphonie. Chez les Romains, l'Orchefire étoit j!endrolc où les AfteoTs: danfoient, &. où les per- fonnes diftinguées éroient. aflifes. On nomiiioit auffi Orcheftre , les gradins inférieurs qui éioient >out proches de l'Arène, dans l'Aniphithé0tre.^& O R E I77 eh. étorent afTîs les Sénateurs & les Ainl)afla<îeur». étrangers. De là vient que ce mot fe prend quel- quefois pour le Sénat , quoiqu'il fignifie propre- ment le lieu où les Afteurs danfoient. Aujourd'hui , par ce mot , on entend tantôt le- îieu où fe tiennent ceux qui jouent des infîrumens, comme l'Orcheftre de l'Opéra, tantôt le lieu ou fe tiennent tous les Muficiens , & tantôt la col' Icflion de tous les Symphonifres. ORCHESTRIA. Orcbeftriquc , Art qui concerne les exercices qui dépendoient unique- ment des mouvemens do corps. Dans l'Orcheftri- que étoicnt comprifes !a Danfe, la Cubifùque , c'eft-à-dire, l'Art de faire dos culbutes, & la, So- phénitiqoe , ou la Paume. OROBATES. Efpèce de Danfeurs de cordç qui couroient fur une corde tendue horizontale- ment , ou de haut en bas. • j OREILLE. Avoir de. rOrciHe. H n'ef! pal commun de rencontrer chez les Danfeurs cettd préciiîon d Oreille , taîent rare mais inné , qui ca- ra£lérife la Danfe , qui donne de l'efprit & de la valeur aux pas , & qui répand fur tous les mouve , mens un fel qui les anime & qui les vivifie . II y a des Orcilfes- faufles & infenfibles aux n 17^ O R E nioiivemens lés plus fimples & les plus faiHânj» 11 y en a de moins dures , qui fentent la mefure , mai? qui ne peuvent en fentir la fînefle. Il y en a d'autres , enfin , qui fe prêtent naturellement 6c avec facilité ,. aux mouvemens des airs les moins fenfibles. C'cft la manière de prendre les tems qui, en contribuant h la vîtefTc , ajoute en quelque forte à ïa délicateflc de l'Oreille , c'cft-à-dire , que tel Danfeur peut avoir un très-beau ta£l , & ne le pas rendre fenfible aux Spc£lateurs , s'il ne pofsèdc l'art defe fcrvir avec aifancc des rcflbrts qui font inouvoir le cou-de-pied. La mal-adreflc s'oppofe âonc à la juftefle , & tel pas qui auroit été faillant, 2c qui auroit produit l'effet le plus fédufteur s'il eût été pris avec promptitude & à l'extrémité dç îa mefure , paroît froid & inanimé , fi toutes les parties opèrent à la fois. Le Danfeur fans Oreille , ainfî que le fou, fait des pas mal combinés, s'égare à chaque inftant dans fon exécution , court fans ceiïe après la me- fure , & ne Vaitrappe jamais. Sa Danfe n'a ni rai- fonncmcnt ni exprcHion, & laMufique, quidc- yroit diriger fçs. mouvemens, fixer fes pas & déterminer fes tcms , ne fert qu'à déceler fon infuffifance & fes imperfections. •^ i L'étude de la Mufique peut .remédier à cp-dc* P A W 47(^ fà"ut , & clonnèr à l'organe moins d'infcnfitUité 2c pUis dejuftefle. P. •.../,:,-:,-.:•: PANCRATIASTES. Celui qui étôît vain- queur dans les cinq fortes de Jeux qu'on appelloit Gymniques ,\a coard y le pugilat , la lutte, le difque , &Ia Danfc. Quelques Auteurs , & entre autres Ariftote , prétendent au contraire que le Pancratlafte n'cxcelloit que dans la lutte & le pu- gilat, & qu'on appelloit Quinquejîio celui qui l'emportoit dans les cinq Jeux. PANPERRUQUE,(la;, eftuncDanfe propre aux Baïonnois , qui s'exécute de cette ma- nière au fon du tambour. On commence à battre doucement , & par degré le fcn s'anime : les Danfeurs & les Danfeufes, qui font en nombre égal , fe tiennent avec des rubans ; celui qui a le_ plus d'oreille eft à la tète , & c'eft le Roi de la. Danfe. II tient de la main droite une baguette toujours levée , & ouvre la Danfe , qui fe fait en rond. De tems en tcms l'homme 6t la femme qui figurent cnfcmblc font un faiiten fc regardai;:. Quand la Danfe eft finie , le Roi, & celle qu'il conduit, lèvent le ruban dont ils tiennent chacua un bout. Les autres Danfeurs fe prenant alors paç S4 - iSo PAN le bras , pafTcnt par dcflbus , & marcRent fur qu»* tre ou huit de front , toujours au fon du tambour. PANTALON. Bouffon on Mafcaradc qui fait des Danfes par haut , & des poftures irrégu- iières & extravagantes. Pantalon fe dit auiTi de l'habit que portent 4'ordinaire ces Bouffons ou Mafques , qui eft fait juftement fur la forme de leur corps , & tout d'une pièce depuis la lêie iufqu'aux pieds. On appelle Tantalons de Ven'ife ceux qui portent des habits ainfî ferrés fous leurs robes. PANTOMIME. Bouffon quî , par fes geftc» & par fes Danfes , fait exprimer toutes fortes de chofcs. lis faifoient des rôles muets dans les In- termèdes , & , en danfant , ils contrefaifoient par îes mouvemens du corps , tout ce que le Chœur chantoit Hancpartem Mujîcœ difc'iplinae mutam, dit Cafliodore , nominavêre majores : fcilicet qucr ore claufo manibus loquitur, & quîbufdam gej^^" eulcalonibus fac'it intclligi, quod vix narrante Un" guâ aut fcripturœ textu pojjit agnofci. L'Art des Pantomimes tÇt très-ancien , & il remonte au moins jufqu'au tems d'Efchile. D'abord les Pan- tomimes jouoient avec les Afteurs des Comédies ,' des Tragédies , & des Satyres. Ils chantoieni U PAN îSt danfoient; îhaîs, dans la fuite , H$ firent un corps féparé, & s'en tinrent à repréfcnter par des geftcs. Ce ne fut guères que dans le fiècle d'Augufie, que les vrais Pantomimes commencèrent à pa- roître. Ce n'eft pas que les Danfes ces Grecs Ti'euflent des mouvemens expreffifs , mais les Ro- mains furent les premiers qui rendirent, par de feuls geftes , ie fens & toute îa conduite d'un» Fable régulière & d'une certaine étendue. Les Pantomimes tcnoient toujours un peu de îa hardiefle des Mimes; Piîade, repréfentant la Tragédie d'Hercule furieux , quelques Speftateurs s'avisèi.nt de dire que Ces pas & ks attitu.les no s'accordoient point avec ce qu'il devoit repréfcn- ter , il ôta le mafque, & leur dit : fous^ vous ne voye^pas que je représente un fou? Après la mort d'Augufte, l'art des Pantomimes reçut encore de nouvelles perfections. Lucien rapporte que, fous l'EmpereurNcron^ilyeneût un qui danfa , fans Mufique inftrumentale ni vo- cale , les amours de Mars & de Vénus. Ce qu'il y a fans doute de plus extraordinaire dans l'Hiftoire des Pantomimes, c'eft qu'ils aient été employés, dans les feftins, à fcrvir& à décou- per. H y avoit à Rome une efpèce particulière de Danfe pour chaque fervice , & c'eût été choquer \tth bienféances, que de lai/ler découper un pou.- îSi PAN !ct dans la même cadence qu'on dcvoit décôiipcr un lièvre. Les débauches fcandaïcufes , le repos puWîc làns. ceOe troublé, & la hardieiïe des Afteurs, qui osèrent jouer les Magiftrats , produifirent un grand nombre d'évènemens qui portèrent les Em- pereurs à traiter févèrement de plus en plus , & enfin de bannir de Rome les Pantomimes. Leur règne fe termine à celui de l'Empereur Trajan. - Ce n'eft pas qu'ils n'ayent reparus par intervalle , mais on n'eût plus , à leur égard , ce refpeft reli- gieux qui avoit commencé fous Augufte & Mé- cène , Prote£leurs de tous les talens. PANTOMIME. Air fur lequel deux ou plufieurs Danfeurs exécutent , en Danfe , une aftion qui porte aufTi le nom de Pantomime. Les airs des Pantomimes ont , pour l'ordinaire , un couplet principal qui revient fouvent dans le cours de la Pièce , & qui doit être fimple , par la raifon dite au mot Contredanfe. Mais ce couplet eft en- tremêlé d'autres plus faillans , qui parlent , pour ainfi dire , & font image dans les fituations , où le Danfeur doit mettre une exprefllon déterminée. PANTOMIME, (Danfe). C'étoit la qua- trième efpèce de Danfe théâtrale , & la plus fa- meufe; elle réuniflbit les divers caractères de tou- ^"^w ) PAN 285 tfcs tes autres. Ces fortes Je Danfcurs s'appellôient' Panto'mmes , parce qu'ils faifoient profcflionde rcpréfenter au naturel, & ds peindre pour ainfî dire par leurs geftcs , par leurs attitudes & parles mouvemens de leur vifage , toutes les aftions des hommes , enforte que , fans le fecours du chant ,■ ni de la fymphonie , fie fans prononcer un feul mot , ils trouvoient moyen de parler aux yeux , & d'etprimer une infinité de chofes qu'à peine le difcours 6c l'écriture eulTent pu faire entendre. C'eft l'idée qu'en donne Caffiodore. Cette Danfe fe perfectionna fous Augufte. Ba- tyle & Pilada y excelloient , & après eux Paris , Hylas , Caramallus. La plupart de ces Danfes de Pantomimes por- toient le nom de la Divinité ou du Héros dont elles repréfentoient les avantures; telles étoient, par exemple , les Danfes de Saturne dévorant fes enfans , & de la naiHance de Jupiter, celles d'A- pollon , de Mercure , de Pan , du Satyre , de Silè- rie , de Cybelle , de Vénus , des Nymphes , &c. II eft parlé de toutes ces Danfes chez les anciens Auteurs , & c'eft fur quoi l'on pourra confulter Ivleurfius , qui s'eft donné la peine de recueillir tout ce qui regarde chacune de ces Danfes en par- ticulier. ^ PARNASSE, (Danfedu). LcsThyadcs^ ' z^ PAS it Paufania* , font des femmes de PAttique^ qnî^ jointes aux femmes de Delphes , vont tous Ic^ ans au mont ParnalVe , & danfcnt , foit en che- min , foit à Panope , toutes enfemble , une efpèce de Branle qu'on appelle Danfc du ParnaJJe. ÀufTi Homère , en parlant de Panopée , dit que cette Ville éioit célèbre par [ts Danfes. P AS , ou manières différentes de conduire fci pieds en marchant , en fautant , en pirouettant ; voici les noms des principaux Pas de Danfc. En général , le Pas fe prend pour une compo- fition faite fur un air. Ainfî on dit , il a fait un Beau Pas fur une telle Chaconne , fur une telle Gigue , &c. Au propre , c'eft un mouvement d'un pied d'un lieu dans un autre, ce qui fe fait en cinq manières ; quand on porte également les deux pieds ou en avant, ou en arrière, ou de côté. Le Pas droit cft un Pas fimpic qui fe fait en ligne droite. Le Pas grave , ou ouvert , fe dit lorfqu'en mar- chant un pied s'écarte de l'autre en décrivant un demi-cercle. Le Pas battu cft lorfqu'on pafle une des jam- bes par-delTus l'autre , ou par-delîbus , avant quo PAS • ^^i 5e pofer le piect à terre , ou lorfqu'on bat d'une' cuifTc contre l'autre. Le pas tourné cft îorfqu'on fait un tour des jambes , ou qu'on décrit uu cercle entier avec le J)ied en avant ou en arrière ; il s'appelle auiîî tour dejcunbcs. Le Pas tortillé eft îorfqu'on fait mouvoir nn pied fur une ligne parallèle à celui qui cft poféà terre , & qu'en ïe pofant à terre on le remet à angle droit; ou autrement c'eft, lorfqu'en par- tant on met la pointe du pied en dedans , & en le pofant on la remet en dehors. II fe fait de la hanche. On appelle Pas avec mouvement, ceux qui fc font avec les plis des genoux. Le Pas relevé , ou tems ^ fc fait lorfqu'aprt'S avoir plié au milieu du Pas, on fe relève en le fîniflant. •. Pas balancé ^ ou Balancement , fe fait îorfqu'on fc jette à droite avec mouvement fnr la pointe du pied, pour faire enfuite un Coupé. On l'ap- pelle demi -Coupé. F'oye^ le //lor BALANCE- RENT. . : ■•-. Pas coupé ; c'eft lorfqu'après avoir fait un Pas avec mcSuvement , il en fuit' un autre plus lent , a8(J • PAS de quelque nature qu'il foit p^oye\ le mot Coupé. ' Pas dérobé ; c'eft lorfque les deux pieds fc meuvent en même tems dans un fens oppofé. ' Pas glijfé ; c'eft lorfqu'on fait un Pas plus grand qu'il ne doit être naturellement; car fa grandeur naturelle & déterminée , eft la largeur des épaules. Paschajféf ou fimplemcnt un Chajfé ; c'eft lorfqu'on plie avant que de mouvoir le pied. T'oye-^ le mot Chassé. Pas tombé fe dit lorfqu'on ne plie qu'après avoir pofé le pied qu'on a mû. Les Pas mîgnardés fe font quand le mouve- ment des pieds Inities diminutions qui font fur ies notes de Mulique , comme lorfqu'on étend les cinq minimes blanches , en dix minimes noires. , . ■ II y a aufTi des Pas qu'on appelle Pat de Cou- rante , de Bourée , de Menuet , de Gavotte , de Branle, de Canarie, de Siflbnne, lie. Voytt^ ces mots. Les Pirouettes, les Sauts, les Cabrioles ^ les demi-Cabrioles , les Fleurets ,.&c. , font mis au rang des Pas. Voye:^ aujji ces mots ^ & l'article Chorégraphie. «v'X PAS- .187, PAS SIMPLE, ( Du ). Le Pas iîmpic" confirte à pafler le pied ou devant , ou en arrière, & de côté ; ce qui s'entend d'un pied comme de l'autre. Mais en fait de Danfe, le nom de Ptz* renferme plufieurs Pas , comme le Pas de Me- nuet, le Pas de Courante, le Pas de Bourée , & nombre d'autres. Tous ces différens mouvemens doivent être pris à propos , & les règles que l'on doit fuivre font fondées fur les cinq Poùtions. /^o/q/e/Tzor Positions. , -.-. PAS DE DEUX. On appeïïc un Pas de Deux , un Pas de Trois, une Entrée danfée par ^eux ou trois Auteurs- ' P A S S A C A I L L E. Ce mot vient de ritafiea TaJJacagUa. Panacaille fignifie Vaudeville. Cet Air commence en frappant trois lems' lents 8c quatre mefures redoublées, C'eft proprcmeui une Chaconne ; toute la différence eft que le mouve- ment en eft ordinairement plus grave que celui 5e la Chacone , le chant plus tendre 2c les ex- prelTions moins vives. Les Pallacaillcs d'Armidè ii d'IOé font célèbres dans l'Opéra François. PASSEPIED. Efpèce de Danfe figurée qui nous vient de Bretagne. La mefure de l'air eft triple , fe marque à g , à un tems. Le PalTepied aSà P A S^ admet îa fyncope , &. le Memic( ne Tadmef poîrtt Les mcfures de chaque reprifc y doivent entrer de même en nombre pairement pair ; mais l'air , au Heu de commencer fur îe frappé de la mefure , doit, dans chaque reptife, commencer fur la croche qui le précède. BroHard met îe Paflepred au nombre des Menuets . & îe définit un Menuet dont îe mouvement eft pîus vue & fort gai. PASSION. On confond ordinairement là mot de PuJJion avec ccîui d'exprelTîon ; ils diffè- rent néanmoins en ce que !e mot exprefTion eft un terme'gcnéral qui fignifîe la repréfentatiori d'un objet félon le cara£lère de fa nature , & feîon le tour que îe Danfeur a deflein de iui donner, & la Fajjion eft un mouvement du corps accom- pagné de certains traits fur îevifagequi marquent une agitation de l'ame; ainfi toute FaJJlon eft une cxprefllon , mais toute expreffion n'eft pas une .Taffion. lî y a dans les Paffîons deux fortes de mouvc- mens ; les uns font vifs & viofens,Ies autres font doux & modérés; les premiers portent îe trouble & remuent puidamment les cœurs; îes féconds infinuentle calme dans l'efprit , & tous ont be- foin de beaucoup d'art pour être bien exprimés. On peut dire en général que toutes les affeiSta- tions tendres & honnêtes ajoutent aux grâces & aux TAS 28^ anx cTiarm^ "d'une jeuneperfonne, & qud îe$ Tajjîons cruelles' &.odieufcs augmentent la dif-' formiié ; auffi rien ne relève plus les tfàitis d'un'^ beau vifage , qu'un certain air de droiture & de bonté. ;:: ": : : ••'■ . Il faut prendre garde déporter les PaJJiôns trop" loin; elles ont des bornes qu'on ne fauroit frân-! chir. Une joie exceflîvc déplait ; modérée /elle" augmente toujours les grâces &les charmes d'un' beau viTage, ' y- v ' ' - ' . ^ :■ '■ ' '■■ ',' Pour juger des effets qui réfHltentdesPa/^'yn*' tendres & douces , Ibrfqu'elles font réglées par \à\ niodcraiion , il ne> fauf que" les comparer avec^ çeuK que produifent'ces- mêmes Pajfio/is- pohés^. a l'excès. , . -■'. -' ' ^ ' ■ •■ -" _ Un air.de bauteur:; d'impudence , de malice ;' d'envie, de jaloufiè & de cruauté , fuffit pour ert-^ laidir, beaucoup. Les Pajjhnt noires , lî rtiTOl-^* tantes, effacent les traits les plu s réguliers; dèsr qu'elles font apperçuesy on^ne fait plus -d'atten- tion à ce qu'une perfonne peut avoir d'aimable? d'ailleurs. ... - ■ ' '••' ' - Dans un habile Danfeur, les bras , les mains,' les regards , les toursde tête.^ toutdoitexprîmec! le caraflère' de la Po/^/o/z qu'il veut rendre ;"cettér expredlon paroît bien mieux dans les vîfagesvuà de profil.vque dans ceux qui font' vus dé face '; auffi lés grands Peintres & les' Sculpteurs choi- aço. P A S llfltnt-iîs ordinairement cette attitude; le tonrdu CQil a plus de grâces ; hsPaJ/ions ont plus dfl force & d'aftivité. : . C'eft ainfî que Mllton a rcpréfenté Satan, lorfque jaloux du bonheur dont nos premiers Pè- res joulflbieilt dans le Parndis terreftrc, il entre- prend de les réduire. — Il jette , dit- il, en fe dé' tournant , un coup-d'œil envieux & malin fur nos premier^ parens — . C'eft par un demi-regard que fe produit la plus tendre & la plus naturelle dtsPaJJionSf qui eft l'amour. Deux amans fe paroiflent plus aimables l'un à l'autre qu'au refte" du monde , & ils le font en effet , parce que leur phyfionomie peint & leur affe£lion , & leur amc. Leur fang échauffé peu-à-peu par la douceur de leur entretien , fait naître fur leurs joues un ver- millon qui relève infiniment la beauté ; leurs gel-' tes , leurs regards & leur contenance, tout an- nonce l'amour qu'ils reflentent. ' ..Un Danfeuir qui veut exprimer les molivemens avant que d'eflayer d'en toucher les_ autres , & » comment faire, ajoute-t-il , pour fe fentir ému,- » les PaJJïons n'étant point en notre puiflance ? PAS 291- ♦» En voici le moyen, cominue-t-il , il feut fe »> former des viiîons & des images des chofes »> abfenies , comme fi effeftivement cUes étoient » devant nos yeux , & celui qui concevra le plus ») fortement ces images , pourra exprimer les » Fùjjlons avec plus d'avantage & de facilité ». ; PASTORALE. Sorte de Dan fe dont l'air cft à deux tems , & dans le caraftcre de Mufette , fur des paroles relatives à l'état des Bergers , qui en ont la douceur , la tendrefle & le naturel. A la campagne , un Berger fe met au milieu des Danfeurs , pour jouer de la fîutte ou de la mufette, & l'on danfe en rond autour de lui.. Chez Tes Spartiates cette Danfe, félon Lucien^ terminoit tous les exercices. Alors , dit-il , ua Joueur de mufette fe mettant au milieu des jeunes gens , commençolt le branle, jouoitfic danfoit, & ceux-ci le fuivoient en faifant dift'érentes pof- tures guerrières & galantes. La chanfon même qu'ils chantoient , empruntoitfon nom de Vénus & de l'Amour , que l'on mettoit de la partie. Quejîo t ilfaggio ^ ô AmariUi ^ e quejlo é il Rio , Ove lirjlil mio hen , Uetofolea ' Venîre a le frefch' ombre aller che ardea " Con ma^ïor f.amma il luminojb dio. ac^i PAS' Qui dî que/le orée al doîce mormofio » MentTC L'armentojuo L'eibepajcea , SteJbJ'ul nioUe prat/cel t tejjea helle ghÎTlandealjuon del canio mîo, ,Çi(a vinjt citjji al dardo ; ivi per gîoco SciogUea le Danje ; é qui dove ora Hajcerji \ede la \iola , e il croco , Qui dijje^ îo t'amo , e îl volio che innainora Vomini t Dei ^ îinfc d'unji belfoco ■ C/iedir non Jo quai 7fii rejlajjï allora, FjuAina Marattl Zappi. . Les premiers îiommes fe trouvant Maîtres paiiîbles d'une terre qui leur oftroit en abondance' tout ce qui pouvoit fuffire à leurs befoins , céle- Brcrent "bientôt la tranquillité &'Iè bonheur de leur état, parleurs chants & par leurs Danfes, qu'on s'cft plû a voir naître fur les bords de l'Ana- pus , dans les vallées d'tilore , où fe jouent les' Zéphirs , où la Icthe eft fans cefle verdoyante & fleurie, & l'air toujours rafraîchi par le voifi- nagedela mer. ' ' Dans ces premiers lems , l'amour ctoit peut- être leur unique paffion ; mais ce n'éiolt pas \m dcfir effréné , une molle galanterie , ni un fenti- ment chimérique; le Berger n'aimoit pas plus fa Bergère que. fcs troupeaux & fes vergers; uno PAS 293 aI)on5antc récolte , une heureufc ven-^ange com- bloit Tes defirs , & Ton amour-propre fe bornoità être loué fur fa Danfe & fur fon chant. Comme les bois , les moiflbiw , les fleurs , les fruits , les fleuves , les fontaines , les prairies , &c. étoient préfens à leurs yeux ; c'étort le fujet ordi- naire de leurs entretiens, d'où ils empruntoient leur langage figuré; leurs pas, leurs mouvenjenSa leurs attitudes refpiroicnt une douceur , une ten- drefle , une naïveté ! Leurs Danfcs , comme leurs chanfons , pourroient être comparées à ces fruits qui ont toute la fraîcheur du matin , & ce léger coloris que femble y laifler la roféc. Belle Rofi, Que j'arrofe , Tes charmes naifians Sont l'honneur ^u printcmpi ; Tu vas plaire A ma Eergcre ; . '* ' Mais fon teint plus frais Efface tes attraits. H faut , avant que je te cueille , Que TC t'anime d'un baifer ; Difcrcttement fur cette fciiiHe». Met livre» vont le dcpofcr. Belle Rofc ,. • • • Que j'arrofe, . ' . iCj ^5)4 P A V Si c'cfl ton deftin D'approcher de Ton fein , Si fa bouche Auflî te touche , Donne-lui , pour moi , ,- Ce gage de ma foi. Pour Climènc que j'adore , Joli Bouton , tu vas t'ouvrir ; - Pour te hâter d'c'clorc , Reçois cncor ce foupir; Mais conferves-en la flamme I Ah ! que ta jeune fleur Se panche fur fon cœur! Que Climène , au fond de l'âmc » y En fente l'ardeur , Et fonge à mon bonheur. PAVANE. Danfe grave , venue d'Efpagne, où les Danfeurs font la roue l'un devant l'autre , comme fes Paons font avec leurs queues , d'où lui eft venu le nom. Les Gentils-hommes ladan- folent avec la cape & l'épée ; les gens de jufticc avec leurs longues robes; les Princes avec leurs grands manteaux , & les Dames avec les queues de leurs robes abalflees 6c traînantes. On l'appel- ioit le G;a;7d?5a/, parce que c'étoit une Danfc majcftueufe &. modefte. H s'y falfoit plufieurs affeftes de pieds , paflades & fleurets , & des dé- coupemçns de pieds , pour en modérer la gravité. 1 •' P H A 19^ , ' La Pavannc d'Efpapic , dit TBoinct Arbeau , (t danfe par mefure binaire , médiocre fous l'air, .& avec les mouvemens dont s'enfuit la tablature, & quand on l'a danfée en marchant en avant , pour le premier pad'age , il la faut rétrograder en démarchant , puis en continuant le même air, on fait , avec des nouveaux mouvemens , le fécond pafl'age pour les autres, conféquemment lefquels pourrez apprendre tout à loifir. Cette Danfe eft facile à danfer, car elle n'a que .deux fimples& un double , en marchant en avant, &deuxrimples 6c un double, en reculant &. dé- marchant , £c noterez qu'en la danfant , lefdits deux fimples &. ledit doublé de l'avance fe com- mence par le pied gauche , & lefdits deux fimples & le doublé de la marche fe commencent par le pied droit. PHALLIQUE, (Danfe). Danfe obfcènc que l'on faifoit en l'honneur de Bacchus. Ceux qui s'y exerçoient portoient à leur cou la figure .d'un Priape , & chantoient des chanfons licen- .tieufcs. Erat veretrum Jïculneum Phallus j quod Vyonifia Orgia célébrantes , collo pendens gcjîare folebant. PHALLOPHORE. Nom que l'on don; noit à Svcione à des Mimes qui couroient le^ T4 29^ P H t .rues barbouilles de noir , vêtus de peaux de .montons .,; portant des paniers pleins de diffé- rentes herbes , comme du cerfeuil , de la bran^^ chc uifine, des violettes , du lierre & des cou- ronnes. Us danfoient en cadence , & ils étoient .couronnés de lierre en i'honneur de Bacchus. ' PHÉACIENS', (Danfe des). Homère, dans fon huitième Livre de l'Odyd'ée , parle de cette Danfe , en rendant compte de la manière dont les Phéaciens régalèrent Ulyfle , nouvelle- ment arrivé à la Cour d'Alcinciis. « D'abord, dit- » iljîes Juges publics qui préfident à ces fortes de M Jeux , & qui font chargés du foin de tout ce » qui peut y avoir rapport , fe levèrent an nom- « bredeneuf, & commencèrent par préparer » une place fpacieufe , dont ils applanirent le » terrein ; enfuite un Hérault ayant apporté une » lyre harmonieufc a Dédomoque , celui-ci fe >» plaça au milieu d'une troupe de jeunes hom- » hommeSj exccllens Danfeurs , qui fe mirent » à danfer avec tant de légèreté qu'UIyOe ne pou» >> voit regarder fans étonnement la mobilité bril- « lante h. éblouifiante de leurs pieds », Enfuite il décrit une autre Danfe de ces mêmes Phéaciens , dans laquelle un des Danfeurs fe courbant en arrière, jetioit en l'air une balle, qu'un autre en fautant taçhoit de recevoir dans fà P I R 297 main avant qu'elle retomLiit à terre , 8c avant que îui-même fc retrouvât fur fcs pieds. ■ PHYSIONOMIE,(La).CcrtfurIcvlfago ^e l'homme que les Paffions s'expriment, que les niouvemcns de l'arre fe déploient, & que le, calme, rngitation^ îe plaifir , la douleur , la crainte & l'efpérance , fe peignent tour-à-tour. La pty- fiononiie eft donc la partie de nous-méme où toute l'expreffion fe raflembîe ; elle efr le miroir fidùle de nos fentimens & de nos affections. Le Danfeurqui joindra aux difllcultcs & aux grâces de l'Art, cette Pantom.ime vive & animée, & cette exprefllon rare du fentiment, r«cevra, avec le titre d'excellent Danfeur, celui de parfait Co- me'dicn. . Ladifpute de Cicéron & de Rofcius, à qui rendroit mieux la penfce , Cicéron , par le tour & rarrangcmcntdes mots , Se Rofciiis par le mou- vement des bras& l'expreffion de la phyfionomie, . prouve- très-clairement que nous ne fommesquo (les enfans , que nous n'avons encore que des niouvemcns machinaux & indéterminés. Les An- ciens avoient des bras , & nous avons des jambes. Réunillbns à la beauté de l'exécution l'expreflion vive & animée des Vantomimcs , ayons uneamc, & nous ferons les premiers Danfeurs de l'univers. ^298 P I R , PIRRIQUE, ( Danfe). Dahremlîîtaîreîn. ventée par Plrrus , laquelle fc faifolt avec les ar- mes , en frappant fur des boucliers en cadence •pour exprimer l'aflion d'un combat. Elle étoitcn ufage ch«z les Grecs & chez les Romains, &nous Ilfpns dans Spartien que l'Empereur Adrien donna plufieurs fois au peuple, dans le grand Cirque , cette forte de Danfe, tant d'hommes que de fem- mes , qui étoient armés d'épécs de bois au lieu de fer. Foye^ MeMPHITIQUE. La Pirrique eft aujourd'hui danfée par les Turcs, & par des Thraccs qui , armés de bou- cliers & d'épées fort courtes, fautent légèrement au fon des fluttes , & le portent ou parent des <:oupsavec une vîiefle & une agilité furprenantc; ainfi ce font les Turcs feuls qui s'exercent , non •feulement à la Pirrique , mais encore à la luitc, :à la courfe , &c. , . PIRROUETTE, (La); en terme de Danfe , fignifie un ou plufieurs tours entiers du corps, qu'on fait fur la pointe des pieds , fans •changerde place. Lademi Pirrouette eft lorfquon .ne fait qu'un demi-tour ; il faut couler deux pas fitunCeupé, & faire une PzVro:/me. Ménage , .après Turnèbe , le dérive d'un vieux mot Laim , ■ampiruare, qui fe difoit d'un faut que faifoit 1© P O I 299 principal Danfcur , que les autres imitoienu PIRROUETTÉ, (Pas). Dans ce pas, quand le corps n'eft pofé que fur un fcuî pied , le plié doit être pris très-doucement , le corps en- * tièrcment pofé fur la jambe qui plie , parce que, de celle qui marche , il n'y a que la pointe du pied qui pofe à terre , & qui fert , pour ainft dire , de guide au corps pour fe tourner autant qu'il le doit être, & lorfque vous vous relevez, ce doit être avec la même douceur que vous vous êtes plié : les mouvemens doux font toujours les plus gracieux & les plus agréables. Il s'en fait d'une autre manière, qui font plies * fur les deux pieds. Ce pas eft très-facile à faire , 1 parce qu'il ne faut que plier fur les deux pieds également , & fe relever de même ; par exemple, ■ le pied droit étant devant , à la quatrième pofî- tion , le corps pofé fur les deux jambes, vous pliez les deux genoux , & vous vous élevez éga- * lement , en tournant le corps un quart de tour du côté gauche ; au contraire, lorfque c'eft le pied gauche qui eft devant , ce doit être du côté droit que l'on doit fe tourner. - ' POIGNET. Quoique les mouvemens des » Poignets ne femblent pas difficiles , ils méritent - pourtant que l'on y fafl'e attention , en ce qu'ils "Jr 3PP P O S fe prenitent dans les extrcmites (îes bras ; & c*e(t de ces mêmes extrémités qu'il fort des grâces in. finies, quand les bras font conduits avec dou- ceur /& fuivant les règles. . . Le mouvement de Poigyet fc prend de deux manières , favoir : de haut en bas , & de bas en haut ; ainfî , lorfque vous le voulez prendre de ^ haut en bas, il faut laiflcr plier le poignet en -dedans, faifant un rond de la main , qui , de ce même mouvement , fe remet dans la première fî- . tuation qu'elle étoit ; mais il faut prendre garde ; de ne point trop plier le poignet , car il paroîiroit caflé. Quant au fécond mouvement , qui fe prend de bas en haut , la main étant en deflbus , il faut laifler plier le poignet , puis laifler retourner la main en haut , faifant un demi-tour , & par ce . mouvement, la main fe trouve à la première rc* . préfentation des bras. . POSITION DU CORPS. La première .^îeçon que le Maître donne à fon écolier pour le ^mener de pas en pas , lui enfcigner tous les mou- vemens des bras , afin de les conduire à propos a chacun de ces diflérens pas de Danfe , c'eft la 1 manière de pofer le corps. Pour lui donner une . fuuation agréable, il faut avoir la tète droite, •^■^ns être gènéç , ics épaules en arrière , ce qui fait P O s 301 paroître îa poitrine large , & donne cTcîa, grâce au corps , les bras pendans à côté de foi , les mains ni ouvertes , ni fermées , la "ceinture ferme j les jambes étendues , & les pieds en dehors." • ■ En prenant toutes ces précautions , on ne tom- bera pas dans le ridicule d'être gêné ou roide ^ oa dans l'arf"e<^ation ; la bienféance demande ce bsau naturel , & cet air aile que la Danfe feule eft ca-~ pable de procurer. '/'..*' • P S I T 1 N S , ( Des ). Ce qui s'appelle- Pofition , eft cette jufrc proportion que l'on a" trouvé d'éloigner ou d'approcher les pieds dans' une di fiance mefiirée jj ôc dans laquelle le corps efr dans Ton équilibre ou à-plomb , far.s fe trou- ver gêné, foit que l'on marche , foit que l'on danfe , ou lorfque l'on efr arrêté. Ces PoCtrons ont été mifes au jour par le célèbre Beauchamp , qui s'ctoit' formé une idée de donner un arrange- ment néccfiaire à cet Art; Elles doivent ctre re- gardées comme des règlesir.difpenfablcs qu'il faut fuivre , rien n'étant plus important pour' mainte- nir le corps dans une attitude gracieufe/S: les pas dans une grandeur mcforée. ' ''''''''- Première P o s i t io n. • • - Les Pofitions ne difFerent entre- elles qiie pat 302 PO s 1 arrangement des jambes & des pieds. Cette prc-, mièrc eft d'avoir les jambes fort étendues , les deux talons l'un près de l'autre , & les pieds en. dehors également. Son ufege eft pour les pas aflemblés , & pour prendre fcs mouvemens lorf- que l'on doit plier , parce que tous les pas qui fc commencent par des demi-Coupés fe doivent prendre de cette Pofition ; la raifon eft que lorf'. que vous pliez , fi l'un des deux eft derrière , cela facilite à laifler venir le genou en dedans , au lieu que les talons étant près l'un de l'autre , les ge- noux fe tournent également en dehors , fit le corps en eft plus droit. Deuxième Position.. Dans cette féconde Pofition, qui eft pour la diftance qu'il faut obferver dans les pas ouverts qui fe font en allant de côté , les deux jambes doivent être écartées , mais elles ne le doivent être que de la longueur du pied diftant entreles deux , ce qui eft la jufte proportion du pas , & la vraie pofition du corps fur les deux jambes. Ceft pourquoi le corps fe trouve dans la facilité de fc pofer fur l'une des deux jambes , fans faire aucun mouvement forcé. ~ .. 11 faut obferver que les deux pieds foient fur imc même ligne, les jambes étendues, & les # P O s' 30J pie^s tournés également en dehors, pour que le corps fe trouve pofé fur les &c. PRYLIDE. Efpèce de Danfe militaire chez les anciens Grecs., Foye^^ VoJJius. PRjî:STIGIATORES. joueurs de palle- pafle , Battcîeursqui faifoient des tours avec tant d'adrefie , & fi furprenans qu'ils tcnoient du pref- tigc. Ifiiore fait Mercure auteur de cet Art , qui tend à furprendre & à tromper les yeux. Frccfli- ■ Pîum vcrb prias Mercurius dicltur invcnljfe'^dicîum quod prccjlrlngat aciem oculorum. Les Romains faifoient paroître fur leurs Théâtres de ces Bouf- fons, qui faifoient des tours fingulicrs , à en croire non feulement Pline, mais encore quelques Pères de l'ÉcIife. Ceux qui fe mêlent aujourd'hui V >.^*f^ 30^ Q U A de pareils métiers , font fort peu Iiabiles en com- paraifon de ceux de ce tems-là. II y avoit de ces Batteleurs qui , par le moyen de certaines ma- chines , voloient en l'air ; d'autres qui drefloicnt des bétes fauvages à faire des tours. On vit à Rome , du tems de l'Empereur Néron , des Élé- phans marcher & danfer fur des cordes tendues; d'autres , qu'on avoit drefles à danfer la Pirrique; d'autres qui , tenant des épées avec leurs trompes, fe battoient les uns contre les autres , àla manière des Gladiateurs. Ces Baladins devinrent fi com- muns à RoAie , qu'ils venoient dans les Places publiques St les Marchés , vendre leur Mithridate, & faire des tours pour attirer le monde ; mais ce ne fut qu'après que Rome fut devenue la maitrerte du monde , que ces fortes de gens y abondèrent Ils étoient la plupart étrangers , & prefque tous de l'Orient , ce pays en ayant /oujours fourni plus qu'aucun autre. Q. QUADRILLE. Petite compagnie do Cavalerie fuperbement montée & habillée pour faire des Carroufels , des Joutes , des Tournois , des Courfes de bagues , & autres Fêtes galantes. Quand il n'y a qu'une Quadrille , c'eft proprc- "'•^. Q U A , ^ 307 ment un Tournob ou Courfe. Les Joutes de- mandent au moins deux partis oppofés. Le Car* roufel en doit avoir du moins quatre, & au plus <îouze. Chaque Quadrille eft comporée au moins de trois Cavaliers, h. au plus de douze. Les Qua- drilles fe difiinguent par la forme des habits ^ ou par la divcrfitc des couleurs. Ce mot vient de l'Italien, & eft un diminutif de Squadra , qui eft une Compagnie de Soldats rangée & dreflee en forme de quarré. Pour donner un exemple d'une Quadrille ou Fête galante , je rapporterai celle qui fut donnée à Chantilly en Juillet 1729 , à l'occafion du ma- riage du Duc de Bourbon avec la PrincefTe Caro- line, âgée d'environ quatorze ans , troifième fille d'Erneft Léopoîd , Landgrave de HeireRhinsfeld, 5c de Léonorc-Marie-Anne de Louveftein. Le fîeur de Sarrobert , Capitaine des Chafles de la forêt de Chantilly , avec fon Lieutenant 2c vingt-quatre Gardes , vint au-devant de la Prin- cède jufqua une lieue de Dammartin; après avoir été préfenté , il la conduifit par les routes cle la forêt d'Ermenonville , jufqua celle de Chan- tilly, à l'entrée de laquelle l'on trouva une com- pagnie de foixante hommes de la Bourgeoifie de Chantilly , très-bien montés , précédés de tim- bales , trompettes & haut-bois , qui accompagnè- rent la Princefl'e jufqu'i une lieue &. demie de V a 3o8 U A Chantilly, où elle fut reçue par la Ducliefle <Î8 Bourbon, Douairière, le Duc de Bourbon, le Comte de Charolois , le Comte de Cîermont Mademoifelie de Charolois , Mademoifelle de Clermont , & un grand nombre de Seigneurs & Dames de la première qualité. Ce beau & lupçrbe cortège étoit fuivi de tous les Gentils-hommes attachés à la Maifon de Condé , & de la NobleOe des environs. La Princefle quitta fon carrone> entra dans celui de là Duchefle de Bourbon , Douairière, & arriva parla Tahle au Château de Chantilly, au bruit d'une triple falve d'artillerie. 11 y eut le foir une grande illumination au Château , & deux tables de vingt-cinq couverts furent drefTées dans la grande anti-chambre , & fervies avec la plus grande magnificence. Le lendemain M. de Sarrobert fignaîa fon zèle & fon attachement , par une fête auiïi galante qu'ingénieufe. Sur les cinq heures du foir une nombreufe troupe aflemblée dans la Galerie des cerfs , diviféeenfix Quadrilles, fe mit en marche, traverfant l'Orangerie pour fe rendre au Château parla principale porte, dans l'ordre fuivant: La première Quadrille étoit compoféc de la compagnie Bourgeoife ,à pied, avec leurs trom- pettes, hautbois, &c. ; elle fut préfentée à la Princefle par M. de Sarrobert , qui fit à S. A. b'. le difcQurs fuivant : Ê Q U A; 303 MADAME, . •-'•■.::r; « ■ ' ' « Nous venons témoigner h V> A. S. notre . i> joie fur fon heureufe arrivée; nos vœux font • » accomplis .par le maringe que vous venez de » coniradter avec votre augufte époux. Dieu nous » fade la grâce de les voir accomplis par une - » heureufe fécondité ; nous vous reconnoiflons, » Madame, pour notre Mai:reïïe ^\nous »> vous ferons fidellcment & inviolablement at- » tachés toute notre vie. Voici le peuple de ce » lieu qui vient vous rendre fes hommages , & »> vous préfenter fes petites offrandes ». La féconde Quadrille étoitcompofée des Bour- geoifcs de Chantilly , qui , après avoir eu l'hon- neur de faire la révérence à la Princefle , lu; préfentèrent divers pâtés, gâteaux, & autres for- tes de pàtifierie de leur façon. Les Jardiniers formoient la troifièrae Qua- drille ; ils avoieat à leur tête le fieur Charpentier, habillé en Jardinier , & le fîeur Dangui l'aîné , habillé en Payfan , l'un jouant de la mufette , & l'autre de la vielle; le Jardinier de l'Orangerie offrit , dans une corbeille , un fuperbe bouquet , entouré de plufieursautres petits, très-artiftement compofés ; les autres Jardiniers vinrent cnfuite 3TO Q U A préfcnter leurs oftrandes; elles confiftoicnt en ïept grandes corbeilles remplies de raclons , de figues, d'abricots , de pêches , &c,, & en douze autres corbeilles remplies d'oranges , de citrons , & autres beaux fruits; les deux dernières remplies de toutes fortes de légumes. Le ficur Charpentier, accompagné du ficur Dangui , chanta ces deux couplets. Ces enfans des pleurs de l'Aurore , Ces fruits & ces brillantes fleurs, Préfens dtf Pomone & de Flore, Cèdent à vos vives couleurs ; En ces Gcux tout vous rend homnragc ; Recevez notre foible encens , > • Et que des plailîrs fans nuage Soient le partage de vos ans. Ce fécond couplet c(t fur l'air du Branle de Met\. Dans ces lieux tout vous adore ; A vos yeux tout vient s'oflfrir ; Les fruits font prompts à mûrir } Les fleurs s'cmprefrcni d'e'clore i Fruits charmans , aimables fleurs ^ Renaiffez à chaque aurore. Fruits charmans , aimables fleurs , ' Se'condez nos tendres cœurs. La quatrième Quadrille étoit corapoféc dc Q U A . 311 vîngt-quatre jeunes filles de Chantilly , Babille'cs de blanc , ornées de bouquets & de guirlandes de fleurs ; elles avoient à leur tête le iîeur de la Vigne , en Berger , jouant de la mufette. La pre- mière chanta Je couplet fuivant , fur l'air : Vous qui vous mocque-^par vos ris. Venez régner fur tous les osurs Dans ce brillant boccage ; Par ces guirlandes , par ces fîeuri y Jugez de notre hommage ; •. De l'innocence de nos mœurs Vous y voyez l'iroage. Après ce couplet , ces jeunes pcrfonnes for- mèrent un double rond , dansèrent au fon des jnufettes , & fe rangèrent cnfuite à l'autre bout de îa falle. La Dame Baptifie , Gouvernante de la laite- rie , accompagnée du fîeur Dangui le jeune, habillé en Payfan , jouant de la vielle , paroif- foit à la tête de la cinquième Quadrille, fuiviede vingt-deux filles de la Ménagerie , vêtues de blanc, & ornées de quantité de rubans de diverfes cou- leurs; les garçons de la Ménagerie, galamment habillés , venoient après ; les uns & les autres firent leurs piéfens. La Dame Baptifte portoit V4 3ti Q U A. deux douzaines d'ortoïans dans une corteilîe or- née de fleurs & de rubans ; en l'offrant à la Prin- ceHe ,elle chanta ce couplet fur l'uir; Ton humeur ejl j Catherine, ^ . , .r La Dscfî'e d'Lrîcîne Permeuoit à tous niorteîs , Pour lui fonder fa cuillnc , • D'orner aiufi fes Autels; r ' De même qu'à la DétCCs , J'offre à vos jeunes attraits Notre commune allégrefle , • Et les cœurs de vos fujets. Le fils du fieur de Sarrobert , âgé de dix ans , portoit une cage remplie de petits oifeaux qui s'envolèrent tous dans l'inftant, qu'il les eut pré- fente à la Princeffe; un autre jeune garçon condui- i foit un agneau blanc orné de quantité de rubans. ' Quatre garçons de la Ménagerie portoient un veau gras tué , & bien paré , dans une grande corbeille. Les quatre premières filles qui venoient enfuitc portoient la tête du veau , la frcfiure , la fraizc & les pieds. Les autres portoient deux grands vafes de porcelaine remplis de crème, un pannicrde pigeonnaux tuésj deux dindons gras tués, deux oifons , fix poulets en vie , quatre poules grafles, des tortues en vie , fix tourterelles , ta autres animaux. '-^.^ Q U A 313 . Snivolent Gx GarJes-chafl'es , <îont<îeux por- toient un grand pKaor. de chevreuil , tué ; deux autres , une corbeille où il y avoit vingt - quatre lapereaux , & fix levreaux ; les deux derniers , offrirent une corbeille où il y avoit vingt-quatre perdreaux, douze faifandeaux, douze cailles, &c Après toutes ces offrandes faites à la Princefle, îe fieur ds la Vigne chanta ce couplet , fur l'air du Carillon. On voit , dans ce charmant féjour, L'Hymen & les Ris , les Jeux & l'Amour, Pour rendre cette Fête complette, Bacchns en ce jour -, ',.,,, ,.-\ Avec nous entonne à fon tour: • . ■ On voit dans ce charmant féjour , . L'Hymen 5c ies Ris , les Jeux & l'Amour. Après ce couplet, les vielles & les m ufcttcs jouèrent îe même air , fur lequel on danfa très- gaiement ; les jeunes filles, en guirlandes, for- mèrent encore un double rond , & tout le reftedc cette bande joyeufe fc fignala par d'autres Danfes extrêmement vives & légères. Le Magifter de Chantilly , fulvi de fcs écoliers & de fes écolières , ayant chacun un bouquet à la main , étoit à la tête de la fixième Quadrille. ":.^ 3T4 • QO A Apres les révérences faites à cette Pnncefle , le lîeur Paquereau , qui repréfentoit îe Magifter , chanta , fur l'air quand Iris prend plaifir à boire. Sur vos pas à l'eiwi tout vole , - Écoliers & Maître d'e'cole , Tour-à-tour nous nous cmprcflbns ; La même ardeur pour vous nous intérefle ; Pour moi , dans toutes mes leçons , J'infpire à ces jeunes garçons Un zile ardent pour leur PHnccffe. M. de Sarrobert , enfulte , ouvrit le Bal , au fon àci vielles & des mufettes , & la fête devint générale. Le Duc de Bourbon , la DuchclTe de Bourbon , les autres Princes & Princefles , les Seigneurs & les Dames , dansèrent à leur tour ; la jeune Duchefle de Bourbon , & le Prince Alexandre , fon frère , dansèrent une Allemande avec une juftene & des grâces qui cbarmèrcnt tout le monde. Après quoi les garçons & les filles^ qui compofoient les Quadrilles , s'empa- rèrent de la falîe du Bal , & dansèrent long- tems toutes fortes de Danfes. Les rafraîchide- ïTiens de toute cfpcce étoient abondamment dif- tribués , & cette galante fête fut terminée à la grande fatlsfaftion de tout le monde., R E I 3T^ QUADRILLE AU Théâtre. Oncntcnd par Quadrille , non feulement quatre , mais £x ^ huit , & jufqu'à douze Danfcurs vêtus uniformé- ment , ou même de caractères difïcrens^ qui forment des troupes particulières , lesquelles fc fuccèdent & font ainfi fucccder le cours de l'aftion. II n'eft point de genre de Danfe, de forte d'inftruraens, de cara£îère de fympfconie, qu'on n'ait eu l'adrefle de faire entrer dans cette grande compoûtion. R. REDEMPTUARE. Mot employé dans, les Danfes des Salicns , qui imitoienf les mouvc- mens de celui qui étoit à leur tctc. Celui-ci fau- toit, & la troupe répondoit par des fauts fem- bîables : c'eft ce qu'a voulu dire Lucilius : Praeful ut nmptruat indè (j vulgb Redemptruat oUi, REINS, ( les ). On ne peut être un excel- lent Danfeur fans être ferme fur fes Reins ; eût-on d'ailleurs toutes les qualités eflcntieHcs à îa perfc£lion de cet Art. Cette force cftfans con- tredit un don delà nature. On voit journellement des Danfcurs forts & vigoureux , qui n'ont ni 3T^ RE P à-pîomb , ni fermeté , & dont l'exécution eft dé- Jbanchée ; & d'autres , au contraire , qui n'étant point nés avec cette force , font pour ainfi dire aflis -foîidement fur leurs hanches , qui ont la cein:ure aflurée & les Reins fermes. L'art , chez eux a fuppléé à la nature , parce qu'ils ont eu le bonheur de rencontrer d'exxellens Maîtres , qui leur ont démontré que lorfqu'on abandonne les Reins, il eft impofTible de fe foutenir dans une ligne droite & perpendiculaire , que l'inftabilité de cette partie s'oppofe à l'a plomb , que l'afiaif- fement in corps ôte , aux parties inférieures, la liberté dont elles ont befoin pour fe mouvoir avec aifance ; que le corps , dans cette iituatlon, entraîne {buvent les jambes, & qu'il ne retrouve enfin fon équilibre , qu'après des eftorts & des contorTtons , qui ne peuvent s'allbcler aux mou- vcmens gracieux & harmonieux de la Danfe. RÉPÉTITION. ElTai que l'on fait en par- ticulier d'un Ballet que l'on veut exécuter en Pu- blic. Les répétitions font néceilaires pour s'ailu- lerquc les copies fontexa6les, pourquelesDan* feurs puiflcnt fe concerter , & s'accorder cnfem- blc , pour qu'ils falfident l'efprlt de l'ouvrage, &' rendent fideilement ce qu'ils ont à exprimer. Les RépétitioBS iervent au Compolî'ieur pour ^^^^tt ^ R É V 3Î7 par l'effet de îa Pièce.à faire les cliangemens dont elle peut avoir befoin. RÉVÉRENCES. On en difringnc de troîs fones , favoir : Révérence en avant , Rêvé--, rence en palTant , & Révérence en arrière , qui eft celle qui marque plus de refpeft , en ce qu'elle eft arrêtée &. pliée plus profondément. Pour la Révérence en avant , le corps droit , il faut pafler le pied doucement devant vous , en laiflant le corps pofé fur le pied de derrière , dont le genou eft obligé de fe plier par le poids du corps ; au lieu que la jambe qui eft devant doit être fort étendue , l'inclination du corps fe fait de fuite , plus ou moins profonde , félon la qua- lité des perfonnes que vous faluez; la tête même s'incline, ce qui tft encore une des parties eiTcn- tiellcs de la Révérence. En pliant la ceinture , n'étendez pas le genou de la jambe qui refte der- rière , parce que cela feroit lever la' hanche , & paroître le corps de travers, au lieu qu'étant comme je le demande , toutes les parties fe Sou- tiennent par leur oppofé. Mais , lorfque vous vous redreflcz , que ce foit avec la même douceur que vous vous êtes plié ; & , en vous redrcfiant , laif- fez.pofer le corps fur le pied de devant , ce qui donne la liberté à celui de derrière d'agir , foit 3i8 R Ê V pour aller eu avant , ou fe porter à côté , pour l'aire une féconde Révérence , qui fe fait ordinai- rement en arrière. *^ Quant à la Révérence en pa fiant , elle fe fait comme celle en avant , excepté qu'il faut efiâcçr le corps en paflant devant les perfonnes que vous faluez. Effacer fignifie que vous vous tournez à demi du côté qu'elles font , mais en glifiant de- vant foi le pied qui fe trouve de leur côté , foit à droite , foit à gauche , en fe pliant de la ceinture & s'inclinant la têie en même tems. Cette Révérence fe pratique différemment, , félon les différens endroits où l'on fe trouve , par exemple , lorfque vous pafTcz dans une rue , il ne la faut faire que très-légèrement ; c'eft, à propre- ment parler , une Révérence en marchant. Mais celles qui fe font dans les promenades où fe trouve aflemblé ce qu'on appelle le beau mon- de , il ne faut pas les faire avec la même légèreté ; elles doivent être faites plus modérément jcUcs ont beaucoup plus de grâce. Il faut obferver, lorfque vous pliez le corps, de ne pas* incliner fi fort la tête que l'on ne puifle pas vous envifager; faute d'autant plus groffière," que vous jettez la perfonne dans le doute de fa- voirfi c'eft elle que vousfaluez; de même, avant > Kt V 319 que Je comméîlccr votre Révérence , il faut re- - garder modeftement la perfonne ; ce que l'on ap- pelle adrefler fa Révérence. Les Révérences en arrière fe font dlîTeremment de celles en avant , auITi font-elles plus rcfpcc- tueufes. Le corps pofé fur le pied droit , & le gauche prêt à partir, vous le tirez doucement derrière le droit , à la troifième pofition , en vous relevant à mefure que vous tirez le pied derrière , ce qui re- met le corps dans fon à-plomb , & fait l'étendue de votre révérence. Pour fe mettre dans l'habitude de les bien faire , c'eft d'en faire plufîeurs de fuite , . ce qui eft d'autant plus facile , que le pied tiré derrière ayant fini l'étendue de fon pas, vous îaiHez pofer le corps deffas, 6c delà vous portez îe pied de devant à côté , pour en refaire uns au- tre , & continuer d'en faire des deux pieds , afin que vous les fafïlez également d'un pied comme de l'autre. Les Dcmoifelles n'ont pas les mêmes embarras que les MefTieurs , pour faire leurs Révérences ; il fuffit qu'elles fe préfentent bien , qu'elles por- tent les pieds en dehors , les gliflent à propos , plient les genoux également , & qu'elles tiennent la tête droite , le corps ferme , U les bras bien placés. 320 R Ë V La Révérence en avant , pour les Demoireîles ,' confifte à glirt'er doucement le pied devant , juf- qu'à la quatrième pofition , & îaifler pofer îc corps fur les deux jauibes, puis plier doucement îes genoux , fans plier de la ceinture ; au contraire , îe corps doit être fort droit , fans chanceler, ce qui arrive très-fouvent îorfque les pieds font mal placés ; mais Iorfque vous êtes plié' aflez , vous vous relevez avec la même douceur, ce qui ter- mine cette Révérence. Quant à la Révérence en paflant , elle fe fait pareillement, excepté que, Iorfque vous paHez devant une perfonne, vous faites deux ou trois pas avant de commencer votre Révérence; vous vous tournez à démise fon côté , vous glilTez le pied qui eft de fon côté, en avant, puis vous pliez , & vous vous relevez très-doucement, en obfervant de Iaifler pofer le corps fur le pied qui a paiïé devant, afin de marcher du pied de der- rière. Enfin la Révérence en arrière , pour les De- moifelles , fe fait en portant le pied à côté> foit îe droit , foit le gauche ; on fait un pas à côté , à la deuxième pofition. Le corps fe porte fur ce pied , & l'on tire l'autre tout auprès , les deux talons près l'un de l'autre , à la première pofition; puis il faut plier les genoux également, & très-bas. & vous relever arec la même douceur que vous vous êtes plies j mais fi vous devez en faire une , féconde, ilfaut laifler pofer le corps fur le pied , que vous avez tiré , & vous portez l'autre pied à côté , & vous faites la même chofe de l'autre pied. , II faut prendre garde de tirer le pied, & de plier en même tems , ce qui dérange le corps de fon '^ à-plonib , & fait clianceler. II nous refte à parler des Révérences en entrant dans une AiVemblée. ■-•' .•.;'■■■; Lorfque vous entrez dans un, appartement , : il faut avancer deux ou trois pas pour vous don- ner le tems d'adreller vos Révérences , enfuite faire la première en avant , & , en vous relevant ,1 pofer le corps fur le pied qui a pafle devant, & . porter celui de derrière à côté , fur une même ; ligne, à la deuxième poiition , pour faire votTC Révérence en arrière, ,. .: , .j Ces deux Révérences faites , s'il fe trouve du -' monJepIacéà droite & à gauclic, vous faites - des Révérences en paflhnt de côté & d'autre, en'i marchant au milieu de la coraoagnic ^ Si vous avez à parler à quelqu'un, vous allez , l'aborder en faifant de pareilles Révérences \\ celles que vous avez faites en entrant , & ei^quit-»,, tant, vous faites deux Ré^vérences en arjière, & j X ■''" " 3X1 Rf d daxitfes en partant , autant que ïa çîviîitéîc per- met , cccjui n'a point de limites, l'ufagedubeau nionde étant le plus grand maître. Après avoir parlé des Révérences en généfaî , ' qu'on ne fait point fans ôter le cïiapeau , voyez page 49, la manière la pîus féante de le porter, de l'ôrer & de le remettre. RIGAUDON. Sorte dcDanfefortcnnfagt en Provence, dont l'air fc bat à deux tems légers, , comme les Bourrées , &c. d'un mouvement gai. Le nom de cette Danfc vient , dit-on , de celui de l'Inventeur, qui s'nppelloit Rigaud. Ce pas , da;is fa conftrudïion , cft fort iîiigu- iier ; iffc fait à la niêine place , fans avanccrni reculer , ni aller de côté, quoique les jambes falîcnt des mouvbmens différens. Il fe commence de la première pofîtion j ayant les deux pieds ademblés ; vous' pliez les deux ge- noux- également, & vous vous rclevea en fautant, & en levant àù. mémeieins la jambe droite , qui s'ouvre à côté , & le. genou étendu , v-ous la repofez du même mouvement ,,auirià la premier*- pofition ; mais à peine eft-elle pofée , que la jambe gajïch'e felève, en s'ouvrant à côté, fans -faire . aucuns' mbuvémens du genou , ce n'eft que Ih han- cKc qui' agite la jambe, &Ja brifc tout de fuite. Les deux pieds étant à terré , voys pliez , 6c vous 7 KO if m Vblifl^ôrtKfèrf Tâtitaîît •; ;tr eh- tMBàht' fur ïes i.^ii-::^i ïl O N D S ( des);, & différens; pas de Coiîtrc^ danfe. II y a de grands & de petits Ronds. Ils fe /ont en fe tenant t<)Us"- Ruit patTçVmairts > c'cft ce qu'on noïr\ti\6 grands- Rond/^;'- il' y- tiàtT Contredanfes où l'on change-'de'jJlacé'quatrc^par^ quatre , en fe tenant ch"'rofïdV'^ '^joiÇej-çfs^ hrlfl. U.s'e5o^cutc.-çn changeant i%, pTacè,/. ,fMSi lâcher fa Pamc ^-avec les fîgurans, qui font a drpite pu a gauche.^ Quelquefois on eft, fur deux jigrfes , & Von change de côté fc tenant! tbùs les quî^tre. $i ," (ptant fujr quatre places^ orr^ né change que d'une , c'eu.un quart, de cerceau}, fTdnpafle vis-à-vis , c'eft un dcmt-cerccau'yb(,\ lorfqu'on eft fujf deux lignes, on nomme demi- cerceau Je changement d'une ligne à l'autre, fit; cerceau \. lorlqu'on fait un tour entier. , ■ t -:. ,_: ,' I ..:^ ?. ■ - ■ • . • ■ -- » ^* Chaînes. Deux Dames fe donnent la main' droite en avant ou de tôté; les Cavaliers reçoi-[ véijtvdfe -îéur main gauche ,' la gauche de l'autre' Dame , & la font tourner un tour , ce qui fait un changement de place des deux Dames , & c'eft <î& qu'on -homnle démî'Chaîne\ ii les Dames l'e- tournent à leur place de la même manière , elle cft entière , & fe nomme Chaîne des Dames ou des Cavaliers >~ fi ce font èuxvqui la font/- , ••-■■• ■ '^ ''■^'- ; - • '} '' ' •■■ . '■'■ i '•■ ^\ ■ :\ y. Grandes Chaînes , pu , Cfiaînes à^ huit.' Les Cavaliers préfenfent 1^ main droite à la droite^ de leurs Dames ; la main gauche à celle de la Çfime de^eur ^rohp^xl^Jicnt la Ipuif.,' ^-VonD de Dam'e en Dame , tournant à droite & elles à. gaudœ -, i^^ toï^r; entier; y ou- un demi- tour, m '40. Chaînt :Hnglmff, Elle fe fait de quatr» ,1 > R ON ^32^ {ôh en avant , fort dt côté, ayant foin de fc faire face. Chaque Cavalier préfente la main droite à celle de la Dame qui eft devant lui , la gauche à celle de fa Dame , ce qui fait une demi-Chaîne,, 'OU changement de place. Pour la faire entière -, on continue fans fe retourner , en donnant, la main droite à la Dame vis-à-vis , & la gauche a la lienne. 50. Chajfes. II fe faut croifer deflus & "dé(tbu$ ouvert , & de Marquife ; favoir : Chajfé croiféùi fait en padant derrière qui eft à fâ droite , à Ik gauche, ou vis-à-vis, pour changer de. place avec elle, les Cavaliers paflant derrière les Damés; ils font fouvent fuivis de Rigaudons. ' À r • 6\ ChaJfè ouvert. II fe fait en s'éloignant I uk de l'autre , le Cavalier à. gauche ,' & la danjè adroite. ''"" ^ , 70. Chajp de Marquife, II ' fe • fait étant ^ fur deux lignes ; on change de place en tenant ^ >Pame, de deux en. deux, fur la même ligne." ' 80. Courfe , ou Fromenade. C'eft un change» •ment de place, en menant fa Danie-; tous les figurans font en mouvement ; ks Cavaliers, me^ nant leurs Dames , changent de place à droite, ce qu'on nomme auan de Courfe \ fx 1 on X3 3?^ ^ ^ îf change 'èçi: -ic}^ pj^^cs, .»• f'ftTt .une . ^mî^ ' 90. D.emîfi - Çf^ei/c 'dé -chat. Ç cft aujl[i mi 'cK^ngemcDt de place, menant la Dame vis-à vj^; i'on fait quelquefois un rigaudon. Pour faire I^a Qucue-dcrchat entière , on revient à fes plaçc^ xomme on les a quittées. iP(?. Moulinet. Les fimples font Jor(que les Cavaliers ou Darnes (ç donnent îes mains çlroÎLe^ pugauchhs cfoif«^es j pour faire un tour jou demi- tour. X)n nomme grand Moulinet ^ lorfaue cha- que Cavalier tient /a D^.me pendant ledit Mpiir^ "•linet. n y a des Contredanfes où le^ Dames & les Cavaliers fe prennent en rond , & les autres, p.ofajît une main (uj Içs tras des premiers ,. tour- jient jcnfemble. On appelle cette figure, a//e^fl Moulin, ^^ ,]iV?, Norïime> djels Pamcs ou ides Cavaliers. jp'e.Ct , un changement de p^acc vis-à-vi^, pour deujt Pâmes, ou dcu^. Cavaliers paflans dos à dos. . la**. Trayerfes. C'eft pplîe* auy places vis«à- .vis , par uri cha|ré , çju par iin .contre-tcms. ] }3-' Q^^ré. Quar^^ de Mahopy. Pour lo Jfc»»*'***^- R O N 327 ' former , il lâut que les huit Danfeurs foicnt en mouvement ; quatre cle face vonc en avant , pendant que les autres cFiaflent ouvert ; les pre- miers chaflcnt ouvert à leur tour , pendant que îes deuxièmes vont en avant ; c'eft ce que l'on nomme demi-Quarn : pour le faire entier, il faut recommencer , & coiatinuer jufqua fcs places. 140. Toujfettes. . Elles fe font en tenant îa Dame des deux mains , & la poufTant devant foi pour la faire reculer, ou reculer foi-même ; on tourne ainfî les uns autour des autres, quelque- fois on s'entrelade , formant des lacs ; pour exé* cutcr cette iîj;ure , les Cavaliers tiennent cHacùn îeur Dame des deux mains , & fe font face fur îes côte's , en forme de contre-marche ; tous changent de place , quatre paHanten dedans , & les autres en dehors. On continue la mêmechofc fans fe retourner , jufqu'à ce que chacun foir à fa place , ayant attention de pafler en dedans & en clehors, alternativement. Tels font les principaux mouvemens des Contredanfes , ou du moins les plus en ufagc. Dans îes ContreDanfes Angloifes , on efi or- dinairement fur deux lignes, les Dames d'un ■ X 4 ^' •:3{8 SAC côté , & les Cavaliers dc'î'autre , en auftî grand ' nombre qu'on le juge à propos , les Cavaliers en ■ face de leurs Dames. On ne fait point de rond ni de Moulinet , comme aux Contredanfes ordi- naires. Le Cavalier qui eft à la tête d'une ligne avec fa Dame , commence & continue la Contrc- danfe jufqu'au bout , fi-tôt que l'on a gagné deux places; on continue toujours de même, pendant que ceux qui font à vos places commencent la même figure , & continuent; ainfi des autres ;& quand les premiers figurans font revenus à leur place , la Contredanfe eft finie. On peut fe fervir clu pas d'Allemande à trois-huit , ou fauter d'uqe jambe fur l'autre, RYTHMIQUE. C'eft un nom que les An- ciens ont donné à un Art qui confidère les mou- 'vemens , & qui règle leur fuite & leur mélange, pour exciter les paffions , les entretenir , les aug- jn'enter, diminuer ou appaifcr ; c'eft aulTî le nom que les Auteurs donnent à l'ancienne Danfe ùe$ Grecs , laquelle répond à ce qu'on pratique malu' tenant dans nos airs de Balets, S. SACRÉE, (Danfe). On qualifie de ceuo ro^nieré toutes lesDanfes qui , dans les dificren- "-^ SAC 329 •tes Rdigions , faifoîent partie du culte reçu , & qu'on exécutoit, ou dans les Temples, comme îes Danfes des Sacrifices , des Myjlères , d'Ifis , de Cérès , &e. ou dans les places publiques , comme les Bacchanales , ou dans les bois , comme ■les Danfes rujliques & champêtres , &c. Celle que les Prêtres d'Egypte inventèrent pour ' •exprimer les mouvemens des aftres, fut la plus magnifique des Égyptiens. Foye^ DaNSE AS- TRONOMIQUE. Les Grecs durent aux Egyptiens prefque toutes leurs premières notions, da: - !e tems où ils étoient encore plongés dans la plus ftupide igno- rance. Orphée , qui avoit parcouru l'Egypte , & qui s'ctoit fait initier aux niyftères des Prêtres d'I- fis, porta, à fon retour dans fa patrie , leurs connoiiTances &. leurs erreurs , auffi le fyftême des Grecs fur la Religion , n'étoit-il qu'une copie de toutes les chimères des Prêtres d'Egypte. II en fut ainfi chez les Romains , qui adoptè- rent les Dieux des Grecs. Numa, Roi pacifique , crut pouvoir adoucir la rudefle de fes fujets , en * jettant dans Rome les fondemens d'une Religion, & c'eft à lui que les Romains doivent leurs fu- perftitions. II forma d'abord un Collège de Prêtres •de Mars; il régla leurs fondions , leur affignadcs revenus , fixa leurs cérémonies , & il imagina la •Danfe qu'ils cxécutoient dans leurs marches pen- 33^ ÎS A C,^ . 33^3. i'une xîe ces Fêtes du Fpux /exécutée par de» Rçlig^cufesdans leur Couvent , & il eh fait tout ap long une relation aufl'i plaifantc que rincère & naïve-. , . . , ,. , En Efpagnc & dans le RoufllIIon <, on exécute des Danfçs folemnelles en l'honneur de nosmyf- tères /& de nos Saints. Toutes les veilles des Fê- tes de la Vierge , les jeunes filles, s'aflemblent devant la porte des Eglifes qui lui font confacrées, & padent la nuit à danfer en rond & à chanter des cantiques Se des hymnes à fbn honneur. En France même, on voyoit encore, vers le milieU; du dernier iiècie-, les Prêtres & tout le peuple de Limoges, danfer en rond dans le Chœur de Saine Léonard , en chantant , San Marciau,pregasper nous j & nous épingaren per bous. [ Lç Père Méneftrier, Jéfuite, qui écrivoit fon. Traité des Ballets en 1682 , dit , dans la préface, ^e cçt Ouvrage , qu'il avoit vu encore les Cha-^ noines de quelques Eglifes qui, le jour de Pâ-^ qucs , prenoîent par la main les cnfans de Chœur,^ & danfoient dans le Chœur >_ en diantant des^ hymnes de réjouiflance.. . _. .... _ ^ ,^ SACRIFICE, (Danredu).EIÎee|îuiîteV . chez les Peuples du Canada. Ces Sauvages nc^ font jamais de facrifices de créatures viviintes^ jls dorment en offrande au Kitchi Manitou des i^iar*. / ^' chandîfe qu'ilis tirafiqticnt pbûV (îèsOafroV. Vbieif' Je détail' ds ce' Sacrifice. Il faut quelfe jout-fôlt^ clair & fcrei'ti!; Phofifon net & ïé tems' caïme »'' alors chaque Sauvage porte fon oblation fur le' bûcFier; cnfuitii le foleil éta'rltà'fôh"pîus liant dé- gré, les cnfani fe rangent autour du bî\clicr, avec' des écorcés alliiméeS-, pour y mettre le feu ; 6c les' guerriers danfent & chantent ài'entonf jufqii acé' que tout fort brûle' 5c coiifumé'; pendant ce tems-' ià les vicilkrds' font îcurs harangUes ,"eiT préfen-' tani de tems en tems des' pipes 'detabac-allunie'es' au foîeil; LescKanfons i les Danfes-, les harari-^ gués , durent jiifqu 'au coiicher du foleil.' | Voici' ce qhe ^b^- guerriers^difent datis feiirs^ chanfonst uCobTa^e,le grand'Ëfpfh'tfou^dôhiie » un fibcau foleil', hiesfrères, prenôtt's'courtge;' yi que fcs oui'rb'ges fortt grands"! llcllboHcc >> grand Efprit', c^fr lui qili fait tout agir. Ilfe >♦ plaît à nous eritendfe , moa frères", pi^'^'^O'^' >j courage , nous vaincrons nos ennemi^', nous' >» ferons de grandes chalTcs , nous nous ponerons' >< tous bien f les vieillards fc rdJo'uiVôîiP, leiirs' >» enfans augmenteront; le grand Efprit nous' » anime; fpn foleil s'eft retiré, il a vu les Ot/- »> Toouae-j'&i ceti'eft fait , le giràiicP Efprit eft >> content, mes frères , prenons courage >). ' Les femmes font leurs harangues quand le fo-' reil'fe lève , Écpréfenteni leurs enfans à cet-afirc,' s AI '33<. Les guerriers fortent du village lorfqu il eft prêta fe coucher, pour danfer la Danfe du grand Ef- prit. Ils n'ont ni jour ni tems fixe pour les facrifî- ces , non plus que pour les Danfes particulières, SAISONS, ( Danfes des ). L'origine de ces Danfes remonte au retour de Bacchus en Grèce', après la conquête des Indes. Quelques Auteurs l'attribuent à Therpfycore , & quelques autres à Cornus.... Au commencement de l'Automne on voyoit la jeunefTe Grecque couronnée de pampre & de lierre , former des pas mefurés au fon des filTres & des tambours ; elle ne refpiroit, dansfes: chants , dans Tes mouvemens, dans Ces attitudes, que la liberté, le piaifir & la joie; ces Danfes' ctoieht l'image vive de la gaieté , des tranfpo^t» de Bacchus. Au retour du Printems, dans toute l'Attique , à" Spûrte , dans l'Arcadie , les jeunes garçons & ' les jeunes filles, une couronne de chcne &' de rofes fur la tcte , le fein parc de fleurs nouvelles, & vêtus à la légère , couroient dans lés bois , en formant des Danfes Pàftorales. C'étoit l'innocence des premiers tems qu'ils peignoient dans leurs pas; ils jduiflbient des plaifirs de l'âge d'or , qu'ils faifoient renaître. / 33« SA I Fu il mondo allorfelice Cke lin îcnero arbojcdlo , Un limpîdo rufcello . È una capanna utnilc Legenti alimento. Poiche le régie foglU ; Calco l'asaro piçde , Alla celejîefede hapacc allor \ol6, , .^ •^ r ,:::;.!t i . pans le tems de la molflbn, cic nouveaux amu- , femens célébroient les douceurs de l'abondance , 2{, îorfque les rigueurs de l'Hyrcr ramenoientlcs. peuples dans îeurs foyers pour y jouir des bien- faits des autres faifons, iesDanfes è.z% fefiins leur fourniflbient de nouveaux fujets de joie. Ils ne connoiObien: , dans leur commerce amoureux , que la tendrefle , la bonne-foi , & la- cpnftance , & , quoique le jeu de cette paffion fut apparemment le même que parmi nous^ & qu'il . y eût alors j comme aujourd'hui , ^ç& jaloux ,(lçs , ingrats , des infidèles , tout cela fe pratiquoit au njoins fans rufe & fans diffimulation. La vertu & îè vrcc étoient également fimples & naturels;; aïi ! que notre façon d'aimer cft difterente ! J s' AL 337 Vonjtamapîiidavero , Soljicerca d'ingannar ; JJe vergogne ejjer fincéro , E alla tnoda il lufingar. Si amafolo per ufan^a , i Ma non giâdivero cor t ' - , Sijbjpira per creania Çon la bocca , t non colcuof. Mi sb quanti nffanni e pêne ■' Giorno e natte che hô provd , ', Per cagtune del mio bene ^ tlallajinjonjlà burlâ, Mafe amorefarà g'uflo , Spero l'ûbbid a cajligar, ^ : . ;m yicc/ô che non l'ubùia il gujlo» Dépoter altre gabur, O che almeno anckello tro\d Una che li rubbi iicuor , Poilo lafci , e allo'aprovi , • Se fui grande fcô dolor, SALAMALEC. Saîut à la Turque, quî Cgnifie , Dieu vous garde. On s'eft fervi long- tems à Paris de cette exprefllon, pour faluer une perfonne en buvant à fa fanté. Salamalec, ou , comme prononcent les Turcs, Selamalec , n'eft pas feulement une falutation dej y 338 SAL Turcs . mais encore des Arabes , & mêmt de tous les peuples Mahométans. SALIENS. { Danfe des ). Eïïe fe faifolt avec beaucoup de geftes & de grands mouvemens, tantôt enfembic , tantôt féparément , au fon de quelques flûtes , & frappant en cadence les bou- cliers les uns des autres avec leurs baguettes ; Plutarque la de'crlt en ces termes : movebaniur ehganter , ceknter , atque confejlîm orbes im- plïcantes & evolventes , muliumque in eo roboris & iigiLimt'is ojlcndentes. Numa Pompilius inftitua cette Danfe en l'hon- reur de Mars. Ce Roi choisît , parmi la plus il. îuftre Noblefie , douze Prêtres , qu'il nomma Salicns j du fautillage & pétillement du fel qu'on jettoit dans le feu lorfqu'on brûloit des viftinics. Ils exécutoient leurs Danfes dans le Temple, pendant le facrifice , Se dans les marcbesfolem- nelles qu'ils faifoient dans les rues de Rome, en chantant des Hymnes à la gloire de Mars ; leur habillement , d'une riche broderie d'or, étoit couvert d'une efpcce de cuirade d'airain; ils portoient lé javelot d'une main , & le bouclier de l'autre. . Comme la Danfe faifoit une partie princi- pale des cérémonies & des facrifices , à inefurc qu'orv. élevoit des Autels à quelque Divinité non- / s A L 33J rçïïç , on înCtituoIî a^fli , pour Yhonqj^x t des' Danfes particulières , & toutes ces P^es furent^ nommées Sacrées. Il y ;ivoit deux fortes , ow bandes , ^c Saliens» Les anciens , établi§ par Numa , qu'on nommoit Saliens Palatins , & d'autres plus nouve^ujç ^ établis par TuUus Hoftilius , & appelles CoUiri* ou Agonales , Collini , Agonales. Servius ei^ met de deux fortes , infiiiués par Numa , les Colllns fie les Qulr;nalei , & deux fortes établis par Tullus Hoftilius. Ils chantoient une chanfonj qu'on appelloit Vers des Saliens, fal'iare carmen^ On leur donnoit des repas qui s'appelloient ^a'nfç étoit très-ancienne chez -les Grecs. ThéophraÇtç rapporte que le premier ;qu;_marqu? uP.c çfpèce de cadence avec fon corps ,. au fon de Iq fîjàie^ fut un Joueur de cet inftrument , né à Cabane > çn Sicile, nommé y^W'"or2^-:& qu'après lui Cléo;' phantes , de Thèbes, cultiva beaucoup l'art de la Danfe , qui fut encore .depuis augmenté .de ; plufieurs figures , par le Poète Efchiîe. Cet exer.- .cice écoit tellement en honneur chez eux , qu'ils appelloicnt Apollon un Danfeur , Saltatorem. y ■ comme on le voit dans Pindare ; Saliator Rex ■ fpUndoris , pharetratusque Jpollo. M ne fe célé- ^broit point de Fête, ni de foiemnité , où la panfe n'eut part, & les facrificesétoient toujours *•'/ ^i SA t accompagnas ât chùèUrt de féuhrt gar^nj, jt Quelquefois des deux fexes , oh. ]es uhs danfoîéhii & les autres jouoient de la flûie ou de la lyre, Les choeurs employés dans les cérémonies rdi. gïcufes , tournoient autour de l'Autel & de îj ftaïue de !a Divinité. Ils avoienl coutume M J)rendre leur marche par la droite , cç qui s'ap* pelloit Strophe , & de revenir par la gauche dé I endroit où ils étoient partis , ce qui fe nommbit •iAnH-jirophe. Mais dans la fuite, Stejîcore.célh- fcre Poète Jyrique , termina > par unç longuo paufe , chacune de fes révolutions , & , pendant cette paufe , ou ftation, le Chœur , touiné vers îâ ftatud du Dieu , chantoit un troilîéme couplet 3n Cantique , ou de l'Ode > ûppellée Èpode. Sur leur Théâtre, il y a\ oit quatre fortes d$ TDanfes , qui étûient , la Tragique , la Comique , la Satyrîque . ta celle des Pantomimes. Cette "(dernière étoit la plus renommée , & elle embraf- fôit divers caractères des autres , ce qui rendoit Tart de cette Danfc extrêmement difficile , ^arce que t jpo'ur bien exprimer toutes les partions , il "faïloit des talens infinis , ?t des copnoiflancesfanj nombre, La Danfc moderne eft en queîqUfefotte bornée "i une certaine manière de fe mouvoir. Il n'en étoit '*pâs de Tnêrr.c de îa Saltatîon des Anciens; çHs "fortnoit un trûifxèmé ^enre de Mufiquç , lequçl , s AL 343 au moyen de pofitions , d'attitudes , de mouve- incns & de gcftes réglés & cadencés , exprimoit tous les objets , les pafilons même , & les mœurs ; auffi Simonide dcfinit-il la Danfe une Poèjîe muette. La Saltation , félon Plutarque , étoît compofee de trois parties. La première étoit Iç mouvement ,' foit au moyen du pas , foit au moyen du faut. La féconde étoit \2t. figure. Et !a troifième étoit îa dé- monftration , ou la repréfentation de l'objet. La Danfe fut difiinguée txxf.mple & compofée. On appelloit Danfe jimple celle qui n'ctoit compofée que des feuls mouvemens des membres, comme du faut j du changement, du croifement, & du frappement des pieds , de la courfe en avant 5c en arrière , du tournoiement , du fléchiflementôc de la tenfion des jarrets , du battement des mains , de rabbaiflement & de l'élévation des bras , & de diftéremes figures qui comprenoicnt non feule- ment les mouvemens , mais encore les repos , comme lorfqu'on vouloit imiter quelqu''un qui dort , qui penfe , qui admire , qui craint , qui ob- fer\'e, qui pleure, qui rit, &c. On appelloit Danfe compofée , celle où l'Ac- teur ajoutoit aux mouvemens des membreSjdifré' •rens tours d'adrede , qu'il faifoit en maniant des corbeilles , àts palets , des thyrfes , des lances , ;des épées , ôcc. Les Maîtres de la vraie Danii Y4 344 S AL croient les Poètes ; ils apprcnoicnt eux - mémej aux A£leursles mouvemens figurés qu'ils dr voient fe donner, & nous liions qiie.Thcfpis, Pratinus, Cratinus & Phrinicus , danfoient fur le Théâtre, dans la reprérentailon de leurs propres Drames. , Ce qui fuffit pour nous faire fentir combien les fignes, & , fi ion peut s'exprimer ainfi, les hiéroglyphes de cet Art ont perdu de leur no- blelTe & de leur importance. La Danfe, bornée aujourd'hui à imiter les mouvemens d'une Mufi- eue qui , le plus fouvent,n'imite rien elle-même, cxprimoit alors non feulement les actions, mais les penchants , les habitudes , les mœurs ; elb figuroit les plus grands évènemens; elle formoit le corps à la force , à radreflc , à la grâce ; en un mot, elle embraflbit & régloittoui l'art du gefic, cet Art aujourd'hui fi arbitraire , fi incertain , & fi borné. Les Romains ne furent pas moins pafTionne'j pour la Danfe que les Grecs ; & , quoique nous n'ayons pas une idée bien diftincSle de Iwur^ Dan- fes , on Içait en général que leurs Jeux Scéniques en étoient entre mêlés , 6c qu'elle faifoit partie du culte de leur Divinité. La Danfe étoit même particulièrement attachée au culte de quelques-- unes. C ecoit à ces Fêtes , à ces fpedlnclcs pu- blics, "que les Danfes étoient le plus en ufngc; caries Romains ne donnoient pas des Balsj M s A L 34^. (àifoient feulement venir des Danfeurs & dts Danfeufes de profeffion , pour les divertir durant leurs feftins , mais les conviés ne fe raéloient point à ces Danfes; ils avoient pour leur Théâ- tre les quatre fortes de Danfes ufitées chez les Grecs , la Tragique, appellée Emmelie , la Co- mique, nommée auffi Cordax , la Satyrique , nommée Siccinnis, nomi qu'elles avoient pris des trois Satyres , & la Danfe Pantomime. SALTIMBANQUE. Efpçce de Danfenr de corde , Bouffon , Charlatan qui joue en place publique pour divertir le peuple. Entre les diver* tiHemens que M. le Duc d'Orléans donna au Roi à VilIcrsCotterets , en 1722 , au retour du Sacre, il y eut une Foire, dans laquelle , entr'antrcs chofcs, étoit un Tnéatre pour un Saliimbanquc. Le 9 Novembre , le P\oi vifiiant cette Foire , le Sdhiinbanque & autres Marchands firent, fuivant l'ufage , tous leurs efforts pour attirer le Roi «!ans . îeurs Boutiques ; le Roi continuant à fe pronier.cr danî^ ia Foire , s'arrêta deva:;t le Théâtre du Sj.1' tîmbanque ^ lequel, après avoir expliqué dans fon langage ordinaire les difierentes propriétés des fjcrets qu'il avoit, remit au Roi une tablette magnifique , en aflurant Sa Majefté qu'elle y trou- veroit la H fie de tous fecrets. Le Sahvnbanque diftribua cnfuite aux Princes du Sang & aux Sci- 34^ S A R gncuis quî étolent auprès du Roi, pluficurs Bi- joux, dont il annonçoitles propriétés & l'ufage , en confcrvant toujours la façon de parler du Sal- timbanque» S ALU ER , fe dit en parlant du premier com- pliment qui fe fait à quelque perfonne confidéra- bîc , & de îa Révérence qu'on va faire à quelque fupérieur , ou pour fe faire connoître à lui , ou pour lui donner une nouvelle marque de fon ref- peft. Il fe dit auffi des témoignages de refpeft , d'honneur ou d'amitié qu'on fe rend réciproque- ment dans les rencontres ou dans les vifites. Ceft une grande incivilité , & une fotte marque d'or- gueil , de ne pas rendre le falut. SARABANDE. Efpèce de Danfe grave, qui paroît nous être venue d'Efpagne. Elle fe danfoit autrefois avec des Caftagnettes. La Sara- bande, a le bien prendre , n'eft qu'un Menuet dont le mouvement eft grave , lent & férieux. • M. des Yveteaux , mourant à Paris à l'âge de plus de 80 ans , fit jouer une Sarabande , afin, di- foli-il, que foname pafTàt plus doucement. . Elle a été ainfi nommée, félon quelques-uns, à caufe d'une Comédienne appellée , Soi abonda , qui la danfa la première en France. s A U 547 - Selon d*atitr€5 , Ta Sarabande cft vchue <îes Sar- rafins , a-jlfi bien que la Chaconnc. D*autr<*s enfin, croyent que ce nom vient <îe Sarao<\xi\^ en Efpagnol , fignifie^j/. On ladanfe ordinairement en Efpagne au fon de la guitarrc. Elle a un rnouvcxncnt qui çft gai & amoureux. SAUT, Mouvement par ïeqnel on faute; élancement que l'on fait par une prompte & vio- lente fecourtc du corps , qui lelève fans qu'aucune de fes jambes touche à terre, II fe dit des hommes & des animaux. Les Baladins Se Danfeurs de corde font des Sauis périlleux, lis imitent le Saut à.\x Mouton , le Saui de la Carpe , le S.iut du Crapaud. Les Meuniers ont un Saut qui leur eft panicu- îier , pour monter fur leurs mulets , qu'on ap- pelle le Saut de Meunier. SAUT fe dit auiïi d'un pas de BaÏÏet, des Danfes par haut , où l'on élève en même teins •fon corps & fes deux pieds en l'air , poin* frifer "la cabriole ; ce qui fe fait ordinairement à la fin d'un couplet, & pour marquerles doubles cadencesi Le Saut fimple t ou Pai fauté , c'efr lorfque les jambes étam en l'air, ne font aucun mouvement, foit qu'il fe fafle en avant, en arrière ou décote. Le Saut battu , c'eft lorfque les jambes e'tant en l'air, les tâbns battent l'un contre l'autre une ou •f' :n 34B S AU pîufieurs fois , & quand on paiïe les jamBcs rùne pardeflus l'autre par trois fois , cela s'appeîlo Entrechat. Le Saut de Bafque eft un Coupé fauté en tournant. On appelle auffi le Saut Majeur ^ Cu^no/tf , quand on remue les pieds en l'air, & quelques-uns l'appellent Cadence. II eft aufli une forte de Danfc qu'on appelle Sauts de Bordeaux, L'a£lion de fauter , chez les Grecs , faifûit partie de la Gymnaftique Médecinale, laquelle avoit pour but principal la confervatiori de la fanté , &. confiftoit dans les courfes à pied & à cheval , les bains , les ondtions , îe faut, la lutte & la promenade. Le Saut eloit un mouve- ment & une agitation du corps en l'air , fans règles ni loix , & difFérens par là de la Danfe , aflujettie à certaines règles & niefares fixes. Il faifoit partie des exercices Militaires chez les Ro- mains , aiiifi que nous l'apprend Végèce. « SAUTILLER. C'eft faire de petits Sauts. En Mufiquc , il y a une efpèce de mouvement qui va cnfautillant , ce qui fc fait prefque toujours en triple , & pointant la première de chaque me- fure. On appelle auffi en Italien infaltarcllo,tn fautant , lorfqn'on fait trois noires contre une blanche , comme dans le fix-quatre^ ou trois cro- cbes contre une noire , comme dans le ilx-huit , \ s C H 34^ Surtout fi la première note de cîiaque tcms eft pointée. C'cft ainfi que font faites les Forlanes de Venife , les Siciliennes , les Gigues Angloifes, & autres Danfes gaies, ^ontl'sàr va. en fautant. SCÈNIQUES, (Jeux). Titc-Livedit qu'ils furent inftitucs l'an 39a de Rome , mais ce fut l'an de Rome 389 , que cet établiOement fc fit. Car le Confulat de C. Sulpitius Pœticus, & de C. Licinius Stolon , marqué par Tite-Live , tombe à l'année 389 de la Fondation de Rome. Ce fut fon peu de chofes dans les commencemens. On fit venir des Comédiens d'Etrurie , qui , fans rien réciter , danfoient feulement au fon des inf- trumens ; ainiî ce n'étoit d'abord qu'un Ballet En- fuite on y ajouta des récits de Vers,peu-à-peu ils fc perfeftionnèrent,&. la rcpréfentation s'en fit avec ime dépenfe & une magnificence extraordinaire. Ces Jeux confiftoient en Danfes au fon de la flûte , & en poftures plaifantes & ridicules, fans aucuns récits. SCHCENOBATES. Efpèce de Danfeur» de corde, qui voltigeoient autours d'une corde, comme une roue autour de fon effieu , & qui fc fufpendoient par les pieds & par le cou. Outre les Sckanobaies, il y avoit chez les Grecs d'autres Danfcurs appelles -/fcro/'a/a, Orobates & Ncu- ."* •»r 350 S E N Tobates. ( Voye\ ces mots V Cet Art iiw\ trcs* ancien , & quoiqu'on né puiHe en fixer I origine, ileft à croiri qu'il fut inventé peu de tems après les Jeux de Théâtre. Cependant il fut plutôt confidéré comme une adreflc 6t un jeu de parti- culier , que comme une dépendance du Théâtre, ÎCous ne lifons pas en effet que ^ ni chez les Grecs, Il chez les Romains , les Danfeurs de corde aient reçus des récompenfes publiques , comme les Ac- teurs de la Comédie , ni qu'ils euflent quelque règle qui leur fut attachée. Ce n'eft pas qu'on n« leur fit auiïi des préfens , mais c'étoit plutôt par ■une libéralité qui fe faifoit parmi le peuple , que par des prix publiquement ordonnés, comme on ie pratiquoit à l'égard des Comédiens. SENSIBILITÉ, L'union la plus parfaite des pafllons eft celle de la douceur & de la fenfî- bilité. Chacune de ces qualités plaît feule, & leur aOemblage eft le plus grand effort de l'cx- preffion. Dans tout homme fenfible , il n'y a au» cune partie de fon corps qui n'exprime , en toute occafion , les penfées de fon cœur fie les meuve* mens de fon ame. Heureux le Danfeur doué de fenfibilité î Lcj parties de fon vifage, qu'on peut regarder comme les fùrs interprètes des fcntimens de fon coeur , font les yeux, les fourcils,6jL labouchej le ilége d« s E N 3st fon ame eft inconnu , mais dans fes pas , fes ges- tes , fes attitudes , fes manières , &c. elle parle à tous les yeux , & fon langage n'eft point obfcur. Pour plaire & pour toucher , il ne faut que 69 la fenfibilité; un regard vif& doux; un fourire gracieux , & un doux fon de voix , foumettent les cœurs les plus rébelles , & les pénètrent de leurs fenilmens. On fe fouviendra toujours de MadeinoifeUc GaufTin. La figure la plus intéreffante , le fon de voix le plus harmonieux , un jeu noble, naturel, attendrilTant,& l'ingénuité la plus piquante,ront gravée dans i.ais les cœurs. C'cftia feule fenfibi- lité de cette A£lrice charmante qui a pu infpirer les Vers fuivans , dont l'expreflion de pinceau eft ft délicate , qu'Anacréon & Tibulle y reconnoî- troient leur génie , & croiroient les avoir faits. Si , près de celle que j'adore , J'ai fouvent chante mon bonheur , Par des fons plus touchans encore , Puifl'ai-je exprimer ma douleur. Toi , dont la beauté' , la tendrelTe, Égale celle des Amours ; Toi , dont la main enchanterefic , Serre mes chaînes tous les jours. * .,y^ J^ 35* SE N Que ne vois-tu couîer mei larmci ! Ces Vers en font prerque effacés ; Mais ils en auroient moins de charmes. Si ma main les eût mieux tracés. — Les traits de cette main tremblante Seront déchiffre's tour-à-tour ; Bien n'e'chappe aux yeux d'une Amante Qui Ut au flambeau de l'Amour. Ton Amant loin de toi foupire , Tandis que Paris enchanté , T'écoute , &. tous les jours admire Et tes talens , & ta beauté. Le frifle joug de la fornme WaccaWe & m'impofe la loi ; Ces vains honneurs , tout m'importune ; Je ne lui demandais que toi. C'eft en vain pour moi que l'Aurore Du Soleil hâte le retour ; Je ne dois point te voir encore; J« deiire la fin du jour. « Touto s E N 353 Toute h Nature en filence N'offre qu'un dcfcrt à mes ycur , Et les oifeaux , en ton abfcnce , N'ont plus de chants harmonieux* ■Quelquefoîi , couronne' de lierre, De Silène le nourrifibn M'agace , me pre'fenie un verre , Et me demande une chanfaa. Mais du tendre Amant de DèlUf Ma voix -a perdu les acccns^ Et du trille Amant de Julie J'imite les tons languIiTans, Pour e'vîter les jours de Fête , Je voudrois fuir dajiî les forétf^ Je ne couronne plus ma tête Que de foucis & de cyprès, Envaln je voudrois à l'éiude Pouvoir donner quelques momensj L'efprit a trop d'iaquietude , Et ie cœur trop de fcncimcosi 3^4 S E >f Sourent fans JefTein & fans guid«, '^ m'égare au fond des vallons t LaVde Maupertuis & d'Euclide, Je vei^^({peter les leçons. Je pafTe , en ces Ibmbrcs demeures , Mes jours fans m'en appercevoir , Et n'y calcule que les heures Que je dois pafi'er fans te voir. La nuit, dans cet efpace îmmenfc Que Newton fournit à fa loi , Je n'obferve que la diflancc Dont je fuis éloigné de loL Lorfque , de l'Aurore nailTante , J'apperçois le doux incarnat , A mon efprit toujours préfentei Ton image en tern;t l'éclau Mon ame , abufée & ravie , Croit ainfr preffer mon retour ; Dans tous les inftans de ma vie , Tout fe rapporte à. mon amour. • ;n-.. ''». s I C 3s$ SICILIENNE. Efpcce de Danfcdontia mcfure eft à fix-quatrc ou à iîx-îiuit , d'un mou- vement plus marque que celui de la Gigue. Les Forlanes de Venife, les 5/c//:cn/za , les Gigues Angloifes , font des Danfes gaies dont l'aix va en fautant. SICINNIS» La troifième Dan fe apparte- nant au The'atre des Grecs, étoitia Danfe nppeï- Ice Slcinnls. Le Poème Saiyrique, dont cette Danfe faifoit un des ornemens, étoitnne t^^tcz cePafiorale , que l'on jsuoitaprcs les Tragédies, *& dont les plaifanteries fucccdoienr fortà propos: à un fpc6lacle où l'on fepropofoit pour but d'inf- pirer la triftede , îa compaffion & îa terreur. Cette Paftorale ctoit compolée d'A^leurs traveftis , îc plus fouvent, en Satyres , en Silènes, en Mena- des, & amr'îs femblables perfonnages, pris du cortège ordinaire de Bacchus ; iefquels, par leurs chanfons libres , leurs bons mots , leurs traits fa- tyriqucs h. leurs Danfes grotefques, tàchoientdc diffiper la mélancolie des fpe£tateurs ; lès mou- vemens de cette Danfe répondoient à ceux de nos Branles , Contredanfes , Gavottes , &c. Les Romains avoient leurs Âullanes , qui refiembloient fort aux Pièces Satyriques des Grecs, Kon feulement parle choix des Sujets, mais en- core par le ca:a£icrc des A6teu;:s , des Danfes &i Z â 3^« .SIM nièfes , mais les Italiens les réduifent à deux gen- res. Le premier comprend les Sonates da Chie^^a, c'eft-à-dirc , pour TEglife , qui commencent ordi- nairement par un mouvement grave & majeftueux, cnfuite duquel on prend quelque fugue gaie & nnimée ; c'eft là proprement ce qu'on appelle So- nates. Le fécond genre comprend les Sonates qu'ils appellent da Caméra , c'eft-à-dire , pour la chambre. Ce font des fuites de plufieurs petites pièces propres à faire danfet , & compofées furie jncme mode ou ton. Ces fortes de Sonates com- 'mcncent ordinairement par un prélude, ou petite Sonate, (]ui fert comme de préparation à toutes T A B y^jj les autres: Après viennent l'Allemande , la Sara- bande , la Courante , & autres Danfes férieufe»; enfuite viennent les Gigues, les Paflacailles,. les Gavottes, les Menuets, les Chaconnes ,& autres Danfes gaies. Tout cela compofé fur le même ton ou mode, & joué de fuite, compofe une Sonate da Caméra. La Sonate eft une pièce de Miilîque Italienne qui re'pond à nos Chaconnes. Corelli en a fait de très-belles. ... . . STATICULI. Sorte de Dnnfeurs , du nombre des Pantomimes., qui ne faifoient aucun mouvement. SUISSE , ( Danfe ). Sorte de Danfe propre aux Suifles , qui confifte dans un continuel trainement de jambes, f^oye^ les Notes fur Ha- bêlais j pag. 164, Liv. IV ^ Chap. 38. T. TABLEAUX, ( Des , & Pas d'Aneman- de ). Ce font , en terme de Danfe, différente^ pofîtions & attitudes dans lefqueîles il eft bon d'être exercé pour acquérir cette agréable facilité qui fait le charme de cet Art. On en compte douze. Voici la façon de paflèr de l'ua k l'autre, Z4 .*r 3^0 T À B I. Le Cavalier tenant fa Dame , lui fait faire «n clouble balancé , cnfuitc une courfe autour du cercle , pendant laquelle il la fait palier fous fon bras , & fe couvre. 3. Le Cavalier paHe à fon tour , &, fe tour- nant , prend la main gauche do la Dame , paflc deflbus fon bras , & la fait auflî pafl'er. 3. Le Cavalier , pafTant devant la Dame fans la lâcher j lui préfente l'autre mairt, puis lâchant la gauche , la fait tourner devant lui , reprend la. main , lâche la droite , tourne devant elle , le bras élevé. 4. Le Cavalier paflè fous le bras gauche de fa Dame ^ lui fait faire plufieurs pafles croifées en avant & en arrière , & retombe eh Allemande , les bras croifés en arrière. 11 y a deux façons de ^développer cette pafîe. La fnnple fe fait en là- chant la main droite de fa Dame , & la faifant tourner autour du bras. Le Cavalier tourne à fon tour , & répète plufieurs fois. L'autre dévelop- pement fe faip en croifant les bras de fa Dame derrière fon dos , paflant deflbus pour fe trouver à fa droite; enfuite pafler fous fon bras droite & la faire tourner un demi-tour. 5. Le Ca^•aîier enveloppe fa Dame fous le bras gauche , le droit derrière. T A F 3^r .'-' 6. Le CavaHcr lâchant la main droite , pafTs le bras fur la têto de fa Dame , & s'enveloppe. Elle lâche à fon tour b main droite, paHe le bras fur la tête du Cavalier , & fe trouve enveloppée. On'répète est entrelacement plufieurs fois , & le Cavalier , paflant fous le bras (jui l'enveloppe , forme la rofette. 7. Le Cavalier fait tourner fa Dame devant' lui , le bras droit derrière , & le gauche élevé. 8. Le Cavalier pafTe , & fait pafler fa Dame dos à dos. 9. Le Cavalier pafTe entre les bras droits , & forme le' tableau ci-deHus ; enfuite il fait tourner fa Dame d,;vnnt lui , lâche la main droite , Se fc retournant , lui paH^ le bras gauche devant elle; ils paflent enfemble dos à dos deux fois , & croi- Câv.t les bras de fa Dame derrière fon dos , paHc deflbus un tour entier , & pafle enfuite fous fon tras pour développer. 10. Le Cavalier renverfe la main droite fut î'épaule gauche de fa Dame , & lui renverfe la droite fur la fienne ; ils font après ce tableau plu- iieurs entrelademens de même. 11. Après la pafTe précédente on peut battre ht mefure , & fuire une courfe ; enfuite le Cava- 3éri T A B lier reprenant fa Dame comnic iî l'a q\ihtée , îa fait tourner devant lui', le bras gauche derrière^ & le droit élevé ; ils paiient dos à dos , le Ca- valier fous le bras droit , & fait tourner fa Darac. On peut faire tout de fuite la contre-partie de cet -, enchaînement; puis le Cavalier prenant la main droite de fa Dame avec fa gauche , & lui prenant l'autre , pafle deflbus le bras gauche , 6t fait tourner , pour former îe tableau. 12. Le Cavalier, ayant fait retourner fa Dame, pafle devant elle , & fe trouve le bras droit der- rière; il pafle deflbus , fait tourner fa Dame , & forme le tableau précédent de l'autre côté. En- fuite faifant encore retourner fa Dame, il tourne ïui-méme , lui laifle tomber le bras gauche fur fon épaule droite , & lui prend la main droite avec fa gauche. C'eft lorfqu'on eft bien exercé dans ces diffé- rentes portions , qu'on eft en état d'exécuter tous les diftércns pas d'Allemande. Voici les plu* ufîtés & les plus analogues à cette Danfe., Le vrai pas d'AlIejnande ordinaire , ou de deux-quatre , fe fait par une efpèce de pas de Bourrée-Jetté , & marque trois lems. On fait un petit Jette à la quatrième pofition , fur le pied droit, le gauche mar'^ue le deuxième teiiii T À M 3^3 "en fe rapprocTiant du droit à îa troifième , & le droit fe détache en avant entre la troinème & la (juatrième, îes genoux plies pour recommencer le Jette fur la jambe gauche. Ce pas fe fait de la même manière de côté , & en arrière ; & pour lui donner^ plus d'agrément, on peut faire une petite ouverture de jambe en faifant le Jette , la pointe bien en dehors , & le cou-du-pied tendu. L'autre pas , pour les Allemandes en trois-huit, fe fait en pofant la pointe du pied droit, & fautant delTus , ce qui forme deux tems , cnfuite la même chofe du pied gauche , foit en avant, foit en arrière. t Ce qu'on appelle balancer, dans îes Danfes Allemandes , n'eft autre chofe qu'un pas en avant , & un autre en arrière , fans quitter fa place , ou un de côté à droite, te un autre à gauche. T A M B U R I N. Danfe fort à la mode au- jourd'hui fur les Théâtres François. L'air en cft très-gai , &: fe bat à deux tems vifs. II doit être fautiliant &i bien cadencé , à l'imitation des fîu- tets des Provençaux , & la bafle doit refrapper îa même note , à l'imitation du Tambourin ou Ga- îoubé , dont celui qui joue du fîutet doit s'ac- compagner ordinairement, - . . 3^ T A R TAMBOURIN. Petit Tambour qui fcrti faire jouer les enfans, à faire danfer les gens de village & le peuple. II n'y a pas long-tems qu'on ne danfoit qu'avec le Rebec & le Tambourin, d'où l'on a fait ce proverbe , ce qui vi«nt de la Flûte s'en retourne au Tambour , pour dire qu'on fe ruine fouvem par des voies ferablables à celles par lefquelles on s'eft enrichi. TARENTULE, ( Danfe de la ). La Ta- rentule eft une efpèce d'Araignée fort venimeufe & très-commune en Italie , furtont à Tarente , ville du Royaume de Naples , d'où elle a pris fou nom. La raorfure de ce petit animal dérange le» Iinmeursdu corps , & trouble tellement l'efprit, qu'en peu de momens le patient pleure, danfe , vomit , tremble , rit, pâlit, fe pâme , & meurt bientôt , Vil n'eft pas fecouru. Les fucurs & les antidotes le foulagent , mais la force du venin eft iî grande que , nonobftant les remèdes , la mala- die ne laifle pas de recommencer tous les ans , environ le tems auquel on a été piqué , & ce qu'il y a de finguîier , c'eft que ces remèdes font tous inutiles, fi on n'y Joint la Mufique , qui met en mouvement les membres aObupis des malades , enforte qu'ils fe lèvent & danfent deux ou trois heures,' après quoi s'étant fait frotter, ils re- commencent leur Daufe, 2c font iaiiifi pendant / T E M 3(^5 iotae îicnres , ^ diverfes reprifes , jnfqa'à ce qu'ils fe fentcm clëlivrés de tous les fymptômes; ce qui arrive quelquefois le troifième ou le quatrième^ jour; après quoi ils en font quittes jufqu'à l'année iuivantc. Les uns aiment une forte de Mufîque , les autres une autre ; mais en général les airs les plus gais les mettent en de tels mouvemens , qu'on les prendroit pour des fous. Le Père Kirker a beaucoup écrit toucïiant- îâ Tarentule, en fon Traité de l'aiman, maison i'accufe de trop de crédulité fur certaines chanfons qu'il dit contribuer à sguérir ceux que les morfu- res de cet infe£le font danfer. TCHINGUÉ. On finit, cRez les Turcs, la fête & les diveniOemens des noces , par celui que donnent des filles appellées Tchingué , du mot Tchinck, qui veut dire Harpes. Elles font or- dinairement adroites & gracieufes. L'une joue d'une efpèce de Viole qu'on appelle Keneutché , pendant que quelques-uns , arec un Tambour de Bifcaye, battent mignonnement la cadence des chanfons que chantent les autres, çndanlantavcc une efpèce de cliquette. T E M S. Le Tems , en Mufique , cft une certaine diftinftion de panfes & de mouvemens, qu'on obfcrve en bau^vit la mcfurc pour faire .^] 5^' 3(^(5 TER d'agréables cadences. La mefure dfes Courantes 8t des Sarabandes fe fait en trois tems; la pleine mefure en quatre tems , c'eft- à-dire , qu'elle fait couler trois ou quatre notes. En matière de Danfe j il fe fait des pas qu'on appelle Tems, mais qui ne doivent pas être confondus avec les pas de Bourrée. Quoique leurs premiers mouve- mens fe prennent de même , ils ne fe terminent pas de la même manière; ce Tems eft plié & levé, & on porte le pied à côté fans le glifler, ce qui fait la diiîérence de l'un à l'autre ; par exemple ^ ayant le corps pofé fur le pied gauche , à la qua- trième pofuion , vous pliez delTus , & vous vous relevez en portant le pied droit à côté, à la deuxième pofition , en ne pofant que h pointe du pied, & vous reftezun tems pour reprendre un autre pas , ce qui a beaucoup d'agrémens j ce pas étant pris à propos , donne beaucoup de grâces au corps , qui refte dans une fituation très-avan- tageufe ; on fait enfuite un autre pas qui paroît plus animé , par l'oppoluion d'un pas lent à un autre qui fe fait plus vivement. TERPSICHORE. C'eft une des neufs Mufes , qui préfidoit aux Danfes. Linocérius croit mçine qu'elle en étoit l'inventrice; elle eût d'A- .chéloiis les Syrènes, que Fulgence néanmoins . troit être filles de Caîliope. Ou dit encore qu'elle ^ T H É 3(^7 eût Je Strymon Rhéfus ; & de Mars Bifton, Quelques-uns lui ont attribué l'invention des Beaux-Arts, c'étoit/elon Linocerius, la cinquième des Mufes. Quoiqu'il en foit, on la repréfentc fous la figure d'une jeune fille , la tête couronnée d'une guirlande , tenant une lyre, & entourée de toutes fortes d'inftrumens. Le mot de Terpfychore vient de deux mots ^ Grecs, qui fîgnifienty"azW/a£)a;7yè; l'on croit qu'on le lui a donné parce qu'ejle fe plaifoit à la Danfe. Linocerius veut qu'elle ait été ainfi nom- mée , parce qu'elle divertiflbit le Chœur des Mufes. THEATRE. Édifice magnifique que faî- foient les Romains pour donner des Spe£lacles au peuple. Ils comprenoient, fous le mot de Théâtre, non (culemen: le lieu élevé où l'Afteur paroi: , & où fe pafl'e l'aftion ; mais auffi toute l'enceinte du lieu commun aux Aéîeurs & aux Speélateurs. C'étoit un édifice entouré de Portiques, & garni de fiéges de pierre , difpofés en demi-cercle , & par dégrés j qui environnoient un efpace appelle Orchejlre ( Voyci^ ce mot ) , au-devant duquel étoit le Profcenium ou Pulpltum , fur lequel jouoient les Acleurs : c'tft proprement ce que nous appelions le T'ncatre. La Scène étoit une façade décorée dç trois Ordres d'Architcau/e^ 368 T H È par laquelle le Frofcerdum étoit féparé du Toîl-* fcenium , qui étoitce que nous appelions le der- rière du Théâtre, où les Afteurs s'habilloient. Ainfî la Scène comprenoit généralement tout ce qui appartient aux Afteurs. Dans les Thcaira Grecs , rOrchcftrc faifoit une partie de la Scène ; mais aux Théâtres Romains , aucun des Afteurs ne defcendoit dans VOrcheJîre; il étoit occupé parles fiéges des Sénateurs. Les plus célèbrei Théâtres qui foient refrcs de l'antiquité ,Tont le Théâtre de Marcellus Se ceîui de Pompée, qu oa a aulTi appelles Amphlthéau es. On voit cncorp à Athènes les ruines du Temple de Bacchus; c'eft le premier Théâtre qui ait été au monde , & un chef d'oeuvre d'ArchiteOure. Tous les Théâtres étoient confàcrés à Vénus ou à Bacchus. Les Anciens penfoient à ce fujet bien plut dignement que nous ; on ne leur difputera point d'être nos Maîtres. Nousvoyonsavec étonnement à quel point ils ont porté la régularité & la fom- ptuofité dans leurs villes. Ce que Paufanias nouf en dit paflbit dans notre efprit pour des Fables , cependant fon récit cft audellbus de la vérité. Toutes les rues d'Herculée tirées au cordeau , avoient , aux deux côtés , des banquettes pour les gens de pied , la principale communiquant à p^uiieufs édifices publiques , étoit ornée à droite £i. \\ gauche de beaux portiques j mais rien n'égale parmi THÉ 3(^9 parmi nous la magnificence du Tliéatre de cette Ville, décrivant un demi-cercle de 1 50 pieds de Inrgeur intérieure; le lieu de la Scène en avoit •72. Ce bâtiment fuperbe , revêtu des marbres les plus rares de l'antiquité, étoit enrichi d'une in- finité de colonnes, de belles ftatues , &c. Voye-^ le Mémoire fur la Ville fouterrainc découverte au pied du mont Véfuve , cheT^HérijJant j 1738. Les dépenfes ne doivent point être épargnées pour embellir une Capitale ; tout ce qui doit re- préfenter la grandeur d'un peuple , doit être grand & digne de lui. Rien de fî fomptueux que les Hôtels- de- Ville & les Bourfes de Hollande. C'eft en conféquence de ce principe , que îes Vénitiens n'oubliant rien de ce qui peut accroître la réputation de leur Carnaval , & les amufemens de leur Ville , l'Etat en fait les avances nécedai- res, à deflein de mettre un impôt fur la curiofité des Étrangers, payé en partie par les Douanes , & en partie par la main des peuples qui, l'ayant perçu, fe font enrichis. C'eft ainli que l'Italie s'eft remplie de Palais : ainfi les Papes , Princes peu riches , ont embelli leur Métropole d'édifices qu'on court fans celle admirer.- On les a vu ofcr concevoir le projet de i'Églife de Saint-Pierre , Temple le plus fuperbe de j'univers, &, après deux cens ans de perfévérance , en venir à bout; les Voy.igcurs , attirés par la réputation d: ces Aa .t '.^ 5yo THE Ouvrages magnifiques , abondent de toute part, & rembourfcnt les Italiens au centuple des frais immenfes que ces riches monumens leur ont coûté. Si nous voulons attirer dans notre Capitale une afïïuence de monde , & furtoutlesÉtrnngcrs^quc les Beaux- Arts y folcnt portés au plus haut point de perfeftion ; élevons , pour le Théâtre de la Nation , un monument qui fcrve à fixer l'état de la pulflancc du Royaume; quelesembellinemeng ne laident rien à defirer ; que les idées en foient grandes , nobles & galantes. Le lieu affefté au Bal de l'Opéra , aura au moins cent pieds de longueur , fur foixante de large, décoré d'un Ordre Corinthien en pilaftres cane- iés , avec des bàfcs & des frifes dorées. Les mar- bres de la couleur la plus riante , y brilleront de toute part. On interrompra la monotonie qu'en- traîneroit après foi la répétition du même objet, par des niches deftinécs à recevoir des figures de la main de nos grands Sculpteurs, & par des croifées & baluftres pour les Muficiens , portés fur des bas reliefs dorés ; au-deflus des deux portes d'entrée , percées vis-à-vis l'une de l'autre, au bout de la falle, s'élèveront deux riches tribu- nes , pour le Roi & pour la Reine , foutenues par des cariatides : quatre portes femblables , ouvertes dans les faces de longueur , conduiront à pareil THE 371 romtrç de bufFets : on feroit régner autour de ce lieu , trois rangs de gradins en Amphithéâtre , avec double rangée de bancs à chacun , fur lef- qucls plus de deux milles perfonnes trouverontà s'afleoir. Ce morceau , exécuté par nos habiles Architectes qui en embelliroient l'idée, & enri- ciîi d'une voûte peinte par nos plus grands Artif- tes, fera vraiment digne de la Capitale de la France. Ladépenfe qu'on propofe eft grande, dit-on; fans doute , mais elle n'excède pas nos forces ; le Duc de Parme & d'autres Princes , infiniment moins riches que nous , ont dépenfé en pareille occafion plufieurs millions; la Capitale delà France ne pourra-t-elle en employer fîx ou fei:t à cet ufage ? Cette fomme fidellement adminiftrée , fera fuffifante ; foit que la Ville ou qu'une Com- pagnie fe charge de cette entreprife ; de quelque façon qu'on s'y prenne, elle fera la fortune de ceux qui en feront les fonds, par le produit du Speflacle & du Bal. Louis XIV voulant donner un Carroufel, de- manda à M. Colbert cent mille écus j le Miniftre, avant que de répondre , fupplia Sa Majefté de lui accorder huit jours. A l'expiration du t:rme , M. Colbert repréfcnta qu'une Fête de cent mille écus n'étant pas digne d'un fi grand Monarque , il falloit y dépenfer deux millions. Le Roi fuf Aa 2 .372 THÉ furpris. Le Miniftre expofa fon projet; iî fut reçu ; & , dès ce jour même , les Aides & Gabel- les furent mifes en Régie. Toutes les Gazettes ne parlèrent que du Carroufel & de Tes préparatifs. Les Ètiangcrs accoururent ; le Carroufel fc dif- féra à plufieurs reprifes. La Fête fut enfin donnée ; elle coûta , ii eft vrai deux millions ; mais les AiJes & Gabelles en rapportèrent trois d'extraordinaire. Contens d'une vie douce & commode, noug aimons les équipages briilans , les bijoux & les amufemens de toute efpèce. Notre luxe eft danj ks chofes fragiles qui coûtent tant & durent fi peu ! Quand commencerons-nous à enfanter des projets, un genre d'amufement qui étonne parfa magnificence? Depuis que les douces influences de h paix ^.onnent le loilir de faire fieu>ir les Ans , i'embtlhfiement de cette Capitale paroît être i'objct du Gonvernement ; c'eft donc à prcfent que nos habiles A:chitc(^les, animés par le defir de plaire au meilleur de nos Roii , doivent concevoir des idccs d gnes d'un Monarque qui vivra éternellement dans le cœur des François, par la pioicilion dont il bonore Ici Arts , par fes, vertus & par (on amour pour fon peuple. TIC 373 - T I C. Les Tics , les contorfîons & les gri- maces prennent moins nalflance de l'habitude , que des efforts violens que l'on fait pour fauter ; efforts qui contra£lant tous les niufcles , font grimacer les traits de cent manières différentes.. Tout Danfcur qui altère fes traits par des efforts , & dont le vifage eft fans ceffc en convuî-. fions, eft un Danfeur fans ame, qi'i ne penfe qu'à (qs jambes , qui Ignore les preniic;ri élc- mens de fon Art, qui ne :»'attache qu'à la partie, groffière de la Dnnfe , & qui n'en a jamais fenti i'efprit. Un tel homme n'eft qu'un mal- adroit , dont l'exécntion pénible eft toujours défagrcable. Les dilhculte's ne font en droit des plaire que lorfqu'ellcs fe préfei.tent avec les traits du goût & des. grâces , & qu'elles emprun- tent enfin cet air noble 6i aifé qui , dérobant la peine , ne laiffe voir que h légèreté. Les Danfeufes, au contraire, confervert les grâces fiù leur phylionomie dans les inftans les pli-.s violens de leur exécution ; les mufcles de leur vlface ne fe contradlent pas ^ même lorfque la machine eft ébranlée par des fecouffes violentes; d'où vient cela ? c'eft qu'elles apportent une at- tention particulière à l'exercice; qu'elles favcnt qu'une contorfion enlaidit les traits, & change le caractère de la phyfionomic ; c'eft qu'elles, fentciu que lame fc déploie fur le vifage , qu'cl'oi Aa3 374 T O M fe peint dans les yeux , qu'elle anime & vivifie les traits , & qu'enfin elles font perfuadées que' la phyliionomic eft la partie de nous-mcmc où toute l'iniprcnTion fc ralVemblc. En apportant le même foin qu'elles, les Danfeurs ne feront ni dcfagréables ni afireux ; ils n'auront plus de Tics , par la raifon qu'ifs ne contrafteront plus d'habiiudes vlcieufes , &jls mettront alors plus d'ame , plus d'cxprelTion & plus d'intérêt dans îeur exécution. T O M B É S ( Des Pas ) , fi- Pjf ^c Gaillarde, Le Pas Tombé eft fingulier dans la manière de 3e faire. Les autres, en grande partie, fontcom- pofés des autres Pas , mais celui-ci eft différent. 11 faut d'abord s'élever fur la pointe du pied, & plier après le Pas ; par exemple, fi vous vouleï faire un Pas Tombé du pied droit , il faut pofcr îe corps fur le pied gauche, & écarter les jam- bes à la deuxième Poiîtion ; en vous élevant fur îe pied gauche , la jambe droite fuit, parce que le corps le penchant fur le côté gauche , attiré la jambe droite, qui le tire derrière, à la cm- quième pofiiion , en fe pofant entièrement à terre, & fon genou fe plie , ce qui fait lever le pied gauche , mais le genou droit s'étendant , vous oblige à vous laifler tomber fur le pied gauche, à la deuxième Pofuion^ ce qui eft un demi -Jette T O M ^^ qur fe fait en fautant à demi. Ce Pas n'eft pas (JilTicile à exécuter j il fuffit de favoir prendre fes mouvemcns à propos. H fe fait par la force du coude pied & la pente du corps > qui attire les jambes, & les genoux fe plient, comme fi les forces vous manquoient ; ce qui ob'ige le talon du pied droit que vous tirez derrière, à fc pofer à terre , & fon genou fe pliant par le poid du corps qui fe pofe delTus en fe relevant , fait comme un reflbrt qui , étant preOe , cherche à fa détendre , & îe genou , en s'étendant , rejette le corps fur le pied gauche , ce qui termine l'éucn- due de ce pas. Le F as Tombé Tptut être devancé par un Coupé ou un Tems grave , & très-fouvent par un Pas afTemblé , ce qui le fait changer de nom , en l'appellant Pas de Gaillarde. Le Pas de Galllaide eft très-gracieux : il eft CQmpofé d'un AfTemblé , d'un Pas marché , & d'un Pas tombé , ce qui fait toute fa conftruélion. II fe fait en avant & de côté , approchant de la même manière. Pour le faire en avant , il faut avoir le pied gauche devant , à la quatrième Pofîtion , & le corps pofé delTus le talon du pied droit levé , ce qui marque que la jambe eft prête à partir ; de là vous pliez fur le pied gauche , & en méme- Aa 4 yjG T O M * tems la jambe droite fc lève , & en vons rele- vant pour fauter , la droite fc croifc devant , à la troifièine Pofitîon , en retombant de ce faut fur îcs deux pieds , les genoux étendus , mais la jambe droite crolfée par devant, fe porte à la quatrième Pofition en avant, & vous laidez po- fcr le corps defius en vous élevant du même tems , ce qui attire la jambe gauche derrière la droite , mais à peine la touche-t-elle que le pied fe pofc à terre , & le corps fe pofant deHus , fait plier le genou gauche par le poids du corps , ce qui oblige la jambe droite à fe lever , & en même tems le genou gauche qui eft plié , en voulant e'ctendre , renvoivi le corps fur la jambe qui fc pofe à terre , en faifnnt un faut que l'on appelle Jttiè-chajfc', m.ais en vous laiOant tomber furie pied droit , la jambe gauche fe lève , & le corps é:antdans fon équilibre, eniièrement pofé furie pied droit , vous pouvez , de cette fuuaiion , en faire a. tant du {'ied ^.'luche. 11 le IViit ai\!'!l de cô:c en allant fur une même lign^> par exemple, riyant le corps pofé fur le piei gauche , vous pl.:z £ç vons vous relevez en fautant St rapprochant le pied droit du pied gauche , à la première Poliiion , en tombuOt fur les deux pointes , le corps pofé fur le gauche, parce que du même icmb vous portez le droit ■* T O IT 377 à côté , à îa deuxième Pc{îtion , en vous élc- vnnt defTus , pour faire votre Pns Tombé , qui eft la féconde partie du Pas de Gaillarde. - TO R D I O N. Nom que l'on a donné à une ancienne Danfe qui fe danfoit avec une mefure ternaire , après la baOe Danfe & fon retour, & elle en faifoit comme la troiliènie partie , cetoit une fcfpcce de Gaillarde , qui en étoit difierente ,- en ce que le Tordion fe danfoit bas & par terre , d'une manière légère & prompte , & la Gaillarde fe danfoit par haut , d'une manière lente fie pefante. ' ■» .TOURNOIS. DivertlOemènt de guerre & de galanterie que faifoient les anciens Cheva- liers pour montrer leur adrefle & leur bravoure. Les premiers Tournois ont été des courfes de cheval en tournoyant , avec àzs cannes en guife de lances. Le Prince qui ouvrcit le Tournois xnvoyoit un Roi d'armes qui portoit un fauf- conduit avec une épée à tous les Princes , en /ipnifiance qu'il querellait de frapper un Tour' iiois & bon hourdis d'armes j en la préfence des Darnes & Damoifelles ; c'étoit la formule ordi- •naire. On fe battoit d'abord feul à feul , & puis troupe contre troupe; & après le combat les Ju- ges adjugcoient le pri* au jncillcur Chevalier, 37» T O U mieux frappant ttépée : en(vikc on le concfuifoiC en pompe vers la Dame du Tournois ^ & après î'avoir remercié bien huviblement , il la baijoit , €f femblablenunt fes deux DamoifcUes, Depuis 1559, ^"' ^"^ l'époque de la mort de la mort de Henri 1 1 , jufqu'en l'année 1612 , il n'y eut que quatre Tournois en France ; le pre- Plier à Orléans , en 1 5 60 , où Henri de Bourbon,» Marquis de Beaupreau , fut tué. Le fécond, en 1573, pour célébrer le jour de la naiiïancc de Cliarles iX , où ce Roi 6c le Duc d'Anjou fou frère foutinrent le combat à tout venant. Le troifième , en 1581 , au mariage du Duc dç Joyeufe & de Marguerite de Lorraine. Le qua- trième, tvi- i6ï^y pour le double mariage du Roi Louis XllI avec l'Infante d'Efpagne , & da Roi Pjiilippe avec la féconde fille de France. Le nombre des Mafcarades & des Ballets qui fu- xent danfés pendant le cours de ces cinquante •ans , eft immenfe. . Un Cbiaoux qui avoit affifié à un Tournois Xous Charles V'H , dit ingénument : fi c'eft tout Je bon , ce n'cft pas allez , &. fi c'efi pour rire, ^c'cft trop. TRAGIQUE, (Danfe). Le nom d'£m- mdie que l'on donnoit à la Danfe Tragique , & qui ne figaifie autre chofe que concinniiaty h'ienfeance y en défignoit aflez le vérîtaBIe ca- raftère. C'étoit îa (eule , parmi les Danfes, paci- fiques t a. laquelle Platon accordât fon fufirage. Cette Danfe avoit tout le férieux & toute îa di- gnité que demandoient les divers fentimens que le Chœur vouloit infpirer , & qui convenoient à Ta^lton que l'on repréfentoit; or , ces fentimens rouloient fur des prières qu'on adreflbit aux Dieux contre les coupables, ou bien en faveur des malheureux , fur des louanges de la vertu , & des inve61ives contre le vice , &c. ainfi que nous l'apprend Horace dans fon Art Poétique. lUe bonis fa\eat y (jc. D'autres fois 'le Chœur exhortoit à réfréner lespafTions violentes, &. à fe livrer à une "vie douce. & philofophique. Ami , puifqu'une loi fatale '' ' "^ Nous a tous livré» à la mort. Songe, dans l'un & l'autre fort, A confcrver une ame égale. • - : : ■"**:. -rO Jouis fagemcnt du loilrr * ' Que l'oubli des Parques te laifle 3 L'âge , la fanté , la richtfie , Te donnent les Liens a choifir. 3So T R A # Erre dans les riches praîriei , Où les arbres entrclalWs Offrent aux Voyageurs lafies, > L'ombre de leurs branches fîeuricf* > <►♦ i Fréquente ces coteaux riants , ■ Qu'en fuyant, lave une onde pure, Qui , par fon painble murmure, Endort les foins impatients. ■ Porte , dans un re'duît champêtre » Avec des parfums & du vin , „ ' Ces fleurs que^îroduit le matin , ■ ^ ; Et çiuc le foir voit dirparoître, Bîcmflt tu lailîerai ^^x tient Tes Palais , ton vafhe Domaine ^ Et tes bicn^ , accrus avec peine , Bientôt ne feront plus tes biens. On voit fans peine que la Danfe qui Jevoit exprimer des fcntimcns fi fages & fi régîés, ne pouvoit être qu'une Danfe grave, majeftueufe , & dont les mouvemens tenoient fans doute du gefte de l'Orateur. Ces Danfes de la Tragédie reccvoient diftércntes figures fulvant Icfquclk* TRI 381 on îeur donnoit dlffcrcns noms. Atïicnée & Poî- luxnous en ont confen-é plufieurs^ mais ils ne fourniflent aucun éclaircincmént. Meurfius n'a pas lailTc Je îes inférer à leur rang dans fon am- ple Catalogue , que l'on pourra confulter. . TRAQUENARD, eft une cfpècc de Danfe qui a des Mouvemens particuliers du corps, & des pas prompts & mal régle's. Ce mot vient de Trac ^ ou mouvement de haquenée. TRECHE. C'étoit autrefois le nom d'une Danfe , d'où vient l'Italien Trefca , employé par Pétrarque. TREPUDIER. C'eft un vieux mot qui fignlfioit danfer. II fe trouve dans le Diûionnâirc des Arts &. dans celui de Trévoux, où l'on cite Borel. T R I C O T ET. Efpèce de Danfe îiaute & fort gaie , que l'on danfe en rond. Elle n'eft plus en ulage. TRIHORI.^ Danfe ancienne de France. Eiurapel , dans fes Contes , en parle ainlî.'— La Danfe du Trihori eft trois fois plus magifiralc & 38î VAL gaillarde qne nulle autre. — Et plus bas. *— La voix & le mot font pwr entrelaçeures .petites pau- fcs & iniervalles rompus, joints avec lentrfâc corde de rinftrument, enforte que la force de. fa parole & la g'-acc y demeurent prins & en- glués fans efpcrance de les pouvoir féparer , pour demeurer en vrai ravidcment d'efprit, foità joye, foit à pitié. T R I V E L I N. Nom que l'on donne à tous les Farceurs , Baladins & Bouffons qui fe don- nent en fpe£lacle au Prblic pour le divertir & le faire rire par leurs geftes & leurs Danfes grotefques. Ce nom vient du fameux Trlvelin de la Co- médie Italienne , qui fe retira , & fut enterré aux Grands-Auguftins. C'étoit le plus gand Farceur de fon tems , & le fameux Dominique lui-même n'étoit que \tfecondo Zani, V. VAL A QUE, (La). Les Grecs modernes danfent la Valaquc , Danfe fort ancienne dans le pays d'où elle prend fon nom. Cette Danfe,, dont le pas eft toujours le même , & ne redemble a aucun de ceux des autres Danfes des anciens Grecs , n'eft pas défagréable , quand elle eft bien M ) V A U 383 conduite , & avec la juftefle qu'elle exige. Elle pourrolt bien venir desDaces, qui habitèrent anciennement la Vaîachie. VARIATIONS. On entend fous ce nom toutes les manières de broder &. doubler un air , , foit par des pafTages où autres agrémens qui or- nent & figurent cet air. A quelque degré qu'oa multiplie & charge les Variations ^ il faut tou- jours qu'à travers ces broderies on reconnoifle le fond de l'air , que l'on appelle lefimpU'^ & il faut en même ten.s que le caraftère de chaque Variation foit mari]iié par des difrérences qui foutiennent l'attention & préviennent i'cnnui. Ainfi , par exemple , les couplets des Folies ouiIIé de lie & monté furdes trétatix, célébroit la-iven- dange , Silène & Bac.chus , par des chanfons ba- chiques. Les Odes de Pindare , de Sapho',- d'A- racréon , en un mot , toute laPoéfie'. lyrique des Grecs, n'éioit proprement, que des chanfons à danfer. .. ' :..•---•.•::..'••' -^ ^ ' ^ Ce genre paHa des Grecs aux Romains. PIu- fiçurs: des; .Odes d'HoMcci font des chânfofis à danfer /'galantes OU- bachiï^iiijSir-^-I- .«:-s"-^^ i-. > ,>.EUôsav<)ientun càraétèfeparfi^ulier'délibéfté ' ^ • ' Bb 3«<î * f V t ■S- & d'cnjoUcment ;- onîcnr pafloît mértfr'cjuelcjtiës'i traits d'une ima^nàtion hardie '; & " dc"J)etiti' • écarts ; il n'cfi pas furprenant que îè Dieu de la' treille échauffe nn peu plus que de t-aifcJn ceux ^ qu'il infpire , & que le vin mêle une dofe de dé-'> lire à renjouement qu'il fait naître. " '• Dans nos chanfons bachiques , les hiftoriettcs & les fî£lions que nous employons , font un effet • merveilleux. Tdlpeftlâchanfonfuivantc: ''• -' ■ Ami, voudroU-tu m*cn croire? ' '',-'■-• •' '>"•"■ '•^'r"'- On aime i boire , ■ ' ''J!!<'f''2t7 . ..^f'îi:.-.:: .ChczIesMorts. ' '*'5-tr,fr;;,;oî ■ J: i ". '.. ■ Ami , voydrois-m m'en c^oire^ ' '> ''<' - ' ' - -'-{ ir.iS:J.:î-i ^ ■ : On ainw à boire ■■-■^■^••^ (UVjro^nii'î ■ . '. .- - , Sur les forabres Lords. -"-.^W/.îHîr '■•:r.rrh •-- :• -. . ... .^ : < ..':.•f'/J0«♦'f•O■''' - ^ ' Lôrfque Pîuton de «oiiJ difpofe , '•'V'-r'nîrrr ni t>jt ■;■ Nom rte faifon» , àzm fa paifible Coui-^^'''^-^ T"-^'' '^'^''^•■ . - Que boire nuit b. jour. • ' " • ' ' ••i: Elle Fleuve d'Oubli qu'on nouspropofé ''îT" V*~- •;3u' .". . N'cû autre chofe ., : ' -i q t-i'fi'î '''>'<^« ., ?Qtt'uo vin charroani ,tcl qu'on lu Jboit io •, t^^\ énr; ^ Pour cfTaocr de» cœurs l'amour & lo foucî. , .;C' -• iPi^'h -;1". ':,.■ . ,'>'•■■ ■ - ; • -.1 <^Ti>-i'' ■ 'r.iu\ •1 ,, Ç'eft Horace k uble & en belle httraeuh Quel- les grâces ! quel enjouement î Voilà comme il faut *^»è'S«Ç.çhwifQn foitiaite. Jo pourroif y joindre jb ' \. y pTuCçurs^aptresi^^ui^ont im8cj£ cet avantage ,. clont l'air cfl fort gai, marqué d'une mefurc" très-, fenfible , ic propre pour faire danfer des Payfans, ou pour imiter leurs figures grotçfques. II y a de très-jolres VillanelUs, qui font d'un goûttrès-ré- jouiiTant. Elles ont ordinairement nn premier cou- plet qu'on joue d'abord fimplemçnt, puis dans la fuite on faitdeflus quantité de variations ou dimi- nutions. Ce mot vient de l'Italien P^i liane lia ^ qm figni- fielamémechofe,' & eft dérivé -de P^illanellà, Payfan , ou de l'EfpagnoI yilano. V I T U S , ( Danfc de Saint ). G. Horftîus dit avoir parlé à quelques femmes qui fe rendoient une fois l'an à la Chapelle de Saint Vitus , près ' d'Uîm , où elles fe mettoicnt à danfer nuit & jour , jufqu'à ce qu'elles tombaiTent par terre comme en extafe. Cet exercice les guérifToit. Si- denFianrdit que la Danfc de Saint Fitus cft une cfpccc'dç convuliîon à laquîlle font fuicts les en- . Bb a -4* 38a V; o h fans de î'u» jStv-dc l'autrç fçxe , fur-tout depuis ràgî- de dix ans jufqu a quatorze. VoyeT^^leDikionnm'i de James. . , ' . ' ' . • ' - •' '• ■. ''.;<.; . • >■- •-■; VOLTE. Nom d'une Danfe venue d'Italie, comme Ton* nom le témoigne , dans laquelle l'homme fait tourner pîufieurs fois la Dame, & puis lui aide, à- faire un faut ou. cabriole en l'air. C'eft.une efpece de Gaillarde familière aux Pro- vençaux, qui fe danfe comme, le Tordion, par .une mefure ternaire , & en" tournant le corps. L'air de celte Danfe efi h trois teins. Ses mou- vemens & fes pas fe font en tournant le corps, & conHftent eh . deux pas , un foupir pour le faut majeur, une alTiette de pieds joints ,&. enfin deux foupirs ou paufes. Voyez KOrchcfographie de Thoinci-Arbcau. C'cft de cette. Danfe que les Italiens ont dit : /a rroJ/Wf ^/^monVi?. i ■ 0;-!--^ vj^i .li-T-.rs r > .Vis-Xi inirTv^--*. • •, . .;.:r;t jrîcVl'.'r'' -: iî-!itfliy\\''î^O lV''V<'i'4''*'' w ^•0 ;p .'.;'■;■' .* * ' .>;:'.:..» - ^.'-T A BLE V.: '7ri!^ > ■ DES'À R:TI CLES. •-• iil J AcADÉMÏïÙ- Balancé (Pas ).-■-' •;vi.» Acrobates. •'•'••■' Balations. .-- ; j r * . * Acroclrfrifme.-- ''•' " ' Ballade. / • '• . ' ■...r> Aaion. ••'^■''" ;•;• Ballet. • ' '■•G ) ^[,. ri.'i'> Aftlon Épifodrq'ne.'"' - Balliftea. .-"'•".■' y/j Aftion Théâtrale.-'- ' Battemens .o- ; * Allemande.^''" ■■''■•"'•''' ' Simple*,'' ' >!i'.i Arclilmlmc. Bocanc. .•">'■;• :'iil'> Arnaouies ■'•■ Boufionsv-^* ■•'•'•-"* -j .-."■> AfcoIIes. Bourrée. •'''"' wû;:> Artronomique ( Darife). Boutade. :'.'} / > ' -' Brandons. •'V't.''.:.. r.S) gjV.::/k':": Branle. •':n;>'l''i. • tr:.i .o:i,r:' Bras (dcs>' "'><;•:■ no:> Bal. ..:.::ii-::-.^ ,'^g^ ::-o'.) Mafquê. •-'•'■^ C. . ; ) p^/^/Zc. •;;;;-:'^ /;-^; — C ^ Du Roi. •-•^"'••f'-'^ Cabrioles. •'•='•- - Régla t/zf"-''-.'^ ■'»'••- Cadence.- -• ^^ •^-••. Bbj v»^- •r Cenarie<«» — — ^" l ? t.^o^iKinte, Candiote .^' ^ ' Culbute. Cantique. .'■ ,ri\ vurctcs.oii Corybantcf . Catadromus." * ' "' Cyçlopéa, ' ' ^,' ''V'-*^ Chaconne. - Chaîne (Là). Champêtres ( Danfes). ^ - • .- - - - Chapeau,; ,,',^\ . ;^7 Danfe (De la). •■^^^^ Charida. /'.T ' .'i Danfeur. '2::;J':'. Chanë(Pas). r^""^' Danfeur de corde. •^'^'"'^ Chinois (Danfe des jJ Découverte. •'-':":! ?..î"-'.'>f-X' D. . -^^"î .•n Chironomie, Chœur. ;■•. ; Chorégrj\phiç. /, Choréion. Chorodidafcalus. Cinœdus. Cornus. ..- Contredanfc. .':'".'*','■ Contre -Tems. Cordax , ou Çordacc. Cotillons. Coude. Coupé. Demi. ,. ■') ~i Coupés de moûvcmens» Expreflion, .Défuîteur. lane. - •—"'—• Divertiflcmenti;';"^'^ '^^. -^ ;..:;?i:V.:à;.'i.;,'3 at^i^.i . mit. Eleufines (Fêtes). Emboè'ture, Endématic. Entrechat. Entrée. Jfcpauic. Equilibre. ,Vc«0 •'-y > 5?!r F. .^r.GÎifladc . .vr..^..;.- ..'"'" *r!'GIifle( Pas). Fcfiins & Danfcs des Goût (Du). Sauvages. Fêtes. . Feu ( Danfc du )*• Figure. 1 Fleuret. , Foreft. Forlane. Fragracns. Funambules. Funérailles.,, .. r. ■."■,-.; H:- Funérailles & Panfcs. ; .;.,-.•. des Peuples du Ca- Hiftrion. nada. . " ;Hormus. - : Hymen. G. . 'Hyporchème. Grâce (dc4a). Gromenare. .^-.v Grue. ''.^^ Guerre. Guimbarde» Gymnaftique. Gymnopcdice. Gymnopédie, U> il : O Gaillarde. Gambade, Gavote. Geftes. Gigue. 7>i:''v Innocence. .,,;>, Intermède. , , ,-v . : Ionienne ( DanfeV o3 v^îVi ■••^^•"- - Jambes. *^, ' -^ ' ''^'' ']^!âccabrie; ^î ,^^5- nttijiisvl Jean ( Danic àe Saint): ' Mai. •': * G- "•= ^ Jettes ( Pas );- ' - *^^" ' Maître des Ballets. •''• ■ Jeux. . ••-''^■''Maître à(dànfc'i):.'vi Jongleur. •-■»'' '"-Marcher ( Manière (fc ' Jongleur che:^ W^dtt'-^-^ bien). :■!/;.. 1 vages. ■*■':• 'J •"''•' -'{^'Mariage. . Sir^j'^i .•..'.;}.;-.-^on.nv r^arlée ( La ), ■^''^^oi ' K-'-'^r-^'i''-' 'Mafcarade. ^n—.jjTÏ Mafque. . .''-In '••••"-'n/l Kaîenda , ou Calenda. Memphitiqu©^-Dàiiic)i ^ Kalumet , ou Calumet. Ménétrier.-'* ^tiJ'-iî'-- i -'ion-'àliMenuet/ ::I^"jT ?.^"' L. •^'■'f"'<^''Mefure. ^-^- ' /"'-^•{■^Mimes. La Babette/ 'i' --'W'oq ;! Moelleux. -'^ Lapithes. Mœurs. .i^w'i Lafcives(Dinfes). ■ Momeric. .t-fn-^lliii? Loure. Morts (Danfe^és );''*'■ Lutteur. •*■ ■''■^"•' '/"^Moulinet. .oJ-'-'^-^' LuIIy. ^;-'- ^•^'-3'*'-'' Mouvement. ■^^^'"'^ .^^ir'O^Mi-injlMui^îtte. • -^S^- ■""^•■^v. / N. 'Pas (Des). ; / •* -'ii'"j.pas fimpîe. • ' Neurobates.* ^^'-onxi-^- î)as de Deux. Nuptiales (Danfes:).- Panacaille. •>'•'' • -'••''•• PaflepieA •"''''•f'i .-, -■i-^„ -^ ---'- Paffion. ' •••^••■ •■ '' • '- Paftorâle ( Danfc ). . ^ Olivettes, .V : l'ij Pavane. •' * ■ •■•''jii Opéra. •['■'•)-•'-■' "yhalliquQ. •'-'-,. -;;!-:-. Opoplocia. •'■'-•'•■•'-'■PJiallophore.-' • '• <• Oppofuion. •■^'^•'■•'"^Phe'acienSi Orchéfograpfiie. '"■'' -'^hyfionomici* ! • Orcheftré. "•■ ■ -' } î'iù.'^irrique, (Dan/c). Orchertria. Pirrouette. ••• Orobates. •*'■' Pirouetté ( Pas). Oreille. Poignet( Du)7 ^' -'-'i' ;., . / • ,-.r; ; 7.:y».:^i'Ci-i'pofitiondu corps, ■ -^ .::!>. :«:'./i\!i Poruions( Des). "-•''-■ /■v '^^^ ;' 'f' '.r.-.r.l'Pot-pourri. .'o'e?tj> PancratiaCes. ; u-cxpryîide. - .ec.-V Panperruque.; ^' '•■♦■" i'Praeftigiatoresii- '*"'^•;•- PantaIon. .îr,;;!.':'' .^'i.^ . Pantomime , Bouffoni'- ' Q. .'-'O'-c;'-' Pantomime'jy^rV.: •,-.' •'• /' "^-^>'•• Pantomime , Danfci ^ - Quadrille. •"'•'"' PamafTe. - ' ' ' Quadrille au Tfiêatrc} ''•"iU m Redcmptuare. • ) '},>;rûi Reins (Des). ^.nob.Vi. Répétition. i'-'r:.;* Ré V érenccs ( Des ) , i ; Rigaudon. ...:;:,.;.•:: Romanefque. -..i '. , Ronds ( Des )&'Pas.^e Contredanfe. Rythmique, • • S. Sacrée ( Danfe ). Sacrifice Saifons. .; Saîamalec . . Sallies. Salirubfules. Saliens. Saltation. Saltimbanque. Saluer. Sarabande; ^r. Saut. { i'.^) ?H:p(»T' Sautiller. .r)fiîf:]!îcO Schœnobates. .:i<.«ib7cT Scéniques ( Jeux:)»r .:.<.T Senfibilité. i^--;-.!' Sicilienne (Danfe)»,-.,']' Sicinnis. Sicinnis. ..j.'{,-j«;HO Siflbnc(Pas). ■ .vy>:^ Situation. v.îqcîi-7 :Sonate. ' ^ni^r/) StaticuIL , . ..' Suifle ( Danfe ). T. .. ::-..::, Tableaux ( Des )& Pas d'Allemande. Tambourin , Danfe. ;Tambourin , Infirum, .. : Tarentule. - ». '- Tchingué. ..t^î Te«Jps. Terpfychore, . | . , . :ii:A •Théâtre. .»j/".'i'i .Tic. \--:1 / / 39f Tombés (Pas) & de Gaillarde. .";i:j;.: Tordion. TTli■'s^'^. Tournois. ■■?'•} ■'•'*•;■ Tragique ( Danfc). Traquehard, , Tréche. Trcpudicr, Tricotet. ■ '■ " Trihorr. Trivelin. V- - 'Vaîaque ( Lz).''r^''^^^fi Variations. ; ■■-■■Sj-^ni^n Vaudeville. '-:'^^ , SoiiLlN, ScnJvhiLiX , leurs Licuc.nanï Civils, &c autres nos ^ItLIcrs qu'il appartici)dra : S A lU T. Notre atné- le Sîeiir CoiisAM, Nous a fait cxpolcr qu'il dcfireroit foirc ÏDi^dnier «3u doiintr au Public le Vtdionnatre dt Danffy tk>!iLena it tti principes de ett jin , avec Utt ré^txions criùqiut &■ dcf amcd'tei ci.neups concenuxr.t la Danjt ancienne V tnLidtrue , iM nou» pi li Loir lui accorder nos Lettres de rcriTiiC. oii pour ce r.iiccralrcs. A CF. 5 CAUSJS» '«or!aiit fcvtr.iblcnienr tr^ircr rExpcfant > Nous lui 's^'^.'b peia.Is Se pctinerrons pjr ces prcicntcs , de faire £i.;j'.;nic: icl^.j Oir. rauc aurant de fois que bon 'ui leinblcra » ' i':.!!. Li"re Tendre ci: débiter par tout no:rc Royaume »ptn- iaat U temps Je .:iiiq anncci donlccutivcs , • compter du yncu tclai atedci Prwfcntcs. Faisons dcfcnlcrs à tous Im" jeiouui-jiLibraiicj Sc auuci petlciHicl de quelque qualités» concTînon quMTcî ToTeiit , «Tcn Ti'îtroJuTcç d^triprdTîon erras* Çirtc dai'.; iucui> lieu de liotre obcifTinrc : A tK'cnXri.et <]i:c CCS Prélcn:?s feront cnrcj^iflrécî tout au lonc; Tjr le R<- çillrcdc la O.miiiu'iijucé di.-i Jinprîiiirurt .?: L:I>r*ircï -le l'ari:, dans trolï mois de ladite j'icrllc; q'.:c rii:iprc/I;o.T diî.'.It Ouvrat^c fera falic Ja'i$ notre Royaume Se r.cvt s?»- Icurj, en bon papier 8; beaux Cifaclw-rct; qi:c i'ImpctriR: fc conformera en tout atix Rc;.',lcmcns ilc la I.ih:ii;i., S: rotainmcnt n celui d\.\ i o Avril fj i ^ , Sc l'Arrc: de n^TC Coi;(cil cfu jo Août 17 77» à prino 'îc iltcUCanjc ^'c li prcû-ntc Perm'/Tîon; qu'avant de l'cxpofcr en vcirc . le 2.1a.' rufcri: qui aura fervi de copie à l'iir.prciTîon du.'llL 0;iTra;c fera remis dans le n«cme ttar c-ii l'Approbation y aura vti donncecî mains de notre tr-s-clicrî^ fca! Chcvallrr ,G::i,, Comir.anJcur de nos Ordres, qu'il cii fera tiMcirc rc:n3s deux Exemplaires dans norrc BibliotlKtjuc pub.i'^'.'.?, r.?i dans celle Je notre Château d-j Lcuvrc, un dans celle de notre trcs-cher & féal Chevalier, Clnncclîcr de Frcr.ce, le fieur DS MaupioU , & un dai.s cclîc dudit f.ciir HuE «s ÀÎIROMESNiL; le tout à peine de nullité des Prcfcnrcs: Da contenu de:"qucllcs voii^ lîtan'ions & enjoignons àc ûlzz jouir leli: Expora:u , & fcs avan-s caufc pleincmc!-: S:j<::i^ fiiilemcut, fans foiilTjir qu'il leur fcit fait aucun trcu'olc on ctnpè-hcmcnr. Voulons qu'à la copie des PriîCentcs , qr.î fera imprlmie tout au loni;, z\i cominencctncnt (v.i n I» fiti du'it Ouvrage, fui /oit ajoutce comme li rorij^îr.al. CoMNCANDONs au prrmiiT notre Hiiillicr on SrTi'fr.t fi:c ce requis» de faire, pour iVxIcutlon d'icclles , tous i{i(n requis Se ncrcITaircs , fans demander autre perinirTTcii, Sc ronobftant clameur de Ha'o , Charcrc Normande, t'c Lertret à ce contraires: Car. tel c(l notre plailir. DoNNi à Ver» fàll'esle vins;t-!vj::;cmc jour du ir.ois (i^ Ma s, Tr.! de îrajc mil fept cent quirre-vlnct fq^r , & de notre RcgiiC le treizième. Par le Roi, en fon Confcil. LE B s G u E. Regijiréfur te Rf0re XXI U ie la Oiamhrt Royale & Syn- é'icaU des Libraires O Iir.priin'fiV; Je Puris , No. t^o^, f 7 S f . -<4 Farii , eefepi A » ni xi^i' .^ 4»/P- 'L^*--' %" ,1 (T" M *.<«*fj E:^ & ^mo mm \ ^ ■\ II, V o ^OTT