aa&tarD hiillie/: \», ^ g/ c^e/Â' et d /'^ \ Ifa.. fti ^AI•I^. lUPRIMEKIt LA II IRC ••À ^ . 'T.anè .'^'lifroL ^Jti Dès l'origine, la danse a été un art, ayant ses règles, ses lois, analogues à celles de la musique et de la sculpture. Et, comme tous les arts qui DAXSEISE IVaprcs la statue de J.-L. CiOrome. MAST PN' ni lin «lieux. En Grèce, berceau des arts et iiwnt les portes, se présentèrent aux hommes en un liore. l'an apprend aux bergers de l'Hclladc les danses cluni- Dans les bois sacrés de l'Olympe et du Pélion, les Grkcs itaiiles et leurs rondes s'éclairent des rayons de l.i litiK. Hésiode disait avoir aperçu, au lever de l'aurore, les MuNc-s clHcurant en cadence, de leurs pieds d'albâtre, les pentes fleuries du l'arnassi Tout un monde de puciic tt de rcvc auquel la danse iM mêlée, peuple la Grèce d'autrefois. Dans le silence des bois, devant les autels sacrés, les jeunes filles, couronnées de chêne, enguirlandées de fleurs, passent en dans.mt, célébrant le dieu Fan, .'\pollon, Diane, l'innocence des premiers .îges et les diistes hyménées. Dans les temples, on danse en l'honneur des divinités propices; et, ;\ la fin des moissons, autour du dernier chariot de blé, sous l'azur du ciel tendu comme un immense vélum de soie, les jeunes filles dansent tandis que les moissonneurs, ayitnnt leurs (Itucilles, chantent en chœur des hymnes àCércs, j «^ la blonde et bonne déesse qui donne le pain. ^^ I Dans l'antiquité païenne et l'antiquité biblique, la danse ^^^ % I se confond avec le culte et la religion. Les prêtres d'Osiris exé- cutent les danses, qui, par leurs figures et leurs mouvements mesurés et graves, symbolisent le cours mystérieux des astres dans les e.spaces infinis. Les Hébreux dansent en chantant pour célébrer l'Eternel, pour lui témoigner leur amour et leur gratitude. Le roi David lui-même se mêle ù ses lévites pour danser devant l'arche. A cote des danses sacrées, les danses profanes en qui se reflètent les mœurs du temps, nous révèlent les secrets intimes de l'histoire. Les Romains, imitateurs des Grecs dans tous leurs arts, leur empruntent leurs danses. Cependant la danse, comme les autres arts réfugiés à Rome, ne tarde point à dégénérer. Aprè-s les siècles de folie qui amènent l'eflxtndrement du grand peuple, elle disparait pour renaître à l'époque magnifique des Médicis, en même temps que les arts, avec toute sa poésie, ses gestes et ses pas rythmiques. Alors toute l'Italie chan- l M ll\i c ll.VMI, l) apri.> la !.Utut.' de DcUpbnchc DANSE ClIAJIPÈTKi: Daprùs le tableau de Lancret. (Afiisde de Berlin.) .wwT nROPns. -sV / * t.iit et dansait. Venise ét.iit l.i ville des fûtes, l.i ville floriss;uue et iieureuse. Dus que la France fut un peu remise de ses terribles secousses politiques, les arts _J%fc- ^\»V|f reprirent leur essor, et la danse reparut -■^.•^;^,^.^,.,^'*'*^ dans les palais de nos rois, solennelle et ^^' pompeuse. Danseurs et danseuses se pava- j^ naient en dansant la Pavane, réservée, nous dit Jean Tahourot, le chanoine de Lanières S qui publia le premier livre sur la danse, ' «aux rois, princes, gr.mds seigneurs, j; V^ "'«•■^'v^-^'» pour se montrer en quelque festin so "^^^^' §V> ^ 4\i lennel, avec leurs grands manteaux et robes de parade ». Sous Lxiuis XIII, la Pavane de- vient la danse f;ivorite des femmes de qualité. Dansée sur une mesure lente mademoiselle camargo D'aprcs une firavurc du xviir siècle. ( Iliblinihdquc Wilintulc.) à deux temps, au rythme doux, elle a quelque chose de recueilli, de mélancolique comme les graves aïeules des anciens por- traits qui regardent dans le passé. En paraissant lui-même sur la scène devant toute sa cour en costume de guerrier romain, Louis XIV donna .'i la danse un caractère de noblesse royale. Mais la poésie de la danse ne commence vraiment à être exquise que sous la Ré- gence, sous Louis X\' et Louis X\'I. Dans cette atmosphère d'élégance raffinée, l.i danse s'épanouit comme une fleur vivante, comme une fleur transportée d'une serre en piL-ine terre, sous le jeune et souriant soleil du printemps. Ce fut une floraison délicieuse de la . pimpante gavotte et du gracieux menuet, que Watteau, le peintre de la perfection des formes et des lignes, excelle à rendre, en ses nonchalances voulues, ses jolies révérences mignardes, ses poses cadencées et étudiées, ses retraites fuyantes. Malgré tout son charme et sa grâce, la danse, sous l'ancien régime, fut, comme la société, comme les mœurs, guindée, sans naturel, sans abandon. Elle était devenue fac- tice en quelque sorte; ce n'était plus un plaisir à proprement parler. Les maîtres à danser exerçaient leur despotisme dans tous les salons, imposaient la même manière uniforme de se présenter, de saluer, de se mouvoir. L'imprévu, l'élan vif et spontané n'étaient jamais de mise. Vy PAS DB rARACTKRR Kilrait du «'tmttrraMr* de Ij name mnJeme. ( n'i-t qu'jprcs U giuricusc i-ptipûr impi-rialc que la n.«e» e( qu'il est aussi ancien que l'Amour, le plus ancien lies dieux. • Dans l'antiquité-, la mimique était étroitement liée à la danse. Elle est peut-être même plus ancieime qu'elle, car, dit Ik-rnardin de Saint-Pierre, « la panioininie est le premier langage de l'Iionmie; elle est connue de toutes les nations; elle est si naturelle et si expreMive, que les enfants des blancs ne tardent pas à l'apprendre dès qu'ils ont vu ceux des noirs s'y exerci ' Les premières danses tuiciu .svnibuiiquts. Lcnains auteurs, parlant des danses ^.,,,— — ..„_,^^ astronomiques, prétendent que l'au- ,•"' \ tel, placé au centre des temples i-gyp- ■^ j tiens, repré-sentait l'astre du jour et / .^r r~— '^- ' »1"^' ^*^^ danseurs, figurant les signes t'/'? y^/^K^^ 1 *^^ zodiaque, les sept planètes, les jT ^^^^^ I constellations, exécutaient la révolu- \ "\ ^^ ^ • \ tion des corps célestes autour du so- • . 3 ^^^^^Ê /''/ y Apis, bœuf noir, étrange et di- ■ ,r _^^^BRP^^ ^ ^'"' ^y^"^ au front une petite tache ^^K^ÇfS" - _ blanche en forme de croissant, à la r.sK iiAi-iADiNK ^x.vi'TiESNE IL V A TROIS JULIE ANS langue Une marque noire rappelant D'npit» un uMracun «e lie Turin. \- \< \, .. • /•. ., 1 image d un scarabée, était fête par des danses spé-ciaies. Des chorégraphies funèbres exprimaient même la douleur causée par sa mort. Les danses du culte, lé-guéx's par les prêtres de la vieille Egypte, furent en grand honneur chez les Hébreux. Moïse, aprè-s le passage de la mer Rouge, fit exécuter un ballet solennel. On sait que David dansa devant l'arche d'alliance. « Louez le Seigneur au son des trompettes, dit l'Ecriture, louez-le en harpe et psaltérion, louez-le en mul- titude de chants harmonieux, louez-le par des chœurs et des danses. » Ix chœur du temple de Jérusalem, de même que celui des autres temples hébraï- ques, était réser\é à la danse. II formait une sorte de scène où les Lévites, tribu sacrée, chantaient en dansant au son d'instruments \ vent et à cordes. Les Hébreux connurent aussi des danses légères; les vierges d'Israël s'y livraient dans les cérémonies publiques. On apprend dans le livre des Juges que Zéila, fille de Jephté, vint au-dev.iiit Je son p^re nccomp.igné-e de joueurs de tambourin et de danseurs. Le LES lK\Ssi:s .\\ I inlliS. DASSKUSKS EtiYI'TIKSNES U'aprc» un iraumcnl ilc fresque conscni au Brilish .Muscum. (/»/iii(. Cljrkf cl /JjviV.v.) livre Jcs Rois porte que les femmes de toutes les cités sortirent en chantant et dansant au son des cythares, des flûtes et des tambourins de liesse, lorsque David eut tué le Philistin Goliath. Plus tard, les Macchabées instituèrent des danses à l'occasion de la res- tauration du temple. Judith rapportant la tète d'Holopherne fut reçue par des danseurs. Li plupart des Psaumes portent des traces de danses religieuses chez les Hébreux. Ils célébraient ainsi trois grandes solennités : la fête de mai, la fête des moissons et la fête des tabernacles. Cette dernière était la plus imposante. Les Hébreux entîn dansèrent autt)ur du veau d'or, et l'on sait quel massacre expia- toire Moïse ordonna à la suite de cette transgression de la lui. Il est à remarquer qu'aucun peuple de l'antiquité ne .s'était autant adonné .1 la dan.se que le peuple grec. » On est tellement livré .1 ce plaisir, dit Gallien, on s'y applique avec tant d'activité, que les arts néces.saires en sont négligés. » Notons surtout que la danse était en Grèce un véritable langage, interprète de tous les sentiments et de toutes les passions. C'est ce caractère que fait ressortir .\1. .Maurice Emmanuel dans son savant ouvrage intitulé : /, Nous sommes réduits i deviner ces motifs; nous savons du moins que cette danse expressive tenait, chez les Grecs, une plaa* in)|H)nante dans la religion et les exercices du corps. Aristote parle de saltateurs dont les danses imitaient les mœurs, les passions et les actions des hommes. De son temps, c'est-.\-dire plus de trois cents ans avant le siècle d'Auguste, les danses mimées avaient ù peu près atteint leur perfection en Grc-ce. Comme LLS UANSL> ^A'.l.l-l^ L', L^ilL. — l'K(Mi;SS10N I)t li'i.L I Al'lï D.-iprùs le t.iMcau Je BriJ)nnan. en Egypte, comme en P.i!i.stinc, hi daiisc présidait toujours chez les Hellènes aux céré- monies du culte. Elle ùisait même partie de la gjmnastique et comptait au nombre des exercices militaires. « Les Grecs, dit Buteux, donnaient le nom de danse à tous les mou- vements mesurés, même au pas militaire. » Lycurguc, ce surprenant législateur, att.iclia la plus grande importance à la danse. Il institua un grand nombre d'exercices pour tenir en haleine une jeunesse guerrière, et parmi ces exercices la danse tenait le premier rang. L'éducation des Spartiates surtout se composait d'exercices corporels constants; aussi dansaienl-ils en allant à l'ennemi. Du temps d'Aristophane, la danse était ordonnée par les médecins. Elle charmait les festins et animait toutes les fêtes. « Ce que nous appelons la dame, notre danse française, dit A. Baron dans ses Lctlres sur la danse, était tout à fliit inconnu des anciens, si ce n'est des bateleurs et des dan- LES i).\\si:.s A.\Ti(jr/:s LES PLAISIRS CHAMPÊTRES. — DANSE DE BERGERS EN liRÈCE D'après le tableau de A.-A. Ilirsch. scurs de corde; leur dcpartcmcnt à ceux-là était les entrechats, les pirouettes, les/c/t'V en avant et en arrière. Presque toutes les fois qu'on trouve le mot ilniisr chez les anciens, il faut traduire par geste, déclamation, pantomime, comme musique n'est le plus souvent que philosophie, théologie, poésie. Que si l'on dit que l'actrice Jaiisait bien son rôle dans la tragédie de M(dà, que l'écuyer tranchant découpait les viandes en dansa»! , qu'Mélio- gabale et Caligula dansaient un discours ou une audience, cela veut dire que l'actrice, J'ccuyer, l'empereur, déclamaient, gesticulaient. >.e fusaient entendre dans une langue non articulée. » Li danse avait donc, chez les anciens, une portée bien plus étendue que chez nous; aussi se rapprochait-elle beaucoup plus de la nature. « Les mouvements mécaniques et les mouvements expressifs ou gestes se distin- guent nettement, dit iM. Emmanuel, a notre époque et dans les mœurs, des mouvements de la danse ou mouvements orchestiqucs , dans le langage des Grecs. Les mouvements or- chestiques ne sont, en effet, ni purement mécaniques, ni proprement imitatifs. Le jeune y..l /i.lA.s/. .1 /AMI /;7f.S /,/i.S AUlùH. aiiiiiul, dit l'Uloii, ne peut rester en n'pos; il saute, il s'agite sans cesse avec un pbisir \, comme s'il voulait dc|K-nser en mouvements inutiles des forces suraUtudantcs. Cot ;\ un besoin semblable que l'homme obéit lorsqu'il danse. Mais, tandis que l'animal n'a pas conscience de l'ordre ou du di-sordre dans le mouvement, l'homme a nrçu des dieux, avec le sentiment du plaisir, celui du rythme et de l'hannonie. Les dieux eux- m^nu-s se font les conducteurs de ses danses, et le nom de • chorur », y/'fô;, di-rive tout naturellement du mot qui signifie • joie », /«j». Si l'étymologie projjosée par PUton est faxivse, l'explication qu'il donne du plaisir orchestique est jK-ut-être la seule qu'il faille chercher. Ln danse est plus qu'un jeu pour l'homme; c'est un exercice du corps qu'il sait embellir par l'art, et la musique, réduite souvent h ses éléments mystiques, en est l'auxiliaire indispensable. » A Athènes, les cérémonies auxquelles se mêlait la danse étaient innombrables. Outre les jeux Pylhifits, on coniptait encore les Kémtens, les Istbmiens, les AgrauUes, qu'on célé- brait en l'honneur de la tille de Cécrops, les fêtes d'Adonis et d'Ajax, les Alocnnes, fêtes champêtres en l'honneur de Cérès, les Amarytiemiis en l'honneur de Diane. Notons aussi les Amctes de Gistor et Follux, les Audrogénées, fêtes funèbres, les fêtes de B;tcchus ou AnllKsIeries, les Apatiirirs de Jupiter et de Minerve, les fêtes consacrées .1 Pallas, à Esculape, .1 Di.me, à Apollon, les Boreasmies , ayant pour but d'apaiser Borée, la fête des baufs, la fête de la terre, la fête vies dieux étrangers, celle des ci- toyens morts en combattant, la fête es Muses, celle qui célébrait la vic- re de .Marathon, celle de Naxos, le pile de Pallas sur Neptune, foutes les cérémonies consacrées à Ricchus commençaient par des dan- .ses et des sauts cadencés. D'après Strabon, il ne se fiiisait aucun sacri- fice dans l'ile de Délos sans qu'on eut recours ;\ la danse et, par suite, .1 la musique. Les poètes même réci- taient ou chantaient leurs vers en DANSE nACIIIQlX Vase KTK trouve en iuiic.(.Vu^c-JuAo«i«.) dansant. Ce qui les fit appeler des nom l>\\si;i si: A I a\m:.\i Slatiicllc cil hriiii/i; piilychioinc Je J.-l.. licti'iiic. /.£.'? D.WSf^S .l.V770r/i6\ » danseurs ». Pindarc dcctrnc à Apollon le titre de d.lll^elll . et Simonidè disait : <> Li danse est une poésie muette. Elle accompagnait les jeux Fythiens, représentation que l'on peut considérer comme la première tentative du poème dramatique, car elle était divisée en cinq actes, composée de récits poétiques, de musique imitative de cluvurs et, enlin, de danses. Lucien as.sure que, si la danse ne (it pt>int partie du programme des jeux (.olympiques, c'est que les Cirées ne crurent pas trouver des prix dignes d'elle. Dans la suite, cependant, les habitants de la Colchide l'admirent dans leurs jeux publics, et cet usage se répandit chez les Grecs, chez les Romains et chez presque tous les peuples. Les poètes grecs célèbrent souvent la danse : Homère nous montre \'ulcain forgeant en or des ligures de danse sur des boucliers. Dans .ses odes, Anacréon répète qu'il est toujours prêt à danser. Ce diver- tissement est prisé de tous. Aristide exécute un pas de danse dans un festin de Deins de Syracu.se. Socrate dansa, parait-il, avec Aspasie. Platon en sourit; mais dans le programme d'une république parfaite, il veut que l'on s'occupe d'abord de la musique pour régler la voix, et de la danse pour apprendre les attitudes nobles, harmonieuses et gracieuses. Aussi dansait-on partout en Grèce et à tout propos. On dansait dans les temples, dans les bois, dans les campagnes. Chaque événement intéressant la famille était célébré par des danses. Les Grecs s'y livraient .'i l'occasion des nais.sances, du mariage et même de la mort. On dansait aussi au renouvellement des saùsons, aux moissons, aux ven- danges. La belle Hélène ne dansait-elle pas à une fête de Diane lorsqu'elle lut enlevée par Thésée et Pirithoùs? Des danseurs, entrel.içant confusément leurs pas, imitaient les détours infinis de l'inextricable labyrinthe dont Ariane remit le lîl libérateur à Thésée '. C'est en Grèce que Cybèle, mère des Immortels, enseigna la danse aux Corybantes sur Je mont Ida, et aux Curetés dans l'ile de Crète'. Apollon, par la bouche de ses pro- 1. Homère nous donne l.i description d'une d.nisc semblable à celle que Déd.ile invenu pour Ariane. .Meursius, qui b nomme l'épivi»;, ai .ittribue l'invention à 'Iliésée, environ l.^xi ans .ivant le règne d',\uguste. .-Vu milieu des d.inscurs, dit Homère, ét.nient deux saltateurs qui cli.int.iicnt les .iven- lurcs de Dédale. Ces s.ilt.ueurs joignaient le geste au chant, et c'est par cette raison sans doute qu'on les plai;ait au centre de la danse, dont ils expliquaient le sujet par la pantomime. (Df Laulnayk, /> /.j ijlliilion tixalralf.) 2. Certains auteurs donnent le nom de 'I^vi-Xio; ou armt'e à la danse des Curetés. Cette danse l'jt instituée par Rliéa dans le but d'empêcher Saturne d'entendre les cris de Jupiter au berceau. Les prêtres de Cvivic ét.iient appelé-s liallalorcs. LA DAS'SR A TRAVERS LES AGES DANSE ASTIQUE O'apri» une irravurc nnirUilM du cummcnccnicnt du titrJ>/iiuJ, les Gymnopidies , li-s Endyiiui:. Vlimmélie itait essentiellement saci danses, dit M. de Laulnaye, dans son ouvrage sur la Saltation ihèdlralt, remontaient à la plus haute antiquité-. L'opinion com- mune en attribue l'invention aux Satyres, ministres de iiacclius. Il parait cenain que ce fut Eschyle qui, le premier, environ cinq siècles avant notre ère, introduisit la salta- tion dans les chœurs tragiques, et sut les mettre en action. Cette saltation était appelée ï/T.jjiaT'.Tjio;, de -//.«a», • contenance », parce qu'elle peignait les attitudes, le caractère, les atfections des personnages des chœurs. Le sommeil, la lassitude, le repos, le penser, l'admiration, la crainte, toutes les pauses ou suspensions étaient aussi de son ressort, a Au dire de Platon, elles étaient empreintes de la douceur, de la gravité et de la noblesse qui convenaient pour exprimer les sentiments dont un mortel est pénétré lors- qu'il invoque les dieux. Cette danse, dont les mouvements étaient d'une rare souplesse, se prétait é-galement au caractère héroïque. Elle pouvait rcpré-scnter la grâce, la majesté et la lorce, et produisait, en ses divers modes, de grands effets sur les spectateurs. Suivant une légende chère aux anciens Hellènes, Orphée, se souvenant des céré- monies religieu.ses que dirigeaient les prêtres de Sais et de Colchide, en avait transmis les lois choré-graphiques à la Grèce. Mais, aux accords de sa lyre enchanté-e, il aurait modifié les cadences primitives, créé des rythmes nouveaux et des mouvements plus en rapport avec le génie de la race à laquelle il les révélait. D'ailleurs les Grecs ne tardèrent pas à dépasser leurs maîtres. Plusieurs auteurs nous apprennent que l'Em- mélie embrassait aussi certaines danses tragiques et qu'elle n'était point appuyée, comme d'autres, par la voix et les mouvements des chœurs. Les HyporMines , au contraire, étaient spécialement une danse mimique et lyrique, exécutée par un chœur de chanteurs, que le peuple accompagnait de gestes approprit-s. Les poèmes que l'on y chantait portaient le nom d'Hyporclxwales. C'étaient des danses .spéciales aux Doriens; elles accompagnaient les fêtes d'Apollon. « On les regarde, dit .\1. de Liulnaye, comme les premiers essais de la saltation grecque; elles dataient des temps les plus recult-s. C'étaient, ainsi que leur nom l'in- dique, des chants entremêlés de danses, ou plutôt dont on expliquait le sujet par des gestes mesurés. Car, on doit l'observer ici, le premier emploi de la saltation fut d'être unie à la poésie. Toutes deux, développées par cette union, se prêtaient un secours mutuel. .Xthénée dit expressément que, dans l'origine, les poètes faisaient usage des figures de la saltation, mais qu'ils ne les employaient que comme signes représentatifs des im.iges qu'ils peignaient dans leurs vers. Les Hyporchèmes, qui toutes avaient un LES / » . I .V s /: V I \- r / Q i ■ !■: s. caractère nulilc o: i^raïui, ctaiciu comiiumcs aux hommes et aii\ knimes. Leur (irit;iiK' est incertaine. Les uns veulent qu'elles aient pris naissance chez les Déliens, qui les chantaient autour des autels d'Apollon. D'autres en font hoimeur .uix Cretois, à qui, disent-ils, Thaïes les enseiijna. Findare, qui nous parle de celles des Lacédémoniens, a composé plusieurs Ilyporchémates. » Les Gy>iino[\-Jics, chères ."i Licédémone, usitées surtout dans les l'êtes célèhrées en l'.VSTOK.M.E. — I.A l'KKMllCUi; LliÇON l)i; DANSK Daprcs le tableau de liou^'uercau. (.Ira- .iiilcn.i.Ui'Vi Je J. Ilfiisxi.i, MjiKi cl Jnyjtil, .•./;/. •/•n'/r.j l'honneur d'.\pollon, servaient souvent d'introduction à la Pyrrhique. Des danseurs nus, le Iront ceint de couronnes de palmes, les exécutaient en chantant des poésies. ■ Les autres danses avaient toutes des rapports plus ou moins étroits avec les danses fondamentales précédentes, et se rattachaient comme elles aux rites sacrés, hlles étaient parfois .spéciales à une province, à une cité, et célébraient un dieu, une victoire, un fiit mémorable. La Dioiiysiaijiie itïn vouée à Baccluis; d'après Athénée, X Iitiiihiquc était, chez les Syracusains, consacrée à .Mars. l'Hormos, qu'on dansait en l'honneur de Diane, réunissait toute la jeunesse de Sparte. Comme dans les Gymnopédies, danseurs et danseuses, bien que .sans vêtements, n'ofiensaient jamais la pudeur, tant leurs attitudes en étaient ch.istement belles. Cette danse nationale, qui aurait quelques /..1 nwsE À r/î.i i"/?/î-f L^f An ES. JKLNES FILLES GREtQlES UAXSANT D'apré» un fravmcnl Je ba>.-rclic( découvert A Alhine». -.ippons avec nos Branles du xvi* siècle, serpentait vive et licre dans les rues, aux iours de fête, conduite par un jeune couple; les gestes et la voix en animaient les mouvements. A un moment donné, tout le monde se réunissait, et jeunes gens et jeunes filles, se tenant par la main en formant une chaîne, exécutaient des pas d'avant et d'arrière, aux sons cadencés de b musique. En ses mou- vements rythmiques, l'Hormos pouvait se diriger tantôt vers l'Orient, tantôt vers l'Occident; mais il taut se garder de lui donner avec Buteux un caractère astrono- mique, aussi bien que de voir dans la strophe et l'antistrophe des ch(viirs de tngédie l'expression du mouvement du soleil et des astres. C'est Lycurgue qui, d'après la tradition, a institué l'Hormos. Comme des citoyens reprochaient au législateur de laisser ainsi les danseuses nues, il répondit, suivant Plu- tarque : « Mon but est qu'en faisant les mêmes exercices que les citoyens, les femmes égalent les hommes par la force, la santé, la vertu, la générosité de l'âme et qu'elles s'habituent à mépriser l'opinion du vulgaire. » Enfin les danses Orphiques célébraient le courage de Castor et Pollux et leurs expé- ditions lointaines. A ces danses sacrées il conviendrait d'ajouter celles qui, variées à l'infini, suivaient les processions et les funérailles. Dans les premières, le peuple entier conduisait les victimes à l'autel, à pas cadencés et en chantant des hymnes. Aux danses des funérailles, les membres du cortège se montraient parfois vêtus de blanc. En tète étaient des groupes qui dansaient au son d'instruments réser%és à ces solennités, et, de temps à autre, interrompant leur chorégraphie, ils chanuient des hymnes en l'honneur du défunt. Venaient ensuite les prêtres et des pleureurs ou pleu- reuses à gages, qui accompagnaient de leurs gestes rjthmés les lamentations funèbres. D'après Platon, les parents et les amis du défunt pouvaient prendre part à la danse ou plutôt, suivant l'expression de M. Emmanuel, à la mimique funèhrc. Durant un certain temps, l'usage voulait qu'un individu, précédant le convoi, fut vêtu des habits du défunt, pour mieux imiter son allure; il s'occupait de faire tantôt l'éloge et tantôt la satire du mort. flii.)l,i\'i- ■ (orciiii ( ''ii/t>nif LES n.WSES AXTinrES I.' La danse des funtVailles revêtait son caractère le plus brillant lorsqu'il s'agissait d'un homme flinieux par sa naissance, ses dijjnités ou sa tortune. Tous ceux qui faisaient partie du convoi étaient vêtus de blanc et couronnés de cyprès; quinze jeunes filles précédaient en dansant le char funèbre; une troupe de jeunes garçons l'entou- rait; le chant des prêtres accompagnait les danses; enfui le convoi était lernié par des pleureuses couvertes de longs manteaux noirs. Les danses militaires, moins nombreuses que les danses sacrées, mais ordonnées par les lois, tenaient une grande place dans l'éducation de la jeunesse. « Pour ceux, dit M. Dcsrat, qui connaissent l'importance de l'éducation physique chez les Grecs, les danses militaires s'expliquent facilement. Acquérir et conserver le plus longtemps possible l'agilité, la souplesse, la vigueur, résument en peu de mots tout ce que les Grecs recherciiaient dans la pratique des exercices du corps. « C'était en dansant les armes à la main, continue-t-il, que les Grecs, peuple de héros, se formaient .i l'art de la guerre corps .1 corps. Pourquoi ne verrait-on pas une affinité dans leur façon d'aller à la guerre (en dansant) avec notre pas gymnastique? Il est permis de présumer que le pas n'est peut-être qu'un mouvement de danse? On pourrait encore dire que dans l'escrime à la baïonnette on retrouve maints et mamts gestes des danses militaires grecques. » Plutarque a écrit : « Les danses militaires avaient je ne sais quel aiguillon qui enflam- mait le courage et donnait la force de rester dans le sentier de l'honnem' et de la vertu. <> Ces danses guerrières vien- nent se grouper autour des deux principales : la Pyrrhiqiie et la Mdiiphiliijiii'. D'après certains auteurs, la Pyrrhique, sorte de pantomime militaire, aurait été créée par Pyrrhus, fils d'Achille, aux funé- railles de son père. D'autres en attribuent l'honneur à un cer- tain Pyrrhichus, Cretois ou Lacé- démonien; les derniers, enfin, lont dériver son étymologie du mot grec -j:, « feu », en raison RONDE DE NYMPHES ET DE SAIYKES du teu de l'action, de l'énergie Daprcs unt gravure du wnr iUclc {lUNiothàgue lulionalc) M LA n.WSf-: A TU A \- ERS LES Ames ilcvonintc déploya par les danMrun. Pind.irc tire l'c-tymulugic du mot Pyrrhique de wifi • bùclu-r », et avsure qu'Achille se livra le premier à cette danse devant le bûcher de P4tri»cle. D'apri-s une antique tradition, Miner\e l'aurait dansée la première en mémuiic de la défaite des Titans, et l'aurait ensuite enseignée aux Tyndarites. Il est certain que cette danse était surtout en asage dans les Panathénées, fêtes en l'honneur de Minerve où elle était exécutée par les jeunes hommes et les jeunes filles. Xénophon, qui l'a décrite, parle même d'une lemine dans;int seule la Pyrrhique. I-'étymologie, on le voit, n'est |>oint certaine, ce qui tendrait à prouver qu'elle remonte à des temps fort reculé-s, et cette danse, en si grande faveur chez les anciens, s'est perpétuée jusqu'à nos jours en Grèce. Elle n'était point d'ailleurs uniquement rt-ser\ée aux hommes, les amazones y excellaient : les Argiennes, les Spartiates et les Arcadienncs s'y livraient avec ardeur. Lt Pyrrhique était la principale des « danses en amies ». Et celles-ci, liit M. Emmanuel, « n'étaient point pratiquées seulement dans les fêtes solennelles, par des ensembles nom- breux, en présence du peuple; les particuliers se plaisaient à introduire chez eux, à la tin du repas, des dan- seurs, hommes ou femmes, qui exécu- taient devant les convives les mouvements vifs et variés de la Pyrrhique traditionnelle. » D'après Platon, elle consistait dans la représentation des mouvements du corps lorsqu'on évite les coups portés de près ou de loin, soit en se jetant sur le côté, soit en reculant, soit en se baissant. Elle simulait aussi les mouvements de l'offensive, la posture d'un guerrier décochant une flèche, lans'ant un javelot, maniant enfin une arme quelconque. Les Grecs avaient plusieurs sortes de Pyrrhiques, dont les noms différaient suivant leur caractère : ainsi Y Hophtiiachie imitait le combat avec le bouclier et néces- sitait au moins deux personnages. La Mouomachie, à laquelle on se livrait isolément, était, suivant Athénée, en usage dans les tcstins. Mais il ne faut pas ciiercher là des noms génériques, comme nous le montre M. Emmanuel. IiAVID DANSANT DE\ANT L ARCHE l) apris le Dominiquin. Li:s i>.\\.sj:s .1 \ 77or/;.v. LA 1 ANSl; nus IILIIHLLX ItLVAM LU VLAl b Ult U'aprcs uiK' (.'ravurc ^c S;!n;iilclcin. Il Les .lutLurs, ilit-il, Ile liis- tini;uciu pas explicitement deux espèces de Fvrrhiques, mais leurs descriptions laissent entendre que tantôt cette danse s'exécutait en masse, et tantôt était « représen- tée » par un seul danseur. Il t.iiit se fii^urer la P\rrhiqiie en masse comme un ensemble d'évolutions rythmées, savantes, complexes, qui excluaient les mouvements individuels trop violents ou trop étendus; — et la Pynhiqite à un, comme un exercice mimétique très actif, fait de pas courus, de pas s;mtés, de pas rétroi;rades, de pas tourbillonnants, d'agenouillements, de mouvements de br.is inlininient variés, en un mot de tous les artilices de la lutte et de la danse. » Naturellement existait aussi la Pyribique à deux. Xénoplion décrit une danse i^uer- rière dont furent témoins les députés des Paplilagoniens. Deux Tlir.ices, dn-il, exécu- tèrent une danse qui représentait un combat singulier. Leurs attitudes étaient cadencées et les coups qu'ils se portaient étaient mesurés sur le rythme des tU'ites qui les accompa- gnaient. Après une lutte acharnée de part et d'autre, l'un des combattants tombe, et son corps est emporté par les siens. Le vainqueur chante son triompiie et s'empare des armes du vaincu. Les spectateurs poussaient des cris, croyant véritablement à la mort du Thrace; mais ce n'était qu'un jeu. Beaucoup plus tard, Apulée nous a lait aussi connaître les divers mouvements de cette danse. Longtemps la Pyrrhique demeura guerrière, mais elle s'égara ensuite, dit Athénée, dans le culte de Hacchus, et les tiivrses et les roseaux remplacèrent les javelots et les boucliers. Li Mempbitique ortrait de grands rapports avec la Pyrrhique. Minerve l'aurait, pré- tendait-on, également instituée pour rappeler la défaite des Titans. Son origine était donc éminemment sacrée. Les danseurs, comme dans la Pyrrhique, étaient armés de boucliers, d'épées et de javelots; mais, moins belliqueux, ils s'agitaient aux sons de la flûte. Lucrèce attribue la création de la Memphitique aux Curetés et aux Corybantes. tft / I it.w.sr: \ rnwrns r.rs \r,n.'^ t IIO:rK DE BArCIIANTES iliitllolke^ue HMnmlt, collet Unn ArmjnJ.) Diverses Jnnscs ctaiciu dcrivcts Je la Pyrrliique et Je la Mempliitique : parmi elles, nous citerons la fougueuse TèU'sias qui fut peu pratiquée en dehors de la .\bcé- Joine, la Berekynliakc et Vlipieredias, en honneur chez les Cretois. De toute ancienneté, la pantomime existait en Jes danses qui cherchaient à tra- duire des scènes de la vie'. « Nos danses, dit M. Emmanuel, étant gymnastiques bien plus qu'imitatives, le port des bras y est pour ainsi dire systématisé. Les danses grecques, au contraire, sont avant tout plastiques et mimétiques, et la tenue des bras y comporte toutes les nuances Ju geste décoratif et expressif. Cette orchestique, au rebours de la nôtre, est presque toujours un langage. ». \'oici quelques exemples de cette Miiiu'lii/iu-. Dans la Karpaîa, le Janseur imitait le laboureur ensemençant un champ et attaqué par l'ennemi, et qui, malgré sa défense courageuse, est fait prisonnier et emmené avec sa charrue. Cette danse, moitié rustique, moitié guerrière, était propre aux M.ignésiens et tirait son nom du mot grec }\%ztÀ;, qui signifiait « semence ». I. <' C-i&sicxlorc, nous dit de Ljuinayc dans son traite /> la sallatioit llxàtrah, attribue l'institution des acteurs mimes à Philistion; Athêncc, à Rliadaniantc ou à Palamède. On en distinguait de plusieurs espèces, qui portaient des noms divers chez les différents peuples de la Grèce. Les plus honnêtes étaient nommés lilMc/^ufs (ce mot, dérivé de 'HOo; et de .Vifo;, signifie Peinirts de nnrurs). L'n des plus célèbres éthologucs fut Sophron, tutif de Syracuse. La morale de ses mimes était si pure, que Platon, à son lit de mort, avait sous son chevet les œuvres de ce poète. n Les mimes grecs imitaient avec tant de vérité les p.issions et les actions des hommes, que leur jeu était une censure rigide qui donnait d'utiles leçons. Les pièces qu'ils représentaient éuient appelées TziSioi; ou MoraliU's, et opposées de caractère aux liai»»!!:, farces qui n'avaient d'autre objet que de faire rire. Les Grecs donnaient en général le nom de ©•jihaixoi à ceux des mimes qui jouaient sur les théitres. Les Athéniens surtout se distinguèrent par leurs jeux scéniques. t lj:s i)A\s/:.s wriorics. ,7 D.inih Koniasiikt-, di:u\ lignes de guerriers comKitt.iient, se t'.iis.int vis-à-vis. l..i Poiph\gina, e'n ses attitudes, inspirait la terreur. La Liouiic donnait l'idée de la noblesse et de la force du lion ; la Poilismos figurait la retraite et la poursuite des vaincus après l.i bataille; la Polemike retentissait du bruit des javelots et des boucliers auquel succédaient les .sons très doux des flûtes. Dans la Chdnmoinie, mie des danses grecques les plus antiques, le d.niseur, selon Pollux, gesticulait en mesure avec ses mains. D'après Ilippocrate, cette danse comptait parmi les exercices physiques les plus estimés des disciples de Fytliagore. Les danseurs de ['Of\>pltY, aux sons d'une musique guerrière, célébraient la victoire, s'agitant et tordant leur corps comme des soldats ivres de gloire et de \in. La Thcnunyslris était une danse d'un genre furieux et p.ufois tragique. Des hommes aux bras nus, aux che- veux en désordre, sautaient en brandi.ssant des haches et des glai- ves et en agitant les pieds qu'ils devaient rapprocher en retombant ù terre. Ces danseurs arrivaient à un tel état de fureur, qu'on les voyait se mordre les mains et se taillader la chair. Nous arrivons à la danse tra- gique. Au théâtre grec, le chœur dansa dès l'origine. Longtemps les acteurs, couverts de leurs mas- ques, accompagnèrent leurs Oames de chants; plus tard, la saltation théâtrale grecque ne développa sa beauté qu'après l'exclusion des bouffons qui parodiaient les vers d'Homère, d'Hésiode et des autres poètes. Les auteurs eux-mêmes parurent alors sur la scène, décla- mant leurs œuvres dont les dan- seurs mimaient en même temps IDYLLE l'action. Cette association de la i)arri.>un laiiicaudc Kaph!'! i > .fiu.ii,.n\i:ijuii.iumi-iiicia.:) . ". LA ItAS'SK À TU.W'EKS LES AGES. po6sic, de la musique et tic U danse plastique donna h la clioré^trapliie des Grecs une grande beauté et un caracitrrc bien tranché. Chez les Grecs, des batteurs de mesure accompagnaient la danse, niais diri- gi-aient l'action, pressant le mouvement, le ralentissant, l'interprétant dans les nuances les plus fu(>ilives. Leurs pieds étaient chaussés de sandales de bois ou de fer, d'épais- seur diiïérente selon les effets qu'iLs se pro|>osaient. Dans les cadences légères, ils frap- paient l'une contre l'autre leurs mains munies d'é-cailles d'huitres ou de coquilles, comme font encore aujourd'hui les ILspagnoLs avec leurs castagnettes. ^7* Les Grecs empruntaient la plupart de leurs danses tngiques à la mytho- / V ^^ logie et aux souvenirs des héros. Ils représentaient le plus souvent Saturne V -' dévorant ses enfants, les amours de la déesse Cvbcle et d'un berger, Jupiter enlevant Europe, Apollon poursuivant I-éda ou Daphné, le ^» iigcmcnt de FAris. Comme danses gaies, ils avaient la DipUe, dont les voix marquaient ^■^' '^'' ^^m '•' cadence; Vtphiknut, sorte de ronde chantée et accompagnée de - .^^^ musique. Li K'wlv formait un véritable grand ballet, divisé en cinq J •» SB^ p.irtics : le prélude, le défi, le comb.it, le répit et enfin la victoire. _^jif I..1 Kriiion était un branle d'ensemble dansé et chanté par ■7- f des chœurs; la Pa> aliénai Tettora était exécutée par quatre acteurs J ^ seulement. Une autre, la Xuloit Caralepsis, se dansait avec un ■ ' bâton à la main. Pvlade excellait dans la Pyladeios, qui avait pris son nom et fut sans doute une de ses créations. Li Scbislas Terre cu'urj'iili]! »'«-.« j.nzé., ^'^'''"' "^^'"'^ majestueuse et des chœurs graves l'accompagnaient. Les Grecs se livraient aussi aux danses comiques. Elles étaient vives et gaies, souvent bouffonnes, parfois tn^me licencieuses. Ixs danses comiques, parait-il, étaient réser\ées à des gens éciiauffés par les vapeurs du vin. Théophraste, dans ses Caractères, va plus loin encore en mettant au nombre des actions d'un homme qui a perdu toute honte celle de danser la Cordacc de sang-froid et sans être ivre. Le nom générique de Cordace serait celui d'un satyre auquel on en attribuait l'invention. Elle était le tiième de toute danse comique et pouvait s'improviser. Dans la Chréon Apokopé on représentait, en dansant, la coupe des viandes; VHypo- goiiés mettait en scène des vieillards courbés sur leurs bâtons. Dirtérentes danses exprimaient des mouvements souvent ridicules, parfois de gaité loUe; dans la Nihadisiiws, par exemple, les J.inseurs imitaient les bonds capricieux des chèvres. LES D.WSES .WTIOl'ES. ^ / / l>ANSi;i si; i.mi I v' !'• Iiaprt^ uiiL' Krri' cuilc cyrcnauiiic. (.UH>i.r .tu t.'iuyrc.) N'ous citerons encore parmi la vaste chorégrapliie que nou offrent chdque race, chaque province, cliaque ville niùme, la danse Bucolique, la danse des Fleurs ou .■/////.'(•«;<», dans laquelle les Atlié- niens répétaient : » Où sont les roses? Où les violettes?... >■ Une de ces danses avait pris même le nom d'un vase employé par les fondeurs d'or. Il y avait la danse de la Démarche noble, l.i Ronde, le Combat, le Mortier. l'Hi^ale, l'Hxhortation, les Tourbillons de poussière, le Justement, les Satvres, la Splendeur. D'aucunes étaient réservées à Hercule victorieux, d'autres repré- ^ sentaient un combat naval, cer- taines offraient la singularité d'être exécutées par des personnages portant des vases appelés carnos. Dans la danse d'Adonis, les gingriiur, flûtes phé- niciennes consacrées uniquement au cuite de ce dieu, mar- quaient la cadence. De ces saltations, certaines tiraient leur nom de la flûte des prêtres d'Apollon. lien était qui indiquaient les inflexions du col, et d'autres qu'on dansait avec des bâtons .'i la main. N'ous citerons encore parmi les plus en lion- i "^ neur les danses des Nymphes, les furieuses rondes des Silènes à Lacédé- monc, la danse du Javelot, l'Incendie du monde ou la l'able de Phaéton, les danses de la Chevelure, des Genoux, de la Fuite, de la Coupe de verre, la danse Courbée, celle des Lléments, des Jeunes Filles esclaves. Plusieurs ressemblaient à des exercices du corps, on cite notamment une danse rustique consacrée à Bacchus, dans laquelle on sautait à cloche-pied sur des outres pleines de vent et frottées d'huile afin de les rendre glissantes. On attribuait à Thé.sée l'invention d'une danse dont les exercices imitaient les départs des oiseaux migrateurs. Elle peignait, dit Callimaque, les détours infinis auxquels le héros avait été obligé de se livrer pour sortir du labyrinthe. D'ail / K-WSEl SE t.Kl.i vL 1- Slalufttu tniuvtïu dtym lc> fouiller de .Myrina. tMusie .lu Lniirre.) J 'W r Sl.r /, « n.wsi: \ TKWf^ns les aces. «^ leurs les p.iN imitant U-s nliurcs des animnux étaient nombreux. On comptait le pas du Hihw, du Vautour, de la Ovuetlf, du Rnianl, et bien d'autres encore. Sous le nom de Sichmis ou danse satirique, les Grecs avaient un troisième genre de danse théiktrale qui les repos.iit des (motions fortes de la tra^^êdie. Lx-s danses sati- riques accomp.tgnaient des chansons lestes, des poèmes licencieux pleins d'allusions scabreuses, de mots risqués. Les danses tragiques étaient quelquefois parodiées par les danses s.itiriques. Des citoyens étaient même l'objet de ces parodies. \x danseur mettait un m.rsquc donnant l'im-ige fidèle de celui qui faisait l'objet de la satire. Les actes publics ou privés de grands jK-rsonnages oflîcieb étaient tournés en dérision par la Sicinnis. On dit que cette sorte de danse était propre surtout aux peuplades de l'Attiquc; 'mais, malgré la finesse de l'esprit athénien, les danses satyriques se dégradèrent au contact des chansons i boire et des poèmes erotiques, accompagnés de gestes indécents, qui firent oublier leur primitive gaité et leur verve mordante. D'après Ulpien, la Sicinnis était en usage dans les festins. Bac- chus avait porté cette saltation aux Indes. C'était la danse particulière aux Satyres. Légère, bscive, variée, suivant certains auteurs, elle fut, sekin d'autres, une danse militaire. On sait qu'elle fut pratiquée à Rome dans les Pompa ludorum et dans les triomphes. Là, les danseurs s'efforçaient à parodier grossière- ment les danses sérieuses. La danse grecque, si étroite- ment liée aux cérémonies sacrées, en honneur dans les fêtes publiques et au t!ié.\trc, devait se retrouver dans les réunions privées. Aussi toute fête de famille, tout événe- ment heureux, l'arrivée d'un .imi, le retour d'un voyage, la naissance d'un enfant, son anniversaire, la moisson, la vendange, les récoltes. "^ INK BACCHANTl D .iprès un dessin de Wallcr Crâne. LES n.\ v .S' /:■ .s wriorr. s. ;i •irîi.ii tout c'tnit prctcxtc pour se livrer aux divertissements Je l.i J.uise. Lonf'us, dans ses pastorales, a décrit Vnpili'iiitii ou tète des ven- danges. Ces danses, pratiquées à l'origine par les membres Je la famille et caractérisées par des sauts prodigieux, des exercices d'adresse avec ou sans accessoires, turent abandonnées ensuite à des baladins de profession et aux parasites. Les statuettes de Tanagra, dont nous avons reproduit quelques-uns des plus beaux .spécimens, nous donnent une idée de la grâce des mouve- ments qu'exécutaient les théories de jeunes femmes, lorsque, dans le décor merveilleux des théâtres antiques, sous le beau ciel de la Grèce, elles se livraient .1 ces danses tant aimées Jun peuple épris de tout ce qui était beau. Les Grecs, comme le disait justement .\L Emmanuel, n'avaient pas seulement des Apelles et des Phidias; ils avaient aussi des Damans et des Daumiers, Jes Chérets, des Carans J'Ache et des Forains, tous artistes, chacun dans leur genre, et traduisant avec excellence le même instinct d'art. Mais si nous connaissons .assez bien, par liercu- lanum et Pompéi, la vie familière des Romains, les vases peints de la Grèce ne nous offrent que très incomplètement une histoire de la caricature et de l'impressionnisme. Ce qui nous parait trop souvent fantaisiste ou ridicule est — nous pouvons nous en rapporter là-dessus au livre de .\L Emmanuel — le résultat d'un dessin d'une raideur archaïque ou d'une composition trop naïve ou trop simple. .Mais ces représentations tiennent aussi au caractère de l'orchestique grecque. « Li liberté qu'elle laisse au danseur dans le choix et dans l'exécution de ses mouve- ments, continue notre auteur, permet .i la fantaisie de chacun de se domier carrière. 11 suffit de parcourir du reg;U"d la série des vase juints iicnir voir les effets Je cette inJé- DANSt; 1II-; NV.MI'llliS tiniviirc Ju XMif sicclc, >l:iprcs Ei^L•n, 33 LA DASSE A TRAVERS LES AGES. >r 2^■^r> \.. 1 / pcnJjncc; cette imagerie Ti\'è\c un art dont les fïdéles ont disposé suivant leurs goûts. Il ne leur est enjoint que de respecter quelques formules traditionnelles qui leur senvnt de tlu^mes ; U-dessus ils peuvent broder toutes les variations que bon leur semblera. » C'est donc aux sculpteurs plus qu'aux peintres que nous devons nous en rapptmer. « Des lors, dit M. Emma- nuel, le mot d'Athénée ptiurra s'appliquer en toute justesse aux ivuvres de la statuaire grecque : « I-es anciennes sta- " tues sont pour nous des " monuments de la danse nn- « tique. > Les sculpteurs cherchaient à rendre les beaux mouvements, ceux qui étaient élégants et libres. « .\insi le délicieux P.ros volant, trouvé à Myrina par j»;/' .M.\l. Portier et Rcin.nch, le corps courbé à droite et le J^ ^i— - ^^^^ replié au-dessus de la tête, dessine une courbe d'une parfaite justesse anatomique. Il n'y a h rien de convention- PAS DE DEUX ,11 1 , ne! ; le danseur de nos jours exécute ce mouvement comme il y a deux mille ans. De même, dans telle statuette du iv' siècle représen- tant une bacchante enveloppée dans une étoffe souple et légère, qui tour- noie gracieusement sur elle-même, nous retrouvons les mouvements et l'a'ipcct d'une danseuse vivante. L.I rapidité et la justesse de vision nécessaires à celte Çj .'' ^Tv-^ vérité réaliste se perdront bientôt pour céder le pas à la con- vention, et' ce sera l'honneur des marbres modernes d'avoir, grâce à la science, su retrouver la vérité dans la représentation du mouvement. Cependant la danse grecque est bien différente de la nôtre. l'DSrnON DES .MAINS DE DANSECSEs GRECQUES. Nous devons voir, en effet, dans celui qui l'exécute « un tninu POSITION DES MAINS DE DANSEISES GRECQUES 1. Les gra%-urcs que nous reproduisons ici sont empruntées à l'intéressante étude de M. Maurice Emmanuel : La Danse antique (Hachette et C'*, éditeurs). — L'auteur a bien voulu nous autoriser exceptionnellement, et comme éditeurs de son ouvrage, à reproduire dans notre volume ces figures qu'il a recueillies sur des documents antiques. Elles nous donnent une idée très exaae des mouvements exécutés par les danseurs grecs et que nous retrouvons dans la plupart de nos danses modernes. LES DASSES ASTiniES. . aumoins autant qn\m danseur.... Pour juger lorchcstiquc grecque dans ses représen- tations par les monuments figurés, il est indispensable d'envisager toujours la complexité du rôle dévolu à ses inter- prètes. -) Telle est la con- clusion que nous emprun- tons à M. Hnmianuel. '' Le danseur grec, ajoute-t-il, ne consentait à perdre son indépendance que dans les ensembles où la figuration ciiorégraphique exigeait que chacun acceptât de se pliera la règle conmiune, dans l'intérêt de Vimilalkm en masse. Dans tous les autres cas, il se faisait libre, afin de rester entièrement maitre de son hnitalhm individuelle. :fC' TIIKOKIE DE DA.NSEIRS GRL» S [Us mi.nivmc/iw ic jimtes :iue font ces .Umcurs sont exj.U-matt U-s mcmes que ceu.x exécutes fjr un Jjnseur moJerne.) vk-. 4 .#> PAS i)i; i)i;ix Daprcs iiii vase Ju iv sicclc. « La danse à deux, — homme et femme, — telle qu'elle est pratiquée dans les salons, aurait paru aux anciens un non-sens : ne transforme-t-elle pas le couple en un personnage hybride qui ne peut plus rien exprimer par ses mouvements et à qui tout geste devient ''^iV. ClIlKrU DE DANSE D'après une amphore à rosette de basse époque. mipo.ssible ? Dans nos danses de société, l'homme et la femme s'enlacent étroitement : chacun des danseurs conserve uniquement l'usage de .ses jambes ; le haut du corps et les bras sont presque immobilisés. Même les mouvements des jambes se trouvent limités ■i tel pomt, qu'ils se réduisent à la répétition monotone des mêmes formules. -'4 l..\ DASSE A TRAVERS LES AOES > , .iiilancc est si chère au danseur grec, , on imagina, pour apaiser les dieux et distraire le peuple terrorisé par la peste qui décimait la ville, de lui donner le spectacle de jeux scéniques. Cependant l'Étrurie, beaucoup plus civilisée que la Rome d'alors, cultivait les arts; elle avait ses danses religieuses, ses mimes et ses représentations étranges qui devaient avoir tant d'influence sur les Romains. Beaucoup de danses étrusques, sacrées ou funèbres, sont reproduites sur des fresques qui nous ont été conservées, et nous pouvons nous faire une idée assez exacte des origines de l'art de la danse en Italie. Les Ludions arrivèrent d'ttrurie, accompagnant leurs danses passionnées du rythme des flûtes. On les nomma histrions, du mot toscan histcr, qui signifie « saltateur », dit encore Tite-Live; et, au lieu d'emplover des vers libres comme ils avaient fait jusqu'alors, car ils n'avaient point de poèmes écrits, ils s'elTorcèrent bientôt de suivre un plan déter- miné, d'accorder le rvthme et la cadence en mesurant leurs gestes. La jeunesse romaine s'y exerça à son tour et régla, au son des instruments, la déclamation des poèmes. Plus tard, les arts de la Grèce arrivèrent .1 Rome, et la danse, accon par la i6 / .» hASSE À TKWKRS LES ACES. lyre, lj cythare, h flûte et les crotales, brilla d'un vif iclat dans les cérémonies du culte. Souvent alors elle fut grave, mais clic s'efforça aussi d'exprimer, en dehors des fôtes sacrées, la joie et la tendresse. Grpcndant la danse de Lycurj'ue, VHormos, oublia sa gra- cieuiie origine pour devenir plus belliqueuse' ; la Crue dégénérée n'était plus qu'une dis- traction pour les villageois, dit Lucien, et les danses romaines, perdant leur caractère pudique et leur pureté, ne peignirent déstirmais que la volupté et l'obscénité. • Au milieu de l'automne, dit \'ictor Duruy, Messaline représentait dans son palais une scène de vendange; les pressoirs foulaient les raisins; le vin coulait dans les cuves; des femmes, ;\ demi vêtues d'une peau de daim, comme les bacchantes, dansaient à l'entour, tandis que Messaline, les cheveux épars, le thyrse en main, et Silius couronné de lierre accompagnaient des chœurs lascifs. » L'austérité des vieux Romains venait en effet de leur pauvreté bien plus que de leur conscience, dit le même historien ; il avait suffi de deux ou trois générations pour que la cité, qui n'avait connu que les maigres festins et les fêtes rustiques, devint une ville de bombance et de plaisir. « Lorsque j'entrai dans une des écoles ou les nobles envoient leurs fils, s'écrie Scipion limilien, j'y trouvai plus de cinq cents jeunes filles et garçons qui recevaient, au milieu d'histrions et de gens infimes, des leçons de lyre, de chants, d'attitudes; et je vis un enfant âgé de douze ans, le fils d'un candid.it, exécutant une danse digne de l'esclave le plus impudique. >> Les Romains connurent donc comme les Grecs les danses sacrées, de même qu'ils connurent les danses militaires, les danses thé.itrales et les danses privées. En dehors de la danse sacrée des Saliens qui, née à Rome, conser\ait un caractère guerrier, les Romains empruntèrent aux Grecs les Bacchanales, dont l'origine en Hellade était religieuse. Mais, après avoir été réser%ées aux prêtres et aux prêtresses de Bacchus, elles accompagnèrent les fêtes nuptiales, tous les citoyens y prirent part, et ces danses, qui av.iient honoré le culte et traduit l'amour, se transformèrent en danses lascives et en orgies. Les Lupercales célébraient le dieu Pan le 1 5 des calendes de mars. Les prêtres du dieu, les Luperci, entièrement nus, parcouraient en dansant les rues de Rome, et parfois, armés d'un fouet, cinglaient la foule. Différents mimes suivaient les processions et les I . « Mincn-e s'approche. Pris d'elle, armC-cs de glaives nus, marchent la Terreur et la Qaintc, com- p.iL'iics habituelles de la déesse des combats. A sa suite, un joueur de flûte sonne l'Hormos belliqueux et, mcLint aux sons sourds de son instrument des accents aigus pareils à ceux de la trompette, il donne aux chants qu'il module un caractère plus mile et plus animé. » (Apulée.) L i-:s i). i .v.v A\ . I v rin ii:s. 2- iincraillcs avec les pleureuses et l'archimime qui retrasait la vie du défum, atfublé d'un masque dortnant l'image tîdèle du mort. Jusqu'au siècle d'Auguste, la danse fut livrée aux obscénités des célèbres mimes, bouffons toscans. C'est par là que leur intluence a été funeste au développement de la chorégraphie romaine. \:n développant la pantomime, déjà esquissée dans la mimique grecque, mais créée LA DA.NSE DES QUATRE FE.M.MES Kcproduclion dune gravure de Zoan Andréa, d'après un de>sin de .ManUt;na véritablement par les étrusques, les Romains en firent un spectacle nouveau. Les Ludions avaient vaguement représenté à Rome des scènes qu'on pourrait appeler les premières pantomimes, mais l'invention du véritable drame mimé parait due à Fyiade et Bathyle, deux célèbres acteurs qui .se partagèrent l'enthousiasme du public sous le règne d'.\u- giiste. Le premier, né en Cilicie, créa des ballets du genre noble, tendre et pathé- tique; le second, venu d'Alexandrie, composa des cliaurs de danse vifs et légers. Tous deux étaient des esclaves affranchis. Les pantomimes et les archimimes jouissaient d'une telle faveur, que plusieurs turent parasites des dieux. Certains même furent admis au rang des prêtres d'.ApoIlon, dignité recherchée par les citoyens les plus illustres. « Les acteurs pantomimes avaient, dit Buteux, la prétentii" .", Muln o- Ks idées î" /• I />.I.V.V/? ,i TltMt-JiHS LKS ACES. intclIcctuclli-N, comme les temps ^xssH ou fiiturs, des nisonnemcnts. ccc. ; bien que ce fût à l'aide de »!Cstes de convention, ce n'en était pas moins excéder les bornes de l'art. Un Ncul acteur représenta d'abord plusieurs personnages; deux acteurs ont quelquefois suffi |Hiur une pièce, peu compliquée sans doute et plutôt une scène qu'une pièce entière. Par la suite, le nombre des acteurs augmenta et finit par épier celui des personnages. • Nous ne pouvons nous former qu'une idée très imparfaite du degré de perfection auquel atteignit, chez les Romains, l'art de la pantomime. Klle embrassait chez eux tout ce qui concerne la fable, la poésie et l'histoire. Les acteurs traduisaient par des gestes ou des mouvements d'une st)uplesse et d'une précision singulière les sensations les plus subtiles, et les spectateurs entendaient ce langage; il leur parlait même plus vivement que la déclamation. Et ce principe imitatif, ces nuances et cette force d'expression muette firent, de la danse chez les anciens, un grand art. D'ailleurs la danse, privée de cet élément supérieur, n'est plus qu'une suite de pas cadencé-s qui intéres- sent simplement comme un gra- cieux exercice. Ce qui l'élève et i ennoblit, c'est précisément le principe imitatif qui lui est commun avec les au- tres arts. La passion des Romains pour la p.mtomime s'explique comme leur mépris pour la danse quand celle-ci, ayant perdu son caractère élevé, ne se prêtait plus qu'à ^ l'expression de jeux obscènes. Par le mot sallalio, les Romains n'entendaient p.is l'art de sauter, comme on pourrait le croire, mais l'an du geste en général. D'après Varron, ce mot ne venait point du mot latin saillis, mais du nom de l'Arcadien Salins qui enseigna cet art aux Romains. Au dire de Lucien, un prince de Pont, étant venu à la cour de Néron, assista à une représentation au cours de laquelle un panto- mime célèbre imitait en sa danse les travaux DAKSE DE BACCHANTES ET DE SATYRES Va»c BorRhcM. (itfiMrt ju Louirc, J'Hercule. Les gestes du danseur étaient é^ .V i.i:s II \\si:s 1 \ Tii>r/:s. IN I-ICSTIN t IIEZ I.ICII.I.IS D'après le tableau de Unulanjrtr. (.licv Jiilorisjlinii Je M.\t. J. Ilniissn.i, .hjitci cl Ji>y.iitl, c.iil.-p>d(T.i d'une telle expression et irune telle clarté, qu'ils permirent à l'étranger de suivre l'action sans qu'il y eut la moindre hésitation dans son esprit. Il en lut frappé à tel point qu'en prenant congé de l'empereur, il le pria de lui faire présent de ce danseur. Ht comme Xéron était surpris de cette demande qLi'il ne s'expliquait pas, le prince lui exposa qu'il avait en son voisinage un peuple barbare dont personne n'entendait la langue, et que la pantomime traduirait si lidèlemeut par des gestes ses intentions, qu'ils les comprendraient aussitôt. L'épisode est vraisemblable : durant un voyage en Sicile, j'ai pu constater que les Siciliens ont l'habitude de s'entretenir longuement en.semble par des gestes qui échappent au voyageur non prévenu. Cette tradition des Siciliens remonte haut dans l'histoire. Le soupçonneux Hiéron, roi de Syracuse, craignant des conspirations du peuple, avait, prétend-on, défendu tout entretien; ses sujets eurent alors recours aux gestes. Depuis des siècles, les Siciliens sont réputés les meilleurs pantomimes de toute l'Italie : peut-être doivent-ils cette supériorité à l'exercice du langage muet, qui est chez eux de tradition et qu'ils apprennent dès le plus jeune âge. Ln historien de l'antiquité a dit, avec beaucoup d'esprit, que Wiiiu' dmise dans les i, LA DASSE A THAl'EliS LKH AGES. ytux. Il est vrai que les moindres mouvemcnf> ''^ l'l>»c se trjJuLscui dans le regard avec une mobilité extrême. C'est en dansant que Salonid- obtint d'Hérode la tête de saint Jean-Baptiste. « Mlle dansa, dit Haubert, devant son trAne dor, en effeuillant des fleurs, comme aux pieds dune idole. U-s grandes lampes qui brûlaient suspendues à la voûte du palais lais.iient itinceler de mille feux magiques les calcédoines et les perles de ses colliers, les larges anneaux d'or incrustt-s de pierreries qui cerclaient ses bras et ses poignets, les voiles noirs lami-s d'or et les étoffes légères et chatoyantes qui flottaient au-dessus de ses pieds chaussés de petites pantoufles en duvet de colibri. » Elle dansa « comme les prétresses des Indes, comme les Nubiennes des cataractes, comme les bacchantes de Lydie, pareille à une fleur que la tempête agite. U-s brillants de ses oreilles sautaient; de ses bras, de ses pieds, de ses vêtements jaillissaient d'invi- sibles étincelles. » Hérode, enthousiasmé, lui offrait en récompense jusqu'à la moitié de son royaume : elle ne voulut avoir que la tête de Jean, qu'il dut accorder malgré lui. Les Romains, en général, ne s'adonnaient p.is eux-mêmes à la danse, mais ils aimaient passionnément voir danser. Pendant longtemps, chez eux comme en Grèce, seuls les hommes eurent le droit de se montrer sur la scène : des jeunes gens jouaient des rôles féminins. Plus tard, les femmes, qui n'étaient même point admises chez les Grecs à jouer la tragédie ni la comédie, prirent à Rome place sur la scène à l'occasion des pantomimes. On cite .•\rbuscula, Thymèle, Licilia, Denise, Cythéris et Valeria, Cloppia parmi les plus connues. Nous avons dit que la danse théâtrale avait alors atteint à Rome une perfection inouïe. La cité dégénérée se passionnait tout entière pour deux danseurs rivaux : Pylade et Bathylle. Les plus graves questions d'État étaient négligées pour eux; non contents d'avoir affolé les dames romaines, ils gouvernaient les sénateurs et les chevaliers. Rome n'était plus dans Rome là où n'étaient plus Pylade et Bathylle. Leurs intrigues mettaient la république en émoi, comme devaient le faire plus tard les factions des Verts et des Bleus, à propos des jeux du cirque et des courses de chevaux. « Les démêlés de Pylade et de Bathylle occupaient les Romains autant que les affaires les plus importantes de l'État, dit de Laulnaye. Ils étaient tous ou Bathylliens ou Pyladiens. En parcourant l'histoire des troubles qu'excitèrent ces deux histrions, on croit lire celle de ce peuple léger dont les querelles sur la musique ont été si longues, si opiniâtres, et surtout tellement vides de sens, qu'on ignorait encore sur quels pomts roulait la dispute, lorsque le philosophe de Genève écrivit cette fameuse lettre à laquelle /, F. .ur Fylade sur ses rixes continuelles avec Bathylle : « César, lui dit le saltateur, il est de ton intérêt que le peuple s'amuse de nos querelles; elles l'empéclient de prendre garde à tes actions! » Réponse hardie sans doute, mais qui prouve combien les disputes des pantomimes occupaient les Romains. Nous voyons même qu'ils furent sur le point de se révolter lorsque Auguste exila Pylade, et que le maitre du monde, jhhu- les apaiser, fut contraint de rappeler cet histrion. « Les auteurs anciens nous donnent différentes raisons de la disgrâce de Fylade. Dion Cassius l'attribue aux intrigues de Ra- thyllc, Macrobe aux disputes d'Hy- las et de Pylade, Suétone à l'ef- fronterie de ce dernier qui montra du doigt un des spectateurs qui l'avait sifflé. Rien n'est sans doute moins intéressant qu'une pareille discussion. Au surplus, la hardiesse de Pylade, si le fait rapporté par Suétone est vrai, n'aura plus rien d'étonnant, lorsqu'on saura qiie, représentant un jour Hercule fu- rieux, il tira des flèches sur les spectateurs. Répétant cette scène en présence d'.\uguste, il se per- mit la même licence, et l'empereur n'en témoigna aucun ressenti- ment, tant il possédait l'art de la dissimulation. Une autre fois, Pylade jouait le même rôle en public, quelques spectateurs (c'étaient sans doute des partisans de Bathylle) trouvèrent ses gestes outrés. Piqué de cette critique mal fondée, il ota son masque et leur cria : « Fous, c'est un furieux que je représente! » Au cours d'une représentation théâtrale, Hylas tenait le rôle d'Œdipe. .\\\ moment où il venait de se crever lui-même les yeux, son rival Pylade, qui assistait à la représen- tation, lui cria : « Tu vois encore! » Hylas avait imparfoitement rendu la démarche incer- taine et pleine d'appréhension qui caractérise les mouvements des aveugles. I.KS l'I.AlSIHS W. l.A DANSE I) après uiiL- gravure aiiu'laisu ilu commcnccmcnl ilii siiiclo. I V.STi .1 TttWKRS LES AGES. ■1 r:*. I '} b'aprcs 11 KTfllKS DE tUNSEl'RS liali»ta Franco. Musft Ju {.outre.) (.X m^inc Hylas fut battu tic verges, dit Sué- tone, sur ta plainte du pK-- iir. Ce rude chiktiment c au fameux mime a lieu de surprendre, et aucun auteur ne donne la raison de cette dérogation aux ri:gles établies. En ef- fet, Auguste, entre autres privili'ges accordés aux pan- tomimes, leur avait donné celui de n'être placé sous la juridiction d'aucun ma- gistrat et avait décidé qu'ils seraient soustraits au supplice des verges'. Est-ce à cette décadence -qu'il faut attribuer le mépris des Romains pour la danse? Cicéron dit : • Nul homme sobre ne danse, à moins d'être fou ». Il reproche au consul Gabinus d'avoir dansé. Horace reproche aussi la danse aux Romains comme une infamie. Salluste, s'adressant avec aigreur à une dame, écrit qu'elle a dansé avec beau- coup plus d'art qu'il ne convient à une honnête femme. Li danse s'était donc profon- dément pervertie. Les mimographes étaient si corrompus, d'après Valère Maxime, que les Massiliens ne voulurent point leur ouvrir un théâtre, de peur de voir corrompre leurs mœurs par le spectacle de leurs obscénités. Ln dépravation avait atteint un tel degré, que Domitien chassa du sénat des Pères conscrits qui s'étaient déshonorés en dansant. Tibère, Néron, Ciligula avaient proscrit les baladins, mais pour les rappeler ensuite. Trajan montra plus d'énergie, et pendant plusieurs années il y eut quelque apaisement. Mais les mimes retrouvaient d'ardents appuis auprès des succe.sseurs de Trajan. Constantin, qui avait chassé les philosophes de I . <• Oct.ivc, dit de Laulnayc, punit du nicnic supplice Stiphanio, auteur ou acteur de ces sortes di c Ici Romains apfcl.iicnt .' ircc que les acteurs y étaient revêtus de la toge. La vie dt - ■' otlre une p.irticularité rei; _ . c'est qu'il dansa .i deux repriso dilîérentes aux célébra- tions des jeux Séculaires. Quoique ces jeux, ainsi que leur nom l'indique, ne dussent avoir lieu que tous il. . et que la formule du crieur public fut d'.mnoncer des solennitc-s qu'aucun homme existant Il ni ne verrait jamais, néanmoins l'empereur, qui se moquait des lois et des institutions, voulut célébrer les jeux Séculaires longtemps a\-ant que le siècle fût révolu depuis ceux d'Auguste, et Stéphanio, qui avait dansé dans ces dentiers, figura encorv dans ceux de Claude. •> /. /; .'V n.\ v .S' fi s .1 V Tinr /•: .s. r,,^ Rome, y conscrv.i trois iiiillc danseurs. CY-t.iit l.i décadence, les mœurs romaines étaienc protondément altérées, la tîn de l'empire approciiait. Fn dehors des danses licencieuses du théâtre et des jours de fête, les Romains, tou- jours à l'exemple des Grecs, appelaient des chœurs de musiciens et des danseurs pour cj;ayer leurs festins. Les uns .se montraient détruises en nymphes, d'autres en néréides, d'autres enfin entièrement nus. Durant assez loni^temps, les GaJilaiics, célèbres saltatrices de Cadix, passionnèrent l.i vieille Rome. La danse des Gaditanes était si brillante, si ardente même, i]ue les poètes ETUDES DE DANSELRS D .ipri-s un dessin à l.i sanf;uinc de Batisla Franco. (Musée Jii l.nuvrc.) déclaraient qu'aucune expression ne pouvait rendre l'étrange charme dont elles enve- loppaient les spectateurs. Un grand nombre d'auteurs anciens en ont fait mention. Martial, qui était Espa- gnol, les a célébrées dans ses épigrammes. Pline le Jeune en parle dans une lettre à Septicius Clarus; Pétrone, Silias Italicus, Appien, Strabon et nombre d'autres ont signalé le côté séducteur et troublant des danses esp.agnoles de leur temps. Un auteur allemand, parlant des danses de l'antique Gadès, a dit qu'elles étaient cnsliihuflai espagnoles sont, ù quelque différence prés, les crotalia des anciens. Les castagnettes comme les crotalia .se composent de deux parties creuses qui, frappées les unes contre les autres, produisent un bruit sec; leurs formes et leurs dimensions sont les mêmes aujourd'hui qu'autrefois. Leur composition seule différait, c.ir les crotalia étaient quelquefois en bronze. IDYLIX U'Après un tableau Je .Mme Dcmonl-Brcton. ^.^ LA DWSi; l> AlMil.l.ON r.T l)i;s Ni;i !•■ .MISliS D'après une fresque do Jules Romain. CHAPITRE 11 LA DANSE AU MOYEN AGE LES DANSKS RELIGIEUSI^. — LES DAXSES EN ESPAGNE ET DANS LI-; MIDI DE LA 1 KANCE. LES ORIGINELS Dl- LA DANSE I RANÇAISE. LE COMME.N- CEMENÏ DES MASCARADllS ICT LI"^ PREMIERS BALLETS. LA suite du s.ic de Ivonic pnr Totil.i, la danse avait presque if/ m. A LA suite dii sac de Konie par ■^^ disparu. Cependant, dans la ,y sparu. L.epenilant, dans la Gaule devenue romaine, on dansait encore, malgré la défaveur que les baladins, errants daiLs les Gaules comme parmi les autres provinces de l'empire, avaient jetée sur leur ait. On dansait chez les l'rancs et chez les Goths. Le culte chrétien avait encourage d'abord les danses primitives, il se les était même appropriées. Les chrétiens célé- ^r J^ braient les Mystères dans les églises par des hymnes et des danses, ainsi que les Juifs avaient jadis coutume de le faire; ils dansaient dans les cimetières pour honorer les morts; peut- être même, les danses étaient-elles un souvenir sacré du culte d'autrefois. « L'office divin, dit le père Ménestrier, jésuite qui a écrit en l(j.'i.i un ouvrage des plus intéressants sur la danse, était composé de psaumes, I)ANSE ANTigl i; D'après une statuette moderne imitée des statuettes de Tanafjra. >. LA /i.l.VAC A. rHAyKHS LH.S AdlJs J'Iiymitn et Je antiques, pjrce que l'on récitait, l'un clunuit et l'on danviit les louanges de Dieu, comme un en liviit les oracles dans ces extraits du vieux et du nouveau Testa- ment que nous nommons encore aujourd'hui du nom de • leçons ». Le lieu où l'on n-ndjit .\ Dieu ce» hommages en eut le nom de « chu-ur », comme ces parties de la comédie et de la tragédie où l'un juignait la danse au chant pour en faia- les inter- ntèdes. Les prélats en furent nommés, en langue latine, pr^suks a pnrsilifnJo parce qu'ils faisaient dans le chœur à l'é-gard des louanges de Dieu ce que faisait dans les jeux publics celui qui commençait la danse et que les Grecs nunmiaient druragos. » Scaliger vient corroborer cette assenion. D'après lui, les premiers évéques furent nommés prttsults parce qu'ils menaient la danse dans les solennités; de même, le pre- mier des prêtres Saliens institut-s ;\ Rome par Numa avait porté le titre de pr,rsul. Li danse était tellement admise par les Pères de l'iiglise, que saint Gré-jJiuia- de Nazian/e reprochait seulement à l'empereur Julien le mauvais usage qu'il en faisait. «< Si tu te plais ù danser, lui disait-il, si ton penchant t'entraîne dans ces fêtes que tu parais aimer avec fureur, danse tant que tu voudras, j'y consens; mais pourquoi renouveler à nos yeux les danses dissolues de la barbare Hérodiadc et des païens! Exécute plutôt les danses du roi David devant l'arche; danse pour honorer Dieu. Ces exercices de paix et de piété sont dignes d'un empereur et d'un chrétien. » Le père Ménestrier nous rappelle que Platon considérait la danse comme un remède très cfficice, de même espèce que celui dont on se sert pour guérir ceux que les taren- tules ont mordu. « Cir, dit-il, comme pour faire sortir le venin qui s'est glissé dans leurs veines, on leur chante certains airs propres à échauffer le sang et à ouvrir les pores pour pousser dehors ce poison, la danse sert .i modérer quatre passions dangereuses : la crainte, la mélancholie, la colère et la joye; la crainte, la mélancholie, en .— --^ ^ . .- , , rendant le corps leste, souple, léger et plus traitable; ç^ . I '- ■' ' / et les deux autres passions, en adoucissant leurs saillies par des mouvements plus r^lé-s. Mais, si la danse est un remède ù l'égard de ces passions, elle est naturelle à la joye, qui est elle-même une danse et une agitation douce et agréable qui se fait par l'effusion des esprits, lesquels se répandent du cœur L LT DE LA MuHT abondamment par tout le corps. C'est le raisonne- , f cr? . \ t.: I.A fi\ v.v. : ,inc k'ravurc .ancienne i r>i ,r.u.i:thiue nationale}. "l^IU de Flaton. » I.A .MORT Kl l.l; ( IILVAl.ll.K Danse macabre klaprcs une fresque de lètrlise Salnl-Jean de Bùle). AI /».! \.s7: .1 r MoViiS ir;/:. \'t'stris nous dit .uissi que, dans ses ccrcnionùs religieuses, le christianisme aval; suivi la tradition antique (biblique et païenne et qu'à l'origine, d'après tous les témoignages, la danse sacrée était admise par l'hglise ave^ faveur. Elle devait alors .se confondre avec l.i danse profane, car elle était exécutée par des laïcs et par des clercs. Elle avait lieu à certain- jours, ;\ certains moments des ottices : par exemple, on formait des rondes en ciiantant l'hymne O filii. .\I. Emmanuel, dans son ouvrage s. savant sur la danse grecque que nous avons déj.\ cité dans le chapitre précédent, rappelle que « si le Guide et Pomeranciie ont peint des hallcts d'auges, c'est que saint Basile, dans son é]iitre à Grégoire, dit que la danse est leur unique occupation dans le ciel et qualifie de bieniieuieux celui qui pourra les imiter sur la terre'. C'est dans cet e.sprit, ajoute-t-il, que les commentateurs di.sent que les apôtres et les martyrs sont les soldats vainqueurs qui ihiiisciil après le combat. » L;i plupart des danses religieuses se sont éteintes, quelques-unes se sont perpétuées jusqu'à nos jours. Un des actes des plus récents conciles de Xarbonne témoigne que l'usage de danser dans les églises et dans les cimetières, à certaines fêtes, existait encore en Lmguedoc à la fin du xvi' siècle. .\u xvii" siècle, le peuple et le clergé dansaient encore, à Limoges, dans l'église de Saint-Léonard, le jour de la fête de saint Martial, en chantant : 5w/j Miirtiaou, prtgas per nous et nous ébiiigareii pcr Iwiis. Mahomet, imitant les pratiques des chrétiens, créa une secte de danseurs, les der- .viches, qui tournaient sur eux-mêmes avec une vitesse extrême et allaient ainsi jusqu'à s'évanouir, en l'honneur de leur fondateur Menelaûs. Celui-ci aurait, parait-il, dansé sans discontinuer durant quarante jours et en aurait été récompensé par une divine extase. I. II Saint Basile nous exhorte à laire, à l'cxcniplc des anges, des danses sacrées sur terre. QiiUI itaqiic heatius esse poUril qiiam in terra Iripiidhim Angelonim imitari? {Epist. l aJ Gregor.) Il s'est aussi trouve des philosophes qui ont cru que ces intelligences n'avaient point d'autre manière de se parler que par des signes et des mouvements concertez en forme de danse. Après quoi, il n'y a pas lieu de s'étonner que Virgile fasse danser les mânes et les esprits dans les champs Élyséens au sixième livre de VÉiieiJe. » (Le PÈRE Mênestrier.) l..\ DASSti A TU.WICHS Lies .\(U:s La iui»ancc de cette secte de djiiMrurs, du reste, ne constitue pas un fait isolé. Au commencement de ce sii h o l'impératrice du Ciel, mère du Verbe éternel, etc., etc.... C'est à son profit et pour « r.iut'iiiciu.itioti dt son culte que les comédiens de cette ville joueront ce soir une LU l'OKTKI.ANCl;, l.t FUI ET LA MOllT baprc» une gravure Je la • DanM: macabre •, publiées Paris ca \4Ff3. /..i i>\ v.v/-: !/■ \ioy/:\ Ac/i. -^ v^&'r-^ ANGES DANSANT K'aprcs Donalcllo. — Fraffment d'une frise en marbre, ((jj/crif Jfs 0/Jhes à Florence. « très plaisante comcdic intitulée le Lcgalnirc universel Le célèbre Romano dansera le Fandango, et la salle sera brillamment éclairée avec des aranas (lustres). » Le baron Davillier nous parle aussi des villancicos, qui sont des poésies populaires destinées à accompagner les danses religieuses et sont très anciennes en Espagne. Un poète de la fin du xv' siècle, Lucas Fernande/, a publié un recueil de Villancicos para se salir canlando v vailando « pour aller chantant et dansant », dans lesquels le Christ, la Vierge et les anges jouent le rôle principal. On ciiante encore aujourd'hui des villancicos sur des airs de segnidillas. Certains d'entre eux, les villancicos de Natividad, se cliantent pendant la nuit de Noël dans presque toute l'Espagne; on les accompagne dune chorégraphie peu orthodoxe et les refrains mêlent le Rédempteur et la Mère des anges au liirron et au vin de Manzanilla. Les seises, enfants de chœur de la cathédrale de Séville, ont conservé la tradition des anciennes represcntacioncs et dan:^as qui accompagnaient, au moyen âge, les processions de la Fête-Dieu dans toute l'Espagne, et cette danse des seises fut autorisée en 1439 par une bulle du pape Eugène W. On raconte que don Jayme de Palafox, archevêque de Séville, tenta de les supprimer dans son diocèse. Mais le chapitre fréta un navire, et les seises, sous la conduite du maestro de capilla, s'embarquèrent pour Rome et prouvèrent au pape que leurs costumes et leurs danses ne pouvaient qu'ajouter de l'éclat aux cérémonies religieuses. n Les seises, dit le baron Davillier, appartiennent ordinairement à des familles d'ouvriers ou d'artisans : pour être admis, ils doivent avoir moins de dix ans. Il est facile de les reconnaître dans les rues de Séville, à leur bonnet rouge et à leur manteau de même couleur orné d'une espèce de rabat bleu; le reste de leur costume se compose / 1 /' 1 \SI, .1 y/il I /./is LES AGES. IiAS-ltEI-lEF EN .MAUIim Par Luca Jella Rohhia, cxcculc pour liirtmc de Sanla .Maria Jcl l'iorc. tMu.i^ .Us O/flces à Florence.) de has noirs et de souliers ik bouf- fettes, ornés de boutons de nictal. I.C costume de cérémonie des seiscs est encore exactement celui qu'ils ponaient au xvi' sii-cle : le cliapeau, de fomie légcrcnient conique, a le bord relevé d'un coté et retenu par un nœud de velours blanc d'où part une touffe de plumes bleues et blanches. Le justaucorjw, en soie de même couleur, est serré à la taille par une ceinture et surmonté d'une éciiarpe nouée sur le coté; un petit manteau, attaché aux épau- les, tombe gracieusement jusqu'à mi -jambes. Mais la partie du costume qui nous parut surtout caractéristique est la golilla, espèce de fraise de guipure empesée et tuyautée qui entoure le cou. Des manchettes de dentelle, un haut-de-chausse ou ctifyitdllo à crevés, des bas de soie bleue et des souliers blancs ornés de boufkttes complètent le costume dont Doré lit un croquis lorsque nous les vîmes dans la cathédrale de Séville, le jour de l'octave de la Conception. Li danse des seiscs n'attire pas moins de curieux à Séville que les cérémonies de la semaine sainte, et l'immense cathédrale est trop étroite les jours où ils doivent figurer dans une finicioii. » .■\ .\laro, petite ville des Baléares, deux fêtes religieuses accompagnées de danses subsistent encore. Les renseignements suivants m'ont été communiqués à ce sujet prr S. A. l'archiduc Salvator. L'une de ces fêtes a lieu le i5 août, jour de l'Assomption, l'autre le i l'.ir Beato .Vngelico, Ir3<,'mi:nt Je la fresque du Juifement Jernicr. (AcjJ,;mk .Us B^'aiix-Arls, Florence.) seconde (été, les cosiers, au son de leur musique, exécutent après le salut quelques dan.ses devant le maître autel. Ils se rendent ensuite sur la place publique du villat^e où un bal champêtre est organisé. Ces processions, véritables ballets ambulatoires, suivaient les traditions du paga- nisme. Appien, dans sa description des fêtes païennes, en attribue l'inventit)!! aux peuples tyrrhéniens. Il raconte que les jeunes gens qui formaient le cortège de ces pompes tyrrliéniques entouraient leur tête de guirlandes d'or et dansaient avec précision et méthode. Martial prétend que ces ballets ambulatoires, nés en Italie, passèrent ensuite en Espagne où ils se sont perpétués jusqu'à nos jours. Les Portugais ont pratiqué avec passion ce genre de ballet. Longtemps leurs ballets 6 43 l..\ /» < \ ^ ' ' ' '• ' > I '■•■ ' /.-.s .u;/;.v. jiubuLiiuirc» ont suivi les ruti> «!«.!> ^ilic^ et uni Jcruulc leurs anneaux iljiis le» cdin- pjpK-s, ^ l'occasion des fêtes des saints ou de solennités religieuses. l'.n lOio, pour la canonisation de saint Charles Rorrom^:, ils organiscreni un ballet ambulatoire demeuré célèbre. Un navire, venant du lar{^' et portant une statue de s;iint Charles, s'avança vers Lisbonne, comme s'il venait prendre |H»ssession de b terre de Portu^^al; tous les bateaux qui se trouvaient dans le port vinrent à sa rencontre. S.iint Antoine de l'adoue et saint Vincent, patrons de la ville, reçurent le bienheureux au bruit des décharges de l'artillerie des forts et des vaisseaux. Au débarquement, saint Charles lîorromée fut accueilli par le clergé qu'accompagnait une procession dont faisaient partie quatre énormes chars; le premier représentait la Renommée, le second la Ville de Milan, le troisième le Portugal et le dernier figurait l'Église. Chaque corps religieux et chaque confrérie admis à la procession portait son saint sur des brancards richement ornés; la statue de s;jiiu Charles Borromée était enrichie de pierreries d'une énorme valeur et chaque saint était paré des plus précieux objets. On estime à quatre millions les richesses qui décoraient, ce jour-là, les saintes images. Entre chacun des chars, des bandes de danseurs exécutaient des scènes diverses. En Portugal, à cette époque, les processions et les fêtes sacrées auraient été incomplètes si elles ne s'étaient .iccompagnées de danses en signe de joie'. Pour donner de l'éclat à ces solennités, de grands mâts dorc*s, orné-s de couronnes et de bannières aux vives couleurs, se dressaient à l'entrée des églises et sur le parcours de la procession chorégraphique, indiquant ainsi les endroits où le cortège devait s'arrêter pour permettre aux danseurs d'exécuter leurs principales scènes de ballet. On voyait aussi de ces cérémonies dans le midi de la France. En 1462, René de Provence, le bon roi, organisa, la veille de l.i Fête-Dieu, une procession, /<>« Giu', véritable ballet ambulatoire qu'accompagnaient des scènes allégoriques, des combats figurés et des danses. Ces scènes allégoriques étaient appelées alors mtieiuels : nous en avons fiit les « intermèdes » ; ils avaient été créés pour occuper les convives des festins dans l'intervalle des services'. Le bon roi, en son ballet ambulatoire, avait mêlé le sacré au profane. Une 1. a Ne dia fasiidio a nostri d'Italia, massinic à Komani, il sentirc chc ncllc procession! de santi, e di tania divotione conio fù questa, si mescolassero c balli c darue, perche in Portogallo non parebbc loro, inassinie a popolari, fossero procession! nobil! c gravi senu siriiigliant! attion! di giubilo c d'allegrezza. » (.MONSIGNOR .\CC0R0MB0K1.) 2. « Mathieu de Coucy parle d'une procession que les ambassadeurs de Bourgogne virent à Milan en I4.S«>, et qui se termina par des speaacles d'hommes et de femmes, comme des gens d'amies, faisant arma pour l'amour des dames. La proce-ssion à'W-s. et le rôle principal que le Prince d'amour y jouait sont une imitation de ces fêtes guerrières, galantes et religieuses. » (Castil-Blaze.) LA i>.\\sr. .\r Mo) EX Acn:. llANSr. DUS FOIS D.iprcs un manuscrit ik' la BiWiolhcquc BoJlcicnnc. Rcnommcc, montée sur un clicv.il .lilc, ouvrait la marche en sonnant de la trompette; des chevaliers, armés de lances, la suivaient; puis venaient, montés sur des ânes, le duc et la duchesse d'Urhin. Pendant trois siècles, cette figure satirique du duc monté sur un àne a suivi le ballet de la Fête-Dieu. Li mythologie était aussi de la fête : on y voyait Mars et Minerve, Pan et Syrinx, Pluton et Proserpine; d'autres divinités encore, avec une suite de faunes, de dryades, de tritons dansant au son des tambourins, des fifres et des crotales, précédant le char de l'Olympe où trônaient Jupiter, junou, Vénus et l'Amour. Les trois Parques grimaçantes fermaient le cortège. Cette marche des dieux du paganisme était sillonnée de diables cornus harcelant le roi Hérodc, de démons poursuivant une àme sur laquelle veillait l'ange gardien; puis les Juifs dansaient une ronde autour du veau d'or, la reine de Saba passait en brillant cortège, les Mages suivaient une étoile qui .se balançait au bout d'une longue perche. Venaient ensuite le massacre des Innocents, Jésus portant sa croix, entouré de ses apôtres; saint Luc allait coiffé d'un frontal de bœuf, d'autres grattaient sans répit l'épiderme squameux d'un lépreux. C'étaient enfin des danseurs, des bâtonniers, des troupes régulières et la Mort hideu.se chas- sant avec une faux gigantesque cette foule d'êtres divins ou infernaux, de rois, de héros et de saints. « Le roi René, dit Castil-Blaze, avait composé ce ballet religieux dans tous .ses détails : la mise en scène, les airs de danse, les marches, tout était de sa composition, et cette musique a toujours été fidèlement conservée et exécutée. L'air dou Gué est bizarre dans sa modulation; le menuet de la « Reine de Saba », la marche du « Prince d'amour », .sur laquelle on a chanté tant de noëls, et principalement la ve'k dé Noué, sont pleins d'originalité. Mais l'air des « Luttes » est le chef-d'œuvre musical du bon roi René, s'il e.st vrai qu'il en soit l'auteur, ainsi que la tradition nous l'affirme. Cet air classique a des formes élégantes, une mélodie gracieuse; les ménétriers provençaux le A4 i. \ it.wsE A TH.\ vnns lrs aces. K^.„\,„t li ■'.. llll'MillU» ,1 ,l|fiMalll-t\' \»1IH» iVll llIvilItllJtlIK font r>i l>l>t.ll(\IIU-\CHW jjucnt sur le t;.ili)uKt avec raccompa}:ntnunt rythmique du umbourin, en faisant le (uur de l'arèiK* où les lutteurs doivent se disputer le prix. > LiK repréientation extraordinaire des fôtes institu^-cs i Aix par le bon roi Weni en \\hz fut reprise au comnienccnient de notre siècle, en i8r»5, en l'honneur de la princesse Pauline Borjîhèse. <• Ias parures les plus riches et les plus i-légantes étaient r6icr\-6cs pour ces jours de fôte solennelle, dit en- core Castil-Blazc. Grs ajus- tements pouvaient être pré- parés d'avance. Il n'en était pas de même des jwufs, des chignons, des frisures que Us dames faisaient élever sur leurs tètes, avant l'ère républicaine. Des lésions poudreuses de perruquiers SL- rendaient à Aix. Leur talent et leur dextérité ne seraient pas venus à bout de la besogne, s'ils ne l'avaient pas commencée avant la fête. Une infinité de dames coiffées avec le plus brillant appareil, fri- sées, graissées et poudrées, la tète couverte de fleurs, de plumes et de pompons, se résignaient ù passer plu- sieurs nuits, les coudes ap- puyés sur une table et la tète dans leurs mains, pour ne pas déranger le galant édifice. Il lallait paraître avec éclat pour obtenir un bouquet du Prince d'amour. Les modes ridicules de l'époque étaient soumises à une épreuve qui les frappait souvent de répro- bation. Li diablesse, représentée par un homme de six pieds, s'en affublait, pour jouer son rôle, et coiffée à la mode du jour, qu'elle exagérait de la manière la plus grotesque. » Cependant, en France, conmie chez les Grecs et chez les Romains, les danses DANSL DLS \ l.M).\.\titS D'âpre» un recueil c religieuses, comme toutes les d.inses, avaient dégénéré. l-ii .""^4, le roi CiiilJebert les proscrivait toutes de ses Ht.its, et, en 743, une ordonnance du jvipe Zacliarie abolissait les danses halado'tres\ Odon, évéque de Paris au xu' siècle, proscrivait aussi les danses dans les églises, aux processions, et principalement les danses funéraires qu'on taisait, la nuit, dans les cimetières, lîeaucoup plus tard, le .^ .septembre i'i<'7, nous trouvons un arrêt du Parle- ment de Paris interdisant les danses sacrées en général : danses publiques du premier janvier, du premier mai, les danses des brandons, du premier dimanclie de carême et celles qui se faisaient autour des feux de la Saint-Jean. , Le clergé, pour lequel la permission de danser qu'il accordait contre espèces était une source de revenus, ne voyait pas d'un bon 73, sous le règne de Charles \ , une maladie inconnue tondit sur la Irance et sur la Flandre, pour punir le peuple des abus et des mél'aits qui signalaient les dan.ses sacrées, disent les vieux historiens. Une foule de gens turent pris de la frénésie de I . « L'abus que l'on lit avec le temps de ces danses sacrées, qui étaient devenues libres et dissolues, les tit abolir, comme on abolit les agapes, ou festins de charité, et les baisers de paix que les fidèles se donnaient dans l'église les uns aux autres. C'est pour la même raison que plusieurs églises ont quitté la musique et les instruments, et plusieurs prélats ont défendu .sagement, les trois derniers jours de la semaine sainte, de chanter avec appareil les Lamentations de Jérémie, pour empêcher les désordres qui se commet- taient en des jours si saints, par le grand nombre de personnes que la symphonie et les belles voix y attirent, plutôt que la piété. « J'ay vu encore en quelques églises, le jour de Piques, les chanoines prendre par la main les enfants de chœur et, en chantant des Hvmnes de réjouissance, d.inser dans l'église; pour ne rien dire des coutumes scandaleuses, que la simplicité avait introduites il y a deux ou trois siècles, et que le libertinage avait telle- ment corrompues, qu'il a fallu des lois sévères pour les abolir, et autant de zcle et d'application que la plupart de nos prélats en ont eu pour bannir de leurs diocèses ces abus dangereux. « Nous ne faisons plus des actes de religion des danses, comme ont fait les Juifs et les Infidèles nous nous contentons d'en faire des divertissements honnêtes pour former le corps à des actions nobles et de bienséance. Kous en faisons des réjouissances publiques.... » (LliPÉRE Ménestrier.) AMOI H« llASSAST D'aprc» I' H |j tlan i ranges nuUJcs quittdicm leurs vctcnu-nts, se cuuroniidiciu de fleun ci, se tenant par U nuin, albient par les rues et les ^tisvs en chan- tant et en dansant. Plusieurs, à force de tournoyer, étaient hors d'haleine et tombaient. « ILs s'cn- tLiient si fort par cette agitation, dit Mé/eray, qu'ils eussent crevé sur la place si l'on n'eût pris soin de leur serrer le ventre avec de bonnes bandes. » lit, chose singu- lière, à force de regarder pxsser le tourbillon des danseurs, on était pris de la même fréné-sie et l'on se joignait aux bandi-s folles. Cette terrible maladie prit le nom de danse de sainî Jean. Certains mal.ides durent leur guérison aux cxorcismes. Mézeray ajoute : « Cette punition a bien anéanti en France les danses qui se faisaient, les dimanches et fêtes, devant les églises. » Et déjà, dans l'antiquité, un fait analogue s'était produit. Lucien rapporte que les habitants d'une ville grecque furent pris d'une sorte de fréné-sie après une repré-sentation de V Andromède d'Euripide. On les vit tout enfiévrés, pâles et décharnés, courir les rues .\ demi nus en déclamant, avec d'effroyables contorsions, des passages de la pièce. Des alignements de nez avaient déj;\ soulagé ceux qui étaient atteints de cette maladie, quand elle disparut avec la traicheur de l'hiver. Durant le moyen âge, si la pantomime et le ballet n'existaient plus, la danse fut toujours en honneur. Il est certain qu'elle ne cessa jamais de faire partie des divertisse- ments populaires : on dansait (les trè-s nombreuses interdictions de ce genre de divenis- sement par les conciles nous l'apprennent) aux fêtes patronales et aux veillées des grandes fêtes de l'Eglise. Li danse, d'abord dédaignée par les hommes, sans doute comme un amusement indigne d'eux, était, dans les premiers temps, réser\ée exclusive- ment aux femmes : c'est ce qui explique que les plus anciennes chansons de danse aient été composées par des femmes et mettent surtout en scène des personnages féminins. Les honmies se bornaient à y assister et à les regarder avec un intérêt dont témoignent un grand nombre de poèmes ou romans : c Au pied d'un château qu'on appelle Beau- LA n.wsn .1 r movex Acr:. 40 cl.iir, ilit une chanson du xn'" siècle, en peu de temps fut organisé un grand bal : les damoiselles y vont pour carolcr, les chevaliers pour regarder. >> Bientôt la haute société emprunta au peuple ce divertissement. Mais ce n'est guère avant le commencement du \ni" siècle, époque où s'adoucit la rigidité des anciennes mivurs, que les deux sexes y participèrent simultanément. Dames et chevaliers se pre- naient par la main et formaient des rondes soit fermées, soit ouvertes (voyez plus haut le tableau de Fra Angelico, qui représente une véritable/v//v7H/('). ,\ défaut d'instruments, la danse était réglée .soit par des battements de mains, soit surtout par des chansons, dont les couplets étaient chantés par un soliste et le refrain repris en ciiaur'. C'est la fameuse Caroh-, tant de fois décrite dans les poèmes ou romans du moyen .'ige, et qui était alors un des divertissements les plus goûtés dans les tètes ou réunions mondaines. L'auteur de Fltitnciiiii, poème provençal du xiu" siècle, raconte que « la Jeunesse et la Joie ouvraient le bal avec leur cousine la Prouesse; la L.'icheté, confu.se, allait d'elle- même se cacher >>. Paul Lacroix signale un passage du roman de Pcrccjoicl où il est dit qu'à la suite d'un repas, pendant qu'on enlevait les tables, tout se prépare pour le bal : les chevaliers ne changent rien .1 leur accoutrement, mais les dames vont faire de nou- velles toilettes. « Alors, suivant le vieux conteur, les jeunes chevaliers et les pucelles .':e prindrent (se prirent) à jouer de leurs instruments pour mener la danse ou la carole. De l.'i l'an- tique proverbe gaulois, ajoute- t-il : « Après la panse vient la « danse. » 1 . 1.0 prcJicitLur J.icqucs de Vitr\' fait bien comprendre, par une comparaison plus originale que délicate, conitneiu les choses se passaient : par- iant des femmes qui conduisent les . danses ou les règlent par des chansons, il nous dit qu'elles portaient au cou la clochette du diable, qui les suit des yeux : « C'est ainsi que, dans un trou- peau, la vache qui porte au cou une clochette renseigne le berger sur l'en- droit où .se trouvent ses compagnes. » Ailleurs il compare les gens qui chan- tent des chansons de danse au chapelain qui chante le verset et aux clercs qui lui répondent. LE_U.\L DES ARDENTS rj'apriis une miniature des chroniques manuscrites de Froissarl. (BiHiolhéque de l'Arsenal.) Si, I.A l> < ^^ ' i TU \ r/W.V LES AGKS. Hicntôt un accompagncincm musical, quoique toujoun assez maigre, remplaça les cluim)ns. C'cM néanmoins de ces danses aux cliansonii que devaient sortir les ballets ou mascaradi-s. Les chansons, en effet, mettant en scène des personnages (la reine de mai, le jaloux, etc.), il it->'t naturel que ces perstinnages, d'abord simplement mentionnf-s dans le texte, fussent ensuite repr^wntfc par les danseurs. Il n'y a donc pas de solution de continuité entre les modestes Caroles du xiii* siècle, encore toutes voisines .'■ !• ^r origine populaire, et les somptueuses mascarades du xv* et du xvi'. Le moyen .^ge, dit M. Paul Lacroix, est la belle cptKjuc des danses, surtout en l'rance. Ce ne sont que fêtes dansantes, et l'on croirait, en lisant les vieux poètes et les vieux romanciers, que les Français n'avaient rien de mieux à faire que de danser à toute heure du jour et de la nuit. Voici la raison bien réaliste et peu poétique qu'en donne Tabt)urot : « Les danses sont pratiquées pour cognoitrc si les amoure-ux sont sains et " dispos : à la fin desquelles il leur est permis d'embrasser leurs maîtresses, afin que « respectivement ils puissent sentir et odorer l'un et l'autre, s'ib ont l'haleine souefve >• (agréable), de façon que de cet endroit, oultre plusieurs commodités qui réussissent « de la danse, elle se trouve nécessaire pour bien ordonner une société. » Les personnages des ballets et mascarades de la fin du moyen âge, dit .NL Desrat dans le Dictionnaire de la danse, jouissaient d'une telle liberté d'allures que nous ne pouvons aujourd'hui la comprendre ni l'expliquer. Cette liberté illimitée leur donnait accès dans tous les bals privés, sans y avoir été invités; ils pouvaient d.inser avec qui que ce fut, sans la moindre obser\ation du maître de céans. Dames ou demoiselles ne refusaient jamais leurs invitations. On connaît les bals dans lesquels Charles M eut des accès si tmgiques, et l'on n'a pas oublié les facéties comiques Je Henri l\. Un autre divertissement en vogue alors était une composition régulière : on choi- sissait un sujet tiré de la fable ou bien de l'histoire, et, avec les costumes approprié-s, on formait deux ou trois quadrilles; parfois on joignait à la danse des récits explicatifs. Hnfin le dernier genre se rapprochait du ballet, et on le retrouve en pleine action en id-r^. Tout le monde connaît les joyeuses mxscarades de Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII. Louis XIV figura en personne dans une mascarade royale donnée cliez le cardinal Mazarin, le 2 janvier l<»55, et bien d'autres fois, dans les fêtes de 1'//^ «/r/wH/rV par exemple. Il y a, dans Benserade. un grand nombre de pièces écrites pour être prononcées par ce prince. .\u XV' siècle, \ Lille, une fête fut donnée à Philippe le Bon dans laquelle douze dames, repré-scntant chacune une vertu, et douze cavaliers brillamment costumés e.\écu- LA ii.wsi-: .\r M<>yi:\ wai:. ^i tcrc-iu uiK- danse, l'eu .uip.ir.iv.uu, Charles VI se voyait ollrir par la ville d'Amiens un bal ou peut-être un ballet. Une autre de ces l'êtes, qui eut lieu à Paris en l'hôtel de la duchesse de Berry, tut, comme chacun sait, l'occasion de la folie de ce roi. F.lie est demeurée célèbre sous le nom de Rill,-! ,1,-s ardeiih. Li duchesse otVrait un bal à toute la Vour. l-:n ces temivs déjà, U.N IIM. AU \\\° SllilLIi U'aprcs une miniature J'un manuscrit français du temps. (Bibliolhiquc lulimulct on se livrait avec passion aux mascarades. Le roi, suivi de quelques compagnons, arriva au bal, déi^uisé en sauvage. Le duc d'Orléans prit un flambeau pour examiner de près les nouveaux venus et mit le feu à la filasse collée par de la poix qui composait leur accoutrement. Le roi faillit périr; moins heureux que lui, qui pourtant en devint fou, le comte de Jouy, le bâtard de Foix moururent brûlés; le jeune de Nantouillet échappa en se jetant dans une cuve d'eau. Pour expier sa faute involontaire, le duc d'Orléans lit bitir une chapelle aux Célestins. Malgré cette tragique aventure qui semblait devoir en arrêter la vogue, les mascarades se perpétuèrent longtemps, nous l'avons vu plus haut. /. l liAXSK A rit.WICHS Lies MilCS. Wrs la fin du ntoycn àgc, la vogue va surtout, en France comme à l'étranger, à une certaine sorte de ballets qui accompa- gnaient les festins des princes, où l'on dé- ployait les plus somp- tueuses et les plus bi- zarres allégories. On sait quel était le faste de la cour de liourgogne sous Charles \'I et ses successeurs, et on con- naît le fameux festin où Pliilippe le Hon, suivi d'une partie de la no- blesse française, jura sur le faisan d'aller re- prendre Constantinople aux Turcs (1454). Mais c'est peut-être sous Charles le Téméraire que fut déployé-e la plus grande pompe, lors de ses noces avec Margue- rite d'Angleterre. D'immenses tables avaient été dressées, nous raconte Olivier de la Marche, garnies en guise de plats de trente « nefz » ou vaisseaux, cliacune d'elles portant le nom et les armes de l'une des seigneuries du duc de Bourgogne, peintes d'or et d'azur, à la mâture dorée, surmontée d'un étendard de soie avec la devise du Téméraire : « Je l'ai emprins ». Chaque nef était entourée de quatre boUquins ou nacelles chargés de fruits et d'épices. Trente ch.iteaux aux armes des bonnes villes des seigneuries correspon- daient aux nefs. Le repas fut interrompu par trois « entremectz mouvans » : c'étaient, pour divertir les convives, les exhibitions les plus bizarres. « Premièrement, dit Olivier, entra MIMATIKE D'IN LIVKK b'ilKCRES DATANT DL LA FIX DU XV SIÈCLE O.msc des bergers. {BiHIoUtcjue de F Arsenal.) LA /M \.s7: .ir MoVKX ACJ:. dans la salle une licorne grande comme unt; cheval, toute couverte d'une couverture de soye, paincte aux armes d'Angleterre; et dessus icelle licorne avait un liepart (léopard) moult bien faict, auprès du vif. Cellui liepart avait en sa main seiiextre une i^rant ban- nière d'Angleterre, et a l'autre main une tleur de marguerite mt)ult bien laicte; et après que, a son de trompettes et de clairons, la dicte licorne eiist l'aict son tt)ur de\ant les tables, on l'ammena devant mon dit seigneur le duc, et la ung des maistres d'hostel d'icelluy seigneur, a ce ordonné, print la dicte fleur de marguerite es mains du dit liepart, et se vint adgenouiller devant mon dit seigneur, et kiy dit telles parolles : « Très excel- « lant, très hault et très victorieux prince, mon très redoubté et souverain seigneur, le « lier et redoubté liepart d'Angleterre vient visiter la noble compaignie, et, pour la « consolation de vous et de vos alyéz, paijz et subjectz, vous faict présent d'une noble «i marguerite. » Et ainsi receut mon dit seigneur la dicte fleur de marguerite moult cordiallenient, et ainsi s'en retourna la dicte licorne par ou elle estoit venue. « Assez tost après rentra parmy la salle ung grant lyon tout d'or, de aussi grant grandeur que le plus grant destrier du monde. Celuy lyon estoit couvert d'une grande couverte de soye toute paincte aux armes de mon dit seigneur le duc de Bourgoingne ; et dessus icelluy lyon estoit assise Madame de Beaugrant, c'est assavoir la naine de Mademoiselle de Bourgoingne, vestue d'ung riche drap d'or, et par dessus ung petit rociiet de volet fin; et pourtoit panetière, iioulette et tons li:ihillemens ile bergiere, et menoit derrière elle ung petit lévrier en lesse; et furent ordonnez deux nobles chevalliers, Monseigneur de Ter- nant et messire Tristan de Thoulonjon, pour adextrer la dicte bergiere, la ^quelle bergiere tenoit en sa main une grande bannière de Bourgoingne ; et quant le dit lyon entra parmy la salle, il commença a ouvrir la gorge et a ■i^l^i-^^^i'.f. UANSt; Dli PAYSANS D'après un manuscrit latin du x\' siècle. (Bitlwlhi\jue nilionale.) 54 LA D.wst: A inA\i:i> Qmi nous est garaiid et frontien: Contre U.iiigicr, cl tant qu'il pense. Bien viegiic! C'est la source, c'est la minière De notre': «t " et ficre; C'c4t iiosiri , curance. Dieu louons de telle allyance, Cr>'ons, chantons a lie chicrc : « Bien vicgiie! » (i lùi tli.mtaiit ccstc chanson lit le dit lyon son tour parniy la salle; et quant il fut devant Madame la duchesse a présent, le dit niaistre d'hostel qui avoit fait présent de la marguerite s'adyenoilla devant ma dicte dame du. lu \sc nouvelle, et dist les parolles qui s'ensuyvent : « Ma très redoubtée dame, les paijs dont au jour d'iiuy par la grâce de Dieu vous estes dame sont moult joyeulx de vostre venue ; et en souvenance des nobles bargieres qui par cy devant ont esté pastoures et gardes des brebis de par deçà, et qui si vertueuse- ment s'v sont conduictes que les dits paijs ne s'en sçavent assez louer, a ce que soyez mieulx instruicte de leurs nobles meurs et condictions, ilz vous font présent de ccste b.Ue bergiere, habillée et embastonnée de vertueulx habillemens et bastons a ce ser\ans et propices, vous suppliant que les ayez en souvenance et pour recommandez. » Et en ce disant, les dicts deux chevalliers prinrent la dicte bergiere, et la présentèrent sur la table, et ma dicte dame la récent très humainement, et n'est p.is a oblier que la houlette et pannetiere servans a la bergiere estoient tous paintz et nonmez de vertuz. Et ainsi le lyon recommença sa chanson, et retourna par ou il estoit venu. « Le tiers et derrenier entremectz pour celluy jour fut ung grant dromadaire qui entra parmy la salle, fiict auprès le vif par telle artifice qu'il sembloit mieulx vif que aultrement; et estoit harnaché en la manière sarasinoise, a grandes campannes dorées, moult riches, et sur son doz avoit deux grans paniers et entre icculx paniers assis ung homme, habillé d'estrange façon ; et quant il entra en la salle, le dit droma- daire remua la teste, et tenoit une contenance saulvaige; et celluy qui estoit dessus ouvrit les paniers, et en tiroit oiseaulx estrangement paintz, comme s'ilz venissent AI /(.I.V.S7-; .\r Mi>yi:\ Ach. F'?, J'Yiidc, et lis fjcstoit p.irmy la salle et par licssus les tables ; et en tenant ceste conte- nance," a sons lie trompettes et «.le clairons tist le dromadaire son tour devant les tables, et retourna par ou il estoit venu; et plus n'en fut faict pour celkiy jour et ne tirent pas après soupper loii'jues danses; car avant que les tables tussent ostées, il sonna trois heures après mvnuyt. » Une des fêtes les plus célèbres de ce i^enre tut celle que donna, en I j'It, Bert;onzio DANSK AIX < IIANSONS SOfS LE ROI CHARLES VU Extrait du roman de Girard de Nuvcrs et de la belle Kurianl (Manuscrit français exécuté vers i-iic)- ( liiHinlhcque iulinitak. di Botta de Tortone en l'honneur de Galeas, duc de Milan, qui venait d'épouser Isabelle d'Aragon. « L'amphytrion, dit Castil-Blaze, choisit pour théâtre une magnifique salle entourée d'une galerie où plusieurs orchestres avaient été placés; la table vide s'élevait au milieu. Au moment où le duc et la duchesse parurent, on vit Jason et les Argonautes s'avancer rtèrement aux sons d'une marche guerrière. Ils portaient la toison d'or, c'était la nappe; ils en couvrirent la table, après avoir exécuté une danse noble qui exprimait leur admi- ration à la vue d'une princesse si belle et d'un souverain si digne de la posséder. Mer- cure vint ensuite, et dit comme quoi il avait été assez subtil pour tromper Apollon, V, LA n.lSSE A TRI VERS LES ACES. berger d'Admttc, et lui voler un veau gras, qu'il présentait aux nouveaux mariés aprts l'avoir galamment troussé et dit accommoder par le meilleur cuisinier de l'Olympe. Pendant qu'il le posait sur la table, trois quadrilles qui le suivaient dansin-nt autour du veau gras, comme les Hébreux avaient cabriolé jadis autour du veau d'or. i< Diane et ses nymphes succédèrent ^ Mercure. Ixs suivants de h déesse ponaient un cerf sur un brancard doré. Il est inutile de dire que des fanfares de cors de chasse signalèrent l'entrée de Diane et marquèa-nt les pas des nymphes. p Li musique changea de caractère; des luths et des flûtes annonccant i arrivée dDrphéc. Je rappellerai en passant ;\ ceux qui pourraient l'avoir oublié, qu'à cette époque on changeait d'instruments selon l'expression diverse des morceaux de musique. Chaque chanteur, chaque danseur avait son orchestre particulier qui lui était départi selon les sentiments que sa voix ou sa danse devaient exprimer. Ce moyen était excellent et servait ;\ varier les jeux de la symphonie; il annonçait le retour du personnage que l'on avait déj;\ vu, et faisait succéder tour .\ tour les groupes de trompettes aux sons filés des violons, aux arpèges des luths, ;\ la douce mélodie des flûtes et des musettes. Les partitions de Monteverde prouvent que les compositeurs employaient alors cette variété d'instruments, et cet artifice n'est pas une des moindres causes des succès prodi- gieux de l'opéra dès les premières années de sa création. Mais revenons au chantre de la Thrace. 11 p.irut, chantant les louanges de la duchesse et s'accomp.ignant de sa lyre. « Je pleurais, dit-il ensuite, je pleurais sur le mont Apennin la mort Je la « Des sons éclatants interrompirent l'oiseleur virtuose; Atalante et Thésée, escortés d'une troupe brillante et leste, représentèrent par des danses vives une ch.isse à courre. Elle fut terminée par la mort du sanglier de Qilydon, qu'ils offrirent au jeune duc en exécutant un ballet de triomphe. Iris, sur un char traîné par des paons, suivie de nym- phes vêtues d'une g.izc transparente et légère, parut d'un côté et fit poser sur la table des plats couverts de ces oiseaux superbes et délicats. Hébé, portant le nectar, arriva de r.iutre; elle était .iccomp.ngnéc des bergers d'Arcadie, de Vertumnc et de Pomone qui scnirent les crèmes et les fromages glacés, les pèches, les pommes, les oranges, les rai- sins. Au même instant, l'ombre du gastronome .Vpiciiis «.ortit de terre. Ce professeur /. 1 i)\\si: Af I/o)/; V m;/:. LL I;AL Lie .MAKlL-.MAllLLLINl; D'aprts le tableau de Lucas de Leyde. {Muscc .ic Bruxelles.) illustre venait inspecter ce testin splendidc et faire p.ut de ses découvertes aux convives. « Ce spectacle disparut pour faire place à un grand ballet de Tritons et de Fleuves qui portaient les poissons les plus exquis. Couronnés de persil et de cresson, ces dieux aquatiques se dépouillaient de leur coitVure pour former un lit aux turbots, aux truites, aux brochets qu'ils posaient sur la table. « Ce repas mémorable fut suivi d'un spectacle singulier. Orphée en lit l'ouverture j il conduisait l'Hymen et les Amours; les Grâces présentèrent la loi conjugale qui s'offrit à la princesse pour la servir. Séminimis, Hélène, Phèdre, Médée, Cléopàtre interrom- pirent le solo de la Foi conjugale en chantant leurs fredaines et les charmes de l'infidé- lité. Celle-ci, que tant d'audace indignait, ordonna à ces reines criminelles de se retirer. Les Amours fondirent sur elles, les poursuivirent avec leurs flambeaux et mirent le feu aux longs voiles dont elles étaient coiffées. Il fillait nécessairement une contre-partie à cette scène épisodique. Lucrèce, Pénélope, Thomyris, Judith, Porcia, Sulpicia vinrent déposer aux pieds de la duchesse les palmes de la pudeur qu'elles avaient méritées pen- dant leur vie. La danse noble et modeste de ces matrones aurait paru un peu froide pour 8 ^i LA /J.l.V.S/i A Tl< 1 1 /./.^ L fis AGES. (cnnincr une aussi brillante (itv ; l'auteur eut recours à Bacchus, à Silène, aux Ëgypns, aux Satyres, et leurs folies animèrent le final du ballet. « Q'tte représentation dranutico-^-astronontique fit un elfei merveilleux : l'Italie en fut enchanta-, elle en envoya des descriptions dans toute l'Europe, n Mais ce fut l.\ une des dernières fêtes du genre : avec les danses modernes on va créer de grands ballets ;\ macliines, des carrousels, souvent plus splendides, mais jwut- ètre aussi moins originaux. Dans ce genre nouveau, l'Italie de la Renaissance allait être la maîtresse, sinon l'inspiratrice Je la France. Lettre umée d'un manuscrit l.ilin du xiv »icclc (liltliollUqut njlionjle.) I.A lAKANIlDIi: D'après le tableau Me Jules (iarnier. il'hiil. Himiii, t U'mcttl cl Cic, /\ii i<.) CHAPITRE 111 LE DÉBUT DES GRANDS BALLETS LES PREMIERS BALLETS EX ITALIE ET KX FRAKCK. — LA \OLTI-. LA GAILLARDE. LES BRANLES. — LA l'AVANE. L est singulier de constater que la danse théâtrale moderne s'est révélée, en son principe, vers l.i lin du xv'' siècle, sous Sixte I\', au ch.iteau SaiiU-.-\nye même, où le cardinal Riari, neveu du saint pontife, composait lui- même des ballets qu'il faisait exécuter. Et, par une curieuse coïncidence, les danses sacrées étaient depuis longtemps prohibées par l'Église, lorsque le cardinal Ximenès rétablit dans la cathédrale de Tolède la messe des Mussarabes, laquelle .ivait été créée par un évéque de Séville et se célébrait par des danses dans la nef même. Les ballets furent en grand iionneur à la cour des papes; ils D-.-,prés une statue de veriet. ^^rillèrent [surtout SOUS le pontificat de Léon X. Les cardinaux de cette époque en firent souvent représenter. Les protestants eux-mêmes n'échappèrent DANStLSK A LtlHARl'E 60 l..\ nAS.si: A /yv.it i:i{s i.ics Aoes. pxs à la passion commune pour ces divcnisscmcnts peu austères. Brantôme nous raconte que la reine Elisabeth res'ut, en un souper suivi d'un ballet dansé par les dames de la cour, le Grand Prieur de France et le connétable de Montmorency qui étaient allés la visiter. Ce ballet représentait les vierges sages et les vierges folles de l'Évangile. Toutes ces danseuses étaient vêtues de costumes somptueux; les unes portaient des lampes allumées, tandis que celles des autres étaient vides; tous ces flambeaux étaient en argent ma.ssif et mcn-eilleusement ciselés. L'honneur de restaurer entièrement la danse était réservé i Bergonzio di Ikjita, dont nous venons de voir la fête qu'il avait organisée pour Galéas, duc de .Milan. Le succès de ce merxeilleux ballet fut tel, que ce genre de divertissement devint subitement ;\ la mode. De l.\ sortirent les grands ballets d'action allégoriques ou histo- riques. Cc-s réjouissances, .\ l'origine, étaient l'apan.ige exclusif des cours royales et étaient, en général, organisées pour célébrer les mariages ou les naissances illustres. accomp.ignant les événements publics importants. Tous alors étaient divisés en cinq actes et deux entrées, qui consistaient en quadrilles de danseurs revêtus d'ordinaire du même costume, et dont les gestes, les attitudes et les mouvements concouraient à expli- quer le sens du ballet. Li cour de François I" se livrait passionnément à la danse. Marguerite de Valois, la gracieuse princesse sceur du roi, obtenait dans les pas qu'elle exécutait un succès sans pareil. Catherine de Médicis, à son tour, créa à la cour de IVance des ballets dont la recherche poétique contrastait singulièrement avec l'allure par trop relâchée de certaines fêtes de la cour : on raconte même que Henri III y parut parfois déguisé en femme. Henri III, d'ailleurs, ne fut pas le seul des personnages de .sang royal qui eut le goût des mascarades. D'après le père Ménestricr, « les princes prennent plaisir de se déguiser quelquefois sous des formes ridicules, comme on tait aux wirlsflxifts d'Alle- magne. Cet usage tient des .saturnales des anciens où les esclaves faisaient les person- nages des maîtres, et les maîtres ceux des esclaves. La grandeur est à charge aux grands dans leurs divertissements, et, pour les rendre plus agréables et plus libres, ils sont bien aises de descendre de leur rang pour quelques heures, et de se faire égaux à ceux qu'ils voyent presque toujours à leurs pieds dans toutes les actions de la vie. « On eut raison, continue-t-il, de traiter de fol et d'insensé cet Antiochus, roi de Syrie, surnommé Epiphanes, et depuis, par dérision, Epimanes, puisqu'il se mêlait à la canaille dans tous les divertissements, gâtant par ces bassesses et des actions indignes de son rang et de sa naissance les immenses profusions qu'il fiisait en festins et en spec- s =^^ /./•: nicniT ni-s cK.whs r.M.i.irrs. (<\ t.icks, a.insant avec des coméaicns et des Knillons, orJonn.iiit lui-même les festins, lev.iiit les plats et condiiisaiit les services. Un jour, au milieu d'une leste la plus superbe SIR INE PLACE l'I-ULlQLE AU MOYEN Af.E. — DANSE DE TSICiANF.S Daprcs le tableau trAJrJL-n Morcaii. (Avec Miloris.Uwn .le J. linufso.i, M.vi:i. Jnyjiilcl Cie. c.iit.-frfifru't. qu'on verra jamais, il se fit apporter au milieu de rassemblée, par une troupe de comédiens, enveloppé dans des draps, d'oii, se levant tout à coup, il dansa une entrée d'endormi avec tant d'extravai^ance, que tout ce qu'il y eut en cette festc de personnes (a i. \ iiwsi: A tr.w/;rs les aces. nisunnablcs se retirèrent, ne pouvant souffrir cette indignité. l'iaucus ne fit guire une meilleure figure quand, pour représenter Glauque, un dieu marin, il se fit une queue de poi.vson et dansa sur ses genoux. » lin multipliant ces réjouivsances niK-turnes et en cherchant .i entraîner ses fils dans un tourbillon de plaisirs malsains, Citherine de Médicis cherchait i les éloigner du pouvoir et .\ m.rsquer ses sombres projets. C'est au milieu de ces fctes que la Saint- Ilmbélemy se préparait, comme tous les actes de son ambitieuse et ténébreuse politique. Cependant la reine, en appelant, pour concourir à l'éclat des ballct.s, les musiciens d'Italie, fit faire un grand progrc-s à la musique thé-âtrale. L'orchestration, plus puissante, soutenait par son rythme les pas cadencés des danseurs. Halt.isarini, un Italien qui, envoyé en France avcL lics )(iuluis di. \K>iim jmi It- maréchal de Bri.vsac, prit le nom brillant de • Bcaujoyeux », régla avec une méthode inconnue jusqu'alors les ballets de la cour. Li reine mère se l'attacha en qualité de valet de chambre et le fit ordonnateur des fctes et des représentations. Ses talents comme grand maître des réjouissances de la cour furent célcbri-^ in ci-s termes par un \^i)iw ilu temps : Bcaujoyeux qui, premier, des cendres de la Gricc, Fais retourner au jour le dessein et l'adresse Du ballet composé, en son tour mesuré. Qui d'un esprit divin toi-même te devance. Géomètre inventif, unique en ta science. Si rien d'honneur s'acquiert, le tien est assuré. En i58i, à l'occasion des noces du duc de Joyeuse, l'ingénieux Italien imagina le célèbre Ballet comique de la Reiiu ou ballet de Circé et de ses nymphes, qui passe pour un chef-d'œuvre de composition chorégraphique. L'aumônier du roi, Lachenaye, en donna les paroles; Beaulieu et Salmon, ses maîtres, en notèrent la musique. D'après le Journal de L'Estoile, la reine et les princesses représentaient les néréides et les naïades, et c'est à propos de cette fête que Jean-hticnne Despréaux fit, dans son Arl de ta danse, les vers suivants : Lorsque Circé parut en ce ballet pompeux, Aux yeux de Médicis, offert par Bcaujoyeux, On choisit les danseurs parmi cette noblesse Qui joipn.iit .nu courage et la gràcê et l'adresse. Les princes et les princesses avaient revêtu pour cette solennité des costumes d'une telle richesse que les counisans eux-nièines blâmaient cette prodigalité. « Une autre fête ne sera plus possible au roi, disaient-ils. « Certains de ces costumes avaient /./•; lii'.iuT i)i:s cKWhs hm.i.f.ts. \.\ DAN su DIS D.l I ^ Daprcs le lablcau d Aortzcn. (Miifcc .t'AinaU-r.lJin.) coûté JJoooo francs. Les vètcinents des majestés surtout étaient ruisselants de broderies dor et de pierreries. Le roi dépensa à l'occasion de ces noces la somme, énorme pour ce temps, de 1 20 000 écus. « Le lundi lf{ septembre i5J!i, dit L'Hstoile, le duc de Joyeuse et Marguerite de Lorraine, tille de Nicolas de ^'audemont, .sœur de la reine, furent iîancés en la chambre de la reine et, le dimanche suivant, mariés à trois heures après midi en la paroisse de Saint-Germain-l'Auxcrrois. Le roi mena la mariée au moustier, suivie de la reine, prin- cesses et dames tant richement vêtues, qu'il n'est mémoire en France d'avoir vu chose si somptueuse. Les habillements du roi et du marié étaient semblables, tout couverts de broderies, de perles, pierreries, qu'il n'était possible de les estimer; car tel accoustrement y avait qui coûtait dix mille écus de façon; et toutefois, aux dix-sept testins qui, de jour en jour, furent faits par ordonnance du roi depuis les noces par les princes et seigneurs parens de la mariée et autres des plus grands de la cour, tous les .seigneurs et dames changèrent d'accoustrement, dont la plupart étaient de toile et drap d'or et d'argent enrichis de broderies et de pierreries en grand nombre et de grand prix. « La dépense y fut si grande, \- compris les tournois, mascarades, présens, devises, musique, livrées, que le bruit était que le roi n'en serait pas quitte pour douze cent mille écus. » Nous avons vu plus haut que la dépense fut loin d'atteindre ce chitire énorme. 11 nous a p.iru intcrcssant de donner ici, [lour ceux de nos lecteurs qui s'intéressent à la musique, un air de danse du xvi' siècle (la Romaucsni). Xous devons à l'obligeance de MM. Durand et fils, les éditeurs de musique bien connu-;, de pouvoir reproduire ce joli morceau d'un compositeur resté inconnu. Extrait Jcs fcV/x» du Temtn pass/. — A. Dunmd cl lils, éditeurs. (Extrait Jcs LcIms du Temps Pusse. — A. DuraiiJ et fils, cUilcuri.; U) 1.1 I' 1 /A'.ii/vA'.v Lt:s .\at:s. «' Ix iiurJi le) octobre, le cardinal de Bourbon fit son festin en l'hôtel Je son abbaye de Saint-Germain-des-I'rî-s, et fit faire ù grands frais, sur la rivière de Seine, un superbe appareil d'un grand bac accommodé en forme de cliar triomphant, dans lequel le roi, princes, princesses et les mariés devaient passer du Louvre au Pri-aux-Clercs, en pompe solennelle. G: beau char devait être tiré sur l'eau par d'autres bateaux déguisés en chevaux marins, tritons, dauphins, baleines et autres monstres nurins en nombre de vingt-quatre. En avant desquels étaient portés à couvert, au ventre desdits monstres, trompettes, cbi- rons, cornets, violons, hautbois et plusieurs musiciens d'excellence, même quelques tireurs de feux arti- ficiels, qui, pendant le trajet, de- vaient donner maints passe-temps, tant au roi qu'à cinquante mille IKTsonnes qui étaient sur le rivage. Mais le mystère ne fut pas bien joué, et ne put-on faire marcher les animaux ainsi qu'on l'avait pro- cté. De façon que le roi ayant attendu depuis quatre heures du soir jusqu'à sept, aux Tuileries, le mouvement et acheminement de ces animaux sans en apercevoir aucun effet, dépité, dit qu'il voyait bien que c'étaient des bêtes qui commandaient à d'autres bétes. Et, étant monté en coche, s'en alla 2\<:c les reines et toute la suite au festin, qui fut le plus magnifique de tous. Nommément en ce que ledit cardinal fit repré.senter un jardin artificiel garni de fleurs et de fruits, comme si c'eut été en mai, ou en juillet et août. « Le dimanche l5, festins de la reine dans le Louvre, et, aprè-s le festin, le hallel Je Ciné cl de ses nymplys. » A cette léte splendide s'ajouta l'originalité d'un baiin uc chevaux. Ces ballets étaient, dans l'antiquité, pratiqués par les Sybarites. On racontait même que leurs chevaux aimaient à tel point la musique, que les Crotoniates s'avisèrent, en un jour LA KSMKKAI.IlA UANSAN r D'arri> une L'ravurc a l.i maniL-rc nulri: Ac la/ii. iHiHh'ih luimn /. /•; /» /•; nrr h i: s cnwh s h m.i. i: ts. DANSE DE PAYSANS AU CO.MMENCE.MENT DU XVl* SIECLE. — UN HKANLE D'aprùs une'Kravurc du Icmps. (liibliothi'qiit: nationale.) do combat, de mener avec eux quantité de joueurs de llùte : au son de ces instru- ments, les ciievaux des Sybarites se dressèrent sur les pieds de derrière comme pour danser, jetèrent leurs cavaliers à terre, et passèrent en cadence du coté des Cro- toniates. 11 y a plus : les Sybarites se donnaient, dit-on, après leurs festins, le spectacle de chevaux si bien dressés, qu'au son de la flûte ils s'élevaient sur les pieds de derrière et exécutaient, dans cette attitude, une sorte de danse suivant avec précision le rythme des instruments. Arrien nous dit qu'aux Indes on apprenait l'art de la danse aux éléphants. On sait que cet animal est d'une intelligence remarquable; sous le règne de Domitien, un de ces pachydermes, corrigé par son maître pour son peu d'adresse, fut trouvé, dit-on, répétant sa leçon au clair de lune. Baucher, dans le Dictionnaire raisonné d'éqiiitalion qu'il publia en iM.x^, nous donne, à l'article Contredanse, d'intéressants renseignements sur les aptitudes chorégra- phiques des chevaux. / ( nWftF .\ TRAVERS LES AGES. « I.'cquitation, poussée jusqu'à un certain point, permet de dire exécuter au cheval tous les mou- vements inu^iinables, de former des quadrilles et de retracer réellement \s figures de la contredanse; grke .'t cet exercice, qui est tout à la fois une étude utile et un plaisir charmant, nos ama/ones peuvent répéter le matin dans le manège ce qu'elles dansent le soir dans les salons; dans l'un non moins que dans l'autre, elles pourront acquérir de l'aisance et de l'agilité, et déployer la grâce et le tact qu'elles apportent à tout ce qu'elles font; rien n'empêchera dorénavant nos jeunes dandys de parler équitation aux dames. Nos écuyères sauront aussi bien qu'eux en raisonner et, après quelques contredanses équestres, tirer parti d'un cheval avec toute sorte d'adresse et d'élégance. « Dans mon manège, pour faire exécuter ces figures aux dames, je me contente de leur faire prendre un petit éperon : cet éperon et la cravache employée à propos suffisent pour déterminer le cheval aux mouvements les plus précis; grâce à ces deux aides bien simples, elles exécutent sans rencontrer de sérieuses difficultés une grande partie des airs de manège qu'on avait crus jusqu'ici réservés en propre aux écuyers les plus habiles; j'engage donc mes confrères à relever leurs leçons par ces puissants moyens d'émulation et d'attrait. « Dès que les élèves se servent avec ensemble de leurs aides, on peut remplacer la haute école par des con- tredanses , qui les contraignent à plus d'assiduité, par la crainte de laisser les quadrilles incom- ' IIAI.I.ET DES RIDICULES. — ENTRÉE DES E,S1'ERDI(ATS plets; au bout d un Daprcs un dessin de la Bibliothèque nationale. LE l>i:iUT hES r.R.WDS liM.I.ETS. '■^("23 ci.rt;iiM temps, ils ont tout le savoir désirable pour prciulre leur part à de brillantes têtes d'appa- rat '. » Les ballets équestres, nou- veaux en l'rance, étaient lort pratiqués en Italie au xvT' siècle. Ce turent des l'iorentins qui diri- gèrent les premiers que Ton vit à l'aris au .wii" siècle, en Kx».'! et en i(>ir. Ils turent aussitôt tort à la mode et très «loùtés de nos •^ i.i; ii\i.i.i:r m ( hatkai' i>i; iiu iiTUi: (no.'il i:mui:i; I)i:s I'avsavs ivuks rois : LtJuis XllI et Louis Xl\' en tirent un des attraits de leurs magnillques carrousels. L'n mois après les têtes du duc de joyeuse, un ballet s'ouvrait, aussi .sous la prési- dence du cardinal de Bourbon, en son hôtel de l'abbave de Saint-Gerniain-des-Prés. Il représentait le triomphe de Jupiter et de Minerve. La reine y ligurait comme première dan.seu.sc. La princesse de Lorraine, les duchesses de Mercœur, de Guise, de Xevers, d'Aumale, étaient les secondes danseuses et représentaient les naïades. Dans ce ballet, on vit apparaître une t'ontaine monumentale dont les douze cotés étaient surmontés de deux néréides et de musiciens chargés d'accompagner les danses. Au-dessus de cette t'ontaine, transparente au point qu'on y voyait nager des quantités de poissons, s'en élex.iit une autre entourée de balustres, entre lesquels des niciies étaient ménagées pour recevoir douze nym|ihes. 1. lîauclKT trace ensuite les figures et l'ordre dans lequel on les exécute : « D'abord la Promenade autour du manèf^e, deux àdeux, jusqu'à vos places. (( Le Pantalon, qui com- prend la chaîne anglaise, la chaîne des dames, la demi-queue du chat (ces trois ligures se font d'une piste, au pas, au trot, ou au galop, selon la force des élèves), balancez, et tour de mains (de deux pistes). • L'iité. lin avant deux ■ ^, A ' f^ - vv BALLET DKS ^lATRI-; PARTIES 1)1' MONDE (162B) SECO.NDE ENTRÉE DU GRAND CAN :^) LA DASSE A TRAVEfiS LES AGES. Sur lj fjk'c principale , «les dauphins supponant une couronne lornuient le trône de la rcinr. Et, comme couronnement du prodigieux édifice, une boule d'or de cinq pieds de tour rc>p!endi!kSjit au-dessus de dauphins lans'jnt de brillantes gerbes d'eau! Li machine était traînée par des chevaux marins qu'accompagnaient des tritons et des sirènes. La reine et son corrige, formant le corps de ballet, étaient vêtus de robes de crêpe lamées d'argent et portaient à la main des houppes d'or. Cette représentation dansante commença à ii> heures du soir pour se terminer vers .| heures du matin! Pour la première fois, on vit distribuer de menus objets en cadeaux aux danseuses et aux danseurs. Ia- premier de ces objets fut offert au roi par la reine : c'était une médaille représentant d'un coté un dauphin et portant de l'autre ces mots latins : Delphinum, ut Dflphinuw nptndat, « je vous donne un dauphin, et j'en attends un autre ». Le duc de Guise reçut de la ducliev^c Je Xcvers une médaille où se trouvait gravé un cheval marin avec ces mots : Aihfrsiis semper iitIx'sUtn, « prêt à fondre sur l'ennemi ». M. de Sénevois offrit ;\ la duchesse de Guise une médaille portant cette légende : Populi siiperat, prudenlia fhiitiir, « le peuple en vain s'émeut, la patience l'apaise ». Le marquis de Pons reçut de la duchesse de Joyeuse une sorte de baleine portant sa devise : Sic faiiiam jiingerc famé, qu'un poète traduit librement : Si vous voulez pour vous fixer la renommée. Occupe/, toujours ses cent voix. La reine remit au duc d'Aumalc un triton armé d'un trident voguant sur les flots agités. On lisait au revers : Conniun'i't cl sedal, « il les trouble et les apaise ». La branche de corail offerte par Mme de Larchant au duc de Joyeuse portait une épigramnu- en cette devise : HaJcm nalura remansil, c il change en vain, il est le même ». ( d'une piste), chassez, déchassez, traversez, chassez, déchassez, à vos places, balancez, tour de mains (tour de deux pistes). • L'.\nglaise. En avant quatre (de deux pistes), changez de dames (d'une piste), en avant quatre (de deux pistes), même répétition pour reprendre vos places : rond, moulinet, tiroir double sur les côtés (les ronds se pratiquent en plaçint les che\aux .i la croupe l'un de r.iutre; pour les moulinets, les quatre tètes des chevaux sont en regard et forment la croix; les rond< r! Us niniiHiut'. se Um\ \m t.nir A Jroite et un à gauche). 1 Le Carré de Mahoni double. (Ceux qui chasse-nt en dehors vont de Jeux pistes, et ctux qui vont en avant, d'une piste). « Le Moulinet à huit au milieu du manège, (à droite et à gauche, rcculcT en coupant le manège par huitième). • La grande Chaîne au galop. • L'Anglaise à colonnes, pour figure finale. ( Descendre l'anglaise par deux au galop, et remonter de deux pistes au pas), s LE DJiiiii i)i:s (iii.whs li.M.i.irrs. -, M. Dcsr.it ;i pense que l'origine de l.i distribution de jouets qu'on pratique actuelleuient dans la danse du Cotillon pourrait provenir des cadeaux qui marquèrent ce ballet. Nous avons sur cette fête peu de détails chorégraphiques; encore sont-ils très incer- tains, un seul auteur nous disant n.iïvenient que les danseurs « dansent de front, dos ^ ! I.E .MENLliT L) aprcs k tablc.nu d'Iidouard Toudouze. contre dos, en rond, en quarré, en croix, en ligne, en kiyant, en s'arrètant en posture ou en s'entrelaçant les uns les autres <>. M. Desrat fait à ce sujet les réflexions sui\antes : « Ces pas devaient être peu sautés, puisque la basse danse était encore seule en usage. Les gestes devaient tenir souvent lieu de pas, car l'expression du sujet .i représenter dominait toujours dans ces ballets. » Nous avons dit plus haut que le ballet fut en lionneur .1 la cour des papes. On peut, .1 l'occasion du concile de Trente, en mentionner un, donné en l'honneur du (ils de Charles V, auquel les cardinaux et les évêques avaient pris part et qui avait été ouvert par le cardinal Hercule de Mantoue. l^n des plus grands ballets ambulatoires connus fut organisé par l'Église elle-même, en Espagne, à l'occasion des fêtes qui mar- /. I /*.I.V.S/; .1 TltWKti.S i.i:s AdlCS KETE CIIAMI'ETIŒ D'après le tableau d'Adrien Morcau. quùrcnt la bcatilîcation de saint Ignace de Loyola, en 1609. Ce ballet représenta la prise de Troie! Il fut également dansé à Paris quelque temps après. — On y voyait au début le fimeux cheval, énorme m.isse de bois que des mécanismes secrets faisaient mouvoir. Autour de la bëte, des danseurs simulaient divers épisodes du siège. Le ballet, suivi du cheval gigantesque, .se dirigea lentement vers l'ancienne place Saint-Roch où se trouvait l'église des Jésuites. Une décoration qui régnait autour de la place représentait la ville de Troie avec ses tours et ses hautes murailles. Mais l'approche du cheval suffit pour les faire écrouler, et les Grecs s'avancèrent au milieu des décombres, en exécutant une sorte de danse guerrière. Et les assiégés s'agitaient au milieu des pièces d'artilîce, tandis que des flancs du cheval s'échappaient des fusées dirigées sur la ville fumante. « L'un des plus beaux spectacles, dit le père Ménestrier, fut la décharge de dix-huit arbres tout chargez de semblables feux — >> Le lendemain, le second acte du ballet continua par une fête nautique où l'on vit quatre brigaïuins, richement décorés d'or et de banderoles, dans lesquels étaient dissimulés des musiciens. Les danseurs avaient revêtu les plus m.ignifiqucs costumes et agitaient de longues banderoles d'or. Cette fête se termina par un grand ballet procès- 10 LI-: it/Jinr i>/:s tin.wDs liM.Lirrs. -5 sion.K-I J:ln,s lequel trois cents c.v.iliers vêtus à l'antique accompaj^naient des a.uK.ssa- Jeurs, envoyés des quatre parties du monde au collè-e des Jésuites. La lin du ballet repré- senta ces parties du monde elles-mêmes. « Estant arrive/, dit le père .Ménestrier, .i la place de la Marine (à Lisbonne, je suppose), les ambassadeurs descendirent des bri-mtins et montèrent en n,ême temps sur des chars superbement orne/, et accompa^jne/ de trois cents cavaliers, s'avancèrent vers le collè-e, précédez de plusieurs trompettes. A, 1res imm.uiisse:mi;m LiiA.Mi'unti; .\l .\vi siÈt Lii Daprùs le tableau JE. Toudouzc. quoi, des peuples de diverses nations, vêtus à la manière de chacun de leurs pays, f^usaient im ballet très agréable, composant quatre troupes ou quadrilles pom- les quatre parties du monde. Les royaumes et les provinces, représentez par autant de .i,-énies, marchaient avec ces nations et ces peuples dirterents, devant les chars des ambassadeurs ^le l'Europe, de l'.Vsie, de l'Afrique et de l'Amérique, dont chacun était escorté de soixante et di.K cavaliers. La troupe de l'Amérique était la première, et, entre ces Janses. elle en avait une plaisante de jeunes enfants déguisez en singes, en guenons et en perroquets. Devant ce char étaient douze nains, montés sur des haquenées. I-e char de l'Afrique était tiré par un dragon. La diversité et la richesse des habits ne taisaient pas le moindre ornement de ce ballet et de cette feste, quelques seigneurs I.\ Êl.\\ 1 I KS GnoTKSylKS " • IHNIothi^ue HJlioHjU ) l>«prc> uni- i;ra\iitc ' le nom d'une fort .iiKauiic danse très gaie, qu'on avait appelée ainsi parce qu'elle nécessitait un mouvement du pied aussi prompt que celui de la main en tricotant, dit I-a Monnovc cii son Glossaire des luvis. o Ces Tricotets, dit M. Desrat, furent exécutés dans maints ballets sur des motifs divisés en quatre couplets et entrées. Le dernier était dansé sur l'air de yive Henri II'! resté si populaire en France. Gardel l'a placé plus tard, / l{.\\i:HS LUS AT, ES. f-l porunt sur eus ce jour-li pour plus de deux cent mille écus de pierre- ries. « Tels furent les divertissemenis grandioses de la cour des \'alois. Sous le bon roi Henri, les danses furent sim- plement joyeuses. Us Béarnais ont tou- jours p.issé pour des danseurs émérites. Henri IV e.vcella dans les TricoUls. auquel il ajouta même un pas qui garda son nom. Les Tricotets étaient DANSELKS GROTESQUES Darrc» une gravure de CaUol. {BitliollUquc nj/unj, UA.\SEl'RS UROTESgiES Il .i| ic> une (.-ravurc Je Callul. (BiW««'»'' •■' • "j"""-'''? ' cil 1 7."- >, dans son ballet de Miiulle à la cour, où il obtint le plus vif succès. IVu s'en fallut même que, dans une re- pré-sentation , tous les assistants ne chantassent ensemble le refrain : Vive Hritri in vive ce roi vaillaiil! tant les pas étaient approprié-s aux paroles. » Le grave Sully dirigeait lui-même les fêtes. Voici d'ailleurs un passage de ses Mémoires à ce sujet. « 11 ne fut question, dit-il, pendant tout le temps du séjour de Henri de Béarn, que de ré- IJAI.I-Ll [)il.\NL A I.A itJLH in liHAMJ-uLt i)l. l < »,'*» \M. ii,.MJA>i i-i---> i i^ i 1..1 l>' ' \KN\^\i. UE l'annkk 1O16 Uaprcs uni; gravure Je Callut. [liibliutliJQiic luItuiuU:) LE DERIT PES GR.WltS BAI. I. RTS. jouissances et de j^nlanteries. Le ijoùt de Madame, sœur du roi, pour ces di\■ertis^e- ments,'lui était d'une ressource inépuisable. J'appris auprès de cette princesse le métier de counisan, dans leijuel j'étais fort neuf. Hlle eut la bonté de me mettre de toutes les parties; et je me souviens qu'elle voulut bien m'apprendre elle-même le \x\s d'im ballet qui fut exécuté avec beaucoup de maj^ni licence.... L'Arsenal était toujours l'endroit -^w LES DIVIMTÙS INFEK.NALKS. — BALLliT DONXli A LA COI R DL' ULC llli lOSCANK Daprcs une gravure du Callol. (Ilibliolhù^uc lulioiulct OÙ s'exécutaient ces jeux ou ces spectacles, qui demandaient quelques préparations.... J'.ivais fliit construire à ce sujet une salle spacieuse. » Pendant les vingt années du règne de Henri IV (i5S<)-i6i(i), plus de quatre-vingts ballets furent organisés à la cour; on donna en outre nombre de bals et de mascarades. « Le roi avait, dit L'Estoile, une véritable passion pour les mascarades ; il en fit une de sorciers, le 2.3 février l597, premier dimanche de carême, et courut les bals et sociétés de Paris; il alla chez la présidente de Saint-André, chez Zamet et à tout plein d'autres lieux. « C'est pendant une de ces fêtes que le roi apprit la prise d'Amiens par les Espagnols : « Ce coup est du ciel, s'écrie-t-il ; c'est assez fait le roi de France; il est temps de faire le roi de Navarre. » Et s'adressant à la belle Gabrielle, il ajouta : « Ma belle maîtresse, il faut prendre d'autres armes et monter à cheval pour faire une autre guerre.... « I. \ />.iv.s7r t rn.wrns /./:v Anrfs. >i oïl l.i comp.irc .1 icllc du \ crt-(j.ii,iiit, \,i ci)ur ùc l.oiii> XIII devait sembler un peu stimbrc. Le duc de Nemours composait des ballets afin de l'égayer, ("e prince voulait, dans ces divertissements, remplir exactement von rôle à un tel point, que pour se rendre au sinj^ulier hallft des Goutteux, donné en i(>3ii, il se fit transporter en litière au milieu de la danse, dont il marqua la mesure avec son bâton. Le balJd dts Montagnes, représenté en août l'ioi, fut éj^alement d'une bizarrerie caractéristique. Li scène représentait cinq }»rands monts : venteux, résonnants, lumineux et ombreux, et la cliaine des Alpes. Au centre s'étalait le champ de gloire dont les habitants des cinq monts voulaient s'emparer. I-i Renommée ouvrit le ballet et exposa le sujet. Hlle était à dos d'.ine, déjjuisée en vieille, et portait une trompette de bois. Puis les montagnes, entr'ouvrant leurs flancs, laissent échapper des quadrilles vêtus de couleur de chair, coiffés de moulins à vent et armés de soufflets. Ils représentent les \'ents. D'autres, guidés par la nymphe Hcho, surgissent bientôt de tous côtés, coifTés de cloches, munis de tambours et couverts de grelots. Le Mensonge s'avance cahin-caha, avec une jambe de bois, des masques pendus à son habit, une lanterne sourde à la m.iin. \'ienncnt ensuite les habitants des montagnes lumineuses, le Sommeil et les Songes, une Renommée sérieuse, et des cavaliers aux brillants costumes qui chassent les \'ents, les Échos, etc. Certains ballets du règne de Louis XIII où ce roi dansa furent d'une bouffonnerie un peu grossière, tels le ballet de Maître Galimalhias, le Grand bal de la douairière de Billebahault et de son Qnfan de Sottei'ille. C'est contre ces spectacles peu relevés que le cardinal de Richelieu voulut réagir en organisant le grand ballet de la Prospérité des armes de Franee. Le cardinal avait fait lui-même une annonce qui fut distribuée avec le programme de la pièce. Cette annonce commençait ainsi : « Après avoir reçu, cette année, tant de victoires du ciel, il n'est point assez de l'avoir remercié dans les temples, il faut encore que la reconnaissance de nos cœurs éclate par des réjouissances publiques, etc. » Au premier acte de ce grand ballet, qui se passait en enfer, on voyait paraître l'Orgueil, l'Artifice, le Meurtre, la Tyrannie, le Désordre, l'Ambition; puis Pluton entrait en scène, entouré des Parques et des Furies: Au deuxième acte, on était remonté sur la terre où des Fleuves italiens, espagnols et français engageaient un combat, à la suite duquel était représenté, sans aucun lien logique apparent, la prise d'.Arras. Au troisième acte apparaissaient des sirènes, des néréides, des tritons, au milieu desquels i.r. DÉncT i)i:s cr.wds r.M.i.irrs. DANSE DU FOU D'après le tableau de P. CodJe. IMiiscc .1c l.i IJ.iyf.) déliaient les dieux de TOlympc. C'était, on le vent, fort ennttyeux, d\,ne complication extrême et d'inie jurande incohérence. On connaît les attaques personnelles qui remplissaient, à Athènes, les comédies d'Aristophane et des poètes de la même époque. La I-rance a eu des ballets de ce genre, malheureu.scment ils tombèrent rapidement dans la plus grossière bouffonnerie.' lAni d'eux, donné en .(.i(. à la cour, rappela un peu les premiers ballets thvméliques par les allusions très nettes qu'il faisait à l'arrestation du prince de Condé, en un dialogue entre deux personnages, Danion et Svivie : D.\MOK. Qui pourrait de votre face Voir les lys sans vous servir ; SiLVIE. Mais vous avez eu l'audace De me les vouloir ravir. Da.mox. Le niyrthi; qui vous coeronne Est fort agréable .n voir. SiLVin. On doit aimer ma couronne Sans aspirer de l'avoir, etc., etc. La cour avait fort heureusement vu des ballets d'un goût plus relevé. Le père Ménestrier nous en décrit un dans ces termes : « Il ne s'est guère vu de grand balkt plus superbe que celuy qui se ht dans la .salle de Bourbon, le iq m.rs .r,,.", pour le mariage de Madame de France avec le Rov d'Espagne. Le grand ballet con> nicnça par trente génies .soutenus en l'air qui vinrent annoncer la venue de .Minerve; 1 1 n. Al hASSE A TR.Wrns LES ACES. c ctaicnt les musiciens de la chambre et de la cliapelle du Roy. Un t;rand dur doré, tiré par deux Amours, portait Mincr\e et quatorze nymplies, ses compagnes; une trou|H- d"amazones accompagnait ce char et faisait un concert de luths. U reine d'Espagne, qui repri-sentait Minerve, dansa sur cinq airs diffc-rents, chacun diversifié de plusieurs figua-s. Au sixitme air, tous les luths, les voix et les violons furent joints ensemble. .\lincr\c et les quatorze nymplies dansi-rent ensemble; quarante personnes étaient en même temps sur la seine, trente dans le ciel, six sus- |H-ndues en l'air, tous dansant et chantant en même temps. » On voit l'importance que prenaient les spect.icles Je ce genre. En 1627, le duc de S.i- voie finit le carnaval par le ballet de Ciné clmsà de us États, aussi compliqué et aussi extravagant de composition et de mécanisme que la plupart de ceux qui furent donnés à 1.1 même époque. Il donnait celte fête aux dames de sa cour. Circé et ses suivantes dansèrent, dit le père Mé- ncstricr, " en faisant leurs sortilèges avec des baguettes, des tours et des cnlasscmcnts. On vit ensuite, continue-t-il, douze rochers dansant diverses figures pour s'entasser ensuite et ne ùire qu'une montagne, des flancs de hiquelle sortirent des chiens, des chats, des tigres, des lions, des sangliers, des cerfs, des loups qui mêlèrent leurs cris, leurs miaulements, leurs rugissements et leurs hurle- ments aux sons de l'orchestre, le tout formant le plus grotesque concert que l'on eût jamais ouï. » Après ce vacarme, une nuée descendit du ciel, couvrit toute la mon- tagne, et les douze blocs de rochers amoncelés se transformèrent miraculeusement en douze brillants cavaliers qui exécutèrent les pas d'un ballet. La coutume s'introduisit de plus en plus d'organiser des réjouissances somptueuses DANSE AIX FLAMnF.\lX Daprès la Kravure de Crispin de Pas. [UibUnlhiiue mtionak.) i.i: DKiur iu:s /;/»• i v/i.s hm./.hts. GKNTII.SIIU.MMLS l^r l'AVSANS Daprcs unu i,Tavurc ilc Tliiiodorc de liry. (Uitliotlu\iui: luIioiuU: à l'oCcMsioii des cvciicments importants de l'iit.it. C'est .liiisi qu'.'i l.i couv de Savoie on dansa en H»:;, pour l'anniversaire de la naissance du duc, ini ballet dont le sujet était Promctik'f dcrobaiil k fcii du àcl. De niè-me, l'année suivante, un KiUet fut donné, à l'occasion de la prise de la Rochelle qui amenait l'unité politique de la Trance, par les pensionnaires du collèi,'e de Reims. Le sujet était la ComjiuHc du char de la Gloire par le grand Théandre. On vovait là les géants de la tour noire inviter tous les chevaliers errants à la conquête du fanieUN char. Li tour noire était entourée de sortilèges, et l'on ne pouvait en ouvrir les portes qu'au son d'un cor enchanté. Le sujet était enfantin comme l'allusion, car la tour noire était la Rochelle, et les sortilèges qui l'environnaient représentaient l'Hérésie et la Rébellion. Un 1004, on dansa — c'était encore à la cour de Savoie — pour la naissance du Cardinal un « ballet moral » dont le sujet était la Vérité ennemie des Abparenees et sou- tenue par le Temps. Il commen>;a par « im chœur de laiix Bruits et de Soujiçons qui précèdent l'Appa- rence et les Mensonges », dit le père .Ménesirier, auquel nous allons laisser la parole pour ne rien perdre de la saveur du récit : « Ils étaient représentez par des personnes vètiies en coqs et en poides, qui chan- taient un dialogue moitié italien et moitié français, mêlé du chant des coqs et des poules : Su gli albori matiiliiii Cot, col, col, col, col, Cllllltllljo Col cucurrir s'inchiiii E bisbigli mormorando Fra i sospetli, e fra i ruiiion Cil, Cil, Cil, Cil, cil, cil, cil. Salntiam deî iiovo sol gli aliiii sbleiidori. l-aisaiu la guerre au silence, Cot, cot, cot, avec nos chants, (-ette douce violence Ravit les cieux et les champs, Rt notre inconstant hospice Cot, cot, cot, cot, cot, cot, cot, Couvre d'apparence un subtil artifice. H6 LA DAS UAVHHS LES AGES. « Après ce chant des coqs et des poules. U scène s'étant ouverte, on vit sur un grand nuage accompagné des Vents, l'Apparence avec des ailes et une grande queue de pon, vitûe de quantité de miroirs, laquelle couvait des œuC d'où sortirent à la fois k-s Mensonges pernicieux, les Tromperies et les Fraudes ; les Mensonges agréables, les l-latteries et les Intrigues ; les Mensonges bouffons, les Fbisanteries et les Petits Contes. LN UAL DE SOCIÉTÉ Sl)l S LOI IS XIII D apris une gravure d' Abraham Bosse. (Bitlwlhiiue njtionjlt.t « Les Tromperies étaient vètûcs de couleur obscure avec des serpens cachez pamiy des fleurs. Les Fraudes, vêtues de réls, en chasseurs, rompaient des vessies en dansant. Les Flatteries étaient vêtues en singes; les Intrigues, en pescheurs d'écrevisses avec des lanternes à la main et sur la tète; les Mensonges ridicules étaient repré-sentés par des gueux qui contrefaisaient les estropiez avec des jambes de bois. Le Temps, ayant chassé l'Apparence, avec tous ces Mensonges, fait ouvrir le nid sur lequel l'Apparence couvait : on y voit une grande horloge à sable d'où le Temps tait sortir la Vérité, et, rappelant les Heures, elle-s font avec elle le grand ballet. » Cette description nous prouve que l'art des ballets avait déji fait de grands progrès à cette époque. .Mais revenons aux danses proprement dites dont la chorégraphie théâtrale nous a éloignés. Vers la fin du moyen âge régnaient deux catégories de danses que Tabourot LE DElll'T DES CliAXDS BALLETS. UAi, i ii.\.Mi'i:ri(i: ai' xvii .sillli; D'après une s.'raviirc il'Ahraham Bosse. (lUNinlhcquc n.ilinn.7U:) nous .1 dd-critcs dans son Orcbcsogruphic : l:i basse danse et la danse baladine. La basse danse, nons explique-t-il, était grave et lente : d'abord réservée à la no- blesse, elle était tombée déjà de son temps (i58H) dans le commun, et il en constate, pour sa part, l'abandon avec peine : « Elles sont hors d'usage, dit-il, depuis quarante ou cinquante ans ; mais je prévois que les matrones sages et modestes les remettront en usage. » On s'adonnait surtout aux Branles, à la Pavane, à la Gaillarde, à la Courante et surtout à la Volte. La mesure de la basse danse était ternaire et s'accompagnait de la longue llûte et du tambourin '. Elle se divisait ainsi : i" la Révérence; 2" le Branle; 3" les Passes; .(" le TDrdidn, qui en était indépendant. De ces danses étaient naturellement exclus les mouvements rapides et les sauts. \'oici les recommandations que Tabourot adresse aux danseurs, au sujet de la basse danse : I . « Le t.imbourin accomp.ngné de la flûte longue cst.iit, du tems de nos pères, emploie pour ce qu'un seul joueur suffisait à mcsncr les deux ensemble, et faisaient la symphonie et accordanse entière sans qu'il fust bcsoing de faire plus grande despense et d'.ivoir plusieurs .lultres joueurs comme violons et semblables. » (^TH0IN0T-.-\RBEAe, dit Tabourot.) nu LA /Mvs/. I ii<\\'r:Rs r.f-:s Ages. • F-n prrniicr lieu, quand vous scres entré au lieu où est la compagnie préparée )K)ur la Jance, vous choisirés quelque honneste damoiselle telle que Um vous semblera, et, ostani le chapeau ou le bonnet de vostre main pulclie, lui tendres la main droictc pour la mener dancer. Mlle, sage et bien aprise, vous tendra la main gaulche et se lèvera pour vous suyvre. I^rs la conduirés au bout de la salle, à la veue d'un chacun, et advcr- tirés les joueurs d'instruments de st)nner une basse dance, car aultrement ils pourroient sonner par inadvertance quelque autre sorte de dance. V.t quand ils commenceront à s«)nner, vous commencerés à dancer, et notterés que leur demandant une basse dance, ils entendront assés qu'en demanderés une régulière et commune. Toustefois, si l'air d'une chanson sur laquelle est formée une basse dance vous agréeoit plus que d'une aulire, pourrés leur nommer le commencement de la chanson. » Le bon Tahourot donne sur le maintien quelques conseils pleins de bon sens et d'humour. « \'ous avés bien formé vos p.is et mouvements et estes bien tumbé en cadence, mais, quand vous dancerés en compagnie, ne baissez point la teste pour contrerooUer vos pas et voir si vous dancés bien : aies la teste et le corps droits, la veùe assuré-c, CMchés et mouchés peu, et, si la nécessité vous y contrainct, tournés le visage d'aultre part, et usés d'un mouchoir blanc. « Devisez gracieusement et d'une parole doulcc et honncstc; vos mains soj'cnt pendantes, non comme mortes, ni aussi pleines de gesticulations, et soies habillé pro- prement avec la chausse bien tirée et l'escarpin propre. « Vous pourries (s'il vous plaisoit) mener deux damoisellcs, mais il suflict d'une et, dit saigemcnt le commun proverbe, que : « Trop en ha qui deux en meine. » Semblable- ment quand vous estes planté au bout de la salle avec une damoisellc, ung aultre peut se planter avec sa maîtresse à l'aultrc bout de la salle vis-à-vis de vous pour dancer, et, quand vous aprochez les ungs des aultres, il laut rétrograder ou user de conversion. » I,a Gaillarde, connue aussi sous le nom de Romanesque, serait venue, raconte-t-on, de la campagne de Rome. Elle y resta même longtemps populaire, prétend Kastner. C'était une basse danse, ignorée par conséquent des gens du peuple, ré-servée aux gcntes dames et aux gentilshommes et réglée comme les autres aux sons du tambourin et du hautbois. Voici ce que dit Tabourot à son sujet : « Ceux qui, dit-il, danccnt la Gaillarde aujourd'hui, par les villes (i.^ftS), dancent tumultueusement et se contentent de faire les cinq p.is. Au commencement, on la dançoit avec plus grande discrétion, car après que le danceur avait prins une damoiselle et qu'ils s'étoient plantés au bout de la salle, ils faisoient après la révérence un tour ou deux /./: i>i:iur nrs cR.wits n.M.i./rrs. iv, siinplcnicnt. Puis le ilaiicciir hiclioit la liicto li.lnltli^L•lll.■ i.ii ilanç.int à |i.ii't jusqncs au bout lie la liicte salle.... Les jeinies ijeus sont plus aptes à I.i liaucer que îles vieillaiils comme moi. » La Gaillanie tut longtemps luie îles ilanses les plus goûtées et les plus en honneur. Nous avons conservé les titres île quelijues-unes îles Gaillardes qu'on il.uis.iit très sou- aj IN .MENir.T Uaprcs le tableau il'Adricn .Morcau. (.liw julurisalinn de J. Hoiisso.1, M.in:i, Jny.inl el lie, c.lil.fri'tr.) vent à cette époque. C'étaient : la Tradilorc iiiy la inoriir, VAiilhoinclIc, la Milanaise, •la Baisons-nous, bclh\ Cette dernière aurait été la plus répandue, car, dit Tabourot, « il faut conjecturer que les danccurs l'ont trouvée ainsi de meilleure grâce pour apporter quelque variation délectable. » Le Toidion ou Toiirdion, qui se dan.sait d'ordinaire après la bas.sc danse, à laquelle il apportait une diversion par son rythme d'allure plus vive, différait peu de la Gaillarde. Ses pas étaient plus terre à terre, plus plies, pour ainsi dire : on marchait, on glissait plus qu'on ne dansait. La bizarrerie du Tordion ne pouvait lui a.ssurer une longue 12 or. LA n.WSi: A TliAi'ERS LES AOKS. iliir^-. i^coutons encore te bonhomme Tabourot donnant ses conseils sur h m;:nicrc lie le- iLinser. «< Coniinuex tant que le joueur d'instrument continuera de jouer, jK-rmutez et tuntK-/ réciproquement en cadance. Hn dani;ant, on tient toujours la damoiselle par la main ; et qui danceroit le dict tourdion trop rudement, en donneroit trop de peines et de sargots à ladicte damoiselle. Après que le joueur d'instrument a fini le tourdion, il fault dure une rt-vérence salutatoire }H»ur prendre congé de la damoiselle, et la fault doulce- ment restituer en la place où l'avés prinse, en la remerciant de l'honneur qu'elle vous a fiiict. » Li danse ii.iute, ou danse b.iiaiiinL-, n .iv.iit p.is l.i };r.ivité et la initcur de la basse danse : c'était la danse populaire et libre d'allures. Fille consistait en Rondes, Uourrées, l'arandolcs, et en fimtaisies mimiques de toute espèce. Quant à la l'oUe, qui fit peu à peu délaisser la basse danse, elle date du rè^ne de Henri III. <' Henri III dansa le premier la valse à trois temps sous le nom de l'ollt », dit .M. Desrat. Li description des premiers pas donnée dans XOrctxsographie de i5iilaiii;ère, qui se chantait, comme tous les Branles. Ch.iquc danseur embravsait sa danseuse dans les Branles, de même que dans la Boulangère et, comme dans cette danse, le même refrain se retrouvait à la fin de chaque couplet. « C'est peut-être la danse qui a laissé dans les jeux populaires, dans les jeux de l'enfance, les traces les plus .sensibles, dit .\L Celler dans .ses Origines de ro{vra. » LE DKIUT I)i:s r.l^wits i;.\ i./.irrs. I. ANDANTK Daprcs le tableau de N. lîscalicr. Cet auteur cite ;'i l'appui de son dire hi Boulangère, le Carillon de Dunkerque, le Ckiuilier du Guet, Vive Henri W ! etc. R.uiie.ui, dans son Maître à daneer, nous pré- sente les Branles comme fort graves à la cour de Louis XI\', tandis que Tabourot les décrit gais et vits sous Henri III. Ses leçons et ses conseils sont toujours amusants. « Le dict Branle, écrit-ii, se tait sur quatre mesures de la ciianson jouée par la flutte, en tenant les pieds joincts, remuant le corps doucement du côté gauche pour la première mesure, puis du côté droit en regardant les assistants pour la deuxième, puis de même du côté gauche pour la troisième, et, pour la quatrième mesure, du côté droit en regardant la damoiselle d'une œillade desrobée doulcenient et discrètement. « Les joueurs d'instruments sont tous accoustumés à commencer, en un festin, par un Branle double ou commun, et en après, le Branle simple, puis le Branle gay, et à la fin, les Branles qu'ils appellent Branles de Bourgoigne, et aulcuns, de Champaigne. La suyte de ces quatre sortes de Branles est appropriée aux différentes personnes qui entrent en une dance : les anciens dancent gravement les Branles doubles et simples, les jeunes mariez dancent les Branles gayz, et les plus jeunes dancent legièrement les Branles de ,,î LA UASSE A ri< AVERS LES AU ES. lJi»urj;oi(;nc et iit-antmoim tous aulx Je h dancc s'acquittent du tout comme iU peuvent. •• U-N Branles étaient tellement rîpanJus, que la plupart des provinces avaient Us leurs. Parmi les plus connus, nous citerons ceux de Bourgogne et de Gascogne, ainsi que les Branles du haut Barrois, de Poitou, d'Ecosse, de Bretagne et de Malte, etc. On dansait les Branles di-s IVis, de la Moutarde, de l'Antiquaille, etc. Dans le Branle des Livandières, chacun, à un moment de la danse, frappait dans ses mains pour imiter le bruit desb;Utoirs. Dans le Branle des Hermiies, Its couples saluaient leur voisin de droite et de gauche en croisant leurs mains sur la poitrine, à l'exemple des moines. Une figure de la ronde enfantine si connue « du ixjiit d'Avignon » rappelle le Branle des Ilermites. Dans le Branle des Sabots ou des Chevaux, on frapp.iit fortement du pied sur le sol. Les Bourrées auvergnates et limousines rappellent cette singularité. Enfin, dans le Branle de l'Ollicial, se mêlait déj-i la Volte. Ce branle était plus lent que les autres et, aux dernières mesures, le danseur, saisissant sa danseuse par la taille, la soulevait en l'air. Cet usage est encore aujourd'hui pratiqué dans les danses populaires du Kous- sillon. Ln reine .Marguerite de N'alois excellait dans le Branle de la Torche. Cette danse fut en grande vogue dans l'aristocratie. « Un danseur, dit Vestris, tenant un flambeau d'une main, choisissait une danseuse, dansait avec elle un pas de son choix, puis lui remettait le flambeau entre les mains; la danseuse à son tour choisissait un danseur : ce dernier gardait le flambeau et la scène continuait avec d'autres acteurs ». Un sou- venir de ce Branle se retrouve, dit M. Desrat, dans la figure du Cotillon qu'on nomme « le Ciievalier de triste figure ». Mais ici la danseu.se remet le flambeau entre les mains du cavalier qu'elle refuse. Li Bocam fut en honneur à la cour sous Louis XUI et la régence d'Anne d'Au- triche. Selon Piganiol de la Force, son inventeur Jacques Cordier dit Bivait était un maître à danser absolument illettré et ignorant même la musique. 11 était de plus ca- gneux et goutteux, ses mains et ses pieds étaient recroquevillé-s par le mal, et iH)urtant ce piètre personn.ige fut le miracle de son siècle, jouant à merveille du violon et compo- sant des airs cliarmants. Il fut le professeur de toutes les nobles dames et eut comme élèves les reines de France, d'Espagne, d'Angleterre, de Pologne et de Danemark. Charles I", roi d'Angleterre, l'avait en haute estime, le comblait de présents et l'invitait souvent à sa table. La Piiiniu-, d'après Mme Liure Fonta, fut une belle et noble danse en grande laveur de l53o environ jusqu'à la minorité de Louis XIV, qui lui préféra la Courante. * A/fuheL . ^CL * JtiraJycinàe "U^ Sé/\ySrt>o 5uk/~id LI-: DiciiLT i>t:s <;n\\i>s nM.i.irrs. ,,:, « Les historiiiis, dit-clIc, lui prctciit deux origines : les uus la font venir d'l!si>.i_i^iie, d'autres racontent qu'elle a été exécutée en premier lieu à Fadoue. <' Au point de vue chorégrapliique, continue cet auteur, et bien que la Pavane par ses mouvements imitatifs tut déjà connue dés la lin du xiu' siècle, elle parait s'être reformée tout naturellement de la basse danse. Hlle était un peu moins «^rave que cette dernière, par les pas mêmes et par sa mesure qui est binaire; et n'avons-nous pas raison LNE KERMIiSSU: AU MOYEN ACE Daprcs le tableau J"Adrien .Moreau. (Ave; julmis. Je J. lUmssv.t, M.iii:i, J,n.jul cl Cie, éJil -frofi: de dire qu'elle était aimable, puisque, dans la basse danse, le cavalier « décoche discrète- « ment une œillade » :\ sa dame, tandis qu'à la tin de la Pavane il lui dérobe un baiser. » Li majestueuse Pavane l'ut la danse de cour; toute la gent princière d'iiurope s'v livra, chacun tenait à honneur de ligurer dans une Pavane. On faisait cercle autour des danseurs qui émerveillaient l'assistance. C'était vraiment un beau spectacle de voir les rois, les princes et les grands sei- gneurs, vêtus de lourds manteaux, que l'épée soulevait, les reines et les princesses, en robe de parade dont la longue traîne était souvent soutenue par les demoiselles d'hon- neur, s'avancer au son des instruments et marcher, plutôt que danser, en cadence, en une pompe et une majesté de dieu.x et de déesses. (^Lxlrail do LJ*)i du laiitn Pusm. — A. Uurjna v; r.i-, LJi;^ur-.j U^xtraits des &.,.. ,,„„., y,,.,. _ A. iAir.uul et Mis, Lducurs.; «/' LA DASSE A TU A Vi: lis LES AOES. On cuniprcntl que la Pnvanc ait pu nous venir ilT-spagne, on peut admettre aussi réivnutlo^ic que lui prêtent certains auteurs qui tirent son nom du mot latin patv o jUDii », car le> danseurs rap|H-laient cet oiseau au merveilleux plumage, étalant orteil- Iciis^inent, en sa démarche lente, les étincelantes moires de sa queue lorsqu'il fait la roue. Splendeur dor.IV.S7;' .1/- l-.N.WI) .S/AT/./;. 'W D.iMs le b.illct de 1(1 f /■(>.,-ais combattant en ca- dence et de dieux de la my- thologie. Il serait long et oiseux de mentionner tous les ballets qui furent joués à la cour. 11 suffira de dire que le roi se montra au public en danseur dans vingt-sept grands ballets, sans compter les intermèdes des tragédies lyriques et des comédies-ballets. Nous noterons, à titre d'exemple, le célèbre ballet du Carrousel, donné en 166.;, en lace des Tuileries, dans une vaste enceinte. Le roi dan- sait en tète des Romains, son frère en tète des Per- sans, le prince de Condé commandait aux Turcs, et le duc de Guise aux Américains. Dansle^ram/ ballet du Roi donné au Louvre en 1664, Mercure, \'énus et Pallas chantèrent un prologue. Des Amours déguisés en forgerons quittaient, au bruit des marteaux, les profondeurs de la grotte de Vulcain. Vénus apparut ensuite montrant Marc-Antoine et Cléopatre dans LE TRIO.HI'IIE DD L.\.MOLK O après une gravure ancienne. ( Ititlii'lhc.juc lulinii.ili: ) I. Gardcl l'aine parut le prcniicr au tliOàtrc à visage découvert. Ht, chose singulière, cette innova- tion ne fut pas du goût des spectateurs. Cependant elle persista, et, deux années après, invité à reprendre un niasquc, le danseur Gaétan \'estris ne s'y pouvait résoudre. lOO LA UASSE A r/M»"/i«.V LKS AGES. 1 une galère conduite par des Amours, tandis qu'à l'horizon se livrait un combat naval. Puis venaient Pluion enlevant Proserpinc, des nymphes, et toujours et encore des Amours. On vit les jardin-s de Cérès, les jardins d'Annide et Kegnault. G: fut un des plus mcn'eilleux ballets du temps. L'ann^x* suivante fut donné à Versailles le ballet poétique de la Kaissana tl Je la Puissance de Vénus où, naturellement, figuraient des dieux de rOlympi. Neptune cl Tliétis, suivis de plusiturs 1 ritons, ijui composaient le coq>s de la musique, raconte le jH.re .Minesiricr, firent entendre la j-loire qu'ils avaient qu'une déesse d'une incomparable beauté, qui devait régner dans tout l'univers, naquit dans leur empire. Neptune commença ainsi : Taisez-vous, flots impctucux, Vents, devenez respectueux, La mère des Amours sort de mon vaste empire. THÉTIS. Voyez comme elle brille en s'élevant si haut. Jeune, aimable, charmante, et faite comme il faut Pour imposer des lois i tout ce qui respire. LES TRITONS. Quelle gloire pour la Mer D'avoir ainsi produit la mer%'eille du monde. Cette divinité sortant du sein de l'onde N'y laisse rien de froid, n'y laisse rien d'amer. Quelle gloire pour la Mer I « Elle sort de la mer sur un trône de nacre, envi- ronnée de Néréides, et, peu après, est enlevée au ciel par Phosphore et les Heures. Les dieux marins et les déesses se pressent de la voir. Les Vents arrivent au bruit. Éole, qui craint les dé-sordrcs qu'ils ont coutume de faire, les resserre dans leur caverne. Castor et Pollux assurent qu'en faveur de cette naissance la navigation sera désormais heureuse. Des capitaines de navire, des marchands et des matelots s'éjouissent à leur vue. Les Zéphirs, qui avaient quitté les autres Vents pour porter sur terre cette heureuse nouvelle, en font la première part au Printemps, aux Jeux, aux Ris, et tous ensemble se dévouent à cette nouvelle divinité. Flore et Paies, avec une troupe de bergers et de bergères, protestent de ne jamais recevoir d'autres lois que les siennes. Le ballet de la Naissance de Vénus UN SEIGNEUR DE LA COUR EN COSTl ME Dan» le ballet Je U Nuit ( i633). L.\ l),\\S/C ir HR.WD SIECLE. loi finissait là, car l;i secoiuio partie était consacrée ;\ sa Puissance. Les Grâces en firent le récit et publièrent que la puissance de cette déesse s'étendait par tout l'univers, loute l'invention de cette pièce alléj,'orique, composée pour feu Madame, n'était qu une douzaine d'entrées des Amours, de Jupiter, d'Apollon et de Baccluis, de Sacrificateurs, de Philosophes, de Poètes, de Héros et d'Héroïnes soumis à la Beauté, aussi bien qu'Orphée qui va chercher son Eurydice jusques dans les Enfers. » e^'^v _ .« Ù W:! Le ballet d'HirciiL- amoureux fut représenté pour les noces du roi en iO(j(i; il est demeuré célèbre par l'iiiyéniosité de sa machination. Le premier tableau montrait une terre couverte de vv chers avec un fond de montagnes et la mer. Sur les monts, qua- torze Fleuves soumis .'i la domination française étaient accoudés. Des nuages descendaient du ciel et s'ouvraient près du sol; quinze femmes, symbolisant les quinze familles impériales d'où est issue la maison de France, s'en échappaient. Après une danse grave et majestueuse, le nuage les reprenait et, avec lui, elles remontaient aux cieux. Alors les Montagnes, les Rochers, le Ciel et la Mer, la Lune et les Etoiles dansaient en ciiantant les louanges du roi et de la reine. Le ballet de l'Amour et de Baechus, dont la musique était de LuUi, et la partie chorégraphique de Beauchamp, fut dansé en 16-2 par le grand écuyer, les ducs de Montmouth et de Ville- roy et le marquis de Rossey, devant les dames de la cour. Le 14 février 1667, on donnait à Saint-Germain-en- I-.iye le ballet des Muses, de Benserade, dans lequel furent intercalées, d'abord, la Mélicerte et la Pastorale comique, de Molière, puis sa petite comédie du Sicilien ou l'Amour peintre. Une mascarade de Maures finissait la comédie et terminait tout le ballet. Quatre Maures et quatre Mauresques de qualité y furent représentés par le Roi, M. Le Grand, le marquis de Villeroy, le marquis de Ro.ssan, Mme Henriette d'Angleterre, Mlle de la Vallière, Mme de Rochefort, Mlle de Brancas. Le Sicilien fut, quelques mois après, représenté à Paris, sur le théâtre de Molière, au Palais-Royal, par Molière lui-même, La Grange, La Thorillière, du Croisy, Mlle de Brie et Mlle de Molière'. 1. Le 20 janvier 1861, la Osmédic-Fraiiçaise reprenait la comédie-ballet. Aux intermèdes avec I.OIIS XIV F.N COSTl.ME Di; uoi sni.i:ii. D.iiis le liallct lie 1.1 Xtnl 1 1'.5.1 ). / 1 /iivs/ I //.Il //.-s /,£\v Adtss. I ' tiuwi/iix Je l AiiMui, Cl) iiÀii, lc:> iciiiincs se moiurvrcnt pour la prcmicrc loLs sur Li Nvcnc : les rôles étaient jusqu'alors remplis par des hommes travestis. Quinaut et Lulli, dérogeant à l'usage, tirent jouer quatre grandes daines, entre autres Madame la Daupliine, la princesse de G)nti, Mlle de Nantes. L'Iniftalifiii^ était un ballet comique qui se distinguait par une suite de scènes isolées se rapportant toutes au titre de la pièce. Il était fort curieux. Des personnes aifamées, en leur h.\te de manger leur soupe trop chaude, se brûlaient; des chasseurs à la chouette .itccndaient en vain devant les pièges ;\ glu; des créanciers impatients s'y montr.iitiii. Jls plaideurs, etc. Dupin, remplissant le rôle de chouette, récitait ces vers : Mon petit bec est ouc/ U..iu, lu le reste de iru figure Montre que je suis un oiseau Qui n'est pas de mauvais augure. Louis XIV dis.iit dans son rôle : De la terre et de moi qui prendra la mesure Trouvera que la terre est moins grande que moi. Parmi les ballets remarquables ou curieux, nous citerons encore celui i\\x Jeu Jf piquet, qui fut un intermède du Triomplx des dames' , œuvre de Thomas Corneille, en 1676. musique de Lulli on substitua un Pas-dc-trois dansé par Mile Nathan, Morando et Génat, de l'Opéra. La danse dite de rHirondelU, qui fait partie du ballet, se rattache à la phrase d'Isidore, l'un des personnages: cr Quelle obligation vous ai-je, si vous changez mon esclavage en un autre plus rude, si vous ne me laissez jouir d'aucune liberté? » Cette danse est une imitation d'un jeu de jeunes lilles grecques dont la tradition s'est perpétuée jusqu'au xvin* siècle (voir les lettres de la mère d'.Vndré Chénier). Dans ce jeu, une jeune lille lient une hirondelle prisonnière. Elle s'échappe, toutes se mettent à sa poursuite, et l'une d'elles s'en empare. Dans la dernière représentation qui fut donnée à l'Opéra le 19 mars lUi^j pour la fête franco-russe, au bénéfice des ambulances urbaines et des victimes de la disette de Russie, on intercala dans l'entrée de la m.isc.irade mauresque : quatre couples d'.Vrlequins, quatre couples de Pages Louis XIII et Soubrettes, huit couples de Jardiniers et Jardinières. On d.uisa : un Rigodon de Rameau, une Chacom.- .le I nlli. une Sicilienne de Bach, -un air gai de Rameau et une Forlane des Fêtes viiiitiennei de Campra. 1. Les qu.itre Valets p.jraissent d'abord avec leurs hallebardes pour faire ranger les curieux t! préparer la sCLtie. Ensuite les Rois arrivent successivement, donnant la main aux Dames, dont la queue est portée par des esclaves. Ces esclaves, au nombre de quatre, représentent la Paume, le Billard, les Dés, le Trictrac et portent des habits emblématiques; les Rois, les Dames, les Valets ont le costume ordinaire des figures tracées sur les cartes. .Aprè-s avoir formé avec leur suite nombreuse d'.'Xs, de Huit, de Neuf, etc., des danses dont les groupes montraient des Tierces, des Quinte», des Quatorze sur l'avant-scè-ne, tandis que huit champions, portés en arriére, figuraient l'Iicart ; aprè-s s'être rangés, tous les Noirs d'un côté et les Rouges de l'autre, ils finissent le ballet par un ensemble où toutes les couleurs se mêlent s.ms ordre. Sainte-Foix pctise que cet intermède n'était pas nouveau, et que Th. Corneille ou ses collaborateurs en avaient puisé l'idée dans un grand ballet exécuté à la cour de Charles VIL Ce ballet fit imaginer le jeu de piquet, vers la fin du règne de ce prince. Ceci, pour les personnes qui jouent tous les jours au piquet IN BALLET A LA ( Ol R 1)1 (iKAM) ROI Dapris la ;.'ravure de Sùbaslicn l,c Clerc. ( liiHinlhèijtit: lulinn jU- LA h.W.si-: M i.KASh MIULi:. lo.S Tous les ballets historiques ou allégoriques Janscs sous Louis Xl\' se iiistin<^uent par la-complication vraiment extraordinaire de la machination et une pompe théâtrale, une reciierchc d'ctlets -grandioses ou étranges, inconnus jusqu'alors. Nous avons dit que les compositeurs avaient été secondés dans ces conceptions, souvent magnitiques, par des interprètes rares. Li Bruyère a comparé soit Pécourt, soit le B.isque (deux danseurs de ["(^pér.i). à Bathylle de la vieille Rome : <« Il faisait tourner la tète aux femmes par sa légè- reté », dit-il encore. Bcauchamp, qui le premier trasM l'écriture chorégraphique, artiste con- sommé et compositeur savant, tut di- recteur de l'Académie royale de danse, maître et surinteiiJ.uu des ballets du roi, et plus tard maître de ballet de l'Académie ro\ale. Il excellait dans le genre noble et dansa souvent aux côtés du roi. Plus tard, Dupré, k grand, devait encore surpasser ses prédécesseurs par la distinction gracieuse de ses pas et la noblesse de ses attitudes. Noverre, dans ses Lettres, nous dit : « C'est cette har- monie rare dans tous les mouvements qui a décoré le célèbre Dupré du titre glorieux de « dieu de la danse ». En effet, cet excellent danseur avait moins l'air, sur la scène, d'un homme que d'une divinité. « Enfin Ballon parut : il justifiait son nom par la légèreté de ses pas. Les bals donnés par Louis XIV étaient d'une grande magnificence, mais l'on ne s'y amusait guère. Le froid cérémonial est naturellement l'ennemi du plaisir. Le plus beau de ces bals fut peut-être celui que le roi donna à l'occasion du mariage du duc de Bourgogne. sans en connaître l'origine. (Castil-Bi..\ze.) — Il fut un moment question, en l!; le roi, le roi et la reine d'Angleterre, Madame h duchesse de Ikuirgogne, les princes et les princesses du sang. « Les trois autres côti-s étaient bordt-s, au premier rang, de fauteuils très riches pour les ambassadeurs, les princes et les princesses étrangers, les ducs, les du- chesses et les grands officiers de la couronne. D".iutres ... 1,T KOt'ÉKA 11 (lu xvir siicic. rangs de chaises, derrière ces fauteuils, étaient remplis .-—■'Ilonjle.) • w ■ I 1 j 1 par des personnes de considération de la cour et de la ville. A droite et ù gauche étaient des aniphithé.itres occupés par la foule des specta- teurs. Pour éviter la confusion, on entrait par un moulinet l'un après l'autre. II y avait encore un petit amphithé.\tre séparé où étaient placés les vingt- quatre violons du roi avec six hautbois et six flûtes douces. n Toute la galerie était illuminée par de grands lustres de cristal et quantité de girandoles garnies de grosses bougies. Le roi avait fait prier par billets tout ce qu'il y a de personnes les plus distinguées, avec ordre de ne paraître au bal qu'en habit des plus propres et des plus riche- de sorte que les moindres habits d'hommes coûtaient jus- jy^. qu'à trois ou quatre cents pistoles. Les uns étaient de /f velours brodé d'or et d'argent, doublés d'un brocart qui coûtait jusqu'à cinquante écus l'aune; d'au- tres étaient vêtus de drap d'or ou d'argent. Les dames n'étaient pas moins parées; l'éclat de leurs pierreries faisait, aux lumières, un effet admirable. « Comme j'étais appuyé sur une balustrade, vis-à- vis de l'estrade où était placé le roi, je comptai que cette assemblée pouvait être composée de Iniit cents per- rOSTUME DE BALLET D aprè» une (nature ancienne du XVII* siccle. A.i /).i.v.s7-: .1/- (;/M\7) siHii.i:. i"7 .m.\i>i;m()Isi.i.i.i-; di i-dkt l>'aprùs iiiiL' ^;ravuro Jii wii* mccIc. ( IliUioUièquc tulioiuli:.) soniKs, dont les ditrérLiitcs p.irurcs toniiaiLiit un s|>(.cr:K-!i.- ili.iini.mt Il Myr L-t M.Ki.iinc de BDuriio^iie luiviia: . (".uii- r.intc, LiisiiitL- Madame de Bi)uri;i\yiie prit le mi d'Aiii;!eteire, lui l.i reine d'An^^Ieterre, elle le roi, qui jirit Madame de Bourgogne; elle prit Mi>iiseij;neiir, il prit Madame qui prit M. le duc de Ik'rri. Ainsi, successivement, toutes les j^rincesses du sang dansèrent chacune selon son r.uvj.. « M. le duc de Chartres, aujourd'hui ré\i;ent, y dansa un Menuet et une Sarabande de si bonne i^r.ice avec Mme la princesse de Conti, qu'ils s'attirèrent l'admiration de toute la cour. » Comme les princes et les princesses du s.wvj, étaient en grand nombre, cette première cérémonie fut assez lonj^ue pour que le bal fit une pause, pendant laquelle les Suisses, précé- dés des premiers ofliciers de bouche, apportèrent six grandes tables ambulatoires, superbement servies en ambigus, avec des buffets chargés de toutes sortes de ratVaichissements qui furent placés au milieu du bal. Chacun eut alors la ]>Ius en- tière liberté d'aller manger et boire à discrétion pendant la demi-heure qui suivit. « Outre ces tables, il y avait une grande chambre, à côté de la galerie, qui était garnie sur des gradins d'une infinité de bassins remplis de tt)ut ce qu'on peut imaginer pour composer une superbe collation, dressée avec une propreté enchantée. Monsieur et plusieurs dames et seigneurs de la cour vinrent voir ces appareils et s'y rafraîchir; je les suivis aussi. Ils prirent seulement quelques gre- nades, citrons, oranges et quelques confitures .sèciies. Sitôt qu'ils turent sortis, on abandonna tout au public, et cet appareil fut pillé en un moment. i" Il y avait, dans une autre chambre, deux grands bullets garnis, l'un de toutes sortes de vins, et l'autre de toutes sortes de liqueurs et d'eaux rafraîchissantes. Les buffets étaient séparés par des balustrades, et, en dedans, une infinité d'officiers du gobelet avaient le .soin de donner à qui en vt)ulait tout ce qu'on leur demandait pendant le bal, qui dura jusqu'au D.XXSEl'R EN II.MIIT OROTESQUE t>E p.ws.w matin. Le roi en .sortit à onze heures avec le roi d'Angle- DaprOs une firavurc ancienne i • i • i n Ju xvir siècle. terre, la reme et les princes du sang, pour aller .souper. ■ -V .1. 7-- V7 .' -'.,—,. lÔft^ » • ... • • • f/A^. •> (*. '^ I-, '■ .«!'..- •m'--^ — ^:ii:i^r!^''\ •_• * :; ' I ■ TT ! i ■ );- ■ f : *^ ,.♦'♦•, » ^^m &S3j±; £aï=P ^^i>ff|?^^ggg^ g^;£ fVV.^'^- t-;- »ï>'j r.) j.f tcmptf S-_î e ^febM Hn^M ifetôSI (^vjLw-r-t frr« ^..-.- ■• . » • • }.• ;': : ii t '.«5-1 ^T (,Hxir.iit dcb AV/xij i/« ÏW//yij l'iUii'. — A. Durand ut lils, cJitcurs.) IKI l. A /M.V.V/; .1 //Ml /AS /. /:.V AOES. PcnJjiu tout ic temps qu'il y fut, on ne dnnsj que des d:inscs graves et sérieuses, où h lH>nne {;r.ke, la noblesse de I;i danse parurent dans tout leur lastre. » Ixs bals niasqu{-s, fort à la nuxle sous le rù-gne de Louis XIV', ne commençaient qu'après minuit, la plupart se distinguaient de ceux de la cour par une grande liberté d'allures. sans que cela nuisit h leur beauté. I-tirsqu'on dî*sirait, à cette i'ptxjue, se rendre dans un bal avec la volonté de ne point prendre part ii la danse, il suffisait de s'envelopper dans un large manteau. Quant aux dames, elles s'entouraient d'une écharpe. Cette convention était d'ordinaire respectée. Q-pendant les dames s'elTorçaient de faire tomber le manteau du réfractaire et de lui faire abandonner sa résolution. Elles atta- chaient beaucoup de prix à la réussite de leur projet. L'antique Pavane, qui jadis avait remplacé la basse danse dans les so- lennités, la noble danse de la cour de Henri III, le grand bal, comme on l'appelait autrefois, vivait encore à la cour de I^uis XI\'. Ce n'était plus pourtant celle de Tabourot : 1 Le gentilhomme la peut dancer ayant la cappe et l'espée; et vous aultres, vestus de vos longues robes, marchant honnestement avec une gravité posée et les damoiselles avec une contenance humble, les yeulx baissés, regardant quelquefois les assistans avec une pudeur virginale » Ce sont des Pavanes, disait-il encore, « que nos joueurs d'instruments sonnent quand on meyne cspouser en lace de la Sainte Eglise une fille de bonne maison... et lesdites Pavanes sont jouées par hautbois et sacquebutes, qui les appellent le grand bal et les font durer jusques à ce que ceux qui dancent aient circuit deux ou trois tours dans la salle, si mieux ils n'aiment la dancer par marches et desmarches. » Dur.iiu près d'un siècle, les grands sujets des premiers b.iliets av.ilciu f.iit leurs M. UALl.oN, DANSKI R A L Ol'ERA D'arri'N une (.Tavurc du Icmps. {llitliolhégue nj/innj/f.) LA D.WSI-: AT CRWIi SI i:c 1./:. ciitrccs aux sons tlo l.i Rivanc. lu non seulement elle tiu en vogue dans les théâtres et dans les cours, niais la bour_i;eoisie tranijaise s'y adonnait avec passion. On voyait alors le cavalier, le chapeau dune main, l'épée au côté, un yrand manteau relevé sur le bras, otlVant "gravement la main droite à sa dame, rii^ide en sa rohe à traîne, pesante, chamarrée d'or et de pierreries. Tel qu'un couple d'idoles, le seigneur et la dame allaient, solennels, en cadence lente.... Avant de commencer la danse, ils s'étaient gravement promenés autour de la salle, et étaient allés saluer les maîtres de la maison. Four égayer un peu l'assistance, on dansait quelquefois une Gaillarde après l'altière Pavane. L.I Pavane était donc par excellence une danse d'apparat'. Mais, après avoir subi des modifications qui, à la longue, avaient altéré son primitif caractère, cette danse était devenue tout .'i fiit iirétcntieuse sous Louis XIV. Elle disparut '. Le grand roi lui avait préféré la Conniiitc, qui .ivait été tort à la mode au xvi'' siècle. C'était une des plus anciennes danses figurées. Tabourot a décrit une petite .scène de ballet qui, dans sa jeunesse, servait d"introductit)n ,'i cette danse '. .MADK.MOISKI.I.E SUDI.ILINV D.nprùs uiit; irravurc Ju temps. {llil'liollu\]uc njHiinjU'. 1 . « Elle sert aux rois, princes, seigneurs graves pour se montrer on quelque jour de festin solennel avec leurs grands manteaux et robes de parades; et lors, les roynes, princesses et dames les acconipai- gnent, les grand'queues et leurs robbcs abaissées et traînant, quelquefois portées par damoiselles. On se SL-rt aussi des dictes Pavanes quand on veult fiiire entrer en une mascarade chariots triomphants de dieux, déesses, empereurs, etc « On peult jouer les Pavanes avec épinettes, flultes traverses, haultbois et aullres, voires chanter avec les voix, mais le tambourin aide merveilleusement, par ses battements uniformes, .1 faire les mou- vements. " 2. 11 est intéressant de voir la théorie de la Pavane transcrite par le professeur Desrat, et dont la musique a été reconstituée par Signoret. (Iîokne.m.w, éditeur, 1.5, rue de Tournon.) .3. « Dans mon jeune âge, ils dressoient sur la Courante une forme de jeu et ballet; car trois jeunes hommes choisissoient trois jeunes filles, et s'estant mis en renc, le premier danseur avec sa damoiselle la inenoit en fin sister (se placer) à l'aultre bout de la salle, et retournoit seul avec ses compaignons; le deuxième en faisoit de mesnies, puis le troisième... et quand le troisième estoit de retour, le premier .allait en gambadant et faisant plusieurs mines et contenances d'amoureux... requérir sa damoiselle, laquelle lui faisoit reffus de la main, ou lu\' tornoit le dos ; quoi voyant, le jeune homme s'en retornoit en sa place, f^iisant contenance d'estre désespéré; les deux aultres en faisoient autant. Enfin ils alloient tous trois LA DA.S.St: I //ill/./i'v J.I..S A tu:. s. Ij gravit* et la noblcsM: de son caractère l'avaient lait adopter dans les réceptions de la cour et dans les nobles maisons. La collection Philidor contient plusieurs Courantes dansées devant les rois Henri II, Charles IX et Henri III. Qliuzac nous apprend que Louis XIV s'y montrait cavalier accompli. Ix théâ- tre du temps est plein d'allusions qui témoijjnent de la vogue de cette danse : « Pécour, tous les matins, lui 111. .litre la Courante », dit Regnard; " Baptiste (Lulli), le très cher, n'a point vu ma Courante », dit Molière. D'aprt-s Littré, la Courante com- mençait par des révérences, après quoi !c danseur et la danseuse décrivaient un j\is de Courante, c'est-à-dire une figure réglée qui formait une sorte d'ellipse allongée. Ce pas se composait de deux parties : la première consistait à faire un plié relevé en même temps qu'on ramenait le pied de derrière à la quatrième position en avant par un pas glissé (qui est passer doucement le pied devant soi en touchant légèrement le parquet); la deuxième consis- tait en un demi-jeté d'un pied et un coupé de l'autre pied. « On voit par là, ajoute-t-il, que la Courante était plutôt une marche pleine de belles attitudes qu'une danse pro- prement dite, puisqu'on ne s'enlevait pas de terre. » Le pas de la Courante a beaucoup d'analogie avec celui du Miiiiift. C'est une danse purement française, toute remplie d'allées et de venues, et qu'on a assimilée à la Segiii- ilillii espagnole. Quant à la Gavotte qu'on dansait sous Louis Xl\ , nous la retrouverons avec .\Iarie- .AiUoinette et après la Révolution. L'origine de la Chaamc est obscure. Cervantes prétend qu'elle fut primitivement ACTKIl'E hAN^AM D'aprcs une Kravurv Je la lin du xvii' siàcle. (UiHioUiéque njliotijle.) ensemble requérir lesdites damoiselles, chacun la sienne, en mettant le gcnoil en terre et demandant merci les mains jointes; lors les dites damoisclles se rendoient entre leurs bras et dan^oient la dicte Courante pesle ineslc. » AI liASSI-: Af CUWh slllCI.i:. une danse de nègres et de mulâtres importée à l.i CDur de Philippe II, et dont la j^r.ivité castillane aurait modifié le caractère. La Ciiacone, danse savante et théâtrale plutôt que danse de ville, se distin-juait par la noblesse de son style et sa reclierche artistique. En l'rance, elle obtint le plus vif succès comme danse noble .'i la cour de Louis XllI et .'i la cour de Louis XI\'. L;i plupart des grands opéras se terminaient par la Ciiacone, dont la musique variée et charmante permettait de composer dans les ballets des sortes de tableaux vivants, pendant que le danseur isolé développait des pas de précision et d'adresse. Au xviii' siècle encore, Gaétan \'estris obtint de grands succès dans Li Ciiacone. Son maître, le célèbre danseur Dupré, se distinguait surtout dans les Chacones de Ranuaii. Jean-Étienne Despréaux, comparant cette danse .1 l'ode poétique, dit : De l'ode la Ciiacone a l'éclat, rénerf;ie : Élevant jusqu'au ciel son vol audacieux, La Ciiacone sans doute est la danse des dieux.... La Sarabande, venue d'Espagne, était une danse .1 la fois noble et passionnée. Nombre d'auteurs espagnols ont disserté au xvi" siècle sur l'origine de la Zaralhvtda. Elle apparut, dit-on, vers 1^88 pour la première fois .1 Séville. L'historien Mariana déplore la folie qui semblait s'être emparé de tous à l'occasion de la Sarabande, qu'il appelle el pcstijWo baylc de Zara- bauda « la danse pestiférée de la Sara- bande ». D'après Gonzalès de Salas, qui a écrit au xvn" siècle, on disait une distinction en Espagne entre les Dan:^as et les Bayles. Les Danzas se composaient de pas graves, solennels, mesurés, les bras ne participant jamais à l'action. Dans les Bayles, au contraire, [ d'où dérivent la plupart des danses i.c ballet de la jeunesse (1680) t-smiTn^Iao -.-►., ,11 I D-iprù!. une estampe de la collection llcnnin. espagnoles actuelles, les mouvements (Bitiu,aL^,.c ,uiw,uu:) ■♦^âM^^ r -" N. L.K CARJMAVAXr fJ a /a /-ci/? {Je Uutli l6^C «•4M»i '^- ' « ' ; î î I ( t » t ' • » * • • 1 • • 1 • » t ! • • * 1 * • ' • ^ r r ■v^ -'' ' (Extrah des iV/.ro j faut. A. Durand et fik. cditcun.) ]^^ ^4 l^ry mi il ■g 4i, trfnpu^ /rilrn mr.Irr. V..yS*-;4% (Extrait des Izilxis du Temps passf. — A. Durand et fils, éditeurs.) M'. l.A liASSK A TRAVERS LES AGES. du cor|>» tout entier avaient h plus grande liberté. Plusieurs de ces Bayiez, les Picartscos entre autres, étaient d'un caractère presque inconvenant. L'un d'eux, <■/ l:uarratnan, tut longtemps en grande faveur, nuis aucun n'atteignit au succès de la ZaralHttuia. Li S.tr.ibande était généralement dansée par des fenunes, au son de la guitare. Quelquefois les flûtes et les harpes soutenaient les accords de la guitare et accompa- gnaient le chant et La danse. Des dan- seuses, parfois, dansaient la ZarahtiJa en s'accompagnant elles-mêmes de la guitare et de la voix; elles étaient fort recherchées. Ix pri>digieux succès de l.i Xiira- l'anJii passa li-s Pyrénées; dans un bal que Louis XIV donna à l'occasion du inari.ige du duc de Bourgogne, le duc de Chartres, qui plus tard devint le Régent, dansa une Sarabande avec la princesse de Conti, et tous les deux provoquèrent des exclamations admi- ratives de la cour. La Sarabande fut le triomphe de Ninon de Lenclos; le duc de Ciiartres et la princesse de Conti y excellaient. Un Italien, du nom de Fran- cisco, .ivait composé l'air d'une des plus célèbres Sarabandes. Le chevalier de Grammont écrit à ce sujet : « Elle charmait ou dc-solait tout le monde, car toute la giiitarerie de la cour se mit à l'apprendre, et Dieu sait la ràclerie univer- selle que c'était.... » La p.ission que ces airs avaient inspirée fut telle, que Vauquelin des Yvctcaux voulait trép.i.sser aux sons d'une Sarabande « afin, disait-il, que .son âme passât plus doucement ». Il avait quatre-vingts ans! .\ la cour de Charles II, roi d'.\ngleterre, la Sarabnide fut aussi en grande faveur. .Mais la vogue de la Sarabande ne persista guère au del.'i du xvii' siècle. Jean-Jacques Fi;.M.ME 1»K ylAl.lTE KANSANT D'après une L'ravure de la lin Ju xvir siècle. IN l!.\l, A I.A I-RANrAISli EN |W2 D'après un nlnianach du temps. {BiHiuthù.]iic nationale.) /. 1 /).IV.S7: ir Cli.WI) SIECLE M<) Rousscauvonstatc que, de son temps, elle n'est plus en us;it;e, si ce n'est dans quelques vieux opéras rran>,"ais. Le Miiiiiti, au contraire, fut surtout la danse favorite de la cour de Louis W : cependant Louis Xl\' dansa plusieurs Menuets dont Lulli avait composé la musique tout exprès pour lui. l'Alliinamh' était une danse très ancienne, un peu lourde et qui manquait de UANSIC DIC PAYSANS FLAMANDS Gravure ilu lumps liaprcs le tableau de Jean Miel. (Ditliothè^iiic lulinnale.) grâce et d'élégance; on la dansa en 1540 aux fêtes que François I"' donna à Charles- Quint. Une des particularités de cette danse est que le cavalier ne quittait point les mains de sa dame dans ses tours et ses évolutions. labourot nous dit : « Vous la pourrés dancer en compaignie, car a^ant une damoiselle en main, plusieurs aultres se pourront planter derrière vous, chascun tenant la sienne et tous ensemble, marchant en avant et en rétrogradant par mesure binaire, trois pas et une grève (ou pied en l'air) sans sault, et quand vous aurés marché jusques au bout de la salle, pourrés dancer en tornant sans lascher votre damoiselle. Les aultres suivront de mesure, et, quand les joueurs d'instruments cesseront cette première partie. - \. chjcun s'arrcstcra et tlcviMrra avec sa i.iinoiscllc, et rccunimciiccr6> comme iiparavaiu pour la deuxième partie; i.i troisième, vous la dancercs par la ;'^ îiiesure binaire, mais plus légère et cou- itée (vive), en y ajoutant des petits lults comme h la Courante. « En dançant l'Allemande, ob- serve notre auteur, les jeunes hommes quelques tois desrobent les damoiselles, les ostant des mains de ceulx qui les ineynent, et celui qui est spolié se tra- ..lille d'en ravoir une aultre. Mais je n'approuve jwint ceste façon de faire, parce qu'elle peult engendrer des que- relles et mécontentements. » L'Allemande fut en faveur jusqu'à la fin du XVIII' siècle. Cette danse présentait ce caractère particulier d'être exécutée par un grand nombre de personnes, dirigées par un couple; elle doit donc être regardée comme une sorte de Branle. La théorie qu'en donne Thoinot montre, d'autre part, qu'elle est assez semblable à la danse anglaise appelée Sir Rogtr de Ccnerky, danse dans laquelle les cavaliers et les dames sont plact-s vis-à-vis les uns des autres sur deux lignes parallèles. Un couple marchait suivi de tous les autres, et, après avoir traversé la salle de bal, tous rétrogmdaient et tournaient sans quitter les dames. L'air de la première Allemande est, dans VOrclysographif, accom- pagné des pas de danse. Il y a loin de cette ancienne Allemande à l'Allemande moderne, car danse et musique difierent essentiellement.... Le célèbre maître de danse de l'Opéra sous Louis Xl\', Pécour, nous a laissé dans la Clwrégraphic de Magny la musique de l'ancienne Allemande, musique assez gaie pour l'époque et écrite en six-huit. Les pas principaux sont des temps de Courante et des pas de Gaillarde; les deux danseurs tra- versent la salle, se séparent en tournant, l'un à droite, l'autre à gauche; après quelques pas faits en tournant, ils se réunissent au milieu, se séparent et se promènent isolé- ment sur les côtés. Le cavalier, placé dans l'un des angles, et sa dame, dans l'angle LA DANSE FRA.NÇAISE D'aprcs un dessin du xvir sicde. (B(f/io/A«V"<^ lulionjle.) LA n.wsE m: GR.wn sr/cci.E. 121 oppose, exécutent quelques pas en tonnant un carré, tous Jeux se rapprochent et reprennent leur place primitive pour terminer, (i)esrat.) Le Piusifù't!, ilanse figurée venue de Bretai^ne, dit-on, tut loiigtem])s aimé à la cour, malgré la vivacité de son mouvement rythmé à trois temps. .Mme de Sévigné dansait des Passepieds aux iètes données a Rennes .'i l'occasion des Ltats de Bretagne. D'ailleurs sa tille, Mme de Grignan, une des meilleures dan- seuses de ce temps, alTectionnait particulièrement cette danse. Le Passepied était une DANSi: l)K l'AVSANs 1>A^^ IN lAllAKlii ll.A.MAM). — IN l'As Uaprùs un talMcau Je Ténicrs. {Minée Je Mûnidi.) ,| I-. M <•]■'< sorte de .Menuet de vive allure. N'overre, dans ses Lcllrcs sur la dausc, parlant de Mlle Prévost, de l'Opéra, nous dit qu'elle courait le Passepied avec grâce : « Le léger Passepied doit voler terre à terre. » Cette danse, fort répandue en Bretagne, était caractérisée par la rapidité avec laquelle les pieds se croisaient et s'entrecroisaient en glissant. « Notre pas de Bourrée, dit M. Desrat, semble une dérivation de ce pas de Passe-pied. » Mme de Sévigné a parlé de cette danse à diverses reprises dans ses lettres, notamment dans celle du 12 août 1671 où elle dit : « Le soir, on .soupa, et puis le hal. Je voudrais que vous eussiez vu l'air de .\L de Lomaria, et de quelle façon il ote et lemet son cha- 11} i;j / I tiWSE A TRAVERS LES AGES. peau; quelle légèreié! quelle justev*-! Il peut défier tous les counisans et les confondre, sur ma parole. » n Ij Pasiacaillt, dit le professeur Desrar, serait venue d'Italie ». Son mouvement lent et grave, k trois temps, avait beaucoup de grûcc et d'harmonie. Les dames se livraient avec plaisir à cette danse : leurs grandes robes ù traîne y ajoutaient un certain caractère de majesté-. Telles sont, en ré-sumd*, et en dehors des ballets, les prin- cip.«lcs danses qui furent en faveur au grand siicle. Les Branles, les Brandons, les Rondes, dit M. Dcsrat, jtuiaient aussi un gr.ind ■^-^ s*" "i»*'-* "' -s— i-.»i» _ - ._ L Al.LLMAMiL D'après une (fravurc 3n^'lai>e Ju xviir.siccle. rôle dans les plaisirs du temps. L:\ plup.irt des bals s'ouvraient par un Branle. Nous trouvons dans \' Orcfxsographk de Thoinot-Arbeau les noms d'un grand nombre des vieux Branles accompagnés de leur tlicoric. C'étaient ceux du Haiit-Rarrois, du Moiislier en Dcr, i\i: Haynaut, <ï Avignon, etc., etc. Les Branles du Poitou et d'iicosse se distinguaient des autres par leur mesure à trois temps. Le Branle des Lavandihcs, dont parle Thoinot, a souvent été reconstitué depuis et toujours avec succès. « Les dan- seurs s'y accompagnent en frappant dans leurs mains comme dans la Ronde du Carillon de Dunkerquc. » /. I /».i\.s/; M liKAM) sii:cj.i:. '■t KERMESSE FLAMANDE D'après le tableau de Ténicrs. ( Miiscc Je Munich. ) Mais les danses de cour se rcssentaieiit tlu fioid cérémonial, du silence et de la con- trainte officielle. Les ballets alléf^oriqucs du rèj^nc précédent où l'on représentait l'Apparence avec inie jupe étoilée de glaces, des ailes et une queue de paon, le Temps avec une horloge ;\ la main, le Mensonge par une lanterne sourde, étaient remplacés par les grandes scènes mythologiques. Mais des idées bizarres étaient passées par la tèie du roi. Durant sa jeu- nesse, il était agréable et dansait à merveille; on le vit, au ballet d\\si:.\ rHAVHliS LKfi ir.rs I r4ii.,-4iN, kjut u uiuuitri, ài.5 pairs d'Angleterre avait iiuuo a akbrtr le rctuur Ue Clurle> II par un ballet |H>ctiquc, supposaient qu'Alithie, la vi-rité de la Religion, s étant réfugiée dans cette ile, Atlas et les Muses lui amenaient toutes les nations pour lui fairi leur compliment - On entend.i.. « v». ballet des vers tels que ceux-ci : Ht combien d'auta*s de cette force ! En résumé, les spectacles de cette époque se distinj^uaicnt plus par la poniju.-, la m;t^nilicence et l'ordonnance que par le goût. On lui doit des recherches nouvelles, des idées neuves et des combinaisons scéniques inattendues. On pourrait appliquer encore à ce régne les paroles du maréchal de Richelieu : « En France, on ne fait de haute politique qu'au bal; le Conseil des ministres n'a été inventé que pour approuver les projets conçus entre dcu.x Menuets. > COSTUMES DE BALLET Iil XVIll' SIECLE Daprù^ une irravurc de la collcctum Hennin. Bitliothique lUlioHjle.) .MADAMI-; (tXIIOlS DANSANT Daprts le tableiu J'Aiiloini; Pc^ni; {i-.\:). (Miisèc Je licrlin.) Qw:: ^ ■ LA DANSE SOUS LOUIS XV LES PEINTRES DF5 FÊTES GALANTES. — LE MENUET. — LA GA\OnE. MADEMOISELLE SALLE ET LA CAMARGO. AI A fin du wii" siècle, de vagues aspirations entrai- iiaient les arts vers de nouvelles destinées. Aussi le coninieiicement du siècle suivant fut-il marqué par l'explo- sion d'une réaction qui, lentement, s'était préparée contre la majestueuse solennité des dernières années du grand roi, contre l'étiquette outrée et la dévotion oflicielle. L'époque nouvelle s'éprend d'un art un peu factice, il est \ rai ; mais un singulier charme la distingue entre toutes. La haute société du xviii" siècle est moins fastueuse que celle d'au- trefois, mais infiniment plus raffinée; les mécènes de la finance copient la noblesse et encouragent l'éclosion des talents et de toutes les élégances. C'est le règne de la délicatesse et du goût, goût subtil, délicatesse un peu mièvre. *^-*rl lA\~AN\i; IjANSANT Par A. de Saint-Aubin. LA 0.1 s ->/; //.Il i:us /./v\ \<;i:.\ un peu maniérée. L'art pictural est privé de puissance et d'éniution, et, par suite, de grandeur; mai.s il est joli et séduisant. La décoration elle-niénie s'attache à chaisier les regards, les tninicaux s'encastrent dans les boiseries aux fines volutes, et, dans les boudoirs et les petits salons aux nuances nacrées semées de fleurettes, dans les parfums d'ambre et de benjoin, si-rpentent les caprices d'un art ornemental très frêle, brillent U-s meubles de l'école de Boule ou les panneaux en vernis Martin aux couleurs tendres semées de guirlandes fleuries et d'entrelacs d'or. I-cs orfèvres révèlent des fomies variées, contournées et gracieuses. Les miniatures s'en- châssent en de précieux écrins. Ia.s femmes se vêtent d'étoffes It-gères, ornées de rubans mauves et de chatoyantes et délicates tlcurs; elles pit^uent leurs joues de mouches, mettent du rose sur leurs lèvres, se haussent sur de tins t.ilons. L'engouement général est aux peintres des fêtes galantes, à W'.it- teau, qui florissait déjà à la fin du règne de Louis XI\', .1 Lincret, à Boucher. L.i plupart sinspirent du théâtre, vers lequel une passion nouvelle entraine la fouie. W.u- te.iu, qui personnifie le mieux son époque, pare ses personnages de costumes élégants, les attiic de jabots et de manchettes. Il peint F Hinbarquemcnl pour Cytlk're. Boucher, premier peintre du roi, ne cesse de faire couler de sa palette des Amours et des roses; ses œuvres sont merveilleusement appropriées aux lambris clairs, vert d'eau, bleu pile ou ivoire, rehaussés d'or. Boucher et Watteau, peintres de boudoirs, font mener des moutons frisés en de vertes prairies par des bergers et des bergères enrubannés. Lancret f;iit danser le Menuet à des femmes de rêve, à des gentilshommes d'une cour radieuse, sur des rives fleuries aux frais ombrages, sur des fonds de coteaux bleus et roses. Latour, le pastelliste aimé d'une danseuse, s'inspire, h son insu peut-être, des gazes légères dont s'entoure sa maîtresse, et modèle ses pastels .VAI>LM(ilSLLI L !-AI,Lt. I \ TLKI'SH llnUi; IKANi.AljL Dapris une frravurc ilu Icnips LA D.WSE sors /.mis \\\ en tons dinplinncs, vaporeux et d'une rare fraîcheur. L;i danse avait suivi l'expres- sion des autres arts dans l'ère nou- velle qui s'ouvrait. La majestueuse et froide Pavane disparais.sait peu .'i peu pour faire place au gracieux et noble .Menuet, au Fasse-Pied rapide, à la Gavotte vive. Les ballets, par la variété" des pas, des attitudes et des combinaisons d'ensemble, des re- cherches d'éléjjance, suivent la même voie sous l'impulsion de N'ovcrrc, qui crée une centaine de ballets dont le succès ne se dément pas. Nous aurons, d'ailleurs, occasion de parler longuement de Noverre dans le cours de ce chapitre. Deux figures de femmes, deux danseuses, se partagent les faveurs de la cour et de la ville pendant le xvin' siècle : Mile Salle, Mlle de Camargo. \'oltaire s'écrie : .\li ! Camargo, que vous êtes brillante ! .Mais que .Salle, grands Dieux! est ravùssante ! Que vos pas sont légers et que les siens sont doux ! Elle est inimitable et vous êtes nouvelle. Les Xymplies dansent comme vous, Kt Ici Cm- .lires dansent comme elle! LE FEU DE LA SAINT-JEAN D aprùs une gravure de Miircau lu jeune, publiée dans les Chanfniis de M. lie l.alHirJe. Mlle Salle avait une dan.se expressive, et jamais elle ne connut ni ne voulut tenter les sauts, de même que, malgré les vives instances de ses plus fervents admirateurs, elle ne voulut pas se soumettre aux autres caprices chorégraphiques. L'enthousiasme qu'elle inspirait allait jusqu'à l'idolâtrie. A la porte du théâtre où une foule énorme se pressait, le désir qu'on avait de la contempler amenait quelquefois des batailles. Des spectateurs pa.ssionnés, qui avaient payé fort cher leurs places, n'ar- rivaient à pénétrer dans la salle qu'en jouant du poing. A Londres, lors d'une repré- sentation donnée à son bénéfice, au moment où, faisant sa révérence dernière au I3K LA HASSL A / A'.l VERS LES AULS. *. u^ COSTIMES UE IIA1.1.CT ( XVIH* glÈCM') Il'aprii une H public, c-llc albii quitter la scène, l'ar- tiste vit tomber à ses pieds et s'amonceler devant elle des bourses gonfla de gui- ces et de bijoux. L'e^isaim d'Amours qui entourait la danseuse et deux Satyres enlevèrent en cadence le sac de la re- ttc improvisée ». En ce soir mémo- rable, Mlle Salle fit une recette de plus de deux cent mille francs. Mlle de Camargo, fille d'un in.iitrc .\ danser, était née 'A Bruxelles; son grand-père avait épousé une Espagnole de la noble famille de Qimargo, i laquelle l'Église devait un évoque, un nrchcvêque et un cardinal, doyen du sacré collège sous Léon X. « Pendant que .Mlle Caniargo, dit Cistil-BLize, raviss;iit les Parisiens en dansant des Loures et des Musettes, son oncle, Don Juan, s'exerçait ;\ faire brûler des juifs et des .sorciers. Don Ju.ui de Camargo, évèque de Painpekine, rem- plaça don Diegiie d'Astorga y Cc.spcdcs le iM juillet 1720, et fut le trente-cin- quième inquisiteur général en Esp.ignc. » Li jeune danseuse n'avait que dix-huit ans, quand le comte de .\lelun l'enleva; sa petite .sœur voulut être enlevée avec elle! Ferdinand de Cupis de Camargo, père des deux jeunes filles, s'adressa au cardinal de Fleury, le priant, dans .son pl.icet, d'obliger le comte à épouser sa fille aînée et à doter la cadette. .Mile de Camargo n'avait, parait- il, aucune vocation pour le mariage, car elle quitta bientôt M. de Melun pour M. de Marteillc, son cousin, lieutenant aux ar- mées du roi. Mais le brillant officier fut tué dans les Flandres, et la danseuse, profon- losriMis iii; liAiir.T 1 xviir.sui i.i:j dément affectée, quitta aussitôt le thé.itre D'apris une cr-ivurc de la collccliun Hennin ». • i i iiuttinihi^uc naiionju.) POur " Y rentrer que six ans plus tard. rOSTf.MKS DE BALLET (XVIIl' SIEf LEI D'après une gravure de In collcctiun Hennin. illiHinlhi'^ue nalimulf.) • «i^^w-^ V AI h \ V.s/-- sois /.(tris w Le t.ilciu Je 1.1 future .irtiste se révéla dés l.i plus [teiuire ent.iiue. On r.icom.iit qu'étant ciitore dans les bras de sa iiDurrice, un air de violon, entendu par hasard, l'agita de mouvements si vifs et si cadencés à la fois, que les témoins en auLjurèrent aussitôt que la virtuose de dix mois serait sans doute une des premières danseuses du monde. LA DANSE SOLS LES PORTHiLES Daprcs k tableau ptint par .\. \V,itli;au. l.\oun:jii',I'jljis, j Berlin.) Cet horoscope, tiré des premieis ueinuussemenis d'une enlant, aux sons fortuits d'un violon, parut rapidement justifié. Elle n'avait que dix ans quand la princesse de Litjne, qui avait constaté ses merveilleuses aptitudes, offrit à ses parents de payer les frais de son éducation de danseuse et de l'envoyer à Paris. Ces offres furent acceptées, et elle devint l'élève de Mlle Prévôt, celle qui, nous l'avons vu, « courait joliment le l33 LA l),\ TUA \i:rs /./-,> .10/ ,> IIAHUAKA l AMPASIM, DITE LA nARRARINA D'après le tableau d'Antoine Pe>nc. l'.issc pied ». Trois mois après, clic d^-buuit à Rouen. .\ sci/c ans, clic entrait à l'Op^-ra, obtenait un icccs inouï dans les Cartulèrti de la Danu. Agile cl pimpante, d'une It-gtTcté de sylphide, elle pétil- lait d'esprit, a Elle ri-unit bientôt, dit Castil-BIazc, la noblesse et te feu de l'cxccution ù la gaieté ravis- sante qu'elle tenait de la nature. Sa conformation était la plus favorable à son talent : ses pieds, ses ' \inbcs, sa taille, ses mains étaient de la forme la , lus parfaite; s;i figure expressive n'offrait ccpen- liant rien de remarquable sous le rapjxjrt de la beauté. Comme le fameux arlequin Dominique, Mlle de Camargo était fort gaie sur la scène et fort triste \ la ville. » Comme on l'avait fait pour Mlle Salle, on se (C*j/rjM ic uerhn.) battit encore aux portes de l'Opéra pour la voir. Cette danseuse fut l'objet des plus vives polémiques; les modes nouvelles s'autorisaient de son nom, et un cordonnier lit fortune en chaussant à la Camargo les dames les plus élégantes de Paris. Rencontrée aux Tuileries par la maréchale de \'illars, l'artiste reçut une véritable ovation. Cet éclatant triomplie causa les plus vives alarmes à Mlle Prévôt, qui refusa de lui continuer ses leçons et ourdit même des intrigues contre sa brillante élève. Li Camargo prit alors les conseils du célèbre danseur Blondi. Cependant, en dépit de son foudroyant succès, elle dut se résigner à prendre place dans le corps de ballet et accepter le modeste emploi de figurante. Elle figurait donc, un soir, dans une entrée de démons dans laquelle Dumoulin, surnommé k Diable, devait danser un solo. Mais l'artiste ne faisait point son entrée, alors que les symphonistes atta- quaient son air. Une inspiration soudaine .saisit la Camargo : elle quitte son rang, impro- vise avec une ver\e endiablée le p.is de la Dumoulin, devant les spectateurs enthousiasmés. Par sa fantaisie et le caractère d'improvisation de son art, où elle se jouait des plus grandes difficultés d'exécution, la Camargo fit une véritable révolution .i l'Opéra. Les vieux classiques, mécontents, chantonnaient : Cette admirable gigottcuse Grande croqueuse d'entrechats.... C'est en 1700 qu'elle exécuta ses premiers entrechats, croisant plusieurs fois les A.i n.wsE SOI s Loris xv Ki.i pieds l'un devant l'antre pendant chaque saut. Mais les classiques se plaignaient bien à tort du « gigottage » de la Caniargo, car elle ne battait que quatre lois les pieds dans un saut, tandis que, trente ans plus tard, la danseuse Lainv, de l'Opéra, les croisa six fois, et d'autres arrivèrent jusqu'à huit. « J'ai vu dernièrement un danseur les frotter ."i seize en avant, dit le fameux comédien Baron, mais croyez-vous que j'admire beau- coup ces tours de force? Il en est de même de vos pirouettes. » Mlle Camargo se retira définitivement du théâtre en 1741, pour vivre, jusqu'à sa LE c.\i<.N.\\Ai, A m; M SI-; Par Ticpolu, d'après une i.'ravurc ancienne. ( liitliiUliH^uc iutii>n.tli:. ) mort, dans la retraite pleine de calme et de tranquillité. « Ses voisins et ses amis la regrettèrent comme un modèle de charité, de modestie et de bonne conduite, » dit un auteur. On lui fit les honneurs d'un enterrement blanc : on avait oublié ses nombreuses amours, le duc de Richelieu, le comte de Clermont, et les autres. On se souvenait seulement de la douce et grave créature dont les dernières années s'étaient écoulées dans l'isolement et le recueillement. Les bals de l'Opéra avaient été inaugurés aux premiers jours de la Régence, et le succès en avait été si grand, qu'on en donna trois par semaine durant tout le carnaval. Les bâtiments du théâtre occupaient alors une partie du Palais-Royal. Les jours de bal, la salle formait une galerie de quatre-vingt-huit pieds de long; « les loges étaient ornées sassjBFiED @n.:BJcmmsmj c. ^CjUctic/ziTiis} iôc^3 l'iANO 1" rniri f T • I • I • • • ' • -* — •- ^^ * .*»^ \* ' • ' f (Extrait des Èdxs du Ttmpi Passe. — A. Durand et fils, éditeurs.) .'' î *♦-:- # # srcniPiri (^ • • • ' • ^ ^-i5-|tj_^ U • •»«-! .^f r*«. . , -3- .:^i_.j?^ bu: 1 • ; • T^t-n^i A ^ m f f r» £=£a 3»^ .l'i' t S À Pr< -I 9^ .<^^Sdt«M««A. «^ C J ..■:U^ (Extrait des l'. la (gravure conscrvcc n I l-.oïc iii.> llcaïu-Ans. de cordon bleu, prit le duc sous le bras pour passer les sentinelles. Le roi gardant tou- jours l'incognito, son compagnon seul se fit reconnaître : « —' C'est moi, le duc d'Aven. J'ai bien l'honneur de vous reconnaître, Monseigneur, " dit le garde. « Ils pa.ssèrent et allèrent joindre les calèches qui attendaient iiors des grilles : des relais étaient postés à Sèvres, dès six heures du soir. « Le roi avait une robe bleue avec un domino couleur de rose. Il descendit de voiture dans la rue Saint-Nicaise, et se dirigea avec ses huit compagnons, couverts de dominos, vers l'Opéra. Comme ils n'avaient pris, par inattention, que sept billets, on les arrêta a la porte et ils donnèrent deux écus de six francs pour entrer ensemble. Le roi fut plus d'une heure et demie sans être reconnu de personne; il se divertit beaucoup, il tut bien poussé, et ne reprit le chemin de \'crsailles qu'à six heures du matin. « Mais il f;illut passer par les appartements, qui étaient fermés et gardés. On frappa .\ une porte. Le garde du corps ayant demandé qui c'était, on lui dit aussitôt : i8 i- LA l)A N • Ou\rc/. c'est le roi. — Ix roi c; - . , ,- ui i>oim, et vous lie luvM-rci! fis, qui que vous «oyez. » H f-iHnt .ittcuJa' et cliercher de la lumière. Alors 1.J m.ii:1ik!!i. . .n.int ouven. rccininul le ■ demande excuse à Votre Majesté, iiuti ..lisser p.i l'crsonne, \cz la bonté- de me relever de ma • Le roi, ajoute Barbier, a éli très content de l'exactitude du garde. » A la cour, la laveur des ballets, qui avait été si grande sous Louis XIV, ne se maintint guère après lui. Quant h la danse proprcnjeiu dite, jusqu'au règne de Louis W, nous avons vu que, malgré les transformations qu'elle avait subies, elle avait conservé son caractère grave : « Ixs cour- tisans Je IK-nri 11, dit I:lise N'oïart, les cruels compagnons Je Charles IX, les mignons de liciiii III, les nobles guerriers de Henri IV, les flatteurs du cardinal ministre, les grands iiommes de Louis Xl\', les com- p.ignons des orgies de la Ré- gence, tous dansaient également 1.1 danse haute et sévère. » A la tin Jes bals seulement, on se li- vrait à des danses joyeuses. Le .Menuet, danse des petits pas, comme .son nom l'indique, était venu du Poitou, où il contrastait vivement avec le Branle poitevin accompagné du bruit des sabots. C'était, à l'origine, une danse vive et gaie, simple et non dépourvue de noblesse. Intro- duit à la cour, il perdit sa grâce première, sa vivacité et son enjouement, pour devenir un pas grave et lent, plus gracieux toutefois que les autres danses en us.ige. C'est sous cette forme que nous avons vu Louis XI\' le danser. Fécour, le granJ Janseur, mit le .Menuet en vogue en le ramenant au charme originel. Il remplaça la figure Je \'S (sa première forme) par celle Ju Z, Jans lequel les pas comptés obligent les danseurs à conserver une régularité rigoureuse. On lui doit la chorégraphie du pre- mier Menuet inséré dans un ballet. En dépit des modifications qu'elle a subies, cette danse a toujours gardé un certain caractère de noblesse dans son élégante simplicité. II. .MAliMllljL L UAl.l.Ll 1)1 Uni LUI 1.- .\V DONNt .\ l IIANTIl.l.V I-OIK LK l'LAlSIK DE SA M.\JESTÉ U'apru!) une itravurc du tcmpk. LA n.WSE SOIS /.ni/.s Ai 10 La véritable époque du Menuet fut le rèf;ne de Louis W, où cette dnnse occupa le premier rang. Il fut alors ;\ la mode ;i l.i ci>ur et à la ville. I.c .Menuet de la cour était dansé par deu.\ personnages, un cavalier et une dame, sur un mouvement modéré ;\ trois temps. II était généralement suivi de la Gavotte'. I . « I.c ps de Mc-nuct a trois mouvements et un pis nurchi sur la pointe du pied, savoir : le pre- mier est un demi-coupé du pied droit et un de gauche ; le deuxième, un pas marché du pied droit sur la pointe et les jambes étendues ; le troisième à a fin de ce pas, vous laisse/ doucement poser le talon droit à terre pour laisser plier le genou qui, par Ck ît, l'.iit lever la jambe gauche, laquelle pi : iii f.iis.uit un demi-coupé échappé, ce qui es! iie mouvement de ce pas de .Me- nuet et ^n: pas. » I.e vrr lutt f-l composé de ou.it repas. m qui BAI.I.ET DE PY<1MA1.10N (I7')t(l Dapris une traTurc .lu temps. ( DitlintM:iue nalinnjle. ) IIAI.I.KT m l'HlNCE t)E SAI.KKNi; D'après une pravure du icmps. cependant, par leurs liaisons (selon les ternies de l'art), ne sont qu'un seul pas. II y .avait aussi une seconde manière plus facile d'exécuter le Menuet : « .^vant le pied gauche devant, vous portez le coqis des- sus en approchant le pied droit auprès du :;auche, à la première position, que vous pliez >ans poser le droit à terre; lorsque vous êtes .issez plié, vous passez le pied droit devant vous à la qu.atrième position, et vous vous élevez du même temps sur la pointe du pied, en étendant les deux jambes l'une près de l'autre, et de suite vous posez le talon droit à :<.rre, pour avoir le corps plus ferme et plier Ju même temps sur le droit sans po.ser le gauche et, de là, le passer dev.ant de même que vous avez fait du pied droit jusqu'à la quatrième position, et, du même temps, se ■ lever dessus et marcher les deux autres pas ■-ur la pointe du pied, l'un du droit, l'autre du .gauche, mais au dernier il faut poser le talon .ilin de prendre votre pas de Menuet avec plus Je fermeté » (^'ESTRIs). Compan dit : « Le nombre des mesures d'air, dans chacune de ces reprises, doit être de quatre ou d'un multiple de quatre, parce qu'il en faut autant pour achever le pas de 14" ' i / #1 1 1 /; lM I. . . i KlNl l: D'après le tableau de Rossi. (Arec jutnrlsjlion Je J. lious3o.l, Mjiizi, JnyiHt cl Cle, iJlt.-frofr) Dans son Dictionnaire de la Danse, Conipan, qui sYtcnd lonçiicment sur k- Menuet, nous apprend que dans les bals règles il y avait un Roi et une Reine qui ouvraient la danse. Ce premier Menuet terminé, la Reine invite un autre cavalier à venir danser avec elle; celui-ci, la danse terminée, va reconduire la Reine et lui demande, en faisant sa révérence, quel est le nouveau cavalier qu'elle désire. La Reine ayant désigné la per- sonne de son choix, l'autre se dirige vers cette dernière, s'incline profondément et la convie à danser. Le Menuet fut introduit dans les opéras-ballets. « Les compositeurs en avaient intercalé les airs dans les sonates, les duos et autres espèces de morceaux, dit Vestris, comme ils avaient fait pour la Gigue et la Gavotte. Mais le .Menuet seul, ajoute-t-il, eut uiK- liiiii'iic- durée, et .luiDuririnii iiiiiiie il .i cours d.ius l.i svniplionic. » Menuet, et le soin du musicien doit être de faire sentir cette division par des chutes bien marqutx-s pour aider l'oreille du danseur et le maintenir en cadence. » 11 y avait différents autres pas de Menuet : le .Menuet en arriére, le Menuet de côté, qu'on appelait aussi Menuet ouvert, mais ils n'étaient que des variantes du Menuet véritable. Les quatre anciens Menuets qui ont marqué dans les annales de la d.tnsc sont : le Menuet du Dauphin, le Menuet de la Reine, le Me- nuet d'txaudet et le Menuet de la Cour. f , ^^ >• ^ •a -j ^ -3 LA /M.V.s/:' .suis /.(T/.s A I' M' Avec If Menuet, le Passe-Pied et l.i G.ivottc ét.iieiu les d.mse.s les plus en vo^iie. Nous avons déjà parlé du iireniier; i^u.int A la seconde, elle tut en vo^ue sous Louis XV, mais c'est sous Louis X\'I qu'elle prédomina dans l'art choréi^rapliique, et nous la retrouverons bientôt dans sa plus brillante lloraison. Hn 17-45, le i^rand Rameau avait introduit la Contredanse dans les ballets. HUe fut accueillie avec une telle faveur, qu'elle lit négliger les Bourrées, le Menuet, la Cosaque et diminua même un instant l'éclat de l'ambitieuse Gavotte. Li plupart des auteurs attribuent l'origine du mot •< contredanse » à Coiiiiliy-itciinr, .MLM LT iJi; I..\ CUL R h.nri'i-'" une ^rravurc du .\mii* siècle. (llil'li"llwguc lulioiulc.) c'est-à-dire « danse champêtre ». L;i Contredanse serait donc venue d'Angleterre. Quoi qu'il en soit, elle ressemble un peu à notre Quadrille actuel. A l'époque où nous sommes, la pléiade des grands compositeurs, des grands choré- graphes, compte déjà Pécour, Beauchamp, Dupré, Feuillet, Desax et Ballon, qui fut le maitre à danser de Louis X\'. Mais, en dépit de l'éclat qui signala leur passage, ils ne s'écartaient guère de la vieille routine et n'apportaient aucune modilication au fond même des ballets-opéras et des divertissements des opéras. Tout opéra, à cette époque, débutait par des P;isse-Pieds au prologue; venaient ensuite les Musettes au premier acte, les Tambourins au second, et des Chacones et des Passe-Pieds aux actes suivants. C'était la formule consacrée dont on n'osait ou dont on ne voulait pas se départir. « En tout ce-^ii, dit Baron, ce n'était pas la marche de l'opéra qui décidait, mais des 144 /"'« nAsst: A TK.WHits i.i:s A .m. li .înisc !>..ii\.iit lôiii lAprimcr. Ni iiiKT JojJ, IMi6drc et le Misanihro|\.-. Ut d'ailleurs un maître de ballet, facétieux, j'imagine, ne prétendait-il point traduire en entrechats et en jetés battus les épif-rammes de Ik-aumarchais ? Xoverre fit tous ses efforts pour supprimer au théâtre les masques', les paniers et les tonnelets; il s'attacha beaucoup aussi à relever le castume. Les acteurs éuicnt souvent forcés de se négliger, faute de ressources. A cette époque, les premiers sujets recevaient cent louis par an, et les figurants, chanteurs ou danseurs s'estimaient fort heureux avec quatre cents livres. Des chanteurs portaient sur la scène des costumes qui leur servaient depuis huit ans quelquefois, et dont les paillettes flétries ne montraient plus que l'étain et le cuivre. Il eut les plus grandes peines à secouer la tor)>eur qui endormait le théâtre. Il discutait même pied à pied avec le costumier, qui haussait les épaules et l'envoyait dessiner ses p.is. Dans le ballet des Horacts, une de ses compositions, Camille apparaissait atïublée de deux monstrueux paniers sur les hanches, avec une coiffure de trois pieds de haut, faite de fleurs et de rubans. Ses frères s'avançaient avec un tonnelet de chaque côté. Les Horaces étaient vêtus de drap autrefois tissé d'or, et les Curiaces de drap tissé d'argent. Cinq boucles de cheveux poudrés à frimas se balançaient h chacune de leurs tempes qu'elles prétendaient orner, et un haut toupet à la grecque, comme on disait, s'élevait en pyramide au-dessus de leur tète, à la manière des toupets des clowns de nos cirques. I. li 11 y p.irMin jMv i.i;.ti^i..o.i. J'après Castil-Bbze. Celui-ci raconte en eftet que • le 21 jan- vier 1772 on jouait Castor et Pollux, opéra de Rameau, chéri des dilettanti. et dont ils étaient privi-s depuis quelque temps. Gaétan Vestris devait y danser, au cinquième acte, Pentrée d'.\poilon ; il î sentait le blond Phébus avec une énorme perruque noire, un ntasque et un grand soleil de cui\rc rayonnant sur sa poitrine. Je ne sais quelle raison empêcha Gaéun Vestris de remplir son rôle ce jour-là. mais Maximilien Gardcl fut rappelé pour le remplacer; il y consentit, à condition qu'il p.ir ses longs cheveux naturellement blonds, sans masque et débarrassé des atu-ibuts ridicules dont .Apollon. Cette heureuse innovation fut approuvéx- par le public, et des ce moment les premiers sujets abandonnèrent le masque. On le constna pendant quelques années encore pour les chorist. pour les Ombres, dont le masque entièrement blanc praissait convenir parfaitement aux , repré-semés, pour les Vents et les Furies, l-n i-iiS, les Vents figuraient encore dans le prologue de farart avec leurs masques bouffis, mais ils n'avaient pas le soufflet à la main, comntc autrefois ». — Sans remonter jusqu'aux traditions de la comédie antique, on sait qu'en Frar.cc. à la ville, le masque avait été d'un us-ige fréquent pour les femmes au xvr siècle ei jusjue sous Louis XIII. LA Dwsr: sors i.oiis w MO Aussi quelle piteuse mine t'.iisait Xoverre en cunsiJéiMiu r.itViibleineiU iks pcisoii- nai^es de son ballet. Il triompha pourtant, mais après combien de luttes!... Li révolution que Xoverre apporta dans la danse tiié.ttrale s'imposait. On avait de fort habiles danseurs, les Vestris, les Gardel, les Dauberval, mais ils n'étaient point en état d'exécuter de véritables danses. Ils arrivaient sur la scène, la tète couverte d'un casque ombras;é d'un énorme j\machc, et leur visaj^e disparaissait sous le masque. Du tond du thé.'itre, ils s'avançaient sur la scène avec des bonds pro- digieux en déployant avec beau- coup d'art la souplesse de leur taille, chacun faisant valoir l.i beauté de .son bras, la perfection de s;i jambe : ce n'était point l.'i de la danse proprement dite. « \'oule/-vous savoir Ci. qu'est la danse théâtrale?. s'écriait un auteur du temps. Trans- portez-vous aux temps heu- reux de Fylade et de Bathylle; voyez Pylade plonger les spec- tateurs dans la douleur la plus profonde, voyez-les pâlir lorsque danse Orcste, entendez les cris passionnés des dames romaines. Voulez-vous prendre encore une idée de la danse thé.itrale? Ce siècle vous fournit trois ou quatre ballets dans le vrai genre. Quelle impre.ssion ne font ■pas sur vous les fureurs de Médée dans le ballet de l'illustre Novcrrc! Comme notre attention est captivée par la vérité du jeu de Mlle Allard! Comme vous ressentez les douleurs de Creuse, repré.sentée par Mlle Guimard! Comme Jason vous attache! Voilà de la danse théâtrale! » Parmi les exemples qu'allègue l'écrivain, il n'a garde d'oublier le charmant pas de Sylvie, inventé par Dauberval. Ce n'était ni le nombre des dan.seurs, ni la richesse des costumes et de la décoration, ni les beaux développements des bras et des jambes qui le rendaient intéressant. La scène était très simplement décorée et deux acteurs l'occu- I.A LE(,0\ DE DANSE l'ai l'Rlui Loniihi, il'.-iprcs une i^mmitc du icnip: :C entière de Icun Jjnscs. ■ Ne «Icvincz-vous pas tout ce qu'ils pensent ?con- tinue-t-il. Ne lisez-vous pxs dans leurikme? ' >.7.-vous pas l'amour le plus vif ei le plus tendre, nuis l'amour le plus respectueux en même temps briller dans les yeux du laune? Grux de la Nymphe ne sont-iLs pas d'accord avec ses gestes pour exprimer les sentiments d'un ca-ur qui peut aimer, mais qui sait prî-férer son devoir avant tout? BAI-IET DANSE At THEATRE DE L OPÉRA I)c>sin JA. Je Soinl-Aubin, (fravé''par Ba»an. {Bitlinlhcque tijlinnjle. « Quel momtiu délicieux que celui où le Faune se trouve enfin entre les bras de sa chère Sylvie qui l'avait évité, et qu'il avait été lorcé d'éviter lui-même : ïx feu de leurs regards s'anime avec la danse ; L'Amour, sans se montrer, fait sentir sa présence. Ut, plein d'un s^-ntiment vif et délicieux, Chacun sent le plakir qu'il a vu dans leurs yeux. « Voilà de la danse! Nous ne manquons donc p.TS de sujets habiles, mais nous m.inquons de vraie émulation ; il semble même qu'on ne se soucie pas beaucoup de l'exciter. Que je me plairais à voir un i;rand danseur, *ans panache, sans perruque, sans AI D.W.S/C sors /.(Il is w .^"a.- icme temps, mais arrache donc ces j us privent Je ce f ' LA 1'Hi;.mu;ki; ridi kk Dr .mkmet D'après un dessin Je (iravclul. ma,sque, danser un personnage noble dans une pantomime! C'est alors que j'applaudirais avec satisfaction ;\ la sublimité de ses talents, et je pourrais très justement lui accorder le titre de grand, au lieu qu'aujourd'hui je peux tout au plus dire : Ah! la Mla gumha! Ainsi il y a, comme on le voit, bien des réformes à faire dans la danse théâtrale. Il est / impossible qu'on les fasse toutes en même temps, mais au moins faut-il commencer. Qu'on masques froids et enluminés, qui nous p que nos pas Je deux ordinaires pourraient avoir de plus agréable, je veux dire de l'expression du visage. Il est naturel que le régne des perruques cesse ensuite, et qu'on ne danse plus un berger avec un casque et un panache. V'o\"ez quelle satisfaction un seul masque arraché a causé au public; voyez combien Vestris, dansant le visage découvert dans les Champs Hlysées, est supérieur à Vestris dansant un berger en perruque et en masque; voyez combien on aime mieux Gardel dansant le Soleil sans masque, sans perruque, etc.; voyez comme o\\ admire, comme on applaudit Dauberval, parce qu'il a terrassé la coutume, parce qu'il danse un berger en berger, parce qu'il donne l'expression nécessaire à ses pas, à ses gestes, à sa figure! » Noverre s'adonna surtout au genre grave dans ses ballets, et toutes ses compositions se distinguaient par une grande ingéniosité. Elles eurent à l'époque un très grand succès. Parmi ses principales œuvres chorégraphiques, il convient de citer la Mort d'Jjax, U Jugement de Paris, la Descente d'Orphée aux Enjers, Renaud et Armide, les Caprices de Galatlxe, la Toilette de Vénus ou les Roses de l'Amour, les Jalousies du sérail, la Mort d'Aga- memnon, Tëlémaijue, la Clémence de Titus. Mais Noverre abandonna parfois le ballet sérieux pour des œuvres plus légères, telles : l'Amour corsaire et l' Embarquement pour Cythére. De même que Mlles Salle et Camargo inspirèrent les brillantes danseuses de la lin du xviii' siècle, c'est à l'initiative de Noverre qu'on doit la pléiade de compositeurs de ballets qui lui succédèrent avec éclat : Gardel, Dauberval, Duport, Blasis Milon et les Vestris; et les chorégraphes et les librettistes de notre temps peuvent encore trouver dans ses Lettres sur les arts imitateurs les plus savants conseils. Noverre avait cherché à fixer définitivement par l'écriture les pas chorégraphiques que le succè-s accueillait, et dont l'Académie de musique ne paraissait pas se préoccuper. I '.• LA n.wsa A iHAi t:il MEM ET « l>AI l'HIN » D'après l^.•^ l'nncifes Je l'hiTcgrjphu de .Mogny. A* «BS')»4«v* *'«•«( «•'•^«VAVtf;»**? L.\ liAS-sK sols Liifis AI'. "Si leur danse; ce chemin est coupé par autant de petites liijnes qu'il y a de mesures dans l'air à danser. Les deux danseurs sont donc placés le visage vers l'orcliestre, et devant eux s'al- longe ou se recourbe le chemin qu'ils vont suivre. La position de leurs talons est indiquée par deux petits ronds, et les viri^ules qui les accompai^nent mon- .^ST trent la direction de la pointe des pieds. ^3^* Pour ne parler que de la danseuse, voici l'indication des mouvements qu'elle aura ;\ l'aire pendant la première mesure : elle a les deux pieds en dehors, le pied gauche porte sur la pointe, le pied droit porte sur le talon (tig. i). La danseuse avancera d'abord le pied gauche, elle pliera en marchant en laisant y un demi-quart à gauciie et s'élèvera sur la pointe après avoir marché (tîg. ::). /P Fuis elle avancera le pied droit qu'elle élèvera en marchant (fig. .1). Ensuite elle pliera le pied gauche avant de marcher et l'élèvera après avoir marché (tig. 4). Hnrtn elle avancera le pied droit et posera la pointe du pied (tig. .">). Tous les pas, tous les gestes dans leur plus petit détail étaient ainsi indiqués, et ceux qui ont inventé ou préconisé cette notation soutenaient qu'elle pouvait être lue .\ livre ouvert et comprise 'par tous les hommes de l'art. Cette prétention parait e.xcessive, car même les maîtres de ballets les plus expérimentés avouent ne pouvoir pas maintenant déchiffrer tous CCS hiéroglyphes dont un bon nombre , leur échappe, et déclarent en tout cas qu'il ne serait probablement pas possible de l'aire exécuter les mouvements tels qu'ils sont écrits dans ces livres. On indiquait ainsi toutes les espèces de pas en usage alors, même les plus compliqués : les droits, les ouverts, les ronds, les tortillés, les battus, les croisés, les emboîtés, les coupés, les jetés, les chassés, etc., etc. Et non seulement le mouvement des pieds se trouvait indiqué, mais même les inflexions de jambes qui accompagnaient le pas : les grands et petits ronds, les sauts, les cabrioles, les pirouettes et les entrechats. On écrivait aussi l'action des bras, les mouvements du coude, du bras et du poignet. Dans le couplet des Folies d'Espagne, tous ces mouvements sont tracés de chaque côté du chemin des danseurs; de plus, les notes placées au- dessous de la phra.se musicale y marquent le « battu " et le « roulé » des castagnettes dont on se ser\ait pour accomp.igner cette danse. Après la retraite de la Camargo, les triomphes scéniques lurent le partage du célèbre Gaétan Vestris, élève de Dupré, qu'il avait remplacé. La famille \'estris était originaire de Florence; elle régna sur la danse fraui^aise >y M.MiKNOISKI.I.K ALLARn r, /. I /) I Tl<.\ VKlis tliirani prv ccic. Gaétan, qu'on a|>jKl.iit le Unu i / çlris pour le distinguer de ses quatre frères qui sui- V lient la môme carrière, parut en 174» à l'Opéra, qu'il ne quitta définitivement qu'en iHcki. • " \ a l'eu de danseurs ont été aussi favorisé-s de la nature, dit A. lliron. C'était un homme d'à jku près cinq pieds six jmjuccs, la jambe fine, la figure noble ,'^ et expressive. 11 débuta en 174M, et se retira en 17H1 ; /^ mais, ayant eu, comme l'acteur li.iron, le rare privilège ' de conserver jusque dans la plus extrême vieillesse toute sa vigueur et toute sa grâce, il reparut par inter- .illes en 1"'»?, I7<^>et i'Jim», et fut toujours excessive- ment applaudi. » Sa danse était empreinte tout à la fois de gran- DANS LK iiM.iKT « ii.vssE ET l'Éi.KE . j^.^^ ^.^ j^. g^ice. 11 avait de plus un port noble et l>'aprc» un ilcs>in Ju Icmps. majestueux. H surpassa le grand Dupré lui-même. Son infatu.uioii tt.m devenue proverbiale. 11 disait souvent : • Il n'y a que trois grands hommes dans le siècle : moi, \'oltaire et le grand l-rédéric. » On connaît ."i son suiet les vers de Berclioux : Si.s yeux ne J.ii);iuici« voir de s.\nsi; Daprirs le tablciu iIl- Carint. irravé par Lcbas (ir45). ( IJil'li"lhc^iic n.ilioiijU: ) .... L.\ DAS.St: » y/MIAK.s /./-n .\of:s. M.-* rivaux par le talent proprement dramatique qu'il déployait dans tous ses rôles : 1 j danse n'avait pas éti négligée h la cour. La marquise de l'ompadour avait iniaginé de donner dans liiuèrieur du palais des reprC-scntations de comédie, d'opéra et de ballet dont les actrices et les acteurs devaient être choisis parmi les dames et les gentilshommes. Os divertissements s'appelèrent . siKCtacles des petits cabinets ou di-s petits appartements .. Ix cabinet des Médailles au palais de Versailles fut transformé en thé.Ure dans ce but. Li marquise en était la pre- mière actrice. Us courtisans recherchaient à Tenvi des rôles, et les plus jeunes dansaient dans Ic-s ballets. Ix duc de la Vallière était le directeur de la troupe; l'abbé de la Garde, secrétaire de Mme de Pomp.idour, faisait fonction de souffleur. C'était, à coup sûr, l'époque la plus gracieuse et la plus aimable, et la danse s'identi- fiait ;\ cette société charmante qui allait vers l'abime < » '> «l^t de gala, au son des instru- ments joyeux. DANSE CHAMPÊTRE I in;;iin:iil d'un UWc.iu Jc Watlcau. {Musce Je lUrtin.) i.i; RKTOiK Di;s vi:ni)asges Dapri-s le tableau Je Dclorl. (.\ivi.- jiilnris. .le Jciti /Jok.vx/J, Mjii:i, Jnyjnl et i.'ie, c.Ut.-pntp.) CHAPÎTPJ^ VI LES DÉBUTS \:)L LA DANSE MODERNE 1,.\ CAVOTTK. — MADtLlilNi: GLIMARD. — HAUS 1;T BALI.KTS DU DIRKCTOIRi;, DE l' EMPIRE ET DE LA RESTAURATION. — MAK11-; TAGI.IOM. VI US la lin du siècle dernier, une brillante danseuse apparut qui, durant vingt-six années, passiiinna la ciiiuet la ville. » C'est une ombre qui parcourt les bosquets de rillysce, disait un autetu" du temps, c'est une musc •gracieuse qui captive les mortels. » Elle ne se contenta pas d'enchanter les spectateurs par l'expression douce de sa danse, par la grâce voluptueuse de ses mouvements, la gracieuse cadence de ses pas. Elle éblouit ses con- temporains par son faste, le luxe inouï de .ses fêtes, qui rivalisèrent souvent avec celles de la cour et sur- prit par ses prodigalités. Elle était née à Paris en i 7 j.v On raconte que, dès son enfance la )ilus tendre, elle fut merveilleusement douée. On MADK.MdISKLI.E til LMAKI) K'apri-s une lilhn>,'raphic. i»>: LA DASSE A TR.WER lui prftc une infinie J^licatCMc de forme*, une souplesse rare "tu <\trème distinction ; un dit .luvki qu'elle était impa-vsionnjble. sensible et bonne. Pendant qu'on construisait son liAtil. dir vit un jeune artiste, employé aux jK-iii- tures des panneaux, qui paraissait fort > lie lui demanda la cause de son ennui et apprit que ce jeune homme se désolait de sa pauvreté qui ne lui permettait pas de con- tinuer ses études. Elle lui fit obtenir immcdiatemcnt une pension afin qu'il put aller .1 Rome. Ce peintre était David. I-lle fut aussi la protectrice Je Fragonard, qui fréquentait as- sidûment les petits théâtres qu'elle s'était fait construire dans sa mai- stm de campa^'ne de Pantin et d.ins son hôtel de la Chaussée- d'Antin.et qui leur a certainement emprunté quelques-unes de si-s plus jolies scènes, la plupart de celles sans doute où ses person- nages sont masqués : nous sa- vons déji que, malfjré ses elTorts, N'overre n'avait pas entière- ment .iboli l'usasse du mxsque au llic.itre. Tous les ans, le prince de Soubise, à l'époque du jour de l'an, .ivait coutume de lui faire cadeau de quelques bijoux. Une année, l'hiver avant été plus rigoureux que de coutume, elle écrivit au prince pour lui demander de lui envoyer en arj^ent la valeur du présent qu'il avait l'intention de lui faire. .W. de Soubise lui lit parvenir six mille livres. Immédiatement elle se mit à parcourir les ruelles sombres et tortueuses, à visiter les maisons obscures et les mansardes qu'habitaient les pauvres, et distribua la somme en aumônes. « A coté de ces élans de charité, de cette pitié pour les humbles et les .souffrants, dit .M. Henri Bauer, elle avait un esprit d'intrigue endiablé et fut l'àme de toutes les cabales qui dé-solaient l'Opéra. Appuyée sur la Saint-Huberty, elle gouvernait le théâtre ! '4- 1 1 v. / 1 ^è^ ^^^^ ^ .MAIiF-MolSELLE til'IMARD DANS I.E BALLET Ur « NAVIGATEUR > Il'aprù» une lilhofn'aphic de iii|t>. i.i:s DEiii Ts /(/■' /. I /*i\.s/; Mi>i>i:u\i:' >■>'-•' ■ci% ^^^?:r l.A KKlNi: .MAHIKANTOINKTTK DANS IN UOI.i; l)K liAl.l.Kl' l)apic> un ilcssiii uniinvmi.' (17711). à sa guise, imposait son autorité A la cour, à m.s camaraJcs, au public lui-nicmc et ne soutirait point de rivale à ses cotés. » Nature vibrante et lière, généreuse et passionnée, elle dé- pensa des richesses sans compter et donna éperdinnent aussi les trésors de son caur. i< Rien de ravissant, dit le même auteur, comme le coup dVvil de cette s.ille délicieuse! Les plus jolies femmes de Paris y luttaient de beaiué, de i;ràce et de toilettes. Connne hommes, on y voyait des )irinces du sang, des seigneurs de la cour, des présidents au Par- ,, . Icment et, dans les loges plus sombres, souvent des ■•,, . prélats, parfois des académiciens. \ Vv/: \ TIt \ VHHS' / l.yS CiRACES MODERNES I) apri» une caricature anKlaisc de rcp»sue «•<= •» Kcvolulion. par Cruiki*hank. battre d.iMs la ycnc, prc-squc la niiscrc, cl luourii Jans rabanJon à l'afîc Je M.W.Mtc- trcizc ans'. Ux Gavotte lui 1,1 a.mse lucieuc >ous Louis XVI ut Jurant la périoJc Ju Directoire. Elle était d'ailleurs fort ancienne et remontait au xvf siècle. C'était, nous l'avons vu, une sorte Je Branle. I . M. de Goncoun. dit M. Henri B..ucr. nous a trace un tableau tout a lait touchant de sa vieil- les^-, l-lle demeurait rue Ménars. au coitv de la rue de Richelieu, et recevait encore nombre de ses anciens ami^ et de ses camarades. La conversation portait natuallcment sur le passé et sur les bnllants succès qu'elle av..it re.nportès sur cette scène de TOpCra, qui 1-intére-ss.iit toujours. On la pressa vivement, un jour, de danser .ivec son nuri, Jean-Htienne IX-spréauN, quelques-uns des pas qui Tavaiem rendue si celtbfv. Ils s'y refusèrent longtemps, puis finalement se laissèrem séduire. Des tréteaux fure-nt dre-sses dans une ,-iece'; m.,is, par une coquetterie qui nous paraît tout à fait délicate, ils firent descei>dre un r.deau qu. CK-hait la moitié de la scène, de ta^on qu'on ne put voir que leurs jambes. Ceux qui ass.slervnt a cette représentation fure-nt enthousiasmés, et des ov.-itions chaleureuse-s furent faite-s aux deux danseurs, qu. étaient restés deux grands artistes. C'est en v.iin qu'on les pressa de reconime-ncer cette expérience, leur pro- mettant même qu'elle leur rapporterait un gros bénéfice; ils eurent la sagesse de ne pas la renouveler, s-ichant bieni que les bellc-s journées de l'hiver de la vie n'ont pas de lendemains. .1 ur v. chaufferette, elle parlait volontiers du passé, et, quand sa mémoire ramenait dans la conv. ouvenirs des ballets où elle avait danse, elle prei.ait a côté d'elle, caché sous sa roK, un petit thé.Jtre detifant, pass.iit la main dans l'ouverture, et, de ses doigts maigres, décharnés, aux osse- lets saill.mts, elle indiquait avec quelques ge-stcs rapide-s et justes ses pas. s. s ■„.nivcn,enls. ses att.tude-s et ceux de ses camarades. » UAL .MASylÉ DONNÉ l'AK LA VILI.K l)i; PARIS l'DLK LA NAISSAM L DL M'-» LL li\l IHIN U'aprcs la (,'ravuri; de .Moruau le jeune. LES f)/;nrTs !,/■: /,.i /j.i.v.s/,- mod^rx/:. l'i- D.in.s StWiirin ou IWl-Cilnnl, nous lisons le compte rciulu d'une G.ivottc où les baisers ne furent point échan.yés, mais où Ton se (it de petits cadeaux. MIcliauJ prend M.irioii. I.i tire de l.i d.ince. Et, après avoir fait s;i noble révérence. Il la Kiisc à la bouche et, cliquetant des dois. Monstre qu'.i bien dancer il ne craiTit vill.it;eois. Or il .1 les deux mains au cùté, puis se tourne Et devant M.irion présente sa personne ; Puis, ressautant en l'air, gambade lourdement. Haut troussant le talon d'un sot contounienient. La fille s'enlurdit et son lioinme regarde. Et à tout ce qu'il lait de prés elle prend garde. S'il fait un saut en l'air, Marion saute aussi. S'il dance de costé, elle fait tout ainsi ; Tant qu'.ï les voir dancer, à tout le monde il semble Qu'ils aient recordés leurs tricotis ensemble. Or, Michaud ayant fait, suant et halletant. Son devoir de dancer le bouquet, bien content. Se livre entre les mains de Marion, puis p.asse, Ht, seule la laissant, se remet à sa place; Marion tourne autour et si bien se conduit Qu'au vueil des assistants prend Sandrin, qu'elle suit. Qui lui prête la main comme par moquerie, Puis, dansant de plus beau, saute comme une pie. Sandrin, qui la dédaigne, avecques gravité Vous dance à la grandeur d'un pas non usité Aux dances du village, et tant et tant s'oublie Qu'il ne daigtie baiser la fillette jolie. Laquelle souriant lui laisse le bouquet. Puis reprend [lour dancer la gauche de Jaquet. Le couple du « meneur ■■ et de la .. meneuse » choisissait d'abord, en leur donnant un baiser, le « meneur .. et la •■ meneuse - qui devaient exécuter la danse après eux; puis il embrassait d'ordinaire, les uns après les autres, tous les danseurs. « Par la Gavotte proprement dite, explique Mme Laure Fonta, il faut entendre les Branles coupés dont les « bons et gaillards -> danseurs et danseuses variaient les passages avec la plus grande fantaisie, en intercalant même des passages de GaillanI, du rythme ternaire sur le rythme binaire de ces Branles. « Mais cette danse vive et pétillante se modifia, comme tant d'autres qui ont subi l'influence des milieux et des temps. Au xvin' siècle, la Gavotte a des points de ressem- blance avec le Menuet : elle est devenue traînante et glissée, un peu grave, passablement prétentieuse. M. % ^^.'■ 4V.V-. ÎVÏEMUETd-EX«3: ^ '^ (Extrait des Èctxn au Tenids Passe. — A. Durand cl fils, éditeurs.) .,ir: ■^ ,-.v ■r^-'.f ' S'^AJ^ î- î ; • î I .- 1 1 i$^ : ' :. . ' * _ # la» ' li. ^^^^f-r,^ * î ,:<(!; >' r^^ ^T ^^^i j, i ;^^^^^^-- ^ -y, [ I5>^v (Extrait dos fdw à» Tcmpi Pass,'. — A. Durand et fils, cditcurb.) I. A n I I \KHS l.HS Ar.Ks IN l'AS 1»E I1ALI.ET DANSÉ À l.'oi'ÉKA l'AK UAl'UlùKVAL, Jl»-Li> i,( IMAKII KT ALLARlt EN I779 D'après une (gravure du tumps. (/MM/o/kc'^uc njliotijle.) Vcstris nous apprend qu'elle se composait, i son époque, de trois pas et d'un assemblé. Littré, d'autre part, obser\X' que le pas de la Gavotte dirtere du pas naturel en ce qu'on sautille sur le pied qui est à terre, et qu'en même temps l'autre pied tend sa pointe vers le sol. Ce mouvement seul indique qu'on danse et qu'on ne marche pas. L'air de la Gavotte était à deux temps, d'un mouvement modéré et gracieux, sou- vent gai et, quelquefois aussi, tendre et lent : il était coupé en deux reprises dont chacune commençait avec le deuxième temps et finissait sur le premier, marquant ses phrases et ses repos de deux en deux mesures. 11 y a eu, au théâtre, des Gavottes célèbres, de Gluck, de Grétry, etc. ; celle du Paniirgc de Grétry a joui surtout d'une vogue prodigieuse; on la dansait dans tous les bals : elle devait ce succès à un rythme fortement marqué, qua- lité précieuse pour les danseurs ordinaires. Cette Gavotte n'avait pas de deuxième partie, et, pour y suppléer, l'auteur avait fait redire la première à la quarte, ce qui est un procédé commode assurément, mais bien trivial, avec les répétitions incessantes et fasti- dieuses qu'il entraine. La Gavotte, dit Vestris, n'était plus guère exécutée qu'au théâtre et par des dan- LES ni:niTs de l.\ d.wse modeuxe. scurs de profession, quand la reine Marie-Antoinette la remit à la mode. On sait que cette gracieuse Majesté dansait parfaitement le Menuet; or elle avait pris en faveur celui que Grétry, dans son opéra de Ci'phaU et Pnvris, avait composé et fait danser sur un air de Gavotte; l'air de Grétry manquait cependant d'agrément et d'allure, et en rendait, assure-t-on, les pas dillîciles. Ce n'en est pas moins à |iartir de ce moment que la Gavotte reprit sa vogue et reparut dans les Kils de société, avec quelques autres danses réservées aux amateurs ,r- distingués. D'ailleurs il est, à cette époque, des Gavottes de rythmes différents, tendres, lé- gers, gracieux pour la plupart ! Fertiault, dans son Histoire (/(• Ai danse, nous la dépeint comme il suit : I raconte G. Ix-nAtre, les lettres du comte de Mercy nous montrent .M.i: ' ^|>éra. VM illéc une première fois avec le roi, qui DASSi: SYMIIOI.IQIE UES TROIS ORDRES : CLERGE, NOBLESSE ET TIIIIS KT AT D'apris un dessin de Louvct. (tllHInlhc^ue njlionaU.) rengagea à y retourner seule, dans le plus grand secret, accompagnée seulement d'une dame du palais. « L;i reine partit donc de \ersailles sans suite, et, arrivée aux barrières, monta d.ms une voiture de louage pour ne pas être reconnue. Malheureusement cette voiture était si vieille et si mauvaise, qu'elle cassa dans une rue à quelque distance du théâtre. Li reine fut, avec la comtesse d'Hénin qui r.iccomp.ignait, obligée de rentrer dans la première maison qui se rencontra et qui était celle d'un marchand de soieries; elle ne se démasqua p.is, mais, comme il fut jugé impossible de niccommoder la voiture, on arrêta le premier fiacre qui vint ;\ p.isser, et Marie-Antoinette arriva au bal en cet équipage. lille y trouva plusieurs personnes de sa suite qui s'y étaient rendues séparément et qui ne la quittèrent .5 VESTRIS JINIOK DANS LE RÔLE DE COLAS Oaprcs une f,'raviirc du temps. LF^sniiniTs 1)/: /..i /).iv.s7: mod/cum:. plus.Lcs circonstances de ce petit événenieiit ne pro- duisirent d'autre effet .'i Versailles que celui de taire rire le roi et de donner matière à quelques plai- santeries sur la nécessité d'aller en fiacre. ' M. de Mercy se trompe, ajoute Lenotre. Les nombreux ennemis qu'avait déjà l'infor- tunée reine ne laissèrent point passer une si belle occasion de calomnie. « Les bals de l'Opéra, dit encore Lenôtrc, étaient alors fertiles en incidents de tous gen- res. Deux jours après l'aventure survenue .'i Marie-Antoinette, un autre fait s'y passa qui de- vint une affaire importante. La nuit du mardi ,i,'ras, le comte d'Artois tint sous le masque des propos assez lestes, paraît-il, pour offenser la duchesse de Bourbon, au point que, dans un mouvement de colère, elle releva d'un coup de son éventail la barbe de mousseline qui couvrait le visage du futur Charles X. Le prince, piqué, la sépara avec vivacité du bras de son cavalier, .\I. de Toncherolles, et lui froissa son masque sur la figure. « Le lendemain, M. de Bourbon provoquait en duel son cousin, auquel le roi fit faire défense de répon- dre. Le comte d'Artois ne voulait pas désobéir à son frère; mais la plupart des princes et des grands avaient arrêté entre eux et fait notifier au prince que, s'il ne consentait pas à donner satis- faction au duc de Bourbon, les ■ LES TROIS oRACEs . J^Huids du rovaume s'entendraient l)arrcs„ne^^ravurc.-,ni:iaisedercpoquedcbUivoiution. pour lui refuser le service et les IlOimturN, kliii' MJii n.};iimnt iiiçim.- ni.- ic ii«.iiii!i.i'.;i.iit yms oi^ii». ilc it vcilllliuililcr. • Ixs Jeux princes M.' battinrnt donc. M. de Crussol, capitaine des gardes, au moment de croiser k-s ép&*s, pria les combattants de minager un sanp précieux pour une occasion utile Jk l'état. Le duel avait lieu au bois de lk)ulogne, et, |K-nd.int le combat, la reine et sa suite, asser. inquiètes et tristes, assistaient à la Gimédie- l>ant,-aise à la premij^rc reprt!•^c•ntation ii'Jr^tir. Tout ù coup le parterre se lève et bat di-s mains. Le comte d'Artois, léj;èrement blessi- à la main, entre tenant par le bns le duc de lîourbtMï. I-a salle entière est debout et crie bravo, et la joie populaire ne connut plus de bornc-s, lors- qu'on vit le frère du roi s'av.incer sur le bord de sa lo;je et saluer galamment, de sa main blessée, Mme la duchesse de Bourbon, dissi- mulée dans l'ombre d'une baifjnoire. » Nous avons vu que Auguste Vestris, fib de Gaé- tan, celui «' qui ne restait point en l'air pour ne p.is humilier ses camarades », avait débuté h l'Opéra le 25 août 1772 dans le ballet de la Ciniiiiunuinu tm il avait obtenu le plus vif succès. Nous le retrouvons donc sous Louis XM et nous pourrons le suivre encore plus tard, car durant trente-six ans il est resté premier danseur de l'Opéra, retenant jusqu'à la fin les suffrages du public. Et cette faveur il la retrouva encore à (>U ans, retraité et professeur au Conserva- toire. C'était en 1H26 : l'Opéra donnait Paul et Virginie en représentation à bénéfice. Vestris tint le rôle du nègre Domingo et fut fort acclamé. ' 11 mourut en 1H42, ilgé par conséquent de M2 ans. Ces exemples de longévité sont fréquents parmi les danseurs, dit M. Bauer. Vestris I" avait atteint 70 ans, la Guimard ne devait mourir qu'.'i 7.^ ans et la Camargo à (h>. Daubenal, Despréaux et Noverre vécurent également très vieux. » « \x: 1 1 juin 1 77H, raconte M. Pierre Veber, Mlle Guimard et Vestris le jeune dan- saient, avec Dauber\al et Mlle .\gelin, un ballet nouveau : les Petits riens. Le succè-s l.i; MINI ET U VlIRK IVapris une caricature J« Gillray. Li:s DHiiLTs hE i.\ ii.wsi-: M(>i>i:i<\i-:. 17:1 ^k.:.^ .^s^-Pr' i.A VAi.si-; i;n 17»/) i:\liailc Jiiii recueil ilc carii;aliirL'> intitule le lliiii gi:iirc. lut considcniblc. Le seul auteur uoiniiic fut Novcrrc, le cclcbrc chorégraphe. Celui-ci avait trouvé dans sou iuiai^iiiatioii trois scènes, les trois fxiits riens qui, eu etFet, constituaient ^^ son ballet. La première scène représentait l'Amour pris au filet et mis en caj^e; la seconde, un jeu de colin-maillard. Dans la troisième, celle qui devait em- porter le succès, on vovait l'Amour conduisant deux ber- lières devant une autre déi;uisée en beri;er, et celle-ci décou- vrait son sein pour désabuser les deu.x infortunées. Bisf cria-t-on dans la salle. Mlle Guimard, Vestris le jeune, N'overre furent applaudis. Mais il n'y eut pas un bravo pour le musicien, et ce musicien n'était autre que le di\in .Mozart. « Mo/art vé<;était alors .1 Paris, dans l'obscurité et la détresse, lui qui, quinze ans auparavant, avait été accueilli dans cette même ville comme un enlant prodii^e doublé d'un merveilleux compositeur. Le succès de ces Pelils riens ne lut pas sans doute une iiieilleuie aub.iine, puisque, peu de jours après cette représentation, nous le voyons quitter Paris pour aller ciiei- cher ailleurs un emploi d'oii^aniste qui lui donn.'it le pain assuré! » Au commencement du rèi^ne de Louis X\'I, Mme Alhud partageait encore les succès du yrand maître Dauberval, en dansant le pas de six avec lui. iNLidemoiselle Allard fut aussi charmante que la Camargo, mais elle ajouta .1 la gr.'ice de sa devancière la vivacité et la fougue en même temps qu'une souplesse e.xtrème. C'était tantôt, disait-on, Sylvia timide et craintive, tantôt la terrible Médée; c'était ici la gn'ice aérienne de la déesse des lleurs; l.'i, le charme voluptueux d'une sult.ine. Dorât, dans son poème sur la danse, s'é- \ criait : Que ii'ai-je le génie et le pinceau d'Apclle ! Allard, à mes esprits ce tableau nie rappelle : Jamais nymphe des bois n'eut tant d'agilité ; Toujours l'essaim du ris voltige à tes côtés. Que tu mélanges bien, à belle enchanteresse, La force avec la grjce et l'aisance et l'adresse! LA VALSE EN l~y() Caricature extraite du lion genre. /..I />.IV.S7;-.| THAVKRS Ll LA DANSe IMI-I'LAIKK l>'aprù» une caricature Je GUIray. Au inuinclU où Daubcnal ucci-dait à Vcstris, le fanicux Dieu de la Danse, et dansait à Opcra avec Mme Allard le di- cTtisM-Miu-nt de Sylvie, le théâtre de la l'orte-Saint-iMartin était déjà en concurrence avec l'Aca- démie de danse. De grands ballets s'y étaient monté-s avec une mis», en scène luxueuse, on y applau- dissait le Déserteur, la Fille mal gardée, les Jeux d'ÉgUe, Jeniiy et diverses compositions de Dau- berNal qui toutes obtenaient le plus éclatant succt-s. \ ers ce même temps, les Irères Carde! composaient des chefe-d'ceuvre de danse théâtrale. Nous avons parlé de l'ainé, Maximilien, qui, né .\ Munich, mourut d'.iccident en l~i^~, après avoir été premier danseur et maître de ballet et s'être distingué comme violoniste, harpiste et violoncelliste. Son trère Pierre lui succéda dans ses fonctions et composa nombre de ballets qui ont tenu longtemps le répertoire : TéUmaque, Psycl)è, le Jugement de Paris, la Diutsomflme, Akxamire cl?e- Apelk, Paul et Virginie, l'Oracle, le Déserteur, le Qmj du village, le Retour de Zéphyre, Austerlit^, etc., etc. Le ballet - pantomime en trois actes de Psyclx tut repré- senté pour la première fois le 14 décembre 1700 sous la Con- stituante au thé.itre des Arts et passa beaucoup plus tard sur la scène de l'Académie de danse. Il eut «M- représentations! La Dausowauie, célèbre folie- pantomime, en deux actes, fut LA VALSB Ae MOITIIOIR représentée le :o prairial an vm Daprcs. un* caricature de GUlray. // Lies DEIU'TS DE LA D.WS/: MOl)En\E. 177 de 1.1 Republique. Ce ne fut p.is, dit-on, l.i meilleure œuvre du répertoire de Dauberval, et il est possible que les troubles de l'époque qu'on venait de traverser aient porté- quelque atteinte ù ses brillantes qualités. Au.ssi l'auteur, dans une sorte d'exposé au public, écrivait-il : « Depuis le .^ mars \~i)^, je suis resté dans une apparente oisiveté; je m'en suis mille fois désespéré, mes amis s'en sont plaints, d'autres m'ont dénoncé comme coupable Je stérilité; j'ai opposé .\ mon désespoir ma raison ; aux plaintes de mes amis, les J^. J (mm\ i'Ji V '•^M- "^^ 1 __// ,. :•!!.. Il 11 'lîiliihîlïh IN PAS DE BALI-ET D'aprcs une ciritalurc de Gillray. motifs de cette oisiveté, et j'ai laissé parler et écrire les autres. Mais enfin, arrivé au moment de soumettre une de mes nouvelles productions aux lumières du public, je lui dois toute la vérité. Je profite donc de cette circonstance que me voilà affiché pour dire : Est-ce un ballet que je vais faire? je réponds : non, c'est une plaisanterie, une véritable bleuette, un rien, sans autre prétention que celle d'offrir, sous le masque de la gaieté, les ;4r.ices et les divins talents que le public chérit à tant de titres; etc. » « Pour tous ceux qui connaissent la Révolution, dit M. Desrat, il est facile de lire .\ mots couverts entre les lignes et de voir que Gardel a écrit son ballet de la Danso- man'u sous l'empire de la tristesse et avec la préoccupation constante de ne point rappeler ses premiers ballets. » 23 ir« Al DAXSE A TRAVERS LES An ES Et le menu- écrivain ajoute : « La Dansomanit n'en eut pas moins un (>rand succc-s dts sa première représentation ; ce succès ne se démentit point par la suite, cette pièce fut même représentée longtemps après. • Le sujet en était foUire et destiné ik plaire aux goûts plus difficiles de l'cpcxjuc. Dans le divertissement du premier acte, des gros paysans, des villageois et des fermiers savoyards occupaient la scène; des paysans costumés en Turcs étaient les héros du INE RONDE DANS LE JARDIN DES TUILERIES (1808) D'apris le detsin de Norblin. (Musée Carnjvjlel.) second acte; puis entraient des Basques et des Chinois. Les premiers danseurs, Milon, Beaupré, Vestris et Mme Gardel, y dansèrent, ainsi que Mlle Chameron dans les seconds emplois. « Dans ce ballet, la valse fut dansée à l'Opéra pour la première fois. » Le ballet théâtral avait perdu sous la Révolution sa vieille splendeur; il ne s'associa aux fêtes de la République que sous la forme du ballet ambulatoire, depuis des siècles oublié, et nous devons reconnaître que ces ballets reprirent une certaine solennité. L/i.S DEIiLTS DE LA D.W.SE MODEliS E. '79 i \. ,^ f \ )^: i 4 Comme on lo sait, on s'est inspiré beaucoup à cette époque des souvenirs de l'antiquité. Aussi ne doit-on pas être surpris de voir les librettistes et les chorégraphes en traduire dans leurs ballets les costumes grecs et romains et faire évoluer danseurs et danseuses au milieu de paysages antiques. Les acteurs de l'Opéra figurèrent au premier rang dans ces ballets ambulatoires, en costume antique, accompa gnés des choeurs du Conservatoire qu'on désignait sous le nom d' a Institut de musique ». Ils chantaient de»; hymnes patriotiques et des cantates. Gardel avait composé le ballet de Guillaume Tfll. que le Comité de salut public avait accueilli iwxc enthousiasme. Les cinquante mille francs nécessaires à sa mise en scène furent votés par acclamation, mais par deux fois ils disparurent de la caisse .sans que personne osât en chercher la cause. Un silence prudent se fit sur cette affaire, et on no parut même pas s'occuper de rechercher '- I l'auteur de ces détournements; l'auteur lui-même s'empressa de reprendre son ballet sans protester. Gardel eut l'idée de faire de la Marseillaise une sorte de représentation spéciale à l'Opéra. Les trompettes prélu- daient; .'i leur appel, une foule composée de guerriers, de femmes et d'enfonts accouraient. On se préparait au combat par des danses, et des sortes de tableaux vivr.r.ts se lormaient après chaque couplet. La dernière strophe était chantée comme une prière, ;\ demi-voix. Acteurs et spectateurs étaient à genoux devant la Liberté que représentait Mlle Maillard. Après un religieux silence, les trompettes tout à coup appelaient les vaillants défen- seurs, on entendait le tocsin, des tambours battaient la géné- -- raie, le canon tonnait, les acteurs se levaient, brandissaient des armes et la foule envahissait la scène, armée de haches ■ OSTU.ME DE BAL VERS 180O D.irrc- une (.T-nvurc dcrupoquc. ctdcpiques; ct tous, avcc frénésie, entonnaient le refrain. m cosru.Mi: ue ijal vuks i«i>j D'aprùs une },'ravure Je rcpoquc. / S ■4 1 : 1? jT Xi- LA tJASSK A TRAVERS LES AUES. LA ( AiUlAONtJl.l. D'apri* une itTamre de 17)3. ( IMltotkf^ue niHomile.) I_» ftte de r/^/r*- supiénu, Jccré- tcc par lj Ginvcniiun luiiotulc, dt-ssinéc par David et cuiiduitc par Robespierre, (ut le plus important des ballets ambubtoires de ce teinps-U. Cx fut une fùte d'un caractère an- tique et d'une allure qui, avec quel- que chose de déclamatoire, ne man- quait pas de grandeur. A Paris, le matin du 2. itutt. mt.) ittcnd une scène ravivante, c'»t ici que la liberté i)u& j ménagé «o |>lu& doucn jouissances. • À ^^^ '^ /\ ,N L'nc montagne immense, dit Castil-Blaze, devient £\i,I^^W^^P >W l juicl de la patrie; sur sa cime sY-lèvc l'arbre de b liberté : Ê^ •^T'*^^^^ ' ' '" reprfocnians sï-bnccnt sous ses rameaux protecteurs; r ^^^ les pi-res avec leurs fils se groupent sur b partie de b nlon- tagne qui leur est di-signi-e; les mères avec leurs filles se rangent de l'autre coté; leur fécondité et les vertus de leurs époux sont les seuls titres qui les y ont conduites. Un silence profond règne de toute part; les accords tou- chans d'une musique harmonieuse se font entendre : les pères, accompagnés de leurs fils, cliantent une première strophe; ils jurent ensemble de ne plus poser les armes qu'après avoir anéanti les ennemis de b République : tout le peuple répète b finale. Les filles avec leurs mères, les yeux fi.vés vers la voûte céleste, chantent une seconde strophe : celles-ci promettent de n'épouser jamais que des hommes qui auront servi la patrie : les mères s'enorgueillis- sent de leurs fils.... Nos cnfans, disent-elles, après avoir purgé la terre des tyrans coalisés contre nous, reviendront s'acquitter d'un devoir cher à leur cœur; ils fermeront l.i paupière de ceux dont ils ont reçu le jour. Le peuple ré- pète les expressions de ces sentimens sublimes inspirés par l'amour sacré des vertus. <' Une troisième et dernière strophe est chantée par k peuple entier. Tout s'émeut, tout s'agite sur b mon- tagne : hommes, femmes, filles, vieillards, enfans, tous font retentir l'air de leurs accens. Ici les mères pressent les enfans qu'elles allaitent; là, saisissant les plus jeunes de leurs enfans mâles, ceux qui n'ont point assez de force pour accompagner leurs pères, et les sou- levant dans leurs bras, elles les présentent en hommage à l'auteur de la nature; les jeunes filles jettent vers le ciel les fleurs qu'elles ont apportées, seule propriété LA SAtlELSE dans un ige aussi ttndrc. Au même instant, et simul- uaprÉs une ^nuTire extraite Ju co» ^«r». N. LES DKDl-TS DE Al /).I.V.S7: MODERXE. |!n uncniciit, les fils, brûlant d'iim; ardeur guerrière, tirent leurs épées, les déposent d.uis les mains de leurs vieux pères; ils jurent de les rendre partout victorieuses; ils jurent de faire triompher l'égalité et la liberté contre l'oppression des tvrans. Partageant l'eii- tliousiasme de leurs fils, les vieillards ravis les embrassent, et répandent sur eux leur bénédiction paternelle. Une décharge formidable d'artillerie, interprète de la vengeance nationale, enflamme le courage de nos républicains; elle leur annonce que le jour de la II/ 'à-. j IN BAL A LA lOlR I)K NAI'OLKON 1" D'après la jfravure de B. Zix. {HiHiolhéqiie luliniuk.) gloire est arrivé. Un chant mâle et guerrier, avant-coureur de la victoire, repond au bruit du canon. Tous les Français confondent leurs sentimens dans un embrassement fraternel; ils n'ont plus qu'une voix, dont le cri général r/;v la RifuhUqtic ! monte vers la Divinité. « Le 20 prairial de l'an li doit être noté en lettres indélébiles d.ms les i.isIls de notre histoire. Le nom de l'Être suprême retentissant au même jour, à la même heure, d'un "bout de la France à l'autre! Vingt-cinq millions d'hommes assemblés à la fois .sous la voûte du ciel, adressant à l'Éternel des hymnes, des chants d'allégresse! » Quant à la danse proprement dite, on pourrait croire que les événements de la Révolution lui portèrent un coup mortel : la vérité est qu'au lendemain de la Terreur, ,H4 l \ TRA VKRS LES AGES. et dix-huit ccnu bah liaient ouverts tous les jours > .1 Paris, Je Paris pmdani lu Rnvliition. M. Henry l'oumwm, le tableau de Mercier, Us Buis à la viclhiu. Ias \ d'Mpj.sie. Les bras nus, le sein découvert, les iveux tournés en nattes autour de leur tc'te, levant des bu»te!k anii(|ucs i^ue lo coiffeurs à la mode achèvent leur ouvrage. " Il • inps que la chemise «.-st bannie et remplacée par un corset en tricot l.N UAL Ut SOCibTb Sol S l.i: l'Iti'.MIEK bMIMHK I)aprc> une ur.ivurc en >:i>ulciir> «II- Iln-in. ( liiHflh,jiu- iij/i..h i/<- i de soie couleur de chair, qui colle sur la taille.... Voii.\ ce que l'on appelle être vêtue ù la sauvage. » « Croira-t-on, dans la postérité, raconte Mercier, que des personnes dont les parents étaient morts sur l'échafiiud avaient institué non des jours d'affliction solen- nelle et commune où, rassemblées en habits de deuil, elles auraient témoigné leur dou- leur sur des pertes aussi cruelles, aussi récentes, mais bien des jours de danse où il s'agissait de valser, de boire et de manger .\ cœur-joie! Pour être admis au festin et à la danse, il fallait exhiber un certificat comme quoi l'on avait perdu un père, une mère, un mari, une femme, un frère ou une sœur sous le fer de la guillotine. Li mort des collatéraux ne donnait pas le droit d'assister ^ une p.ireille fête. '<■ a i./cs iii:iurs hi: i. i /m v.s/-; Mnit/CRXf:. iH- I.A MANIE DE LA DANSE |)apri-> iino Lrraviirc de nchiicourt. ( fiiMfVi/Wjiif luiln^irili:.) « D'nillcurs on danse partout. On danse aux Carmes où l'on égorgeait; on danse au noviciat des Jésuites; on danse au couvent des Carmélites du Marais; on danse au séminaire Saint-Sulpicc; on danse aux Filles de Sainte-Marie; on danse dans trois églises ruinées de ma section et sur le pavé de toutes les tombes que l'on n'a point encore enlevées. « On danse dans chaque guinguette des boulevards, aux Champs-Hlysées, le long des ports. On danse chez Ruggieri, chez Lucquet, chez Mauduit, chez Wenzel, chez Montausier. Il est des bals pour tous les états. Danser est peut-être une façon d'oublier. » « Sous le Consulat, nous ne relevons au théâtre qu'un ballet, en un acte, Lucas fl Uiitrclk, donné à l'Opéra le .^ juin ittro, dansé par Goyon, \'estris et Mme Gardel. C'était l'œuvre du compositeur Milon, qui devint maître de ballet de iMi.i à iHir', et auquel, outre Z.//r<7^ <•/ Laitnltc, on doit le Rdoitr d'Ulysse, les Sauvages de la mer du Sud, Pygmalion, Hero et IJandre, les Noces de Gamache, Clary, les Fiancés de Caserte, F Échange des roses, la Promesse de mariage, Nina, F Épreuve villageoise ex le Carnaval deï'enise. Sous l'Empire, il est certain que la danse ne brilla point d'un très vif éclat, on le conçoit aisément. Cependant M. Nuitter, le savant bibliothécaire de l'Opéra, nous fait, au sujet des danses de ce temps, de curieuses révélations. LA D.W'SE A rnAVI^liS Ll.^ AUL-^ >ian%cuni se borne le pliis souvent à soutenir irprcnji) Jansc, les hommes aient k-s teniiii». Cela est arrivé pounant, viu tem|»s Jes Vcstris, mai* à une époque de ploirt luvur» n'éidient pas efféminées. C'était au commencement de lEmpirc. Ix djuscur Dupon brillait alors; ses appointements étaient é-gaux à ceux des prwnûtr. cli.»ntcurs; pour tenir son rang, il avait Ocioo francs de loyer; sa table lui en • autant, son cabriolet 2c>o«i. Quand il dansait, on faisait augmenter la garde ordi- tu jtiircli>>\ autant non «ctilenKHt n)ilit.iire où, ci I A VKILI.K DE LA IIATAII.I.E Dapré!» une lithuKrapliic Je Kallct. ( IHHfilhi^ue ttJlioHJU.) nairc de cinq hommes de cavalerie. On coulait son buste en bronze, et, ne se contentant p.is d'interpréter les œuvres des autres, il prétendait composer des ballets. Il semble que ce ne soit pas là une affaire d'Htat et qu'il n'y eut qu'à voir si ses ballets valaient ceux de ses confrères. Mais il n'en était pas ainsi, et de Lyon, le ao germinal an xii, Napoléon prend la peine d'écrire à Cambacérès qu'il lui paraît inconcevable de laisser faire des ballets à Duport. « Ce jeune homme n'a pas encore un an de vogue. Quand on réussit • d'une manière aussi éminentc dans un genre, c'est un peu précipité que de vouloir • enlever ceux des gens qui ont blanchi dans ce travail. » lorsque le souverain, au milieu des soins du gouvernement, est si bien au courant des succès d'un danseur et a le temps de s'occuper si sérieusement d'une question de chorégraphie, il n'y a qu'à s'incliner une fuis Je plus ik-v.int l'empire tout-puissant de la mode. » Li:s Di:iirTs m-: i.\ nwsi: moiuîhs/-: {'■'■>, Bonaparte, du reste, parait avoir fait cas de tout temps de l'art de la danse. Dans une nt)te du général en chef de l'expédition d'Éjîypte, à la suite de l'é numération des objets de toute sorte qu'il réclame pour le corps expédition- naire, canons, fusils, vi- vres, etc., on trouve cette mention : « Une troupe de ballerines'. » A l'occasion du ma- riage de l'empereur et de r a rc 11 i d u c h e s s e M a r i e- Louisc d'Autriche, un b.;. eut lieu à \'ienne, dans les salons de la redoute impé- riale. Les invités, au nom- bre de six mille, y entrè- rent en domino et sous un déguisement décent, avec ou sans masque ; on pou- vait paraître en frac élégant, ou bien en liabit hongrois sans éperons. On avait lait construire dans une salle un temple magnifique; au milieu, on voyait un génie appuyant la main gauche sur les armes de France et d'Autriche, et les couronnant de lauriers. Deux autres génies sur le fronton tenaient des écussons surmontés de couronnes impé- riales avec les chiffres de Napoléon et de Louise. L'empereur, l'impératrice, l'archidu- chesse Marie-Louise, la famille impériale et l'ambassadeur français parurent dés le com- mencement du bal. Parmi les ballets de l'Empire, nous signalerons les Filets de Vitkaiii, de Blache, représenté à l'Opéra le :; juin 1806. Ce ballet, qui avait été déjà donné à Lvon, où Blache était maître de danse, eut à Paris un très grand succès. I. Fait rapporté par le journal riUnslnilioti, dans son numéro de décembre iflt^. i m; Li;i,i)S i)i: UA.NSii suis i.r. i'Ui.miuk iimimiu: Uaprùs le i.ibltau aKniilc Aa.-iiii. !«>' L.\ /i.J.V.V/i A ll{\\/:H.S Lt:S MiKS. Li iMitUft fktliniaii/, du m«^mc auteur, excita le plus vif enthouNiasmc. On v remarqua sunoui une danse de patineurt, dont le «louvenir a bien pu inspirer plus tard le hallet du troi.si^me acte du Pt Ij Rfliwr ifUlyiff, de Milan, dunt noas avons déji parU-, fut joué pour la première |.' 'cvrier ifir. Mlle Chevigny, dans le r<>le d'Uuryclée, y obtint un vif succès. Mau »;tttt représentation fut troublée par un triste accident : Mlle Aubry tomba d'un I.E DANSEIR MALADRIIIT D'après une caricalure de Gillray. nuage sur lequel elle trônait, et se brisa un bras ; elle ne se remit jamais de sa blessure et ne reparut plus sur la scène. Quant .\ Mlle Chevigny, on peut encore signaler l'éclatant succès qu'elle remporta dans le rôle d'Octavie du ballet d'Atiloine et CUopâlre. Li musique de ce ballet, qui fut représenté pour la première fois le H mars i8(»fi, était de Kreutzer. I. Blachc compovi LiKurt If Rfloiir d'Apollon, Irs Amoun Je Mars et de l'riiiis, DiaiK el Hmlymiou, le Triomplff de riiymen, rAmilie chie à VAmoiir, F Amour tl /« Vendangeurs, Ze'pliyre el Flore et h CImste Suzanne. Un de SCS fils, Isidorc-.\ugustc, composa pour le célèbre danseur .Ma^urier les ballets de Polkhinelle et de Joco, représentés ^ la Porte-Saint-Martin. Le rôle de singe du ballet de Joco fut repris dans la suite par le danseur Paul avec une telle agilité, qu'il fut surnommé Paul raérien, tant il sautait légéa-ment d'arbre en arbre. Un second fils de Blachc fut également maître de ballets à la Porte-Saint-Martin durant trois années ; il se rendit ensuite à Saint-Pétersbourg où il donna avec succès Don Juan, Gustave l'osa, les Grecs, Mala- kiitrl ft .-Irtiiidii ili-i GiiiiJ^f- Lf:s i)i:i!fr.s lu-: i..\ i>\\s/-: M(>I)/:/<\/:. iwi LA BELLE ASSEMBLEE U'aprcs une carkaturc de Cniikshank. Desdetot, de l'Académie royale, maître de ballet de la cour de Russie, composa le ballet anacréontique de Zépbyrc et Flore, qui tut représenté à Saint-Pétersbourg et à Paris en i8i5. Les deux actes de ce ballet comportaient une grande figuration de dan- seuses surtout. Beaupré tenait le rôle de Pan, et Albert celui de Zéphyre. Le livret était vivant, la mise en scène très soignée : le succès du ballet fut considérable. Blasis, dont les ballets semblent terminer le siècle des grands ballets d'action, fut premier danseur du thé.itre du roi d'Angleterre, et sa réputation de maître de ballet égala celle de Dauberval et de Gardel. Outre un excellent ouvrage sur la danse, il a composé plusieurs ballets, parmi lesquels il en est six qu'on doit surtout citer : Achille à Scyros, qui porte le même titre qu'un ballet de Gardel, mais qui en diffère absolument par l'intrigue; — Mokanna, dont le sujet est oriental : c'est un ballet en quatre actes, tiré du poème anglais de Thomas Moore, le Prophète voilé; l'action se déroule en Perse en l'an i63 de l'hégire; — Vivaldi, grand ballet en deux actes, nous reporte à \'enise, vers le milieu du xvi" siècle; — Les Aventura nocturnes sont un ballet comique, qui contraste avec les autres productions de Blasis, et qui obtint un grand succès d'hilariié; — dans Zara, le caractère romantique domine : c'est une œuvre de premier i.,. /..I DASSJ orJrr 111 ilifi i!t% .iiittiir> iTOtllPtti I l'ERS LES ACES ifin Akiiitou r Essai de la Jtunesu se ractaclii w . Jansc n'avait plus la vogue que l'on pourrait suppt>M;r tu conviJcrant le» c^tampt-s postérieure» dans lesquelles les Anglais exercèrent leur humour. Il pliiiurt «r pi^ »t de la danse. Newton avait beaucoup diverti avec sa charne • V ...>!,....,>-. ..«.r- . . ..>. .■. ...oVlNrE ES ANGLETERRE A I.A UN I>1 .Wlll' SIECLE D'aprC-o une caricature Je R. Newton. de la CoiurcJ.msc- dans un bal de province en Aiifilctcrrc où de jurandes daines empa- nachées s'avanijaicnt au milieu de danseurs bedonnants et fort maigres et en perruque. IN COTILLON A LA FIN Dl XVllf SIÈCLE Dapri» une caricature aniiloisc Je W. II. Kin(;sburK. Kinf-sburg ridiculisait un Cotillon dans lequel les dames, aux coiffures poudrées énormes, minaudaient et faisaient leurs gnlces. Cruikshank reprt-scntait de belles assemblées, c'esr-i-dire des bals où tout un monde biîKirrc s'agitait en attitudes comiques. Des tableaux décoraient les murs de ces salons, et c'étaient la danse du cheval, une danseu.se de corde, des danses de chiens savants, d'ours musek-s portant un singe danseur sur leur tête, de paysans et de matelots. A cette même époque, James Gillray déridait ses contemporains avec ses charges si vivantes et d'un comique achevé. .J'i'hiicoiiiL .Jf iiu'iuu'l ('<■ lit moru'f L/:.s i)i:iiirs i>i: i..\ d.wsi-: modiiksi:. HM Les m;iitrcs Je danse d'alors jouissaient d'une faveur et d'une autorité despotii^ue qu'ils n'ont plus retrouvées. Dans la Clji'n\i;niphit' de Cjuilleniain, on voit avec quelle considération les élèves doivent traiter leurs maîtres de danse : « Il convient, dit-il, que l'écolier s'empresse d'aller au-devant de lui quand il arrive ; on doit le recevoir très poliment, lui faire deux révérences : la première très profondément, la seconde moins bas; on doit ensuite le faire entrer dans l'appartement, lui présenter un fauteuil pour s'asseoir. La leçon fmie, l'élève aura l'attention de conduire le maitre jusqu'.'i la porte I A llF.I.I.i: ASSE.MIlLKr. IJ aprc^ une caricature de Cruikshank. de l'appartement; il lui fera ensuite deux révérences, la première Ixis, la seconde moins; il le remerciera poliment des peines qu'il s'est données et des attentions qu'il a prises.... « En l'an vu de la République, une demoiselle Taglioni se montra avec quelque .succès à l'Opéra. Son nom figura plusieurs fois .sur l'afHche de 1^04 à if{(»6; elle tenait des rôles dans la Caravane, dans le Connétable de Clisson et dans les KiHrs de Gainacbe. C'était la tante de la célèbre Marie Taglioni qui, vingt ans après, obtenait des succès prodigieux sur la même scène. Marie Taglioni était née à Stockholm, d'un Italien et d'une Suédoise, et avait r.5 un LA 1>AXSE A TRAVERS LES AGES. c \icnnccn 1M22, dans un ballet composa- tout exprès par M. Taglioni pour sa lîllc luwjfuntti I cour de TfrpsUlton. |-.n iM:;, clic débutait à Paris dans /<• Silicim et paraissait dans la Vestak, Mars cl \',isu\ l'ernand Corlés, Its Bayadha et It Carnaians Us Bayadéres et surtout dans la Sylphide, son art atteignit les limites de l'im- matériel. Iji Sylphide fit revivre, un instant, la mythologie dont l'action théâtrale se privait depuis longtemps. « .Mlle Taglioni, dit Qistil-Blaze, la sylphide par excellence, rem- pliss;iit le principal rôle dans ce ballet, dont M. T.iglioni avait ajusté les danses sur le livret composé par M. Adolphe Nourrit, premier ténor de l'Académie royale de musique. On a su gré aux auteurs d'avoir beaucoup lait danser .Mlle Taglioni.... Le second .icte offrait une entrée d'un effet original : les danseuses, groupées par quatre, arrivaient par le fond jusque sur l'avant-scène, et formaient ensuite un ensemble ravis- sant. On avait reproduit les vols audacieux que l'on admirait dans Flore et Zêphire; mais, dans ce ballet, les acteurs principaux avaient des remplaçants qui s'exposaient aux chances du fil de laiton. C'est Mlle Taglioni qui prend sa volée dans la Sylphide, et ses comp.igncs la suivent à travers les arbres et les frises. On n'avait que deux danseurs volants; la Sylphide en présente une douzaine qui fendent l'air avec leurs ailes de papillon ou de demoiselle. » Et, au milieu de ses éclatants succès, passionnant et enivrant les foules, distinguée par la reine de Wurtemberg, qui en avait fait son amie, la Taglioni était restée douce, simple et résenée. Elle avait épousé en \>\?M le comte Gilbert des Voisins; mais cette union fut de bien courte durée, car, dès le lendemain des noces, le comte l'avait déj;\ oubliée. « Arsène Houssaye, dit M. Henri Bauer, nous a raconté leur dernière eiuicvue dans un diner donné vingt ans après, en 18.^2, par le duc de Morny, et auquel a.ssis- taient Rachel et la Taglioni. Le comte Gilbert des Voisins arriva quand on était déjà à table. Son premier mot fut celui-ci : <' Quelle est donc cette institutrice qui est à droite /./■;.s' hhitrrs m-: i.\ i>\\s/-: Miiiti:i<\i:. s « de Morny?» (clic ct.iit tort instruite et p.u- l.iit toutes les langues de l'Europe). On ne craignit p.is de lui faire trop de peine en lui disant : « C'est votre « femme. » " Il chercha bien loin dans ses souvenirs, puis répondit : « Après « tout, c'est possible. » « Mlle Taglioni, indiquant son mari, demanda .\ Morny pourquoi il avait eu la singulière idée de la taire diner en si mauvaise compagnie. " Après le diner, Gilbert des \'oisins, qui n'avait peur de rien, pas même de sa femme, eut l'im- pertinence de se taire présenter à Marie Taglioni. FJle prit bien la plaisanterie : « Il me semble. Monsieur, lui « dit-elle, que j'ai déj.'i eu l'hon- « neur de vous être présentée vers i'i'^2. » C'était l'année de leur mariage. » Marie Taglioni, avant de se rendre en Russie, donna sa représentation d'adieu en 1H37. Plus tard on la retrouve à Londres, en proie à la misère, donnant des leçons de danse et de maintien. « C'était un triste spectacle, dit M. Henri Bauer, de la voir en cheveux blancs, conduire toute une école anglaise, à Myde-Park en Jiiver, à Brigliton en été, et, accompagnée d'un vieil Italien tout petit, qui jouait de la pochette du maitre à danser, enseigner les danses de caractère et les révérences royales aux tilles orgueilleuses de la gentry. » Quel triste retour des chcses! Elle avait traversé Londres autrel'ois pour se rendre en Écos.se où tous les bras se tendaient vers elle, et, pour assurer sa tranquillité, la Sylphide avait dû cacher ses ailes. Elle était si heureuse de voyager incognito! Arrivée ;\ Perth, elle eut l'imprudence d'écrire son nom à l'hôtel, sur le livre des voyageurs. Aussitôt la nouvelle se répand, une dépuration de la j^eiUry et de la iioliilily accourt. On la prie, on la supplie de donner une représentation. Mais où et comment? car .MADl.MlIlSl.l.l.lC TAlil.lONl l).\NS I.li U.M.I.ET « LA SYl.l'EIIDE » Daprùb iiiiL- litho^Taphic a:iunynig Je TcpiLiLic de iliîo. !•/• I.A l> I m.i VERS l cnltii, iHuir lijiiwrr dans un hnlIcT. il est néccs!>airc d'avuir un corps de ballet, il faut un tli> nuicricl. loui cela n'existait. On improvise un tli^^itre. Au UHinicnt de lever la toile, on s'aper^'oit qu'un mannequin indispensable dans la pi^re a ili oublié. Elle ne s'émeut pas : • Pierre, dit-elle à son domestique, vous remplirez le rôle de mannequin ». Et elle entre en scène. On s'aperijoit, après avoir affublé Pierre du costume de rigueur qu'il a des favoris, et le rôle n'en comporte pas. On parle de le raser, le mannequin s'y refuse énergiquenient. Ix public, qui attend, se ftclie. On s.u.sii enfin mon Pierre, et on lui cou|K' de force ses favoris! Grttc soirée fut un triontplie de plus pour la danseuse. Aprt-s tous ces succès éclatants Marie Taglioni mourut à .Marseille, très âgée et fort pauvre. I.A iJAN.st INl UnVAIll.E l'rtniiire feriiit de la l'alit U'aprv!) une i;ravuri: Je Tiipoquc du Uîrccluirc. € XdlS N IRONS l'I.lS Al' mus. LES LAlKllCItS SONT roll'tS.. .. • — HONl)i; KM AMlNi; l);ipr>.> la lilh"^,'rapliic Jl- l)c\cria. ( /;iNi"//nt3née qui unit involontairement ' ^' ■*' leurs niain!v, les encluine les uns aux autres, mêle et confond leurs mouve- ments dans un élan d'ensemble. I^ Ronde est la danse primitive, la véritable danse champêtre; elle existait avant même que Syrinx plain- tive, sous les lèvres brûlantes du dieu Pan, eût initié les danseurs à des plai- sirs nouveaux', et elle a quelque chose de si naturel, de si instinctif, qu'on doit la retouvcr dans tous les milieux primitifs et champêtres. C'est ainsi qu'autrefois, dans les prairies de notre Limousin celtique, rude par la race, mais adouci par les mœurs g.illo- romaines, les jeunes filles célébraient selon de vieux rites la « venue du temps clair ». Le charme du renouveau enlaçait leurs doigts, rythmait leurs mouvements et leurs .mitudes. C'étaient les rondes de mai, "•^ "' \"M-> :,.c^M.n.u- ,^.^ Maiadi-s, d'antique origine; les grands hêtic . .o^. . lesquels ces danses avaient lieu étaient les arbra des MaîadfS. A Merlines, un plateau porte encore le nom de Coiiderl des Malades, et, dans la forêt de Cluvanon, l'arbre des Malades étendait encore ses vieux rameaux en ces derniers temps. On entendait aussi par ce mot les endroits propices à la danse, et surtout les auberges I . Pan était regardé par Ici anciens comme l'invinteur des danses clijni|:étr(.s. — S\Tinx était une nvniphe d'.Arcadic, fille du fleuve Ladon. Poursuivie par Pan, elle s'infuit vers les bords de ce fleuve et disparut. Pan ne trouva à sa place que des roseaux, dont il fu la flûte à sept tuyaux unis, qui fut elle-niime appelée tyrinx. iiAi. lii: - .'.m Aubin Lies n.\\si:s ( ii.\vi'f:ri{i:s l'f) Xmt^ DANSE Dh^ m Ki.l.KS U'aprcs le tableau de Lancrul. ( .V«.mv ie \lcrHn i isolées ou, par k> i'l.iu.\ uiuiaiichi.^, des couples joyeux se reuniss.iiciit pour d-insL-r. On appelait la chanson de mai à danser : calenda mata, et la reine du printemps, pour laquelle on dansait, se nommait dans les poésies limousines du joli nom de reghia La Ronde antique florissait encore dans les derniers siècles, et cette maïade du Limousin et du Poitou ne serait autre que la danse d'Ariane, la Cividiolc, ciselée sur le bouclier d'Achille par le divin boiteux. Les jeunes Grecques la dansent encore aujour- d'iiui, et l'une d'elles conduit le Branle en tenant à la main un mouchoir ou un cordon de soie en souvenir du til libérateur qui permit i un héros de s'échapper du labyrinthe. Cette danse de mai que nous transmirent les Romains était lormée par une chaîne qui ondulait, rythmée d'habitude par le chant et quelquefois par le son des instruments. Elle était menée, comme la danse décrite par Homère, par un chorège chanteur. « Li danse, dit .\1. Bédier, dans son étude sur les fêtes de mai, allait de droite à gauche.... Elle consistait en une alternance de trois pas faits en mesure vers la gauche et de mouvements balancés sur place; un vers ou deux chantés par le coryphée remplis- >•• /..i n.ws/; A TUA VERS Lt-:s Ar,f-:s. uicnt ic temps pcnJjnt lequel on faisait les trois pas, et le n-frain, repris par les Jnn- M> nps consacré au mouvement Kalana." Ixn éi 1.1 auteur sur les fôies de mai et ti-s commencements de la poésie lyrique au moyen .t Jairé le mN-slire qui enveloppait les mnîades limousines. I)".ipro M. (i.iston Paris, la d.»n\e déniai est une ronde accompagnée par les chants d'un soliste et d'un chanir. — En une de ses figures, la RaUrit, la danse de mai se trouve A LA «il lN(ilKTTE D'après le lïe^sin de A. de Saint- Aubin, ^'ravé par llasan. {liiHinthiqut nJliniiJle.) niiiucc en même temps que ch.uitcc par deux ou trois personnages placés au milieu de la ronde, tandis que les danseurs et les danseuses tournoient doucement autour d'eux. » Les diverses figures de ces danses, dit Jean Dutrecli dans la Rniic limousine, constituaient de véritables petits ballets, chantés et mimés, qui formèrent plus tard la pastorale, de laquelle, ;\ son tour, devait sortir le ballet, illustré par le talent de LuUi, de Rameau, d'Hérold, d'Adam et, plus pris de nous, par celui de Léo Delibes. » Nous ne discuterons pas avec M. Jean Dutrech sur les origines qu'il attribue au ballet, nous r.nnns vu naître dans l'antiquité. >>v dévilupper d'uni- tmit .lutre manière et tmns .uniis HANSE PAYSANNE D apris une gravure du tableau Je Walteau, ( Ecole des Dejux-Aris.) 26 /,/:.s' /» 1 v.s7;\ Cl/ \ \ii'i':ri.1.V.VA: .1 TH.WHKS LUS ACIIS. coufAvti qui raccunipa(;iK'iu en set inouvcniciits gncicux c( souples ajuuicnt une fraî- cheur J'idyllc )l Ij KunJe nuptiale qui déroule ses anneaux dans la réunion des parents et des amis qui suit les épousaille>. Ix couplet suivant, repris en cluvur, accompagne auvsi souvent la ronde joyeuse : Qlii J'cnictkls le unibour qui bM Ht l'iimout .,». ... .., icllc; iinibrjSM.-! qui vout plaira Pour toulagcr vos peines. • L> personne à qui s'adres.sent toutes ces ohjurj;aiions, dit Jean Duirith, va IIM c IIAMI'ETKE D'aprv» une irravure de Ch. Eisen. (DINiolhfiue njlwnilt.) embrasser un des danseurs ou une des danseuses. Elle revient se placer au milieu du cercle avec le cavalier ou la cavalière choisie. L;i ronde se remet à tourner et .1 clianter : C'est la fille à Guillaume I-t le fils à Gcndreniont, Qui aimeiit le pain tendre, Qui aiment le pain tendre ; ] lintrez dans te p.etit rond. Tout rond; Mettez-vous à genoux Ht jurez de\-ant tous D'être fidèles époux. Et puis embrassez- vous, Sur l'air du tra la la la (/>/i) Sur l'air du tra déridera Et Ion Ion la ! ( uiiiiuni .Jii norr au %-i//)iiir Li:s /M.v,s/:.s cnAMi'i: I h'i:.'<. « Quand cette ronde a lieu le jourdu mari.i^e, c'est par ini des nouveaux mariés qu'on coninience le jeu, qui se continue ainsi jusqu'à ce que le nonibre^des danseuses ait été épuisé. ILIL M-MIILNNL U'aprcs le talMcau de Waltcau. « Dans la Pcniwiuula , un nombre indéterminé de danseurs se donnent la main, sur un même rang, et, en chantant, en formant des iigures, en sautant, s'avancent vers une autre personne placé'c devant eux, comme dans la ronde enfantine : C'est le clki'alier du roi. » >'' LA DAS.SK A /AMi/i/t--» Liu,-^ .\ith>. Sous une furnic ou mjus une auiri-, b KoitJc est, vn sunimc, csiiciuiclU-nicnt une JjaM,- joyeuse. Je relève toutefois dans l'histoire de cette djnsc une singulière anecdote. L"n peintrv tri-s célèbre en son temps mourut à H.ir|jn vers l574, i 76 aas. Comme il était fort riche et qu'il ne bis-viit point d'hèritii- .1 de consacrer, par testament, une pnie de sa fonune à mettre en ménage, tous ics ans, deux couples de son village. Il av.iit mis comme condition expresse i cette libéralité que, le jour des noces, les é]H>ux LA l'ASTDl REI.l.E. — • l>OI( EMENT, LA PETITE. JE n'aI PLIS Ql INZE ANS! • D'of rcs une lithuin'aphic de KafTel. et les convives qui ;issistcr.iiLnt au banquet iraient ensuite former ensemble une ronde autour de sa sépulture, et danser joyeusement, au son des violons et des hautbois! D'autres danses sont propres au Limousin. Nous signalerons la Saulicira, qui offre une certaine analogie avec le Quadrille ordinaire. Les danseurs et les danseuses, se faisant vis-à-vis, s'avancent et reculent, sautent, s'entrecroisent et tournent en chantant. h'Aigua de rosa, l'eau de rose », a été empruntée à la haute .\uvergne. Les danseurs enlacés s'avan- cent, formant des p.xs analogues à ceux de la mazurka; puis le rythme change, « ils se dét.ichent et glissent en se taisant Lxcm, par de grands pas vifs, mesurés et cadencés. » Li l'arandoU provençale a été introduite en Limousin; on ne saurait en préciser l'époque. Autrefois, à Tulle, far la jaianJola signifiait défiler dans les rues, en nombre. 7. /:.s' /M.v.v/v'.s' ('//.\Mi'i'rrn/:s ^■h. AV l'AVS IIRETON. — I.A DANSE IMI-KOVlSEl; D'après le tableau ilo Dcyrullc. en se tenant par la main, ou devant la demeure des gens auxquels on voulait taire hon- neur. « Pendant la Révolution, dit Jean Dutrecli, les Farandoles furent fréquentes à Tulle. Elles prirent alors le caractère d'une manifestation violente contre les personnes ou les choses qui rappelaient l'ancien régime. La tourmente passée, la Farandole n'évoqua plus, dans l'esprit des gens, une danse; elle fut inséparable du souvenir des journées révo- lutionnaires et prit alors moins de place dans les divertissements populaires. Aujourd'hui encore, les soirs d'élections, les habitants se servent du mot « farandole » pour désigner les manifestations flivorables ou hostiles qui se produisent pour ou contre les candidats heureux ou malheureux. » Au cours de mes voyages, j'ai vu danser une bien gracieuse Ronde chez les paysans de la Sardaigne : ils accompagnaient leur danse d'un chant rythmé à la manière sarde et qui constituait la plus étonnante musique qu'on put entendre. Ce n'est point viainient le son de la voix humaine, mais un bourdonnement musical qui s'enfle, puis décroit, pour s'enfler encore. Parfois une note élevée domine, sonore et pure; puis c'est la basse qui résonne à son tour. Par instants, les voix donnent à l'unis-son en formant une sorte d'accompagnement en sourdine, sur lequel un soliste brode des phrases de mélopée. Ce chant particulier, étrange, qu'il est difficile d'analyser, pourrait .se comparer à des canti- /. l /'.l.\>/. A //(.ti /;/«'> / ' ■« i'i/..s INE JKTK Al VII.LAlif. — LA VAI.SE UV VOI.TIliElK It'nprcNla lilhii^rraphiu ilv II. Bullantrc ! ^ luxqucllcs les buurduiintnxnis l'orgue et quelque chant sacrî* I ; li scrviraiein d'accomp-igncmcnt. C!'ctaii J.ins le village de Beivi, 1 xirUnigne, sur les flancs du grand < iL-niugcntu, le « mont d'Argent ». Au son de cette musique sin- ;ulière, jett-e aux vents du soir par es musiciens des montagnes, se L-nant debout, enlacés presque, les cunes hommes et les jeunes filles se sont avancés pour former un cercle autour d'eux. Fuis les jeunes lilies se sont prises par la main et se sont serrées les unes contre les autres; les jeunes gens ont fait comme elles, les deux groupes se .sont unis par un côté, et, doucement, cette sorte de ronde enveloppant les danseurs a tourné, avanijMiit et reculant, réglant la cadence suivant la mélodie des voix. Tel est le rvthme sarde et la danse du doitro-doiiro. La musique est grave et belle, grave aussi la danse, qui est plutôt un p.is qu'une danse. Nous trouverons encore en Gascogne la Ronde s'asso- ciant aux fêtes populaires et aux cérémonies du mariage. Mon ami P. KaufTmann entendit un jour, dans ce p.iys, au .sortir d'une me.s.se de ma- riage, des musiciens entonner un chant aux modulations douces et lentes auquel s'a.sso- ciérent tous les invités qui for- maient le cortège des époux. LE SERGENT IIELLKPOINTE FAIT HANSER < ATIN « \x marié, dit-il, prt- 0'.iprcsl.i lilhi.fr.iphic UcCharlct. j./:s D.w.sKs ( ii.imi'i:tii; KA.MII.I.l; 1£N UANE.MAKHi Daprcs le tableau Je Munies. Toujours dansant, nous arrivâmes à la maisonnette rustique, dans la cour de laquelle, sous des ombrages de verdure em|iruntès à la forêt voisine, un excellent repas, en rap- port avec la sobirièté connue des invités, était otTert par M. B.... Xuus ne nous finies p.is faute d'y assister et d'y faire honneur. « ... Les braves Landais, continue-t-il, si passionnés pour la danse, quittaient la table pour se lancer joyeusement dans leur Romlo favori. Ce fut, aux dernières heures du jour, un crescendo formidable, une course véritablement endiablée, folle, terrible même, où, surexcités non par la boisson, mais par l'exercice adoré, tous ces jeunes couples, tournant en mille replis sur eux-mêmes, sautant par-dessus les obstacles, gravis- sant les plus raides, escaladant, sautant, courant toujours, n'arrivèrent à s'arrêter que lorsque les sons du fifre s'éteignirent devant le souffle épuisé des ménétriers, ce qui I..\ /M.^^/- .1 //ill/./(> 7-/, > .l'i/,.>. \ t» il >: $f provoqua h retraite gcnî-ralc. Ix mérite des danseurs dans le Roido est de ne jamais se liklicr lo mains et de suivre aveuglément leur chef de lile. M. Georgi-s Perrot, dans son intén-s&ant voyage chez les Slaves du Sud, nous parle d'une Janu ronuitt/iif qui ne serait, d'après lui, qu'une variété de la Ronde. • V.n Orient, dit-il, il y a trC-s |H'U de danses où se mêlent les deux sexes, et encore quand cela arrive, conmie dans diirérentes variétés de la Roiiiaiqiit, n'est-ce que dans une •onc de ronde ou figurent d'a- Ixird, se tenant par la main, tous ks hommes, puis ù la suite toutes les femmes; on ne danse jamais par couples. Dans la Komaïque :nème, celui-là seul danse qui con- duit la ronde ; les autres font nomhre et marchent pendant que le chorège saute et bondit. Kn dehors de cet exercice, qui rap- pelle le chœur homérique, et au- quel prend part tout un vilhige, la d.uise n'est guère qu'un spectacle comme celui de nos ballets. » M. Charles Yriarte nous parle longuement de la danse nationale dalmate appelée le Kollo. • Le mot fo//i> signifie cercle; on danse en rond, alterné par cou- ples des deux sexes, avec celte par- ticularité que l'homme ne donne p.is la main à sa nuishk, m.iis, passant son bras ."-ous celui de la danseuse .i côté de laquelle le son l'a placé, va chercher la main de celle qui la suit. Toute la chaîne s'entre- mêle ainsi et frappe le sol en chantant un air monotone, un peu triste, mais qui n'est pas sans charme. A Gradisca, un dimanche, sur une lieue de longueur, toute la rive de la Save était semée de groupes de fenmies étrangement parées de verroteries, de grosses couronnes, de fleurs artificielles, de perles faus.ses énormes, de bijoux d'une forme rare et curieuse, de couleurs vives tranchant sur des corsages blancs richement ouvragés : c'était le jour de je ne sais quelle fête locale; les femmes seules dansaient par groupes, i:-. K ^ t l.A I UL.VII.lil. 1.1H,(>N 1)1. li.VN.-l. Darn--- une liihciirr.Tphic ilc Grenier. /./:.•.• /'.i v.s7:.v ciiAUi'irruKs. lentement, sans avr.n- cer et sur place, impri- mant à tout le corps une sorte île niciuv pro- voquant. » D'.iprcs M. Dora d'Istria, cette ronile change de pliysionomie suivant l'àjje et le ca- ractère des femmes qui y prennent part. " Tan- tôt une jeune vierge, dit-il, n'y jiarait que pour faire admirer sa grâce et sa modestie, tantôt IloLKUia; U Al VKKdNi: D'apriis une lilliiif,'raphic- aiuinymc. épouse étrangcniciit belle d'un Rosniaque y trouble les ciX'urs par l'expression captivante qu'elle donne à tous ses niouxcnieiits. » \'oici un exemple que dmuK- M. Doni d'istria pour f.iire cimiprendre le cJiarnie intense qui peut se dégager de la danse du Kollo : Le haidoiik Radoïtza, plongé dans un cachot de Lara, faisait si bien le mort, que Békis ordonne de l'enterrer. La femme de \'aga, peu convaincue de la réalité d'un trépas si soudain, conseille d'allumer du feu sur la poitrine du liaidouk, pour voir si « le bri- gand » ne bougera pas. Kadoïtza, doué d'un cœur héroïque, ne lait pas un seul mouve- ment. La Turque exige qu'on poursuive l'épreuve; on met dans le sein de Kadoïtza un serpent chautTé par le .soleil; le haidouk reste immobile et n'a pas peur. La leinnie de l'aga conseille alors de lui enfoncer vingt clous sous les ongles; il contiinie de montrer un cœur ferme, et ne laisse pas échapper un .soupir. La méchante ordomie enliii qu'on torme un Kollo autour du prisonnier, dans l'espoir que Haïkouna arrachera un sourire au hai- douk. Haïkouna, la plus belle et la plus grande des lilles de Lara, conduit la ronde : le collier suspendu à son cou résonne à chaque pas, on entend frémir son pantalon de soie; Radoïtza, inébranlable devant les tortures, ne peut résister à tant de charmes, et la regarde et .sourit; mais la jeune Serbe, à la fois hère et attendrie de son triomphe, laisse tomber sur le visage de Radoïtza son mouchoir de soie, atin que les autres filles ne voient pas le .sourire du haidouk. L'épreuve terminée, on jette Radoïtza dans la mer pro- fonde; mais, merveilleux nageur, il revient la nuit dans la maison de Bekis-aga, lui abat la tète, tue « la chienne de Turque » en lui enfonçant sous les ongles les clous qu'il a retirés LA h.WSK .[ TR.WIIRS l.fCS W;/. s i!i V . t. l|ji1(oiin.i • Ccviir de •>-! (Htitriiu •. l'cium^nc en lerrc Je Serbie et une bIjiK'Itc c(;liw. ^ous traînants d'une cornemuse, une antique ronde ap|x-lt'e la Hoia balance en Roumanie v» cadence lan^^iisunte. Ia-s gartjons qui la dansent, se tenant par la main, avancent vers la gauche de quatre h cinq pas, h la suite desquels ils piétinent sur place. Puis ils s'arrêtent pour recommencer. • Peu ik peu, dit M. Lincelot, la mandoline tgaye la lente mesure et semble, en jetant quelqui-s notes st)nores, presser la marche; mais rien n'i-meut la cornemuse : elle s'obstine dans son rythme indolent. Hnlin arrive une phrxsc d'appel trois fois répétée, que les danseurs accompagnent chaque fois de trois frappements de pied sur le sol en regardant les filles groupées derrière eux. Rlles hésitent : on dirait qu'elles se consultent du regard; puis elles .se prennent aussi par la main et forment un cercle autour du pre- mier. A un autre appel plus impérieux, elles le rompent et se mêlent à la ronde des gartjons. • .\ ce moment, le vieux t/.igane ouvre ses petits yeux vife en même temps qu'il montre dans un sourire de macaque ses dents blanches et aiguës, et, secouant avec enthousiasme au-dessus de la gracieuse théorie une pluie de cadences joyeuses et pressées, il exprime très bien par son harmonie tourmentée, le doux frémissement qui doit courir dans toutes ces mains unies. « Dè-s lors, la Hora est formée; elle dure longtemps, mais sans jamais s'écarter très sensiblement de son caractère d'indolence marqué dès le début. Il s'y rencontre tou- tefois une .scène de pantomime charmante. Après avoir marché en tournant et en se tenant les bras allongés, danseurs et danseuses font face au centre du cercle qu'ils décri- vent, rétrécissent ce cercle en marchant droit devant eux et, près de se loucher les épaules, inclinent la tète sous leurs bras levés et se regardent dans les yeux. .Seulement cette ligure perd de son effet pour être trop souvent répétée; ce qui lui nuit surtout, ce qui lui ôte tout parfum d'antiquité, c'est la placidité froide avec laquelle les danseurs regardent alternativement leur compagne de gauche et leur compagne de droite. « On a voulu voir dans la Hora la danse romaine fréquemment figurée sur les anciens ba.s-reliefs : la chose est possible; mais qu'il y a loin de cette marche traînante des Rou- maines, sans tressaillements et sans rires, ;\ la fougue passionnée qu'il est permis de sup- poser aux filles de Rome, si l'on en juge par la franchise d'allures et la gaieté de leurs descendantes du Transtévère dans leurs rondes animées et bniyantes! » ... J'errais un soir dans la lande. Le soleil allait se coucher et ses rayons mourants souriaient encore dans le lointain sur les monts d'Auvergne, sur les cimes roses du Puv /.lis /) I v.s7;.v ciiA mi'j: ri;/:s INE FARANIIOI.F. À AMMIRUF. LA VllilLl.K D'aprcs l'aquarL-llc Je (i. Vuillicr. M.iry et du l'uv \'iolciit. La lande n'avait plus de soleil, mais elle était claire encore, les reflets du ciel lumineux nuançaient de nacre les bruyères et les ajoncs. Çà et là, dans les bas-fonds, à travers les cliènes, miroitaient immobiles les étantes endormis. Je regagnais lentement le village, lorsque les sons d'une musette jouant une Bourrée montèrent dans la solitude. Et ces notes nasillardes et un peu vulgaires dans les cabarets prenaient ici, dans la paix du soir épandue sur ces champs tranquilles que bordaient les cimes loin- taines, une expression pénétrante. Cela n'était ni joyeux, ni triste, mais d'une inlinie douceur. Et cette musique s'identifiait à la mélancolie sereine de la lande, aux grandes lignes de l'horizon et semblait s'exhaler avec les brumes des vallées. Des pâtres, avant de rentrer au village avec leurs troupeaux, dansaient une Bourrée aux sons chevrotants de la musette que les voix des bergères accompagnaient : Baissa te niouiitaiilxi, Kai'ila le l'ahiiii Me garilas de x-eira La iiiia Janelotin L'ai W tant clxirditula Bouhsou per Ivniissivi Qu'enfin l'ai Iroiihada j-u iFrill ili'/li',' i'ilJ' que b musique it L iljiiM., comme toutes clioses, iloivrnt, |>our éta* bien . s'ix'outer dans leur milieu. i_i ik»urrée .luvergnaie pivse pour une li.nise louriic, un jKU urossière, avec ce bruit de sabots ou de souliers ferrés TnipinS violemment contre le sol, qui mnrque le troi- sième temps de la mesure. Surprenez comme moi les couples dans la lande ou dans les pâturages solitaires par un Ivau soir d'été, et quelle iolic et ixiLiiouc vision vous ciiiis<.r\Lrc/ de la scène! Li IVmrrée est originaire d'Auvtrgne, on la dit dérivé-e d'un Branle très ancien. Elle est pratiquée couramment dans les départements du Qmtal, du Puy-de-D«)me, de la Corréze, de la Haute-Vienne, de la Creuse, dans une partie des départements de la Dordogne, du Lot, de l'.Aveyron, du Cher, de l'Indre, de la \'ienne, de la Charente et de la Haute-Lx>ire, c'est-à-dire le Limousin et l'Auvergne en entier, le Quercy, le Rouergue, le Berri et le Poitou en partie. D'après un vieux dicton, qui se trouve même répété dans une chanson à danser, les Auvergnats ont la prétention d'être plus habiles à danser la Bourrée que les Limousins, et ceux-ci répliquent que les femmes de leur pays la chantent mieux que les femmes de l'Auvergne : I \l; »'Mil HV. m ItAH. ('AT.\LAN l».ir><:» un JoMii .II- Mauhn. Ptr btii la ilaiiiar, l'iiv loin Aitvtrnaly ! Ptr btn la clkiiitar, /'i:vi las l,imou\inasl. Ht, en effet, les femmes limousines ont un répertoire de Bourrées aussi original que varié. Ces chants, vous les entendrez sur les plateaux rougis par les bruyères, dans les gorges où roulent les écumeux torrents, sous les chênes des forêts mystérieuses, et, comme moi, longuement vous écouterez pensifs et charmés. Li Bourrée fut mise ;\ la mode à la cour des Valois par .Marguerite, fille de Catherine de Médicis. Le succès qu'elle y obtiju persista jusqu'à la fin du règne de Louis XIII. C'est une danse mimée. Li femme, en ses mouvements, tourne autour de l'homme conmie pour s'en rapprocher, et lui IVK FKil HK m IIAIL I ATALAN l> apro un ilcî-sin «le .M.-iunn. /. i:s /) I w i:s (HA M /' /:' Ti< i:s. s'éloigne et revient pour fuir encore, chiquant ses doii^ts, poussant un cri sonore, fra)-- pant ilu jned en siyne d'allégresse et (.le force. iJacli, Haeiulel, Hameau et il'autres maîtres encore ont composé des lîourrées dont le rythme dilTère un peu de la Bourrée .mi:niet I).\ns is l'.vm iJ-iprc» le tableau du Lancrcl. [Mii.vc .ii- hiiiin.i traditionnelle. Quelques-uns de nos maîtres modernes en ont écrit également des motifs : M. Saint-Saëns, entre autres, dans sa Rapsodlc d' Anvergm , M. Raoul Pugno, dans l'entr'actc de Pitilc Poiurllc, et M. Sylvio Liizzari dans sa jolie Suite d'orchestre. Les dan.ses catalanes n'ont aucun rapport avec les Bourrées auvergnates ou limou- sines; elles .se distinguent même de toutes les danses par une mise en scène toute spé- LA I i<.\ii:iis LES Ai,i:s cialc. ixy fittilf rnliiliini rappvlli-m un |h-u le M'iitimciu qui prcsiJait h l'antique Honnos où la lît. lU- s'all l'culinc. Maimo fois, dans mon enfance, j'ai a&si!.t^- au lliil irJc le plus gracieux souvenir. Ht d'abord, au son d'un flatieolet court et d'un petit tambourin pendu au bras, qui constituent tout l'orclu vlanseurs, coitfésdu bonnet rouge retombant, vùtus d'une veste courte aux boutons de métal, une large ceinture, la faxa, roulix' autour de rXE VOCATION D'aprcî. le tableau Je Worms. (vlif« Ju/or»jj/i^rjJc qu'cltoi ont à parcourir en rond. Elles lu-nt, quoique awc npidilé, autour du ccnta- libre de l'enceinte, et il y ^ );r)ce dans ce mouvement. ■> Hn Ruussillon, comme en Mspagne, un ..) danse dès le plus jeune âge sous le regard bienveillant de la famille. Ix 1. muant tableau de Worms |>ourrait s'appliquer auvsi bien h l'un comme .i i uiui vn. CCS p.iys. A Santa Hulalia, dans l'ile d li'i^.i, j .nsiM.u .i ntn danse dair. uiiiiallc l'attitmii iks fenuncs me rap|H-lait un |h-u celle des dtalancs, mais plus molle et plus apaisée, car la jeune fille y tournoie en une sorte de N'alse lente. Au son du laiiih et du flaiilin, des jeunes gens se démenaient furieusement, tandis que les jeunes filles, avec leurs costumes éclatants, les yeux modestement baissés, allaient, ondt>v.mits, les coikIls .uiv IkhkIics. les mains relevées à demi, telles que des idoles. Ix danseur, au contraire, un foulard roulé à demi autour du cou, un mouciioir ou des castagnettes énormes à la main, en costume de gala, ou vêtu simplement d'une veste courte, se démène, se trémousse, fait des bonds de toutes ses forces et, par inter- valles, lance furieusement ses pieds de chaque côté. Et cette danse mimée a une signification claire. Li jeune fille se balance, douce et cli;iste; le danseur, en f.ice d'elle, la suit, la protège, écarte les prétendants à grands coups de pied et le bond joyeux qui les suit signale sa victoire. L'ancienne danse populaire du midi de la France, la Farandole, subsiste encore en Provence et en Roussillon où je l'ai vue souvent, autrefois, aux jours de fête patronale dans les villages. Les danseurs en longue file se tenaient par les mains. Quelquefois des mouchoirs enroulés, tenus ;\ chaque extrémité, s'ajoutaient aux nœuds de l'immense chaîne humaine. Les danseurs se mettaient en branle et, p;issant avec rapidité sous les bras les uns des autres, venaient en longue spirale s'enrouler autour d'un couple. La vieille Farandole n'a jamais été abandonnée et les dames de la cour s'y livraient parfois au .wiir siècle. De nos jours, elle est en usage pendant le Cotillon et termine même d'ordinaire le Quadrille américain. C'est ;\ Barbantane, dit-on, qu tm .i u.msi. ii. mieux la Farandole. Les Provençaux ont tout dit lorsqu'ils ont cité // Faraiidoiilaîre de Barbantano. A Manosque, on voit encore les danseurs de Saint-Pancrace, en costume, danser de vieux pas .sur de vieux airs joués par les lamlwiriiiairfs et fiire la BiavaJf. Cette bravade est une sorte de fan- t.isia h pied avec accompagnement de coups de fusil et de grands cris, le tout en l'hon- neur du saint, promené processionnellement. Depuis l'interdiction des processions par la municipalité, les danseurs dansent encore, mais le saint ne sort plus comme autrefois. •^- i.rs n I \srs en i \ii'i-ri;i:s. ::i I . < 'iitriftis est une d.iiisc purement c.it.ii.ine .i I.ujiicUl- !i)it r.ia-ir.ciit les feninies preniKiu part. Ixs danseurs se tiennent par la main et se meuvent dans un sens eircu- laire. C'est donc une sorte de ronde menée par deux cliorèj^es i]ui donnent le niouve- nunt. Ces cliorè'jjes font quelques pas d'un coté, les répètent de l'autre, et le même mouvement est suivi par tous les danseurs. Ce balancement serait monotone, s'il n'était interrompu iin- un l'.itrinu nt r.ipiilf du t.i'iin Limtri.- Il- ^"dii Jl l>ii.il. M.lk'ié CLtte liori- i..\ i>ASsi-. At mus i(i-; M\( i:nnk> I>■.^pr^.■^ une irravurc iXe Tcpoquc Ju CiniMilal. ture, le « contrcpas • reste une danse j^rave. C'est une simple curiosité clioréj^rapliique que l'absence de l'élément féminin prive de charme. Comme on le voit, certaines régions de la Irance ont conservé les vieille.s danses qui leur sont propres. Le littoral de la basse Bretagne offre encore des e.xemples de danses rustiques, dont les origines se perdent dans le pas.sé. •' A Pontivv, près de Vannes, dit lilise Wiart, des couples qui se suivent figurent alternativement de droite à gauche, et de gauche à droite; l'exécution de ces mouve- ments monotones s'appelle Jamt : c'est une espèce de Branle. Le nombre des figurants n'est point fixé, on en admet autant que le terrain peut en contenir. Le son de la musette et du hautbois règle ces danses sauvages, dont les airs sont composés de trois me.sures qui se répètent en variant toujours du grave à l'aigu. Dans la haute Bretagne, aux / /; .1 r/r M'AWv i.ks miiis ion exécution. Chnquc couplc iljii'4. In hn.\ i lin droite de Ij femme dans la nuin droite du .:> Ir.ip|»e des mains en . puis on rrt' : place. Cet exercice se répète jusqu'A ce que l'air soit fini, lin» )l se ■ M. iii' , qui a étudie avec passion les mélodies populaires bre- i>ir quelques renseignements sur la danse. De lui j'ai appris ' t souvent lourde chez les hommes, hiératique et VI' clieac la Icuuih.'. Lt nomenclature des danses bretonnes est, en réalité, K*. qut. i elles-mêmes. Il y a le Bal, la Gaivllf, le JahaJao, la DàoWf, etc. . d'après Nf. Ik)ur]gault-Ducoudray, sont celles auxquelles i': iiiDU uc Girhaix, et ce n'est pas au son du biniou, mais au son de la \.. .'Il jMtx; i;c deux voix alternées. Je dois à l'obligeance de M. Merguillier, auquel la Carinthie est familière, quelques ren\vigiiements sur une antique danse champêtre usitée en Gailthal. Hlle a lieu chaque année dans certains villages de cette contrée, sous un tilleul de la place publique, à miJi tt Ntiiles les jeunes filles y peuvent prendre part. Chaque jeune homme choisit sa d.r c'est une grande déception et une grande honte pour une tille de n'être p.t- Cette danse dure environ un quart d'heure le matin, et se continue le soir dans les auberges. Ixs peuples lointains semblent avoir conser\é les fêtes champêtres ayant une signification précise. Le Japon en offre un exemple avec sa danse du Ri;^. Cette danse compte une trentaine de figures, cxécutéx-s par des hommes seuls, ayant pour tout coutume une ceinture de paille de riz, un cha|K-au rond de même matière, rabattu sur . Bottant sur la taille, un petit manteau dont les larges manches simulent une paire d'ailes de papillons de nuit. Les mascarades, accomp.ignèes de danses nationales, figurent au premier rang des |H>pulairi-s. On en peut également signaler au Japon. Telle est, dans ce p.ivF, la danse du Lion Je Corit. Elle parcourt les rues, et les sons discordants du fifre, du timbre et des tambourins annoncent son approche. .\1. .Miné Humbert nous la •.roujK de quatre histrions débouche d'une rue. Il y en a trois qui forment 1 iTviiv .'.!(., le quatrième donne la a-présentation. Il s'est affublé d'un trè-s ample nian- 4frau rayé ou tigré, surmonté d'une énorme tête de lion fantxstique. Le monstre s'al- longe à volonté et domine soudainement de un à deux mètres les gens qui l'acconipa- Li:s i).\.\si:.s iiiAMi'jrrnEs. j^iicnt. Les enfants, tout ;'i l'cntour, poussent des cris où l'eirroi se mêle à la provocation. Quelques petits audacieux s'aventurent jusciu'à soulever les pans du manteau et même à pincer les jambes du mystérieux saltimbanque. Tantôt celui-ci les menace et tourne la tète de leur côté, en ouvrant la gueule et en secouant l'épaisse crinière de morceaux de papier blanc qui encadre sa face écarlate; tantôt il se met à sauter en cadence, aux sons des instruments de SCS acolytes. Lui-même est d'ailleurs muni de son propre tambourin ; mais, dès qu'il cesse de danser, il le dépose, et s'aH'aissant tout .1 coup, il se trans- forme en quadrupède, exé- cute quelques grotesques cabrioles, et fmit par se dépouiller de son accou- trement. Alors le monstri. s'évanouit, mais le jon- gleur reste. » Le même auteur nous décrit aussi les fêtes bour- geoises champêtres de la banlieuv de la capitale : on y invite des danseuses am- bulantes, dont la spécialité consiste à exécuter des pan- tomimes, des poses et des ligures de caractère. La plus gracieuse de leurs danses est celle des Éventails, qui est une sorte de pantomime. « Il existe d'ailleurs, dit encore NL Humbert, des danses nationales que l'on cultive au sein de la .société bourgeoise et qui trouvent naturellement leur place dans les diver- tissements des parties champêtres. Ordinairement les dames dan.sent .seules. Elles for- ment un quadrille dont chaque figurante reste en place, en se bornant à se balancer sur les hanches, .'i tourner ou à pencher la tête, à étendre les bras et les mains, tantôt à droite, tantôt à gauche, non sans grâce mais avec une grande monotonie d'action. « D.VNSE DE nAflM-nOlZOlKS D'.iprùs le lahlcau Je (iiin'inio. (.-li'iv juloriS3li«n Je J. IloiissnJ, Mjtizi, Jnyjiil cl t'k; c.tilciir.s-f'rcl'ncl.iircs.j vvfviv »I iii: icv s, vjiutijui txpiUJiuMi ùi CCS imnivtimiiiN u'ii pK-cisc et une l()f;iquc. .:: i{uc pour le pUiïiir J'ex^-cuter, dans un K...J-...VJUC, ordinairement inspiri-e par les fumi-es ^ du Mki, ou pour faia* sa partie dans les j rondes qui animent souvent la fin des I Ivinquets de famille. ' La danse du Ri{ est connue h Mada- gascar comme au Japon : c'est une véritable pantomime exécutée par un homme. Ix danseur imite d'alxjrd le défrichement, les coups de hache, la cliute des arbres. C'est ensuite l'incendie de la forêt abattue : l'homme court de tous côté-s, stimulant de Il si-iii>ti>>u. {l'nHetHom V.^vjn. de leurs mœurs. Elle :....:. Je paix ou donné le signal de la : >n, à la J.msf Ju CnJunui toute 1j s.dnir J'inu- par la loi. I'âprt< une 1. <' •î--"»r^ %^^ LN bAL À I.A ( MAI SSr.i: I) ANTIN : I.1-; lASINU CAUtr U'aprcs la litho^rraphii; de Gavarni. CHAPITRE Mil LA VALSE ET LA l'OLKA - LES BALS PUBLICS >->-^ I.A VALSE. — LE C.ALOP. LA POLKA. — CELLAKIUS, MARKOWSKI ET LABORDE. — .MABILLE El' LliS BALS PUBLICS d'aL'TREI-OIS. ON valsait beaucoup (.11 ifi.io; ce fut menu.- une véritable passion que seule l'introtiuction de la Polka vint calmer un peu. Or la \'olte, que Henri III dansa le premier et qui lit les délices de sa cour, n'était, nous l'avons dit, qu'une Valse à trois temps. La description donnée en i589 par Tlioinot-Arbeau montre nettement que ce qu'il nomme Sallalio diioniiii iii t^ynim (littéralement : la danse de deux personnes dans un mouvement tournant) est exactement ce que nous désignons maintenant sous le nom de " ^'alse ". Ce n'est pas seulement une analogie que le vieux chanoine de Langres révèle entre la \'olte et la\'alse; il nous donne la démonstration intégrale de la \'alse à trois tenijis. « La Valse, que nous avons reprise des Allemands en I7 irrcs une lilhofrraphie Je PifiaL t)UI I. Qyu ini «]i cil un irgrr luuri /..* OASSU A THA\'El< c •, «lit Ci»til-RLuc. C'est donc une de nos vieilles danses ^ur. Cc(t ccnainenient aussi U plus gracieuse et la plus séduisante s connues. ■ J'v de U Valv.- î-viiquiiit devant nous le munnure étemel d'un Torrtnt :il »uivr« .ours du beau Daiiulv Bleu, c'est toujours :>\.nc(rjni, le iiuiuvcnient de rêve qui nous cmponc nains enthousiastes lui prêtèrent une origine mystique, ir -•^i '\ IN IHÉ l>L xnltii iiii~ j,... I \iiiMM. iii> |i\Mi- |i\N> 1\ riiMREUANSE KKAM,'.\ISi; D'aprc» une lilboiaaphic de Lxcumlc. {IUHinth>.-que njltonjle.) d'autres en tirent remonter la création i Jupiter. Les plus grands poètes en unt célébré la grâce : Victor Hugo, Alfred de Mus.set, Alfred de Vigny et combien d'autres encore. Oïl connaît les jolis vers que ce dernier lui a consacrés dans son volume de poésies : La lurpc tremble cncor et la flùtc soupire, Car U valse bondit dans son sphth-iquc empire, Des couples passagers éblouissent les yeux. Volent entrelacés en cercle gracieux ; La danseuse, enivrée aux transports de la fête, Siffle et foule en passant les bouquets de sa tête.... L'étude technique de la Valse ne rentre point dans le cadre de cet ouvrage. Le LA l'.iA.s/; /rr l.\ I'oi.ka. - i.i:s hm.s itiujcs. 22>l f 1 J>L ■' .6. .t^. '^S- ^- ru 4r=^.. -ir'-i -*w.jjÇ> IN BAL POPULAIRE EN ANGLETERRE D'après une cariiialurc Je Cruikshank. Dklionnairc Je lu Danse lic M. Dcsrat donne, en nicnie temps que l'Iiistorique de cette danse, l'explication des di\ers mouvements dont elle se compose. Cependant il sera curieux de rappeler les « Commandements du Valseur » selon Saint-Ibald, qui, en vers humoristiques, en résume les pas et les attitudes : En dehors tes pieds tourneras lit tes jambes également. Haute toujours ta tète sera lit portée gracieusement. .\u bras droit ta dame enlaceras, La conduisant solidement. Ta main gauche légère auras Et ton bras gauche mémement. Toujours dans ton pas glisseras Tes deu.K pieds aussi souplement. Joyeux et gai tu valseras. Sans jamais sauter follement. Trois pas égaux, rythmés, feras En l'antique valse à trois temps. Du pied gauche commenceras, Ht du droit suivras lentement. En avant, en arriére iras. Et ta dame réciproquement. De la mesure esclave seras Et ta valseuse également. Quand la valse tu finiras, Dame remercieras poliment. A ces «■ Commandements » auxquels se conforment les bons danseurs, Bellangc ajoutait une recommandation expresse : " N'oubliez jamais de taire danser la mère! » Et ce conseil, dans l'esprit de l'artiste, ne s'appliquait pas seulement à la Valse, mais à toutes les danses des salons. Le conseil est toujours de saison et figure certainement dans les « Moyens de parvenir «. Les danses des salons ! Comme elles exercèrent la verve de Cruikshank ! Voyez y. I /»i.v.s/i .1 /A.ii/./i> J 1^ '*•' Jjiis la rj^luurcUc les niinaudcrivs de co fi-nimcs ^-tiques si drô- lement accoutri-cs. Dans U rundc dite « Ic Muulinct », les dan- seurs tournent cummc pris de fulie, agitant des jambes grêles telles que des pattes d'arai- •j.nic. Tous ces danseurs de quadrille, raidcs et secs, visant aux belles manières, sont évidcm- iiKtii |Hii LSticiA, i.ii il heurtant dos à dos au lieu de se trouver face à face, n'est-il pas réjouissant aussi avec ce danseur qui tombe à plat en faisant S.U» doute des grâces et qui, pour se retenir, risque de faire choir une dame. Ijcs cari- catures de la • Trénis » et du • Bal » sont du dernier grotesque, et Rowlandson, faisant la charge d'une soiré-e dansante travestie, atteint, à son insu peut-être, .1 une grande intensité de mouvement. Outre la Valse, le Giilop était en faveur dans la société parisienne vers ifj.>o. Quant h la Valse improprement appelée à lifiix Uiiips, au lieu de à deux pas », dit M. Desrat, elle est originaire de Russie. o On aurait dû l'appeler Valst à deux pas, ajoute-t-il, parce qu'elle ne comporte que denx pas, exécutés sur une mesure à trois temps, rythme h.ibituel des Valses'. » l>api le C'rulk*hank. I. «Je pub parler en connaissance de cause de l'introduction en France, en i8l5, de la Valse i deux (OS, car elle fui enseignée à mon père, à cette époque, dans les circonstances suivantes. En jji' ■" ' ' ■ • ■ ,,,... i.iit des levons de danse de mon père, et ' tous les exercices fondamentaux de la dame* : plifs, t>atlenienls, etc. Notre haron devait, le >' .Ire à un grand bal donné par le comte y,\(A- ■' - — rc des Affaires étrangères, et devait v.ii.ir .i\cc de charmantes .Moscovites. Il demanda d«" iir de lui faire répéter le pas. Fureur de mon père aux mois de « Valse à deux pas », car il tniu\'ji( un contre-sens manifeste avec la mesure ordiiuia- de la Valse à trois temps. Mais tout s'arrangea P'«"""' '"■ "■ ^1 il vit son élève faire le chassé de la Valse tu exécutant le premier temps du pas sur U:^ .mps de la mesure, et le second temps sur le troisième de cette mesure. Tout de suite, me ,é était fait en le commençant lentement et le terminant brièvement. Élève et i : .. -_ . .'le, et le succès de M. de Kieuken fut tel qu'à partir de ce jour toute Taristo- cratic vacrilîa la Vakc A trois temps 1 la Valse à deux pas. » (Desrat, Dictionnaire de la danu.) !..\ WM.SF. ET l..\ l'0!.K.\. - LES ll.\f.s pnU.ICS. ::m On cruit le Gniop venu de Hont;rie. Pourtant c'est encore une ancienne danse à laquelle on se livrait à la suite îles \'c)ltes et des Contredanses, comme pour faire diversion aux mouvements un peu lents et solennels des anciens pas. \'ers ifii?, le Galop recom- mença à former une danse spéciale, ainsi que cela avait lieu autrefois. Fendant li>n^- tcmps, on a donné le nom de « saint-simonienne ■> à la cinquième tîi^ure de notre Qua- drille français, parce qu'elle était dansée avec le Galop. .\u\ Tuileries, sous I.ouis-Philippe, on donnait tous les hivers quatre i^rands b.ils. I.A UI>M)|; IINAI i: IIANS IN IIAI. \>V. l'IfUVINii: IN Wl.ll llliKl'. IJ'aprùs une caricature Je KnwlaïKlMin. deux petits bals chez la reine et un bal chex le duc d'Orléans après son mariage. Aux bals de la reine, les invités n'étaient pas en costume de cour à proprement parler. Les hommes, en dehors de ceux qui avaient un unilorme de rigueur, endossaient un habit bleu orné au collet et aux parements de broderies fantaisistes, et portaient un pantalon de Casimir blanc à larges bandes d'or. Les dames étaient toujours en grande toilette. Lors- qu'il s'agissait d'un petit bal, soit chez la reine, soit chez le duc d'Orléans ou le duc de Nemours, le pantalon à bandes d'or était remplacé par la culotte courte en Casimir blanc et le soulier à boucle. Il était d'usage à cette époque, à l'ambassade d'Angleterre, de fêter l'anniversaire de la reine Victoria par un grand bal. l'ASTOl RELI.E D'apris une canialure ilc Cniik»hank. t.A PASSE A TRAVERS LES AGES. V Ix souper, dit M. Je BcMumont, iuit disposa- dans la serre artistcmcnt décorée des plantes et des fleurs les plus rares, et les invitées de bdy Grenville, sur un mot d'ordre, apparaivsaient vêtues de blanc et de nne, les cou- leurs de la reine. I-es hommes, parcontrc-coup, portaient tous un petit bouquet formé d'une rose et de quelques tiges de muguet : l'Iiomme politique, l'homme grave, était voué au rose et au blanc tout aussi bien que le dandy. » A l'ambxssade d'Autriche, on avait inauguré les célèbres dëjcutwrs dansants. « On arrivait en plein soleil, à deux heures et demie. En entrant, chaque femme recevait un bouquet et pénétrait dans les riches salons dont la comtesse Appony allait si gracieuse- ment faire les honneurs, car elle personnifiait littéralement la vieille tradition de la haute société d'autrefois. Vx comte, avec la Toison d'or au cou et la plaque de Saint-htienne sur la poitrine, offrait un type de grand seigneur affable et plein de dignité. Ix-s danses commençaient. Li Valse à deux temps faisait fureur.... Chacun s'élançait sur les traces des deux Rodolphe et de Julio .Appony... I.cs ducs d'Ossunn, de Valcnç.iv et de Dino, les comtes Esterhazy, Zichv, de Morny, de Châteauvillars, de Jumilhac, de la Tour-du- Fin, Guillaume de Knyff; puis les grandes individualités de la finance, les Roth.schild, les Hope, les Baring, IcsThorn. . . . Parmi les femmes, on remar- quait, dans ces salons de la suprême élégance parisienne : Mlles I-itz-William , de Terzzi , de Stackelberg, de Chante- LE Ql'ADRILLE — DOS À DOS rac, de Ganay, de Xicolaï, de D.prts une caricature de Cniikshank. i.A IM/..S7-: f-rr /. i i'<>i.k.\ LES /M /..s l>l l-.I.ICS. Viricu, l.idy C.intcrbury, l.i diiclicssc de Siithcrl.iiul, l.i princesse de l.i 'rréimniille, l.i marquise- de Coiitades, les du- chesses d'Istrie, d'Otrante, de Plaisance, Mnies de \'ernant, de Masjnoncourt, d'IIaiisson- ville \'ers cinq heures, les danses s'interrompaient .et l'on descendait les marches du perron qui conduisait au jar- din. L"i étaient disposées, .sou.s les ombrages et au milieu des T \ I l.i: .MOll.INKT D'apris iiiiL' i.iricauirv; de l'riiiKshanli. ma.ssifs, une toule de petites tables élégamment servies oii l'on s'installait, soit au hasard, .soit par coteries, et où les charmes d'une causerie animée par le vin de Champaj^ne pro- loni^eaient ou ravivaient les agréables émotions de la \'alse et du Galop.... » N'ers lï^i |, on délaissait un peu la \'alse à laquelle on s'était livré longtemps avec pa.ssion, et le Galop ne .se dansait plus que dans les bals du carnaval. L'avènement de la Polka amena une révolution foudroyante dans la danse. Ce fut une véritable fureur dans la bourgeoisie et dans le peuple, une épidémie chorégraphique à laquelle personne n'échappait. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés — Le monde résista un peu à l'entraînement; jusqu'ici il avait donné le ton à la mode, et voici qu'il s'agissait de sui- vre le mouvement. Mais enfin le retentissement et la vogue de cette danse étaient tels, qu'une duchesse lui ouvrit la première la porte de ses sa- lons et la Polka régna aussitôt en haut lieu. Une plaquette du temps, intitulée : La Polka aiseigm'e sans niailrc, nous donne de curieux détails sur cette dan.sc chez les élégants de la fin du .V) IN gi.vbuu.i.i;. LE MSÀVIS D après une caricature de Cruikt^hank. 3X, LA PASSE A //(.li/w<> /.A> i'./;> replie Je LouÏN-IMii I.j première fuLs qu'elle fut Jjns^ dans le monde avec pi m, ce fut chez M. G..., le Lucullus de notre temps. Les genilemen-ridc-rs le> plu> a 1j mode et foule de jolies femmes assistaient h cette solennité, où M. CclUrius devait se trouver face h face avec M. Hu^'cne Coralli. Ix monde polkant était dans l'at- tente. Chlédowski lui-même avait composé la musique. ' Grllarius était \i, bien frisé, la bark- lisse, triomphant par avance au niiiicu de 1..V \AI IJ .-iprvs une lîtli -1" I. DaviJ. quatre ou cinq échantillons laborieusement choisis parmi ses meilleurs élèves. Cependant une anxiété visible se trahissait dans les traits du maître; à chaque instant, on le voyait grimper d'un pied .igile sur l'estnide des musiciens pour s'y faire jouer la pro- duction nouvelle, la troisième Polka qui eut paru; puis il revenait en h.ite auprès de ses disciples, parcourant les rangs, les haranguant d'une voix brève et saccadée, leur prodiguant .ses derniers conseils et les animant à la fois du geste et du regard, comme un habile génénil qui prépare ses soldats à la bataille. Le grand Germanicus ne fit pas mieux, quoi qu'en dise Tacite. <■ .\insi faisait le maître, tandis que, dans le camp opposé, Eugène Coralli, Lucien /..I IM/..*?/: ET L.\ Pi'I.K \. LES llM.s l'IlU./CS. Pctip.i et ùcux un nuis .uitrcs Ln- bordicns consommes gardaient un silen»:c dédaigneux et un calme re- doutable. On se mesurait du regard. « Enfin l'orchestre donne le si- gnal du combat, les rangs s'é-cartent avec respect, Cellarius prend l.i main de l'une de ses sœurs, toute de blanc vêtue, telle qu'une chaste vestale, et s'élance dans la carrière, suivi de sa fidèle cohorte. « Vous eussiez dit .\chille se précipitant sous les murs de Troie, pour défier Hector et venger la mort de Patrocle; mais O rage! 6 désespoir! à fortune ennemie! N'avait-ll t.int polké que pour cette infamie? 1 ' 1 ■ 4 • s"^ ^^ -«r- IN (oiiM.i: i>i; VAi.sLi us O'aprcs (iav.nriii. •• O douleur! personne ne sait danser sur l'air nouveau; il huit cette vieille routine avec laquelle ils ont sucé le lait de la mère Polka ! On se regarde, on s'arrête, on s'étonne; le maître, en ce pressant danger, en vain cherche à ranimer leur audace: «Donnez-nous, disent-ils, des ennemis que nous puissions combattre ». Ces mots sont une inspiration pour le chef, il court à l'orchestre, lui jette la partition traditionnelle, et voilà l'orchestre complaisant qui reprend cet air si ennuyeux, le plus ennuyeux qui ait jamais été écrit, à l'exception du Bokro di doTui Lola Moules ! Cepen- dant, \ ces accords connus, les Cellariens reprennent courage, ils s'élancent, balancent . audacieusement leurs talons jusque dans les profondeurs de leurs basques d'habits, et restent maîtres du champ de bataille. « Mais leur triomphe ne devait pas être de longue durée; la foule s'entr'ouvre bientôt pour laisser passer leurs terribles rivaux, et dès le premier pas c'en est fait des Cellariens, toute la cohorte se disperse, et le chef infortuné, l'œil en feu, la rage dans le cœur, se retire A l'écart pour dévorer son affront. " Telle fut cette mémorable journée, qui prête si fort au poème héroï-comique que notre prose même s'en est ressentie. C'est maintenant, entre les deux écoles, une haine inextinguible, plus mortelle mille fois qu'entre les Capulets et les Montaigus; car on dit iju'.uKNiii\i jprtS leur dcùiic, rctii J'v'r rou, les GrIUricns ont juré à leur» vainqi ' |k>uuj lut», quelque jour, s'exprimer autrement qu'en p I_i l'oi; : .ii^uru a \Kiiiie, tik- brilla ei! lu i.,ik. "^l^, [ir.>Ksseur de danse, dont les les'ons étaitiu iuiMo par ii(.s iii'iii;rois, des i\-un,.u^ et des Valaques. Q-ux-ci jouaient au piano leurs danses nationales quc les autres exécutaient. Les salons ^ic Celi.irius, rue \'ivienne, n* 4 1 , .lu fond de b cour, étaient de- venus le sanctuaire de b dans*, nouvelle, qui devait un peu de son succès aux éperons d'or obliptoircs pour tout fier dan- seur. Le jeune professeur devint l'homme du jour. Les gens du monde — et du demi-monde — emplissaient ses salons du matin au soir. Tous les dimanches, lundis, mercredis et samedis, de f I il 1 1 heures, avaient lieu des soirées dansantes, et l'hiver, tous les mercredis, des fctes de nuit. Cellarius donnait de plus, chaque année, des bals de quinzaine où toutes les dames étaient admises à la seule condition d'être en toilette extrêmement élégante. Il fit ensuite ce qu'on pourrait appeler un coup d'Htat, en organisant des bals d'artistes où l'on n'était reçu que sur le vu d'une lettre d'invitation siijnéc la plupart du temps par quelque danseuse célèbre de l'Opéra. C'est que la lutte était ardente : des professeurs rivaux s'étaient levés, Markowski et Liborde, ce dernier disputant à Cellarius l'introduction de la Polka en France. Le roi dansa-t-il la Polka ? Un irrespectueux couplet du temps l'affirmait. En tout cas, les livres, les feuilletons. LA (iALOI'E Of GALOI' D'aprù» une lithOKTaphic rie Ci.ivar.n. /. I WALSIi: HT LA POl.KA. /.ES nAf.s nriii.ns. l(.-s ojHisviiiLs, n.^ romnns, les pocsics, les pièces de tiié.itre, de musique, tout fut à 1.1 Polka : il v eut même, en itî-|5. r.ilm.iiiach dt 'olka! r < n'(H1ii.ii;z jamais m: iaiui: danskk i.a mkui; • Daprcs la lillui^-raphic illl. Ucllan;,'c. Elle se mêlait à la politique, on récitait partout la diva /n'/Zi/ : l).ins«: de l'iKnc, d'amour, de pocsic, tiiic vicns-tu donc tlicrclKT, ù Polka. I parmi nous"- s'écriait le poète, et, dans son ly- risme, invoquant ce >■ pur H.iir- bcau •, il espérait que la Polka, accom- plissant son « œuvre sociale ", ra- mènerait entin la poésie, la liberté et les {grandes vertus disparues! • Primitivement, dit M. Desrat dans son TniiU' de la danse, la Polka fut dansée avec des figures exécutées par le cavalier et sa dame ; après quelques p.is faits en tournant, ils s'éioi- f^naient, se rapprochaient l'un de l'autre en mettant les deux mains sur les lianciies; parfois ils tour- naient en passant sous les bras l'un de l'autre. Toutes ces variations ne durèrent qu'une année, bien qu'elles fussent pratiquées par tous les dan- .seurs jeunes ou vieux, depuis l'as- pirant docteur en droit jusqu';\ .son professeur, depuis le plus humble avocat jusqu'au plus j^rave pair de l'rance. u La Polka n'amena pas seule- ment un «rrand changement dans la , danse, elle v introduisit une foule IX COfl'LE DE V.\LSEIRS Al" TYKOI. Daprcs une liihopraphic. de nouveautés, dont quelque.s-unes !W /..l /» I yRRS Ll i,;/.-V. ^'f^y i-iifz le gcncrai « amioucn, ci occt ' /ià^^ il'honncur. Pendant le repxs, la nv ' \W tiirc cxt-cut.i une mélodie vive c / C'est 1.1 Polka, • dit le général i la < DANSE DU SCIIAI.L D'apri» un dessin de Lente, dans le /ton genre. seulement oiu été conscné-es; la /'- viana, la yUltika, la SiciUtnv., vécu peu de temps, et encore n un: elles trouvé de bien fervents adepiis qu'au Prado et au Ca.sino Cadet. > Marie Taglioni dînait un jour à Milan Jiez le général Walmoden, et occupait la place musique niili- ct originale. la danseuse qui 1 i\ .vT • ^'.^^ l'interrogeait, « la danse de nos ^^//^ . Il/* ■ « . ^' > rrk ,^,^ paysans hongrois. » Aussitôt les portes s'ouvrent, des rideaux sont tiré-s, et l'on aperçoit cinquantcgrenadiers hon- grois exécutant la Polka. « Cette galanterie toute fran- çaise, dit Charles de Boignc, porta bien vite boniieur à la Polka ; .Mlle Taglioni la prit sous sa protection et la Polka a fait le tour de l'Europe, le tour du monde. • On ne parlait plus que de cette danse : mille brochures ou plaquettes lui furent consacrées. Li Contredanse, disait-on, convient aux caractères sanguins, le Galop aux bilieux, la Valse aux lympliaiiques, la Polka aux nerveux et aux passionné-s. On répétait ces aphorismes : • Dis-moi comment tu polkes, je te dirai comment tu es. — Il n'y a pire polkcusc que celle qui dort. — Où il n'v a rien, le polkcur perd son droit. — On confie son secret dans la Contredanse, mais il écliappc dans la Polka. — Le commencement et le déclin de l'amour se font sentir par l'embarras où l'on est de polker ensemble. • Un amusant opuscule du temps fait les réflexions suivantes : « L'entrée de la Polka à Paris s'est cftcctuéc sans aucune pompe, sans la moindre réjouissance publique, sans le plus infime sergent de ville. « Aucun miracle ne précéda son apparition : les chiens n'ont pas iiurlé comme à la mort de César; les cheminées n'ont p.is été renversées p.ir le veut comme a la mort de Macbeth! » Cependant l'étoile brillante de Markowski venait de se lever, et la rivalité entre Cellarius et Liborde s'accentuait; des polémiques s'engageaient dans les journaux au L.\ 1 .1/.W, L r L.\ POLKA - LES liALS l'IliLirS. z-^ Mijct ik CCS professeurs. Au dire Je Delv.iu, Mme de Ciir.inlin et F.iii;èiie \'itu se Jon- ii.iiciu 1.1 peine de discuter cette danse polonaise. • Le Libordien, dis.iit l'un d'eux, danse le pied en dedans, ce qui imprime .'i son pas le \rai cicliet étrant;er; il ne relève que fort peu le talon en arrière, et entin se balance davant.ijje sur la pointe du pied, ce qui domie .1 sa danse plus de légèreté, et en même temps plus d'éléyance. '■ I.e Ciellaricn, au contraire, ^c- loiinic avec bonlieur, bat des pieds avec une passion If. "il M.ijii I I. iii r « i)i: MOMi su vitr > \ 1 \ iim ijunné Al'X Tl'ii.iaur.s i\ \'''-'i lu Um/'s Je .Vjr/i- Hliui alamiante, et relève les talons comme s'il avait la prétention de mettre ses pieds dans les poches de son habit : nous exagérons un peu à plaisir les défauts de l'école cellarienne pour mieux en montrer le ridicule. Si la Polka ne devait être jamais qu'une danse de théâtre, A la bonne heure : qu'alors elle se compose de toutes .sortes de problèmes cho- réi;raphiques, d'enjambements cyclopéens et de tours de force, rien de mieux; mais la Polka étant destinée à être dansée dans les salons, je ne vois pas pourquoi, au lieu de lui laisser sa simplicité nationale et sa grâce originelle, on se creuserait la tète pour en faire quelque chose de convulsif, aussi dangereux pour les articulations de l'acteur que pour les parties sensibles des spectateurs. » TH v¥^V^ K Julhu /uxlicnau' '> M...|.r..(., xLi . ... • ^ - • -F .l'j/;^ ( v}'^iiJjni b l'utkj, jpri-% avoir mis Ij cjpiulc en branle, gognaic les barricrvti et icni U province. On \"arJ, i l'exception de Rouen et de N'crdun, sY-tait tenu xvMT/ calme, nuui, a (taiiir di)rléans et dans tout le Midi, c'éuit une véritable fureur; toute» 1(3 villes étaient atteintes de la polkanianie : Lyon, Marseille et Toulon étaient les plus passionnées; i Bordeaux, on dansait la Polka au théâtre, sur les places publiques, dans les rues et carrefours, et jusque dans les magasins. Mais Markowski gagnait du terrain ; il avait créé ou introduit de nouvelles danses polonaises : la Folka de Cel- larius se prit ù pâlir. Elle brilla encore d'un furtif éclat comme les feu.\ prés de s'éteindre, et disparut. L'origine de .Markowski était entourée de mystère; elle eut même sa légende : tandis qu'il venait au monde, son père voyait en rêve des troupes de gnomes dansant autour d'un berceau. On sa- vait seulement, lorsqu'il ou- vrit un cours de danse, rue Saint-Lazare, qu'il était arrivé de Pologne à dix-huit ans, tris pauvre, et que, la pochette sous le bras, du matin au soir il courait le cachet. En 1848, après bien des vicissitudes, il ouvrit un cours de danse à l'hôtel de Nor- mandie, et son succès fut grand. L'aristocratie et le monde se pressèrent dans ses salons. En fort peu de temps il avait gagné une fortune, qui d'ailleurs fondit vite dans ses mains. Vers ce temps, chargé de la direction des bals d'Enghien, il organisa dans l'établissement qui lui ét.iit confié une fête très brillante dont on s.Mrd.i loni:tcmps le v)uvenir. Il donna ce soir-là une pantomime sur Robert le Diable, dont l'action se déroulait à ^-«^' * ni l-Li: liL llANSI i b'api rjpbic de I i.A 11/ v/- i:t i..\ roi.KA. - i.i:s iim.s nriti.ics. --!•' •^M IN iiAi. 1)1-: sciriKTi'; i;n i)!.!!! l);ipril> une lilhi>;;r;iphii; ilii temps. travers des flaniiin.s ilc Bcnijalc. L'clRt fut pnnlij^icux, une foule se pressait lians l'en- ccinto du bal, au point que plusieurs journalistes, n'ayant jui entrer, montèrent au haut d'un peuplier pour en taire le compte rendu! La recette atteiL;nit .Vood francs!... On voit ensuite Markowski créer l'Hldorado splendide de la rue Dujihot et faire éta- lajîc d'un ijrand luxe. Il avait équipage et domestiques en livrée. Ou le remarquait par- tout, aux premières loijes des théâtres, au Bois, dans les concerts. Mais sa vie fut toute de hauts et de bas, d'ombres et de lumières. Peu après il était saisi, ses meubles et .ses équipages étaient adjui;és aux enchères. De lfi5l à if{57, il fut en proie à la misère noire, et, lui qui venait de connaître l'opulence, qu'on avait vu tous les jours au Bois avec son équipaj^e et sa livrée, était seul maintenant et abandonné. Il avait repris sa pochette des premiers jours et, bravement, cherchait de nouveau ;\ donner des leçons pour gagner sa vie. II logeait dans une mansarde sordide et froide, couchait sur un tas de copeaux ; "aucun propriétaire ne con.sentait à lui louer un appartement, car il n'avait rien pour répondre du loyer, et il était tout à tait insolvable. Chaque fois qu'il se montrait surla scène, c'était dans la presse des bordées d'injures. Un soir, il dan.sa au Ranelagh dans un bal de chanté, lui plus pauvre que ceux pour lesquels on donnait la fête, car il n'avait pas mangé ri '*> il .1 LA LEÇON rilEZ LABORDE D'après une lithnirraphie de Vcrnicr. 241 / I /. ivv/' i rntvf^ns LES .iOr\ LA rONTREOANSE — ES AVANT KEfX U'aprè» la lUboitraphlc d'Ilcnh Monnicr. ilqiuU h ^ciilc. Li n-prcNcnutiuii tcrminic, il prit le chemin de son t.iii(lis, dont il était éloigné de quatre kilomètres, par la nuit noire, grelot- tant sous un vent glacial. Et, tandis qu'il pataugeait dans la boue, ses se- melles l'abandonnaient! Ix pauvre Markowski s'estimait encore heureux Je n'avoir pas subi cet accident de- vant le public du Ranelagh, tandis qu'il exécutait une danse brillante C'est dans cet abandon et dans cette profonde détresse qu'il comjiosa ses danses les plus belles. Sur son grabat, frissonnant de fièvre, car la toux ne le quittait plus, depuis la nuit glacée où il avait dansé pour les pauvres, il créa la Scoltish, la SiciUaine, la l-riska, la Lisl>onieimf , bien d'autres danses encore, et notamment la Muinrlca, dont la jHjpuIarité égala celle qu'avait obtenue la Polka. Vers cette époque, il rencontra la célèbre Rigolbochc, et voici comment il raconta lui-même cette première entrevue : « Un soir, dit-il, je revenais de danser au bal d'Asnières. C'était le premier du mois; toutes mes dettes acquit- tées, il me restait encore un franc ; je ri-solus d'aller souper, comme au temps de ma splendeur. Il y avait six mois que je n'avais pu me traiter avec tant de luxe. J'en- trai chez un modeste marchand de vin du boulevard et je demand.ii une côtelette, me figurant que j'allais manger un filet mignon ou un perdreau truffé. Comme second plat, je pris un oignon cru au gros sel. C'est là un mets excellent miKI.K (OMME rx I>OI.OXAIS pour un pauvre diable. A côté de D aprcs la lilhocraphie Je RafTet (ia33). /. I 11 /..SE i:t I..\ l'dl.KA i./cs fsM.s pini.icfi. :-«•- moi ninngcnit, J.ins un iroin, une jeune rtllc qui avait nom Mari^uoritc. r.llc nioriLiii i belles dents dans un morceau de pain et une moitié de sardine. J'eus pitié d'elle et lui partageai mon oignon. Depuis lors, cette lille, qui plus tard s'appela Rigollxiclie, a eu pour moi une profonde horreur. ■> Et il ajoute philosophiquement : « On .se fait toujours des ennemis des gens avec lesquels on partage un oignon. Jadis M. Gustave Planche, critique de talent, ne refusait-il pas du génie .\ \'ictorHugo, parce que le poète lui avait offert .ses vieilles hottes ! » lO / I.A .i. Li salle de la rue ButVault était expropriée en vue du prolon_i;ement de la rue Lafayette. Après une période très brillante son étoile venait de s'éteindre. On ouvrait vers cette même époque, près du Cours-la-Reine, un autre bal, le bal Mabille. Catherine de Médicis avait créé le Cours-la-Reine, entre la route de Versailles qui suivait la Seine et des terrains vagues. En 1660, Louis XI\' transforma ces terrains vagues, en lit les Champs-Elysées et, sur les plans de Le Nôtre, forma un vaste quin- conce qui traversait la grande route de Saint-Germain. Entre la route de AL HANi;t.A(ill. — I. El.lTl; DE I.A S0( IliTi: Daprùs uni; lithnirr.nphic de iitSo. .Versailles et cette route de Saint-Germain, on établit une ombreuse avenue qui tut baptisée 1' » allée des \'euves ». C'est l.'i que, par une singulière ironie, s'ouvrit vers 1^40 le bal Mabille, qui devint le rendez-vous des femmes élégantes et des dandys. Ce n'était au début qu'un petit bastringue champêtre, fréquenté par les femmes de chambre et les domestiques du ftiubourg Saint-Honoré. La salle était éclairée ]iar de modestes quinquets, et l'on y dansait aux sons aigres de la clarinette. Ce bal n'était ouvert que l'été, sous la direction du père Mabille. Mabille était un professeur de danse qui donnait, à l'hôtel d'Aligre, rue Saint-Honoré, des soirées dan- santes jouissant d'une certaine vogue. Les fils de Mabille transformèrent l'établissement. ii» HAVHti.S t.H.s AtiKH. ni In qiiinqucts fumeux par le yi is^tciU un joyeux orchestre, sup- prituènnt les receveurs de cachets qui percc%'aient d'avance le prix de* quadrilles, et fer- mèrent le bal le lundi, jour populaire, pour l'ouvrir le samedi. Tout le public féminin du quartier des Martyrt et de la chauvséc d'Antin accourut, les valets et les femmes de chambre- disparurent. I.e lui Mabille était lancé. Ttuit le monde connaît Mabille : le souvenir de ses bals joyeux, de ses rois et de ses JIAUOIOISELLE UISC ET MO.NSIEIR CORSET O'apri-» une caricature cxlroilc du • Bon ^enre •. {lUtliolHèiue natinnite.) reines éphémères n'est pas encore effacé. Nous pouvons nous risquer un peu dans ce bal aux danses audacieuses : Citon assistait bien, .1 Rome, aux fêtes de la déesse Flora! Tous les pianos ont retenti jadis de la ronde de Mabille, et les poésies et les clian- stms composées sur ce lieu de plaisir sont innombrables. Li vogue était telle, que Charles de Boigne lui consacra un article dans le grave Coustitiilionncl, faisant l'éloge des rois du bal : Ciiicard, Pritchard et Brididi. « Dans les steppes de la Russie, disait un opuscule ùu tciujis, dans les prairies verdoyantes et inexplorées de l'Amérique, sur les sommets du Chimborazo et sur les bî>rds du fïeuve .\mour, au levant, au coucliant, à l'aurore et dans les pays inconnus. LA iM/.v/: irr i. \ i>(>i.i<.\. - l/:s hm.s i>ri:/./ts. qu'un être à face et .i voix Iuuii.uik- pro- nonce Cf mot : M.ibillc! il vcrr.i peut-être un Lapon ou un Yankee, un Indien rouge ou un Cliinois, un Arabe ou un Caraclie se dresser à l'instant et élMuclier timide- ment un cavalier seul : le monde a passé par là. « Ce coin de terre parisienne, où les fleurs empestées par les acres émanations du gaz ne peuvent naître et doivent mou- rir, où l'air fane tout ce qu'il effleure, où le gazon est jaune et les arbres bleus, offre aux hommes plus d'attraits mysté- rieux, plus de séductions puissantes que les jardins embaumés de l'Asie où les roses sont éternelles, que les sommets des monts neigeux où l'air pur rend la vie aux cœurs épuisés, que les champs fertiles, que les forêts impénétrables.... On vient là de partout : un sourire aux lèvres si AU liAI. I)i; LA tllAlMlliRE I) après une lilho^rraphic Je Wrnicr. r LK ylAIlKlI.LK SKNTI.MICNTAI. D'après une lilhoffraphie de Vcrnier. l'on est dédaigneux et riche, un regret au cœur si l'on est pauvre; mais qu'im- porte, on y vient.... « Un prince y coudoie un coiffeur; un ambassadeur, un chef de cuisine; \t)us et moi, tout le monde, pire que tout le monde.... Voilà pourquoi plus tard, lorsqu'on est avocat ou notaire en France, général en Bolivie, prince au Brésil, consul en Amérique, com- merçant en Chine, aventurier au diable, on tressaille en lisant sur un journal qui enveloppe de vieilles bottes : Ma- bille; et l'on reconstitue par la pen.sée ces soirées [de bruit et de fièxre!... » Pritchard, un des rois de Mabillc, HA.S.SL .1 TK.\\1:RX les MihS. fut l'excentricité même et l'énigme faite homme. C'était un grand gailbrd de cinq pieds six pouces, taciturne et sépulcral, toujours vêtu de noir, ce qui rendait en- vure plus comique sa danse extravagante. Il parla une fois, une seule, et pour toujours redevint muet comme la tombe. C'était au bal de rO|>éra d'où il était expulsé par les municipaux, pour une danse hasardée : ^.i bouche .s'était ouverte toute grande pour réclamer une indemnité!... Ias uns dis.iient qu'il était méde- cin, d'autres apothicaire ou maitre d'écriture; d'autres affirmaient que c'é- tait un cocher des pomjK*s funèbres. En somme, personne ne pouvait éclaircir le mystère qui planait sur le sombre Prit- i.!i.uii. <■ Prenez Pritchard par n'imjwrte quel bout, disait E. de Champeaux, par- coure/ depuis l'épaule jusqu'à ses ongles en deuil ses bras de Briarée, enlevez d'autour de son cou sa cravate dédaigneusement nouée, sondez si vous le pouvez la profondeur d'une bouche que défendent deux for- midables râteliers, suivez les lignes irrégulières de son profil osseux, soulevez les ailes moqueuses de son nez colossal, glissez-vous sous les verres de ses lunettes et tâchez de saisir au passage l'un des éclairs sardoniqucs qui jaillissent de dessous ses épais sourcils, allez même chercher jusque sur la semelle de ses bottes, semelle qu'il a pour habitude de monter incessamment à la hauteur du visage de son vis-à-vis toutes les fois qu'il fait civalier seul, vous n'en saurez pas davant.igc. Champollion peut déchiffrer les hiéro- glyphes, il ne nous dirait pas ce qu'est cet homme dont la tenue n'est celle de personne, dont la danse n'est qu'à lui, qui n'adresse la parole à àme qui vive, que tout le monde veut voir et qui semble se replier sur lui-même, se sourire à son à-part et savourer ses jouissances sans trahir la moindre émotion. Du reste, en dépit du nom qu'on s'est com- plu à lui donner, et dont il ne parait nullement mécontent, il faut croire que c'est un excellent garçon : son bon cœur .se décèle même à tout instant, car il est la providence des quelques laiderons qui se fourvoient de temps à autre et s'avisent de pénétrer chez INE KÎOILl; 1>1" l'RAI>0. — HKi01.KTTE l>iiprc» la lîlhtiiiniphic J'.Mophc. L\ VALSE ET LA POLKA. - LES BALS IHliLlCS. 2Xi Mabillc, comme pour faire ombre au tableau. Personne ne sonj^e ;\ les inviter, mais Pritcliard est là : il tourne lonj;temps autour Je la plus laide, connue un vautour avant de saisir sa proie; puis entîn, quand entre les laides il a trouvé la plus petite et la plus laide, il s'avance d'un petit air conquérant et laisse écliapper, avec un ton qui n'est qu'à lui, son mot : « Foiili"-iviis danser? « l'adhésion ne se fait pas attendre, il accroclie sa partenaire à son bras, coiume la mère Michel juirte son cabas, et tout aussitôt il l'en- WW- i 1^ i *i> .'V lk' LE BAI, DU RANEI.A<;il D'aprùs une lithoi^raphic di: i(l)o. {lUHiotlicqui: nationale.) J 1 traîne au pas accéléré, et toujours sans lui parler, de quadrille en quadrille jusqu'à ce qu'il ait trouvé une place assez spacieuse pour pouvoir se livrer à tout le délire d'une improvisation pédestre, d'une gymnastique qui tient tout à la fois de la danse des Indiens et de la Bourrée de Saint-Flour. » Ciiicard, célèbre danseur de Mabille, ne ressemblait en rien à Pritcliard, avec sa face rubiconde, épanouie, où voltigeait toujours un frais sourire. Il allait, sans façon, étalant une rondelette bedaine, le chapeau en arrière, le paletot flottant. C'était le type du bon garçon joyeux viveur, du milieu de la salle criant au chef d'orchestre Pilodo, d'une voix de stentor que suivaient les cascades sonores d'un éclat de rire : " Mais allons donc, l'amour! » /.A n.iSSK A TUAVKKS LES AUES. Al- BAL Ut l'RAWJ. — l-OLKA l'IglEE IVapre» Il lilhuurapbic cs iinantes. Il improvisait des pas invrai- i niMables et des bonds fantastiques. Aux bals de l'Op^-ra, il donnait le signal des Valses folles et dt-brid^es. C'est lui qui inventa le Cancan. <> Il a fini, dit Cliarles Fourcault, morne et déplumé, bornant son génie i des tournoiements sur place, devenu silencieux, parmi la cohue élégante de Mnbille. • Rrididi fut, avec Pritcliard, le roi Je .Mabillc. C'était le meilleur danseur de l'endroit, le plus élégant, le plus gra- cieux, le plus in(:itigable. On prétendit qu'Eugène Sue, qui avait tant de rai- sons d'aimer Mabille, songea ;\ Brididi en créant le personnage de Rodolphe. Après les rois, les reines. Li plus célèbre de toutes fut celle qu'on nomma • la reine Pomaré », et qui s'appelait tout simplement Élise Sergent. Elle appartenait à une famille employée au thé.itre du Cirque Olympique, et fut d'abord écuyère, parait-il; mais là n'était point sa véritable voie. n Un soir de mai iH44, raconte A. Delveau, apparut en plein quadrille du Kil .Mabille une jeune fenmie d'une beauté et d'un costume étranges : cheveux noirs opu- lents, teint bistré des créoles, avec des bracelets et des verroteries de bon goût. Elle se mit ;\ danser la Polka, alors dans toute sa nouveauté, avec une désinvolture, une grâce, un brio qui attirèrent immédiatement l'attention sur elle. II était clair qu'elle n'avait aucune instruction chorégraphique et qu'elle improvisait les attitudes et les temps de la Polka qu'elle était censée danser; mais c'était précisément cette ignorance qui faisait son originalité et qui, aidée de sa fulgurante beauté, fit sa réput.ition. Aussi fut-elle applaudie, ce soir-l.\, de la voix, des mains, des pieds, des chaises, de tout ce qui peut servir h prouver l'enthousiasme, et les gloires féminines du lieu pâlirent devant elle : une rivale leur était née. « D'où venait-elle, cette inconnue qu'on .icclamaii ainsi? On ne sait, on ne savait! Sa mère était princesse, son père un prince romain, dis;ùt-on. Li nouvelle venue, entrée au LA \Ai.si: i:r ai i'o/.ka l.h'S ItAI.S fllil.lfS. bal Mabillc ce soir-là, sous le nom modeste •X'iilisc Scr^^ittl, en sortit sous le nom île itiik- Poiiittrc C'est ainsi que s'improvisent les royautés en notre plaisant pays de Irance. » Ce nom fait fortune, sa réputation devient subitement européenne : Mais toujours — chose ctrangc ! — au milieu de la joie, nile garde un sinistre aspect d'oiseau de proie ; Klle mêle au plaisir un funèbre (lambeau, Aux suaves parfums une odeur de tombeau. Théodore de Banville, le cliarnumt poète, pris d'entliousiasme, lui dédiait ces vers : lissier ! Taglioni, Cirlotta, scuurs divines. O reines du ballet, toutes les trois si belles, Qu'un Homère ébloui fera nymphes un jour. Ce n'est plus vous la danse : allons, coupez vos ailes, Éteignez vos regards : ce n'est plus vous l'amour! C'est notre Pomaré dont la danse fantasque. Avec ses tordions frissonnants et penchés ! Aiguillonne à présent comme un tambour de basque Les rapides lutteurs à sa robe attachés.... Connnent ces danses éclicvelées pouvaient-elles taire oublier un instant au poète Carlotta Grisi, diaphane et aérienne dans le ballet de la Pcii; Cerrito qui, dans /(• Violon dit diable, entourée d'écharpes létjères, semblait, comme une nuée, flotter dans les airs. Il ne songeait pas à la Taglioni aux ailes de papillon, immatérielle presque dans les gazes d'oii émergeait sa sil- houette gracieuse.... Il oubliait la gnke de miss Harton dans Arieh II ne se souvenait plus de Fanny Essler, l'ado- rable danseuse, l'expression la plus ravis- sante, la plus parfaite au dire des con- temporains de la danse positive, des ballets, des comédies mimées. Celle-ci eut cependant des témérités chorégra- phiques dans la Cachiicha, cette imitation AU li.M. I)i;S .MLNILII'.VL.X francisée des danses espagnoles. Aux Darrcsiaiitho-raphicdc Vcmicr /..l /i.lA xmt «l'une mukiquc cntnlnanti U.\ I /i«.S LhS MiLH. )nnait fr£-niivunte aux jeux des prunelles, jv clie ctaii gracieuse toujours, vt loin de cette vulgarité que (lunle ie puete de • Foiiuti- Malgré les vers de Théodore de lljiuillc, en dcpii des charges de Henri Moniiier et de Djumier sur la • Haute i ^^ danseuses n'en restent pas moins des reines de la danse; leurs attitudes et leurs .<>i;p!v.sses, le chamie immatériel de leur art représentent toujours la danse française dans sa mani- festation la plus noble, la plus élégante et In plus gracieuse. Pour en revenir à la reine Fonuré, l'ambition qui la dévorait assombrissait son front. Elle causa sa j>erte. Elle dé- buta au Palais-Royal, où elle dansa la Polka; elle y fut outrageusement sifflée, puis végéta quelque temps, et cette reine d'un jour mourut dans une chambre de la rue d'Amsterdam, pauvre et aban- donnée!... Nous avons vu disparaître l'une apré-s l'autre, dans la seconde moitié du wiii' siècle, les danses nobles composées plutôt de pas décoratifs et d'attitudes plastiques que de mouvements. Mais, à la Révolution, la danse s'est complète- ment métamorphosée en devenant populaire. Le prétentieux Menuet, la Contredanse froide ont été abandonnés pour la Valse gracieuse et charmante; les danses excentriques, le Cancan échevelé ne tarderont pas d'ailleurs à apparaître. Jusque-là, en dehors des danses de la cour et du théâtre, on se trémoussait dans les guinguettes, sous les ton- nelles, dans les bals chamj>étres, où, par occasion seulement, venaient se mêler des nobles ou des bourgeois. Certaines fêtes rustiques, telles les kermesses des Flandres, semblaient avoir gardé le souvenir des bacchanales antiques; elles furent immortalisées, comme chacun s,iit, par le pinceau de Téniers. Vers I ~i)^, des spéculateurs, comprenant les tendances chorégraphiques nouvelles, s'avisèrent de créer ù Paris des jardins publics. On vit alors s'élever successivement le jardin Boutin ou ancien Tivoli, le bal des Champs-Elysées, l'Élysée-Bourbon.Marbœuf, Al' RANELACill. — AIUST(KRAri(ilE I1>LKA L>'.iprc!> la lilh(>(rraphlc Je Vcrnicr. LA \.\l.sl-: HT LA l'oLKA. - LES ISALS /'//(/./( .s'. DANSI.S l)l: 1,.\ MAI TK liCOl.K : EM.KVK KT ARAI!l:s(Jl I.S. Daprcs une lillioiiraphic de Datimicr. le parc (Je Monceaux, le liameaii île Chantilly, Trascaii, le jardin d'Lsis, le salon tle Mars, le salon de Flore, et tant d'autres d'importance moindre qu'il serait oiseux d'énuniérer. Leur nombre tut si ijrand, qu'à la tin on se lassait de bals. Un couplet le disait : A Paplios on s'ennuie, On dcscrti; Monceaux, Le jardin J'Idalic Voit s'enfuir ses oiseaux ; De la foule abusée J'ai vu les curieux Bailler dans l'Elysée Comme des bienheureux. Le bal du jardin Boutin ou ancien Tivoli occupait un vaste espace au bas de la rue de Clichy, sur l'emplacement actuel de la rue de Londres et du passage Tivoli; c'était un bal-concert dans lequel on avait réuni toutes les distractions foraines qui, aujourd'hui encore, sont par leur variété la joie des amateurs de kermesses. « C'était le rendez-vous de la jeunesse à cadenettes sous le Directoire; .Mme Tallien y venait avec son cortège d'incroyables et de merveilleux. Qui de nous n'a pas entendu par ses vieux parents vanter les charmes de ce paradis terrestre et surtout les émotions que procurait à nos grand'mères le jeu alors nouveau des « montagnes Russes » ! (Paris qui danse). " Tous les boudoirs de Flore étaient ouverts, dit Delveau, et le vaste et beau Tivoli, qui possédait toute sa parure printaniére, appelait à l'ombre de ses bo.squets la foule de la grande capitale. Longtemps ce lieu de délices fut le séjour favori et le rendez- vous des sociétés les plus aimables. Le bruit des boites et le son des trompettes annon- çaient le prélude de la fête champêtre; on jouait déjà sous l'ombrage, sur le pré verdoyant, au bord d'un ruisseau, dans les allées du vaste parterre; on se reposait sous l'ombrage des tilleuls pour applaudir Olivier et ses tours nombreux, le magicien et ses oracles, l'énorme éléphant et son cornac, la petite perruche et son vieux maître; 33 I ru \ r/.As /./i.v .Hihs. h jeunesse vulagc et toujours .iciive Linçait le volant et, sur 1.1 bascule et sur le cheval de lH)is, au jeu de bapies, elle iiubliait tous les autres plai- ■ II'., u Mais le siynal est donné. L urcliestre se prépare, et bien- tôt l'air de la danse, cher aux klles, se fait entendre; on Jélaivse le site, le bocage et l'arbuste, les mains se joignent, les couples fortunés se balan- CL-nt, on part; le mouvement circulaire a lieu de tous côtés; les Grâces dictent les pas, les .ittitudes; la \'alse devient plus vive, plus intéressante.... • La jeune Saqui s'élance dans les airs, sur la corde raide, et Ruggieri, l'Iiabile artificier, ollre les men'eilles de la pyrotechnie. » Le Ranelagh a été un des premiers bals publics de la fm du xvin' siècle. Un garde de la porte du bois de Ikiulogne, qui sans doute connaissait le succès de certaines fêtes champêtres très fréquentées à cette époque à Londres, eut l'idée d'ouvrir en i~~], au milieu de la pelouse de Pa.ssy, un bal champêtre qu'il baptisa du nom de Ranelagh. Étnoi en haut lieu ! Le grand-maitre des eaux et forêts s'oppose ;\ l'ouverture de l'établis- sement, le Parlement annule la concession que le prince de Soubise, gouverneur du château de la Muette, a faite au garde; mais la reine protège ce dernier, et la concession est maintenue. Ix Ranel.igh, fréquenté par l'aristocratie et la fashion, eut des jours d'inoubliable splendeur. Mme Récamier et Mme Tallien, « Notre Dame de Thermidor », s'y montrèrent vêtues ;\ l'athénienne, escortées d'une suite nombreuse. Le Ranelagh, fermé pendant la Révolution, ne rouvrit ses portes qu'en \~<)(j. Il retrouva la faveur des premiers jours, fut délaissé en 1M14, et brilla de nouveau avec uné'clats.mség.ilsous la Restauration, sous Louis-Philippe, sous la seconde République et sous le second Empire. En 1849, pour célébrer le 71'' anniversaire de son ouverture. (.AHLUTTA (iHtSI DANS I.E UALLET UE < LA l-bKI • b'aprc» une lilhu^raphie Ju lempA. Al VALSn ET LA l'OLKA. I.i:.s liAl.s l'IlU.ICS. li., son directeur offrait une «grande fête de nuit à ses luiliitués. 11 donnait un bal annuel au profit des pauvres de Passv. Ce bal était précédé d'un concert où de grands artistes tels que M. et Mme Letebure-Vely se faisaient entendre. Le Ranela^h, éloigné du centre de Paris, ne s'ouvrit cju'à une classe de dansein-s et de danseuses priviléijiés de la fortune qui s'y rendaient en équipat^e; la création du clie- min de ferd'Auteuil en facilita l'accès et amena un public nouveau , composé de bour- geois et dei;risettes,de commis et d'étudiants. Li haute société déserta aussitôt ; les beaux jours étaient dés lors finis. Une plaquette, devenue rare aujourd'luii, raconte avec détails que, vers l'an 17''!'^ un Anglais du nom de Tinksoii fit élever, dans les environs de l'Observatoire, quelques bara- ques aux toits de chaume où il organisa des bais. L'originalité de cette création champêtre at- tira la foule. De toute part la jeunes.se s'y rendait, et ce n'é- tait point les étudiants qui assu- rèrent le succès de ses débuts, mais bien toutes les classes so- .MISS 1I.\KT()\ 1).\NS 1,1; liAI.I.KT I) • .\Kli;i. Uaprcs une j!raviirc ilu Iciiips. ■ciales qui, en dehors de l'aristocratie, y participéiein. Les dimanclies surtout, les létesdan- .santesde ces baraques étaient pleines d'animation et d'entrain, et leur jo\euse musique égavait tout le quartier. Plus tard, Tinkson, associé à un restaurateur voisin, remplaça les petites chaumières par une salle va.ste et assez luxueuse, la « Grande Ciiaumière ", dont le succès s'ailîrma dés le premier jour, comme il en avait été pour les modestes baraques. Dénoncé en I7<).i au tribunal révolutionnaire conune suspect, Tinkson prend l.i fuite; on ignore ce que devint son associé. Plus tard seulement, on retrouva le petit-fils de cet associé, mariant sa lille au fameux Lahire qui donna .1 la Chaumière la grande vogue dont elle jouit si longtemps. Ceci se passait vers lH_j(). / I ;. ivs/- I Tnwrns- r r^ \nrs . truu UU>, Uii U pUtiuttu, iidiilL u porit uo Liucrs; un monstre à ruclm de U l'uison d'or; U Chaumière possède un gardien qui !i i-.; :i: imot.uirc, mais qui n'en a pas moins toutes stmes de rapjHirts avec ces npcv'cs vil i^v»'.n.is mytliulofsiqucs : c'est le jK-re I-aliire! Le père Laliire est orné d'un a-il d'aigle qui vaut h lui seul tous les yeux d'Argus. A son ]H>sie à ^A. jX l'heure du bal, posé dans toute la majesté de sa taille, il réprime W ' .m le moindre abus qui se pré-sente : vous voudriez vous livrer à t:n i^alop frénétique... gare h Ixihire! sa voix tonne, il faut se ' .intr.iindre; il a bon pied, bon œil, et saurait vous mettre \ , I dehors. Lihirc est propriétaire de la Chaumière en même ^A ' / ten>ps que négiviant en vins ; B.icchus et Teq>sichore se •^ j^ donnent la main, et, .i ce double commerce, il .i yagné une fortune considérable et un em- bonpoint tout ù fait notoire. « Liliire aime la pai.x et l'harmonie, il règne avec simplicité, il inspire .i la fois le respect et l'amitié, s'exprimant avec grâce de la voix et du geste. « Gavarni, le grand dessinateur doublé d'un homme d'esprit, a dit : « Li Chaumière est un grand jardin où les jeunes gens se réunissent le dimanche pour entendre de la yÇ musique religieuse apris vfprcs. » Cette mu- sique religieuse, on l'écoutait en se prome- i..\ T.vdLiiiM liant dans des bosquets et des charmilles, le l'ar Cbalun. Edwanl Morton, lith. long de plates-bandes et de tapis de g.izon tleuris de marguerites et de roses sauvages; cette soi-disant musique religieuse excitait, sous les constellations des globes de 12.1Z. les danses échevelées qui mettaient sans cesse aux prises l'autorité et les danseurs. Li plaquette nous raconte ce qui se passait à la Chaumière dans le carré de la dchucha française. « Li Cachuchi, invasion castillane, ne sera p.is un fait moins culminant dans l'his- toire des hommes que l'importation des pommes de terre.... Un duc d'Orléans, dira- t-on plus tard, parvint à une monarchie sous le rè-gne de la Cachucha. « Je ne parle pas de Mabille ou de Petitpa, ni de tous ces danseurs de ballets qui. \ . >/\ i.Nii l'oi.KA i;i iii:vi;i.i:i-; D'aprcs la litlii'iiiarliic Je Vcinkr. LA VM.si-: irr i..\ l'm.K.x renfermes dans un cercle de li>^nes tra- cées, n'exécutent qu'mi jeu mécanique et géométrique; je parle de l'étudiant qui s'abandonne sans j;éne, sans entraves, aux élans du jjénie et de la liberté; je n'entends pas faire l'éloi^e de Taglioni, de l"annv lissier ou de Carlotta Grisi qui, s'assujettissant à des réi^les rigou- reuses, ne font pas une pirouette, pas un geste, pas un pas qui ne soit mesuré, calculé, préparé, mais bien de la grisette qui ne suit que les lois de la nature, les mouvements naïfs et sincères du plaisir. « Aux premières mesures du Qua- drille, l'étudiant s'est posé académique- ment, le pied gauclic en avant, la tète inclinée, le dos cambré et le bras arrondi autour de sa danseuse; celle-ci, la main gauche appuyée sur ré)iaule du cavalier, semble se soutenir comme une fleur aux branches du palmier; de l'autre main elle tient un pli de sa robe en avant, et son écluirpe, serrée autour de sa taille, en dessine les contours. « On part : c'est un pèle-mèle ravissant qui éblouit par sa vivacité, qui électrise par son entraînement; l'un se penche avec nonchalance et se redresse avec agitation, l'autre court d'un bout à l'autre et trépigne de plaisir; celle-ci s'avance rapidement connue dans une glissade imprudente, et ter- mine par un petit sautillement d'une piquante coquetterie; celle- là passe et repasse avec plus de calme, connue fatiguée, abattue; mais un bond ménagé avec art, un soubresaut frénétique vient ré- véler de temps en temps les tiertés de ses mouvements, le rallinement de ses attitudes. « On se mêle, on se croise, 3ooooo FRANCS u"ai>i»ointi;mi;n i> ! Dapris une lilhoirrarhie de Henri .Monnicr. OU se quitte, on se rejoint aveC Une ■^ t I •■ \t\r' une j iiii, \in|>;v ■ Pluurquc, )>.Mi.in> tu * . .1 ....f Jj. ji„|, temps, (lit que .inc convention muette ou une peinture priante; que (lir.iit-il Jonc de notre expression chorc-graphique ? C'est une dislocation f^éné- . inu m i\ raie du corps humain, par laquelle l'ànie exprime les passions les plus violentes.... Li Guhuclia franijaise est un langage surhumain qui tient du ciel ou de l'enfer, et que nous tenons à coup sur des anges ou des dénions, u Tous les jeunes étudiants de cette époque, retires aujourd'hui dans l'obscurité de la province, se rappellent encore les .soirées éhourilTantes de la Chaumière! l-t ce souvenir les liante comme un rêve lointain de vie joyeuse, il ré- chauffe leur creur, tandis qu'un rayon de .soleil .se joue dans leurs mèches hlanchcs. Le bal de .Sce.uix s ouvrit en i ^'/-"^ M)us les marronniers du parc qui avaient ombraijé le château de la duchesse du .Maine. Plusieurs générations ont dansé sous les antiques ramures. Les mu.scndines et les muscadins, les in- croyables et les merveilleux, les beaux et les belles du Directoire, de l'Empire et de la Restauration s'y sont montrés .1 costumes extravagants. Vers la fin du second Empire, ce bal, qui avait I.K H.\L DFUS KNFASrs liK NAKb ljthi.Krarhic de Vcrnicr. eu de longs jours de splendeur, avait / I ri AS/: i:t a i nn/.K \ - /./■:s it.\/.s l'Viu.H's. clianj^c de ciiciutif, li n Lt.iit pius irciiiKiuc que par des bourj^cois et îles inaraiclicis. Le Prado, un des lieux de plaisir les plus eu vojjue au coniuiencemeut du siècle, ut installé sur l'emplacement de l'église Saiin-Bartliélemv. Vn tiiéàtre remplaça l'éijlise, et au théâtre succéda une salle de veillées ouvrières. A dater de iHio, la salle de 1\>I du Prado inaugura ses succès qu'elle pourMii\it durant une cinquantaine d'années, et céda ensuite la place à la toge, c'est-ù-dire au Tribunal de commerce. Le Prado s'était blotti en un des coins les plus pit- toresques du vieux Paris, dans le passage de More, prés du .Marché aux fleurs, de la Conciergerie et de Notre-Dame, étrange coïn- cidence! On pénétrait au Prado en suivant un long couloir de cloître aboutis- pierre qui conduisait à la salle de bal. Cette salle était divisée en deux parties bien distinctes : la rotonde et le grand salon. La rotonde était réservée aux jeunes étu- diants; dans le grand salon .M.\l)i:.M01SEI.I.E ( EKITTO ET SUiNOK «il ERRA D.\NS l.E « I.A<" DES FÉES ». Uapriis une lilhoffraphie anonyme publiée en .Vn^lelerre. on contemplait, le lundi et le jeudi, les célébrités chorégraphiques du temps : Clara Fontaine, Mogador, Ro.se Pompon, Malakoff, Jeanne la Juive, etc., etc., qui exécu- taient leurs danses excentriques aux .sons d'un orchestre bruyant, mené par Pilodo. Le poète Barthélémy a chanté le vieux Prado et ses célèbres danseuses : Silcnci: ! ouvrons les yeux ; sur sa frclc charpente Pilodo fait rugir la fanfare crispante; Li Valse, la Polka déroulent leurs chansons. Qui choisir, qui citer sur tant d'illustres noms I Qui se souvient encore du bal du Delta qui, de il!i.^ à l'époque de la Restauration, i,: I s .> «.iikuic iluiii le iiuiu lui-nicmc I luin de nuiu déjà. Ce vieux bal Uuu loi»^u:u}>», Il lai^ait encore les délices des grisettes et uni di »iî !<'i>iix d.t' lit Ivirritri, !• vUn . •• "viii |,uij!ii, un iJvi\tau, diMU ii"> .iri'ic» v.i;.i^ ."<. iii ->i uicii le boulevard des Martyrs, avait assez de bosquets où l'on put consommer en paix la traditionnelle bière de Mars mousseuse et le classique ccliaudé si friable entre les doigts. L'orchestre n'était )\is nombreux, mais il était (.11 harmonie avec les exi- gences des habitués, qui n'étaient pas exigeants; ils Ncnaicnt là pour se tré- mousser, hommes et fem- mes, et ils se trémoussaient .1 cœur joie et à jambes que veux-tu, au son d'un violon, d'une clarinette et peut-être d'un cornet à |iisti)n. Pour se mettre au L;oùt du jour, l'orchestre kit obligé de se renforcer plus tard de quelques in- struments à cordes et à vent; et cela ne nuisit pas; bien au contraire, le bal n'en devint dè-s lors que plus brillant et plus animé. » « Après avoir brillé sous la Restauration, sous Louis-Philippe, sous la République et sous l'Empire avec des fortunes diverses et des habitués différents, le bal de l'Ermitage a disparu en 18O2. On a coupé les arbres, saccagé ses bosquets, démoli son orchestre, et sur la place qu'ils occupaient on a b.iti de solides maisons de six étages, à l'instar de celles de la rue de Rivoli. » Combien d'autres ont disparu de ces bals qui furent chers aux chansonniers! Qu'en 1^' »1 MU Ml NM.l l.t. ' t.iUlllil IpAN- • I >. \l'Pi.>iS ill lll.Mll.b ». D'aprv» une lithuffrapbie ao^taise. LA VALSI-: ET I.\ !'<>[. K.\. LES liM.s nmijcs. 2^1.1 rcstc-t-il? LU rL-tV.iin presque i>iiblic, quelque lithographie que le vent .ifjite sur les quais aux étalages de bouquinistes. Les années vont si vite! Là-bas, là- bas, tout au bout de la terre. Il existait dans la rue Clifjnaiicourt L'ii fi.ù château où s'anius,iient nos pères. .■Ml ! mes amis, regrettons-le toujours. ■\ ni .\iAiJL.\u)isi:i.i.ii TAiii.ioM i;r .m.\/ii.u;u DANS M-: llAl.l.KT • t.A ril.l.K IH' DAM IIF. » |}apri:s uiit; L,'raviire du temps. Le Ch.iteau-Rouge occupait l'ancienne de- meure de la belle Gabrielle d'Hstrées, au sommet de la butte Clignancourt. Un Tnonient, le b.il, dont l'orchestre muet était remplacé par le bruit du canon et de la fusillade, abrita le roi Joseph, tVérede Napoléon, qui présidait sur cette hauteur, en i"^l4, le Conseil de défense de Paris. De l'une des fenêtres du premier étage, le chef d'état-major de 1.1 garde nationale, qui était en même temps directeur du dépôt des fortifications, étudiait les mouvements des alliés qui assiégeaient Paris. Quelque temps après, le Chàteau-Rouge rouvrit ses bals jusqu'en i.'!.|.">. C'est là qu'eut lieu le premier banquet réformiste. Cet établissement disparut avec le percement du boulevard Ornano. \'ers ifi3(», le Chàteau-Rouge était en grande vogue. Tous les samedis, des {i:\\\ d'artifice étoilaient la sombre butte, et les bourgeois du quartier ne manquaient pas d'aller, du dehors, contempler avec leur famille ce spectacle gratuit. Trois fois par se- maine, la tashion parisienne gravissait la hauteur pour aller s'amuser. De nombreux bals brillèrent encore de iHSoà if'.^n, parmi lesquels ni>iis puu\ons citer le Bal des Acacias ou de la Reine-Blanche. Les élégants, coiffés à la Bolivar, chaussés à la SouvaroNv; les élégantes, coiffées à l'enfant ou à la girofle, vêtues de robes à spencer, venaient ensemble jusque dans les parages éloignés voisins de l'ancienne barrière de Belleville. Installé dans une mai.son bizarre, remplacée depuis par la mairie de Belleville, ce bal fut, de i83() à i85<>, fréquenté par les artistes, dont quelques-uns turent célèbres. Meis.sonier, Daubigny, Daumier, Cham, Staal, Bertall en furent les familiers. On contemplait au bal de l'Astic une belle juive qui posa la Renommée dislrihiiant des cou- ronnes, dans la fresque de Paul Delaroche qui décore l'hémicycle de l'hcole des beaux- arts. Chaque bal, à cette époque, avait une physionomie propre, un public spécial, et Delveau en comptait, je crois, soixante-trois! LA /).i.v.va; .1 HiMf:ns li:s a'.l.s. Les soldats se réunissaient, l'our danser des pas invraisem- blables, au salon de Mars et au s.iloii de la Victoire, près de l'|-,«.ole militaire. Le bal Bourdon, qui, avant I '{.}!{, portait le nom de • bai ill-lysée-des-Arts », appela à lui l>eiidant un moment le public ilu bal des Acacias. Plus tard, il tut fréquenté par la jeunesse du r.iubourg Saint-.\nioinc. Nous avons vu des bals prendre la place de temples sa- crés; voici le bal Montesquieu, transformé vers 1854 en bouil- lon Duval, le premier des éta- blissements de ce genre. La illc .Montesquieu était une des plus vastes et des plus belles de Paris, mais clic était fré- MOl'VKMhM Kl < M III I ii\ Daprè» une irravurc an){lai>c de répoquc Je la Kcittauration. qucntéc par la lie populaire. I-e public de la salle V'alentino fut mieux composé, et cependant elle était loin de réunir l'élite. Elle connut de beaux soirs du temps des concerts et des bals masqués de Musard. • Vous vous rappelez sans doute, dit Delveau, le joli mélancolique chapitre que Henri Heine consacre à sa ville natale, Dusseldorf, qu'il revoit aprè-s de longues années, avec les yeux attendris et désillés. Il manquait plus d'un arbre au jardin de la cour, plus d'un était pourri, et les quatre grands peupliers qui lui apparaissaient autrefois connne des géants verts étaient devenus petits. Quelques jolies filles se promenaient parées, bariolées et semblables à des tulipes ambulantes. • • Ainsi en a-t-il été pour moi, l'autre soir, lorsque j'ai voulu revoir la salle N alentino de mes jeunes années. D'abord j'ai eu quelque peine i la retrouver au numéro 2?i de la rue Saint-Honoré où cependant, autrefois, j'aurais été les yeux fermés, m'en rapportant seulement à l'intelligence de mes pieds — et à leur habitude. — Puis, /.A \.\LSl-: ET l..\ l>ii/.K.\. - IJis liA/.s /'IIII.ICS. lorsqu'elle .i été découverte, elle m'a paru beaucoup plus petite qu'il \- a quinze ans. L'orchestre était toujours à la niènie place, mais cette place était amoindrie. Les nom- breuses colonnettes qui l'ornaient jadis l'ornaient encore, mais elles étaient maigries. Le buffet lui-même semblait dénaturé et les garçons qui me servaient ressemblaient X leurs propres grands-pères. » Ainsi toujours la jeunesse embellit les choses ! « Li salle Barthélémy, raconte plus tard le même auteur, s'appelait autrefois I \ M\/II\\7X li>E : |ii;i\ll mi; FIGIHE D'aprcs une lilh. Je CiufrarJ. du public parisien : on y voit des pierrots et des pierrettes, comme dans les autres bals, mais surtout des « titis » et des « cliicards », types qu'on pourrait croire aussi disparus que les mastodontes et les mélagonis antédiluviens. » En lH50 mourut à Ruignolles un homme qui eut son heure de succès : Victor Bohan. 11 avait créé le Jardin d'Hiver. Et certes son idée fut ingénieuse. Amoureux des fleurs, passionné surtout pour le dahlia, il lui vint à l'esprit d'édifier une immense .serre de cristal où, dans une atmosphère attiédie, s'épanouirait une flore exotique tandis qu'au dehors la neige tomberait et le vent ferait rage. Il en fut ainsi, mais les con- certs et les bals masqués qu'il organisa dans l'établissement féerique ne passionnèrent point le public. Pourunt Cellarius s'y montrait pendant l'Exposition de i855 avec son LA IM/..SA' /•:/■ l..\ l'<>l.l<\ - ll-^ l'.M.s l-IIU.ICS. ,4 llAl. Ki; I.A l IIAl.Mli:HE U'arrcs une lilhuLTapliic ilc Ciijas. personnel féminin si ch.irm.int, n MusarJ taisait trembler les vitres de la serre enchantée avec son orchestre endiablé de cent vin^t musiciens. Le Château des Fleurs eut un rèi;ne éphémère et ses roses s'etTeuil- lèrent bientôt après leur èclosion. Mais l'orchestre tut dirii^é par Olivier Métra; les tVères Liuniiet e t Darcier débutèrent dans un des concerts du Château des 1-leurs. C'est assez pour que son souvenir vive longtemps encore dans bien des mémoires. Le seul bal public d'autrefois dont l'origine fût poétique a disparu depuis longtemps. Voici ce qu'on racontait à son sujet : Un ancien charpentier déjà âgé, père de quatorze garçons, vigoureux et bien décou- plés, possédait sur la hauteur de Belleville une tranche de terrain où il avait établi son atelier. Au milieu de ce terrain s'étalait un lac aux eaux transparentes qu'une source invisible alimentait. On en ignorait la profondeur, la sonde n'avait pu la déterminer. Ceci est la légende. En réalité, la colline était couverte d'une belle végétation et le ros- signol y chantait au printemps. C'était le rendez-vous des Parisiens; ils y allaient en foule le dimanclie pour déjeuner gaiement sur l'iierbe. Les traditions populaires voulaient aussi qu'autrefois une femme possédée d un amour sans espoir fût venue pleurer en ces lieux. Ses larmes furent si abondantes et coulèrent si longtemps sans se tarir, qu'elles remplirent un abime qui s'ouvrait béant a cette place même. Elle s'y précipita ensuite. L'atelier du vieux charpentier tut transforméen un bal, le « Lac Saint-Fargeau ». Mais la transformation fut plus complète encore, car une ile factice s'éleva au milieu du lac et, sur ses bords, tournaient des chevaux de bois et couraient des montagnes russes. C était vers i85o. Des commis de magasins, des ouvriers, des maraîchers des environs se pro- menaient en barque sur le lac, montaient sur les ciievaux de bois ou dansaient comme des enragés dans la salle. Dans les environs était la Courtille, de réputation farouche. On prétendait qu'il s'y -.. /, I /) t ' ' .. y-w.v LUS MiiiS a>mmc(iji( Jn mctma-^ to». luiUk, que le nuUicunrux qui s'y aventurait était crruin n'ïI n'était Ulur}>c'. H > a«.«;(iaiiit.iiicn( dans tout ceci une cxa^craliun cxtrtiui:. Lo bais etaitiu Irc- quentcs surtout par ie> ouvriers des faubourgs. I.J Courtille était fomiée par un ensemble de )i>vtu.\ »..iiMn.i-> vt.li'il^ mu iis li.uuN de la colline de Belleville, où l'on dansait dans les bosquets et sous les tonnelles. • Peu ù peu, dit Charlo Payen, les hauteurs se peuplèrent; les maisons, d'abord très rares, s'y multipliêa-nt, semblant sonir du sol comme par enchantement ; le frais ruisseau comblé, le ri>ssigiiol dut aller égrener ailleurs ses roulades et ses trilles. La Courtille champêtre et charmante ne fut plus, dés lors, qu'une foire perpétuelle où la foule tapageuse prenait ses ébats aux accords infernaux d'orchestres en plein vent, une gigantesque fête de village avec .SCS baraques, ses tréteaux, ses pitres, ses femmes colosses. • C'est du • Grand Saint-Martin », sur les flancs de la colline où git Saint-Fargeau, que panait tous les ans la fameuse descente de la Courtille. Ia.- « Grand Saint-Martin » appartenait ù Desnoyez, qui fut une des célébrités pari- siennes. Autour de cet établiss*.'ment s'en ouvraient sept autres de catégories diverses, qui tous contribuaient ii la bacchanale. Le « Grand Saint-Martin » restait ouvert jour et nuit depuis le dimanche gras jusqu'à la .soirér du mercredi des Cendres ; la descente durait toute la journée, et les cinquante fenêtres donnant sur la rue de Paris se payaient des prix fous. Li s.ille l'avié, qui est aflectéc aujourd'hui aux réunions publiques, était l'établisse- ment le plus important de ceux qui entouraient le « Grand Saint-Martin » ; il était situé ju.ste en face. Ixs pierrots et les débardeurs qui avaient pas.sé les nuits dans les bals de tous les quartiers s'y réunissaient durant les jours gras. Il était à la mode alors de finir la nuit du mardi gras en mangeant des huîtres et en buvant du vin blanc :\ la salle Favié et au n Grand Saint-Martin ». Et les ma.s.ses de consommateurs de ces établissements et des établissements voisins faisaient ensuite la fantastique descente de la Courtille, qui rappelait les antiques Saturnales. Longtemps la de-scente de la Courtille, ;\ laquelle bien des noms célèbres prirent pan, fut une des curiosités du Paris excentrique. Lord Scymour, un gai compagnon s'il en fut, n'y manquait jamais. On vit maintes fois le milord dressé sur un char, jetant à poignées à la foule des papillottcs qui renfer- maient en guise de dragées des pièces d'or! Et il riait de voir des femmes, des enfants faméliques se ruer en se disputant cette manne. Ces malheureux poussaient des maié- LA VALSi: RT l..\ l'ol.KA. — l.ns liAl.s J'IIU.KS. :-i dictions et des riijjisscnicnts sauvages, car du les toiilait aux ]iii.ds, et les tètes entre- choquées entre elles se fendaient et le sanj^ coulait dans les ruisseaux! « Quand le cortèije, dit Louis lilocl), s'arrêtait au fameux restaurant des " \'eiuianj,'es « de Bourgogne n.on y continuait la fête et, du haut de cet olympe, le nouveau Jupiter faisait tomber dru comme une pluie d'orage desguinées frites. « Cette distribution amena une bagarre etVrovable, tous les spectateurs voulant avt)ir leur part de la manne pré- cieuse; le cabaret fut saccagé par les mécontents, et lord Seymour, qui ne s'était jamais tant amusé, vit sa note s'augmenter de la va- leur de l'immeuble. » Il serait oiseux de raconter les scènes qui forcèrent l'autorité à supprimer cette coutume qui rappelait des temps barbares. Les propriétaires des deux salles de bal principales d'où s'é- chappait ce flot torrentueux de fange et d'oripeaux avaient eu le temps de fliire une grosse fortune. Au « Grand Saint-Martin », on ne pouvait suffire aux soins de l'en- caissement. On raconte que Des- noyez avait fait adapter devant son comptoir un large conduit aboutissant à un tonneau vide , .1. Ll.i,w\ lil. liANSi: D'après une lilhoj,'raphic ilc Bouchot. placé dans sa cave. C'est par là que la recette coulait, et, lorsque le conduit obstrué ne permettait plus le passage de l'argent, on en concluait que le tonneau était plein et on le remplaçait aussitôt par un autre. Qui dira le nombre de tonneaux qui .se remplirent de monnaie d'argent et de billon en certaines circonstances! Le soir, on estimait au poids la recette, .sans compter. Entre temps, la mère Desnoyez fiiisait sa petite recette personnelle, un saladier à la main, dans lequel chacun au passage jetait .son écot. L'approvisionnement de la maison était tel, que cinq cents barriques de vin s'ali- gnaient dans les caves, le bétail était acheté sur pied, tout se taisait dans la maison. On compta un jour trente-deux noces à la fois :.u « Grand Saint-Martin » ! : b danM nxMJcme • LA /i.l.VA/: A JHA\t.Ji> /-/i ^ IMA'' l :i.- ce même Dcsnoycz mourut en I^nyptc à la bataille des Pyramides; son nom est gravé ir les pierres de l'Arc de Triomphe. Quand un hf-ros comme Dcs- iioyez tombe, s'écriait Kléber, que faut-il faire? Il faut le venger! ■ J"ai eu la curiosité d'aller voir ce qui restait de ce fameux bal du " Lac Saint-Fargeau » et, par un après-midi de cet automne si ens4)- IcilU-, j'ai gravi la hauteur de iklit- ville. Les flancs de la colline m gardent aucun vestige du passé champêtre, partout les maisons hautes ont remplacé jar- dins et cabarets. Mais, lorsqu'on a quitté l'église de Belleville et qu'on a continué un peu l'ascension, on apertjoil de temps à autre des jardins et on entend le chant des coqs et les piaillements des poules dans les cours de maisons rustiques. Plus haut encore, sur le plateau, une grande construction se dresse, c'est le « Lie Saint-Fargeau ». F.lle ren- ferme une salle de l'êtes et un restaurant. Sur le derrière, des bosquets et des tonnelles entoua-nt le fameux lac d'autrefois qu'ombragent toujours de hauts peupliers. Une jeunesse joyeuse, la chanson et le rire aux lèvres, s'y promenait en barque, et des couples erraient dans la petite ile factice qui s'élève ^^ au milieu des eaux, tandis que les accords de l'orchestre /Kpr de la salle de bal se mêlaient au froissement /^Tîv - '^ des feuilles mones que foulaient mes p.xs. A partir de i835, les affaires de la Courtillc commencèrent à péricliter, et le carnaval de i83J< montra pour la dernière tois aux Parisiens la fameuse saturnale. I-e Pré Citelan, créé en iM5f», ne vécut pas longtemps, en dépit de SCS danseuses espagnoles, de ses bals d'enfants, de ses marion- nettes, de ses kiosques et de ses .iquariums. Il était admirablement ÏLN AVANT hLi \ agencé, dans une situation des plus Uthoitrraphie extraite du • Consenatulrc de la danse modcmc < i..\ r.i/..v/-' j: r i..\ /''>/./;. i - i./^s n.\[.s pini.ics. 2:^ cli;irm;uucs, en plein bois Je- Boulogne, mais bc.iiianip trop cloii^nô ilu ccntiv île Paris. Les Folics-Kobert brillaient vers la même époque au boulevanl Kocliechouart, et ce bal avait une physionomie bien tranchée. C'était d'abon.1 im vaste salon réi^ulicr, entouré en haut et en bas île galeries orientales ou italiennes. A l'extrémité île cette salle, une autre s'ouvrait, à ciel ouvert, où l'on ilansait pendant l'été. Dans la grande salle, prés de deu.\ mille personnes pouvaient se mouvoir, et on y dansait avec fureur diverses danses nationales ou exotiques que le directeur du bal .qiprenait à ses élèves. Des cartouches disposés dans la salle donnaient les noms des principales danses des Folies-Robert : Quadrilles, l'rica.sséc, Roberka, Polichi- nelle, Gavotte, -, la Marinière, la Russe, l'Écossaise, la I.K IIKAND ROND s'E.XÉCUTF. I.ORSQIE ClIACrN CO.MMENCE À I-K |)i:Vi:\IIt l.ilhi\irraphie extraite du • Conserv.itoirc Je la danse moderne •. Valse, la Polka, la Redowa, la Scottisch, la .Mazurka, la \'arsoviana, la Hongroise, la Sicilienne et les danses orientales. La salle avait grand aspect avec ses lustres répandant des flots de lumière sur le tourbillon des dan.scurs et sur les visiteurs éblouis qui la traversaient sans cesse. Olivier Métra conduisit quelque temps l'orchestre, et les habitués eurent la primeur de la \'alsc /(• Tour du Moihk . C'était alors un jeune homme aux cheveux crépus, au visage rêveur, au corps maigre. Gilles Robert, créateur du bal qui porta son nom, était fort divertissant. Il avait entraîné un jour, en partie de campagne, les notabilités chorégraphiques de Montmartre à Marcoussv, prés de Palaiseau. Robert fut reçu avec ses invités par un propriétaire de journaux de modes qui fit avec une grâce parfaite les honneurs de sa ferme modèle. Ce jour-là, elle devint, grâce aux visiteurs, une véritable académie de danses et de 3,5 r* ^'-^^ A th.w'i '■ âges. On d^nsa (l.ins une prairie au son du cor : du l1a|:colci. Rien ne manqua h la fôtc, pas cme une scène des plas comiques. On vit Ic :.tnd monsieur qui jouait du flai^colet, un archi- tecte dit-on, disparaître tout à coup dans le tonneau sur lequel il i-tait nionti-. Ix- tonneau avait eu la malice de se d^-foncer. Kobert sauva le grand monsieur en se coiflant dignement du tonneau, au grand cbaliissement de tous les spectateurs. Et f comme il était avisé, il tira parti de l'ac- \ cident en créant un pas de caractère, le « pas du tonneau ». I^- soir, dit-on, quand on voulut M\|ir.MOISILLK I.ISK NontCT. lUNSElSE \ L OPÉRA , • i ... Dâpfounc ii.hfvr.phic Ju icmp». regagner Pans, chacun des invités, sous l'influence des libations copieuses, dan- sait le « pas de la bouteille », autrement dit la Polka titubante de Bacchus. A cette époque, c'est-à-dire en 1^5»), fut fondé le casino Cadet sur l'emplacement de riu'ttel successivement occupé par le maréchal Clausel et par le ministre de Danemark. .■\rban conduisait l'orchestre et la foule s'y rendait attirée par les illustrations fémi- nines qui s'y donnaient rendez-vous. On y vit Rigolboche, Rosalba, Alice la Proven- çale, Finette, Nini « belles dents », enfin tout le personnel chorégrapliiquc de Markowski et de Mabille. Dans un promenoir s'alignaient les portraits en pied de Jenny Colas, Mme de Staël, Marie Dorval, la duchesse d',\brantès, Rachel, Mme de Girardin, Fanny Essler, Mme de Genlis, Jenny Vertpré, Mme Qimpan, Mlle Mars, Mme Récamier, l.i .Malibran, Mlle Georges, Mlle Duchesnois, Mme Boulanger. Ix casino Qidet avait une succursale, c'était le casino d'Asnières, établi dans un ch.tteau charmant au milieu d'un parc aux ombrages séculaires. ('\%t un spectacle curieux, dit Delvcau, de voir revenir, le soir à minuit, cette jMijHuiuun dansante; la petite gare du chemin de fer grouille de monde, de ce monde qui, trois ou quatre fois par semaine, à la même heure, obstrue la rue Cadet et les rues adjacentes. Ce sont des cris d'appel appartenant à toutes les branches de la zoologie : glapissements de renards, piaulements de poulets, mugissements de ruminants, etc. » Un bal, disp.iru depuis lîliii. liu Jis iimrs Je sucii's : ic \(.u\ parler de l'Elysée- /. I l'i/.v/; i:r i i I'oi.ka — i.i:s hm.s ithijcs. Montm.mic, 41K iii.iiui.iiit.n.iu k^ .uiiNtcs et les L;cns lio lettres. II vécut un ileiui-sièirle : c'est là que s'éleva récemment l'astre de la Goulue et de (îrille d'ii'iout. 1' Nous avons remarqué dans cet étaHissement, dit M. Blocli, une jeune tille, dix- huit ans à peine, blonde, amaigrie et p.'ile comme une morte; on l'appelait « la Pâlotte » : elle ne semblait pouvoir se tenir debout et s'accrochait en entrant, au bras d'iui danseur. L'orchestre, compo.sé d'une quinzaine de musiciens, faisait entendre une musique bruyante que le piston déchirait par Iragments. L'on vit cette int)urante se lancer parmi les danseurs, avec un cavalier, et se démener avec une ardeur de débutante infatigable. Mais après, comme elle était plus pale encore! C'était un spectacle poignant. ■• La création du Moulin Rouge fît dé.serter l'Iilysée-Montmartre. Li simple nomenclature des bals publics du pa.s.sé serait trop longue, nous ne citons ici que les jirincipaux, et pourtant beaucoup de ceux que nous omettons eurent des jours et des années de succès. Nous citerons simplement le bal de la Reine Blanche, qui avait l'ori- ginalité d'être installé presque à la porte du cimetière Montmartre, et la Boule Noire de la rue des Martyrs. Le samedi .seulement, les boutiquiers des environs s'y donnaient rendez-vous. Nous laisserons la parole à Delveau pour ce qui est du b.d de la Cave. « Arrivé à l'entrée, dit-il, la porte ouverte, on se trouve sur le bord d'un trou qui bée, noir comme un soupirail de l'enfer, .^yant pris son courage .1 deux mains, en gui.sc de rampe, on dégringole au petit bonheur dans l'obscurité la plus complète; une fois la dernière marche atteinte, il vous arrive aux oreilles un bruit étrange. « Le bruit est produit par la plainte mélancolique d'un lifre, .1 laquelle se joint le ricanement aigre-doux d'un violon dominé par le ronflement sinistre d'une contrebasse. A ce bruit il faut ajouter la fumée d'un quinquet unique et les émanations innombrables qu'on ne rencontre qu'à cette distance du sol de la rue. \'ous êtes dans le bal... qui a lieu tous les dimanciies et lundis, de six à onze heures du soir. « Le public ne parle pas, il s'agite comme pour remplir un devoir. Ce ne sont pas IN < AV.\I.U:K -SliLI, I.llliii;,'raphk- Lxlr.iilc du • ('mi^crvaloirc Je la danse muderne •. / I /iiv\r t m wrns irs \(]i:s il plui Ut!, ombres que l'unique nu II qu u II ccbirc que l'cxtrùmc sommet de la ; vil s vi,!MM.UM.N i^iuml les omba-s sont fatigu^-es et que les jamlK-s n iciii "c-s viennent s'asseoir sur des futailles vides qui forment divan a>....ar de U »-.v vi ..-..viit du jaiiw. Ne vous scandalise/ pas trop vite : les consom- mateurs d'eau-de-vic sont les habitants du quartier, et ce quartier est populaire ; ils vom laivsent l'oriieat, laissez-leur le viirinl. les cliifTomiicrs ne sont pas des pndins.... C'e%t U une toile de Van Ostade. ■ Nous ne devons {US oublier le bal du Mont-Blanc, qui fut le rendez-vous des femmes de chambre et des cuisinières; la Rosière, au faubourg Saint-Antoine, qui n'était pas rri»)uenté par k-s jeunes filles de Nanterre, et le Waux-Hall où s'agita aussi l'archet du rc Pilodo. Nous arrivons maintenant à la • Closcrie des Lilas », qui devint le Bullier actuel. Autrefois, sur l'emplacement même qu'occupe le bal, des chartreux austères se recueillaient en des jardins solitaires. Ixs moines s'enfuirent devant la Révolution, et la terre sacrée que foulaient discrètement leurs sandales se transform.i en lieu de plaisir : la • Closerie des Lilas ■. I-i vieille Closcrie des Lilas était fréquentée par les grisettes que Béranger chanta. Il demeurait alors dans la rue d'Enfer, toute voisine, et un soir, flânant à l'aventure sur le boulevard, il entra à la Closcrie. Il fut reconnu et son nom aussitôt paisa de bouche en bouche. Ce furent alors des cris d'enthousiasme; on accourt, on entoure le vieillard, on l'éloutTe sous des baisers et sous des fleurs. « Une des danseuses, dit Delveau, lui ofl"rit son bouquet qu'il accepta les larmes aux yeux; Delphine lui demanda la permission de poser ses jeunes lèvres sur son vieux front, à la place où l'on met d'ordinaire les lauriers et où il n'y avait que des rides! Et le poète, ahuri par cette ivresse d'admiration, permit tout ce qu'on voulut : « Je mourrai heureuse puisque j'ai embrassé Béranger! «s'écria une jeune fille que ses compagnes jalouses de l'honneur qu'elle venait d'obtenir imitèrent bientôt au risque de tuer de caresses le pauvrevieux bonhomme. Oh! ce soir-là, il leur fut pardonné beaucoup de choses à toutes pour l'enthousiasme sincère et passionne qu'elles venaient de témoigner à leur cher poète qui dut s'en retourner meurtri chez lui... ;\ cet instant elles redevinrent toutes gri- settes et se promirent... EIkii fugaces!... » Ce qui distinguait Bullier des autres bals, c'est que le vrai public y dansait : il y allait bon jeu bon argent, avec gaieté. Ce n'était point, à vrai dire, distingué et correct, mais jeune et vivant .sans être /..i \A/.si: i:r /..i l'ui.K.x. i.iis i:\i.s l'ri'.i.ics. • (Jl AM) LLS Cll.VrS SONT l'AKTIS, LES SOI KIS L>ANS1£NT ! » U'arrcs le tableau Je Grolleron. dL-braillc. Le b.il se Jivisait en catégories dirteietites, et les lianseuses passaient Je Tune à l'autre au fur et à mesure que leur talent était reconnu. On y débutait par la « cuisine », puis on passait par cs sans kl. |U vn I! irit (OUI d'abord que le public avait clungé. L'idée ne lui venait pas que ^ntan, mari6( ou décèdes, avaient abandonné le théjtre de leurs exploits à iix et que les sunivants, le dos voûté et le chef blanchi, rendaient I.i liaient des ordonnances. M <. t son illusion s'évanouit devant l'épilepsie de la janilx 'inastique que Terpsichore désavoue et qui relève, à son avis, des désordres iitôt que de la danse véritable. — Q-tte nouvelle couche, dit-il, ne d.inse pas :ne la nôtre — ardemment, fanatiquement!... ^ 'vf ^ Al l'A^S I.ATIN. — À LA I l-OSKRIK l»ES LII,AS. Uaprc» la litho):raphiv du Vcrnier. EL JAI-KO U'aprcs le laMcaii ilc John Sari,'cin. TRE IX lïLS DANSES ÉTRANGÈRES 'Ht î \ LES DANSHS F^PAGXOLES. LK « FANDANGO », LF. « BOLERO » V.T LVS DANSES ORIENTALES. — liAVADERIiS ET ALMÉF^. Ni>cs avons constate, dans les )ircniicrs chapitres, l'influence Je la danse cspaii;nole sui' la danse romaine avec les célèbres Gaditanes et sur la danse française à l'époque de la Renaissance. Xous avons assisté à l'introduction chez nous de la majcstucu.se Pavane qui, d'après un auteur espai^nol de la tin du xv'' siècle, imite les attitudes superbes et prétentieu.ses du paon royal qui va se balançant en faisant la roue. Couramment aujourd'hui on dit encore en Espagne : Son cniradas de pavana, « ce sont des entrées de pavane », en parlant LA I AI im MA D'après une gravure ..u commencement du XIX- siùde. J'y,, homme qui vient gravement et mystérieusement tenir des discours oiseux et ridicules, et : Son pasos ik Bavana, à propos d'un personnage dont îft. /. I /• i Tn.w'icRs i.r.s Miias. h diWiurchc csi J'unc lenteur aflectie. I-j Pavane itait une danse vraiment royale dans laquelle Catherine de Médicis et Marguerite de Xavarrc, femme de Henri IV, excellaient. Ix Timiion ou lord'um, la danse aux nombreuses contorsions, dont parle souvent Hranii>me, nous vint aussi d'au delà des Pyrénées. C'était un des plus anciens pas e^p.)^;nols, et son origine s'entoure de mystère. L> Passa-talU, littéralement • passe-rue », célèbre au xvf siècle en Kspapne, où son succî's alla jusqu'^ la frénésie, aurait tiré st)n nom de l'habitude qu'avaient les jeunes gens de la pratiquer la nuit par les rues. Elle se répandit en Italie et en l'rance où elle fut naturalisée sous le nom de Passacailk, qui n'est, en définitive, que le même mot pro- noncé \ l'espagnole. \x Paspié lui-même, très en \iil;iil chez nous au xvn' siècle sous le nom de Passe- pied, fut une variété de l.i Pavane, et son origine ne laisse aucun doute. Il est presque certain que la Ch.iconc nous vint aussi de la péninsule et qu'elle dut son nom ii son inventeur Cliacon, ce nom patronymique étant .issez fréquent en Esp.igne. Au dire de Fernandez de Cordova, la Chaama ne fut autre que l'ancienne danse desCaditanes, et il en serait de même de VOIè Gaililniio, qui se danse encore aujourd'hui. Un jour de Jksia, le baron Davillicr eut l'occasion de voir VOIc merveilleusement dansé dans un faubourg de Cadix, par une très habile hailarina qu'on appelait • la Xena », ;\ cause de sa petite taille, surnom du reste très commun en Andalousie. « L'O/c', dit-il, exige plus que toute autre danse une grande souplesse de corps et une désinvolture particulière : la Neiîa réunissait au plus haut point ces qualité-s essen- tielles et elle était sans rivale dans les poses renversées. C'était merveille de la voir, aprè-s un p.is d'une vivacité entraînante, se pencher peu à peu en arrière; sa taille, d'une flexibi- lité de roseau, se courbait avec une langueur ciiarmante, ses épaules et ses bras se renversaient mollement et touchaient presque .i terre. Pendant quelques instants, elle resta ainsi le col tendu, la tète penchée, comme dans une sorte d'extase; puis, tout à coup, comme frappée par une commotion électrique, elle se redressa, bondit et, fiisant résonner en mesure ses cast.ignettes d'ivoire, elle acheva son pas avec autant d'entrain qu'elle l'avait commencé. » Quant à la Sarabande, on ne saurait contester ses débuts. Aprè-s nombre de disser- tations publiées ;\ son sujet par des auteurs andalous, il a été prouvé que la Zarahanda fut exécutée pour la première fois ;\ Séville, en i5i%S, par une baladine,« véritable démon de femme ». Jamais, à son apparition, danse ne souleva autant de colères et de tempêtes que celle-là. De hauts personn.ages demandèrent l'abolition de cette « danse infernale ». Ce V(vu fut exaucé, car une ordonnance royale défendit de danser la Sarabande. /. /; .s- / 1 . 1 .\ .s /•; .V !■: r u .\\( ; /:.• r e s. :; : i Nc.inmuiiis clic jouit biciuot ilimc L^raïuic vo';iic à l.i ville et à la ci>ur, et, une cen- taine d'années après son apparition, elle était encore très en lionneiir. An xvii' siècle, elle se montrait pour la première l'ois à la coiw de Trance, dans un bal i]ue Louis XI\' donna à l'occasion du mariai^e du duc de nour>;oi;ne. Les u folies » d'Rspai^ne, les Foliiis, une des danses les plus gracieuses que l'on ait connues, passent pour è'tre originaires du Portugal. Cette assertion est sans doute jus- Llî lANUANUU D'après le laWcau de J. Worins. tihée par plusieurs auteurs compétents. Il est certain pourtant que les lolias lurent usitées très anciennement en Espagne. Elles se sont perpétuées jusqu'au siècle dernier, car on dansait encore les Folias sur les théâtres, mais combien dégénérées. Elles ne méritaient plus guère .i cette époque, au dire d'un contemporain, d'être qualifiées de danse. Les Folias turent l'objet d'un engouement général : on cite le cas du larouclie Pierre I', roi de Portugal, qui y prenait, dit-on, un tel plaisir, qu'il consacrait souvent des nuits à les danser avec ses enfants et les rares personnes dont il était entouré. Les Lolias n'ont probablement jamais passé la frontière espagnole en tant que danses, mais il n'en est pas de même de la musique qui les accompagnait, car, soit M) / I /i I \ \ /' i / /.' 1 y / ^ Ii; /■ V ^ , uHi eu lulic, OU j Ui' ^v^c, ilc iio;iilircuM.'N vjruuuiis sur ce 1 11 iiMiiuv, iit'iis ùcNoiis i i h>pjf;nc 1j piujurt Uts danses nobles, j^raws ci majc^- lui'iso si lun^itcnips en honneur. Chez nous, il est vrai, ces danses se mudilicrent en devenant pKts distingu^x» et d'allure plus légère. Stuis Liuis XV', Lincret et Watteau représentaient souvent les danses champêtres i»ii Jis siifiiiiirs et de nobles dames, parfois des Ivrgers et des bergères, dansaient un Ihlfro, ce qui témoigne combien la furme ••i.icii.tisc vi \i\e de .1 pas était en faveur sous ce règne. Fn étudiant plus loin les danses esp.ignoles actuelles, DUS remarquerons que si, en dehors du Boléro, les anciens p.is nobles et majestueux ont été abandonnés, les vieux bayles d'allure vi- vante persistent toujours. Li danse espagnole , en général , remonte A une haute antiquité. Elle fut sans doute moditiée, dans la suite des temps, par l'in- fluence mauresque; certains de ses mou- vements ont même consené un canictère arabe, mais tout porte à penser, qu'en son essence même, la danse espagnole suit une tradition léguée par les Gaditancs, ces célè- bres .saltatrices de Madrid dont nous avons DANSEISE ESPAGXOLI: t»arrc» une iiihoj.Tarhic de Grenier. P-irlé, qui passionnèrent la Vieille Rome. Li danse des Gaditanes était si ar- dente, que les poètes anciens renontjaient .'i la décrire ne trouvant point d'expressions assez fortes pour en peindre le charme étrange et capiteux. Une danse en usage encore dans les Asturies et en Galicie, sous le nom de Dan^a prima, nous reporte aux premiers âges de la Grèce : c'est une ronde, et la ronde a été, nous l'avons constaté, la première expression de la danse chez tous les peuples. Les jeunes hommes et les jeunes filles se prennent par la main et tournent, pendant que chaque danseur tour à tour entonne une cantilène à laquelle tous répondent en chœur. Ces danses se nommaient autrefois ImiUs en corro ou danses en rond. L'obscurité enveloppe l'histoire des danses nationales du moyen .ige en Espagne. Jovellanos, dans son mémoire sur les Spectacles publics et leur origine en Espagne, sup i.i:s ii\\s/:\ i:ii;\\i;i:ia:s i.i; r.\M>.\Nii<) D'apiiis le lahicau du Kirullcr. pose que la liante se iLluj;ia dans les Asiuries à réiH)(.]ue Je riiivasion des Arabes. On sait que Ivsjm^ltvfs et les livvadorcs composaient alors des balades et des dansas, et l'on cite parmi les danses au xii" siècle celle du iry don AIcdiio cl Biiciio. Le x\ r siècle nous parait être l'époque où les danses particulières furent en plus grande laveur; c'est d'ailleurs en ce siècle que les danses nobles passèrent les P\ renées pour venir à la cour de France. (^n faisait alors, en Espagne, une distinction très grande entre les dansas et les Imyh'S. Les premières consistaient en pas graves et mesurés, tandis que les bayles admet- taient les mouvements les plus libres des jambes, des bras et du corps. Les danzas étaient, de toute évidence, les danses nobles qu'on ne pratique plus maintenant depuis longtemps, et les bayles représentent celles qui sont encore en faveur de nos jours en Espagne. Au xvii" siècle, sous le règne de Philippe IV, la danse théâtrale prit un essor jusqu'alors inconnu. Le thé-itre de la cour, au Binn Riliro, organi.sa les daii:{as hahiadas ou danses parlées, qui eurent un succès inouï. La figuration en était allégorique ou mytho- logique. Ce n'était pas là, d'ailleurs, absolument une innovation, car les danses parlées / t /Mvv/; I TUi\i:i{s i.i:s \r,t:s DANSE DE PAYSANS DE I.A l'UOVIXCE D AVIl.A U'apris le tableau de Uccqucr. (PAo/. I^urent, i .MaJriJ.) ct.iii.iit licjà connues du temps tic Ccrvantè's qui les décrit dans son Don QiiiclwHe. Comme à Versailles sous le grand roi, des ballets furent montes avec un luxe extraordinaire de décors et de costumes, et souvent des membres de la Himille royale y figurèrent. Des poètes célèbres, tels que Quevedo, Luis de Benavente, Lopc Antonio de Mendoza et Calderon, imaginèrent plusieurs de ces ballets. Ces ballets d'action remplacèrent peu .i peu au théâtre espagnol les danses natio- nales, au point que, dans les premières années du siècle dernier, la Sarabande et la Chacone étaient presque oubliées. Mais une autre chorégraphie s'affirmait en ces temps, et l'on voyait le Fandango, le Bohro et les Segnhiillas dominer les autres danses. « Quel est le peuple barbare, s'écrie le poète Tomas d'Yriarte, où cha<.uii ne frémit p.is en écoutant les airs des danses nationales! Aux accents du Fandango toute l'Espagne frissonne, c'est l'air national par excellence, qui accompagne la danse la plus gracieuse et la plus enflammée, celle qui aurait été digne d'être exécutée à Paphos ou dans le temple de Vénus, à Gnide ». M La musique du Fandango, comme une étincelle électrique, frappe, anime tous les cœurs : femmes, filles, jeunes gens, vieillards, tout paraît ressusciter, tous respectent cet air si puissant sur les oreilles et l'âme d'un Esp.ignol. Les danseurs s'élancent dans la carrière, les uns armés de castagnettes, les autres faisant claquer leurs doigts pour en / .So . 'a'iuiI lit ( ]ietc d'introduction; le Iniivrsias ou croisé, pour changer la position des places, qu'on f;iit avant et après la dijcrciuias, mesure dans laquelle on change de pas; vient ensuite \^ finale, qui est suivie du hiai parado, gracieuse attitude, ou groupe du couple qui danse. L'air du Boléro est en 24; cependant quelques- uns sont en 3/4. La musique est très variée et pleine de cadences. L'air ou la mélodie de . cette danse peut se changer, mais son rythme particulier doit être conservé ainsi que son temps et ses préludes, qu'on appelle aussi feintes pauses. Les pas du Boléro se font lene à terre; ils sont glissants, battus ou coupés, mais toujours bien trappes. » Au théâtre, le Boléro est dansé par plusieurs parejas ou couples. Une des plus gra- cieuses postnras ou attitudes est celle qu'on nomme dar la vtiella. Elle consiste pour le danseur et la danseuse à se retrouver face à face après avoir fait un demi-tour. La danse de la femme est infiniment plus expressive et plus passionnée dans le Boléro que la danse de l'homme. Si le Fandango dansé par les gens du peuple dépeint la passion brutale et la vie, nos :»Bl /. t nwsi: 1 THWHUS f.KS AGlî.S. i ikiiMJii II ^i" iiuuiiii- ll.lll^ Il iiioiiuc. Ainsi moucrt' imi h.n hj^hs iiii iiK.uii, Il v;.iK"«. «.cnaincmcnt en grâce, nui* il perd de sa fougue. Ix Holffo ou /W/TH, vif et léger, ne coivstituc pas une danse ancienne, il daterait de la lin du siècle dernier et aur.nt <'i'* in\.iitr ivir Sil>.istiin Catl/u, iili'l>ri JinH-ur du temps de Charles III. Kn résumé, le Boléro est une danse plus noble et plus distinguée que le l'andango : • Le Boléro enivre, a-t-on dit ; le Fandango enflamme. » — Les deux danses ce|K-ndant sont proches parentes et elles offrent, l'une et l'autre, quelques analogies avec la StguUilla. Far Seguidilla, on entend aussi bien un certain genre de poé-sies populaires qui accomp.ignent les danses de ce nom, que la danse nationale elle-même connue de tous. Le pas des SfgiiiJillas actuelles fut exécuté, dans la Manche, au commencement du siècle dernier, c'est pourquoi elles sont désignées sous le nom de Segiiidillas manclxgas. G.'pen- dant des Seguidill.is, très différentes peut-être du pas actuel, sont fort anciennes. Cer- vantes en parle quelque peu dans son Doii Qtlicliotle, et Mateo Aleman, auteur andalous qui vivait à la fin du \\f siècle, s'en occupe dans son célèbre roman picaresque : Vida y IwIjos Jel picaro Gtismati de AlfaraclK. « Les édifices, les m.nchines de guerre, dit-il, se renouvellent chaque jour. . . les chaises, une armoire, les tables, les lampes, les chandeliers changent aussi, et il en est de même des jeux, des danses, de la musique et des chansons, car les Seguidillas ont remplacé la Sarabande et feront place elles-mêmes à d'autres danses qui disparaîtront à leur tour. » « M. Soriano l'uertes, dit le baron Davillier, auteur d'une "excellente histoire de la musique espagnole et l'un des compositeurs les plus populaires de la péninsule, pense que les Seguidillas peuvent être considérées comme les plus anciennes danses d'Espagne, si l'on excepte cependant les baiks en corro (danses en rond) et la Daii:^a prima, encore en usage dans les Asturies et qui remonterait aux âges reculés. Soriano Fuertes pense qu'une grande variété dans les figures, une grâce modeste et beaucoup d'entrain sans licence font de ce pas un divertissement populaire des plus iionnêtcs et des plus gais à la fois et qui contraste d'une manière remarquable avec le laisser-aller quelquefois exagéré des danses andalouses. • En Andalousie, les Seguidillas occupent .\ tel point tout le monde, petits et grands, pauvres et riches, que les ahamcos de calaiia, éventails populaires, que l'on vend deux ciiarlos. aux abords de la p/Ias de hiile, sont d'ordinaire vifs et de la plus franche gaieté. IN .ME NI' ET D'aprùs le tableau Je D. T. l'ucbla. nnl. /..lurcnl, .i Ma.lri.i.) Dans la .Manche, la province la plus enjouée de l'Espagne, celle dont les habitants aiment le plus la musique et la danse, les Seguidillas sont improvi.sécs couramment par les poètes populaires : les copias de seguidillas qui courent les faubourgs et les villages, sifflées par les muletiers, exhalées par les tavernes, traversant dans les campagnes l'air embra.sé du jour, sont innombrables : Dans la Manche les jeunes filles Triomphent dans les Seguidillas.... Les couplets de la Manche sont réputés : certains d'entre eux sont l'objet d'un 3? / I NI I I.' \ \ /■■ I.' y. / / ». 1 r, r" \ ciigulicmcnt pjvsagrr, i.iiiUi.-> «^uc Ujuirci» !>'a|uuuut au (uiriinuiiic d'antiques rcfrjiiis tr.iMMui> J'ini- en âge. ILs sont iinpriiiU-s 1 Barcelone, aux environs de Séville ou à Madrid, et vendus par les libraires en plein vent et les aveugles. Le tlicine des foplaj de segiàdillas est, bien entendu, le di!-sir, l.i |)i.uine uu la joie de l'amant, et parfois aussi son trouble, sa jalousie et ses fureurs. Ij poésie est toujours de la plus grande simplicité : elle se compase de Iti copia (couplet) et de Yfslnhilh ou refrain. llANSL 1>K PAYSANS AHA(jliNAlS baprcs le tableau ilc Huiz Je Valdivia. i/'/m/. I.jureni, j MjJrU. Au cours Je mes voy.ajjcs aux îles Baléares, je séjournai à Pollensa, petite ville voisine du cap Formentor, où je notai quelques malafjuenas qui nie paraissent avoir des rapports avec les copias de segnidilias. Ce sont les mêmes pensées poétiques, trè-s douces, étranges même parfois, dont le tliéme éternel est l'amour : Uiia tsirclla se Im ttrdida En et ciel v no parece ; lin tu cara se Ixi metiih Y en tn /renie resplendece. A un sahio le pregunU De que' mal me moriria J me ilijo : t Del qiurer! • Serrana, que telenia!... f< Une étoile s'est perdue — Dans le ciel et ne parait plus; — Vers toi, aimée, elle est venue, — Elle resplendit sur ton front. « Je demandai .i un savant — De quel mal je mourrais. — Ut il me dit : « Du mal d'amour! » — Femme, je t'aimais déjà,... /. i:s /) 1 v.s-A'.v /■• 77M V(; /;a'/;.v. l N IIM. l'ilITI AlUi; A SlJiilVIi; D aprùs le tableau de Garcia .Mencia. ( Phnl. L.iurciil, j MjJriJ. Je les entendais partout ces copias de malagiu'ûas, le vent les apportait à travers la montagne, les flots de la mer en berçaient la cadence, elles suivaient les routes pou- dreuses avec les travailleurs, elles liruissaient sourdement, le st>ir, dans le nivstère des patios crépusculaires, accompagnées par le grincement étouffé des guitares. La plupart des provinces d'Espagne ont des Seguidillas qui leur sont ]iii)pies; au fond, c'est toujours le même principe chorégraphique que dans la Manche, mais la danse s'est moditiée un peu suivant le caractère des habitants. Hn Andalousie, ce sont les Sigiii- ri\as, les Gilanas, les MoUares, les Scvillaitas; en Aragon, les Aragoiwsas; à Valence, les FaleiicianaSyVK., etc. HnGalicie,on les nomme Seguidillas gallfgas ; àSantander, Pasicgas; .et, au pays basque, Qiiipii:;coaiias. Peu d'Espagnols ignorent le pas des Seguidillas. Le baron Davillier raconte, .'i propos des Seguidillas, une scène de danse loit inté- ressante à laquelle il assista à Albacete. « Un jour, dit-il, que nous nous trouvions à hifcria d'Albacete, une des principales villes de la Manche, nous eûmes l'occasion de voir danser les Seguidillas iiiancbcgas avec leur vrai caractère national. De nombreux danseurs des deux sexes, appartenant .'i diverses localités voisines, s'étaient donné rendez-vous dans une salle ba.sse du parador de la diligeiuia, la meilleure auberge de la ville. Au lieu du marsille aux couleurs éclatantes, x,3 LA b.WSE A THAVEHX LES .\QES. \t piilatftro^ruwYt^vsiciamarTa tic peau «l'a|;ncJU, ci une montera en dut s4uvaf;c rciiipljs'jit »ur m itftc le ctaviiquc sombrero ealaïus, si clicr aux Andalous. Il avait à {vinc cuiunu-iicc à pK-luJcr en mineur avec quelques aq>cgc» rapides, que chaque danseur choisivtjii sj /urr/. I s SES E IRA .\(j ÈRES. ::<(.> >;oiu-sii, J.uisc nationale de l'Arayon d'orij^iiic très ancienne que certains croient dérivée Je la Passacaille, si •coûtée par les races latines aux \vi' et xvn" siècles. Quoi qu'il en soit, h Jolii est une danse proprement espa>;nole d'un caractère très spécial, se distiiif^uant par sa tenue des danses andalouses. L.I Jolti anime toutes les fêtes populaires; elle ajoute même son éclat à certaines fêtes religieuses. La veille de Xoël, en .\r.ij^on, on danse avec acconipai;nement de citants LA .t I ^ nwsr a THAViciis- if: s- Ages. cuiît t! Il 1.UHII.III l'Hii m: j^.iuii: m iic point b tr.iiiii .iMi. ii'iiN les f-gards qu'elle mi'rite à Icun yeux. Les Araguna» ont traduit leur .idniir.iiiun |H»ur la Jota en couplets poputairn. On dit. répètent les chanteurs, que les Andalouses sont les plus ilégantes, mais les jeunes filles d'Aragon en grûce les suqiasscni. Q-ux qui vantent la Cacliuclia de Cadix et de jerez n'ont certainement pas vu danser une seule fois la Jota! Dans la ville de Pollensa, i Majorque, les patron», de l'auberjje où j'étais logé IN JOI II liK liKKVE À .MALA(iA D'après le tableau Je l 'crrandiz. ( l'hol. l.jurenl, j MjJrtd. ) organistTcnt une sorte de fôte où furent conviés les plus délicats musiciens Je la ville et les plus fines danseuses. Une immense salle, débarrassée de ses meulilcs et garnie de chaises tout le long des murs, fut transformée en salle de danse. Le soir venu, des jeunes gens munis de leurs guitares arrivèrent ainsi que des jeunes filles, parées de leurs plus beaux vêtements avec une fleur dans leurs cheveux noirs, et qu'accompa- gnaient leurs fimilles. Lorsque tout le monde fut en place, que les côtés de la salle furent occupes par les spectateurs, et que les couloirs mêmes se trouèreent encombrés, deux guitares et un /./•;.v n.wsEs f-:rR.\\(i/:R/:s. :().T IIAI. CHAMPETRE DE .MAJOS D'aprOs 1k lahicaii Je l'crcz Kiihiu. ( Phol. LjuiciiI, a MjJriJ. violon cxccutcrcnt une brillanti; ouverture dont le tiiènic- était forme par les airs les plus populaires de Majorque. Une toute jeiuie fille et un garçon, les castaj^nettes aux doifi;ts, dansèixiii (.hmiiu une Jota charmante, au son des guitares et au bruit assourdissant des castagnettes, que des danseuses au repos taisaient claquer sans trêve. Cette danse majorquine n'a ni le brio, ni le côté voluptueux des Jotas continentales, mais elle est d'un caractère primitif, honnête et d'une naïveté charmante. D'autres provinces en dehors de l'Aragon ont aussi leurs Jotas, la Xavarre et la Catalogne entre autres. Lx Jota de \'alence, la Jola Valciiàaua, ressemble beaucoup à celle d'Aragon. Les Valenciens ont été de tout temps passionnés pour la danse. Des auteurs assurent que, dés le vu'' siècle, l'entrée des archevêques à Tarragone était célébrée par des danses. En 17O2, lorsque fut posée la première pierre de la cathédrale de Lerida, une troupe de danseurs fut appelée de Valence pour célébrer cet événement par un ballet. I_l Juia \aiclKl.in4 Mit ci.lvjmr Hs v.ist.ij^nittis n.ms i.<.ii.iimN (.iiiinunii-s tiiiHiMis. !"' - !» joie de voir aller avec les anc. ■ •■ '■< iiiif;flfs, les enfants qui meurent. l>..o .l^ ..... instances, les cloches de la pai... ; lieu de lofar a nintrlo, comme dans les «.Js nrdinaircs, hviiii à gloria, c'est-i-dire sonnent comme pour une fête. \\>ici maintenant le Jaleo dt Jerr^, ^-tuurdissant, imprévu. Il est exécuté p.ir une iMt.in.1 A la cambrure souple, qui danse les ca.stagnettes aux doigts. Aux accents de la :.ire, sur l'air d'une vieille chaïuwn d'amour, elle s'élance et bondit; bientôt la voici qtii fuit et revient, lépère, vertigineuse. — Et \cs a/inonai!os battent des mains. OU!... Chaque province d'Espagne a ainsi ses danses traditionnelles dont les habitants sont tiers et qui les passionnent. Il n'est p.is d'Espagnol, dit-on plaisamment, qui ne préfère rctomlxrr sous la domi- nation des Maures plutôt que d'abandonner .ses olà et ses corridas : • itnse Moros Qiif rtiumciar a fus olA Tixtitos lot lispagiiflirs I a mflrorriilas Je tcroi! Li Galli-gada est une d.uise propre à la Galicie; on la retrouve cependant à Madrid et en d'autres villes d'Espagne, mais les Galiciens sont renommés pour la per- fection qu'ils y apportent; elle est pour eux un véritable culte, et ils sont très fiers de leur incontestable supériorité. C'est d'ailleurs une danse qui ne manque ni de charme ni d'originalité; elle tient la première place dans leurs divertissements, et c'est la seule danse qui leur .ippartienne exclusivement. Outre la GalUgada, et la Dati-a prima, les Galiciens pratiquent une autre danse qui leur est commune avec les gens des Asturies : la Miivneira, qu'acconip.ignc d'ordinaire la gaila, sorte de cornemuse dont les accords se- font entendre dans toutes les fêtes publiques et privées. Dans la Vieille-Castille, dans llîstramadure et à Salamanque, on se livre ."i las Halms vfrdcs, danse populaire qu"accomp.ignent des couplets et des refrains. Le mot Polo, comme celui de Segiddilla, s'applique aussi bien ;\ une certaine danse qu'aux cliants qui l'accompagnent. Ces chants, ainsi que les liranas, les roiidcnas, les olés, les tnalrtgueiias, les tonadas et d'autres encore, sont d'oritiine mauresque. Le baron Davillicr raconte une jolie scène de danse de Polo : « Le chanteur, dit-il, promena un instant ses regards sur la partie féminine de l'assemblée, et chanta, après avoir regardé en souriant une des plus jolies majas : Fen aca Mquiya Que u jundt medio Seviya! Qut vamos a bailar un polo Que se junde medio Sn-iyal /. I-: s i).\ Y .V /•: .s- /•; r h.wc /■: a /•; .v . :. ,- I' \'i(.ns ici, petite, nmis .liions li-iiiser un l\)lo qui fcr.i crouler la moitié de Séville. ' •• Li niiijd que le luirlvio (cli.uiteur .uid.ilous) veii.iit il'.ippeler .'i l.i «.l.mse ét.iit une jeune fille d'environ vinsjt ans, souple, robuste et potelée, lille s'.iv.uiça avec ce Ixilan- cement de hanches plein de désinvolture qu'on appelle le iiiriuv, et se campa LU F.XNDANGO Daprcs le uihleau de Francùs. (Plmt. /..iiit\-iil, i M.i.in.l. fièrement au milieu du patio, en considérant longuement r.assistance. Elle attendait son danseur. Les castagnettes commencèrent à se faire entendre, accompagnées du son joyeux des pandcretas , tandis que de leur côté les assistants marquaient la mesure avec des ttalmadas, c'est-à-dire en donnant tour à tour avec les doigts de la m.iin droite deux coups secs dans la paume de leur main gauche et en frappant les deux mains ensemble; d'autres donnaient de petits coups de talons sur les dalles du palio, ou les frappaient en cadence du bout de leur canne à épéc. « Lx danseuse, mer\'eilleusement secondée par son cavalier, n'avait pas du reste besoin de ces excitations; tantôt elle se tordait comme pour échapper à la poursuite de 38 >M I I t)\\sh: A TRW'KRS LES AGES DANSE Fl'XEBkE l'ar U. 0<>rv. — Uravurc extraite Uu l'oyage en Est-igne, par le barun Ua\ illicr. {Iljchelte et Cie, éJit.) son pnncnairc, tantôt clic semblait le provoquer en relevant et en abaissant tour à tour, à droite et à gauclie, le bas de sa robe d'indienne à volants qui flottait en laissant entrevoir un jupon blanc empesé et le bas d'une jambe fine et nerveuse. • L'enthousiasme commen(,"ait à gaj^ner tous les spectateurs.... On prit alors un tambour de basque, on le fit résonner quelques instants, on le jeta ensuite aux pieds de la danseuse qui se mit .i danser autour de l'instrument en redoublant de verve et d'aj^ilité. • Bientôt les deux danseurs, épui.sés, hors d'haleine, allèrent tomber sur un des bancs qui garnissaient le ptilio.... » Ix- mot de Cihlmclkt s'applique à une danse nationale espagnole, mais on désigne aussi par ce mot tout ce qui est frêle, joli, gracieux. Le quatrain suivant explique d'ail- leurs le sens que les Espagnols y attachent : SU Mchucba, por la mar A tcdos fienlos caniina. Ptro niinca t\i wfjer Que cuando tu dt Mina. La Cachiicha est dansée, selon Blasis, par un cavalier ou une dame .seule, sur une mesure de .^4, mouvement modéré. « Le danseur augmente peu à peu la rapidité de ses pas et le bruit des castagnettes qu'il tient enfermées dans ses mains. L'air en est /./•;.v />.IV.S7:.S KTN.WCKRKS. 2III-I ii.-i:,A\\.w nNiiini. ii.ùiuii.il, 1.L !<.> j>.is, CDiiiiiic If cli.iiu, sont v,.ùs, «jr.icicux et passioniiL's. Le buste joue un i;r.uiJ rolc, ainsi que la tète, dans les inouveiiients expressifs qui carac- térisent la danse. '» Nous avons encore à noter, parmi les danses actuelles d'Hspaune, cl ZupiUi-tulo et la Giiiiniihit dont les mouvements sont identiques; cette dernière pourtant ne se danse qu'au théâtre. Le Zorongo est d'allure simple et de mouvement rajiide : on va de l'avant, on revient en arrière, battant la mesure avec les mains. l-.l Tripili Tnipi^lii offre une jurande analogie avec le Zorongo, dt)nt il se distingue surtout par les trois demi-tours qui le terminent. Zoiongo et Tripoli Trupolo sont d'ailleurs des danses originales et charmantes, et la musique qui les accompagne est toujours harmonieuse et douce. \ous ne pouvons terminer cette revue des danses espagnoles sans parler de l.i Tarasca, danse aussi populaire, depuis le moyen âge, dans le midi de la France que l'animal fantastique dont elle iiorte le nom, et qui est également en usage en Kspagnc depuis un temps immémorial. Quevedo en fait mention, et Cervantes, dans son Viage al Paniasso, dépeint le monstre avec son ventre énorme et son cou démesuré. i:i. j.M.i;») Daprcs le lahluau de .Moreno. (l'hnl. I.jurcnt, .1 Mj.trU.i / I /) I \ i; II» ■/;/»• s /./;v ici: s lui 1-07, Jji» lo icto ùoiiiKci jHJur ccifPar u |>ri)iiuiij;.itii)n Je la Uiikum.' Lothit- tiuum, on vit ' !.t djni« de b To dents avec un grand bruit. Sur le dos de la tarasca était assis un mannequin lubillê en iemme auquel le peuple donnait, on ne sait trop à quel propt"-- '• ".mi .le .-/«»i\\sj:s i:Ti{.\\(ii:i>. .-«Il DANSE DES « COSIEIIS » X .MAJOUQIE D'après une t;ravuro ilt l'ouvratic de S. A. 1 archiduc Salvalur. peuples (J'F.urt)pc. On > re- trouve .1 peine le souvenir des Janses mauresques qui les influencèrent un instant. ^îais si r Espagne con- serve encore la j;ràce et l.i fougue de ses danses d'autre- fois, la Grèce a gardé les tra- ditions de charme et de poésie des rondes de l'antiquité, de même qu'elle se livre à des danses guerrières rappelant la Pyrrhique primitive. Comme au temps d'Homère, les Grecs modernes dansent la Camî'wk qu'Héi^liestios cisela sur le bouclier d'Acliille. Les danseuses, vêtues d'étoffes légères, la main dans la main, guidées par une d'entre elles, imitent dans leurs rondes les inextricables détours du labyrintiie et représentent l'épisode d'Ariane et de Thésée. Cette danse, au rytlimc lent, d'expression tendre, se dérouie en scènes enchanteresses. On croirait voir les Grâces qu'Horace nous montre formant des rondes avec les nymphes. Les Grecs ont beaucoup d'autres danses antiques. L'Armiilc rappelle les exercices guerriers des Hellènes au temps où ils allaient au combat en dansant, connue faisaient ailleurs les Lusitaniens, suivant Diodore de Sicile. Celui qui mène l'Arnoute' anime les danseurs en chiquant du touei et en agitant un bâton dont il est armé, courant vivement d'un groupe à l'autre; les danseurs, les mains entrelacées, le suivent en cadence. Vloiiii-init-, véritable danse bachique, est encore pratiquée en Grèce, et surtout .\ Smyrne, en Asie Mineure. On retrouve quelques traces de VAitgrisiiuhic, qui célébrait jadis les fêtes de Vénus, et aujourd'hui encore, les jeunes filles, après avoir empli leurs amphores à la fontaine d'Eleusis, forment des rondes en chantant. Les Grecs dansent la vieille Pynhiquc en robe courte, avec un carquois garni de flèches sur l'épaule et l'arc à la main. Les Klephtes pillards, développant une longue chaîne, imitent les mouvements d'un chorège qui les mène, et cliantent tandis que le chorcge marque la mesure en balançant la tète. I. II est à noter que la plupart des danses, en Grèce, sont menées par un danseur. Est-ce un sou- venir des antiques chorégcs ? l..\ n.WSE A THMKHS LUS AOKS. I'cu(-circ U Jan^a dt lai tspoJat, qui fut en vo^ui' Jûiis les CoMiilcs du temps Je Grrvantô, et U danse de • la reine des ipécs », quftn of suwds, danse qui eut son heure de nicco en Anfîleterre, sunt-cllcs un souvenir de la Pyrrhique des Grecs. Kt d'ailleurs, les danses guerrières ont existé chez tous les peuples; les vieilles estampes si étrangement belles du Japon nous montrent des guerriers armés dansant une sone de Fvrrhique expressive et presque violente, La Grèce conser\x donc encore le souvenir des glorieuses origines de ses danses et, par leurs rjthmes expressifs, symbolise ses joies ou ses douleurs : la ronde lugubre que les femmes souliotes dansèrent avant de mourir exprimait leur désespoir, comme les danses de leurs ancêtres, quand ils allaient affronter l'ennemi, animaient leur courage.... Lorsque Ali, pacha de Janina, consommait par le fer et par le feu la destruction de Souli, soixante femmes, réfugiées avec leurs enfants sur une hauteur, considéraient l'af- freuse mêlée où succombaient les leurs. Au moment où tout espoir les eut abandonnées, ces femmes, debout .sur la cime d'un rocher taillé à pic, précipitèrent leurs enfants dans l'abime ouvert devant elles et au fond duquel mugissait un torrent. Puis, se prenant l'une l'autre par la main, les soixante femmes formèrent une ronde échevelée. De temps à autre l'une d'elles, .se détachant du groupe, s'élançait pour disparaître dans l'abime; la ronde, un instant interrompue, reprenait sa cadence funèbre et une nouvelle victime se séparait encore de ses compagnes Quand la danse cessa, le roc était désert; des profondeurs montait seule la plainte étemelle des eaux, et dans la plaine apparaissaient quelques filets de fumée sortant de brasiers à demi éteints qui avaient été des villages. Depuis des siècles, en Grèce, la danse transformée s'était séparée des pratiques du culte. Seuls, les habitants de quelques provinces reculées, presque sauvages dans leurs mont.ignes, semblent mêler encore s.i cadence à leurs rites sacrés. Dans la Sparte moderne, .\I. Henri Iklle vit exécuter un soir le Syrtos, danse grave et lente qui dut avoir, à l'origine, un caractère religieux. " Les danseurs, dit-il, se tenant par la main, tournaient en rond avec un balance- ment monotone. Quand le vin raisiné eut circulé, il y eut plus d'animation. Un grand jeune homme en fustanelle se leva, et commença à exécuter, d'un air grave et sérieux, quelques pas légers et as.sez gracieux; puis il se mit à tournoyer avec une rapidité extra- ordinaire, tantôt s'accroupissant jusqu'.i terre, tantôt se relevant en sautant, en se balan- çant en tous sens, et en gesticulant avec ses bras à tort et à travers, tout cela sans grâce et sans que ses mouvements eussent aucun rapport avec ceux de ses comp.ignons. Devenu le chit de file de toute la bande, il agitait son mouchoir J'unc main, et de l'autre tenait i.Rs i).\\si:s i:tr.\\i;i:ri:s. .Vo son voisin par le cou. La dan>c CLUuiniia, ^il^.p^.•iLl:^L it i;r.ivc, juM^u'à cl- cy.c la laii_mic tofij-at les acteurs à se reposer. » ( L'Eubée (.kl Nord, dit-il dans une autre partie de son voyage, est renommée pour ses danses; celle qu'exécutaient les habitants de Mantoudi n'est, je pense, que la représentation clioréyrapliique du mouvement rythmé des pêcheurs iialant leur lîlet sur la plaj^e. « Dans l'Ile de (Ihio, la danse est conduite p.ir une musique ;\ la turque qui n'était l\ U.\U.E DE (ANDIL .\ SÉVILI.E (lIAI. DES CiENS Df I'EIIM.E) Daprùs uiic ;;raMiii; sur Imis île Dorii, extraite du r une ronde véhémente. Bientôt les dan- seurs se quittent et se tournent le dos, faisant mine d'être fâchés l'un contre l'autre, coiume dans la .scène de Gros-René et de .Marinette. J'aime ic bruit du tambourin : u Si j'étais tille de marin lit toi pcLhcur, nio disait-elle, Toutes les nuits joyeusement Nous danserions, en nous aimant, Ijx tarentelle ! » « \'oiIà ce que tout le monde jieut voir dans la villa Reale, la veille et le jour du pèlerinage de Piedigrotta. « Le gondolier et les matelots du beau pays de lumière se livrent à d'autres danses encore. Les villageois, jardiniers ou vendangeurs de la campagne de Rome ont une prédilection toute particulière pour le Salltiirllo au rythme antique. Le danseur pinçant de la guitare, la danseuse agitant gaiement le tambour de •basque y luttent d'agilité. C'est la danse qui accompagne toutes les fêtes champêtres. Les lourds patres de la Calabrc .s'agitent furieusement dans la danse de la Brebis; les Milanaises élégantes, les gens de la haute Italie s'adonnent aux balancements de la Monlfiiinc simple et gracieuse. Ainsi la danse varie suivant les contrées de l'Italie, mais partout elle reflète le caractère du pays et de ses habitants. Ln .\ngleterre, au contraire, cet exercice contraste vivement avec les habitudes nationales : la danse y est vive, bruyante et obéit à un rythme rapide. « Mais, dit Elise Woïart, si elle est en opposition avec le caractère de la nation, elle donne au moins une idée fidèle de .ses mœurs. Dans cette danse comme dans la \ le •59 D.WSELSE TIUQLI-: D'après une f{r.ivurc du xvni" siicle. / ( /' I \N/ I TKWHKS l.KS A (il-: S. vi.iii. Jks Aiif^lais, les liummcs ....a ...ju- rcrs dck fcnuncs. La datiscuM.* indiquât* par II t) nuitrc de c^-rcmonic à un cavalier, ou ■ iNic d'avance par celui-ci, est ordinai- rement sa compagne pour toute la soirdc. «' L'Anglaise se compose d'abord d'une *.h.iine redoublée formée par deux couples qui descendent ensuite entre la colonne, remontent en sautillant, balancent et font l.i demi-chaine, puis un tour de main avec chacun des danseurs et des danseuses suc- cessivement ; ce sont des évolutions qui se- raient |>our nous une fatigue au lieu d'être un délassement. » Quelle est l'origine de la Gigiu} Il est assez difficile de le dire. .\1. Desrat re- marque bien que Feuillet en écrivit la mu- sique et la chorégraphie en 1710 dans son Traité; mais la musique et la danse de ce temps ne ressemblaient guère aux trémous- sements bien connus des matelots anglais, qui n'ont jamais, que nous sachions, été admis dans les salons et au théâtre. Li Gigue, au sens qu'on lui donne ordinairement, est une danse populaire qui ne s'exécute que sur les places publiques. Elle est constituée par les pas bizarres d'un cavalier seul, qui tient une petite baguette sous le bras droit et marche sur les talons en croisant et en déplatjant les pointes des pieds. Dans leurs jeux et leurs fêtes, les Hcoss;tis s'adonnent au Ghillie Callinii, d'antique origine. C'est moins une danse véritable qu'un exercice d'adresse auquel se livrent les Highianders au milieu du cadre merveilleux des montagnes d'Ecosse : le danseur, les bras étendus, claquant des doigts, excité par ses propres cris, bondit aux sons du pihnxh entre les lames des claymores allongées en croix sur le sol. Revenons sur le continent, à l'autre extrémité de l'Europe. Au dire de Fertiault, les Russes, en leurs danses populaires, piétinent sans presque changer de place. <■ Ils pi- rouettent .sur la plante des pieds, exécutant une lourde pantomime qui leur fait remuer sans trêve épaules, bras et hanches. C'est aux sons d'une longue guitare appelée balalcica DANSEUSE TLRQIE l)apri-> le tableau de Bcrticr. {PhntogrJfhie Jt Itrjun, CUment et de.) /. /•: v / ) I V x /•: .V i: r i; a m; i: h /•; ,v. ?* r «.ju )is M. iiMLiii .1 ^l.^ i.PM.ill.itii>ii> s.uis yn'icc qu'excitent parlois les chants, les cris ou nicinc les sitflcnKiits des spectateurs. » Cet auteur ignorait !.t Priilr Riissiciiiu-, et les chants et les scènes de danse de l'armée. « Aux jours de tète, dit M. Gaston Schefler, dans 'i'Illiistratiou du i" décembre l8()4, dans une t;ran_ye ou .1 la porte d'un caharet, le joueur de t;uitare, que nous retrouvons ici comme en Espaj;ne, lait entendre une mélodie lente. Le danseur, qui est I..V T.MilîNTLI.I.i; À NAI'l.r.S Daprùs une pholofiraphic de Soniiv.or, à Naplcs en même temps chanteur, exécute un premier pas seul. Il hap)ie la terre du talon, d'abord lentement, puis avec une rapidité croi.ssantc. Il a les mains posées sur les hanches, le buste droit; ses mouvements sont graves. Lorsque le pas est terminé, il se dé.saltère d'une tasse de thé brûlant, puis le divertissement continue. Cette fois, le danseur n'est plus seul. Une dan.seu.sc s'est présentée, et, sans se toucher, ils exécutent tous deux une pantomime vive et animée. La jeune tille s'enluit poursuivie par l'amoureux : elle lui jette une Heur pour l'arrêter; il la ramasse et cherche de nouveau à la saisir Et voilA la « Petite Russienne. » \'oici maintenant la danse au bivouac : « Les chreurs régimentaires n'existent que LA TUA \'i:i< u;/:.v. dans l'jnn^- mvsc. En litc de chaque r^imcin, un peloton, composé des liommes qui ont la plus belle voix, marche i pied ou i cheval et entonne des chants ix)pul.iircs j>our abri-^'ir la longueur de l'étape et faire oublier la fatigue, • Généralement un des hommes choisi parmi les meilleurs musiciens chante seul le couplet, et ses camarades reprennent avec lui au refrain. Au campement, les chcvurs accompagnent les danses que les soldats exécutent deux par deux, |K)ur pxsser les longues soirées d'été avant d'aller dormir dans leurs baraquements. Hn Russie, d'ailleurs, comme I.K RETOIR DES MOISSONNEl RS Daprts le tableau de l.4opoKI Kobcrl. dans tous les paj's slaves et en Grèce, la danse ne se sépare guère du cliant. D.ins toutes les provinces, il y a des chansons dansées, toutes d'un mouvement vif, parfois verti- Li Russie a conservé la tradition de quelques danses militaires. En ce pays, l'armée forme une grande famille, et les officiers encouragent les distractions collectives des soldats et même les organisent quelquefois. Après la manœuvre, ils s'adonnent fréquemment .i des représentations et à des danses. C'est naturellement au camp des cosaques, dit l' Avenir militaire, que ces amu- sements de soldats ont le plus de caractère. Le plus souvent, on voit un cercle formé autour d'un danseur qui exécute un pas ondulant, qui s'anime peu à peu et danse un véritable pas allégorique de ballet, véritable roman militaire mimé, car il tient ses armes à L/:s /».i V.S7--.S j:ti< \\(ii:i }H.-t jIc^ de Jlcurs . J«.^ ^luiiictm d'' ' Icrrcrics. Di; ilcmciu leur* Jjiih^, uu Jacques Arano, daiih mui l\'\,ij;i aiiii. Hllc a quelque;» rapports Nou> l...^^*■n^ ..I J..I..IV .. M. LouU Rous-seUt, dont les études sur f Inde dts rajahs ' '•■ i;rand retentUscnu"' ''"iii 'm •■■ souxiLiit; II hkus ilturit Ils stiius .luxoiulU-s ' Je pris place, dit-il, sur un moelleux divan et fus imnicdiatenient entouré de iteurs m'offrant des sorbets et des fruits, ou m'aspeigeant d'eau de rose avtc de grands flacons d'argent. A quelques pxs de moi, les bayadères au teint paie, aux grands veux noirs, couvertes de diamants et d'étoffc-s précieuses, étaient accroupies près de leurs musiciens, attendant le signal de la danse.... » Alors les danseuses se levèrent et, déployant leurs écharpes, secouant leurs jupts plissées, firent vibrer les bracelets de grelots attaclit-s à leurs chevilles et qui servent à marquer le pas. Après un chœur préliminaire, accompagné de violes et de tam-tams, ellts formèrent un demi-cercle et l'une d'elles s'avança jusqu'à nous. Les bras arrondis, le voile flottant, elle tournait doucement sur elle-même avec un léger frémissement du corps, qui faisait résonner ses grelots; la musique douce et langoureuse semblait la bercer; ses yeux étaient à demi fermés. Elles se succédèrent ainsi à tour de rôle; l'une simulant un charmeur de serpents ou un lutteur; l'autre, ardente, tourbillonnant avtc rapidité; une autre, parée d'une gracieuse toque brodée de perles, suivait la musique avec un coquet mouvement de corps tout paniculier. Elles finirent par une ronde animée, accompagnée de chants et de battements de main>. >< Dans tout cela, rien de cette grossière inmioralité que l'on s'attend communémer.t .1 trouver dans les danses de bayadères; leur maintien est toujours modeste avec une pointe de coquetterie, et leur costume est plus strict que celui des femmes ordinaires. Il ne faut pas non plus chercher là une danse dans toute l'acception du terme; des peser, des attitudes, des chants, voilà ce qui constitue le iiautch officiel des Hindous. Je dis officiel, parce que j'eus depuis l'occasion de voir des danses d'un tout autre caractère, auxquelles les étrangers sont rarement admis; celles-là sont de vrais ballets, un peu comme ceux de nos opéras, mais tout pleins du caractère ardent et voluptueux de l'Orient. Dans toutes les autres occasions, la danse est tellement guindée et parfois si peu attrayante, surtout si les femmes ne sont ni jeunes ni jolies, que bien des Européens dé-sappointés se figurent assister à quelque lugubre cérémonie. » f^^"?^, vr""5w ^ i./:s ii.ws/^s f:i R\\(]i:Rr:s\ A la cour du r.ijah de Bhopal, il vit exécuter une danse channante entre toutes : « Après une danse de jeunes hommes, les cathachs, une danseuse apparaît. F.lle est vêtue du costume des leninies du peuple, et porte sur la tète une roue en osier d'un assez jjrand diamètre, placée d'une manière parfaitement liorixontale sur le liant dii crâne. Autour de cette roue sont pendus des lils, également distancés, et munis, ;\ l'extrémité , d'un nœud coulant main- tenu ouvert au moyen d'une perle de verre. La danseuse s'avance vers les spectateurs , tenant une corbeille remplie d'œuls, qu'elle nous présente afin que nous puis- sions constater que ces œufs sont bien véritables et non pas imités. « La musique entonne un rythme saccadé et monotone, et la dan.seusc se met à tourner sur elle- même avec une ex- trême rapidité. Sai- sissant alors un œuf, elle l'introduit dans l'un des nœuds cou- lants, et, d'un mouvement sec, elle le lance de manière à serrer le nœud. Par l'eiTet de la force centrifuge que produit la rapidité du mouvement circulaire de la danseuse, le fil tenant l'œul se tend, et celui-ci vient se placer en ligne droite a\ec le prolongement du rayon correspondant de la circonférence. Les uns après les autres, les œufs sont lancés dans les nœuds coulants et viennent bientôt former une auréole horizontale autour de la tète de la danseuse. A ce moment, la danse devient de plus en plus rajiide ; 4.0 RONUE 1CNFAM1N1-; DANS l NE lU E DK LoNDUICS D'après le dessin ilo (j. Otirc. .1m I TUA IHltS I.KS AGES. c c- • l»cut JiMiiiKucr le irjiis de U jeune femme; le moment est cri- :ic fan< pa«, le moindre temps d'arrêt, et les œufc se brisent les uns contre le» autres. Mai inmcnt interrompre la danse ? comment s'arrêter ? Il n'y a qu'un mov-cn. c'est de retirer les arufs de la môme façon qu'on les a plact-s. M.ilt;ri- l'apparence, cette dernière opération est la plus délicate des deux. 11 faut que d'un seul >:cMc. net et précis, la danseuse saisisse l'œuf et l'attire à elle ; on comprend que si sa main venait n>.»ladroitement se placer dans le cercle, il suffirait qu'elle rencontrât seulement un des fiU pour rompre subitement l'harmonie générait-. • Enfin tous les œuls ont été retirés heureusement; la d.uis«.use s'arrête brusque- na-nt et. sans paraître le moins du monde étourdie de ce tourbillonnement de vingt-cinq ii trente minutes, elle se dirige d'un pas ferme vers nous et nous présente les œufs con- tenus dans la corbeille, qui sont séance teinntc cassés dans un plat afin de prouver l'absence complète de supercherie. » Plus récennnent, M. f.mile Guimet assista à une danse de bayadères. • La musique commence. I-a mélodie, soutenue par le rythme des percu.vsions, est plaintive, triste, alanguie, mais tout .i fait dans nos tonaliié-s; rien de chinois, riin tl.\NSE MAIRESQIF. I) apf i-'' une phuloirraphie »lc Liiibcn, .i lMri~ L ES i) . I .V .V /■: s /■: r r as a i: r /■: .s . .>I3 '.y '^^m^ vr .if^-^-* w. .- ^éà t K ^m^^^^l Ik . ^^v "îsiei ■*" W^^ /xjlL .4^^^^^H ^^^B^K^' ,■ ^al^ljCT^tfÉ \mJÊBÊBÊka^r^ ^^Êt^'f^ ^Im l^w/ryF? ^ , ^■^^^iL^^Jf t^ '^r jéT^ll -«^^^^HÉ||gg^l "\^ ..^»^-' -"' s^>».* - LE PAKADIS DE MAHOMET D'aprcs une Kravuru n la manière nuire de Jazct. ( Bitliolhi.\)iii: nalioiuU:) d'arabe, rien de japonais surtout. Si la musique arabe nous a conservé les tonalités antiques, la musique indienne nous révèle l'origine des modes européens modernes. « Il y a trois danseuses, qui dansent l'une après l'autre. La première qui se présente a les traits fort régidiers et surtout les yeux très expressifs. Sa danse est plutôt une pantomime qu'un « pas ». Elle s'avance avec des expressions d'ardeur contenue, se recule comme offensée et épouvantée de l'aveu qu'elle a laissé éciiapper. Les mouve- ments suivent les rythmes, les gestes soulignent les sentiments avec beaucoup de grâce et d'énergie. Elle me parait s'appliquer à rendre coup sur coup, par sa physionomie et SCS attitudes, la sympathie, l'effroi, la joie, la colère, rcntrainement, l.i honte, l'ab^m- don, le charme et l'humiliation, la passion la plus vive et le remords le plus amer. « Qu'elles sont loin de cette poésie touchante, les sensuelles aimées du Caire ou d'Alger, ou les froides danseuses de Kioto! Même les Ouled-Naïl de Biskra, qui ont conservé dans les oasis les traditions de l'antiquité, ne donnent qu'un faible reflet de cette ardente et délicate épopée brahmanique qu'on nous raconte avec des gestes et des regards. Le costume de la danseuse est rouge et or, son corselet noir étincelle de pail- lettes d'or. Sa coiffure est très simple avec les cheveux lisses ornés de quelques fleurs. Elle a des bijoux dans les narines, de nombreux bracelets aux poignets et aux chevilles, et des bagues énormes aux doigts des pieds. « Li bayadère qui succède à celle-l;\ a la physionomie plus froide, mais elle est beaucoup plus belle. Sa coiffure, formée de fleurs odorantes, sans feuilles ni tiges, lui /..I . KS LES AQES. i- cl jccumpdgnc le btn« Je u chevelure qui couvre b nuque. lille \cs jmtiilc» luxut. .s pieds sont cuirissfc. de bafjues et de titabic idole cmpruntcv à une pagode sacri-e. On se de- nunJe cuinmctu clic peut se tenir debout et danser malgré ses riches entraves. Sa danse, moin» expressive que celle que nous venons d'admirer, est plus ék-gante et plus noble, et u froideur même donne plus de distinction à ses poses. • Quant au . A toujours le même thème qui se dî-roule sous nos yeux : '♦«♦♦♦•i u "^*5 DA.NSE AL HAREM h'aprùs le lablciu de Richtcr. quelque scène inspirée des touchants épisodes du Râmayàna ou de tout autre poème mythologique. « Ainsi que le disait M. Emile Guimet, les aimées égyptiennes, tunisiennes ou algé- riennes diffèrent beaucoup des bayadères, dont elles sont loin d'avoir les grâces poétiques et décentes. En Egypte, les aimées portent une longue robe de soie i grands dessins, retenue par une ceinture; leur chevelure noire flotte sur leurs épaules; une simple gaze voile leur poitrine. Au son de la flûte, des castagnettes, du tambour de basque et des cymbales, elles se livrent à des contorsions effrontées. A Tunis, on trouve des aimées panout, dans les cafés, d.ms les fêtes particulières, dans certaines cérémonies même. ==. ^' A i:s i).\ v .s /•; x /; /■ i< i \' ' ; /: /»■ /; v. iH) FLT1-; DE MIT A I.ACillOlAT DaprCs le luhlcau Je litiennc Dinct. Les OulcJ-Xaïl d'Algérie, parées coinine des idoles, chargées de colliers, pratiquent uniquement la danse du ventre, (^n en voit à peu près partout dans le pays, mais sur- tout à Ouargla et à Laghouat où, le soir, tout le monde, pt)ur mi soiinli (un sou), peut contempler leurs danses en dégustant une tasse de café. .■\ux sons de la rhaïla, clarinette au son aigre, du Ibar ou tambour de basque, d'une dhcrhoiika, peau tendue sur un pot défoncé qiii résonne sourdement, et du ihehcl, grosse caisse que l'on frappe au nioven d'un morceau de bois recourbé, s'avancent les aimées. De leurs bras chargés de bijoux, de ceintures de soie lamées d'or, elles couronnent leur tète et marchent balançant leur ventre de tous cotés, se voilant .'i demi, d'une manière moins pudique que provocante. Les noces juives sont également accompagnées de danses. J'eus le bonheur de pouvoir assister à une de ces fêles. Après que le mariage eut été célébré à la synagogue, je suivis le cortège au domicile des époux. La fête a lieu dans un /^rt/w. De toutes parts, aux fenêtres qui s'ouvrent au rez-de-chaussée, au premier étage, se penchent en grappes humaines des t.\ n.iSSK A //CM/./.' s J.j:s .|(;/;.v, . de picrrcric*, undi» qu'un orclicstrc compose d'un liannoniuin, cl d'une nundotine h Ion)* nunclie, fait un bruit assourdissant. I % un instant, chacun devient subitement attentif comme si i- .ne de grave, que tout le monde sait d'avance. alLtit se produire. l c s'est avancée, les yeux modestement baissi-s. Promenant ensuite sur les assistants un iwl lanpourcux, elle referme presque les paupières, et lentement, accompa- :'4r le ntlmie monotone de l'orchestre et les voix des musiciens, elle s'abandonne LA <• IIITTA >. llAVSE ALGÉItlENNE D'apri!» une phnlo^raphic- h la danse en balançant son corps dans des attitudes qui contrastent douloureusement avec le caractère de modestie qu'on s'attendrait ;\ voir conser\er à tous les détails d'une telle cérémonie. Pendant ce temps, des femmes, dans les profondeurs obscures des salles, poussent des yvii, yoii prolongés. On retrouve des scènes du même L;ciiri. dans l'.Atriquc s.iuvagc. Dans son vov.ij^c à travers le Sahara algérien, le commandant Colomieu raconte une soirée i Metlili pen- dant laquelle les nègres et les négresses de l'oasis exécutèrent leurs danses en grande pompe. Les instruments de l'orchestre se composaient de c.ist.ignettcs de fer accompa- ijn.int un chant ps-ilmodic, et danseurs noirs et danseuses «^ms vnilc s'atjitaicnt dans des LES /) . I V .s E s E T R WC E R E ^•. contorsions frtnt-tiques qui f;iisaient son- ger à un véritable ballet de damnés. Les négresses, excitées par les ap- plaudissements, se livraient à un assaut chorégraphique où les attitudes les plus outrées et les plus hardies alternaient avec des grâces et des minauderies simiesques. Chez tous les peuples primitifs, d'ail- leurs, comme dans les civilisations anti- ques, la danse est un véritable rite, et, en parcourant le monde, nous la voyons sou- vent encore associée aux cérémonies reli gieuses, aux fêtes, aux funérailles même. La secte religieuse des Aïssaouas, en pays musulman, exécute des danses Iré- nétiques auxquelles j'ai maintes lois as- sisté. C'est un singulier spectacle de voir cette foule hurlante, excitée par la tuniée des encens, baisser et relever la tête en cadence, en roulant des yeux hagards, tandis que \cs i^iit'lhdïii, longue tresse con- servée seule au sommet du cr.uie par les musulmans, voltigent autour d'eux, tantôt cou- vrant leurs épaules et tantôt retombant sur leur nuque. Le mouvement de la tête et du corps s'accentue, le son du tam-tam grandit, jusqu'au moment oii, pris de délire furieux, les Aïssaouas broient avec leurs dents du bois, du ter et du verre, se briileiu les chairs avec des charbons ardents et avalent des scorpions vivants. En Amérique, les Indiens Patagons se livrent tous les ans à une fête en l'honneur de l'ila Oiiciilroii, le dieu du bien. Pour la circonstance, ils se graissent les cheveux, se peignent le visage avec un soin extrême et revêtent les costumes les plus extravagants ; mais il est interdit de rire pendant les cérémonies de la fête. Nos sauvages s'alignent, le visage tourné vers le levant ; les femmes sont en arriére. La danse commence alors par un mouvement monotone qui les porte tantôt à droite et tantôt à gauche; les femmes chantent et s'accompagnent en frappant sur un tambour en bois recouvert d'une peau de chat sauvage de couleur bigarrée; les hommes pirouettent sur eux-mêmes en boitant de la jambe opposée à celle de la femme, et soufflent à pleins poumons dans un 4' iNi: itAV.MjKKi; U'apics k- tableau de l'cralla. {Plwl. L.1111V11I, j M.i.iri.l.) , , .. ,\./. . . li.Wi:ns LES AGES. IIAYM>ERK IIIMKll'E Daprt» le tableau de Week». morceau de jonc creusé. Tout à coup, à un signe du « cacique •, des cris d'alcne retentissent, les hommes sautent vivement à cheval, interrompant brusquement la danse pour se livrer à une cavalcade fantastique. Une des tribus indiennes du haut Missouri, les Mandans, se livre à la danse des bis«)ns ii l'occasion d'une fête religieuse solennisée par le jeûne, la priùre, les sacrifices et toutes les formes d'une grande dévotion. Huit Mandans, affublés de peaux de bisons encore munies de leurs cornes et de leurs yeux, sont les coryphées de cet étrange ballet. Entièrement nus sous cet accoutrement, bariolé-s de rouge, de blanc et de noir, portant sur le dos un fagot de branches de saule, ils imitent l'aspect et les mouvements de l'animal, tandis que le maître des cérémonies invoque le Grand Esprit. L'allure et la dé- marche des autres animaux du pavs, scnunts. c.istors, vaiitDurs. utc. fournissent aussi le thème de diverses dan.ses. Les Indiens de l'Amazone accompagnent leurs grandes fêtes religieuses de proces- sions et de cérémonies tout à fait bizarres. A Exalt.icion de la Santa Cruz, un voyageur a vu, dans une de ces fêtes, une douzaine de maclxiciros (danseurs au glaive), la tête /. /.•\ i>.\\si:s irrh' \\(ii:irJ et vimuiii .iM>. I II! iiujiiui it Miurnuis d'un vulcur qui, fascine par ■• ' -ni d'ctrc >urpri%. C'est le diable, ou du moins un Indien . , ^iii en remplie \vs fonctions. ;e dans li ^ il1<'< «U- l'Huarancalqui et les régions du Pajoual, dans l'Amérique du Sud, M. l'aul Marcoy a vu, chez des paniculiers, célébrer par des danses la naissance du Christ. C'é- -..lient des dévotions en quelque sorte pratiquées devant des reposoirs repré- M.ntaiu la Nativité, le Kachmoito. « L'ne douzaine de femmes étaient ssises en demi-cercle autour du Kaci- tiiictilo devant lequel, sur une petite t.ible, on avait placé deux chandelles, lieux bouteilles et un verre. Dans l'es- pace resté vide entre cette table et la galerie, une fenmie de cinquante ans et un jeune Cholo exécutaient aux sons de la guitare une danse nationale, qu'ils interrompaient à chaque figure par une révérence faite au reposoir. A côté de la salle du Kaciwiento, il y avait une se- conde salle où danseurs et danseuses se trémoussaient ù qui mieux mieux. vu. i» ■■llviiiuii Vcvcrj LUS D.w.s/cs jrn{.\.\(;i:iarr<.> uni; i;>lanipc de Ilarounohnu. ii nlkcUirii \ uvcr.i .s.imiiiciit ccliaullcs, passaient dans la salle vi)isinc et s'y livraient en bonne ooni)iai;nie à CCS danses de caractère durant des heures entières. " Le môme voyageur vit au Pérou des funérailles célébrées par des danses. « A l'instar des héros Scandinaves, dit-il, les Indiens Conihos après leur mort habi- tent un ciel belliqueux dont les joutes et les tournois sont le passe-temps. Les vierges d'Odin V sont repré.scntées par des Aïlhy-Miicaï (courtisans) qui offrent au guerrier conibo des ■■ montagnes " d'aliments et des « fleuves » de boisson. « Lorsque les femmes ont enveloppé le cadavre d'un Conibo dans son manteau, qu'elles ont placé dans sa main droite un arc et des flèches, qu'elles l'ont barbouillé de couleurs et ficelé soigneusement, elles entonnent un chant mortuaire, le cbirin^iii, et se livrent .'i la danse. » On trouverait ailleurs, dans l'Afrique centrale par exemple, des usages analogues. Au cours de son voyage à l'Albert-Nyanza, Hacker assista inopinément .'i une danse funèbre. « Un jour, dit-il, les nogaras ou tambours battent, les trompettes sonnent; je me mêle en curieux à la foule, et bientôt je me trouve au milieu de la cérémonie d'une danse funèbre. ' ^clcbraiiis oiu un custutiic i>rtgitul. Une duu/aiiic Uv grando plumes d Ji!- truvhc ufucut leurs casques; des peaux de létipards et de singes noirs et bbncs sont sus- pendues ii leurs épaules; de grandes clochettes en fer, attachées 1 une ceinture de cuir, sont au bas de leurs reins, que les danseurs remuent avec les contorsions les plus ridi- cules; une corne d'antilope, nouée i leur cou, leur sert, quand leur agitation est au comble, à pousser des sons qui tiennent des cris de l'âne et du hibou. Tout le monde '""'• "i 1.1 fois, et sept tvgaras, d'inégale grandeur, font la basse dans ce concert infernal. 1-es hommes, en grand nombre, exécutent une espèce de galop où ils brandissent leurs lances et leurs ma.ssues, en suivant, sur cinq ù six rangs de profondeur, les mouve- ments d'un chef qui dan.se à reculons, l^-s femmes, en dehors du galop, s'agitent avec lenteur, en pous.sant des cris pl.iintifs et discordants. Plus loin, une longue file d'enfants et de jeunes filles, la tète et le cou enduits d'ocre rouge et de grai-sse, portant des colliers et des ceintures de verroteries, battent la mesure avec leurs pieds, et font rt*sonner les anneaux de fer de leurs jambes en accord avec la batterie des ivgaras. Enfin une femme courait sans cesse à travers les danseurs, saupoudrant leurs têtes avec de la cendre de charbon de bois qu'elle transportait dans une gourde. « Cette cérémonie devait se continuer plusieurs semaines, en l'honneur d'un assez grand nombre de malheureux qui récemment étaient morts sur le champ de bataille. » tNE JOFA AUAl.uN.\l.>iE b'apréa le tableau Je .ManncI Vus. ^l•hul. LjurenI, j MJiriJ.) IN ISAL .MASyl I-. A L(H'l;UA Dapru-. iinu aquarelle ^l'Kiij;cnc l.anii. CIL 1 -V T ' - ' "\ 1 C X LA DANSE MODERNE ' I,A DANSF. MONDAINE DU SECOND EMPIRE JUSau'À NOS JOURS. — LES lULS DE SOCIÉTÉ. — RECONSTITUTION DES D.\NSES ANCIENNES EN FRANCE ET À l'Étranger. D EPUis quelques années, on ne sait plus guère, dans les sa- lons, que deux sortes de danses : le Qnadrilk et la Valse. Parce dernier nom, il est vrai, nous entendons désigner toutes les danses qui sont tournées par - un cavalier et une dame », qu'on les nomme Polka, Berlim-, Pas de .jiiatre, etc. : on » volte », on tourne, donc on valse. Nous nous sommes occupé des ori- aincs de cette danse dans les pages qui précèdent, nous n'avons donc plus à y revenir. Vers la fin du xvnf siècle, le Quadrille était déj.'i très très en faveur, mais sous le nom de Contredanse. Chaque maître a danser, à cette époque, se plaisait .i en composer de nouvelles. La LE MIM 1 1 D après une slalue île Uiporle-Blaizy. AI /)».V.«f/-; .1 TR.WF.RS LES AGES. IN SIEMET FANTAISISTE Dspria une lilhn^'raphic de 2i) le rèi^nc de Louis-Pliilijipc : ils y paraissaient en liabit iu>ir. Mais les masques, tort nnni- breux et déguisés de la façon la plus pittoresque, se livraient sans désemparer à des danses échcvelées avec un entrain endiablé. Ce fut le temps de Clodocbe, du grand, de i'Iiiiarant Clodoche, de son véritable nom « Clodomir Ricart ". Ses débuts eurent lieu en l'S5i| au casino Cadet, au " t^liàteau des Meurs ", au casino d'Asnières et au bal de l'Opéra. Il y était simplement remarqué .'i cause de l'originalité de sa danse; mais la création de son fameux Qiuuhillc des chxhKlivs fut un triomphe. Ils étaient quatre : lui Clodoche, Flageolet, la Comète et la Normande. Ces deux derniers s'habillaient en femmes, tandis que Fla- geolet et lui gardaient des"^costunies mas- culins. On citait les titres de leurs danses : ks Pompiers île Xinilcnr, les Gendarmes de Liuidenieuii, les Gommeiix, etc., puis les légendes couraient. On disait que les membres de cette troupe désopilante ap- partenaient au personnel de l'adminis- tration des pompes funèbres. Clodoche tenait à honneur de danser devant la loge d'avant-scène du Jockey- Club ; il y pénétrait même de temps à autre pour y recueillir respectueusement des compliments. L'Hmpereur, qui entendait souvent parler de Clodoche, voulut, dit-on, le voir. Il se le fit présenter aux Tuileries. Le même soir il v avait bal à l'Opéra, et l'Empereur y a.ssistait dans une loge d'avant- scène, revêtu d'un double domino alin de conserver le plus strict incognito. Clodoche e savait, et jamais sa danse ne fut plus délirante, .\vant de se retirer, l'Empereur le lit appeler dans le couloir conduisant .'i sa loge et lui fit remettre un pli cacheté. Il conte- nait quatre cents francs. L'automne de sa vie venu, après avoir tourbillonné comme les teuilles, il disparut aussi comme elles. Il s'était retiré à Chennevières, sous les peupliers qui bordent la Marne, dans un chalet bizarre peint en noir, où il tenait auberge. Le désopilant dan- seur, un beau vieillard, vivait là ses derniers jours en philosophe, fabricant des meubles plus ou moins étranges, car il n'avait pas oublié son premier métier d'ébéniste. Il était r- sAi.i r riioRKcuAi'nKjiE i:n (■ah.n.\\ai. Dapri-s une Iith(i(,'r3pliic ilc (i.u.iini. i IUI'lt"llh\}uc n.ili"ii-iU' ) -v-'"' /..i /i.i.v.v/i .1 tu.\\i:n.s Lies Ai;i:s. entoure do souvcnîn> Je- m.*s iriumplics, de de-vsins et de photiigrapliies du fameux qua- drille. Sur la porte on liviit cette simple enseif;ne : • Au vieux ClodiKlie ». Ixs fttcs publiques du second Hnipin: ne jlifférèa-nt point des fêtes passées. Hlles n'avaient ni caractùa* civique, ni caractèa* militaire; cV-taient de simples réjouissances populairi-s, dénucx*s d'originalité. Il vaut ta peine cependant de mentionner à ce propos une habitude bizarre. Il était de mode pour les gandins, et toute la jeunevse dorée de cette époque, d'envahir, le l5 août \ minuit, le bal More! et d'en chasser tous ceux qui s'y trouvaient. I-es hommes étaient en veste d'écurie et coiHes de casquettes ; les femmes étaient en robes de calicot et en bonnets de linge, d'où le nom de bal Jes hmncts blancs. Et tout ce monde s'encanaillait i plaisir, se battait, affectant de ne boire que du vin bleu et d'employer un langage très peu raffiné. Le monde du second Kmpire ne .s'amusa jamais autant que durant la |Krriode qui .sépaa- l'Kxposition de l'année terrible. L'hiver de iJtOîi sunout se signala par un élan plus accentué vers le plaisir; ce ne furent que bals, soirées, réceptions. I^-s bals costumés, qui semblaient en quelque sorte réservés aux sphères gouvernementales, devinrent un engouement pour tous, et plusieurs présentèrent une splendeur excep- tionnelle. Li duchesse de Bis.nccia organisa • l'Entrée d'une noce de village »; ce fut un enthousiasme inimaginable. Li belle .Mme de Ikaumont s'y montra en marié-e, Mme de Montgomery apparut en uniforme de cantinière des hussards jaunes de la première République, Mme de Galliffet était parée d'un magnifique costume Renaissance. Tout le Paris élégant et raffiné s'était donné rendez-vous à ce bal. Ce fut une fête unique en son genre, qui rivalisa avec les grands bals costumés du marquis de Chasseloup-Laubat, ministre de la marine. 1-1 comtesse de Montgomery organisa, au cours de ce même hiver, un bal travesti dans lequel un quadrille de « forts de la iialle » avec leurs « bourgeoises » en costume du <' marché des Innocents », un des meilleurs ballets de l'ancien Opéra, obtint le plus vif succès. Le comte de .\Iauguy raconte qu'à ce bal un « commissionnaire » et un • garde ciiampètre » mystérieux intriguèrent tous les danseurs. « Mais le masque le plus éton- nant, dit-il, et le plus remarqué, ce fut un « pâtissier », — le marquis de G.illitfet, si je ne me trompe, — qui, assis sur les marches de l'escalier conduisant au second étage de l'hôtel, interpellait les invités avec une verve trè-s spirituelle et une liberté de langage souvent assez embarrassantes pour le patient, o En ii%9, la saison mondaine n'eut ni la galté ni l'entrain de l'année précé- dente. Cependant il y eut, i l'anibass.-ide J'.\utriche, une redoute splendide. Li prin- /. I m\sn Mni)i;R\/i. .vM cesse de Mftternich en domino noir et Mme de Pourtalès en costnnie d'aimée eurent les honneurs de la soirée. Cette même année, fut donné à l'ilotel de \'ille un magnilîque bal en l'Iionnein' du prince et de la princesse l'rédéric-Charles de Prusse qui séjournaient à Paris. Le |."I jan- vier i97<), le sénateur préfet de la Seine et Mme Henri Chevreau donnaient une fête admirable où se rendirent toutes les illustrations diplomatiques, politiques et littéraires, ainsi que les représentants les plus considérables de l'armée et de la ma,i;istrature. IN llAr. MX rill.lîRIES.— l-E QeADRlLI.i; IMPÉRI.M. DANS I.A SAI.I.K DKS MAHi;i MAI X DaprOs le dc^^.ill lie Janct, publie Jans le Mnii.li: IHiisliw L'arciiiduc Albert d'Autriche et l'archiduchesse v passèrent une heure et se retirèrent émerveillés. Quels sombres lendemains cette fùte devait avoir! C'est en i8~o que disparut un ancien bal-cabaret, qui mérite d'être mentionné, r Assommoir du Tcmpk. Il avait été fondé en 1846. C'était une vaste salle, éclairée par le haut, divisée en trois nefs parallèles par des piliers en pierre. On jouait au billard dans des tribunes qui régnaient au-dessus des bas-côtés. Une épaisse couche de paille couvrait le sol, généralement encombré de dormeurs. « Chaque semaine, dit Adolphe Racot, on déblayait le terrain de l'assommoir, et l'on donnait un bai dont les chiffonniers étaient les plus zélés danseurs. » En 1870, le comité central de la garde nationale s'installa .'i l'assommoir et c'est là / I /itVff \ TliWl'n.'i l.Efi AGES 6; r k. '^^ ( N II.M. 1 OSTIME EX ASOLETKRHK D'apre» une caricature an)(lai»c que la Commune de Paris fut dt-cri-té-c et que furent décidées toutes les tentatives ou toutes les mesures révolutionnaires qui désolèrent Paris, depuis le 4 septembre jusqu'aux terribles jours de mai. Le grand ciief des orchestres de danse durant les dix-iiuit années de l'Rmpire, le successeur de Musard, ce fut Strauss, l'homme à la cravate légendaire; il ne déposa son bâton qu'i l'avènement de la République. En \!'>~^, il se rendit en Angleterre malgré son grand âge, pour assister à l'enterrement de l'Empereur. « Je me souviens, raconte Parisis, d'un incident douloureux qui marqua la réception officielle à l'issue des funérailles. Quand l'Impératrice aperçut le \ieil imprésario, tout cet éblouissant passé de fêtes, auxquelles il avait présidé, se dressa soudainement devant elle. Elle joignit les mains avec une expres- sion navrante, ses yeux se remplirent de larmes et sa gorge de sanglots. C'est que, me disait le père Strauss en nous retirant, je ne suis pxs le premier venu pour l'Impératrice. NLi vie est intimement liée à la sienne, et, depuis sa plus tendre jeunesse, mon nom est inséparable de tous ses souvenirs heureux. I-a première Polka que j'aie composée en 1 que j'ai signalées sous l'Empire et oi'i chacim luttait d'ingéniosité dans le choix d'un costume. On n'a pas encore oublié le bal de ■< poil et de plume » ou <■ bal des bétes >>, qui D'apris le dessin de (j. Dori, putilic dans Se Mun-U lUufirc i.v. LA l>.\\SK A THAVKRS LES AGps lut donné chez la princesse Je Sa^an. En |8H|, la prince- > .v .suscite Versailles; en iftfll, elle évoqua Trianon. L'année suivante, elle mettait en action les fables de I^funtainc. Ix Quadrille des • freluns » et des • abeilles », renouveiî Je celui Ju'urL'.uiisa sous l'Huipire Mme Tasclier de la Paierie, fut le clou de la soirée. \x baron Sellièrc présidait la fête sous le costume de M. de Butlon. Ixs dames s'y montrèrent en ci(;alcs, en cygnes, en hirondelles, en chouettes, en chattes, en perro- quets, en sauterelles, en papillons, en chauves-souris, en ibis roses, en serpents et même en tiprcsscs. Les hommes étaient déguisés en corbeaux, en écrcvisscs, en coqs, en aigles, ! %k SORTIE DE BAL MASQl E iJaprc» le lablcau Je MaJrazo. (Phol. Laurent, j .i/j.iii i.i en chouettes, en hérons, en chiens bassets, en canards, en dindons, en girafes, en singes, etc. Li princesse était déguisée en paon, et le déguisement était magnitique. La jupe de satin bleu était voilée d'une dentelle en point de Venise or et argent, rete- nant sur les côtés des plumes de paon également or et argent. Le corsage formait le corps de l'oiseau, et la queue déployée en éventail auréolait le buste. Li coiffure Médicis se terminait par un diadème diamanté avec, au-dessus, l'aigrette tremblante du paon. Sur le devant s'avançait le bec de l'oiseau. Et tout ce monde fantastique et charmant peuplait un étrange clair de lune violet qu'épandait la lumière électrique. Déjà, en i883, on avait eu le bal des • hirondelles » chez Mme la comtesse de la .\Iar- /.A i).\ V.S7-; \ini)/:ii\i:. SOIItKIJ l'AKISlKNNIÎ llapros le lal'k;iu ilc liriJ^'inan. iPholngr. Ilraiin, ilcmenl et Ci<.\) tinièrc. Dnns le jjrand salon, transformé pour la circonstance en un jardin japonais, scin- tillaient les plumages des colibris, des cardinaux, des inséparables, des bengalis, des rossignols, des moineaux, des pinsons, des mésanges. On remarqua surtmit un ballet d'hirondelles d'une gracieuse originalité. Cette même année, la « Société fraternelle des officiers en retraite » avait donné à l'hôtel Continental un bal costumé dans lequel on vit figurer tous les costumes mili- taires qui avaient été en usage depuis le moyen âge jusqu'au milieu du xix" siècle. Ht c'était un singulier spectacle que ces archers, ces reitres, ces mousquetaires coudoyant les soldats du premier Empire et de la Restauration. Dans certains pays étrangers, les bals « caractéristiques » font toujours fureur. A Vienne, durant le carnaval, les corporations se réunissent pour danser, et c'est à qui trouvera l'idée la plus originale. Le plus extraordinaire de tous ces bals a été le « bal des gueux » ou « bal de la canaille », organisé en i"8.^. On y allait en haillons, avec des vêtements en lambeaux, des redingotes déchirées à plaisir, car l'habit noir était sévèrement banni. En Belgique, tout l'entrain du vieux carnaval semble s'être réfugié dans la petite ville de Binche. C'est là qu'on voit les Gilles portant im costume à deux bosses, bariolé, 43 /. l l>\\SL .1 //Ml /./es /./.N .\UE.S. clu]K-Ju retroussé sur le devant et garni de plumes, sonnettes à la ceinture. Acconipagni*s citacun par un porteur d'oranges, ils parcourent les rues par bandes de trente à qua- rante, sautant et dansant aux sons d'un orchestre qui les précède. Le bourg- mestre les reçoit .i l'Iiotel de ville, comme les autres sociétés locales, et IcurotTri.- le vin d'honneur. lin fait de bals singu- liers, je ne saurais oublier celui que donnèrent, par delà les mers, les Mormons réunis à Sait Lakt City. L'élément dominant était, d'ailleurs, l'élément euro- péen, anglais, écossais, irlandais, Scandinave et allemand. Avant les premiers entrechats, le frère B^rown apparut, appelant la bénédic- tion de Dieu sur les exercices chorégraphiques des « saints du dernier jour ». Puis, gravement, le bal commença aux sons d'un orgue flanqué de deux violons. On dansa nombre de Menuets, de Quadrilles, de Cotillons et même une Valse, danse générale- ment prohibée comme dangereuse. A minuit sonnant, le frère Brown reparut et clôtura le bal par une prière. A côté des bals bizarres ou originaux nous trouvons, dans le monde parisien, des letcb ciiarmantes où présida le goût le plus exquis. La fête japonaise de charité donnée à l'hôtel de la Rochefoucauld, et Loinposee d'une représentation dramatique, d'un bal et d'une série de divertissements japonais, fut admirable. L'amb;issadeur du Japon arrivant à cette fête s'écria, avec un geste de sur- prise : « C'est la patrie que»je retrouve! » LA PAVANE r>'npri.-> le t.iMcaii Je G.irriJti LA /).i\.s7; Mon/: km:. Eli frt'ct, les murs L-t;ùcnt entièrement ttnJiis de nattes tines; p.irtoiit s'accrochaient les kdki-moiios peints sur soie ou sur papier de ri/, où se dressaient de t'arouclies -guerriers, où souriaient des tenimes aux sourcils réj;idiers, vêtues de soies bleues ou roses, où, à travers une étrant^e floraison, voletaient des libellules. Certaines salles étaient de véri- tables musées ethnographiques où se tenaient, accroupies sur des nattes, des dames nobles aux robes blanches ramaijées de glycine et de lotus, où des poètes écrivaient tandis que des oiseaux se répandaient autour d'eux. Puis c'était une pagode avec sa jiorte d'or, où sommeillaient des idoles aux jambes repliées, entre des potiches rares et le mystique lotus. Sous les clartés lunaires de la lumière électrique, .'i travers la féerie des sanctuaires du bouddhisme, tout un peuple cir- culait émerveillé, à coté de dragons convulsés, sous des arceaux de feuilles et de fleurs, sous les palmiers de la serre, se dirigeant vers la salle de spectacle où les grondements d'un gong aimonçaient le lever du rideau. Le jeune comte de la Rochefou- cauld, déguisé en prince impérial du Japon , était vêtu de satin bleu foncé brodé d'arabesques et d'oi- .seaux. Mme de Munkacsy assistait à la fête en Japo- naise : coiffée d'épingles à têtes brillantes, elle portait une jupe de tulle blanc ornée d'une bande à lames colorées. D'autres dames avaient des robes de cour en satin et en crêpe de Chine, des couronnes de fleurs de lotus, des étoffes royales aux ornements hé- raldiques. Et c'était un en- chantement. Les hommes portaient des pantalonscou- \.E .ME.NLET leur d'émcraude, bleu cela- UaprC-s k- tableau de r.arrido. /. I ItAXSK A rH.i\t:iiS LES A(Ui.s. lion, viulcis, ruu^cs, qui tmicluicnt avec les nuatico dclic.itct> do (uilctics fcininincti. ( )n ptuimit cncurc incntiumicr plus «l'un bal donné par la princesse de Léon, la comtesM. lit Muntigny, le nénéral de Cliarrelte, la vicomtesse de Gilly, la marquise de Castellane, la comtesse Branieka, Mme de Meredia, Mme de Pounalès. Ij fête, entre autres, que M. Gaillard offrit A ses amis dans son majjniiîque château de la place Males- lierbes fut une véritable féerie dont on parle encore avec le regret de ne plus voir revivre de pareilles soirées. Nous avons vu que le Quadrille, n.nguère si florissant, avait presque entièrement disparu de nos s;ilons. En revanche, voici que les vieilles danses de cour reprennent faveur, ramenant les bonnes traditions de grâce et d'élégance di-s derniers siècles. C'est ainsi que le Menuet et la l'avane ont fait leur apparition depuis quelques années dans quelques grandes maisons. \os auteurs dramatiques ont souvent restitué la Pavane dans leurs pièces : c'est aniM qu'on a pu la voir danser dans lu Jeunesse du roi Henri, dans le ballet de Pairie et dans celui d'Hgnionl. Les b.ils de l'Hospitalité de nuit se sont toujours distingués p.ir leur belle tiiiui ii leur recherche. Us ont fait pour un instant revivre à nos yeux les élégances raflinées du xvni'" siècle. Ainsi avons-nous vu reparaître, en i ■'{<'{(), un de ces • bals de bois » qui, en 1745, lors du mariage du Dauphin avec Marie-Thérèse d"Esp.igne, firent courir tout Paris. A cette époque, les échevins, pour éviter l'.igglomération du peuple aux fêtes du mariage, avaient imaginé de le retenir sur divers points en organisant des bals en plein air. Un des plus élégants fut construit sur la place des Conquêtes (la place Vendôme actuelle), et c'est ce « bal de bois » que l'Hospitalité de nuit reconstitua. La copie était fidèle, et, pour rendre l'illusion plus complète, Mlles Reichemberg, Baretta, Broisat, Bartet, Martin, Tholer, Durand et Feyghine, de la Comédie-Franç;iise, y parurent en atours de dames de la cour de Louis X\'. Des p.iges circulaient dans la salle et des gardes écossais, vêtus de la livrée blanche de la maison de Irance, étaient campés fièrement au long des escaliers. Ce fut une véritable évocation des gravures de Moreau le jeune. Au palais de Fontainebleau, un bal costumé du xvi' siècle eut lieu dans la galerie Henri II et dans la salle des Gardes, à l'occasion d'une fête de bienfaisance. Ce fut vrai- ment une ingénieuse idée, et aucune fête ne fut plus réussie que celle-ci. Elle donna l'impression complète d'une fête de la Renaissance. On y vit reconstituées la Pavane et la \'olte, les belles danses de la cour des Valois. s LA i)A.\si-: MoniiliM-: •M" Ainsi qu'il ost prescrit dans VOrclxsograpbic du bon chanoine de I.anijiLS, la Pavane fut accompagnée de la chanson qui était de ièi;le autrelois, et dont nous donneiDiis seu- lement le premier couplet en sa i;ràce naïve à titre de curiosité : Belle qui tiens ma vie Giptive en tes doux veux, Qui m'as l'Ame ravie D'un souris gracieux. Viens tôt me secourir. Ou me faudra mourir'. Ce sont justement ces essais _qui séduisirent les gens du monde et leiu" inspirèrent l'idée de taire danser, eux aussi, ces vieilles danses dans leurs salons. Chez la marquise de Castellane, chez M. Gustave Droz, de brillantes têtes eurent lieu, où les dames poudrées et lés hommes portant la culotte courte dansaient le Menuet de la cour et le Pas des Archers. Puis le Cotillon s'ouvrait par le « Salut de la cour ». Ciiez la vicomtesse de Gilly, chez Mme de Saint-Aignan et chez Mme la comtesse d'Hnval, c'était le Menuet gracieux. On entendait un peu partout les menuets des maîtres, ceux de Mozart, dilaydn, de Ikethoven et le chef-d'œuvre du genre, celui d'iixaudet, et les gavottes qui tirent fureur .sous le Directoire, jolies gavottes lentes de Gliick dans Aniiide et dans Orphée, de Grétry dans Ccphalc cl Procris et dans Panurge. Ailleurs, chez Mme de Marinval entre autres, c'étaient de véritables soirées I.Duis X\', où, aux accords de l'orchestre de Léon Guyot, les couples dansaient le Menuet I. L'air plutôt solennel qu'enjoué, rappelant un des modes du plain-chanl, a été- transcrit par M. Wekerlin dans les Éclioi du temps passi', d'après le texte de i'Orclxsographie. Nous avons eu la bonne fortune de pouvoir le domier à nos lecteurs au début du volume. .,. /..,,>- , iRAVlih^ i.h.s AGES VI \i Gavotte, que tcriniiuit le Cotillon avec vi Sitirclx indiniw. Chtv. la conucssc de Montlu/on, clicx la comtcs&c Je Villiers, les dames, en panier» et venu|;adin.s, se livraient au Mciuiet soas un immense arc de triomphe tout en Heurs. Ailleurs on cherchait à remplacer le Cotillon par les vieilles danses connues sous le nom de Branles, et dont nous avons parlé à propos des danses du moyen âj;e. On étudiait les Branles de la Bretagne et du Poitou, les Branles des Livandières, des SalxiLs, des Chevaux, de la Torche, de la Moutarde. Dans une fôte donnée en un somptueux hôtel de la rue Sainte-Apolline, et où toutes les dames étaient en costume lojuis XV, le Cotillon, avec une série de fij^ures du temps, se termina par une promenade en chaise i porteurs. L'Iiotel, qui est lui-même du plus pur I.t)uis X\', avec ses boiseries et ses plafonds du temps, était d'ailleurs un cadre merveilleux pour cette ré-surrection du siècle dernier. Ailleurs encore, un bal costumé restituait à nos yeux les détails d'une fête fameuse donnée par MM. de Duras et de la Ferté pendant le carnaval de I7-M.i. Chez la com- tc"s.se de Qnirval, c'était la confusion des époques : la maîtresse de la maison portait un costume Henri II de la plus grande richesse, les invitées étaient déguisées en m.igiciennes, en pierrettes, en incroyables, certaines portaient des costumes copié-s sur les tableaux de J.icquet. Le .Menuet était dansé par une vingtaine de femmes en bergères Watteau, qui reproduisaient ainsi un épisode du - b.il de M.iy ». Les hommes avaient revêtu le costume vilLigeois de la fm de Iajuîs X\', culotte vert d'eau et pourpoint lilas. Puis c'était la vieille Sarabande qui revivait dans un salon de la rue de Lisbonne, ou bien la fcsia de las flores, chère aux Espagnols de l'Amérique du Sud, que l'on tentait d'acclim.iter ;\ Paris. Ainsi ressuscitent les unes après les autres toutes les danses anciennes : elles forment dans les réunions mondaines des intermèdes pittoresques, artistiques, sans lesquels il n'y a plus aujourd'hui de bal vraiment élégant. Quoi de plus charmant, en effet, que des couples parés exécutant une Courante, une Gaillarde ou un Pa.sse-pied! Cette dernière danse, une des plus gracieuses, est .souvent exécutée par des dan.seurs vêtus d'un costume moderne : mais alors les cavaliers portent l'iiabit de couleur et la culotte courte; les danseu.scs sont en blanc. Comme aux temps où le Branle était mené autour de la grande salle seigneuriale, une belle dame le conduit encore, et chaque couple suit en mesure, portant le brandon ou le flambeau allumé. On a revu au.ssi la • danse des épées • après une Gaillarde. Comme autrefois, les cav.iliers se sont placés en face l'un de l'autre, ont tiré leurs épées, les ont élevé-es, puis i..\ n.wsr: M(ii)i:ii\i:. •M'' les ont inclinéc-s un pou l'une vers r.uitrc pour les réunir p.n- la |H)inte. lu les danseuses ont passé sous les lames flamboyantes, comme dans la ligure ihr quccu oj suwils. Chez la comtesse des Allains, des jeunes tilles ont dansé sur l'herbe les vieilles Caroks, qui sont des rondes accompagnées de chansons, et qu'elles ont exécutées, comme l'exigeait la vérité historique, sans cavaliers et en costume du xm" viècle. Aimable idée, qui diversitiait de la — manière la plus in- téressante ces « bals blancs », d'ailleurs si gracieux, qui sont partout si tort en hon- neur aujourd'hui. Ce même goût pour la reconstitu- tion des danses an- ciennes se retrouve à l'étranger. En Russie, dans les salons aris- tocratiques, on tait revivre l'antique Ho- rcnvJ. L'Hi'ioiwl a même été arrangé en quadrille français, à Saint - Pétersbourg, par le maitre de b.il- let Bogdanotf. En Allemagne, hFalkellait:^ou danse aux flambeaux, dont la tradition remonte très haut, est encore en usage. Elle tut exécutée en ces dernières années au mari;ige de la princesse Marguerite, sœur de Guillaume II, avec le prince Frédéric-Charles de Hesse. Le Figaro nous en donne les détails. « Après le dîner, commencé .i six heures, i la salle des Clie\.uieis, la cour et les invités se sont réunis à la salle Blanche, hi plus grande salle du château, qui suffit à deux mille personnes. L'Empereur, l'Impératrice, ainsi que tous les princes et princesses tX BAL D ENFANTS D'aprcs une aquarelle de lloulel Je Munvel. (Extraite de l'album • Nus enfants •, //ji/iW/i- 1/ i U;<:.tilciiis. in LA D.WSi: .1 TU WTfif! LES .\i,Ls. des deux familles, se placèrent sur une estrade, au fond de la salle, pendant que le prand-marîx-lial de la cour, comte d'Kulenburp, et de lunnbreux chambellans en brillant uniforme s'empressèrent autour d'eux. • \x coup d'œil de la s;Ule ou de la galerie réservée A quelques centaines de specta- teurs privilégiés était ma);nifique. Ixs colonnes de marbre, les statues des douze l'ilec- teurs de Brandebourg, les tableaux et les décorations, trt-s artistiques du reste, de la salle formaient un cadre des mieux réussis pour celte brillante assemblée. € Vers neuf heures, l'I-mpereur ordonnait au maréchal de la cour de commencer la danse aux flambeaux. W. le comte d'Hulenburg, avec son jjrand bâton de maréchal à la main, .se plaça au milieu de la salle. Derrière lui s'alij;nèrent, deux par deux, par droit d'ancienneté, les douze ministres, « M. le chancelier de Caprivi, le ministre de la marine et les autres ministres de l'Empire sont exclus de la cérémonie, qui est exclusivement prussienne. Cependant ils .sont li, élisant briller comme les autres leurs splendides uniformes. « Douze pages, jeunes, jolis, pimpants comme des pages d'opéra, entrent grave- ment par une porte latérale, .sous la direction de quelques chambellans. Ils portent des torchères en argent ciselé, avec des gros bouts de cierges blancs allumés qu'ils remettent aux douze ministres. Le maréchal de la cour lève .son bâton : l'orchestre, sur la galerie en face de l'Empereur, commence lentement une polonaise fort harmonieuse. « Les nouveaux mariés se sont placés à la suite des douze ministres, qui font un tour dans la salle; quelques chambellans ferment le cortège, qui s'arrête devant l'Empe- reur. Li jeune mariée fait une légère révérence, l'Empereur se lève et lui donne le bras; le cortège décrit de nouvc.ui une ellipse dans la salie. En revenant, le marié invite l'Impératrice et fliit avec elle un tour dans la salle. Puis les douze pages s'approchent et reprennent leurs torchères et remplacent les ministres. La danse continue. " Cette fois, c'est le jeune marié qui invite sa mère, la landgravine de Hesse, et la duchesse de Connaught. Puis c'est la mariée qui fait le tour avec deux princes. Et ainsi de suite, jusqu'à ce que tous les princes aient fait un tour avec la mariée, et toutes les princesses avec le marié. Si ce n'était la variété infinie et la riche.sse des co.stumes et des uniformes, ainsi que l'allure plus vive de la musique, la cérémonie deviendrait un peu monotone. Mais les douze pages sont réellement ravissants et marchent avec l'entrain de la jeunesse. Ils sont beaucoup admirés; leur succès e.st complet. « A dix heures, la danse est terminée. Les pages s'arrêtent une dernière fois devant l'Empereur, qui se lève. Le couple impérial, tous les princes et toutes les princesses se rangent derrière les pages pour conduire les jeunes mariés à leurs appartements. Dans AI h \ \si: 1/ ///*/; A' va; I,V.S7; A TRAVERS LKS AGES. l .iiii-il nuintcnnnt faire place i quelques invcniions chortgraphiques plus étr.i»ncs que séduisantes? En Amérique, on a imaginé, sur les voies ferri-cs, le Dancing-tar : il fal- lait bien occuper les longs loisirs du voyage de San Francisco à New York. Donc, pen- dant que le train filait i toute vapeur, on dansait dans un wagon très éU-gamment di-coré et brillamment illuminé; les femmes portaient à ces réunions de ravivsantes toilettes, qu'elles avaient a-vétucs dans les drtssing-rooms dont étaient pourvus les trains. Nous avions à Paris le bal incolxrfiit, où un écriteau défendait de • s'ennuyer sous peine d'amende ». L'incohérence y ré-gnait partout : Métra, par exemple, l'un des chefs d'orchestre, portait une blouse blanche, avec tout l'attirail des ,\donis de faubourg. Dans un effroyable tourbillon pa.ssaient des masques extravagants, macabres, abracadabrants. Tout ce que la fantaisie délirante peut concevoir était représenté dans ce bal étrange, depuis des nourrices barbues, des clowns de cirque, des polichinelles, des pompiers pré- historiques, des gendarmes extraordinaires, des Anglais ébouriffants, jusqu'au général Bjnaparte avec son chapeau légendaire et sa redingote grise, escorté par des invalides invraisemblables. Des b.ils officiels qui .sont donnés soit à l'Elysée, soit à l'Hôtel de Ville, nous ne dirons rien : le pittoresque n'y peut guère trouver place. Les mécontents se plaignent que la foule y .soit parfois trop compacte et, çà et l;\, l'étiquette un peu négligée. Serait-ce à dire qu' • une démocratie n'a ni le droit ni la (iiculté d'exiger de tous ses invitt-s un brevet de distinction »? .^ d'autres d'examiner la question. Ce ne sont point là nos affaires. IN DAL PENDANT I.E CARNAVAL. — I.A SAI.I.E Ml'SARD D'après unc'litho)(raphie de Coindrc. u \&. l> UAl.l.Ll A 1, Ol'LliA. — AKAbtSC^ll !> Dessin de P. llcnouard. j,'r;ivc par Florian. CÎL,. XI LA DANSE AU THÉÂTRE LES GRANDS BALLETS MODERNES. — LES CLASSES DE DANSES A L ACADEMIE NATIONALE DE MUSIQUE. — LES DANSES SERPENTINES. N' U'S avons vu naître le ballet, nous l'avons suivi depuis ses vagues origines jusqu'à Rome où, développé sous l'impulsion de Pylade et de Batiulle, il passionne tout un peuple. Cependant nous ne pouvons avoir la prétention d'établir aucune comparaison entre les scènes mimées en vogue i cette époque et celles que nous désignons de nos jours sous le nom de " pantomimes ». En France, au moyen âge, le ballet s'est appelé mascarade ou inoincnc, et ne s'est modifié de façon bien évidente dans le sens de nos ballets actuels A LA CLASSE DE DANSE DE I. OPEHA Croquis de Paul Kcnouard. y i ;*.i.v.v/i .1 r/Mi/.A'v //-s i,;r\ ijiK i :; L-lilitniit. ilt McJkis. StJUS Henri III, Minri IV f " \IM, «.cttc tendance était ut)a suiblc. A partir du xvii* sicclc-, continuant .1 emprunter ses sujets à la niytho- It>gic, le ballet pas^iionne la cour, (.1, pour ajouter i b pompe du spectacle et à l'illusion théâtrale Jans la représentation des sujets merveilleux, nous le voyons recou- rir aux machines. Alors des prodiges scéniques s'accomplissent, des dieux descen- dent sur la terre, on entend la tem- pête, on voit les mouvements de la mer. La musique, de son côté, s'at- t.iche déjà à suivre l'action de plus près. Mais ce n'est point encore le véritable ballet-pantomime ou ballet d'.iction, tel que nous l'entendons aujourd'hui : la poésie et le chant y tiennent autant de place que la danse. D'autre part — nous l'avons vu — le ballet français ne peut vraiment dévelopiKi sun >..ii.i..t(.n. de spirituelle et libre noblesse qu'après l'abandon des ni;usques et des tonnelets. C'est dans le second quart de ce siècle, à l'époque des Rossini et des Meyerbeer, des Auber, des Hérold et des Adolphe Adam, que le ballet prit définitivement la forme qu'il a gardée depuis. En même temps, l'art si important du machiniste s'ess;iyait i des pro- cédés nouveaux. C'est ainsi qu'en iM.>5, dans l'Ile des Pirates, de Nourrit, on vit, pour la première fois, un navire apparaître sur la scène tranforinée en océan. Nous ne pouvons rappeler ici tous les ballets qui ont été représentés depuis cette époque, ni nous étendre sur toutes les innovations scéniques. Nous nous bornerons à citer quelques-unes des œuvres qui furent le plus remarquées lors de leur apparition, et .1 .'ignaler les brillantes étoiles dont l'éclat resplendit un instant sur la scène. AVANT I.A DANSK l>'aprc^ le tablciu Je .Mme de Tavcrnier. i..\ n.wsK .1 r /'///;. i tri:. •M'» (' C'est seulement chez nous, a dit Théodore de H.invillc, qu'existe l.i vcril.ible école classique où la rigueur et la correction n'excluent pas l'originalité, où l'on se soucie du rvthme et de la grâce, où l'on se souvient qu'un pas dansé est l'image même d'une ode.... » Ce charme et cette correction classique, nous les trouvons chez toutes nos danseuses, '6illiouettes exquises, apparitions légères, surgissant au milieu d'un éhlouissement triom- phal pour s'évanouir trop vite, hélas! En !•"!-} I, Carlotta Grisi, étoile nouvelle, se distinguait dan ' ' niant hallet de Gisdle ou les ll'illis, dont Théophile Gautier écrivait le livret, .*\do;[MK .uiam la musique, et dont Coralli réglait la chorégraphie. En if^4.\ elle triomphait encore dans /|-,KM1-K? l'KLI'AKA I II S D'aprcs tin t.iblc3u Je f.irricr-llcllciisc. / I / 1 I \ «s / I 7 /.■ 1 l ; /.' V I i \ i / . < V Ji(;ucr vc!» bu «.Uc^ «iitaictil m a\iii«.ï. Cl ^uc luii tluuil UcUo, ce que l'un ûi- Mit dire ne nutxiu pj:> à leur succès. Mme Weiss, la directrice, la générale, était aus!>i leur mère. HIK ihandonnait ni jour ni nuit; au couvent même, la sur\'eillance ii'eM pas pluN .uuM, \,i morale n'est pas plus sévère, les soins ne sont pas plus mater- nels. Seulement, au couvent, la danse tient moins de place dans l'éducation. • Un médecin allemand et juif était attaché h cette petite colonie juive, car dan- seuses, directrice et maître de KiUet, tout ce monde-là était luif. Ces détails que l'on fai- sait circuler excitaient un in- térêt général. Les petites juives furent i la mode deux semaines au moins et, grâce à elles, l'Académie royale de musique conquit de nou- veaux habitués : les enfants de huit à dix ans. « Les danseuses vien- noises ne firent pas seulement sensation sur les planches de l'Opéra; elles devinrent le signal, le prétexte d'une me- sure administrative, d'une ré- forme qui restreignit les li- bertés du théâtre. Le bruit de leur succès avait retenti jus- qu'à la cour; la Muette de Porlici allait être représentée aux Tuileries, et l'on comptait sur ce petit monde d'ar- tistes pour compléter, rajeunir le divertissement. • Mais, tout à coup, un scrupule vint à M. Duchàtel : ces petites danseuses n'avaient p.is fait leur première communion! On objecta vainement — et l'argument était assez concluant — qu'elles étaient juives. L'austérité religieuse de M. Duchàtel maintint son veto, et les danses des petites Viennoises furent mises à l'index. On ne s'en tint pas là : i NE i;Ton.E D'après le paslcl Je I>cKas. I Music du Luxembourg.) /. I h.\ V.S7-: .1 1 Tiii: \ tri: I. ECOLE DE DANSE D'aprùs le tableau de Palmaroli. {Arec mli'risation Je MM. lioiissoj, Maiizi, Joyanl cl CU% êjil.-frnfrj M. Duchàtel lança les foudres de la censure contre tous les enfants admis dans les pièces de théâtre, oubliant que le i" août 1841 il avait signé, comme ministre de l'In- térieur, le cahier des charges de l'Académie royale de musique, qui << exige douze enfants, « moitié filles et moitié garçons, pour les chœurs de la danse. » Mais revenons à nos ballets. Beaucoup de ceux qui liront ces pages ont connu Sauu-Léon, savant chorégraplie, maître de ballet des plus appréciés. D'abord violoniste distingué, il ne se livra avec ardeur ;\ l'étude de la danse que par amour pour la gracieuse Cerrito, qu'il épousa. La Cerrito passionnait le public par sa danse exquise; Saint-Léon le charmait par .son talent de violoniste en même temps que par la noblesse et la di.stinction de ses pas. C'est pour lui-même et pour elle qu'il composa les ballets du Fioloii du Diable (\'\ yî). de Stella on les Contrebandiers (iS5o) et de Pâquerette (i85i). Celui de tous les ballets des premières années de l'Empire qui obtint le plus grand succès fut le Corsaire, d'Adolphe Adam (i856) : on en admira non seulement la mu- ^^^. MvjUL, IIUI.S uiuiiis effets •ausi.v'uiiu ùc iui.sc en wôic. La cliorc- ^' '^ • iphic en avait ^té rcjjlcc par M ' ' encore celle ' f '' ., du comte Gabrielli ^l' v;, ci uc Mauo SpaJa, .i Aiuxr (l".'-' Sipuloti^ uv l'itiN, |H-ndant la mi-me période, le ballet ountala, de Théophile Gautier et d'Hrnest Rever(iH5H), . ..;t dansé par la Terraris, et celui du Papillon, d'Oflen- . . .1, qui fut créé par la pauvre Emma Livry. On sait quelle fut I / la Jîn terrible de cette infortunée danseuse : pendant une répé- ^ tition du divertissement de la Miidte, ses jupc-s prirent feu, elle fut enveloppée par les flammes et succomba après la plus longue et la plus cruelle agonie. En iJWi!), Léontine Beaugrand, après avoir con- €î '">; .1 quis tous ses grades dans les classes de l'Opéra, débutait dans le ^^ ^ trio chorégraphique du troisième acte de Guillaume Tell, et c'est -^^^^C- ~»~^ ;\ dater de ce jour qu'on la distingua. « Avant qu'il stiit long- J temps, écrivait Gustave Ik-rtrand, le public aimera cet étrange profil d'oiseau cfllirouché, et la critique devra .^^r compter avec ce talent qui prend .son e.ssor. » Or, à cette époque, elle n'était pas encore en pleine pos.scssion d'elle-même. C'est en 18O7, lorsqu'elle dan.sa le ballet de Don Carlos, que sa réputation fut définitivement con.sacrée : « Elit ne danse plus, écrivait à ce propos Victor Roqucplan, elle vole. » Vers la même époque, de nouvelles étoiles se lèvent au fir- '^ i- opéra. — salits CriKjui» de Paul KcnouarJ. manient théâtral : Mlle l'ioretti et Mlle Fiocre, dont le succès fut . - éclatant. A la fin de l'année suivante, M. Ch. Nuitter, aujourd'hui .y-.,-— >-.^ bibliothécaire de l'Opéra, imagine le ravissant ballet de ^ /(/ Sonia-, réglé par Saint-Léon et mis en musique par r," -i^ ' •''^ Léo Delibes et Minkous. Là, dans une ovation enthou- / siaste, apparaît Mlle Salvioni. « C'est la vraie danseuse italienne, forte et hardie comme une amazone, dit Paul de Saint-Victor, dardant ses pointes comme des flèches d'acier. Elle excelle dans les pas scabreux, dans ces attitudes véhé- À é'opV:»»». — ARABESQiE mcntcs qui font penser au dessin violent de la peinture flo- t riouard. rentine. » LA DAXsi; Ar Tiir.ATRr. rô.> C'est encore à M. Nuitter qu'est du le livret du Killet de Copfk'lin, représenté poui- la première fois le ^5 mars 1H70. On sait quel tut le succès de ce ciiarmant liallet, dont Léo Delibes composa la musique, succès interrompu par l'invasion. Le l'i octobre iî!~i, on reprenait Copfviiii; mais le principal rôle n'en était plus tenu par la créatrice, la petite Bozzacclii, enfant de seize ans, fleur cliétivc que la maladie aussitôt emporta. Mlle Beaugrand la remplaça, et ce fut pour elle l'occasion d'un triomphe. F.lle avait tout l\ I I \--l lif-, MAIllMUlSIil.I.l; rilliolU'Ki; A LtH'KKA Dapril-s le tableau de I^iiirenl-Desroiisseaux. pour elle, le scntmicnt du rythme, la s;ràce poétique et rèvcu.se, des jarrets d'acier et des pointes de diamant. « C'est l'héritière de Carlotta Grisi, » s'écriait Théophile Gautier. Le premier ballet nouveau qui fut donné après les sombres jours de i">70 est encore de .\L Nuitter. C'est Gntm-Gnrn (187.^), dont la musique était de Guiraud, et que régla Mérante, successeur de Saint-Léon. Mais la salle de la rue Lepelletier devient subitement la proie des flammes, et ce sinistre en interrompt le succès. Le 5 janvier 1875 est inauguré le nouvel Opéra de .\L Garnier. C'est l.'i qu'est repré- senté, le 14 juin 1876, ce beau ballet de Sylvia, que Léo Delibes écrivit pour Mlle San- galli, et où il sut donner un libre essor à son talent. En 1877, l'Opéra monte avec un lu.\e inouï /<• Fandango, réglé par Mérante. La 4-^ vM / 1 it.wsr: .1 T/f.tr/;//.s i./:s âges. niusiiiuc lie Cj.iMuii S.iiv.jyrt liiiistr.iii un iibrttto de Mcilliac vi H.»li\y. I„i h-iik ilc- l.i ftic fut encore Léontine Ik-au};rand, qu'cntounicnt, comme danseuses du premier qua- drille, Mlle Sanjjalli, Mlle Fatou, Mlle Piron. Mlle Monclianin qui, à dix-sept ans, bril- lait dé-jA au premier ranf{. Li troupe des bohémiennes (coryphées) était conduite par la blonde et sérieuse Mlle Subra, presqu'une enfant alors. Le premier danseur Vasque/ se fît, lui aussi, beaucoup applaudir. Hn iM'j;, le ballet ii\i[lùiihlango fut repris, .Mlle Subra remplasait Mlle Beaugrand qui s'était retirée prématurément de la scène. Mlle Subra est toujours une des plus grandes étoiles, une des déesses de la danse française. Elle a la grice et elle a la mesure, elle a la distinction et le charme, elle continue parmi nous les traditions d'élégance et d'esprit des meilleurs classiques. Elle rappelle Fanny Essier et Mlle Ikaugrand elle-même, ;\ laquelle elle succède. Aussi bien, personne n'a-t-il oublié le charme prestigieux de sa danse, principalement dans Copfvlia et dans la fête du prin- temps de Hamlcl. Sous la direction de M. \'.uicorbeil, MM. Philippe Gille et Arnold Mortier compo- sent le ballet de la FaramUc, musique de Th. Dubois, véritable triomphe pour Mérante. Chorégraphes, musiciens et déco- rateurs ont donné à l'a-uvre une telle couleur, que c'est vraiment, Jirait-on, sous le soleil de Provence que l'action se développe. Depuis longtemps, le japo- nismc hantait les auteurs du bal- let, et déjà les bals costumés aux Tuileries, sous Napoléon III, et ceux du duc de Morny avaient permis d'admirer des costumes ja- ponais à la beauté bizarre, que l'Exposition de i"%7 avait encore contribué à mettre en lumière. En 1879 seulement, Philippe Gille et Arnold Monier réalisèrent le projet qu'ils avaient conçu depuis longtemps, en donnant à la scène le mer%eilleux ballet de Ytdda, EXERCICE A LA B.VRRE , .,, . • • 1 ^. , . . , ^ ^ o „ dont Métra écrivit la musique. D apri;« k tableau de Carrier Belleuse ' Al h.wsi: M Tiii: 1 iKi: Mlle S.ini;.iHi en niim.i et en ilan>.i dans la perfection le premier rôle, et Mlles Sanlaville, l'atou, Piron, Monchaniii y obtinrent également le plus vif succès. Dans le courant Je la même annéx-, à la reprise du ballet, la sé- millante et fiintaisisteRositaM.mri, revenant d'Italie, se fit .'i son tour acclamer dans le rôle de Yedda. Des spectateurs tels que le prince de Galles, MM. de Metternicii, de Massa, tout ce que Paris compte d'éminent dans l'aristocratie et dans l'art, donnèrent le signal d'enthousiastes bravos. Désormais notre Opéra devait la retenir, les Parisiens l'aimaient. Ils le prou- vèrent maintes fois. En 1882, dans la reprise de la Farandole, elle ne pouvait ceindre sur sa coiffe d'.-^r- lésienne les couronnes que l'on ramassait à ses pieds. On lui doit encore, depuis ces retentissants succès, les créations de In Tenipclc, de la Koni^aiir et de la MalaJitla. Nous arrivons maintenant à des chefs-d'œuvre chorégraphiques plus récents qui marqueront certainement dans l'histoire du ballet, mais tous ne sont pas de création française et n'appartiennent pas à l'Opéra. Signalons en cette mè-me année i8«S2 les [représentations, malheureusement trop peu nombreuses (car le succès ne répondit ni au mérite de l'œuvre, ni aux espérances des connaisseurs) du ballet de Nainoiina, dont .M. Xuitter avait composé le spirituel livret, et Lalo la musique charmante. La danse de Petipas y était pleine d'entrain; Rita Sangalli était délicieuse dans le rôle de Xaniouna, et Mlle Subra, étourdissante. Mérante tenait avec élégance le rôle d'Ottario; Pluque se distinguait en lorban empanaché. Et quels costumes! Sangalli, vêtue en Moldo-Valaquc,' était toute blanche pailletée d'or, l , l'KL.MILK .SI Jl.l D'aprts le l,nWeau de Berlicr. (Pliot. Bijun, CUiiu-nl cl l'u-.» LA /i.l.V.V/i .t TI<.\\J:I<.s LUS AGES. avec vuilc ctinccUni et ubiicr brodé d'argent rrjn|t;é de «oie roM.-. Inverni/j;i portait la dalnutique grecque en velours vert rehaussé d'or. Au reste, de nouvelles influences allaient encore, à cette époque, contribuer à aug- menter la splendeur de nos ballets Mn |H83, le ballet d'ExcfIsior, de l'Italiin Man/otti, inaugure le théâtre de l'Hden. La mise en scène en est mer\eilleuse, et, en dépit d'une orchestration vulgaire et bruyante, il excite l'enthou- siasme, grâce au talent de Mlle Laus, de la Scala de Milan. Manzotti, encouragé par ce triomphe, donne en 1M84 un nouveau ballet. L'action, empruntée à une lé-gende Scan- dinave de l'an 640, nous transporte dans le royaume enchanteur de Thulé. Le suc- cès de Siéba est aussi éclatant que celui à'Excehior. La Zuc- clii y révèle une danse nou- velle, brillante et enfiévrée, qui fait courir tout Paris. Que dire maintenant, pour revenir à notre école française, de la Korrigane, de irançois Coppée et deWidor ; des Deux Pigeons, de Messager, de la Maladetta, de l'Étoile} Nous ne pourrions ici que ré- péter les éloges dont on a comblé de toutes parts les auteurs de ces œuvres aimables et leurs brillants interprètes. Rappelons qu'à l'occasion de la Korrigane on put constater une fois de plus combien il est difficile d'innover au thé.itre. Lorsqu'à la première répétition on mit sur la tète des demoiselles du corps de ballet les coiffes, si gracieuses pourtant, des paysannes bretonnes, ce lut un grand émoi, quelques-unes fondirent en pleurs, d'autres s'écriaient avec indi- gnation : « Nous aurons l'air de bonnes ! » Elles se résignèrent enfin, mais après combien I.A ZlCClll DANS LE BALLET DE « SIEBA » D'aprcs le labîcau de Clairin. LA n.wsK .1 r nu: A tke CLASSE DUS CORYl'ltUtS A I. UI'liUA Daprcs le dessin Je l'aiil Kcnouaril. (.Viisir .(« /-H.VfiiifoHi;,'.) d'exhortations! Le succès Je la " première » répondit victorieusement ;i leurs craintes. Comment arrive-t-on à mettre en scène un ballet ? lit comment se rèj^le, dans une telle œuvre, la collaboration du librettiste, du chorégraphe et du musicien? Voici à ce sujet quelques renseignements que je dois à l'obligeance de M. Xuiuer, le savant bibliothécaire de l'Opéra. « Le librettiste, me dit-il, écrit le livret de son ballet. Ce livret décrit l'action, mais ne contient aucune indication sur la partie purement chorégraphique. Le chorégraphe étudie le livret. Il se rend compte des scènes mimées, qui doivent être assez simples pour pouvoir être expUquées par le langage restreint de la pantomime. Il compose de son coté les pas qui seront dansés. » Autrefois ce travail était fait avant que le musicien eût écrit une seule note. C'est le chorégraphe qui lui indiquait en détail ce dont il avait besoin. Il demandait vingt mesures d'un mouvement vif, puis seize d'un mouvement lent; ici un temps de valse, là un autre. C'est ainsi que Delibes a écrit Coppélia, que Lalo a écrit Kamoiiiui, dans une collaboration constante avec le maître de ballet, dont les intentions étaient fidèlement suivies. .>.>Jt /. I it.wsic A ru.\\i:us lus aqes. • Mais l'usage s'est moditi^, les compositeurs i-crivent niainteiuiit à leur i;ré leur musique aussi bien pour la partie dansd-e que pour Its scùnes de pantomime, et c'est au maître de ballet à tirer le meilleur parti possible des motifs qui lui sont fournis. Sa ticlie est dotiL maintenant plus diHicile qu'autrefois, où l'ancien système lu laiss.iit plus d'initiative. • Une fois ce double travail achevé, le maître de ballet convoque le personnel qui doit exécuter l'œuvre. Les choses ne .se passent pas ici en etfet comme lorsqu'il s'ajîit d'une ivuvre théâtrale parlée ou chantée. \'eut-on mettre à la scène un opéra ou un drame, chaque inter- prète re«;oit son rôle écrit, et l'emporte chez lui afin de l'étudier. Pour un b.illet, tout le travail des études se fait uniquement sur le théâtre. • Il y a quelques années, la musique était exécutée aux répétitions par deux violons, aujourd'hui un pi.i- niste est chargé M'" SIURA, l'KlIMIICKE DANSEISE Oi: LACADI'JIIE NATIONALE DE MlSlgiL l'h.tt ll.irv W"" ROSITA .MAl'RI. l'KEMUlUi: DANSEISE DE l'aCADÉ.MIE NATIONALE DE .Ml'SIQl'E Phot. Rvutlin^'cr. de Ce soin. Le maître du ballet t.iu chaque geste, danse ch.ique pas, qu'il désigne par .son nom : saut de chat — pirouette — cabriole — pas de Ivtirrèe, et la danseuse ou le danseur le reproduit. C'est ainsi que, mesure par mesure, pas par pas, scène par scène, en s'arrètant, en rtcc n nin^nnl .T.ns cesse, on va jusqu'au bout du ballet. Tout cela s'apprend au reste beaucoup plus vite que l'on ne pourrait le penser, et se grave promp- tcment et profondément dans la mémoire. Au bout de plusieurs années, une danseuse, en entendant la musique, se souvient, jusqu'aux moindres détails, des pas qu'elle a dansés ou vu danser. • François Coppée nous a raconté dans le Figaro illustré comniLiM il devint librettiste et écrivit la Kor- rii^ume : » \'oulez-vous faire un livret de ballet? » me dit Régnier. En vain je me défendis, alléguant ma complète inccmpétcnce. Les instances du bon Régnier, i.A D.wsr: -ir Tnr:.\ trr. :>^ci puis celles de Vaucorheil , me décidèrent. Après tout, que me dem.ind.iit-on ? D'imaginer un conte bleu, une féerie. J'y rètléchis pendant quelques jours, et j'inventai un sujet de ballet. « J'en inventai même deux; et le directeur actuel de l'Opéra pourrait découvrir dans ses cartons le manuscrit des Fleurs morkllcs, où il y avait ime idée que j'oserai qualifier de poétique et de jolie, attendu qu'elle n'est pas de moi et qu'elle m'avait été EXERCICES A I..\ B.\RRE D'aprts le dessin de Paul Renouard. (Mus^e .lu I.iixcmbDiirg.) inspirée par une nouvelle de l'Américain Natlianiel Hawthorne. Mais N'aucorbeil préléra la lable de la Korrigane. <> J'avais bretonnisé quelque peu. J'aime beaucoup Brizeux, je possède assez bien mon Luzel et mon Lavillemarqué. Depuis longtemps, parait-il, on n'avait vu au tlié.'ure ni coiffes blanches, ni bragoii-brass. L'histoire d'Yvonnette, changée en Korrigane pour n'avoir pas rendu, à l'heure dite, .ses beaux atours à la reine des Nains, avait le mérite d'être très simple, pre.sque enfantine. On me félicita d'avoir, du premier coup, égalé le génie de « La Mère l'Oie », et la Korrigane fut mise à l'étude. « Mais alors — ô surprise! — j'appris que mon rôle était terminé, ma besogne accomplie. Mon Dieu, oui. Le reste regardait mes collaborateurs, le chorégraphe Mérante et le compositeur Widor. AI ItASSE \ TRAVERS LES AGES • *.h\ m .lutorisait umdoiiii, t>ii m'invitait m^mc à a^^i^Ui aux K-pc-titions; mais c'ct.iit pure politesse, car je ne M.-r\ais à rien. Q-ttc esquisse k peine crayonnée, ce ci>ntc Je nmirrice iniprovisi sur trois feuillets, voilà tout ce qu'on attendait de moi. • Disons encore un mot sur le librettiste. • I-orsqu'il se nomme Tlicopliile Gautier, malgré la orme aride qui lui est imposée, dit CluirleN de lk)i^ne dans ses Pflils luéiiwirrs il.- t'Opéra, il irmuc ino\tn J'v semer de l'esprit, de la fantaisie, des idées, du style. — ! . Gisflle. - Quand il ne s'appelle pas Gautier, voici un spécimen de ce qu'écrit le librettiste : • Le ihé'itre représente la ville d'AnJrinople. Une marche se fait entendre, et l'on voit sortir d'une riche litière le pacha de l'ile de Cos, dont sans doute Andrinople est la capitale ou tout au moins la voisine. • Seyd-Pacha veut renou- veler son liarem, il regarde les esclaves. Les marchands, pour le séduire, font danser devant lui les femmes de tous les pays. » - Peste ! quel corps de ballet ! s'écrie de Boigne. • .Mais le pacha reste insensible « .... Le corsaire jure ù .Mé- dora de l'enlever au vieux maître qu'on veut lui donner; il jette de l'or aux jeunes .limées. » " Des .limées.^ Andrinople! reprend Charles de Boigne, pour- quoi pas des bayadèrcs? Toutes les danseuses ne sont pas indis- tinctement des aimées. Il n'y a d'aimées qu'en hgypte, comme il n'y a de bayadères que dans l'Inde. — .Mais le killet n'y regarde pas de si prt-s. » Ht l'auteur que je cite conti- tOLl.N--M.\ILl..\HI> ... Dnprcs le tableau dcP. Cimcr-Bciicusc. "Ui: à critiquer avec inhniment irAtS^ » "A .^^'uprt'Mj (f ùjiruuiu <)<" .Affriti 'icn l..\ l>A N.N/: .1 r '/•///•;.l TRE d'esprit le librettiste qui fait intervenir dans le scénario la rriiic ths liriix soiilcrrains et le *•()/ des invrs et de leurs (utras^es, et fait tenir un lit de justice par le paclia entouré de ses •grands di.t;nitaires. « F.t moi qui cro\ais, dit-il, que les rois de irance seuls tenaient autrefois des lits de justice dans leurs Parlements! Cet estimable Seyd-Paclia est \eiui fort à propos me faire rougir de mon ii;norance. Désormais je saïuai que les pachas de l'ile de Cos tiennent des lits de justice, ni plus ni moins que des rois de l"rance, et qu'ils les tien- nent dans des kiosijiies élégnnls. >• « Tous les ballets, tinit-il, en parlant de ceux qui étaient composés vers 1840, sont pleins de naïvetés pareilles, écrits dans ce style incomparable : ab tinodisce omnes, et cela fiiit 10 000 francs de recette tous les soirs! » M. Hansen, maître de ballet à l'Opéra, a eu la gracieuseté de me fiiire assister à une répétition du divertissement des Maîtres Chanteurs, et j'ai été en effet sur- pris de la facilité avec laquelle les danseuses réussissent et retien- nent les moindres variations qui leur sont indiquées dans leurs pas ou leurs attitudes, et com- prennent le désir du maître qui sait si habilement les diriger. Nous avons tous vu dans un ballet, sous l'éclat des lustres, devant une salle char- mée, ces vols de gracieuses et sveltes jeunes femmes, enveloppées de gazes pailletées d'or, plus légères que des ailes. Dans notre enchantement, sous l'impression des splen- deurs qui se déroulent devant nous, elles nous .semblent vivre dans un songe et tra- verser d'incessantes apothéoses. Qu'il y a loin du rêve à la réalité! Je n'en ai jamais eu le sentiment plus vif que le jour où les portes des cla,s.ses et les coulisses de l'Opéra m'ont été ouvertes par MM. Ber- trand et Gailhard! 4C> I.I; BONNET 1) ANi: U'arrcs le tableau Je P. Carrier- Hellcuse.(P/io;. lir jiw, CIcmciil cl Cie). / t /iivv/: 1 rnw'i^Rs les aoes LA l'AVANE \ I. OPÉRA. — M"* DE MÉRODE l'holutrraphic Mairet. i. (.i.iu ntiii lHUIl■^du matin; j ancndais, vji nu. j'iiiiin.ij.iiii lii. long i-n large, l'aimable guiJc auquel M. Hansen, maître di. ballet, m'avait confii-. Des fillettes arrivaient avec leur petit panier au bras, par groupes ou accompagnées et traversaient la cour de l'administration. C'étaient les plus jeunes élèves, futures étoiles peut-être, qui doivent être • en li.iiiM » tous les jours à neuf heures l'été, et à dix heures l'hiver. Quelques instants aprt*s, je les retrou- v.iis en costume, c'est-à-dire en maillot, avec de petits pantalons de calicot et la jupe courte de gaze, dans la classe de Mile Berthe Ikrnay, qui fut naguère un premier .sujet très applaudi. Les petites étoiles étaient là comme un essaim bourdonnant, riant et causant, sautillant pour es.sayer leurs jambes fluettes, lorsque, sur un battement de mains de leur professeur, elles vont s'aligner aux barres fixes qui courent au long des murs : les voilà, comme on dit en lan- g.nge de danseurs, « à la première » et au « premier temps des bras », c'est-à-dire qu'elles .se tiennent les genoux en dehors, les deux talons l'un contre l'autre, de façon à mettre les deux pieds sur une même ligne droite, les coudes au-dessus dffs hanches, l'avant-bras vers la ceinture, les deux mains rapprochées, sans se rejoindre, sur le devant. Puis, aux accords d'un violon, la leçon commence. Et, tandis /C que les fillettes se livraient en mesure aux exer- cices des cinq premières positions, aux dégagés à terre, aux ronds de jambe, aux plies, aux pointes et aux battements, je considérais Mlle Berthe Bernay, leur professeur, je songeais à ce qu'elle avait écrit sur .ses premières études à elle-même : toutes ces enfints que j'avais sou les yeux devaient fatalement passer par cette dure initiation. Écoutons-la : « J'étais âgée de sept ans, et ma mère me réveillait pour aller au travail à sept heures LA r-AVA.NE À LOPÉRA. — m"' carré Photopraphie Mairet. LA ti.ws/c .ir riii:.\ rui:. ,^03 et dcmii.- du matin, hiver comme été, et, comme A cette époque les leçons se prenaient rue Riclier (.ui dépôt des décors), il me fallait partir du lo^is (à Belleville, prés des Buttes-Cliau mont) de taçon à être en danse, avec mon costume, à neuf Ixures précises! Il va sans dire que le trajet en omnibus n'était pas à la portée de mes petits moyens. Je devais le faire à pied ! I:t quel trajet ! Le lecteur en peut facilement juyer. :i La. leçon du matin durait de neuf heures à dix heures et demie. Après ce travail, je changeais de costume et je retournais alors trouver mon petit déjeuner à midi. Pour- tant il n'était pas sur toujours que j'en fusse quitte pour ma leçon. Je n'avais pas chaque fois le bonheur de gagner si tôt i.ni; uia-iiriTios dic la pavani: à i.'oi'éu.v , ,, ■ 1 ■ m"' de méuodi: et .m. hanses mes hauteurs. Il v avait les lours, encore . ., . ' ' l'h(iliii»r.iphic Mairct. Iréquents, où il me fallait assister aux répétitions, il l'Opéra même, car les jeunes élèves comme moi étaient employées à la figuration. En ce cas, je déjeunais rue Richer, avec ma mère, de la modeste pitance que uous emportions dans notre panier (ce panier, je ne l'ai jamais oublié!) et nous allions assister, rue Drouot, à la répétition qui se prolongeait jusqu'à deux heures. « Alors seulement j'étais libre... de refaire un voyage .i Belleville. Puis, quand, le soir, je devais figurer au théâtre, nous descendions de nouveau afin d'être à l'appel "i huit heures. Enfin, lorsque l'ouvrage dans lequel je figurais finissait à minuit, je me remettais en route à cette heure. « Alors ma pauvre mère me traînait littéralement à son bras, et nous arrivions hara.ssées à une heure du matin au logis où mon père nous attendait. Xous dormions à la hâte et nous repartions pour la chisse, le lendemain matin. Mais je gagnais un franc de feux pour la répétition, et de même ,,. VASQIEZ. ..RE.MIER DA.NSELR J,^ f, ^^^^ Ju ^OJ^ I \ I, .\CADEMIE NATIONALE DE .MLSIQIE Phoiotrrarhie .Mairet « J'ai fait cc Hiéticr à ce prix, dans ces conditions, depuis -■"•4 /. I /»i.vv/-- .1 Tirwriis i.t:.s \r,i:s Hjn .iiis )iiN*ju ,1 tr«,!/v im ^lu.itiirzt .un ciniroii. loii)ourN pjs d aj'poiiutintnu lixci! » Il est vmi que Mlle Benuy recevait, tous les ans, à titre d'indeiunitc, cuinnie les autres, deux paires de chaussons en toile grise, un mètre de coutil blanc pour son corsage it cinq mètres de mousseline ptiur ses jupons de danse! N'eut-on s.ivoir maintenant quels furent les appointenients d'une danseuse qui occupa les premières places pendant plus de dix ans de sa carrière de sujet? Hn iîWh», elle était engagée par M. Ferrin dans le deuxième quadrille, à (mnj francs par an, lesquels furent portés A "'«> h la suite de l'examen. Sous In direction de M. H.ilanzicr. ses .ippoin- RECONSTITITIOX DE DANSES ASCIEXXES À L'OPÉRA. — LA PAVAXE Photoin'aphic Mairct. tciiKiits s'élèvent ;\ ()iMy francs. Trois ans après, faisant partie du premier quadrille, elle touche i loo francs, puis, comme première coryphée, I2(x>. Huit années plus tard, elle est pt-tit sujet, et ses appointements atteignent successivement i5(x», i Bik», ^iHM et Ockkj. Soiis la direction Vaucorbeil, comme premier sujet, elle arrive à 68<.>, ' sider ;\ ses moindres mouvements. De même ^ ' j* qu'une belle statue doit pouvoir être considérée sous toutes ses faces et former, de quelque coté qu'on la regarde, un bel ensemble, de même chacune des attitudes de la danseuse devra être gracieuse et éléi^ante. La ditliculté en est i:;rande, vinis l'avoue- rez volontiers. Je conseille souvent .i mes élèves d'étudier les tableaux et les statues des maîtres, elles y puisent les meilleures leçons/Et les bras! les tenir tantôt dans l'accord le plus harmonieux avec les mouvements du corps, tantôt les opposer avec gr.ice ;\ ces mouvements, en varier les positions en obéissant toujours aux lois de la beauté, n'est point chose aisée, croyez-le bien. Et cette ditliculté vient s'aui^menter encore de la nature physique de chacune d'elles. Ainsi on arrivera .'i dissimuler des bras un peu trop longs en les arrondissant un peu, les sujets à taille courte tiendront leurs bras plu.s élevés que ceux qui ont la taille longue. On évitera toujours les mouvements anguleux. " " Le célèbre Noverre avait donné à ce sujet de précieux conseils. " L'opposition ou le contraste des bras avec les pieds, écrivait-il, est le mouve- ment le plus naturel, et cependant le moins ob- servé. Un danseur qui porte bien ses bras et qui ^ J *^ '^ "^it 4rt.' les met d'une manière gracieuse, suivant les vraies ^1 ^ '^W ' ' règles de l'art, prouve qu'il a étudié ;\ une bonne '■^ -' "^ / M *^À> école et que son exécution est invariablement correcte. ■• " Feu d'artistes, continue .\1. \'asquez, se sont distingués par un beau style de bras. Ce défaut pro- vient généralement soit de la médiocrité des prin- cipes qu'ils reçoivent dans une mauvaise direction. LE MENUET Ai: TIIEATKE l^c baisemunt Je main. /. I ' h.-.t:ion des bras et s'exemptent ainsi du travail qui demande une étude im]Hirtantv. Mais il serait trop long de vous signaler toutes les régies qui doivent présider aux m.nivemenis des danseuses, je me borne ;i vous en indiquer quelques-unes. L'essentiel nu surplus, lorsqu'elles seront |I parvenues à force de volonté ob- M inée, à ){ouverner leur corps avec i^rjce, au point de faire oublier l'étude, sera d'acquérir la sou- plesse, la légèreté, les nuances et |>ar suite la variété. • 1j variété, liis.iit Oaiiberval, est un des " charmes de la nature, et vous ■' ne pouvez plaire longtemps aux " spectateurs qu'en variant vus " compositions. •' 11 faudra que l.i danseuse s'attache à avoir le plus possible de ballon. Avoir du Kiilon veut dire s'enlever de terre sins effort apparent. Elle devien- dra presque immatérielle et fera songer à 1' • àme • qui dansej » Ias règles qui s'appliquent .lux danseuses sérieu.ses se modi- fient pour les danseuses demi-ca- ractère et les danseuses comiques. M. Wisquez ne s'attache pas moins à l'expression : il veut de r.'une, de l'abandon, de la souplesse dans les attitudes. Li danseuse doit, .sous sa direction, monter avec légèreté sur les pointes; puis elle K)ndira dans un pas, effleurera le sol comme prête à s'envoler.... Et j'admirais avec quelle persévérance les étoiles même poursuivent leurs exercices, car Mlles Subra et Kosita Mauri viennent chaque jour à la barre, travaillant encore avec ardeur pour conserver leur souplesse et leur élasticité. Toutes les élèves des diverses classes de danse, quadrilles, coryphées et sujets, appar- I.A i»A.\si-; Daprcs une arfichc en coulcur> Je Chcrct. ( Chjix et fie, iiileurs . i LA l).\ \.s/. ir 77/ /M TA'/:. tiennent exclusivement à M. Han- sen, m.iitre de ballet, lorsqu'il s'agit des répétitions ou des re- présentations. Le rôle des pro- fesseurs se borne .'i les préparer. II V a peu d'années encore, le b.illet, qui s'intercale dans presque tous nos opéras, était pour l'abonné la première des joies; aujourd'hui on semble y attacher moins d'importance. Il semble qu'il y ait une tendance à en restreindre de plus en plus la place sur notre première scène lyrique. Cependant l'école classique de la danse française conserve à l'Opéra ses traditions de brio, de grâce et de nobles.se. Ailleurs, sur des .scènes plus fantaisistes, elle disparait pour faire place .'i des danses singulières, charman- tes quelquefois, entre autres celles qui furent exécutées récemment aux Folies- Bergère par les sœurs Barrisson, les Martyn s, combien d'autres encore!... /De ces manifestations chorégraphiques, nous n'en retien- drons qu'une, la danse serpentine, ondoy.uite, lumineu.se, toute de grâce et d'étrangeté, qui fut, pour les Parisiens, une véritable révélation. Par un artifice nouveau, les étoffes chatoyantes et légères dont s'enveloppait la Loïe Fuller s'agitaient autour d'elle, se déve- loppant en immenses ailes, se déroulant comme de grands nuages d'or, d'azur ou de feu, sous des jets colorés de rayons électriques. Et, sous les flots de lumière ardente ou pâle, le corps de la danseuse subitement devenait incande.scent, ou lentement .se mou- rait, spectral et doux, en des colorations diaphanes et changeantes. Et l'on ne se la.s.sait de .suivre les transformations de ces nappes lumineuses et les .succcs.sives apparitions de renchanteres.se, à travers le chaos des étoffes fleuries, dans l'arc-en-ciel ou dans la flamme. La Loïe Fuller, après nous avoir longtemps quittés, est revenue aux Folies-Bergère i.Aiii -r.N-< n;i., UM.i.i:r i-.xmh.mi.mi: l);irrcs une .iflichi; Jk Chcrcl. (l'iuix il lU; cMU-iiis.) / I /»tvv/' .\ TirMrrrs t.rs {eus |H>ur rc-mj'i'iiii lU- iKiinciux et hnil.uus MICCCS. Dans Va dansr du Ffii elle aj>j-..i.iii, ^ .ij;i- ;.int et se tordant dans un torrent de lave incandescente; sa lon(;uc ■ tunique jaillit en jets de flamme, enroule ses spirales brûlantes, i iidoie et tourbillonne, éclate soudain et s'6- inouit lentement en un rouge brasier. «' Modelée dans de la braise ardente, txTit Jean Lorrain dans un article du JiMirml, la I.»)ïi; 1-uller ne brûle pas; elle filtre et suinte Je la clarté, elle est la flamme elle-même. Debtnit dans un brasier, elle sourit, et son sourire a l'air d'un rictus de masque sous le voile rouge dont elle s'enveloppe, ce voile qu'elle agite et lait onduler comme une fumée d'incendie le long de sa nudité de lave. C'est Merculanum ensevelie sous la cendre, c'est aussi le Styx et les rives infernales, et c'est le Vésuve aussi et sa gueule entr'ouvcrte crachant le feu de la terre, que cette nudité immobile et pourtant souriante au milieu d'un brasier avec le feu du ciel et de l'enfer pour voile. Après le drame teirili.mt du teu, voici la danseuse qui se dresse en une p.ileur et en une pureté de lis. La fleur de rèvc s'élève et s'élève encore, s'épanouit démesurément grandie, atteignant presque les frises. Et les spectateurs, devant ces visions ignées, sai- sissantes ou sereines, l'.icclament et l'applaudissent avec enthousiasme. a Dans une mer de ténèbres, écrit encore Jean Lorrain au sujet de cette danse du Lis, une forme grise, indécise, flotte ainsi qu'un fmtôme, et puis, soudain sous un jet de lumière, une blancheur spectrale, une terrifiante apparition. » Sur cette même scène des Folies-Bergère où s'est produite la Loïe Fuller, un grand nombre de ballets ont été donnés, qui n'ont manqué ni de charme, ni d'éclat, mais qui n'ont pas marqué de date dans l'histoire même du genre et qu'il n'y a pas lieu par consé- quent de signaler ici d'une manière particulière. Je ferai pourtant exception en faveur d'un auteur plein de talent, Michel Cirré, qui, en dehors de la pantomime-ballet de rEnfant prodigue, le modèle du genre, dont MI<> Mvrri, l.f>VE DANS LA « SKIRTIVCi PANTr » DANSK l>i: JIPON |i.ii'r<.~ uni: | lujtraphic «IcUi Loniiuii >i<.i >.< >~.< Al /' I v\/-: .!/■ 77//; I TKi:. le succès fut ccl.it.uu, a croc Ruitoii d\'r et R'hiùlin. Rokiii-tlin, dont l.i iiuisique .w.iit ctc écrite par Alkrt Renaud, lut le dernier j^rand ballet joué à l'Iùlcn -Théâtre. L'ac- tion dramatique mimée se développait dans une mise en scène remarquable. La d.mse s'y mêlait très intimement .'i l'action, faisant pour ainsi dire corps avec le drame lui- même. Pour 1.1- première fois, des rôles de b.dlet, c'est-.'i-dire de mimes, furent teiuis |\.r de véritables comédiens. R'Klon d'or, musique de Gabriel Fiernè, est une fantaisie lyrique en quatre actes qui fut représentée en i8i).> au Nouveau -Tliè.'itre. L'action du ballet avait été conçue en vue de favoriser des effets de lumière. Le roi des ténèbres, amoureux de l'aurore, était vaincu par les rayons et ses ailes s'évanouissaient dans les clartés célestes après ime lutte oii Rossi fut admirable. Le jeu des couleurs du prisme se mariant avec un arc-en-ciel éblouissant, créé par la Loïe FuUer, y fut appliqué en grand. Les clartés étaient lii^urées par six danseuses aux longues jupes flottantes sur lesquelles [ couraient mille serpents de feu. Comme dans les créations de la Loïe Fuller, la danse se résumait plus dans les mouvements des bras que dans ceux des jambes. C'est aussi dans Bouton i/'i)r qu'eut lieu une répétition au « Foyer de la danse » où se révéla l'acteur Barrai dans le rôle de maître de ballet. Quant aux bals publics, à nos vieux bals si amusants jadis, la plupart ont disparu; ceux qui restent sont dégénérés. Au som- met de la butte Montmartre, de la « grande butte » , au Moulin de la Galette, s'est préparée l'é- closion d'une nouvelle école, l'école de la danse excentrique et du quadrille naturaliste. Elle a depuis rempli de ses succès vul- FOLIES-BERGÈRE i.A i.oiE ri la.iat i>.\ns i..\ • dansk uv vvx » Daprës une allichc de Chtrcl. n'hiix et Cie. clilaiif.i 374 / ! ;. ivw I rnAVKH.s 11-^ 1',/ < gairv» le Jurilit) ilc l'aris, !«. Muuliii Kuugv et nutrcs licu\. J j\uuc t]uv |c n Ji pas encore réu»i, pour ma p.in, à en comprendre les U\\ '^ur l'autre rive Je la Seine, le vieux • Bullier • demeua- toujours; mais j'ai tMtii ptur qu'il n'ait plus rien que le nom du joyeux bal deN étudiants d'autrefois. Et je rive encore aux danses champêtres, aux hun naïves embaumées de l'odeur dc-s foins, aux rondo de nm paysans, la plus simple mais la plus pure expression de la Danse. I.A LOÎK FII.I.KR KANS LA • DANSE SEBI'EXTINE » l'hoiupr-iphie de KcuUinKur. TABLES Des iMaticrcs et des ( M-avures, IN IIAI. MASgll-. A I. Ul'KHA Snl ^ I.L CKL.MIl-.K t.MCIÉtI. DMprL-. l;i LT.iviiri: ilc Husiii. illiilinllU'^iiL' «j/iViiuV. GRAVURES HORS TEXTE L;i Dansf à travers les ."igcs. D'après le tableau peint par AItik- Morot pour YHoliUk Vilk. à Paris. Fn^ Salonié. D'après le tableau de Gustave Moreau i j La Danse. D'après le groupe de Carpeaux. (Façade du Grand Opéra, à Paris ... ;J! Le bal du duc de Joyeuse. D'après le tableau de Clouet. {Miiscc du Lyin fHi La Sarabande. D'après le tableau de Rovbet . . ,,2 L'ne noce de paysans. D'après le tableau de Téniers. (.VIhjiy i/c- .WhmiW;.) . ... .1:0 Les plaisirs de la danse. D'après le tableau d'A. Watteau . ... .!.■!; Le Bal. D'après une gravure d'Augustin de Saint-Aubin i5t Mlle Camargo. D'après le tableau de Lnncret. (.Vw/irnH /'i;/i;/.<, (i Bit/;;;.). ... ■ '7- L'arcliiduchesse Marie-Antoinette dans le ballet dansé à Vienne, le i.'î lévrier 176.^. U .ipres le t.il'leau conserNé au Musée de Versailles lO) Le Menuet de la Mariée. D'après une gravure en couleurs de Debucourt 1(^2 La noce au village. D'après une gravure en couleurs de Taunay 204 '.-» LA Ji.W.SK A Tli.WlCIiS l.l L'iK «Idmc en BrcUf^ic. D'jprh W t4t>lcju J'A. Ixlcux. (Mui/r Ju iMXfmlvuir Ij Si);nori RKv'cIti. I)'4pr&t une peinture de (uintharuuKli, Rrjvcc (ur John jmw^ Avant b Corridi. U'aprH le tableau J'A '/•< Ij Ctmicncîu. D'aprà» le LiMdu «le John Sargvm t.V/i<^<.- ./» i.'n.imwnj;.) , , l.e I! • ' ' - .... ,1^. 1';^ jy . t.iMcaU de I./£opold K.u^tt. i.Wii«r ,„• ;ll4 3i: Ix Cotillon. O'apris le tableau de S(c«-an . . RtWiia Mjuri Jin* le hillet Je la Korri^ytif. Pas de b Sabotière. D'apré» le tableau de Bcrtier l>\NSL Al \ 1 l..\.MliL.\l \ Daprcs une yraviirc aminymc Ju x\ m* ^ii•l:lc. LA riIAINE AN'ap^c^ une (.'raviirc Ju Icnip^. TABLE DES GK.W'CRES AVANT-PROPOS I-idaii!.!.- antique. D'après le tableau d'Abel BovC- I_i Danse. D'après la statue de J.-L. Gérônie . Une Bacchante. D'après la statue de Delaplanche Danse cliani[>ètre. D'après le tableau de Lancret. (Xfiiitr ik Berlin .Mlle Ciniargo. D'après une gravure du xviii' siècle. {HiHwMqm- mitiimalr. i Lt\ pas de caractère. Extrait du Conservatoire de la Danse niodenie. . . Le galop infernal à Mabille. Extrait du Conservatoire de la Danse niodenu L'n pas d'examen .'i l'Opéra. D'après un croquis de Paul Kenouard. . 1 II III \ M VI Ml CIIAI'ITKI- i LES DANSES ANTIQUES Danse des Nymphes. Fragment d'une frise antique, (\fiisi',- ilii Ijxivrc.) Danseuse grecque. Statuette en terre cuite de Tan.ngra. (C'(i//(-c//'(i;; yr/H^.-'.) Une baladine égyptienne il y a trois mille ans. D'après un ostracon du Musée de Turin . . Danseuses égyptiennes. D'après un fragment de fresque conservé au British Mu.seuin. . . Les danses s.icrées en Egypte. — Procession du btvuf .\pis. D'après le tableau de Bridgmaii. Les plaisirs champêtres. — Danse de bergers en Grèce. D'après le tableau d'A.-.\. Hirsch. Danse bachique. V.ise grec trouvé en Italie. iMiiuc du LoitiTr.' :»iii Je NN'alter Crâne ... ao II' siècle, d'après Hucn ... 3i :c de l'onipci . . ;; L ^ nmins de daiuetuv» grvcques .... . . . i k% mdins de danseuses grecques ... 32 «recs ' un vase du iv s\è l.hcvur de danse. U'après une amphore à rosette de basse époque Danse de Bacchantes. Reproduction d'une gravure ancienne, d'après N. Poussin 4 'l'erpsichore. D'après un tableau de Schûtienberger. (Miiuf du Luxembourg.) I.S La danse des quatre femmes. Reproduction d'une gravure de Zoan .Andréa, d'après un dessin de .Manicgiu ;- DaiLse de IVicchantes et de îiatyres. Vase Borghèse. (.V/«s 38 .\nges dansant. D'après Donalello. (Fragment d'une frise en m.irbre, Galerie des Offices à Florence.) .^îij Bas-relief en marbre. Par Luca délia Kobbia, exC-cutè pour l'orgue de Santa Maria del Fiore (Muséx- des Offici-s, A Floa-nce) ^u Ij ronde du Paradis. Par Beato .'\ngelico. Fragment de la fre-sque du Jugement dernier. f.Ac.idéniie ^ll.^ Bt.au\-.\rt5, Florence.) 41 D.msi des Fous. D'après un manuscrit de la Bibliothèque Bodiéienne 4.1 Danse des Vendanges. D'après un recueil de dessins du XIV siC-cle. {BiHiotliique de FArseual.) ... 44 Ij d.ir ' • ' ' Jiade. D'après la gravure d'Israël van Meckenen, provenant de la collection de M.r ,(,• ualwuale.) 4.S ■ 3.kui. D'après Donatello. B;is-relief de la chaire extérieure de la cathédrale de Prato à 4« IMU.I. /'/..s (.AM IT/v'A'.s .^1 Le bal des Ardents. D'.\prcs une n)iniature des chroniques ni.uuiscrites de 1-roiss.irt. ( WiWi'.>/W./n<- i/.' rAisoui.) ^y Un b.il au XIV siècle. D'après une miniature d'un manuscrit Iransais du wmys. (IliHiiilIk'.iii,- mUiciMlt.) .M Miniature d'un livre d'Heures datant de la lin du W siècle. Danse des krfjers.l .'■ " M- l'.hii-mil.) ?il Danse de pavs.uis. D'après un manuscrit latin du W siècle. (Iiihlii'lly,jih' i:. .S.i Danse aux chansons sous le roi Charles VII. lixtrait du roman de (Jirard de Neseii et de l.i belle Hurlant, m.muscrit fransais exécuté vers I44i>. (/W'/i'.>//.Vi//(.' Hi;/ic'//.i/,'.) .^.^ I.e bal de Marie-Madeleine. D'après le tableau de Lucas de I-eyde. (Mm/f ./.• liniXflU'i.) .^7 Danseuse. Lettre oniée d'un manuscrit latin du \IV" siècle. (liibtiolk\iiu' tiiiliomilt-.) ^J! ClI.-MM'rRl- III LE DÉBUT DES GRANDS BALLETS L\ Farandole. D'après le tableau de Jules Claniier .^i\ Danse de pavsans au commencement du WT siècle. — L"n Branle. D'après une j^ravure du temps {BiHiotlhqiie natiomik) '17 Le ballet des Ridicules (l'i;î!). D'après un dessin de la Bibliothèque n.uionale '))! Ballet des Ridicules. — Kntrée des Hsperduc.its. D'après un dessin de la Bibliothèque nationale. . . '>l'> Le ballet du château de Bicétre (162K). — Hntréj des paysans ivres '») Ballet des Quatre Parties du Monde (i()2K). — Seconde entrée du Cîrand Can '«) Le Menuet. D'après le tableau d'Hdouard Toudouze 71 1-éte champêtre. D'après le tableau d'.Vdrien Moreau 72 Un bal A la cour de l'archiduc Albert d'.Vutriche, gouverneur des Pays-Bas, au xvr siècle. D'après le tableau de Porbus. {\liisa- de la Haye.) 7.> Divertissement champêtre au XVI' siècle. D'après le tableau d'L. Toudouze 7^ Danseurs grotesques. D'après une gravure de Callot. (/?/Wi('/Wîqiie nationale.) 7») Danseurs grotesques d'après une gravure de Callot. (liihlwlhcqiie iialioiiale.) 70 Ballet donné .i la cour du grand-duc de Toscane pendant les fêtes du Carnaval de l'année lOio. D'après une gravure de Callot. {Bibliotliiqiie nalioiiale.) 77 Les Divinités infernales. — Ballet donné à la cour du duc de Toscane. D'après une gravure de Cal- lot. (BihIioll.Hqiie nationale.) 71) Danse du Fou. D'après le tableau de 1'. C-odde. (.Vfiiiïv i/i- A/ //inr.; . Hl D.ms-" aux flambeaux. D'après la gravure de Crispin de Pas. (llihliolhiqne nationale.) H2 Les réjouissiUices du Carnaval au xvr siècle. — La promenade du Bcvuf gras. D'.mrès le t.ibicau de - Schievard. (Musée de Bru.xelles.) H.> Gentilshommes et pavsans. D'après une gravure de Théodore de Bry. (Bibliotliiqu, miii.'n.ii,-.) . . . ((.S Un bal de société sous Louis XIIL D'après une gravure d'.Vbraham Bosse. (Bibliotlièqne nationale.) . >Vi Bal champêtre au xvil* siècle. D'après une gravure d'.Vbraham Bosse. (Bibliothèque nationale.) . . . (i? Un Menuet. D'après le tableau d'Adrien Moreau ','■>, L'Andante. D'après le tableau de \. Escalier Une kermesse au moven âge. D'après le tableau d'Adrien Moreau 1,1 € Belle qui tiens ma vie », pavane. (.Xuteur inconnu, l57<>) i)4 Danseurs grotesques. Par Callot. (_Bibliotlhque nationale.) •/! 5»j TMti.i: in:s (iiiwi nt:s CII.M'I I Kl- IV LA DANSE AU GRAND SIECLE l.c roi Clurlct II et U priiKtiAC Hliuhctii iLiivuni «lam un M à Iji llavc. D'aprv» le ubicju Je ■ "■ ' ■ ) ' i- pravurv du *VIU* Mcclc. IIJI liiiult . ) . . i/if ' : ' ■ . I lOO l.oui% XIV en ciMtuntc .Mlle .Mjupiii daiiviiil. D'après une «ravure du Iemp5. (lUbiu^liique ualioiiaU.) |<ô ' ' ! du Wir siècle. {HibliolliiijiK imlioiiiilf.) ii^i « ne du Wlfiiècle |i*i .Mlle Dulort. IJ'aprèN une gravure du xviT siècle. (RiMiotlxquf iialionalf.) i..- Danseur eu liahil grote5><]ue de paysan. D'après une gravure .incienne du xvil" siècK p - (iavoiie du ballet du Koy, par Lulli (l<».S()) i • M. H.1II011. d.inM.'ur .1 l'Dpèra. D'après une gravure du temps, (liihliotlifijiif iialionalf.). . 1 i'. .Mlle Siihligin . D'.iprés une gravure du temps. (/W'/(i'//.s'iyi/i' (/.;/(i'//ti/i-.' 11 r .•\ctrice danvint. D'après une gravure de la lin du xvir siècle. (W/W/W/VHii/<-.; 11; Le ballet de la Jeunevse (|f>Pu). D'après une estampe de la collection Hennin. {BihliolUqiu natioiiaU.) 1 ■ .s Le Clanuval, sarabande, de Lulli (l')7')) 114 l'emnie de qualité dans.int. D'après une gravure de la lin du wir siècle. {^liibUollyqiit imlioiialf.). . ll'i L'n bal à la française en |(>l!r. D'après un almanach du temps. (Hibliclliiiiuf ujtioiutlf.) 117 D.tnse de p.iysans flamands, (iravure du temps d'après le tableau de Jean .Miel. (BibliolWqiu iialioiialf.) 1 iij 1.1 danse franifaise. D'après un dessin du xvif siècle. (B/WiW/V^hi- hj/ii'hij/i-.) irn Danse de paysans dans un cabaret flamand. — L'n pas de bourrée. D'après un tableau de Té-niers. {Sfiist'i dt Munich.) 1:1 l.'.'Mlemande. D'après une gnivure anglaise du .wiir siècle 1:: Kermevie flamande. D'après le tableau de Téniers. (.\f;/i Costumes de ballet du w m sii .le- D" mr. s im. ••r.uuri- Je I.i collection Hennin. (Iiihlit Paysanne dansant. Par .\. de Saint-.Vubin. . . . ■ 1:^ .Mlle 5>allé, la 'l'erpsicliore frani;aise. D'après une gravure du temps. . . i.'- Le feu de la Saint-Jean. D'après une gravure de Moreau le Jeune, publiée dans les CImiupih de M. de L-iborde 127 Costumes de ballet (xviir siècle). D'apK-s une gravure de la collection Hennin. (Bibliotlifqiif iiatioiialf.) 1 ;)! Costumes de ballet (vviii' siècle). D'après une gravure de la ccllection Hennin. (Uibliollyque iialioiiah.) 1 iH Costumes de ballet (xviir siéclej. D'après une gravure de la collection Hennin, {liibliollxqut mUUviaU.) 1 iK Bal du May donné à Versailles pendant le carnaval de l'anné-e 176.I. D'après la gravure i'.\. de Saint-Aubin. (Bibliollxque iialwiialr.) li<< La danse sous les portiques. D'après le tableau peint par A. Watteau. (S'oiiifaii Palais, à Berlin.) . . l.li Darbara Canipanini, dite la Barbarina. D'après le tableau d'.Xntoine Pesne. (Clu'tfan de Berlin.). . . \?>Z Le Canuval à Venise. Par Tiepolo, d'après une gr.ivure ancienne. (fli'W/iV/Vi/Hi' ;/<;/;oHu/c.) !.'.> l'asstpicd en rondeau, de Destouches (l'xy.>) 1 M <"lly,jiu- iiiilioiiiil.-.) . . 141 Menuet Je la cour. D'après une j^ravure Ju XVIM' siècle. {Hil>lii>ll.viiii,- iiiil livuite .) 14.1 Les petits coméJiens. ReproJuclion J'une gravure ancienne d'après Gravelot. (Itibtiolljiqiif iml ioiuik .) 144 .Mlle .\llarJ dans le ballet Wi7v. D'après un Jessin Ju temps 14.Î Mlle N'estris en costume Je bergère. D'après un Jessin Ju temps. (Uihiiolixiiiu- iitilioiialf.t 14.Î Le bal. D'après le tableau Je Lancret. {Miiii'c Je Berlin.) 14- La le>,"on Je Janse. Par Pietro Longhi, J'après une gravure Ju temps 141, Ballet Jansé au ballet Je l'Opéra. Dessin d'A. de Saint-.\ubin, gravé par B.1S.U1. {Ribliollsqiie inilwmile.) i.Sii La première tigure du .Menuet. D'après un Jessin Je Ciravelot I.^l Notation chorégraphique du menuet « Dauphin >. D'après les Friiieipes Je Cliorèi^riiplne de iNtagn\' . \^2 Mlle Allard dans le ballet Ulysse et Pelée. D'après un Jessin Ju temps 1.Ï4 Sur la place Jes Halles. D'après la gravure Je Jeaura:. (.V/iuiv C;/m7:.;/.7.) I.S.S L'amour au Thé.itre-l-raiivais. ReproJuction J'une gravure J'après W'atteau. (^liiHhlIièqiie iiiitioiiiile.) 1.S7 L'école Je Janse. D'après une gravure Ju xvill' siècle. {Bibliotlxiitie luitioiuile) I.SH L» le^on Je Janse. D'après le tableau Je Cariot, gravé par Lebas ( 1 74.Î). {lUblUitliique iiiilitui,ilr.) . . i.ïi) Danse champêtre. Fragment J'un tableau de Watteau. (.\//(. Mlle GuimarJ. D'après un dessin Je 1770. {BihUoll.vqiie iiiilioiiiile.) I'i.> Les Grûces modernes. D'après une caricature anglaise de l'époque de la Révolution, par Cruikshank. l'>4 B.tl masqué donné par la Ville Je Paris pour la naissiince Je Mgr le Dauphin. D'après la gravure Je Moreau le Jeune l'ô Le célèbre menuet J'ExauJet l'J! L'n pas Je ballet Jansé à l'Opéra par Dauber\al, Mlles GuimarJ et .Ml.irJ en l"~Q. D'après une gravure Ju temps. {BibliotlKiine nationale.) I7. dricature extraite du Bon Genre. \~^ La danse populaire. D'après une caricature de Gillray I7'> Ij Valse au mouchoir. D'après une caricature de Gillray. 17'' Un p.as de ballet. D'après une caricature Je Gillray 177 Une ronJe dans le jardin des Tuileries (lH«iK). D'.tprès le dcs.sin de Norblin. (Musée Carnavalet.). . 17)! Costumes de bal vers iftio. D'après une gravure de l'époque 17'» La Carmagnole. D'après une gravure de I7g.>. {Bibliotlxqne nationale.) . iKii La folie du jour. — Les débuts de la Valse, par Cirle Vemet. (iS/W/WW!/;/.- H.;;u>H.jA.j llîii La Trénis. L'une des figures de la contredanse en I7'(7. D'après une gravure extraite du Bon genre. |)!| JcrnicT. I L l*.ii f'.irli- Wmct. d'.irro une iMjiiiic ci« Chu- 1 'cuu >1 l;.iiiilc AJjlii. vmblcc. O'apnS une CJricajurv Je Cruiksiwnk I9I i ^ < ' un bal Je proviiKc cii An:' • ■ '■ '" '" xvm' siiclc. D'ap- rnrka- tl; . . Hi2 ! . anj^lauc Je- \V. II. King^buc^ 1.. Mlle Tanlioiii Jan^ le ballel la iylphîJe. D'après une lithographie anonyme Je l'épjxjue Je . lu Janw iiKroyabIc, prcniiéa- forme Je la Valse. D'après une gravure de l'époque Ju Diu niAPITRI \II LES DANSES CHAMPÊTRES « Nous n'irons plus au bois, les lauriers sont coupés.... • - KonJe enfantine. D'après la lithogra- phie de Devéria. (fl/WiiVWc/w /wZ/iwid/cl ii>- Danse villSgeoise. D'après l'aquarelle Je M. Tenré. ... 1.7 \a: bal Je Saint-ClouJ. D'après A. Je .Saint-.Xubin. (B/WiiV'.,;». ii,in<'miir.\ . 1 , D.inse Jes bergers. D'aprè-s le tableau Je I-incret, (.\f;wV Jt Berlin.) A la guinguette. D'après le Jessin Je A. Je 5>aint-.\ubin, gravé par Basan. {BiHU-lUijue nolioiialt.) . 2<«> Danse pavsanne. D'après une gravure Ju tableau Je W.itteau. (£.v/c i/« /fc'aH.v-.-/r/j.| 2e. D'après un tableau Je Lancret. [Sointau Palais àt Postdam.) 200 Bal champêtre. D'après une gravure Je Ch. Eisen. {BiMiolliiqut mtionah.) . . :■ m Tète vénitienne. D'après le tableau Je Watteau . ' La P.istourelle. — • Doucement, la petite, je n'ai plus quinze ans! ».D'aprc-s une litliograpliit Je KatTet. 2*t< .\u pavs breton. — La J.inse improvisée. D'après le tableau Je Deyrolle :fi7 Une fctc au village. — La valse Ju voltigeur. D'après la lithographie Je H. Bellanj;i. Le sergent Bellepointe fait Janser Citin. D'après la lithographie Je Charlet . . Une fête Je f.imille en Danemarck. D'après le tableau Je Monies :• • I_t première leijon de J.inse. D'après une ' ' c Je Grenier. . - i Bourrée d'Auvergne. D'après une lithogr.i; me - 1 1 Une farandole à Andorre la Vieille. D'aprè-s l'aquarelle de G. Vuillii- 2l3 Une figure du bail cataLin. D'aprt-s un dessin de Maurin - ' 4 .Menuet dans un parc. D'après le tableau de Lancret. [Miiièt de Berlin.). Une vocation. D'aprè-s le tableau de Worms Un jour de pardon en Bret.igne. — L'ne Gavotte. D'après le tabic-au de Deyrolle. . -7 DivertisscnKiit champêtre. D'après le tableau de Lancret. \SoutYau Palais à Berlin.^ :i'< Ij danse au bois de Vincennes. D'aprè-s une gravure de l'époque Ju Consulat . : : 1 Danse Je Bachi-Bou70uks. D'après le tableau Je Gér6me ' . Jébut Ju xviir siècle. D'aprè-s une estampe Je Kiyonobou. tLrlU.tu^'i I rixi. . . 2^4 I ,. lin du XVIII' siè-cle. D'après une estampe Je Ki\on:ip,i. iCollirlion I'nrr.\ . . . KonJe enfantine. D'aprè-s une lithographie Je Mouilleron ( lH> • 22.1 TMil.r. DES CR.WIRES. .VIS CHAlMTKi: \III LA VALSE ET LA POLKA. LES BALS PUBLICS Un hal à la ChaussiV d'Antin : le casino C;\dct. D'aprcs la litliopraphic de GavamI ::; Li fin du bal. D'aprcs une litliograpliio de l'igal ::- L'n bal de soiiélé vers iK.v). — I_i chaîne des dames dans la Contredanse l'r.uK.iise. D'.ii'rOs une lltliograpliie de Leconite. (BiMioll>}que milionale .'• ;j!l L'n bal populaire en Angleterre. D'après une caricature de Cruikshank . :;i> LaTrénis. D'.iprés une caricature de Cruiksh.ink :.>2 Le Q.u.idrille. — Dos à dos. D'après une caricature de Cruikshank. , . 2.i2 Le Moulinet. D'après une caricature de Cruikshank 2.'?'? Un Quadrille. — Le vis-à-vis. D'après une caricature de Cruikshank 2.v^ La Valse en 1840. D'après une lithographie de J. David :.^ Un couple de valseurs. D'après Gavanii 2 iS La Galope ou Galop. D'après une lithographie de Gavarni ;.V) « N'oubliez jamais de faire danser la mère. » D'après la lithographie de II. RcII.nii'O 2?i~ Un couple de valseurs au Tvrol. D'après une lithographie .... 2?s- Dansc du Schall. D'après un dessin de Lente dans le Bcv/ ^^»;rc ;.'V! Le Quadrille dit « de Marie Stuart > .\ un bal donné aux Tuileries en \i\i(). D'après la lithographie d'Eug. Lamy.. 2.v) Polka nationale . -^" Couple de danseurs dans un bal de société en iK.'Vi. D'après une lithographie de l'époque 242 Un bal de société en 18.111. D'après une lithographie du temps 24.> Ij lei;on chez Liborde. D'après une lithographie de Vernier. 24.1 La Contredanse. — Hn avant deux. D'après la lithographie d'Henri .Momiier. 244 Fidèle comme un Polonais. D'après la lithographie de Ratiet (1H.1.11 244 La Gavotte sous la Restauration. D'après une gravure du temps. (BiWio/Wi/Hi- Hii/iiiiw/iM 24.S Premier Quadrille français. — En avant deux. D'après une gravure anglaise de l'époque de la Rcs- taunition 24'» Les différentes formes de Polka dansées en 1844, au centre le portrait de Ccllarius. D'après une lithographie anonyme publiée par Lemercier 247 Au Ranclagh. — L'élite de la société. D'après une lithographie de |8.î(i 24<> Mlle Buse et M. Corset. D'après une caricature extraite du Hon ,!."'"'■' 'BU^lii'iK.iu,- n.il'uvi.il . :."i( Au bal de la Chaumière. D'après une lithographie de Vernier. . . i Le Qu.idrille sentimental. D'après une lithographie de Vernier jîl Une Étoile du Prado. - Rigolctte. D'après la lithographie d'Alophe. . 2.Î2 Le bal du RaneKigh. D'après une lithograpliie de 1840. (Bil'liollh\]iii- mitioiiiili . 2S^ Au bal du Prado. — Polka piquée. D'après la lithographie de Vernier . . . 2.Î4 Au bal des Municipaux. D'après la lithographie de Vernier 2SH Au Ranelagh. — .\ristocratique polka. D'après la lithographie de Vernier 256 Danses de la haute école : enlevé et arabesques D'après une lithographie de Daumier. 2.17 Carlotta Grisi dans le ballet de h Péri. D'après une lithographie du temps 2.Î8 Miss P. Harton dans le ballet à'Arid. D'après une gravure du temps 2.''9 La Taglioni. D'après une lithographie de Chalon 2'»> Une Polka échevclée. D'après la lithographie de Vernier -''i 3ooooo francs d'appointements! D'après une lithographie de Henri Monnier 2f>l L'élite de la société de Mabille au bal de Xoisy-le-Sec. D'après la lithographie de Vernier. . 2'>2 Le bal des Entants de Mars. Lithographie de Vernier 2'i2 Mlle Cerrito et signor Guerra dans le Lac dts Fèts. D'après une lithographie anonyme publié-e en Angleterre -^'^ Mlle Cerrito dans /•• Violon tin Diable. D'après une lithographie anglaise. ^''4 4"> sv, TAin.fc nEs nu w tu tes. yii 1 .1 . VI. ..i:... I,.,. 1. t,.ii.i i.F.ih.i,. T^„,,.k n'iii'.-<. une gra%-urc du tcnip» v^ .V A' Je b Kotauratioii :Ht \ ' ■.! I - ■■ ■' lui de I ■"> r- ■ ' {. du • Conscn'aioia* de la Danse moderne • ' i.- de la d.ii ' ic » 272 devenir. I x extraite du « Conwr- de la d.r '■■ » ^.~7i '.; ,, . ,H. Nohlel, rOiVr.i. D'après une lithograpliic du temps. . i^^ L'ii cavalier «eul. 1 Ju < Conservatoire de la danse moderne • i-^ , I ■ ' • ■'■ ' • ' !cau de Grolleroii. :7~ .\, . Je Veniier .... :7)l CHAIM'IKK IX LES DANSES ÉTRANGÈRES l-l Jaleo. D'après le tableau de John Sargent . :7<; Ij Cichuclia. D'après une gravure du coniniencement du \ix' siècle. ;-ij l.e Fandango. D'aprè-s le tableau de J. Worms .... ;lti Danseuse espagnole. D'après une lithograpliie de Grenic ' ;K; Le l'andango. D'après le tableau de Kindier :.'l.i Danse de pavv.ins de la province d'.\vila. D'après le tableau de Becquet 2)14 Une heureuse famille. D'après le tableau de Manuel Vus :)tS Danse espagnole. D'après une eau-forte de Goya (UiMiolliique nationale 1 :ÎI6 Danse espagnole. D'après une eau-fone de Goya {Bibliptlxqiit nationale) r)l7 L'n Menuet. D'après le tableau de D. T. Puebla :!ti< Danse de paysans aragonais. D'après le tableau de Ruiz de Valdivia. . y/i Un bal populaire à Ségovie. D'après le tableau de Garcia Mencia. ;>>■ Ij Gallegada. D'aprè-s le tableau de J. Womis zitH Un jour de grève à Malaga. D'après le tableau de Ferrandi/ . ;((4 Bal champêtre de Majos. D'après le tableau de Perez Rubio. . . ;ip Le l'andango. D'aprè-s le tableau de IV.mcès ;g7 Danse funèbre. Par G. Doré. Gravure extraite du Voyage en Esfnigne, par le baron Davillier. . . . ;q8 t'A Jaleo. D'après le tableau de Moreno. . if^ 1:1 Baile de la Nina. D'après le tableau de Cabrai y Bejarann .^ri Danse des « Cosiers » à Majorque. D'après une gravure de 1 (Uivr.igi. iic S, .\. l .irchuu;c >.ilv.i!or. . .-<>l Un baile de Candil à Sèville (bal des gens du peuple). D'aprè-s une gravure sur boi>. de Doré, estraile du VoMtge (Il liffagne .^o Danse Orientale. D'apK-s le dessin de Decamps. {Miise'e Jii Ijvr.i, .s 14 Danseuse turque. D'après une gravure du xviir siècle . .Vô Danseuse turque. D'après le tableau de Bertier .v/i La Tarentelle a Xaples. D'après une photographie de Sommer, à Naples. .1117 Le Retour des Moissonneurs. D'après le tableau de Léopol J Robert . .'( H Ij Tarentelle à Naples. D'après une gravure du .will' sicck ... 'iig Mouvement de Gigue. D'après une gravure anglaise. . rut La Reine des Kpèes. D'après un tableau de Orchardson ."«il Ronde inCifitine dans une rue de Londres. D'après le dessin de G. Doré. . .^l.3 D lue. D'après une photographie de Liébert, à Paris .'Î14 \.i. i . Mahomet, d'après une gravure à la ni.iiiicrc noire de I.i^et. f/Wi/i'ii/W^Hi- H;- Un Menuet. D'après une lithographie de Gavami. [liil'lii2!I Salut chorégraphique en carnaval. D'après une lithographie de Gavami. {Ribliolliique luilioiuil,-.) . . ^2>t Un bal aux Tuileries. — Le Qiiadrille impérial dans la Salle des .Maréchaux. D'après le dessin de Janet, publié dans If MoiiJe Uluslré .l.'îl Un bal costumé en Angleterre. D'après une caricature anglaise. . .>i> La Farandole. D'après le tableau de Garrido .^,>.^ Bal de la Mi-Ciréme à l'Opéra. D'après le dessin de G. Doré ,■?.%> Sortie de bal masqué. D'après le tableau de iNLidra/o. . .^,Vi Soirée parisienne. D'après le tableau de Bridgman . . . ^\\~ La Pavane. D'après le tableau de Garrido ^,?i\ Le Menuet. D'après le tableau de Garrido. v«; Un Cotillon. D'après l'aquarelle de Tenré. ^i Un bal d'enfants. D'après une aquarelle de Boulet de Mouvel. LiNtraite de l'album A'w Iziijaiili. . . .14.^ Cot'dlon moderne. D'après le tableau de H. Tenré .'îp Un bal pendant le Carnaval. — La salle .Musard. D'après une lithographie de Coindr^ ".('» CH.\PITKi-: \I LA DANSE AU THÉÂTRE Un ballet à l'Opéra. — Arabesques. Dessin de Paul Renouard, gravé par I-'iorian. . .1^7 A la classe de danse de l'Opéra. Croquis de Paul Renouard '\^- Avant la danse. D'après le tableau de Mme de Tavemier. . 4Î! Dans la coulisse. — Les derniers préparatifs. D'après un table. m lie t-irrier-lK-iieiisc. .Su Une étoile. D'après le pastel de Degas. iMiUir Jii Luxinihvin'.i vîu L'école de danse. D'après le tableau de Palmaroli . ô^ 1 A l'Opéra. — Arabesques. Croquis de Paul Renouard . '2 A l'Opéra. — Saluts. Croquis de Paul Renouard ^3 A l'Opéra. — Arabesque renversée. Croquis de Paul Renouard .02 La classe de Mlle Théodore .i l'Opéra. D'après le tableau de Laurent-Desrousseau , X^^ Exercice à la barre. D'après le tableau de Carrier-Belleuse. . .1.14 Un premier sujet. D'après le tableau de Benier .i.î.S La Zucchi dans le ballet de Sifha. D'après le tableau de Clairin .IS0 Classe des corsphées a l'Opéra. D'après le dessin de Paul Renouard. [Miisà- du Luxatibouri;.) . . . .^.17 Mlle Subra. — Première danseuse dj l'Académie nationale de Musique. D'après une photographie. ."5.58 jH8 TAULE DES t;ii\vnii:s M K U l... l*rvtiiicrr iLin«cu«c tk l'Ac^tl^ik; iuimmuIc tic Mum)uc. D'^prin une piuxo- u» le» bras Le salut nit de main iiuleur» de Chéret. [Chaix rt Cie, Mitfun i L'Arc -en-ve dans la Skirtinj; Dance Ij Loi.- l-uller dans la « Danse du Feu «. D'après une affiche de Chéret. (Cbaix ri CU, Mitturt.) . l_i î r dans la « Danse Serpentine ". D'après une photn^rapliie L'i. (lié à l'Opéra sous le Premier linipire. D'après la gravure Je Bosio. ( IliHintlrfijiif nalio- nalf.) Danse aux flambeaux. D'apré-s une gravure anonyme du xviir siè-cle Ij chaîne anglaise dans la Contredanse (l)!4>i). D'après une graMire anonyme. . La CiMiiredanse, dans un bal en iH^ii. D'après une gravure anonvme L'.MItnunJe. D'aprè-s une gravure anonyme Jii Wlil" siècle. (WiWiiV/vi/hc tialicnalf.) Danse au Choa. D'aprè-s une photographie. Vi2 .V>î 3r»3 'VtS V(- Vrfl ViK V,; ">7i .■î-3 374 '^78 '^79 -;0 L.\ CONTREDANSE, DANS IN BAL EN iR^O D'après une gravure du temps. I. .\i.i,i;.MANi>i; D'après une gravure anonyme du xviii* siècle. (/W//o//iiV'e njlioiijU:) TABLl: DES MA'ilLRHS AVANT-I'ROI'OS CllAI'ITRE I. — Les danses antiques. - Los danses sacrées chez les lifîypiitiis ci chez les Grecs. — La Pyrrhiquc. — Les Baccliaiialcs. — Les Mimes sous riimpirc Kimi.iin. — Les danses espagnoles primitives — IL — La danse au moyen àqe. — Les danses religieuses. — Les danses en Lspagne et dans le Midi de la France. — Les origines de la danse francjaisc. Il- com- mencement des mascarades et les premiers ballets — III. — Le début des (IUANDS hali-ETS. - Les premiers ballets en Italie et en 1-rance. — Li Volte. — La Gaillarde. Les Branles. - L;i Pavane — IV. — La danse au grand siècle. — Les grands ballets sous Louis XIV. Les bals masqués. — L;i Pavane. — La Gavotte. — Les Cliacones. - Li S.ir.i- bande. — L'Allemande. — Le Pas.sepied. — Li Passacaille — V. — La danse sous Louis XV. Les peintres des fêtes galantes. — Le Menuet. — L-i Gavotte. — Mlle Salle et la Camargo . . — VL — Les débuts de la danse .moderne. — L.i Gavotte. Madeleine Guiniard. — Bals et ballets du Directoire, de l'Empire et de la Uestauratioii. — Marie Taglioni. . >> v: 12.1 l6i 3v> l..\ DAS'SE A TK.W'KfiS LES AGES. Oi.vi-iTHi VII. - i^» bAN»M tn\Mfi.^Hrs. — La Komic. I.o Bourrin. — Ln < BjiU cau- Iji» » et In Faniulolc-t. — Djii^n brvtonno. Bdlt clump£tm j l'ctningcr. u;7 - VIII. \ .\ Vvui»' IT lA l'oïkA. Il Valic. — Le Galop. |j l'oll,.! (AlLirillN. s: M-il-illi: il Us l. 1.1-4 dan li-s. — Ix- « rotulango », le «iriLniaJi-s. - 1 .1- et AlmiS.-* 27<) W. ■ darae mondaine au second Empire jusqu'l nos bal> de ïocictc, — Reconstitution de» danses anciennes en France 327 L.\ ti.VNSK Al' TIIÉATKK. — Les grands ballets modernes. — Les classes de danses i l'Acadimic nationale de Musique. — Les d-'n^cs serpcntirH'^ .'^47 TaBLK de» GRAVl'RES HORS TEXTI" .VIS DANSE AU CIIOA U'aprcs une photographie. 1^ A R I s IMI'K I Mi:Uli: lilîNERAl.i: l.AlH'Ui: i), RiK m: ri.EiRi's. u 5af> Ç^ PLEASE DO NOT REMOVE CARDS OR SLIPS FROM THIS POCKET UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY LO^ ^■i^m .,:,'5ai''*Pvv»w